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Chez Clarabel
8 février 2009

il y a toutes en nous une Mirta Bertotti...

« Hier soir, ils ont encore passé Sur la route de Madison. Chaque fois que je tombe dessus en zappant, je me dis : « Mirta, ne regarde pas ce film, change de chaîne, Mirta. » Je ne sais pas ce qui m'arrive, avec cette histoire, c'est comme si elle m'hypnotisait et qu'elle m'empêchait d'appuyer sur les boutons. Et après l'avoir vue, j'ai de ces bouffées de chaleur dans le bas-ventre ! Envie de réveiller Zacarias...
En plus, il y a Meryl Streep qui joue dans ce film, c'est mon sosie quand j'étais plus jeune, alors je m'identifie encore plus au personnage, une femme au foyer de Madison (un patelin comme Mercedes) mariée depuis des années à un Zacarias quelconque, ils ont un Caio et une Sofi comme n'importe qui. Jusqu'au jour où... patatras ! arrive dans le village un photographe de Buenos Aires pour photographier le pont du parc municipal.
Pour ne rien arranger, Zacarias est parti pêcher à San Andres de Giles et il a emmené les enfants. Meryl Streep est donc seule à la maison, à balayer derrière les meubles, à écouter la radio, à préparer des flans pour quand la famille reviendra et des choses de ce genre... Mais Dieu a voulu que la Studebaker du photographe (joué par Clint Eastwood, un tombeur irrésistible) tombe en panne devant la porte de cette dame.
Et c'est là que je commence à avoir des bouffées de chaleur. Parce qu'il est clair que Meryl a envie qu'on lui débouche la tuyauterie, parce qu'il est clair aussi que Zacarias est un bon paysan de Madison, mais c'est un catholique très pratiquant qui n'utilise le lit que comme lieu de prière. Tandis que Clint Eastwood, lui, est un homme du monde, de ceux qui portent tout naturellement un chapeau, qui s'habillent en beige, qui racontent des histoires de safaris...
A un moment, ils sont presque devenus amis, Clint vient dîner et lui apporte un petit cadeau (jamais Zacarias n'a eu un geste aussi délicat envers Meryl Streep!)... Clint ne claque pas les portes en entrant, lui, alors elle fait une moue, l'air de dire « Quel homme charmant, je le boufferais tout cru ».
On atteint le paroxysme quand elle lui dit « Attends-moi une seconde », qu'elle va dans la salle de bains et qu'elle se débarbouille à l'eau froide pour faire baisser la température... Ensuite il l'aide à faire la cuisine, ils se frôlent du coude, ils pressent des citrons sur la table de la cuisine... Ah, Seigneur ! Dans ce passage-là, je retiens mon souffle : je serre les cuisses très fort parce que quand ils coupent les citrons je mouille mes collants.
Et alors là, plaf ! Le photographe lui dit tout à coup : « Allez, Meryl, tu ne crois pas qu'on est un peu âgés pour ces conneries ? » Et elle lui répond : « T'as raison, Clint. » Elle se donne à lui, la garce, et ils se mettent à copuler comme si la fin du monde approchait, à même le carrelage. Quel soulagement quand ils se mélangent les poils ! Et alors tout me tombe dessus en même temps : chaleurs, culpabilité, tout à la fois.
Le film finit très mal pour tout le monde, sauf pour Zacarias, qui revient avec plein de poissons et ne se doute de rien. Il y a une scène où on voit Clint sous la pluie, pleurant d'amour parce qu'il voit Meryl Streep et Zacarias avec les enfants à la sortie du supermarché. Il sait qu'il doit rentrer à Buenos Aires parce qu'il n'y a plus rien à faire. ça se termine là. Et c'est là que, au bord des larmes, les sens en feu, je donne des coups de coude à Zacarias pour le réveiller et je lui dis tout bas :
- Chéri, tu trouves pas que je ressemble à Meryl Streep ? (...) »

extrait de : Un peu de respect, j'suis ta mère (roman de Hernàn Casciari)

La suite, demain (lundi!) ...

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8 février 2009

^ la musique du dimanche ^

Parmi les disques qui passent souvent sur ma platine, en ce moment, se trouve celui de Constance Verluca,

Adieu Pony

constance_verluca_album

La force essentielle de cette jeune artiste est l'écriture.
Ses textes, à prendre au second degré, sont délicieusement ironiques et empreints d'un humour corrosif.

Constance Verluca sait être aguicheuse et lascive,

vénale, sans aucune honte...

provocante et drôle.

Un clic sur la pochette de l'album, et c'est le paradis !  ;o)

constance_verluca

Adieu Pony, album à 6,99€ sur Amazon

J'aurais tant de choses à vous dire,
Si j'arrêtais de vomir,
Même pas de mots qui gonfleraient vos yeux,
Non, pas de mots qui suintent,
Pas de mots têtieux,
Je serais pas chiante à mourir,
Patafiole à refroidir

Est-ce qu'un poisson pérore quand il pourrit ?
Mais assez discuté,
Il est l'heure de s'en aller,
Plus le temps de vous dire merci,
Plus le temps de revoir ma vie

- C'est le moment de mourir -

7 février 2009

Tout pour toi - Agnès Marietta

« Ma mère aime les belles histoires. Mais elle ne les lit pas, elle fait son possible pour les vivre. Et ses belles histoires se transforment en problèmes insolubles qui la laissent sur le flanc un moment, jusqu'à ce qu'elle saute dans un train en marche. »

51Eef9i3aPL__SS500_Aline est une jeune femme pleine de vie, très jolie, qui vit essentiellement pour son plaisir et celui de sa fille, Manon. Après le neuvième anniversaire de l'enfant, sa mère décide de l'arracher du petit appartement parisien pour se mettre au vert, dans les Cévennes. C'est une nouvelle vie qui commence, dans un gîte tenu par un allemand, parmi une communauté très baba-cool. Aline vit des amours passionnées avec Nono, tandis que Manon grandit en se sentant de moins en moins à sa place. Pendant les vacances d'été, à treize ans et demi, l'adolescente part en colonie et y rencontre un jeune moniteur, Laurent, qui devient très vite son confident. Et plus. Un soir, peu avant la fin des réjouissances, Manon se retrouve dans le lit du garçon et connaît sa première fois. Elle garde pour elle cette expérience, car sa mère lui réserve une étonnante surprise à son retour.

Tout pour toi est un croisement entre la douceur et la tristesse, le portrait d'une jeune fille qui pousse au soleil à grands coups d'amour, mais sans comprendre véritablement le sens de l'amour. C'est soit trop tôt, ou trop tard. Elle est coincée, en peine. Comme sa mère, immature et égoïste, Manon a un gros contentieux à régler en matière de démonstrations affectives. C'est bien simple, Aline fuit tout le temps. A côté de ça, Manon ne sait plus. Elle grandit sans attentes, sans mécanique (comme le souligne un personnage). C'est un petit soldat qui monte au front, elle prend les coups sans comprendre, ça lui fait un peu mal, ça lui fait du bien. C'est kif-kif bourricot.

Sa rencontre avec Laurent va être déterminante, car le garçon ne va pas la lâcher et Manon s'imagine qu'avec lui elle est ce qu'il attendait depuis toujours... Une vision de conte de fées, en somme. Mais elle est comme ça, Manon. Un peu handicapée sentimentalement. Elle sait qu'elle a droit au bonheur, qu'elle aussi aura sa chance. Il suffit de saisir la main tendue, mais où ? quand ? comment ? C'est en fait tout le problème. En cela, la fin du roman est infiniment touchante, car elle montre que la course au bonheur n'est pas simple, et que rien n'est jamais acquis.

Ce portrait d'une âme en fuite, qui cherche un endroit pour éclore, est caressant, touchant, attendrissant.
Pas forcément essentielle, cette lecture n'en reste pas moins très sympathique.   

Il s'agit du deuxième roman d'Agnès Marietta, après N'attendez pas trop longtemps.

Anne Carrière, 2009 - 255 pages - 18€


Et la magnifique chanson d'Emily Loizeau : Sister !!!

6 février 2009

Journal d'un vampire - LJ Smith

Profitant du succès de la série Twilight de S. Meyer, Hachette republie la série de LJ Smith (préalablement disponible chez J'ai Lu, en 2000) : The Vampire Diaries. Si, toutefois, vous pensiez retrouver l'excitation ressentie avec l'histoire d'Edward et de Bella, vous risquez d'être déçus. (Comme moi.)

417sMal_2BWVL__SS500_A Fell's Church, en Virginie, Elena est la reine du lycée, belle et adulée par tous. Pourtant le nouvel élève, Stefan Salvatore, lui bat froid. Ce type est mystérieux, il est d'une beauté inhumaine, il conduit une porshe, il a des origines italiennes, son blouson en cuir taillé sur mesure sent l'argent et l'aisance. Ce qu'il cache, on s'en doute, est son identité vampirique. De même, le garçon est hanté par le souvenir d'une femme aimée, qu'il a perdue, et c'est sous les traits d'Elena qu'il croit la retrouver. Voilà pourquoi il se sent à la fois attiré et dégoûté par elle. Il doit aussi se protéger contre son frère, Damon. Stefan veut vivre au grand jour, renoncer à l'obscurité. Mais une triste réalité se rappelle à lui : un corps a été retrouvé, vidé de son sang. Tout accuse le dernier arrivant à Fell's Church - Stefan Salvatore. Mais Elena veut prouver son innocence.

J'ai hélas trouvé que cette lecture était d'une niaiserie finie, bourrée de clichés, pas du tout aidée par les personnages qui sont bien fades. Toutefois, ce n'est pas qu'une simple 'vampire love-story'. L'intrigue se révèle plus sombre et torturée, avec des personnages à multiples facettes. Mais cela reste pauvre, sans consistance. Ne perdez pas votre temps.

La série est initialement en 4 livres, ce volume contient les 2 premiers tomes de la saga.

(J'en avais parlé en juin 2008 - ici - c'était mon printemps twilightien... je voyais Edward partout, mais je ne le trouvais pas exactement !)

Hachette, coll. Black Moon, 2009 - 16€

6 février 2009

Miracle à Speedy Motors - Alexander McCall Smith

« Raconter une histoire, comme tout ou presque dans cette vie, était toujours plus facile avec une tasse de thé entre les mains. »

61DjQUPgkUL__SS500_Je quitte le climat islandais, glacial et giflant, pour une destination plus exotique, plus chaude. En route pour le Botswana ! Il est temps de faire connaissance avec la célébrissime Precious Ramotswe, détective privée de son état. Autant dire que j'ai adoré ! C'est une femme pétillante, attachante, une femme intelligente, aimante. Elle est attentive, reçoit toutes les lettres de doléances de ses semblables, qu'elle lit scrupuleusement. Elle ne rechigne jamais à venir en aide, comme cette femme, Mma Sebina, qui recherche sa famille qu'elle ne connaît pas. Elle pense avoir été adoptée, mais sa mère est morte et a soufflé à l'infirmière qu'elle n'avait pas eu le temps d'annoncer une nouvelle très importante à sa fille. C'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin ! Allez, une tasse de thé rouge et la journée peut commencer. Celle-ci s'annonce radieuse si Mma Makutsi, son assistante, pousse la porte de l'agence avec un sac de beignets. Mais c'est plus délicat si nous ne sommes pas un vendredi, car cela sous-entend que Mma Makutsi, avec ses grosses lunettes, a des soucis - probablement liés à ses récentes fiançailles. Qui sait ? Mma Makutsi n'est pas une femme commode, il faut du tact et de la patience pour la cerner. Le temps aidant, peut-être notre dame va s'adoucir et se mettre à parler... Mma Ramotswe refuse de s'inquiéter. Il faut dire aussi qu'elle a d'autres ennuis, comme de recevoir des lettres d'insultes dans son courrier pour l'agence. Elle s'en ouvre à son cher Mr J.L.B. Matekoni, qui pense très franchement que la plaisanterie a assez duré et que Mma Ramotswe doit cesser son activité de détective. C'est devenu trop dangereux.

Il faut savourer cette série, elle est reposante, dépaysante aussi. On y trouve, en plus de la douceur, du charme, du doigté, du flegme, de la sagesse. Des personnages hauts en couleurs. Des situations parfois burlesques. Des descriptions sur le décor botswanais, à couper le souffle. Des détails sur la culture africaine. Des réflexions sur les femmes, les vraies héroïnes, celles qui pourraient aider le continent, en pleine évolution, à se relever. Question enquête, il ne faut pas s'attendre à de l'action ni à du rebondissement en pagaille. C'est plutôt calme sur ce plan-là. Après, il faut savoir ce qu'on attend, ce qu'on cherche et ce qu'on espère. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la série Mma Ramotswe est un vrai panier de fruits (ça donne la banane, la pêche etc.). C'est simple comme bonjour, et ça vous fait chaud au coeur. Vous allez en boire des litres de thé rouge à suivre ces aventures pleines de sourire ! C'est une série doudou !!! Foncez.

10-18, Coll. Grands Détectives, 2009 - 253 pages - 7,40€
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

La série Mma Ramotswe comprend :

  • Mma Ramotswe Détective
  • Les larmes de la girage
  • Vague à l'âme au Botswana
  • La vie comme elle va
  • Les mots perdus du Kalahari
  • En charmante compagnie
  • 1 Cobra, 2 Souliers et beaucoup d'ennuis
  • Le bon mari de Zebra Drive
  • Miracle à Speedy Motors

Tous les titres sont disponibles chez 10-18.   

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5 février 2009

Hiver arctique - Arnaldur Indridason

Hiver_ArctiqueVous le connaissez, Erlendur, l'homme qui soupire dès qu'on parle de disparition et / ou d'enfants (manque plus que les deux soient liés, c'est fichu!) ? Il s'enfonce dans son fauteuil, chez lui, à la nuit tombée, et il fume quelques cigarettes, le regard plongé dans le lointain. C'est qu'il n'est pas un gai luron, notre ami. Mais on le sait, Erlendur est notre chouchou depuis quatre romans noirs, alors même que le froid polaire islandais fond sur nous en nous statufiant, mais tant pis, on est fidèle et on trépigne : Erlendur is back !  En plus, c'est tellement en accord avec la météo du moment (il neige, il fait froid, le ciel est gris).
Alors que lui arrive-t-il, cette fois-ci ? Du moche, du très moche. D'entrée de jeu, Erlendur et ses enquêteurs inséparables, Elinborg et Sigurdur Oli, sont face au corps sans vie d'un petit garçon de dix ans. Il a été retrouvé sur le terrain de jeu près de son immeuble, l'enfant a été poignardé. Son frère aîné manque à l'appel. Est-il dans le coup, ou en sait-il trop ? Ce ne sont que des débuts de questions qui s'annoncent. Erlendur est sensible au chagrin de la mère, Sunee, qui est d'origine thaïlandaise, mariée à un islandais, puis divorcée.
Il faut doucement éplucher le contexte familial, discuter, rencontrer les proches, palabrer longtemps avec l'interprète, très envahissante. De fil en aiguille l'immigration est passée au crible, avec toutes les formes de violence que cela suscite. Dans le même temps, Erlendur est obsédé par la disparition d'une femme à l'histoire sentimentale alambiquée. Le coup de fil reçu sur son portable d'une femme en pleurs serait-il un signe ?

Plongez, frissonnez, vibrez, lisez en apnée... Comme le vin, les enquêtes d'Erlendur se bonifient avec le temps. Les vapeurs troubles du passé ont été dissipées, mais notre homme ne se débarrasse pas si facilement de son humeur mélancolique, ni de ses bagages encombrants (dans lesquels on retrouve ses enfants, sa liaison avec Valgerdur, la fin très proche de son ancien chef, Marion Briem). Une bonne série policière, c'est aussi la fioriture, pas seulement le noeud à démêler. Parce que les islandais, il faut le savoir, ont un goût prononcé pour la nonchalance, moins pour l'action. Le côté humain et faillible des personnages rend les romans d'Arnaldur Indridason plus poignants. De plus, il y a une bonne distance chez le lecteur par rapport aux névroses et aux déprimes de ce petit monde. C'est noir, d'accord, mais tendance mélodramatique. Il faut y avoir goûté une fois pour comprendre !

« Lorsque l'espoir avait décliné avec les jours avant de disparaître avec les semaines, les mois, les années, une sorte de torpeur laissée par l'événement avait pris le relais. Certains étaient arrivés à s'en préserver alors que d'autres, comme Erlendur, l'avaient cultivée en choisissant la douleur comme compagnon de route. » 

Métailié, 2009 - 335 pages - 19€
traduit de l'islandais par Eric Boury

 

Hiver arctique, Arnaldur Indridason

4 février 2009

C'est pour toi que le rôdeur vient - Adrienne Maria Vrettos

51AE_q5ptcL__SS500_Il y a onze ans, à Pine Mountain, toute la communauté rurale a été marquée par l'enlèvement et la mort d'un petit garçon de cinq ans. Le coupable n'a jamais été arrêté et a longtemps hanté les cauchemars de Dylan et ses camarades, qui l'ont baptisé le Rôdeur. Le temps a passé, mais l'horreur réapparaît quand d'autres enfants sont portés disparus. La police est à cran car elle suppose que le Rôdeur est de retour dans la région. Dylan est terrorisée, mise en première ligne dans cette enquête difficile, car l'adolescente a un secret : elle a des visions des disparus, c'est une medium (comme Alison DuBois, dans la série tv !). Elle tente d'apporter son aide à la police, mais c'est toujours trop tard. C'est un poids qui est lourd à porter, d'autant qu'elle n'en parle à personne, sauf à sa mère issue d'une étrange famille de femmes déjantées. Son père a quitté le foyer depuis longtemps, sans avertir. Et cette absence est aussi douloureuse pour Dylan et sa mère, même si elles n'en parlent jamais. A l'école, Dylan cherche à se fondre dans la masse, en compagnie de ses inséparables copines - Pilar, Thea et MayBe. Arrive une nouvelle élève, Cate. Elle colle Dylan, veut comprendre sa vie et apprend son secret. Aussitôt, une étrange fascination morbide naît chez la jeune fille, qui dérange de plus en plus Dylan. Elle se sent coincée, et Pilar s'éloigne d'elle. C'est alors qu'une nouvelle disparition d'enfant est signalée, et cela plonge les habitants de Pine Mountain dans une angoisse exacerbée.

La fin est étonnante, l'intrigue est tellement bien tendue, décrivant l'univers rural, les habitudes des lycéens, les blagues vachardes et puis les rêves de Dylan, mystérieux et inquiétants, s'éclairant petit à petit. Je n'ai rien vu venir. J'ai été happée par l'histoire, par son ambiance et par la justesse des personnages. Tout est bien cadré, dans ce thriller redoutable qui se passe dans une petite ville américaine, très bien décrite d'ailleurs, on y prend pied. On trouve aussi un peu de surnaturel par les visions médiumniques de Dylan, cela participe intégralement au suspense. C'est prenant, totalement scotchant.
C'est un roman que j'ai eu bien du mal à reposer !

Thierry Magnier, achevé d'imprimer dans un flash, 2009 - 275 pages - 11€
traduit de l'anglais (USA) par Pierre Charras
 

3 février 2009

Le proscrit - Sadie Jones

51_VDhcpUSL__SS500_Elizabeth Aldridge est une jeune femme moderne. Nous sommes à la fin des années 40. Elle aime les blagues d'un goût douteux, elle boit beaucoup, elle déteste se rendre à l'église et fréquenter les autres épouses de cette bonne société du Surrey. A la place, Elizabeth passe son temps libre avec son fils de 7 ans, Lewis, elle préfère flâner, lire ou discuter avec sa cuisinière, Jane. Avec la fin de la guerre, son mari Gilbert rentre au bercail. L'ambiance change. L'homme entend rétablir la hiérarchie dans son foyer, montrer qu'il est le centre d'intérêt et que son fils doit quitter les jupes de sa mère pour le pensionnat. Trois ans passent, Lewis a dix ans. Sa mère et lui sont toujours inséparables, mais un drame va déchirer cet amour. Lors d'un pique-nique au bord de l'eau, Elizabeth se noie sous les yeux de son fils.

C'est un monde qui s'écroule. Gilbert, qui déjà ne s'accordait pas avec Lewis, le tient pour responsable. Un climat lourd de ressentiment règne à la maison. Et puis Alice fait son entrée, lorsqu'elle se marie avec Gilbert Aldridge, moins d'un an après la mort d'Elizabeth. Lewis, proscrit, s'est déjà isolé dans son chagrin. Il ne laisse pas la moindre chance à la jeune femme de le comprendre, et elle-même se sent incapable de faire le moindre effort. Elle est jeune, totalement naïve aussi. Elle renonce donc très vite à être du moindre secours. « Lewis était pour elle pareil à un oiseau blessé. Et les oiseaux blessés finissaient toujours par mourir. »

Lewis va également s'exclure du groupe des enfants avec lequel il avait coutume de passer toutes ses vacances, il est banni pour un acte de violence que tous condamnent, seule la petite Kit Carmichael cherche à le défendre. Elle sait pourquoi il a agi aussi spontanément, pourquoi il a cassé le nez de cet autre garçon, mais ses cris de protestation sonnent dans le vide. Lewis lui-même préfère le silence, il a trouvé « enfin quelque chose qui le soulagerait » en se mettant à boire. Le garçon a quinze ans, la spirale infernale est lancée. Le début du roman a montré Lewis, âgé de dix-neuf ans, en train de sortir de prison après avoir purgé une peine de deux ans pour l'incendie de l'église de Waterford. Son père lui a mandaté une forte somme d'argent, appelant ainsi à ne pas rentrer à la maison, mais Lewis choisit de revenir.

Ce retour met le feu aux poudres. Dans cette petite communauté régie par les apparences et le conformisme, Lewis, par sa simple présence, met le doigt où ça dérange, débusque les secrets honteux, dénonce les drames où la violence familiale a fait son nid. C'est un personnage remarquable, attachant malgré son caractère taciturne, violent et effrayant. Car il reste le petit garçon blessé, témoin du drame qui a coûté la vie de sa maman. Ok, il s'est renfermé, il ne laisse personne l'approcher ni l'aider, il commet d'énormes erreurs. La vie aussi ne lui a fait aucun cadeau. Heureusement, il y a l'émouvante Kit Carmichael, une jeune fille également au coeur de la tourmente. Depuis son enfance, elle s'est accrochée à Lewis, parce qu'il représentait, à ses yeux, l'héroïsme, la résistance, la bravoure, la plaie à vif. Ce n'est pas un secret pour le lecteur que le père de Kit est un homme violent qui bat sa femme, et plus tard sa fille cadette. Mais à Waterford, on se tait. C'est l'après-guerre, il faut reconstruire et recoller les morceaux fragmentés. C'est difficile, car dans les années 50 la bonne société du Surrey s'accroche à l'illusion de valeurs sûres et irréprochables. Et Lewis est contre l'hypocrisie, on le comprend, il en a été la victime malheureuse.

C'est un premier roman étonnant, émotionnellement fort, mais qui ne cherche pas à vous mettre à plat. On sent le climat lourd, le drame, le manque de la maman, la douleur jamais cicatrisée, l'injustice. Il y a une pointe de nostalgie, derrière le récit, qui est poignante. L'histoire est d'ailleurs racontée en flashback, elle se déploie lentement, elle fait grimper la tension, elle répand la tragédie... or, jamais je n'ai ressenti d'oppression ni d'abattement. Le spleen est efficace, les personnages sont complexes, ce n'est pas une histoire gaie, c'est bel et bien un drame humain, mais bon sang c'est limpide, sensible et juste. J'ai beaucoup aimé. 

Buchet Chastel, 2009 - 377 pages - 23€
traduit de l'anglais par Vincent Hugon
 

« Pourquoi ne peux-tu pas t'entendre avec les autres ? Tu te rends compte à quel point tu es impossible ? »   

 

 

 

 

 

Une bande-annonce a été créée spécialement pour la promo du livre.
C'est intéressant, mais attention aux *spoilers* !

http://www.libella.fr/buchet-chastel/auteurs/jones/video/


Booktrailer - "Le Proscrit", premier roman de Sadie Jones
envoyé par editionslibella

Les droits cinématographiques viennent d'être vendus dans la perspective d'un film par John Madden, le réalisateur de Shakespeare in love.

l'avis de Laurence

2 février 2009

Le Paradoxe du menteur - Martha Grimes

« C'est un homme qui est entré dans un pub et qui me l'a racontée.
- Tu te moques de moi.
- Exactement ce que je lui ai retorqué. Je lui ai dit qu'il me menait en bateau. Bref, le pub se trouve dans la City. C'est l'Old Wine Shades. J'étais là, assis au bar, à broyer du noir, sans raison spéciale...
- Sans raison spéciale de quoi ?
- De broyer du noir.
- Ah. Continue.
- Un homme est entré, manifestement friqué, des vêtements comme les tiens...
- Cette veste pourrie ? dit Melrose, louchant sur son revers.
- ... et il s'est assis près de moi.
Ça fiche les jetons, pour un début, non ?
- Oui, c'est digne de Winnie l'ourson. Continue.
- Et il m'a raconté cette histoire...
»

51H1orhlwUL__SS500_Il y a un an, une femme et son fils se rendent dans le Surrey visiter deux propriétés et disparaissent sans laisser de traces. Seul le chien est revenu, quelques mois après. Depuis, le mari, en état de choc, séjourne dans un hôpital pour grave dépression. Il a contacté la police et des détectives privés, mais rien. Aucune piste. Richard Jury, commissaire à New Scotland Yard, rencontre un homme dans un pub qui lui raconte cette histoire. Cela dure tous les soirs de la semaine. L'individu, Harry Johnson, prétend que c'est une histoire sans fin. Ou une histoire à tiroirs. Chaque rendez-vous rapporte un nouveau chapitre, l'histoire grossit. Cela devient louche, mais Jury veut y croire, contre l'avis de ses proches (son inspecteur associé hypocondriaque, Wiggins, sa charmante voisine, Carole-Anne et même son meilleur ami, Melrose Plant). Il sort d'une enquête difficile, il a été poussé à un congé forcé par son chef, il a donc besoin de se changer les idées.

Et Jury est sérieusement intrigué par cette double disparition, de même il se demande si sa rencontre avec l'homme du pub n'est qu'une pure coincidence. Il va fouiller, c'est obligé. Et pour cela, il est accompagné de son inénarrable compagnon, Melrose Plant, un aristocrate excentrique, qui habite la petite bourgade de Long Pliddleton avec sa tante snob et acariâtre, Agatha. Pour échapper à cette vieille bique, il se rend à Londres, où il apprécie le refuge du Boring's, club très sélect et fermé, réservé uniquement à la gente masculine.

En fait, c'est clairement une ambiance qu'on aime retrouver chez Martha Grimes, au fil des livres publiés. On a l'embarras du choix entre les petits villages anglais, le pub, le manoir du Comte de Caverness, les bureaux de Scotland Yard ou l'appartement de Jury et de sa délicieuse voisine... C'est ainsi un petit monde qu'on retrouve, Richard Jury est un incontournable de la série. Il a la quarantaine, il dégage un charme fou, il est réservé, réfléchi et cultivé. Il n'hésite pas à trouver des métaphores littéraires dans les enquêtes les plus tordues. C'est un homme qui plaît, mais qui n'en profite pas. A ses côtés, Melrose Plant possède une séduction aristocratique, il a du flegme à revendre, il aime bouquiner, boire du bon cognac et paresser dans un fauteuil au coin du feu. Ce n'est pas un homme d'action, mais il ne rechigne pas à s'associer à son meilleur ami pour des situations parfois mouvementées.

A l'instar d'Elizabeth George, Martha Grimes est américaine et écrit avec bluff des romans d'énigme à l'anglaise. Vous ne connaissez pas (encore) ? Les éditions Omnibus viennent de faire paraître un volume regroupant les quatre premières aventures de Richard Jury. A ne pas louper !

A noter : tous les romans de Martha Grimes ont pour titre des noms de pub, en vo. Dommage, la traduction française n'a jamais joué le jeu.

Presses de la Cité, 2009 - 380 pages - 21€
traduit de l'anglais (USA) par Dominique Wattwiller
titre vo : The Old Wine Shades

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Les Enquêtes de l'inspecteur Jury
(qui, en fait, est commissaire...)

51CPNHebtKL__SS500_Le mauvais sujet

Long Piddleton est un charmant village du nord de l'Angleterre. Mais une série de meurtres abominables vient entacher le manteau de neige immaculé de cette bourgade paisible. Des cadavres sont retrouvés dans des positions insolites dans des auberges de campagne aux noms pittoresques et évocateurs. Pour arrêter cette hécatombe, Scotland Yard dépêche sur place l'un de ses meilleurs limiers : Richard Jury, un homme aussi tenace que chevaleresque. De la ténacité, il va lui en falloir pour démasquer le tueur en série parmi une foule de suspects : un aubergiste, un haut fonctionnaire déchu, une jeune poétesse romantique, un pasteur, un auteur de polars, une poule de luxe et bien d'autres. Par bonheur, Jury trouvera un précieux allié en la personne de Melrose Plant, châtelain dilettante que la nature a pourvu d'un cerveau fort efficace.

L'énigme de Rackmoor

Tout le monde vous le dira, il ne se passe jamais rien à Rackmoor. Que pourrait-il d'ailleurs bien se passer dans un petit village du Yorkshire accroché au flanc d'une falaise, battu par les vents et perdu dans le brouillard... Or, un jour, on retrouve le corps ensanglanté d'une inconnue. Une inconnue qui - vous diront certaines personnes bien informées - pourrait être Dillys March, la pupille du riche sir Titus Craël. Disparue depuis quinze ans, quelques langues venimeuses ajouteront qu'elle serait venue pour réclamer sa part d'héritage. Ce qui est troublant, c'est que la moitié des habitants de Rackmoor ne reconnaissent pas Dillys. Pupille ou usurpatrice ? Une affaire complexe dont triomphera l'inspecteur Jury de Scotland Yard au terme d'une plongée dans le passé obscur de la petite ville.

Le collier miraculeux

Une violoniste est sauvagement assassinée dans le métro de Londres. Elle était originaire d'un village répondant au nom charmant de Littlebourne. Or un chien vient de découvrir une drôle de friandise dans le bois voisin : un doigt humain ! Richard Jury et Melrose Plant vont arpenter les couloirs du tube londonien et les abords de la ténébreuse forêt de Horndean. Et les suspects les plus hétéroclites se présentent à eux : un couple de hobereaux d'un snobisme odieux, une vieille ornithologue revêche, une veuve habitant un manoir glacial et une petite sauvageonne qui sait dompter les chevaux les plus rétifs... mais pas le duo le plus flegmatique du Yard !

Le vilain petit canard

Stratford sur Avon, ville natale de Shakespeare et villégiature préférée du discret commissaire Jury, voit défiler à la belle saison des hordes touristiques accablantes. On aurait presque pu se réjouir, cette année-là, de découvrir des cadavres d'Américains faisant partie d'un voyage organisé. Mais des corps sauvagement mutilés, bien dans la tradition insulaire inaugurée par Jack l'Eventreur, font tout de même un peu désordre dans le décor pastoral des rives de l'Avon. Avec son ami Melrose Plant, douzième comte de Caverness, aussi titré qu'instruit des splendeurs du théâtre élisabéthain, le commissaire Jury va démonter le mécanisme d'une monstrueuse vengeance.

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--) C'est excellent ! C'est plus qu'un simple roman policier, même si l'intrigue sur ce plan est bien ficelée, c'est avant tout pour les petits riens autour que j'apprécie cette série. Les personnages sont beaux, touchants, humains. Ils aiment, sont trompés, ont le cafard, et nouent aussi des liens extraordinaires d'amitié. L'ambiance à Long Piddleton aussi vaut le coup d'oeil, ça donne envie tout ça... C'est british, en plus. Je fonds complètement !

Omnibus, 2009 - 26€

1 février 2009

These fragile flames for innocence can't be lost *

Un coeur brisé - Jacqueline Wilson

61nf_4S6JnL__SS500_Prudence King, quatorze ans, et sa soeur Grace, onze ans, subissent la loi rigide de leur père qui leur interdit d'aller à l'école. Mais lorsque celui-ci tombe malade et entre à l'hôpital, la vie à la maison va changer. Seule, la maman panique de recevoir une nouvelle lettre menaçante de l'inspecteur et préfère anticiper en inscrivant ses filles à l'école du quartier. Prudence est excitée par cette perspective, même si elle pressent que leur adaptation risque d'être difficile. Sa soeur et elle ne sont pas du tout à la mode, elles portent des tenues excentriques, non pas pour se démarquer mais parce que la famille manque d'argent. Prudence se sent l'âme d'une Jane Eyre, avec son éducation sévère, retirée du monde des autres adolescents. Elle va tomber amoureuse de son M. Rochester en la personne de Rax, le professeur d'arts plastiques. Amour impossible ? Logiquement. Cependant, l'homme se sent attiré par la jeune fille, également douée pour le dessin. Une connivence naît entre eux. Il va devenir son ami et son confident, et elle va être la baby-sitter de ses enfants (car l'homme est marié !). Mais cela ne l'empêche pas de craquer pour l'adolescente, de répondre à ses baisers. C'est franchement déconcertant. Prudence n'a que quatorze ans, elle a vécu dans une bulle et lisait en cachette des magazines de son âge pour en savoir plus sur ce qu'on lui refusait de connaître. La situation dégénère vite, selon moi. Prudence commet des erreurs, par inconscience. Elle a acheté des dessous en satin noir, pensant que c'était couru chez les filles de son âge. Elle découvrira qu'elle est à côté de la plaque. Trop mûre, trop rebelle, trop décalée ? Prudence King est un mystère. Elle a imaginé un monde trop romanesque, la réalité est plus amère. D'ailleurs, la jeune fille ne parviendra pas à s'intégrer dans son école. Elle avait déjà pris conscience qu'elle étouffait sous le joug familial, elle comprend maintenant qu'il faut davantage s'affirmer pour se fondre dans une société ni toute blanche ni toute noire, juste réelle. La fin de l'innocence, en somme.
C'est un roman d'émancipation où flotte un sentiment de malaise. J'ai moyennement aimé.
(A noter que c'est un gros succès chez les ados ! Je peux comprendre pourquoi.)

A partir de 13 ans.

Folio junior, 2008 - 303 pages - 7,50€
traduit de l'anglais par Anne Krief
Illustrations : Anne Simon

Les avis de Francesca et Aurélie (Suspends ton vol)

* lyrics from Innocence maintened, by Jewel

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Combien tu paries ?  -  Pete Johnson

9782070610235Pour tromper leur ennui, Harvey et son ami George aiment se lancer des paris, ou (pour faire moins gamin) « des défis ». Au départ, c'est plutôt bon enfant : des gags lourdingues avec pour cible leurs professeurs. Ce n'est jamais méchant, juste pour rire. Le truc, c'est de ne pas se prendre au sérieux. Et puis généralement les prix à remporter sont aussi commodes (se payer une bonne glace, par exemple). Grisés par leurs succès, Harvey et George fondent une association, « le Club de la Chance », et l'ouvrent à de nouveaux membres. C'est un triomphe. Tout roule à merveille, l'école est prise par la fièvre du jeu. Puis un garçon de l'équipe propose de recevoir de l'argent au lieu des glaces. Harvey est d'accord, mais George se fâche et quitte la direction. Les ennuis s'enchaînent, quand la cagnotte de 180 £ est dérobée dans le casier de l'adolescent. Harvey va encore une fois être mal influencé par Jonny, le jeune espoir de foot et aussi l'élève le plus populaire du collège, en acceptant de mettre en scène un cambriolage chez ses parents. Damned ! Harvey est dans une sacrée galère.

Ecrit sous la forme d'un journal intime, ce roman de Pete Johnson donne la parole à un collègien de 4ème particulièrement doué pour les inventions et les ruses. Ce n'est pas un livre qui encourage les enfants à parier, mais plutôt une pantalonnade. Harvey, le protagoniste, a pour ambition d'améliorer la qualité de la vie au collège. Ni plus, ni moins. Le reste, autour, n'est qu'une farce à prendre sans condescendance. Les péripéties rapportées sont hilarantes, le jeune garçon n'est pas un crétin fini et ses copains sont de bons bougres (comme qu'on aimerait tant voir dans les écoles de nos enfants !). Aucune méchanceté, de l'amitié pour serrer les coudes, et même le voleur fait son mea culpa. Vraiment rien de bien mauvais... à confier sans sourciller à vos loupiots. 

Folio junior, 2009 - 220 pages - 5,90€
traduit de l'anglais par Stéphane Carn
Illustrations de Henri Fellner 

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