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Chez Clarabel
1 mai 2019

Mon amie Adèle, de Sarah Pinborough

mon amie adelePouah pouah pouah. Quelle arnaque.
Je me souviens des avis dithyrambiques à la sortie du livre et de ma curiosité à découvrir ce phénomène. Quelques mois plus tard, je prends enfin connaissance du sujet : un homme et une femme se rencontrent dans un bar et échangent un baiser. 
Mais l'homme est marié. Il est aussi le nouveau patron de Louise. Son épouse Adèle devient son amie pour tromper sa solitude. Louise et David ont également une liaison dans le dos d'Adèle. De ce triangle amoureux, rien de bon ne peut en sortir. 
Évidemment on n'a pas tout lu ni eu connaissance de toutes les infos. Car Adèle n'est pas une victime. Elle fait de Louise sa complice, sa confidente. David devient un tyran dont on craint les réactions. Emballez c'est pesé. Sauf qu'on a encore tout faux !
En fait, ce roman s'amuse à raconter un peu n'importe quoi. Au fil des chapitres les versions n'ont de cesse de se renouveler. Manque de bol, tout ça m'a plutôt éreintée. 
Je n'ai pas été convaincue non plus par l'option prise par l'auteur pour boucler son roman. Là on atteint des sommets ! Je n'ai pas du tout adhéré. J'ai été agacée aussi par les personnages - la Louise qui fonce bille en tête et se mêle d'une affaire qui ne la regarde pas. Entre nous, c'est abusé et carrément tordu. D'où ma très grande déception. J'en espérais tellement...

©2017 Librairie Générale Française pour la traduction par Paul Benita. Titre VO : Behind her eyes (P)2019 Audiolib

Très bonne performance des trois lecteurs choisis par Audiolib pour incarner ce trio infernal : ambiance sombre et pesante pour thriller psychologique tendance malsaine et dérangeante... C'est du lourd !

 

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15 mai 2019

Pêle-mêle : Chips et Biscotte - Hulot domino - La révolte des animaux moches - Mamie fait sa valise

Chips et biscotte

Chips et Biscotte sont les meilleurs amis du monde. Deux meilleurs amis, pourtant, très différents. L'un adore les glaces, le basket, les bottes et le cerf-volant, l'autre préfère la pastèque, le ukulélé et les mocassins. Pourtant, ils sont inséparables. Dès que le soleil darde ses beaux rayons, ils filent jouer au parc et dégainent leur sac. Dedans, on trouve tout et n'importe quoi. Surtout des solutions à tous leurs problèmes car l'entraide, c'est ce qu'il y a de vrai. En amitié, on donne à l'autre sans compter.

Cet album frais et pimpant assure la bonne humeur dans la maison. Sa lecture est guillerette, simple mais craquante. On aime ça : un ton juste et des super potes très attachants. Pour un premier album, c'est tout bon. Bravo.

Chips et Biscotte, par Mickaël Jourdan

Rouergue, 2019

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Hulot domino

David Merveille continue l'exploration de l'univers de Jacques Tati et son personnage iconique de Monsieur Hulot. Ses albums sont des prouesses de technique, de couleurs, de charme, d'élégance et de facétie. Pour les yeux, c'est du bonheur !

Avec ce Hulot domino, ce sont des découpes laser de la silhouette de Monsieur Hulot qui vont révéler bien des surprises. Là, un Hulot à la plage, ou en train de jouer au tennis, ou dégainant son parapluie, et aussi conduisant un bolide. Et l'instant d'après, c'est une autre réalité qui se découvre à nous... une poêle à frire, un bouquet de fleurs, un bain moussant. Cet album va au-delà des apparences et surprend le lecteur avec ses tours de passe-passe. Visuellement, c'est réussi. Le plaisir ressenti est également garanti - c'est cocasse et franchement génial. Je le conseille.

Hugo domino, par David Merveille (d'après Jacques Tati)

Rouergue, 2019

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La révolte des animaux moches

En 2018, les animaux ont revendiqué leur droit à l'émotion et l'intellect. Depuis, ils peuvent aller en cours ou travailler car ils ont acquis les mêmes droits que les humains. Enfin, une certaine ségrégation demeure car tous les animaux ne sont pas à la même enseigne. Certains ont ainsi des accès vip à des postes ou des statuts que d'autres non pas. Au nom de quoi ? D'un physique pas facile. Ainsi, Marie-Odile le crocodile, Issa le boa, Sven le hyène et Pascale la mygale décident de se bouger pour que ça change.

Ils créent le mouvement des bestioles indignées, bientôt rejoint par de nombreux sympathisants, et font le tour des plateaux tv ou des écoles. L'opinion publique reste encore sourde. Après tout, les chevaux sont portés aux nues. Nos animaux moches contre-attaquent avec le hip hop de Issa le boa. Les enfants en deviennent dingues et réclament des peluches. La tendance enfin s'inverse... mais suscite des jalousies - harcèlement en ligne, tentatives d'intimidation. Même son vieux pote Marcel le cheval cherche à influencer Issa le boa de cesser le mouvement. Mais bientôt le scandale va éclater.

Anne l'ânesse a mené se petite enquête dans l'école des pur-sang et a découvert que c'est une école de sape (encourager les étudiants à saquer les autres animaux). Tollé général. La presse met son grain de sel. Alfred le sdf vole au secours des opprimés. Et la police se jette dans la mêlée. Finalement, un ministre fait voter une loi pour obliger une parité entre animaux et autoriser les études pour tous. Nos animaux moches vont s'en tirer avec les honneurs et auront également une belle et longue vie durant laquelle ils vont tous concrétiser leurs rêves. Et on applaudit bien fort cette lecture mignonne et optimiste, qui fait un bien fou. Bravo. C'était drôle et totalement décalé.

La révolte des animaux moches, par Coline Pierré

dacodac du rouergue (2018)

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Mamie fait sa valise

Mamie débarque avec sa valise pour une histoire de papier peint à fleurs qu'elle ne supporte plus. Elle a quitté Papie et veut divorcer. Le seul à se réjouir de la situation, c'est Armand. À lui les crêpes et les soirées sans les parents sur le dos... Mamie le bichonne et ronchonne. Après tout, « l'amour n'est pas une équation » ! Armand est encore trop jeune pour comprendre le pourquoi du comment. Pour lui, papie n'a qu'à faire plaisir à Mamie en lui achetant des fleurs qui sentent bon. Celle-ci explique alors que l'amour se cultive autrement, en temps, en minutes, en secondes, en effort en application. Ce qu'elle veut, ce sont des lettres, des mots doux, des secrets de l'âme, des gentillesses pleines de poésie... Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Armand, toujours complice, transmet l'info au concerné... et viva Italia ! Un petit roman d'une tendresse délicate et attendrissant par cette naïveté dont fait preuve notre jeune héros.

Mamie fait sa valise, par Gwladys Constant

dacOdac du rouergue, 2019

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2 juillet 2019

221b Baker Street, par Graham Moore

221b Baker StreetCet habile roman à suspense mêle deux enquêtes à près d'un siècle d'écart. Mais les spectres qu'on y croise n'en sont pas moins imposants.

En 1893, Conan Doyle décide de tuer sciemment son personnage fétiche mais rencontre une grogne populaire sans précédent... sa jalousie et sa haine envers Sherlock Holmes ne font que se renforcer. L'ironie voudra qu'il va finalement jouer au détective avec son ami Bram Stoker et ainsi se rapprocher du héros honni. 
Janvier 2010. Un membre d'une société holmésienne annonce crânement avoir enfin mis la main sur le journal perdu de l'écrivain. Mais on retrouve le type assassiné dans sa chambre d'hôtel... étranglé par le lacet de sa chaussure. Pour Harold White, la dernière recrue des Baker Street Irregulars, commence aussi une enquête palpitante en compagnie d'une charmante journaliste.

Quelle lecture fort sympathique et étonnante ! On ne nous demande pas de connaître par cœur tout Sherlock Holmes ou Conan Doyle pour savourer toutes les subtilités de l'intrigue. On se dit juste que c'est comme un roman policier entre deux époques (contemporaine et victorienne) avec des personnages passionnants. Il y a du vrai et du faux dans l'histoire - les notes finales viendront mettre leur grain de sel - pour le reste, ça se découvre, ça se discute, ça soulève des interrogations, ça fuse et ça use. Tout ça pour dire que le rythme, l'ambiance et l'histoire tiennent la dragée haute. Et c'est pas mal du tout.

J'ai aimé ce personnage d'un Conan Doyle qui bouillonne contre sa création et qui réalise aussi n'avoir rien compris à son influence dans les foyers populaires. J'ai aimé plonger dans les rues de Londres pour faire semblant de vivre une enquête à la Sherlock. J'ai aimé enfin le passage au présent, toujours sur les traces du mythe, à fouiller dans les archives et élaborer toutes folles théories. C'est franchement très distrayant à lire. J'ai vraiment passé un bon moment.

Pocket (2013) - Traduit par Françoise Smith pour Le Cherche Midi

Titre VO : The Sherlockian

 

11 juillet 2019

Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux, de Martha Hall Kelly

Septembre 1939 : les hordes nazies déferlent sur la Pologne. Un hiver rigoureux s'installe en Europe. Commence aussi le début de l'horreur pour les tristement célèbres « Lapins » de Ravensbrück. 

Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux

On croise dans ce roman trois portraits de femmes très distincts : Caroline, vivant confortablement à New York, travaille pour un fonds de soutien aux réfugiés et tombe amoureuse d'un acteur français (bientôt envoyé à Drancy) ; Kasia, une jeune polonaise idéaliste, s'embarque dans la résistance mais sera arrêtée devant le cinéma en compagnie de ses proches ; et enfin Herta, une fière allemande, très ambitieuse, ne supportant plus d'avoir étudié la médecine sans obtenir la reconnaissance de ses pairs, accepte un poste dans un camp de rééducation pour femmes.

Même si j'ai trouvé la lecture globalement entraînante, je dois reconnaître que l'ensemble est parfois trop lisse et mielleux. Les démêlés sentimentaux de Caroline n'apportent pas grand-chose. Sa vision de l'héroïsme est vécue à travers son amour aveugle (et interdit). Les témoignages de Kasia et Herta sont davantage plus éloquents. À partir de la page 400, de toute façon, l'histoire devient plus diluée et moins originale. Ce n'est plus aussi accrocheur, sauf peut-être l'affrontement entre la victime et son bourreau. Sinon on a vite fait le tour.

Cela reste une bonne lecture sur un sujet trop triste mais qui manque parfois de caractère.

Pocket (2019) - Traduit par Géraldine d'Amico

La voix de Caroline Breton incarne sobriété, justesse et émotion sans débordement. C'est très bon.

le lilas martha hall kelly

©2018 Leduc.s. Traduit de l'anglais par Géraldine d'Amico (P)2018 Audible Studios

 

 

31 juillet 2019

Les filles d'Ennismore, de Patricia Falvey

LES FILLES D'ENNISMOREBof bof bof ... quoi !
Tout d'abord je n'ai pas du tout accroché aux personnages - mention spéciale à cette chère Rosie qui ne se remet JAMAIS en question et qui renvoie toujours la faute sur les autres.

Fille de fermiers, Rosie va recevoir une proposition inespérée en suivant des leçons au domaine Ennismore, auprès de la jeune lady Victoria, sur l'invitation des propriétaires. Les fillettes envisageraient d'être amies *n'ai rien vu de tel* mais ne perçoivent pas encore les difficultés à venir. Car Rosie va grandir en reniant ses origines mais avec la conscience de ne pas être à sa place parmi la noblesse non plus. Ce sentiment va lourdement handicaper son parcours et ses choix car la vie va la conduire à ravaler sa fierté et la contraindre à faire des choix dégradants.
Sauf que Rosie va pointer du doigt la famille Bell, à commencer par son ancienne camarade Victoria qui fait son entrée dans le monde et lui propose maladroitement de devenir sa femme de chambre *huhuhu* ainsi que Valentin qui lui a fait miroiter des rêves d'amour !

Je ressors donc de cette lecture avec un sentiment de tromperie car lecture injustement comparée à Downton Abbey pour un contenu assez pauvre et très artificiel. J'ai quasiment passé mon temps à me demander ce que les avis élogieux trouvaient au roman... Rien ne colle. Les événements qui s'enchaînent ne sont pas crédibles. Tout est survolé ou bidouillé de façon absurde. Coïncidences improbables, rebondissements attendus. J'ai beaucoup, beaucoup soupiré.

Amitié, jalousie, lutte des classes, émancipation féminine, drame amoureux... À l'aube du XXe siècle, au cœur d'une Irlande en ébullition, une saga inoubliable dans la droite ligne de Downton Abbey.  *description éditeur*

©2019 Belfond. Traduit de l'anglais (Irlande) par Julia Taylor (P)2019 Audible Studios

 

 

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19 septembre 2019

Pêle-mêle : Quatre pattes - Un drôle de truc pas drôle - Laissez-moi tranquille...

quatre pattes

Après le magnifique Tout doux, dans lequel Gaëtan Dorémus exprimait déjà sa tendresse et sa poésie en donnant naissance à son ourson, on retrouve notre cher ami dans son apprentissage de la vie à quatre pattes... Marcher sur le goudron, danser sur les petits cailloux, sentir le chatouillis de l'herbe, patauger dans la boue, grimper et explorer le monde.

Cette histoire donne la sensation de partir loin dans une aventure inconnue et parfois dangereuse. Attendez de voir cette ascension vertigineuse, ce froid aux pattes, cette ivresse soudaine qui vous cloue sur place ! On vit auprès de l'ourson les mêmes émotions et à travers son regard innocent... d'où la chute rigolote et pleine de sourire.

Encore une fois, cet album est remarquable par ses couleurs, son atmosphère mystérieuse et son suspense qui donne des frissons. C'est beau, en plus d'être fascinant. Ça se lit avec des yeux ronds comme des billes - la découverte du monde à hauteur d'ourson est juste une prodigieuse plongée, riche en enseignements. Magnifique.

Quatre pattes, par Gaëtan Dorémus

rouergue, 2019

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un drole de truc pas drole

Rien ne va plus pour notre jeune héroïne : un drôle de truc pas drôle ne cesse de la poursuivre. Cela ressemble à une pelote noire, embrouillée, indéfinissable. Par contre, elle ne cesse de la coller et refuse de s'en aller.

Mais comment expliquer à maman ce drôle de truc pas drôle ? Simplement que c'est gênant, que c'est là, présent, encombrant. Qu'on a beau lui faire peur, chasser ce truc, menacer, crier, l'enfermer à double tour... il refuse de lâcher prise. Reste alors à mieux cerner ce truc, à comprendre son pourquoi et son comment, à regarder autour de soi, à réaliser que c'est partout, que tout le monde porte ce drôle de truc et que la terre continue de tourner.

Bravo à cet album qui met en scène les états d'âme - ces émotions si complexes qui nous saisissent par surprise et nous laissent souvent à plat - cet album a su les exprimer avec justesse, dans un grand festival de couleurs et au cœur d'un graphisme ordinaire et néanmoins intimiste. On suit la réflexion méthodique de la jeune fille, ses doutes, ses colères, ses bonnes idées pour vivre avec son drôle de truc. On applaudit bien fort ce tour de passe-passe... très habile et astucieux. 

Un drôle de truc pas drôle, par Giulia Sagramola

rouergue, 2019

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Laissez moi tranquille

Parfois Leyla en a assez de vivre au sein d'une tribu nombreuse et bruyante, qui colle et qui donne des bisous tout le temps. Parfois Leyla a envie de calme et de tranquillité. Un jour, elle décide donc de s'éloigner du clan et de partir à l'aventure.

Une aventure non moins périlleuse et pleine d'inconnues ! Car Leyla se blesse au pied - ouille - puis croise un lézard indolent et peu bavard. En écoutant ses plaintes, il lui confie pourtant une astuce - faire silence et fermer les yeux, se dorer la pilule au soleil et réfléchir au sens de la vie.

Miracle, cette formule donne à Leyla le goût de retrouver sa famille et de raconter sa folle épopée. Tous sont en admiration - quel courage, vraiment - et tous répondent en chœur pour cajoler cette héroïne intelligente et déterminée !

On aime beaucoup cet album plein d'humour et de tendresse, aux illustrations douces et réconfortantes. Galia Bernstein a déjà illustré La grande famille (drôle et génial également).

Laissez-moi tranquille... par Galia Bernstein

Album Nathan, 2019

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20 janvier 2020

Dernier été pour Lisa, de Valentin Musso

Dernier été pour Lisa

Il y a un parfum de Harry Quebert dans cette histoire : au cours de l'été précédant son entrée à l'université, Lisa est assassinée sur la plage. Son petit copain Ethan est accusé du crime, son meilleur ami Nick est sidéré.
Des années plus tard, Nick est devenu un écrivain à succès et retourne dans sa ville natale pour les obsèques de son père. Il apprend également la libération de Ethan et rencontre un détective privé convaincu de son innocence. Il voudrait inciter Nick à revoir les faits et étudier plus longuement la potentielle rédemption de son ami d'enfance.
Cette position va rapidement le mettre mal à l'aise. Au fil de ses retrouvailles avec le passé, Nick est chamboulé par ses découvertes. L'intrigue prend d'ailleurs des tours et des détours assez déconcertants - sans trop surenchérir dans les rebondissements à outrance - et se boucle sur une note pleine d'amertume.
En fait, ce roman se lit facilement car il est habilement ficelé. Par contre il distille une note de tristesse, de regret et de remords qui laisse un sensation de peine indélébile. Plus j'y songe et plus je me demande si j'ai réellement apprécié ce dénouement... Et le style pompeux (« dans l'ébène de la nuit » ... par exemple) m'a de temps en temps fait lever les yeux au ciel.
Somme toute, la lecture a honoré correctement son contrat : intriguer et divertir. Bon point, donc.

©2018 Éditions du Seuil (P)2018 Sixtrid

Avec ce nouveau thriller d'une redoutable efficacité, Valentin Musso nous entraîne au cœur d'une petite ville américaine en apparence sans histoires, et qui cache bien ses secrets.

Texte lu par Marc-Henri avec toujours autant de dextérité et de confort à l'écoute ! Un très bon moment.

 

25 novembre 2019

Les choses humaines, de Karine Tuil

Les choses humainesL'histoire du roman met en avant beaucoup de choses qui vont de travers dans notre société et contre lesquelles on a parfois fini par s'y habituer, lâchement. C'est un constat affligeant. D'où ma lecture en apnée, dans un état d'hébétude, à la fois pressée d'en finir mais curieuse du dénouement.

Lors d'une soirée trop alcoolisée, un garçon propose à une fille de sortir prendre l'air puis lui roule un patin derrière une benne à ordures. Ce qu'il advient ensuite est flou, disons qu'il est vécu différemment par les deux protagonistes. Car dès le lendemain, Alexandre est accusé de viol et placé en garde à vue. Son attitude est nonchalante : le garçon nie les faits et réclame son passeport pour retourner à Stanford. Comble de tout, Alexandre Faller est un fils de - son père est un animateur emblématique de la télévision, sa mère est une journaliste féministe très engagée. Le poids de cet héritage va également peser dans la balance. Il ne faudrait pas ébruiter l'affaire et encore moins épiloguer pour un coup d'un soir d'à peine vingt minutes... damned.

Au fil de la procédure judiciaire, on s'intéresse à ce petit monde imbu de leur pouvoir et on déteste sans exception ce spectacle désolant. On évoque pêle-mêle la sentence médiatique, les hashtags qui pullulent en masse, la violence des réseaux sociaux, la sexualité bafouée, les propos explicites, les gestes anodins qui ne doivent plus l'être, l'absence d'empathie, quid du bourreau et de la victime, bref un constat sec et sans concession d'une société qui va mal. Au cœur de ce maelström, on se sent complice et coupable. On n'aime pas du tout ça ! Les personnages sont moches. Le miroir qu'on nous tend renvoie l'image d'un monde qui s'autodétruit. On a le moral à zéro après cette lecture... qui m'inspire vraiment peu d'espoir ! Quelle tristesse.

©2019 Editions Gallimard (P)2019 Editions Gallimard

Prix Interallié, 2019
Prix Goncourt des Lycéens, 2019

Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

Constance Dollé met en voix avec justesse un récit efficace qui révèle toutes les complexités soulevées par la question du consentement.

 

16 décembre 2019

Dinde rôtie, demandes en mariage et autres petites surprises, par Holly Martin

Dinde rôtie, demandes en mariage et autres petites surprisesJ'avais très envie de retrouver mes amoureux de Veux-tu m'épouser 100 fois ? : Suzie et Harry sont toujours adorables et surfent sur le succès de leur site en organisant des mises en scène romantiques pour des couples qui veulent déclarer leur flamme.

Ce mois de décembre grouille également de projets fous dont la soirée du 31 pour laquelle Suzie a carte blanche afin de satisfaire ses clients. De son côté, Harry multiplie les coups de fil mystérieux et s'absente souvent sans explication. C'est une surprise, a-t-il promis.

Mais Suzie a d'autres chats à fouetter : ses parents sont de retour en Angleterre et ignorent les fiançailles de leur ancienne bru avec le cousin de la famille. Gros scandale à venir.

Ajoutez que Suzie attend un heureux événement... là aussi motus et bouche cousue. Ahem. Elle qui se languit d'avoir la bague au doigt se demande surtout ce qui retarde Harry après ses multiples propositions. Sérieux, Suzie, tu ne vois rien venir ???

Verdict : c'est franchement TOO MUCH. Ce court roman est trop prévisible et hyper maladroit !!!

Heureusement l'ambiance est magique et les personnages débordent d'amour et de romantisme. C'est un maigre lot de consolation pour une petite lecture riche en sucre mais vraiment pas inoubliable.

Découvrez son roman : Veux-tu m'épouser ? en format poche (même si la couverture n'est pas folichonne) !

Format ebook - Genre : Romance contemporaine - Collection &H - décembre 2015 - EAN 9782280351430

 

13 décembre 2019

Comment j'ai boycotté Noël (et survécu à l'Alaska), par Julia Nole

Comment j'ai boycotté Noël et survécu à l'AlaskaCourtney avait misé gros sur sa liaison avec son boss mais réalise trop tard son erreur. Elle part donc sur un coup de tête en Alaska pour remplacer une collège le temps des fêtes. Sur place, elle prend alors conscience dans quelle mission délirante elle vient d'embarquer : des routes impraticables, trop de neige et de verglas, des ours planqués derrière les bosquets, un beau gosse bourru et mystérieux, sans oublier la tempête du siècle avec coupure de courant et repli stratégique au chalet !

C'est clairement aussi bon et efficace qu'un téléfilm de Noël : ambiance hivernale, petite ville charmante, communauté attachante, péripéties farfelues et rigolotes. Ça se boit comme du petit lait. On a même une petite romance sympathique (par contre, j'ai quelques réserves à son sujet). Peut-être parce que le déclic amoureux ne m'a pas fait rêver : le couple se décoince à force de batifoler avec la farine et la suite manque de sel, de sensualité (le passage à l'acte est évasif, comme un carré blanc imposé). Je ne réclame pas forcément une avalanche de détails car je préfère de loin qu'on s'en tienne à des bisous et des câlins ! J'ai d'ailleurs moins accroché au reste de l'histoire (le clash attendu, la pénitence et les révélations sans surprise... trop vite, trop soudain, trop cliché).

Ceci étant dit, je ne regrette absolument pas d'avoir lu ce roman. C'est non seulement idéal pour le challenge #7xnoël 📖 🤶 et puis ça met du baume au cœur (précieux, en cette saison). Et pour finir, ça fait découvrir une jolie plume française avec beaucoup de potentiel. C'est donc une opération séduction pleinement réussie.

Format ebook - Genre : Comédie romantique - Collection HQN - 13 novembre 2019 - 253 pages - EAN 9782280438612

« Loin de tout, nul besoin de fard pour maquiller son existence. Ici, il n'y a pas d'attente, pas de pression familiale. Pas d'urgence à faire ce que l'on attend de vous. Pas d'explication à donner. »

« On ne fait pas des enfants pour qu'ils restent sagement assis à côté de nous. On doit se réjouir de les voir entreprendre ce qui les rendra heureux, ou ce qui leur permettra d'avancer. Elle [ma fille] est loin, c'est vrai, mais elle est heureuse, et c'est la plus belle chose qu'une maman puisse espérer pour ses enfants. »

 

6 janvier 2020

Les Sept étoiles du Nord, par Abi Elphinstone

Les sept étoiles du nordCette lecture possède une aura magnifique !

Elle nous plonge dans un imaginaire fabuleux - moitié Reine Des Neiges, moitié Royaumes du Nord - avec une histoire ensorcelante qui raconte comment une reine maléfique prévoit d'étendre son pouvoir sur les terres gelées d'Erkenwald. Deux enfants vont s'opposer à cette folie : la jeune Eska, orpheline sans mémoire, prisonnière dans une boîte à musique, et Flint, un inventeur qui recherche sa mère et libère la fillette avant de l'accompagner dans une incroyable expédition.

Très vite le roman exerce un pouvoir de fascination qui ne nous quitte plus avant la fin : j'ai tout lu d'une traite, comme sous hypnose. J'ai aimé les décors, les personnages, les légendes et la magie qui débordent de cette aventure. Et puis en lisant les remerciements de l'auteure, j'ai été touchée par son parcours et le contexte dans lequel elle a écrit son livre. On comprend mieux les valeurs d'espoir et de courage qui s'en reflètent : c'est extraordinaire !

En tout cas, rien que pour l'effet « petite bulle hors du temps », cette lecture est parfaite ! J'ai adoré. ♥

Gallimard Jeunesse (2019) - traduit par Faustina Fiore

Illustration de couverture : Daniela Terrazini

Le travail éditorial est d'ailleurs magnifique : tranche couleur, rabats imprimés, pelliculage soft touch... un vrai  bijou qui accentue cette impression d'adéquation entre le fond et le forme. Absolument magique !

Et pour prolonger cette sensation, lisez également : Le chagrin du Roi mort, de Jean-Claude Mourlevat & La forêt des cœurs glacés, d'Anne Ursu.

“I don't think you have to fight with weapons to be a warrior. You could fight with love and tears and inventions instead, that would probably be just as good.”

 

13 décembre 2019

Une promesse sous la neige, par Fiona Harper

Une promesse sous la neigeÀ l'approche des fêtes de Noël, Juliet frôle la crise de nerfs à vouloir assurer sur tous les tableaux - mère parfaite, organisatrice irréprochable du réveillon de famille - mais est à deux doigts de jeter l'éponge en constatant que rien ne se passe comme prévu. D'abord, ses quatre enfants sont intenables. Elle ressasse encore son divorce comme une pilule amère coincée en travers de la gorge. Et sa sœur Gemma vient lui annoncer qu'elle part quinze jours en vacances dans les Caraïbes.

Trop, c'est trop. Juliet en a assez de se décarcasser pour les autres et accepte sur un coup de tête d'échanger sa place contre celle de sa frangine ! Du coup, Juliet s'envole pour la villa tout confort et oublie rapidement ses petits soucis en faisant la rencontre d'un italien sexy et en buvant des cocktails en bikini. Pendant ce temps, Gemma se gèle les fesses à Tunbridge Wells et va découvrir les joies d'une vie de mère au foyer débordée... heureusement soutenue par un charmant voisin.

Je m'attendais à une comédie légère et romantique, une lecture sans prétention, distrayante comme il faut, avec un synopsis rappelant vaguement le film The Holiday (de Nancy Meyers). Et déjà je rêvais d'un instant de guimauve bien collante et sucrée... Que nenni. On découvre une histoire beaucoup moins rigolote et qui se contente de raconter le gouffre existant entre les deux sœurs dont les parcours sont diamétralement opposés.

L'une bosse dans le cinéma, célibataire et indépendante, adepte du glamour, et l'autre est une divorcée aigrie, frustrée et minée par ses échecs. Cela dure sur 400 pages et c'est beaucoup, beaucoup trop long. Cela manque de rythme, de peps, d'étincelle. C'est trop ancré dans les clichés, les codes, les modes, les recettes banales et sans goût. La seule surprise viendra lors de la distribution des cartes amoureuses, avec des révélations et des rebondissements qui feront presque sursauter la lectrice engourdie. Rhooo... quelle drôle d'idée !

Enfin bon, le but de la manœuvre étant de remettre en mémoire l'importance de la famille dans une société sans cesse bousculée et essoufflée, j'ai comme eu un peu de mal à gober tout ça... mais pourquoi pas ?

Roman réédité & préalablement paru sous le titre : Ma vie en double.

Format poche - Genre : Romance contemporaine - Collection Les Favoris Harlequin - novembre 2019 - Les Favoris Harlequin N°120 - 448 pages

Traduction d'Emmanuelle Debon (Make My Wish Come True) 

 

24 décembre 2019

Mon ex, sa copine, mon faux mec et moi, de Juliette Bonte

Mon ex, sa copine, mon faux mec et moiIl faut prendre ses gouttes au début de cette lecture car l'héroïne est franchement nulle et insupportable. Chloé Martin... comment dire... stupide, stupide, stupide. Heureusement ça se soigne car la suite du roman est vraiment chouette et j'avais un sourire banane au moment de refermer le bouquin !

C'est donc l'histoire d'une petite nana qui est célibataire et bosse dans une agence de voyages (sauf que ce n'est pas sa tasse de thé). Son patron lui donne pour mission de se rendre en Savoie dans un petit chalet quelconque pour y tester les activités proposées. Seulement, sur place, elle découvre la présence de son ex en compagnie de sa fiancée (pour laquelle elle avait été plaquée). Et là notre Chloé perd un boulon et se met en tête de le reconquérir. Sauf que le gars est odieux et ne se gêne pas pour l'humilier ouvertement... une attitude vraiment intolérable ! Au lieu de se rebiffer, notre cruche encaisse et en redemande //paire de claques qui se perd// jusqu'à l'intervention divine de Nick. Oui les miracles existent.

Finalement il y a des séquences très drôles, d'autres un peu lourdes, l'ensemble est maladroit mais globalement on s'en sort merveilleusement bien. J'ai en effet l'assurance d'avoir passé un sympathique moment au vu des précieuses heures de sommeil grappillées pour vouloir lire un chapitre et encore un chapitre. En fin de compte, les maladresses, on les oublie aussi ! C'était mignon comme tout, complètement foufou ! 😂

Format poche - Genre : Comédie romantique - Collection &H - novembre 2017

&H N°HP26 - 352 pages - EAN 9782280388498

 

20 mai 2014

Teaser Tuesday #58

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40 pays en Europe, 267 familles et 458 ados à photographier et interviewer (séparément), sur des sujets comme l'avenir en 2020, l'Union européenne, la famille, les rapports entre parents et enfants, l'écologie et les vœux. On obtient ainsi un assortiment de réponses et de portraits très enrichissant !

L'ouvrage en lui-même est énorme, c'est un gros pavé de plus de 300 pages, qu'on prend le temps de feuilleter pour mieux en apprécier la variété. Si vous êtes curieux sur la vie que mènent vos voisins européens, c'est une lecture incontournable ! Car on ne peut que sourire devant la diversité des perspectives : des ados grecs qui se voient éleveurs de chèvres, une jeune lettone qui veut partir en Angleterre poursuivre ses études, la pollution à Malte, les gallois qui ne se sentent pas européens, un libraire français qui s'inquiètent des tablettes numériques...

Autant d'opinions qui entrent en collision, s'embrassent, se croisent, se répondent... et font aussi mesurer nos acquis, nos manques, nos prétentions. C'est foncièrement passionnant !

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Familles d'ados de Uwe Ommer et Regine Feldgen (De la Martinière, octobre 2012)

20 septembre 2014

Au bout du voyage, de Meg Rosoff

Au bout du voyage

Mila et son père Gil se rendent ensemble à New York pour retrouver un vieil ami (Matthew) qui a quitté le foyer sans la moindre explication. Son épouse, seule avec leur bébé sur les bras, est déboussolée et pense qu'il a trouvé refuge dans une cabane à la frontière du Canada. Pourtant, Matthew ne répond à aucun coup de fil et est parti sans son chien. Mila, qui prétend posséder une sensibilité accrue, perçoit des émotions que les personnes tentent de filtrer. Il lui paraît alors possible que l'ami de son père a orchestré son départ pour des raisons plus graves que celles que tous soupçonnent.

On s'engage alors dans un périple père-fille complice et singulier. L'esprit de Mila turbine à fond la caisse, tandis que son père reste silencieux, avare de confidences. Peu à peu certaines vérités vont apparaître, des drames du passé vont se révéler sous un autre jour et Mila va se sentir dépossédée de sa zone de confort. La jeune fille n'a que douze ans, même si son discours souvent la fait paraître plus vieille, elle n'a pas cette maturité nécessaire pour appréhender le clair-obscur et absorber ses conséquences.

J'ai beaucoup aimé l'entrée en matière du roman, le début de l'enquête, les pistes envisagées et le suspense de l'histoire. De plus, c'est admirablement écrit, du Meg Rosoff raffiné et lâchant ses indices en pointillés. Le récit prend davantage d'ampleur dans la 2ème moitié, plus opaque et en même temps plus frelatée. On absorbe complètement les sensations de Mila, troublée par les révélations qui s'imposent, notamment sur ses propres parents.

Petit détail aussi, il n'y a aucune ponctuation pour indiquer les dialogues (guillemets, tirets) donc au départ c'est un peu déstabilisant. Le récit forme un bloc, à nous d'en démêler les introspections et les réflexions à voix haute. Finalement, cela montre bien cette volonté de flouter les frontières, comme celle entre l'enfance et l'âge adulte. Chacun y assimilera ce qu'il entend, ou veut, selon sa propre interprétation. Un roman qui s'inscrit en toute délicatesse !

Albin Michel, coll. Wiz, septembre 2014 ♦  traduit par Valérie Le Plouhinec (Picture me gone)

15 octobre 2014

Le Livre des Morts, de Glenn Cooper

Le Livre des Morts

Panique à New York ! « Le tueur de l'Apocalypse » condamne ses victimes en leur envoyant une simple carte postale, illustrée d'un cercueil, avec une date écrite au verso. Celle de leur mort. 

Sur l'île de Wight, en 777 (date fatidique), la vie d'une communauté de moines est soudainement confrontée à la terrible malédiction du “7ème fils d'un 7ème fils” et voit leur existence à jamais placée sous de sombres présages.

Février 1947, Churchill prend connaissance d'une découverte qui dépasse toute contingence politique et menace la sécurité de la planète ! Zone 51, dans le Nevada, la Légende est en marche. Mais l'humanité ne sera jamais assez préparée par ce qu'il se trame...

Premier roman de Glenn Cooper et pari réussi. L'intrigue opère immédiatement un état de dépendance. Bien construite, elle sait ménager son suspense, sans jamais perdre de vue l'intérêt du lecteur, et travaille aussi à cet effet pour le divertir en offrant des scènes sensationnelles et une réelle intensité dramatique.

Par contre, l'agent du FBI, Will Piper, collectionne à lui seul tous les clichés du genre (alcoolique, dépressif, arrogant, misogyne et frimeur). De caractère irascible et teigneux, le type n'est guère sympathique. Il a été reconnu en tant que profiler chevronné, mais ses démons ont fait le reste. Il passe désormais son temps à compter les jours qui lui restent avant sa retraite. Sa collègue, la jeune Nancy Lipinski, décrite à travers ses yeux comme étant quelconque et insignifiante, tombe sous son charme... Moi pas comprendre. 

Pour le reste, c'est tout bon. Frissons garantis etc. etc.

Pocket, février 2011 ♦ traduit par Carine Chichereau pour Le Cherche Midi (Library of the Dead)

14 avril 2015

Goldstein, de Volker Kutscher

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Berlin, 1931. L'arrivée en ville du gangster américain, Abraham Goldstein, met le commissariat en ébullition. Pour éviter les risques d'une flambée de violence (guerre des gangs, récupération politique), Gereon Rath doit lui coller aux basques. Mais Goldstein ne va pas hésiter à tromper l'adversaire à force de malice. Les raisons de sa venue étant assez floues, on impute aussitôt à l'individu les premiers meurtres de quelques voyous notoires. La presse antisémite s'embrase et Gereon est à la peine. 

Sa compagne Charly est elle aussi tracassée par la disparition de son principal témoin dans une affaire de cambriolage loupé. La jeune délinquante accuse un policier d'avoir poussé dans le vide son partenaire. L'affaire est grave, Gereon appelle à la prudence avant de reprocher à Charly d'accorder une confiance aveugle à une inconnue. Cela suffit pour mettre le feu aux poudres au sein du couple. Jalousie, incompréhension, dialogue de sourds, nos amoureux sont dans l'impasse.

Une série policière se déroulant à Berlin dans les années 30 ? On pense aussitôt à la Trilogie de Philip Kerr. Mais là où Bernie Gunther s'avère un personnage horripilant, Gereon Rath surprend agréablement. Moins arrogant, mais pas forcément moins lisse, le type cultive des relations sulfureuses avec la pègre locale ou la presse. Il n'aime pas non plus recevoir des ordres et a tendance à partir en roue libre, ce qui a souvent mis sa carrière en péril.

Qu'importe, notre homme n'est ni ambitieux, ni parvenu. Ce qui compte avant tout, c'est son bonheur auprès de sa Charly, dompter sa jalousie maladive, et se tenir à l'écart du chaos politique régnant en ville. L'ombre d'Hitler plane, les chemises brunes sèment la zizanie, dans un semblant de confusion habilement organisé en coulisses, tandis que la population, soucieuse des restrictions économiques, préfère sous-estimer la menace. 

C'est avec une étourdissante simplicité que Volker Kutscher rend compte de l'état d'esprit de l'entre-deux-guerres, à travers une intrigue à suspense, parfaitement maîtrisée, malgré quelques longueurs. Ce 3ème opus des enquêtes de Gereon Rath, après Le Poisson mouillé et La Mort muette, est un très bon roman policier, sur fond historique, mené tambour battant, sous la houlette d'Eric Herson-Macarel (bien connu par les amateurs de livres audio). Entre espionnage, banditisme, corruption, sens du devoir et trahison, le récit est d'une intensité dramatique saisissante.

Texte lu par Éric Herson-Macarel pour les éditions  Sixtrid (novembre 2014) ♦ Traduit par Magali Girault pour les éditions du Seuil & Points

Goldstein

12 juin 2015

L'Histoire épatante de M. Fikry & Autres trésors, de Gabrielle Zevin

L'histoire épatante de M  heart-by-heart

A.J. Fikry, libraire sur l'île d'Alice, veuf inconsolable depuis deux ans, n'a pas un caractère facile et refuse tout compromis, aussi bien avec ses clients qu'avec ses lectures. Lorsqu'il rencontre pour la première fois Amelia Loman, représentante pour une maison d'édition, il se montre tout aussi odieux et intraitable, avant de noyer son désarroi dans l'alcool le soir venu. À son réveil, sa vie va basculer, suite au vol d'un livre de grande valeur, et la découverte d'un bébé abandonné dans sa boutique, notre bonhomme acariâtre va alors se métamorphoser en une crème onctueuse et délicate !

Amoureux des livres et des belles histoires, cette lecture est pour vous ! Vous ne manquerez pas de vous attacher à l'histoire d'un homme au cœur brisé qui pensait se terrer dans sa librairie pour oublier son chagrin et se protéger de l'extérieur, mais une petite Maya va jaillir de nulle part et devenir le soleil de sa vie. Après tout, « la vie est plus belle lorsqu'elle s'écrit à plusieurs ». 

On se fond alors dans le paysage parmi cette communauté insulaire, légèrement exubérante, qui fait bloc autour de notre A.J. Fikry : son pote flic, qui ne lisait que des bouquins de J. Deaver avant de se lancer dans un club de lecture, sa belle-sœur qui adore le théâtre et supporte un mari volage, auteur d'un roman à succès, mais qui peine à se renouveler. L'ensemble est joyeux, drôle, enlevé, bariolé et attachant, avec des anecdotes croquignolettes et désopilantes, comme la venue sur l'île de l'écrivain fétiche d'Amelia... qui va virer au fiasco.

C'est tout simple, idéaliste mais adorable à lire. Cela vous parle aussi de livres et de l'amour des livres, pourquoi nous aimons lire et pourquoi nous aimons tout court. C'est sans prétention, si ce n'est de vous offrir quelques heures de lecture distrayante et bienfaisante. Un grand MIAM de bonheur !

Fleuve Noir / avril 2015 ♦ traduit par Aurore Guitry (The Storied Life of A.J. Fikry)

20 juin 2015

Mon imagier des chansons de la maternelle, Illustré par Charlotte Roederer

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Voilà une adorable compilation de 16 chansons de maternelle, allant de Maman les p'tits bateaux, Une poule sur un mur, Le loup, le renard et la belette, L'as-tu vu le petit bonhomme etc, entonnées par des voix enfantines (et 2 adultes) pour permettre une meilleure reconnaissance et favoriser l'aisance de l'écoute.

Toutes sont des chansons simples et incontournables (les enfants vont rapidement les identifier), arrangées par Bernard Davois et Jean-Philippe Crespin, qui nous bidouillent des versions enjouées et pleines de peps !

Le disque offre aussi un deuxième tour de piste, reprenant les 16 chansons en version musicale uniquement. Les enfants pourront ainsi chanter à leur guise, en suivant les paroles sur le livre aux pages cartonnées et illustrées de façon pimpante par Charlotte Roederer. 

C'est une joyeuse collection pour l'éveil musical, non seulement pour en se familiariser avec les instruments de musique (piano, flûte, violon, clarinette, contrebasse, percussions, accordéon), mais aussi pour renouer avec les chansons traditionnelles des enfants. Une bonne pioche. 

Gallimard jeunesse ♦ éveil musical ♦ juin 2015 

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3 juin 2015

La Boutique Vif-Argent: Une valise d'étoiles, de Pierdomenico Baccalario

La Boutique Vif-Argent

Puni pour avoir fait l'école buissonnière et récolté des notes catastrophiques, Finley McPhee doit bosser tout l'été et remplacer le facteur dans sa tournée. Une aubaine pour notre garçon vif comme l'éclair et qui aime gambader dans la campagne avec son chien Chiffon. Mais au hasard de sa distribution il découvre l'existence d'une maison rouge habitée par la famille Lily. Témoin malgré lui d'étranges événements (des enveloppes écrites à l'encre d'or, un pantalon qui marche tout seul, une araignée mécanique etc.), Finley se sent également épié et veut percer le mystère derrière la vitrine de la Boutique Vif-Argent, quitte à se faufiler en pleine nuit dans le cimetière et trembler d'effroi devant ce qu'il l'attend !

Esthétiquement, ce livre est franchement réussi, avec sa couverture cartonnée, la jaquette dessinée par Iacopo Bruno, les illustrations élégantes... L'histoire baigne dans un écrin particulièrement soigné ! De plus, Pierdomenico Baccalario, auteur des séries à succès comme Century & Ulysse Moore, a concocté un univers fabuleux, étrange et magique. On y adhère très vite, avec aisance, grâce au choix judicieux de l'assaisonnement : un rythme assez lent pour distiller le suspense, un jeune héros sympathique, une intrigue bien ficelée autour de vieilles légendes et des secrets enfouis...

La suite est inutile à raconter. À peine découvre-t-on les premières pages du livre qu'on est immédiatement transporté dans une aventure étourdissante... Le roman offre un plaisir de lecture agréable et divertissant. Et ce petit village d'Applecross, en Écosse, nous réserve encore de bien belles surprises !

Gallimard jeunesse ♦ mai 2015 ♦ traduit de l'italien par Diane Ménard

29 juin 2015

Presque parfait, d'Annie Lyons

Presque parfait

Les sœurs Darcy, Rachel et Emma, ont coutume de se soutenir dans toutes les épreuves, même si elles mènent des existences plutôt ordinaires (famille, amour, boulot), pimentées par les aléas de la vie. Rachel ne supporte plus d'être à la maison, avec ses trois enfants, et panique à l'idée de déménager en Écosse pour le boulot de Steve. Emma se plie en quatre pour booster sa carrière d'éditrice et vient de décrocher le jackpot en publiant un potentiel bestseller, dont l'auteur sûr de son charme ne la laisse pas indifférente, sauf qu'elle vient de se fiancer avec Martin.

Quel micmac, savamment désordonné, mais franchement ça se lit avec grand plaisir, en toute simplicité et sans réserve. On a là des personnages ordinaires, qui vivent des choses tout aussi basiques, sans tomber dans une routine assommante. Au contraire, on se sent en territoire familier et confortable. J'ai beaucoup apprécié, alors que j'avais tendance à juger le début lisse et platonique, j'ai fini par m'attacher à la banalité ambiante, et malgré tout chaleureuse ! L'histoire est aussi adorable que possible, avec des séquences drôles, pathétiques ou émouvantes. J'ai vite succombé.

Par contre, contrairement à ce qu'on cherche à nous vendre, ce livre n'a strictement rien à voir avec Jane Austen ! Je le précise, car j'ai personnellement entamé ma lecture sur un malentendu et ainsi manqué de l'apprécier à sa juste valeur. Après quoi, j'ai dégusté les dialogues francs et naturels, les soirées entre filles, les questions qu'on se pose sur son couple, l'importance de la famille, les fous rires et les crises de larmes. Je pense aussi que le milieu professionnel d'Emma ne manquera pas de séduire d'autres amoureux des livres, comme moi, en y découvrant les coulisses et les rouages diaboliques !

En bref, ce roman a été une agréable et onctueuse découverte, ni trop sucrée, ni trop mielleuse, juste ce qu'il faut pour se détendre pendant les vacances.

Harlequin, coll. &H / juin 2015 ♦ Traduit par Marion Przetak (Not Quite Perfect)

3 juin 2015

Les Incorrigibles enfants de la famille Ashton : Une étrange rencontre, de Maryrose Wood

Les incorrigibles enfants de la famille Ashton

Penelope Lumley vient de décrocher son tout premier poste de gouvernante chez la famille Ashton, sans se douter qu'une mission délicate l'attend : prendre en charge l'éducation de trois jeunes enfants, Alexandre, Beowulf et Cassiopée, que lord Ashton a récemment trouvés dans la forêt, au cours d'une partie de chasse. Surnommés les “Incorrigibles”, du fait de leur comportement sauvage et brusque, les enfants ne parlent pas, portent des fourrures sur le dos et hurlent comme des loups. À force de patience et de bonté, miss Lumley parvient à inculquer aux trois innocents les préceptes d'une vie civilisée et s'enthousiasme à leur enseigner la poésie en leur faisant la lecture d'ouvrages épiques. Les enfants obtiennent ainsi la permission d'assister à la traditionnelle fête de Noël pour y être exhibés et scrutés sous toutes les coutures. Une perspective qui n'enchante guère notre chère Penelope. Et effectivement, la soirée sera riche, et lourde, de révélations inattendues et fâcheuses.

Ce livre est un régal d'humour et d'ironie, planté dans une ambiance vintage et exquise, qui rappelle les romans de Mary Poppins ou Jane Eyre. On se prend très vite d'affection pour Penelope qui, par sa candeur et son optimisme, accomplit des prouesses dans son travail. C'est plein d'innocence et de fraîcheur, avec une intrigue originale et louvoyante, à travers laquelle se dessine la perspective d'un secret de famille. Ce début de série s'annonce prometteur et excitant !

Flammarion ♦ avril 2015 ♦ traduit par Noémie Grenier (The Incorrigible Children of Ashton Place - The Mysterious Howling)  ♦ illustrations John Klassen

3 juillet 2015

Les Fourmis, de Bernard Werber

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Jonathan Wells vient d'hériter de l'appartement de son oncle Edmond, un éminent entomologiste qui a dédié sa carrière à l'étude des fourmis. Une seule consigne accompagne ce legs : ne jamais descendre à la cave. Mais Jonathan va braver l'interdiction ... et disparaître de la circulation. Aussitôt ses proches s'inquiètent et vont explorer la pièce souterraine, avant de s'évaporer à leur tour. Même les équipes de secours ou de gendarmerie vont s'éclipser mystérieusement.

À côté de ça, on découvre l'existence d'une colonie de fourmis, baptisée Bel-O-Kan, avec sa hiérarchie, ses codes rudimentaires de survie, ses stratégies de guerre... et ses modes de communication. Or, la cité est menacée par une arme de destruction massive dont les fourmis peinent à analyser la source et la signature. Pour l'instant, le danger est sournois. Seul le jeune mâle 327 est sur les charbons ardents. Et personne n'est sensible à ses discours alarmistes.

Vrai de vrai, si l'on m'avait prédit qu'un jour je lirais un livre sur les fourmis, j'aurais ri aux éclats. À part les quelques productions animées, vues avec ma fille, comme Fourmiz, Minuscule ou 1001 Pattes, je n'étais franchement pas attirée par les insectes. C'était sans compter sur l'émission de F. Lopez dans laquelle Bernard Werber était invité pour un weekend à la campagne. L'auteur y était apparu passionnant et possédé, et avait su donner l'envie de plonger dans son univers.

Qui n’a jamais rêvé vivre une expérience unique, dans un monde différent et plus passionnant que le nôtre ? Bernard Werber réalise ce rêve - vivre dans le monde des fourmis ! Quelle aventure inclassable, empruntant des tours et des détours scientifiques, documentaires ou épiques, tout en flirtant avec le genre du thriller, unique en son genre, avec tension psychologique, scène cauchemardesque et description gore.

C'est aussi grâce au comédien Arnaud Romain, qu'on partage cette expérience mémorable. Car son interprétation est flamboyante et caméléonienne ! Selon les personnages en scène, le comédien adapte sa voix, son intonation, son jeu. J'ai plus d'une fois été captivée par les modulations proposées et dois admettre avoir apprécié énormément cette ambiance grâce à son jeu d'acteur.

Mea culpa : j'ai préféré “la partie humaine” de l'intrigue (le mystère de la cave) au détriment des bestioles qui tombent vite dans une routine et enflamment de moins en moins notre imaginaire, passée l'originalité du début. Mais j'espère que les deux autres tomes rejoindront vite l'écurie Audiolib, car ma curiosité a été piquée au vif et j'aimerais connaître la suite de cette incroyable épopée ! 

Audiolib / juin 2015 ♦ Texte lu par Arnaud Romain (10h 34) ♦ Préalablement édité chez Albin Michel en 1991 !!! 

10 juillet 2015

Moi devant, de Nadine Brun-Cosme & Olivier Tallec

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Ils étaient trois : Léon le grand, Max le second, Rémi le plus petit. C'était toujours Léon qui marchait devant, ouvrant la marche, protégeant les plus petits contre les dangers du monde... ou voulant aussi leur montrer toute la beauté environnante.

Et puis un jour, Max a voulu passer devant. Et découvrir le monde par lui-même. Rémi, coincé derrière, a fini par trouver le temps long. Léon n'était pas un causeur. Et les histoires de Max lui manquaient... Max et sa fantaisie. Alors Rémi décida de chanter le monde !

Quelle formidable histoire, qui prouve qu'ensemble, c'est tout ! ;-) Grandir, c'est pouvoir compter l'un sur l'autre, gagner en confiance et avancer dans la vie. L'histoire n'est que tendresse, écrite avec sensibilité et poésie, rendue à merveille par les illustrations douces et colorées d'Olivier Tallec (le panel des paysages est varié, franchement splendide à contempler).

C'est sur un ton câlin qu'on lit cette histoire, qui nous apprend à lâcher la main des grands, pour mieux revenir se nicher dans le giron rassurant et protecteur... Une pépite ! ♥

Père Castor / mars 2015

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26 septembre 2015

Les Gens heureux lisent et boivent du café, d'Agnès Martin-Lugand

Les Gens heureux

Je me méfiais de ce roman à succès, m'attendant à une histoire sirupeuse et larmoyante - les prémices réservant déjà de bonnes scènes mélodramatiques (Diane perd son mari et sa fille dans un accident de voiture). Après quoi, on voit la jeune femme s'effondrer et refuser de vivre sans eux. Elle s'enferme un an chez elle, ne va plus bosser et accepte la seule présence de son meilleur ami Félix. Puis, sur un coup de tête, elle court se réfugier dans un coin paumé en Irlande. À Mulranny. Diane passe de longues heures à errer sur la lande sauvage ou sur la plage, noyant son chagrin sous les embruns et le vent frigorifiant. Elle y fait aussi la rencontre de gens charmants et conviviaux, mis à part son voisin - Edward - qui, par son attitude rustre et malpolie, va la tirer de sa léthargie.

Je ne m'attendais pas à un roman époustouflant, donc j'estime ne pas avoir été trompée sur la marchandise : la lecture a été agréable et purement distrayante, même si j'ai quelques réserves... Là où d'autres s'émoustillent sur les interactions volcaniques entre Diane et son partenaire, j'avoue une certaine lassitude et la sensation d'un scénario prémâché. Leurs chamailleries incessantes m'ont paru forcées et pas très crédibles. 
J'avais donc matière à pester contre cette histoire banale et stéréotypée mais j'ai tellement apprécié être transportée sur cette magnifique terre irlandaise que j'ai tout gobé, tout absorbé, en pinçant le nez aussi (dingue comme la consommation abusive de tabac est banalisée dans le roman) et ne regrette absolument pas d'avoir cédé à la curiosité. 

Pocket / Juin 2014 ♦ Michel Lafon / Juin 2013

 

Et donc j'ai lu la suite ...

LA VIE EST FACILE

Sans doute l'auteur a-t-elle voulu se réconcilier avec son public en leur concoctant cette suite des Gens heureux lisent et boivent du café pour leur donner des nouvelles de Diane. Trois ans ont passé, notre parisienne a fait du chemin. Elle va bien, merci. Son travail au café littéraire occupe l'essentiel de son temps, jusqu'à ce qu'elle cède aux insistances de Félix - rencontrer des hommes, à nouveau. Et bim, elle tombe sous le charme d'Olivier. Calme, rassurant, patient. Par contre, Diane a développé une phobie des enfants, ne peut plus les voir en pâture et panique dès qu'elle se trouve en leur présence. Le souvenir de sa fille est trop fort, limite étouffant. Et puis bam, l'Irlande s'invite de nouveau à sa porte. Il est temps pour Diane de retrouver ses amis et de solder définitivement ses comptes (*Edward*). Boum ! Ce livre ne déroge pas au plaisir d'une lecture simple, agréable et distrayante. Par contre, qu'est-ce que ça verse dans le mélo ! Pfiou, ça colle aux doigts et ça titille exprès la glande lacrymale... C'était trop. Je ne me sentais plus en empathie. Pour moi, cette suite n'avait pas lieu d'être, elle existe « pour la forme » mais est parfaitement dispensable.

Michel  Lafon / Avril 2015

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