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Chez Clarabel
21 octobre 2021

Rozenn (Livre 2), de Laëtitia Danae

RozennPour une découverte, cette duologie a tapé dans le mille ! C'était exotique, ensorcelant et riche en sensations. D'un charme vaporeux, c'est fou.

Pour rappel : Rozenn et ses sœurs ont été conviées chez leurs ennemis pour fumer le calumet de la paix. Sous couvert de rapprochement avec les princes Maddy. Mais le Sultan œuvre en coulisses pour biaiser les relations et placer ses pions stratégiquement. Quand Rozenn réalise sa duperie, le temps lui est déjà compté. La belle est kidnappée par les rebelles et les masques tombent.

Petite frustration au moment d'entamer le deuxième tome car il m'a semblé moins entraînant. Plus politique et engagé. On explore davantage les particularités des djinns, des éthérés et des dagnirs. Les enjeux sont mis en avant. Finalement, ce qui était aussi le charme du premier tome, à savoir la séduction et les rivalités amoureuses, est beaucoup moins prononcé ici. La valse des sentiments persiste mais elle occupe moins le terrain.

D'ailleurs, j'ai éprouvé un petit pincement au cœur pour Cece Roya (alors que je n'étais pas particulièrement fan) mais je n'envie pas son rôle. C'est assez triste !

Quant au dénouement, expédié vite et bien, c'est un poil frustrant même si la solution trouvée était évidente. Ça reste du miel sur mon cœur donc c'est précieux. J'ai profondément aimé cette série, son univers enchanteur, ses personnages, la sensation d'évasion et les émotions qu'elle procure. Un très bon point pour cette lecture qui se conclut plaisamment.

Sous vos applaudissements. Merci & au revoir.

J'ai Lu (2020) - Existe aussi en format audio ©2021 SAGA Egmont (P)2021 SAGA Egmont

⭐⭐⭐⭐

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29 novembre 2021

Never Let You Go, de Laureline Maumelat

Never let you goQuelle histoire adorable et riche en émotions !

Son Master de droit en poche mais sans l'envie d'exercer la fonction d'avocate, Liv exprime son désir de se lancer dans une carrière d'illustratrice. Elle a un mois pour terminer son roman graphique et vient s'isoler au bord de la mer dans sa maison de famille en accord avec son père très exigeant. Sur place, Liv rencontre Solal. Son voisin tellement sexy qui vient à son secours alors qu'elle simule une noyade et qui s'emporte sitôt la supercherie découverte. Mystérieux et insaisissable, il n'a pas le temps pour les enfantillages et prévient illico la demoiselle de ne plus l'approcher. Liv fait tout le contraire car elle n'a qu'une idée en tête : le conquérir. Au diable ses rebuffades. Elle le veut, dans sa vie. Dans son lit. Dans son cœur.

Si au départ la demoiselle se montre irréfléchie et cabocharde, elle va également révéler un vrai fond sensible et très touchant. Mais d'abord, elle suit son instinct et n'écoute que ses envies. Elle est obsédée par son voisin grincheux (qui se refuse à elle). Sauf qu'un lien s'est déjà créé entre eux, au grand dam de Solal, et ce lien ne va jamais cesser de se tisser envers et contre tous les obstacles ! De son côté, Solal est un homme brisé. Au fil des chapitres, on va également découvrir son histoire ... pfiou, un cauchemar ! D'où ses sautes d'humeur et son attitude, disons-le, horrible. Le gars campe désespérément sur ses positions et enchaîne les volte-face. Hmm. Un cas désespérant. Au final, Liv va servir d'électrochoc et c'est un moindre mal pour un (grand) bien.

J'ai franchement savouré ma lecture. C'était doux, tendre, craquant. Les personnages sont attachants. Pourtant, ils sont longs à la détente et traînent à se comprendre. À se faire confiance. À rendre les armes. (Surtout lui.) Mais c'est une romance slow burn, pleine de folie douce et de mélancolie, de drames et de larmes, de rires et de cadeaux. Et puis ça se passe en bord de mer, en plein hiver. On entend le grondement des vagues et le vent qui fouette le visage. Me sentais bientôt comme à la maison. Bref. J'ai beaucoup aimé. Une découverte (auteure) que je vais suivre avec grand plaisir.

HarperCollins, coll. New Adult, 2021

#NeverLetYouGo #NetGalleyFrance

⭐⭐⭐⭐

5 avril 2017

Pêle-Mêle : Le Grand frisson - C'est pas normaaal ! - Trop bon et sans gluten

le grand frisson

On retrouve l'humour, la facétie et la folie douce de Nicholas Oldland (cf. Les rameurs) dans cette histoire d'élan sauvage un peu trouillard. Alors que ses copains raffolent de sensations fortes, lui se contente de les observer mais a pleinement conscience de passer à côté de sa vie. Un jour, finalement, il décide de prendre à bras-le-corps son destin, au lieu de s'encroûter, il saute dans le premier bateau voguant sur l'eau et prend le large. Loin, très loin. Il va ainsi braver une terrible tempête, échouer sur une île déserte et s'improviser Robinson Crusoe. Sur place, il rencontre une tortue nommée Mardi, affronte de nombreux défis et apprend à survivre en milieu hostile (loin de son confort familier). Le temps passant, l'élan pense aussi à ses copains qui doivent s'inquiéter et choisit de monter à bord d'un bateau naviguant près de son île pour les rassurer. La séparation avec la tortue Mardi est certes déchirante, mais il promet de se revoir pendant les vacances ! Eh oui. L'aventure est aussi simple que cela. Et la lecture communique à sa façon une véritable exaltation, le bonheur de lâcher prise et le coup de pouce nécessaire pour se lancer vers l'inconnu. Une belle aventure guillerette, ponctuée par de jolies illustrations aux couleurs pimpantes.

Le grand frisson, de Nicholas Oldland

Bayard Jeunesse, 2017 - Trad. Alice Boucher

 

cest pas normaaal

M. Éléphant a une trompe très, très longue, ce n'est peut-être pas normal, mais au moins c'est pratique. Il peut doucher son éléphanteau, aider le Vieux Singe à grimper aux arbres, bercer le Bébé Antilope qui n'arrive pas à dormir, aider M. Zèbre à étendre son linge ou les fourmis à traverser la rivière. Bref. Cela semble combler tout le monde, seulement Mme Hippopotame répète sans cesse que ce n'est pas normal d'avoir une si longue trompe. La preuve, M. Éléphant est parfois maladroit et s'emmêle les pinceaux avec sa trompe au point de trébucher. La vilaine se moque de lui, puis ravale ses couleuvres en apprenant que son petit a échappé à sa vigilance et se précipite près du lac plein de crocodiles affamés. Vite, vite. M. Éléphant n'écoute que son courage et oublie les mesquineries de Mme Hippo, qui se sentira très gênée d'avoir été aussi rude. Big up à cet album drôle et optimiste, au service d'une histoire intelligente, racontée avec humour, et qui rappelle qu'on ne doit jamais juger quelqu'un à cause d'une différence. Un rendez-vous émoustillant. ☺

C'est pas normaaal ! de Mar Pavón & Laure du Faÿ

Bayard Jeunesse, 2017

 

trop bon

Avant de boucler ce petit tour d'horizon, coup de projecteur sur ce coffret gourmand, réunissant 28 fiches-recettes certifiées trop bonnes et sans gluten. Outre ce packaging plein de charme, on découvre à l'intérieur un classement ordonné, avec des fiches présentées façon Polaroïd (photo au recto, recette au verso) et on pioche avec délice dans cet assortiment de bonnes choses qui raviront les palais délicats de vos enfants (pizza, scones, madeleines, quiche, cordon bleu, pâtes fraîches, galette bretonne, gnocchi, bagels, granola, cookies, crumble & cupcake). Après une petite note explicative sur l'alimentation sans gluten, c'est quartier libre pour composer des menus appétissants et accessibles (ingrédients abordables, pas de listes interminables). Du pratique, du bon, de l'efficace. Je cautionne ! ♥

Trop  bon ! et sans gluten, de Virginie Loubier Charlotte Vannier

Bayard, 2016

 

5 avril 2017

Pêle-Mêle : Le piège parfait - Patate - Le Festin des affreux

le piege parfait

Tu n'as pas un seul ami ? Alors, prends un livre ! C'est sur ce conseil que le jeune héros se lance dans une série de pièges en tout genre pour attraper un animal de compagnie. Piège aérien ? Pour les lapins ! Piège à ficelle ? Oups, la vaisselle ! Piège dominos ? Pour les escargots ! Piège qui roule ? Pour les poules ! Et ainsi de suite. Seulement, rien ne va. L'enfant loupe tous ses pièges et se retrouve toujours seul. Reprends donc ton livre, et tous tes petits compagnons vont se pencher à tes côtés pour partager une belle histoire ! C'est chic, c'est drôle et ça met à l'honneur le plaisir de la lecture, non pas une activité solitaire, qui isole du reste du monde, mais un formidable vecteur de transmission, de plaisir et de bonheur. Voilà un très chouette album qui démontre que la lecture et les livres permettent également de se faire des amis ! L'album offre une vision fraîche, amusante et spontanée du jeune explorateur qui expérimente cette évidence, le tout raconté par rimes pour une lecture à voix haute encore plus rigolote ! ^-^

Le piège parfait, de Gilles Baum & Matthieu Maudet

Seuil Jeunesse, 2017

 

patate

Patate est un gentil petit chien adorable, mais un peu bête. Normalement, un chien aime jouer à rapporter la balle, ou un ballon, une pantoufle, une plante... que sais-je ? Lui, Patate, ne comprend rien. Son maître est désespéré. Soit ce chien est nigaud, soit il ne capte pas le français. Oui, voilà, c'est mieux. Il faut se résoudre à regarder Patate comme un chien ignorant les langues étrangères. Enfin, cela voudrait dire qu'on juge selon les apparences, et ce n'est pas correct non plus, car après tout, Patate n'est pas aussi simplet qu'on le pense ! Ah, ah ! Sacré Antonin Louchard ! Sacrée Patate ! Ce petit format court, drôle et désopilant a déjà fait ses preuves et continue de ravir le lecteur (Super Cagoule, Je suis un lion, Je veux voler etc.). Le secret d'un tel succès ? Chaque album met en scène des situations extraordinaires, qui surpassent l'entendement, ce qui provoque souvent de grands éclats de rire au moment de tourner la dernière page. Un vrai régal, comme toujours ! ♥

Patate, d'Antonin Louchard

Seuil Jeunesse, 2017

 

 

le festin des affreux

Pour le grand rendez-vous annuel, qui réunit les monstres les plus redoutables à la table de L'Asperge Pourrie, un restaurant aux trois étoiles noires, un banquet exceptionnel a été dressé pour accueillir ces convives hors du commun. Le chef Louis Pacuit leur a spécialement concocté des spécialités aux petits oignons, pour ravir leurs papilles exigeantes.

Ainsi, le loup pourra se régaler de croquettes de grand-mère et d'un assortiment de pieds de petits cochons, la sorcière dégustera des cuisses de grenouilles aux épices sur lit de queues de lézards grillées, le vampire savourera des cous de jeunes princesses aux herbes mortes, l'ogre avalera une terrine d'écoliers à la truffe noire et au foie gras de canard, le diable se pourlèchera d'un steak de cupidon cuit à la braise infernale, sans oublier le monstre sous le lit qui salivera face à des chaussettes fétides aux miettes de pain rassis et ongles rongés, du lait périmé et des crottes de chat au chocolat. Miam, miam.

Le festin n'est cependant pas complet, puisqu'un invité de dernière minute vient s'ajouter à cette affreuse tablée. Rien qu'à l'odeur, nos monstres manquent tous de tourner de l'œil. Qui donc est capable de s'enfiler des macaronis à la bolognaise, une pizza aux 12 fromages, un hamburger géant, des nuggets et des frites, avec en dessert une maxi crêpe coco-choco-banane ? Blurp. L'invité surprise est en fait un dévoreur de livres, ami des héros et adversaire des vilains, autrement dit un enfant !

Cet album fait montre d'un véritable sens de la dérision, qu'il faut savourer dans ses moindres détails. L'amoncellement de descriptions culinaires peu ragoûtantes est franchement écœurant, mais la mise en scène est facétieuse (on soulève les cloches, sous forme de grands flaps, pour découvrir les mets succulents des convives) et donne matière à se pincer le nez tout en lâchant un sourire. De plus, les références sont nombreuses et relient d'autres lectures et autres contes à cet album réunissant les figures emblématiques de la littérature enfantine, souvent sources des pires cauchemars des enfants. Grâce à cette lecture, c'est aussi un très bon moyen de les dégommer et de déplorer leur régime alimentaire ! ^-^

Le Festin des Affreux, de Meritxell Martí & Xavier Salomó

Seuil Jeunesse, 2017

 

12 avril 2017

Pêle-mêle : Tout est magie - Bienvenus - Le Chat blanc et le Moine - Ma sœur, je la déteste !

tout est magie

Monsieur Lapin est un célèbre magicien, qui a toutefois bien du mal à trouver l'assistant idéal. Sa chance tourne le jour où il auditionne Houdini Bouquin. Un petit lapin au poil. Efficace, appliqué, sommant les troupes, veillant au grain, vraiment irréprochable. Mais un soir de représentation, une peau de banane oubliée sur scène, tout dérape. Monsieur Lapin perd le contrôle de la situation, Houdini aussi. Et les rôles sont inversés. Houdini va briller sous les feux de la rampe, devenir la nouvelle coqueluche en tant que magicien et faire salle comble en enchaînant une tournée à guichets fermés. Plus Houdini s'épanouit, plus Monsieur Lapin s'étiole en coulisses. La magie lui manque terriblement, il est temps de renverser le sablier. Quelle belle et étonnante histoire, franchement adorable ! Et quel fabuleux tour de passe-passe ! L'histoire et les illustrations offrent un très joli numéro de prestidigitation, assez cocasse et stupéfiant. Elle montre aussi que les lapins et les humains sont capables de choses “incroyablement surprenantes”, de quoi donner des étoiles dans les yeux aux enfants, enchantés à la lecture de cet album, coloré, fantasque, tout simplement magique ! ♥

Tout est magie, de Meg McLaren

Kaléidoscope, 2017 - Trad. Elisabeth Duval


©Tout est magie, de Meg McLaren

 

bienvenus

Trois ours polaires se prélassent sur la banquise, quand soudain la glace cède et les emporte au beau milieu de l'océan, sur leur fragile embarcation. Affrontant les intempéries, ils pensent crier victoire à la vue d'une terre à l'horizon, mais l'accueil réservé par les habitants est froid, inhospitalier. Ils doivent donc repartir, chercher une autre terre d'asile, loin, toujours plus loin. Chassés, ignorés, snobés, conspués, nos ours errent comme des âmes en peine. Désespérés, à bout de force, ils s'imaginent périr en mer, dans l'indifférence générale. Ce magnifique album, au sujet tristement d'actualité, présente aux enfants une vision des mouvements migratoires sous une apparente légèreté et beaucoup de poésie, sans écarter l'injustice et la complexité que peut provoquer cette transhumance. On nous présente aussi des pays planqués derrière leurs barricades, fermés aux autres, rejetant fermement toute nouvelle intrusion. Barroux illustre le thème des réfugiés en toute sobriété en racontant une histoire d'ours polaires, en train de dériver sans but, sans avoir recours à des propos moralisateurs. Chaque lecteur jugera selon son ressenti, sa sensibilité, en tenant compte du chemin parcouru pour nos trois ours aux abois. J'ai beaucoup apprécié la démarche, surtout que l'histoire baigne dans un beau cadre lumineux et pointe du doigt l'absurdité des uns et des autres. À découvrir ! Un album très pertinent.

Bienvenus, par Barroux

Kaléidoscope, 2017

 

le chat blanc et le moine

Un moine et un chat blanc partagent la douceur de vivre ensemble, dans le calme d'une cellule ascétique, chacun vaquant à ses occupations, dans un silence respectueux. L'un s'abîme les yeux à étudier des manuscrits, pesant chaque mot, ne négligeant aucun détail. L'autre scrute le trou dans le mur et attend son heure pour sauter sur la souris qui se cache. Cette cohabitation respire la sérénité, la plénitude et la sagesse. À première vue, l'esthétisme peut sembler austère, les couleurs sont ternes et les illustrations plutôt sobres, mais cette ornementation épurée colle aussi avec l'ambiance du récit, d'où l'impression d'une harmonie parfaite. Cette lecture hyper apaisante fait également écho à un poème (Pangur Bán) inspiré d'après un moine bénédictin du 9e siècle et de sa relation complice avec son animal de compagnie. Il se dégage de cet album une vraie sensation de pureté et de bien-être. 

Le Chat Blanc et le Moine, par Jo Ellen Bogard & ill. par Sydney Smith

Kaléidoscope, 2017 - Trad. Elisabeth Duval

 

ma soeur je la deteste

Place maintenant à un grand classique : la sacro-sainte rivalité au cœur de la fratrie ! Christine Davenier nous raconte l'histoire de ce joli duo de frangines, qui ne se supportent plus. L'une est forcément plus douée, intelligente et préférée des grands, a contrario de l'autre qui se sent dans l'ombre et cherche à tirer la couverture à elle. Que de bisbilles pour presque rien. Quand l'une reçoit un chien en cadeau, l'autre choisit une belle palette de crayons... pour exprimer son talent artistique et susciter l'émerveillement de tous ! Et hop rebelote. La crise de jalousie alterne selon les jours, les humeurs, les circonstances. C'est une ronde sans fin. Et c'est ce qui rend l'album aussi attachant, amusant et authentique. On se retrouve implicitement dans cette guerre d'usure, chère en souvenirs ou autres anecdotes qui sentent le vécu, d'où le fil invisible qui relie le lecteur aux personnages et inspire une charmante connivence. 

Ma sœur, je la déteste ! de Christine Davenier

Kaléidoscope, 2017

 

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21 avril 2017

La colline aux esclaves, de Kathleen Grissom

La colline aux esclaves

Après avoir découvert Maia (Les sept sœurs #1) de Lucinda Riley, j'avais envie de prolonger la sensation de m'immerger dans une fresque romanesque passionnante, et au vu des bonnes critiques, j'ai opté pour La colline aux esclaves, un marathon de 13 heures, formidablement porté par Nathalie Spitzer. Cela a été une évasion riche, exaltante et bouleversante. Une belle découverte offerte par Audible Studios.

Virginie, 1791. Lavinia n'est qu'une fillette fluette et vient de perdre toute sa famille lorsqu'elle est recueillie par le capitaine Pyke sur sa plantation de tabac, à Tall Oaks. C'est auprès de la communauté noire qu'elle va grandir, auprès de Mama Mae, Oncle Jacob, le séduisant Ben et l'intouchable Belle... alors que dans la grande maison, Mme Martha contient sa jalousie, sa langueur et sa folie. Son fils Marshall va lui aussi entretenir une haine farouche envers la jolie métisse, Belle, dont il suppute les origines, et méditera longuement sa vengeance pour punir son père, responsable de son éducation délaissée, des méthodes radicales de son tuteur, de son penchant pour l'alcool, etc. Le temps passe, Lavinia s'attache à sa famille d'adoption, voit la vie égrener une série de petits bonheurs et de grands malheurs, comme son départ forcé pour Williamsburg, son retour chez les blancs. Une séparation déchirante pour la jeune fille idéaliste, qui n'a connu la véritable chaleur d'un foyer qu'auprès des esclaves. Son apprentissage se poursuit cependant en matière d'études, de badinages amoureux... mais sa jeunesse, son innocence et son cœur pur viendront souvent fausser ses jugements et bouleverser sa destinée.

Quel tourbillon d'émotions à la lecture de ce roman plein de souffle et de péripéties ! C'est poignant, c'est vibrant, c'est vivant. J'ai été littéralement transportée. Comment demeurer insensible aux injustices de la ségrégation raciale, aux conditions de vie des domestiques et des esclaves, aux familles brisées par des contrats qui se revendent pour éponger des dettes, aux droits de cuissage honteux qui bafouent des jeunes femmes et renient leur progéniture ? L'auteur a réussi un véritable tour de force en traduisant avec force et authenticité l'ambiance des magnifiques propriétés sudistes, mais en s'intéressant aux coulisses et aux petites mains laborieuses. Ce sont des foyers misérables et opprimés, où subsistent pourtant une tendresse, une entraide, une détermination à tenir bon en dépit des adversités. Certes, les séquences dramatiques s'enchaînent en une valse étourdissante et étalent leur lot de violence, de larmes, de mensonges, de trahisons et de non-dits. Si j'ai brièvement craint une once de mièvrerie, j'ai vite revu mon jugement en constatant l'orchestration flamboyante de l'intrigue, racontée en alternance par Lavinia et Belle. Ce ne sont pas non plus des héroïnes fascinantes, fortes et magnanimes, car elles se révèlent parfois naïves, capricieuses et égoïstes, mais cela corrobore le tableau d'une nature humaine capable de prouesses et son contraire.

>> Texte lu par Nathalie Spitzer (durée 13h 13) pour Audible Studios (2016)

en exclusivité sur le site, uniquement disponible en téléchargement.

©2015 Charleston éditions - Trad. de l'anglais (USA) par Marie-Axelle de la Rochefoucault (P)2016 Audible FR

La colline aux esclaves | Livre audio  La colline aux esclaves pocket

 

10 mai 2017

Les Puissants #1 : Esclaves, de Vic James

Nouvelle série repérée sur le phénomène Wattpad et promise à enflammer l'imaginaire du lecteur. Nathan mise sur Vic James et nous projette dans une Angleterre alternative bien codifiée. Penchons-nous sur le sujet.

les puissantsPeu après l'anniversaire de la plus jeune de la fratrie, la famille Hadley s'engage auprès des puissants Jardine pour honorer leur contrat qui implique de donner dix ans de leur vie en esclavage à l'élite. Les Jardine occupent une position dominante dans la hiérarchie du pays qu'ils gouvernent selon des lois ancestrales, même si celles-ci ne cessent d'accroître les inégalités sociales.

De toute manière, les privilégiés, aussi nommés les Égaux, détiennent des Dons rares et précieux qui confortent leur suprématie. Après quoi, la caste ouvrière se plie à leurs exigences, souvent parquée dans la cité de Millmoor, où les conditions de vie sont rudes et implacables.

Au moment de prendre leur fonction, la famille Hadley a ainsi la désagréable surprise d'apprendre qu'un des leurs ne rejoindra pas le domaine de Kyneston. Une séparation injustifiée et annonciatrice d'une première onde de choc. Car la suite de l'histoire va propulser Abi, son frère Luke, leur petite sœur Daisy et leurs parents dans un maelström de conflits et de complots qui vont profondément chambouler la donne.

À Kyneston, la vie royale n'est pas exempte d'antagonismes larvés entre les frères - l'Héritier Gavar, Jenner et Silyen - et de nombreuses rivalités germent sous couvert d'ambitions dévorantes et parfois dévastatrices. Tandis qu'à Milmoor, les habitants s'organisent pour revendiquer leurs droits et entrent en rébellion contre les Égaux, le Chancelier Winterbourne Zelston fait sensation en voulant voter un acte contre l'esclavage !

La présentation peut sembler globalement fastidieuse, si ce n'est qu'elle ouvre les portes d'un univers riche, complexe et extrêmement élaboré. C'est tout un ensemble dense, aux ramifications multiples et rigoureuses, avec aussi un large éventail d'individus, qu'il faut donc appréhender. J'ai été particulièrement séduite et intriguée par ce monde assez original, qui se déploie au fil des chapitres. Certes, tout reste perfectible car je n'ai pas été sensible aux personnages, j'ai trouvé les interactions gauches et les rares sursauts romantiques assez vains. Par contre, j'ai aimé la trame politique, ses ressorts et ses arcanes. C'est beaucoup plus sombre, poignant et palpitant car l'histoire révèle aussi de nombreuses duperies, manipulations et autres trahisons chez les uns et les autres. L'ensemble m'a finalement bien plu, malgré certaines maladresses qui s'effaceront - j'espère - par la suite, car il faut élaguer cette sensation de fouillis...

 

Ce titre est également proposé en exclusivité par Audible Studios 

avec pour lecteur le formidable Julien Allouf (durée : 10h 24).

Esclaves (Les Puissants 1) | Livre audio

©2017 Nathan. Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Julie Lopez (P)2017 Audible Studios

9 mai 2017

Vieux, râleur et suicidaire - La vie selon Ove, de Fredrik Backman

Vieux, râleur et suicidaire La vie selon OveOve veut en finir avec la vie car il ne se remet pas de la mort de sa femme et ressasse avec amertume la perte de son boulot. Toute une carrière exemplaire balayée dans les orties... C'est inadmissible pour notre vieux monsieur, qui passe désormais son temps à faire le gendarme dans son lotissement, pour mieux cultiver sa réputation de grincheux, tout en préparant minutieusement son prochain suicide. Sa tyrannie va pourtant être mise à mal par l'arrivée de nouveaux voisins, lesquels contreviennent à toutes les règles dès leur installation. Ove voit rouge et rouspète, mais se laisse envahir par cette famille décomplexée en embarquant, bon gré mal gré, dans leurs aventures rocambolesques. J'ai immédiatement ressenti un élan d'amour pour le personnage d'Ove, en apparence bourru et maniaque, alors qu'on se doute que c'est un monsieur fondamentalement bon, généreux, attentif aux autres, dévoué et compatissant. Or, notre homme s'en défend car il a longtemps connu un parcours fait d'injustices, de bêtises et de malhonnêtetés. De quoi le rendre bien méfiant et aigri au fil du temps. Sa rencontre avec la lumineuse Sonja aura suffi à lui mettre du baume au cœur... jusqu'à ce que le destin en décide autrement. Encore et toujours. Certes, on soupire, on sourit, on essuie aussi une petite larme au coin de l'œil mais on plonge dans une histoire bougrement passionnante. J'ai adoré partager un bout de chemin avec Ove, à écouter son histoire, à comprendre ses motivations, à cerner ses zones d'ombre. Car Ove est un être entier, qu'on apprend à découvrir chapitre après chapitre, et qui dépasse de loin la caricature. J'ai également été émue, sincèrement touchée par des passages, où je retenais mon souffle, j'avais la gorge nouée, je refusais toute éventualité d'une fin prématurée. Pour plusieurs raisons, la lecture est remarquable, notamment pour sa grande intensité émotionnelle, et parce qu'elle fait énormément sourire en même temps. L'histoire donne en plus l'aperçu d'une vie autrement plus forte, plus authentique et plus poignante, rien qu'en s'ouvrant aux autres et en lâchant prise. De bonnes ondes positives qui font un bien fou ! L'interprétation de Bernard Gabay pour Audible Studios fait humblement preuve d'une grande justesse et d'une grande sensibilité, comme c'est souvent le cas avec ce lecteur, cf. Ma grand-mère vous passe le bonjour qui avait déjà su me séduire, me parler, me toucher. Une formidable prouesse, une très belle réussite & une lecture aux mille couleurs. ♥

>> Une exclusivité Audible Studios (durée : 10h 12) uniquement disponible en téléchargement sur le site.

©2014 Presses de la Cité. Traduit du suédois par Laurence Mennerich (P)2015 Audible FR

Vieux, râleur et suicidaire | Livre audio

 

12 juin 2017

Le Secret du mari, de Liane Moriarty

Le secret du mari AudiolibEn fouillant dans son grenier, Cecilia découvre par hasard une lettre testamentaire écrite par son mari. Surprise, puis curieuse, elle cherche à comprendre, à résister à l'envie de l'ouvrir pour la lire, puis finit par interroger le concerné. La réaction de celui-ci ne finira pas de la surprendre...
Tess apprend de la bouche de son époux qu'il est tombé amoureux de Felicity, sa cousine. Blessée, mais surtout vexée, la jeune femme plie bagage et part avec son fils chez sa mère. En inscrivant Liam à l'école de son enfance, elle tombe également sur Connor, son premier amour...
Rachel, vieille femme aigrie par la vie, est désabusée d'apprendre que son fils, sa femme et leur garçon quittent le pays pour New York où sa bru vient de décrocher un nouveau poste. C'est surtout sa séparation avec Jacob, son petit-fils, qui la meurtrit au plus haut point. Cela exacerbe également les souvenirs jamais éteints de la perte de sa fille, assassinée trente ans plus tôt. Son crime laissé impuni, Rachel n'a jamais cessé de spéculer sur l'identité du coupable, se méfiant de tous, accusant non sans honte, souffrant d'être incomprise, ruminant sa vengeance...

Ainsi, ce roman brasse et embrasse trois destinées de femmes bousculées par la vie, acculées dans leur coin, forcées de tout remettre en question et relancer leur fortune. À l'instar de Petits secrets, grands mensonges, le suspense est savamment distillé et donne à lire un roman où chaque lien est inextricablement noué, avec du fil invisible, car on ne voit généralement venir la répercussion qu'au détour d'un chapitre, ou dans les dernières pages du livre, dans un dénouement chaotique et fracassant.
Dans ce roman, Liane Moriarty se montre également plus grave en évoquant des sujets comme le deuil, le poids de la culpabilité, les secrets de famille, le sentiment de trahison, l'adultère et la rédemption. L'émotion est palpable, le désarroi des personnages contagieux. On ressent toute la solennité du roman, son aura dramatique et bouleversante. Implicitement, cela se lit avec beaucoup de retenue et de compassion. 
Contrairement aux promesses vendues, je n'ai pas trouvé ce roman pétillant ou plein d'humour, mais plein de délicatesse, incitant aussi à la réflexion autour de thèmes d'une grande humanité. La lecture faite par Nathalie Hugo est impeccable dans ce registre. De la sincérité, de la sensibilité, de la justesse. C'est tout bon. 

©2015 Albin Michel / Traduit par Béatrice Taupeau

(P)2017 Audiolib / Texte intégral lu par Nathalie Hugo (durée : 12h 06)

 

4 juillet 2017

La soupe de poissons rouges, de Jean-Philippe Arrou-Vignod

La soupe de poissons rouges

La famille des Jean-Quelque-Chose est enfin installée à Toulon, dans une grande et belle maison, dont les nombreux couloirs et autres recoins impressionnent nos bambins, avides de parties de cache-cache. Mais la colline environnante est trop tentante pour ne pas y installer une cabane et devenir leur nouveau terrain de jeux d'espionnage. Or, le territoire est disputé par la bande des Castors, que les garçons Jean vont canarder de patates grâce à une carabine... chipant sans le savoir le repas du soir, au grand mécontentement de leur maman. Ce sera gratin de chou-fleur en compensation ! Et une bonne soupe à la grimace. Nos jeunes héros ne manquent, en effet, jamais de ressources, ils composent avec l'ordinaire du quotidien pour le transformer en une folle épopée virevoltante. Ils peuvent toujours quémander auprès de leurs parents pour avoir une télé et suivre comme tout le monde La Piste aux étoiles et les épisodes de Zorro. En attendant, les garçons redoublent d'imagination et se traitent joyeusement de bananes pour se taquiner.

Dans cet épisode, on assiste également à la rentrée de Jean-B en sixième, on rencontre la voisine alsacienne qui les gave de spécialités régionales peu ragoûtantes, on se rend complice de la première boum de Jean-A, on part en mer avec Wellington et Zakouski les poissons rouges, on s'attendrit des premiers émois amoureux, on sourit aux rêves des Jean quant à leur avenir (espion comme James Bond ou écrivain comme Enid Blyton), on assiste à la pendaison de crémaillère lors d'un barbecue explosif, on prend la pose pour des photos de groupe mémorables...

Bref. Cette chronique familiale est une fois encore une lecture touchante et attachante. La lecture faite par Laurent Stocker est également malicieuse et vive, elle nous fait vivre l'histoire avec un sentiment de légèreté, de jovialité et de candeur. C'est adorable, cocasse et surtout très drôle. Un superbe rendez-vous à savourer pour toutes les générations. C'est un petit bout de nostalgie, un album de famille à partager. Et on s'y sent parfaitement bien. 

Une série incontournable, qui ravive les souvenirs d'enfance et qui raconte avec bonheur et émotion des petits fragments de vie autour d'une famille nombreuse. Super drôle et agréable à écouter. ♥

 

Illus. de couverture : Dominique Corbasson

Gallimard Jeunesse - Coll. Écoutez lire (durée 2h 15) / Juin 2017

 

Promo de l'été sur Audible avec l'intégralité du catalogue 0-10 ans à moins de 6 € (jusqu'au 31 août).

En voiture, à la plage ou en montagne, passez un bel été en famille... et en audio !

 Voir le catalogue Kids ►

 

©2007 Éditions Gallimard Jeunesse (P)2017 Éditions Gallimard Jeunesse

La soupe de poissons rouges (Histoires des Jean-Quelque-Chose 2) | Livre audio

Lu par : Laurent Stocker (version intégrale) pour Gallimard

 

☼ Écoutez, c'est l'été ! ☼

 

 

12 juillet 2011

Sur le chemin des vacances #5

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Cinq ans après, Clémentine, reporter photographe, revient dans le quartier de Monsieur Madone. C'était l'homme de sa vie, son grand amour. Il s'est tué et la jeune femme n'a jamais pu surmonter son chagrin. Elle retrouve aujourd'hui la famille de son amant, fait une promenade dans le parc de Versailles en compagnie du jeune frère et tous les deux, sous leur parapluie, parlent du deuil, de la douleur, du spleen et du vide.
Ce n'est pas un roman triste ni mélancolique, c'est au contraire une histoire attendrissante autour d'une femme inconsolable, dont le corps trahit les émotions et les blessures mal cicatrisées. C"est aussi l'histoire d'une famille incroyablement belle, au sein de laquelle on se sent à l'aise, à tel point qu'on aimerait y être définitivement adopté. Et puis ça parle d'amour, qu'on perd, qu'on trouve, qu'on gagne et qu'on reconquiert. Je ne voudrais pas en dévoiler davantage, ne cherchez pas non plus à trop apprendre sur ce livre, allez plutôt vers lui et laissez-vous porter. La plume de Maïté Bernard, qui m'avait été révélée avec Et toujours en été, possède une sensiblité et une justesse qui me touchent à juste titre.

Monsieur Madone - Maïté Bernard (Pocket, 2011)

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Rien ne prédestinait ces quatre femmes à se rencontrer et à unir leurs ambitions, si ce n'est cette commune soif de vengeance envers le même individu. Olympe d'Avremont est une baronne kidnappée qui ruse de mille roueries pour échapper aux convoitises du Commodore. Sylvine La Violette, la cuisinière, a choisi d'entrer au service du pirate pour lui faire payer les vies volées de son époux et de ses enfants. Agathe La Boissière, fière et redoutable fine lame, a juré de venger l'honneur de son père, quitte à perdre un peu plus de sa réputation en se comportant comme un garçon manqué. Nagîna, princesse du désert, porte un voile pour cacher son visage défiguré et compte bien remettre la main sur le diamant que lui a volé son ennemi. Le Commodore, donc, est l'homme à abattre. C'est un pirate rustre et violent, qui vit actuellement caché dans des grottes au pied des falaises de la Gironde, avec sa bande de malfrats stupides.
C'est un revigorant roman d'aventures que nous propose Florence Thinard, un roman où se mêle le souffle de la piraterie dans un décor soigné, finement travaillé à force de recherches scrupuleuses pour mieux dépeindre l'époque et les lieux qui dépayseront le lecteur. Ambition hautement réussie ! C'est un roman historique luxuriant de détails, l'auteur nous renvoie à une adresse internet pour découvrir l'Hermione par exemple. A noter également que les personnages endossent ici des personnalités atypiques, qui se distinguent bien les unes des autres. En tête, le quatuor des femmes. Et même l'horrible Commodore montre un visage de pirate bien plus réaliste qu'un Jack Sparrow séduisant et sympathique. 
Ce roman captivera les lecteurs dès 14 ans qui apprécient les récits historiques truffés d'action, avec une pincée de mer et d'amitié pour pimenter le tout.
Les illustrations sont l'oeuvre de François Place.

Mesdemoiselles de la Vengeance - Florence Thinard (Folio junior, 2011)

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Miles Halter, 16 ans, est un lycéen studieux qui décide de quitter sa Floride natale pour rejoindre Culver Creek en Alabama. Il s'agit d'une pension dirigée par l'Aigle, directeur pointilleux qui proteste contre le tabac, l'alcool et la transgression du couvre-feu. L'école est un établissement pour petits génies qui comprend deux groupes : les pensionnaires normaux et les weekendeurs, des gosses de riches qui rentrent chez eux en fin de semaine. 
Miles se lie d'amitié avec son camarade de chambre, le Colonel, puis rencontre Takumi et la délicieuse et sexy Alaska Young. Ensemble, ils vont vivre une amitié très forte, bien qu'elle sera aussi éphémère. Alaska, brillante jeune fille auréolée de mystères, fascine notre jeune narrateur. Pourtant celle-ci est lunatique, "cafteuse" et insaisissable. 
Un drame va frapper le petit groupe, qui sera également une remise en question personnelle et délicate, les uns se sentant coupables, les autres rancuniers. Miles et son copain le Colonel vont alors mener leur enquête, mais très vite ils seront persuadés de courir après un fantôme qui fuit, tout le temps. 

Difficile de faire bref avec ce roman, tant il m'a semblé très dense et intelligent sur les rapports de l'adolescence concernant l'amitié, l'amour, le désir sexuel et l'enfance. Dès le début, on a déjà le goût de l'originalité et de la subtilité, ce n'est pas qu'un banal roman pour la jeunesse parmi d'autres, celui-ci me semble sortir du lot. Pourquoi ? D'abord l'histoire est bien écrite, l'auteur est un jeune homme qui signe là son premier roman, prometteur et encourageant. Il a su créer dans l'univers de Culver Creek un milieu érudit et confiné où l'on partage les farces, les leçons et les petites bravades contre l'interdit. (Cela m'a fait penser au roman "Le Maître des illusions" de Donna Tartt.) Ce lieu clos exacerbe les désirs et les passions : les amitiés sont fusionnelles, la perte devient ainsi une épreuve intolérable et douloureuse. Ce qu'il se trame à Culver Creek est secret. Les adolescents entre eux adoptent des noms de code, ils dégagent aussi une image plutôt positive avec leurs réussites scolaires et leur érudition exemplaire. Miles, par exemple, cultive la passion des dernières paroles de morts célèbres, et a débarqué en Alabama guidé par le précepte de Rabelais « Je pars en quête d'un Grand Peut-Être ». Enfin bref, c'est un roman singulier et passionnant, assez flamboyant par ses excès, on passe facilement du rire aux larmes, sans rien y comprendre !

Qui es-tu Alaska ? - John Green (Gallimard jeunesse, coll. Pôle Fiction, 2011)

26 janvier 2012

Boys don't cry, but men do.

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Un garçon de 17 ans se retrouve avec un bébé sur les bras, lui qui envisageait de partir à l'université, paf ! son univers s'écroule. Dante est donc en colère, contre lui, contre son ex et contre la petite chose, Emma, qui vient lui pourrir l'existence. Pendant longtemps il va se tenir au garde-à-vous, en souhaitant secrètement que cette parenthèse se referme, mais le temps passe et il doit assumer ses responsabilités. 
Le ton froid et détaché de Dante donne la pleine mesure de son insensibilité et de sa rancoeur, c'est déstabilisant. Il n'est pas, mais alors pas du tout attendri par Emma, contrairement à son frère Adam et à son père Tyler, bougon en apparence, juste et droit en son âme et conscience. Tout de suite, on se faufile dans ce portrait de famille avec crainte et curiosité, la mère brille par son absence, son décès a été un coup dur pour tous, le sujet a été clos, car on évite d'évoquer les sujets trop sensibles. Chez eux, les garçons ne pleurent pas. 
En fait, ils évitent carrément d'aborder les questions qui fâchent. Adam est homosexuel et ne s'en cache pas, ses proches font l'autruche, jusqu'au drame. Tous ces événements font que, finalement, la famille devra se serrer les coudes, abattre les remparts et ne plus se contenter de partager le même toit. Pour la première fois, ils devront former une vraie famille. 
Le roman nous fait partager ces instants avec beaucoup de pertinence et sensibilité, sans tralala, pour rendre un portrait de famille aux contours flous, ce qui apporte authenticité, force et justesse à l'ensemble. Toutefois, il m'a manqué le petit truc en plus pour être pleinement conquise.

Boys don't cry, par Malorie Blackman
Milan jeunesse, coll. Macadam, 2011 / traduction d'Amélie Sarn. 

"Je ne sais pas ce que Papa attendait. Pensait-il que le simple fait de considérer cette chose allait me faire changer d'avis. Croyait-il que je me dirais d'un coup que cuire des steaks toute ma vie était finalement un petit prix à payer pour avoir la chance de chérir cette petite chose ? Espérait-il que j'allais soudain me mettre à l'aimer ? Eh bien, ça ne marchait pas. Je ne ressentais rien."

26 mars 2012

"Apparemment, ils ne pouvaient se parler qu'en prononçant une syllabe à la fois."

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Tout commence avec une chanson, I'll be there, qu'Emily Bell interprète à l'église. Elle est morte de honte et de trouille, lorsque son regard se pose sur celui d'un garçon assis sur le banc du fond. Il s'agit de Sam Border.
Sam, c'est tout un mystère, tout un poème aussi... Son frère Riddle et lui ont parcouru le pays en suivant leur père, ils n'ont pas de chez-eux, ne vont pas à l'école, doivent passer inaperçus et subir l'autorité abusive de leur père. Sam, c'est le grand frère idéal et Riddle lui porte une totale vénération. Ce n'est pas un môme comme les autres, il ne parle pas beaucoup et passe son temps à dessiner mais il est aussi très intelligent.
Et puis, Emily tombe amoureuse de Sam. Les parents d'Emily vont l'accueillir chez eux, ils vont s'attacher aux deux frères, mais Clarence Border va ressurgir de nulle part et imposer sa propre loi.

Exprimer tout ce que ce roman inspire est très difficile, parce que le début n'est pas tendre ni gai, on devine tout de suite que l'ambiance n'est pas guillerette et que l'histoire va nous emporter très loin. Et en effet, au fil des pages et des chapitres, elle se construit en douceur mais avec efficacité. Les personnages font leur apparition, timidement. Ils vont et viennent sans nous laisser douter de leur interaction. C'est que cela demande du temps pour comprendre leur vécu et saisir leurs émotions, c'est subtil et délicat, très finement joué, et c'est donc tout naturellement qu'on réalise que c'est un roman bouleversant !

C'est surtout la deuxième partie du roman qui est captivante et touchante. Sam et Riddle sont en cavale et luttent pour leur survie, il y a alors une telle intensité dans leur parcours, c'est très fort, plus d'une fois on se surprend avec la boule au ventre, l'estomac noué par l'angoisse. Dans le même temps, on découvre le calvaire d'Emily, seule avec ses doutes, convaincue d'avoir été trompée, puis se résignant au pire. Et c'est l'un des points forts de l'histoire, comme si l'histoire de Sam et Riddle avait su toucher tous ceux et celles qu'ils avaient croisés, comme s'ils possédaient ce truc indéfinissable qui fait qu'on s'attache aussitôt à eux et qu'on ne peut se résoudre à les oublier.

Voilà donc un roman qui ne laissera pas indifférent, il vous donne la sensation d'avaler une enclume, avec l'envie bizarre de faire des bonds et de crier victoire et bonheur. Malgré les premières impressions qui font penser que la lecture sera triste, il s'avère que le roman est extrêmement positif, tout simplement beau, il est même très drôle (grâce à  Bobby Ellis, un garçon du lycée qui a le béguin pour Emily et qui veut tout faire pour l'aider, d'où certaines situations parfaitement risibles, j'ai adoré !). Bref, ce livre fait un bien fou ! 

Cavale, par Holly Goldberg Sloan smileyc002
Gallimard jeunesse, 2012 - traduction de Nathalie Peronny 

29 mars 2012

“I'm sick of you cheating on me with everyone who has a dick.”

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Ce tome 6 a su agréablement me surprendre, notamment parce que j'ai acquis la conviction qu'il s'agissait d'un plaisir coupable de lecture, et que les déboires sentimentaux de Zoey font bel et bien partie du décor, sans eux ce ne serait plus la même série ! Et pourtant je suis la première à reconnaître que Zoey abuse avec sa collection de prétendants, même si le nombre tend à stagner dans ce numéro.
Cette remarque a forcément interpellé les deux auteurs, car elles ont insidieusement glissé une discussion entre Zoey et sa grand-mère, très sage et toujours tolérante, laquelle ne réprimande pas sa petite-fille de butiner de gauche à droite puisqu'il faut que jeunesse se fasse ! Du moment qu'elle ne se précipite pas... Car Zoey se préoccupe du jugements des autres, depuis l'attaque de Neferet et Kalona, les novices de la Maison de la Nuit ont été sensibles à leur influence et rejettent le retour de Zoey dans les murs de l'école.

C'est d'ailleurs une constante dans ce tome : Zoey manque de confiance en elle. Elle hésite à prendre les bonnes décisions, elle n'ose pas avouer qu'elle rêve de Kalona et qu'elle est attirée par lui, elle remet en question certains de ses choix... mais prend des initiatives appréciables, comme sa rupture avec Erik !
Ouf, il était temps. L'individu était en train de devenir un gros égoïste possessif, qui n'a jamais pardonné la trahison de Zoey. Franchement, jamais je n'aurais deviné que son personnage allait tomber aussi bas, c'est décevant. A contrario, Heath, l'ami d'enfance et le premier amour de Zoey, apparaît comme un gentil bougre, pas mauvais pour deux sous, fidèle aux postes, représentant le socle solide de la jeune fille, parce qu'il lui rappelle son enfance et les vraies valeurs.
J'aime bien, ça et l'évolution d'Aphrodite, l'ancienne peste de l'école. Elle est complètement différente de la caricature de ses débuts, et son amour pour Darius est tellement mignon ! (Oui, finalement tous les garçons ne craquent pas pour Zoey !)

Prendre son temps est donc le leitmotiv de ce 6ème tome. C'est vrai que l'action n'est pas très présente, il n'y a que le final qui soit à couper le souffle, l'ambiance en général est plus pernicieuse, se fixant sur les non-dits et la valse des hésitations. Stevie Ray, par exemple, n'ose pas avouer qu'elle a sauvé un Corbeau Moqueur gravement blessé et qu'elle le cache sous terre. Elle lui fait confiance, elle se reconnaît dans son histoire mais n'est-elle pas trop naïve ?
Il y a aussi les autres vampires rouges en colère, qui veulent s'allier avec Neferet. Cette dernière nous mijote un come-back à vous glacer les sangs, son influence sur Kalona est d'ailleurs impressionnante mais laisse perplexe. Quelle énigme, ce Kalona ! Je me demande si ses intentions sont nobles ou vicieuses...
Et pour finir, il y a également la relation pudique et touchante qui se noue entre Zoey et Stark, qui a juré de donner sa vie pour défendre sa Prêtresse. Encore une fois, je n'arrive pas à me prononcer sur cette dévotion, c'est tout de même un lien très affirmé, mais pour l'heure il n'existe aucune implication amoureuse. Bizarrement j'ai comme un doute...
Enfin bref, j'ai pris beaucoup de plaisir à dévorer ce livre et je compte bien ne pas abuser des bonnes choses en adoptant un petit rythme de croisière dans la suite des aventures de Zoey et ses amis. Doucement mais sûrement, donc.

House of Night #6 Tempted - P.C. Cast & Kristin Cast
en VF : Tentée - traduction de Julie Lopez - Pocket jeunesse, 2011

13 mars 2012

Pêle-mêle Clarabel #52

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Le panier, par Jean Leroy - illustrations de Matthieu Maudet

C'est l'histoire d'une sorcière très attachante et faussement grincheuse qui découvre dans la forêt un panier avec un bébé. Celui-ci se met à hurler, ce qui incite la sorcière à fuir le plus loin possible car elle ne supporte pas les cris de l'enfant. Mais quelques instants plus tard, la pluie se met à tomber et la sorcière est prise de remords. Elle retourne dans la forêt et rentre chez elle avec le panier ET le bébé. Elle soupire, elle peste, elle râle, elle répète qu'elle ne supporte rien ni personne, mais c'est plus fort qu'elle. Le bébé ne cesse de pleurer et ses hurlements sont stridents, la patience de la sorcière a ses limites... et c'est alors que son voisin l'ogre se présente à sa porte, alléché par l'odeur et alerté par les braillements de l'enfant. Il se propose de la débarrasser de son fardeau, que croyez-vous que la sorcière va faire ?
L'intrigue est joliment subtile puisqu'elle joue avec les trouilles (du lecteur, et de la sorcière). C'est du plus bel effet, surtout à la fin. Ajoutez l
es illustrations de Matthieu Maudet, qui sont superbes, toutes en ombres chinoises. Vous obtenez une chouette petite lecture pour jouer avec la notion de peur et de suspense.

Le brigand à quatre mains, par Jean-François Chabas - illustrations de Cassandre Montoriol

Voilà un conte exotique, fort charmant et admirablement écrit par J-F Chabas, même si je trouve le vocabulaire un peu compliqué pour la tranche d'âge indiquée (collection Mouche), il n'en demeure pas moins poétique à l'oreille.
Des évènements troublants surviennent dans la forêt du Kuatcha, alors que les marchands sont dépouillés de leurs biens sans jamais apercevoir les coupables. Même le sultan est embêté et décide d'envoyer ses troupes pour faire cesser ce désordre commercial. La forêt serait-elle habitée par des esprits malins ? En effet, les soldats finissent par perdre un peu la tête et se résignent à rentrer bredouilles. Tandis qu'ils s'interrogent sur les mystérieux agissements qui semblent naître dans ces lieux ensorcelants, ils jurent de ne pas souffler mot ni d'avouer leur déconfiture. On découvre ainsi LE coupable - le brigand à quatre mains. Et pourquoi il agit aussi sournoisement, du moins... c'est avant de comprendre ses réelles motivations, car lui aussi en bave pour épater celle qui lui fait battre le coeur ! 
Le retournement de situation est très drôle, inattendu et attendrissant. Les illustrations de Cassandre Montoriol sont frappantes, très originales, elles se marient à merveille avec la luxuriance des détails et des descriptions du texte, c'est incontestablement une lecture enrichissante !  

Ecole des Loisirs, coll. Mouche, 2012 

4 mai 2012

"I told you, I have no desire to put myself under the thumb of any man, ever again."

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Par une nuit pluvieuse, Gabriel rencontre Callie et son fils Nicky au bord d'une falaise. La jeune femme cherche un abri pour son fils, sans révéler toutefois qu'elle est princesse et lui prince héritier, menacé de mort, et qu'elle souhaite se tenir à distance de ses ennemis, sans éveiller le moindre soupçon. Lui, Gabriel, ne voit qu'une belle dame au caractère trempé, veuve, elle a décidé de mener sa barque en toute indépendance, ne voulant plus subir le joug masculin. Il lui offre le gîte et le couvert, elle accepte... du bout des lèvres.

A sa façon, Callie est adorable dans son obstination à ne vouloir compter sur personne, à maintenir ses origines secrètes et à surprotéger son fils. Nicky a une jambe boiteuse, il a peur des chevaux mais ne demande pas mieux de vivre comme un gamin normal, si bien qu'il se sent très vite à l'aise chez Gabriel. C'est un homme remarquable, très attentif, taquin aussi. Il est totalement sous le charme de Callie, et le lui fait savoir en lui volant des baisers, elle joue les belles effarouchées, qui tape du pied et du poing, mais n'en paraît pas moins insensible pour autant.

Il y a aussi toute une petite tribu qui vient se greffer au trio, ce sont des personnages secondaires très attachants, qui rendent le récit encore plus fluide et agréable à suivre. On se glisse avec aisance et bonheur dans l'existence de cette communauté, on s'y sent très bien, mais pour les besoins de l'intrigue, il faut que ça bouge à Londres, où on prend réellement connaissance avec les fameux Archanges du Diable (c'est le nom de cette série !). Et là, la famille de Gabriel Renfrew dévoile ses secrets, ou une partie, ce qui augure de belles heures de lecture. C'est d'ailleurs ce que je retiens de cette jolie romance, une touche de délicatesse et de romantisme, c'est mignon comme tout, ça ressemble à un cocon douillet, on aime les personnages, il y a une belle alchimie au sein du couple, l'histoire connaît quelques revers avec une fin en suspension (toutes les questions n'ont pas eu leurs réponses, il me semble, qu'en est-il du vilain de l'histoire ?!). En somme, c'est une lecture classique et potable, une mise en bouche savoureuse, où il manque toutefois un petit ingrédient indéfinissable...

Le Cavalier de l'orage (Les Archanges du Diable #1), par Anne Gracie
J'ai Lu Aventures & Passions, 2012 - traduit par Catherine Berthet 

15 juin 2012

“Want to start a fairy-tale romance with me?”

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Bon, très sincèrement j'ai entamé ma lecture sur une note d'ennui, je trouvais l'histoire gnangnan et molle, j'étais moyennement séduite. Et puis le miracle s'est produit tout doucement, je crois que le coupable porte le nom de Brendan A. Salinger. Mea culpa, mea maxima culpa. J'ai perdu tout sens commun face à ce garçon au charme irrésistible ! D'abord il nous apparaît comme un pur sauvageon d'humeur lunatique, sexy en diable, avec son regard émeraude qui met notre héroïne, Emma, sens dessus dessous. Cette fascination s'explique aussi parce que la demoiselle est complètement “envoûtée”, au sens strict du terme, par le jeune homme, qui ne cesse de la snober honteusement.

L'intrigue du roman est plutôt moyenne, avouons-le, c'est encore et toujours l'histoire d'une romance entre deux adolescents, marquée par une malédiction. Ce n'est pas nouveau mais c'est efficace. Nos deux chéris se tournent autour pendant plusieurs chapitres, avant de céder à la tentation. Il semblerait même que cette tendre affinité fasse son petit effet, car le couple fonctionne à merveille. Les personnages secondaires sont particulièrement repoussants, machiavéliques et horripilants (miss Kristin et sieur Anthony, bleh !). Leur pugnacité à empoisonner l'existence d'Emma fait d'ailleurs lever les yeux au ciel, mais je pense qu'il y a matière à épiloguer.

Sans mentir, l'histoire dégage un parfum de conte de fées, particulièrement enivrant. J'étais complètement gaga à la fin... la honte. Enfin bon, je ne vous fais pas un dessin, vous voyez le genre. Je me suis surprise à avaler les pages du livre avec enthousiasme, tout n'est pas parfait non plus, mais dans l'idée de passer du bon temps, en se vidant l'esprit, cette lecture est à prescrire avec les compliments de votre libraire (huhu).

Envoûtement, par Cara Lynn Shultz
Harlequin, coll. Darkiss, 2012 - traduction de Juliette Bouchery 

27 septembre 2012

“Come on, Mercer. Me, you, the cellar. What could go wrong?”

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Ce tome est la conclusion parfaite d'une série qui a su jouer avec intelligence avec les codes des romans pour jeunes ados, en mêlant romance, action, magie et humour sans se prendre au sérieux. Résultat, le cocktail est enivrant ! On retrouve une Sophie Mercer rescapée d'un désastre sans nom survenu à Londres, ses alliés les plus fidèles ont disparu et c'est au sein du clan des soeurs Brannick, ses ennemies, qu'elle trouve refuge. Bizarre, bizarre. L'auteur a réussi là une belle pirouette, un projet de série spin-off est d'ailleurs à l'étude, quelle coïncidence !

Pendant toute la première partie, nous explorons l'univers de ces sorcières chasseuses de démons et faisons connaissance avec de nouveaux personnages, en soupirant bien fort pour les retrouver tôt ou tard. Puis, retour aux sources, à Hex Hall, le lieu de tous les dangers... je n'en dévoile pas davantage, mais la tension va être poussée d'un cran et on va subir des bouffées d'angoisse et de stress au fil des chapitres, d'autant plus que le rythme va vicieusement ralentir, l'intrigue piétiner et nous faire râler in petto. Dans la dernière ligne droite, subitement ça s'énerve, les solutions affluent mais les dangers ne sont pas écartés, ni les sacrifices non plus (une pensée particulière pour UN personnage dont on taira l'identité, cette scène est douloureuse !!!).

J'ai relu ce roman en une soirée et l'ai pleinement savouré. J'y ai retrouvé tous les éléments qui avaient su m'enchanter dès la première lecture, avec le tome 1. Pour moi, c'est l'exemple parfait de la série qui sait divertir sans forcément rouler des mécaniques, et cet enthousiasme est communicatif. Vous connaissez des petites lectrices de 12-13 ans qui ne savent pas quoi lire ? Conseillez Hex Hall, c'est le succès assuré !

Hex Hall, tome 3 : Le sacrifice, par Rachel Hawkins
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012 - traduit par Raphaële Eschenbrenner

18 septembre 2012

Une maison n'est jamais tranquille dans l'obscurité pour ceux qui écoutent intensément.

Jonna vit dans un orphelinat et n'a qu'un rêve : être adoptée par une jolie maman coiffée en chignon et un gentil papa aux souliers vernis. Or, un jour, déboule une vieille voiture déglinguée, d'où surgissent deux jambes poilues à moitié couvertes par un jean miteux, puis un torse velu, et enfin une grosse tête noire en forme de poire avec un sourire idiot. C'est un gorille ! La directrice ne laissera jamais cette espèce de guenon crasseuse adopter un enfant, Jonna en est sûre. Et pourtant, horreur ! C'est elle que la gorille choisit...

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C'est une histoire totalement hallucinante, révélée par ce roman à la jolie couverture illustrée par Arnaud Boutin, et dont le titre aux accents excentriques ne fait pas de doute sur la question. Mais il faut dépasser les premières impressions et en apprendre plus sur Jonna et sa maman gorille, qui vivent sur un terrain convoité par la mairie, et qui sont confrontées aux bêtises et aux jugements des autres. 

La fillette aussi va changer d'état d'esprit, car au départ elle n'était pas fière d'avoir été choisie par cette maman hors du commun, elle avait peur et honte de se promener en sa compagnie. Finalement une tendre complicité va naître entre elles. Elles vont apprendre à mieux se connaître, à discuter, partager leurs désirs, leurs rêves et leurs peines. 

"Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être." écrit Jonna, à la fin.
En effet, son histoire se pose comme un rappel à l'ordre : il faut combattre les préjugés, avoir droit à la différence, s'accepter, se tolérer, ne pas juger. Il faut dénoncer la méchanceté et l'ignorance, afficher sa fantaisie, revendiquer sa part du bonheur. Cette lecture en apparence futile et légère se révèle donc beaucoup plus profonde et pertinente dans sa réflexion.
Une découverte attendrissante et faussement cocasse
.

Ma mère est un gorille (et alors ?), par Frida Nilsson 
Bayard jeunesse, 2011 - traduit du suédois par Ludivine Verbeke

Voilà une nouvelle série pour les juniors : Esprit, es-tu là ? Ce premier tome est une lecture bien gentille, autour d'une héroïne, Kate, qui se découvre médium, comme sa mère, le jour de ses 13 ans. Au collège, elle se frite avec la fille la plus populaire mais devient copine avec une nouvelle venue, Jac, qui se trimballe partout avec son violoncelle (son boulet, dit-elle). Elle aussi a un secret, et comme par hasard, tout est lié par des fils invisibles. L'issue peut sembler placide, il ne faut pas s'attendre à de grands frissons, mais le suspense tient la route et titille notre curiosité jusqu'au bout. Cette série sans prétention a de beaux atouts pour séduire les plus jeunes (à partir de 10 ans). Elle mêle habilement vie quotidienne, fantastique, humour et suspense.

Le fantôme de la bibliothèque, par Elizabeth Cody Kimmel
Bayard jeunesse, coll. Estampille, 2012 - traduit de l'américain par Anne Lauricella
illustration de couverture : Lucie Durbiano

3 octobre 2012

“...maybe hope isn't such a bad thing. Maybe it's what keeps us together.”

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Cette suite n'aura pas connu le même enthousiasme ravi et débordant, comme cela avait été le cas pour le 1er tome, Ephémère, tant les deux livres ne se ressemblent en rien ! ** risque de spoilers ** La fuite de Rhine et Gabriel est à moitié une réussite, ils ont quitté le manoir de Vaughn mais sont rapidement kidnappés par une vieille maquerelle, au coeur d'une fête foraine, un endroit faussement féérique puisque les filles sont retenues contre leur gré, droguées, battues et abusées sexuellement.

Nous effectuons donc nos premiers pas dans une ambiance sordide et démoralisante, à la rigueur je n'ai rien contre, je trouve que c'est une bonne prise de risque de la part de l'auteur, qui s'affranchit de la tendance mielleuse du moment à vouloir rester lisse et consensuelle en toutes circonstances. Lauren DeStefano, par exemple, ose aborder des sujets à prendre avec des pincettes (la prostitution, la drogue, la dépendance, le sexe aussi) avec une franchise non déplacée. Alors pour une fois qu'un auteur sort des sentiers battus, je ne vais pas bouder non plus.

Le problème, c'est qu'à force de peindre tout en noir, on a le moral dans les chaussettes à la fin du roman ! (J'étais soulagée de tourner la dernière page.) Dans le premier tome, nous avions eu droit à l'illusion du bonheur au sein du manoir, auprès de Linden, maintenant on découvre l'état du monde extérieur, complètement ravagé, auprès de Gabriel. Le contraste est saisissant, et j'avoue une préférence pour l'atmosphère languide et oppressante de la première partie. J'ignore quelle issue possible s'offrira à Rhine, mais cela laisse la porte grande ouverte au dénouement ! De plus, j'ai grandement apprécié la plume, belle et envoûtante, de Lauren DeStefano. A l'instar d'autres auteurs anglo-saxons, comme Maggie Stiefvater ou Tessa Gratton, elle se libère du simplisme dont souffrent de plus en plus les romans pour ados pour une vraie qualité littéraire, fortement appréciable.

Fugitive (Le Dernier Jardin #2) - Lauren DeStefano  
Castelmore, 2012 - traduit par Tristan Lathière 

1 octobre 2012

"I know you can hear me. The guy I love is still in there. Come back to me."

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** Spoilers droit devant ! ** Nous retrouvons la spectrale Bianca et le très vampirique Lucas, condamnés à retourner à Evernight où Mrs Bethany, cruelle et impitoyable, promet de ne pas rester les bras croisés, avec ce sourire énigmatique et ce regard hautain plaqués sur le visage, pour bien longtemps ! En effet, elle prépare un projet fou en cherchant à emprisonner les fantômes ancrés aux humains. Pourquoi, comment ? Notre couple va se donner la peine de trouver des explications.

Ce n'est pourtant qu'une goutte d'eau dans un océan, pas seulement parce que l'ambition démesurée de la directrice représente une vraie menace pour toute l'humanité, c'est surtout la nouvelle condition du couple qui pose un gros dilemme. Ils ont été maudits, condamnés, seuls contre tous... Maintenant, ils sont pire que tout : immortels, mais sans espoir de vivre ensemble. C'est compliqué, je sais, mais si je lâche le morceau, ce ne sera plus drôle pour les prochains lecteurs.

En fait, j'ai trouvé ce dernier tome assommant de romantisme, de lyrisme et d'absolutisme... que du -isme gonflant dont certaines séries pour ados s'abreuvent, à tort, car cela représente tout ce qui me pompe l'air dans ce créneau ! Donc, vraiment dommage. Un peu d'humour, par exemple, ne fait jamais de mal. J'ai apprécié le retour à Evernight (l'académie me manquait), mais les idées sur l'immortalité, le retour à la vie, le mélange des sangs, les sacrifices et tout ça, pfff, j'ai eu du mal. Je regrette aussi la présence effacée de Balthazar, personnage qui deviendra le héros exclusif du 5ème livre, avec la jeune Skye Tierney, mais ce sera un roman totalement indépendant de la série. Donc, voilà la fin de l'histoire, sans surprise, sans éclat, et tellement sirupeuse. Finalement seuls les deux premiers tomes de cette saga valaient le coup d'oeil, le reste... c'est moyen.

Evernight (Livre IV), par Claudia Gray
Pocket jeunesse, 2012 - traduit par Cécile Chartres

“You’ll live forever and being remembered by you is the only immortality I’ll ever need if I only live on as a part of you – Bianca, that’s my idea of heaven.” 

2 octobre 2012

“My enemies are everywhere. And sometimes, those we least suspect turn out to be our biggest threats.”

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Je me suis replongée avec angoisse et excitation dans la série The Lying Game, avec ce deuxième tome qui s'inscrit dans la directe lignée du premier. Emma tente de résoudre le meurtre de sa soeur Sutton en se faisant passer pour elle, même si cela lui réserve toujours autant de désagréables surprises. Les jumelles ont des tempéraments opposés, Emma est donc décontenancée par le déferlement de haine et de jalousie qu'a su exacerber Sutton. Celle-ci, qui intervient in petto, est également spectatrice de sa pitoyable existence et prend conscience du mal qu'elle a fait autour d'elle, sauf que c'est un peu tard pour réparer les dégâts !

Ce deuxième tome va se focaliser sur les Jumelles Twitteuses et revenir sur l'incident du train, où Sutton aurait une nouvelle fois joué un rôle peu honorable. La pression est poussée à son maximum, car il est impossible de ne pas remettre en question l'honnêteté de tous les personnages, entre les copines qui se comportent comme des garces entre elles, les garçons qui sont trop beaux pour être vrais et dégainent habilement leur amertume au moindre faux pas, sans oublier les parents, pourquoi pas, leur rôle aussi est trouble et peut-être dangereux. Le climat est basé sur une telle tension psychologique qu'on n'a jamais l'esprit en paix. On doute de tout, et de tous.

Il y a notamment un passage où les filles partent en randonnée dans le désert et qui montre bien la perversité du scénario, car on a franchement les chocottes à ce moment-là. Les nanas sont de vraies folles, la frontière entre le jeu et l'enjeu est tellement mince, ce n'est plus étonnant que l'une d'elles ait finalement trouvé la mort ! Bref, pour ceux qui apprécient les ambiances angoissantes et les intrigues avec des noeuds impossibles à délier, voilà une série qui ne devrait pas les décevoir. On mord très vite à l'hameçon et on n'a qu'une envie, passer au chapitre suivant et en découvrir toujours plus, en supputant des tas de théories !

The Lying Game, tome 2 : Ne jamais dire jamais, par Sara Shepard
Fleuve Noir, coll. Territoires, 2012 - traduit par Isabelle Troin 

-) à découvrir : le nouveau morceau de -M- (sortie de l'album en novembre) youhou !!!

14 novembre 2012

“If you ain’t scared… you ain’t human.”

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Présentation du décor : nous avons un Bloc, avec des murs immenses et des portes qui se ferment tous les soirs, pour se protéger des créatures du Labyrinthe. Car derrière cette enceinte, se trouve une jungle de lianes, où se cachent les Griffeurs, des espèces de limaces immondes qui s'en prennent à leurs victimes en les piquant, ce qui provoque une crise de delirium appelée la Transformation. Pour en guérir, il faut injecter le Sérum et attendre deux jours en poussant des cris d'horreur.

Au sein du Bloc, on trouve une petite vingtaine d'adolescents. Débarqués de nulle part, ils ne se souviennent ni de leur passé, ni de leur histoire. Chaque mois, un nouveau candidat surgit d'une boîte, complètement hébété et seulement capable de bredouiller son prénom. Cela fait deux ans que cette étrange aventure dure, les adolescents sont à cran, aussi accueillent-ils avec dépit le dernier arrivant. Mais Thomas est un empêcheur de tourner en rond, il pose des questions, juge et émet des opinions, il fourre son nez partout et il a pour ambition de devenir Coureur (pour affronter le Labyrinthe et ses Griffeurs). En gros, il dérange.

Et puis, il n'ose pas l'avouer, mais il a une impression de déjà-vu. L'endroit lui semble familier mais sa mémoire lui joue des tours. Il comprend toutefois que la soudaine arrivée d'une fille parmi le groupe est le signe d'un grand changement. Ensemble, peut-être vont-ils cerner le mystère qui les entoure. Mais bon, rien n'est simple et puis la bande des Tocards met souvent des bâtons dans les roues, car cette succession d'évènements hors du commun est perturbante et provoque des grognements de frustration.

Concrètement, l'histoire est très curieuse : elle suscite l'interrogation, excite l'imagination et incite le lecteur à tourner les pages à toute vitesse. C'est un roman d'action, de suspense et de manipulation (ou je ne m'y connais pas). Le milieu est à la fois exotique et hostile, on s'y sent mal à l'aise, en danger et on n'y comprend rien du tout ! Sur ce plan, c'est infaillible, nos nerfs sont à vif et on devient un pantin entre les mains de l'auteur (et des Créateurs du Bloc !). Très bon épilogue, à ce propos, qui lance la perspective d'une suite encore plus flippante (mais moins surprenante, je suppose). Toutefois, j'émets une petite réserve car j'ai trouvé le style un peu lourd et pesant. J'ai passé un bon moment de lecture, mais il m'a tout de même manqué la petite étincelle pour revendiquer un enthousiasme débordant.

L'Epreuve, tome 1 :  Le Labyrinthe,  par James Dashner
PKJ. (2012) - traduit par Guillaume Fournier

10 décembre 2012

Les Chroniques de Wolf Springs, tome 1 : Déchaînés, par Nancy Holder et Debbie Viguié

“What kind of freaks are they? Is this some result of banjo inbreeding?”

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Katelyn vient de perdre sa mère, elle quitte la Californie pour s'installer chez son grand-père, Mordecai McBride, qu'elle ne connaît pas du tout. C'est un type rustre, qui aime la chasse et la solitude, il impose à sa petite-fille des règles de vie très strictes : pas de sortie la nuit tombée, pas de promenade dans la forêt environnante, pas de balade en solo, tout simplement, et des leçons pour apprendre à tirer avec une arme à feu. Huuu, quel scandale pour cette petite mijorée herbivore, qui passe son temps à se plaindre et à pleurnicher.

Déjà, Katelyn ne me plaît pas des masses ! Mais je fais l'impasse, après tout l'ambiance de Wolf Springs n'est pas dénuée de charme, si l'on apprécie le côté petite ville américaine, figée dans le temps, baignant dans ses légendes, ses mystères et ses secrets. Un peu de poudre aux yeux, et me voilà presque séduite. Katelyn entame sa vie de lycéenne, se lie d'amitié avec Cordélia, une solitaire qui ne s'entend pas non plus avec sa famille, et fait la route tous les jours avec Trick, le mauvais garçon aux blagues pourries, mais très chevaleresque, ce qui pourrait chatouiller la jeune fille.

Bon, celle-ci croise aussi le cousin de Cordélia, Justin le motard, et là c'est le coup de foudre. Du genre, magnétisme animal. Elle lui saute dessus, il lui avale la langue, elle s'accroche à lui comme à une bouée de secours, il pourrait la dévorer sur place. Ahem et triple ahem. Après ce petit flirt très poussé, Katelyn tente de remettre ses idées en place en bûchant sur son exposé (une vieille histoire sur une mine d'argent, et un Cerbère qui sème la terreur dans la région). Dans le même temps, Wolf Springs est frappé par une série de meurtres. Les langues se délient, les masques tombent, Katelyn court tous les risques et sa nouvelle meilleure amie ne cesse de pâlir, blêmir et balbutie des excuses à la gomme.

Au programme, donc, un enchaînement d'évènements, de non-évènements, de passions débridées, d'émotions fortes et de révélations fracassantes... Pfiou ! J'ai slalomé sur la piste entre le bon et le moins bon, mais au final je sors décontenancée par ma lecture, riche en promesses, mais tenues à la légère. Peut-être la faute à une construction malhabile, des personnages qui s'éparpillent et font des grands gestes en poussant des cris très fort, sans le moindre intérêt. C'est un peu dommage, j'avais perçu le potentiel du livre, mais au final il me laisse insatisfaite et frustrée. La suite tranchera ! Sans quoi, je suggère aussi la découverte d'une autre série méconnue, 13 to Life de Shannon Delany - j'en appelle aux éditeurs français !

Milan, coll. Macadam, 2012  -  traduit par Marie Cambolieu

21 décembre 2012

L'histoire du soir #35 : Lutin veille, par Astrid Lindgren & Kitty Crowther

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Dans une vieille ferme, où tout le monde dort, un lutin veille. Il habite un recoin de la grange et il sort la nuit, sans faire de bruit. Nul ne le voit jamais, mais les hommes devinent sa présence car parfois, au réveil, les traces de ses petits pieds sont dessinées dans la neige.

Le lutin va et vient à pas feutrés dans le clair de lune. Il veille sur sa ferme, et plus particulièrement sur les animaux. Le lutin leur parle à la manière d'un lutin, une petite langue silencieuse que seuls les animaux peuvent comprendre. Ainsi, il rassure la vache, le cheval, les moutons et les agneaux, puis les poules et le chien.

Quand il a fini son petit tour, le lutin s'en retourne chez lui, dans la grange, où vit aussi le chat qui attend dans le foin, car il veut son lait que lui donne le lutin. Il se glisse sous la couette, prend un livre et rêve de l'été. Tous les soirs, le lutin fait son va-et-vient à petits pas feutrés, entre les bâtiments. Il veille sur la ferme et ses habitants, pendant que les hommes dorment. Et cela dure depuis plusieurs centaines d'hivers...

Ce texte d'Astrid Lindgren est inspiré du personnage de Tomten, célèbre dans les pays du Nord. C'est un conte doux et apaisant, à lire et découvrir les soirs d'hiver, on comprend alors la nécessité de cultiver de belles histoires qui inspirent tant de chaleur dans ces pays où les hivers sont longs et rigoureux. 

Lutin veille, par Astrid Lindgren et Kitty Crowther (Pastel, 2012)

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