Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
30 janvier 2014

La lettre à Helga, par Bergsveinn Birgisson

IMG_0459

Cette lecture aura été une terrible déception ! J'ai détesté le personnage de Bjarni Gislason de Kolkustardir, à tel point que je suis demeurée totalement insensible aux envolées lyriques de sa prose de désespéré. Le type est un vieil homme usé, qui décide de prendre sa plume pour écrire à la seule femme qu'il a jamais aimée, Helga. Il revient sur leur liaison, et surtout sur les sentiments fous et incandescents qui ont germé en lui. Oui, il était complètement fou de Helga. Et pourtant, leur histoire a capoté...

Il revient sur cette vie de cul-terreux, en pleine campagne islandaise, dans une contrée gangrenée par les cancans, et tellement attachée à ses valeurs ancestrales. Quelque part, c'est une bouffée d'air pur ravigotant. C'est une évasion, un dépaysement. On s'imagine dans cette fabuleuse nature du bout du monde, tendant l'oreille pour percevoir les échos d'une folle passion avortée ou contrariée. Mais on s'en fiche un peu ! Bjarni Gislason de Kolkustardir n'est qu'un pauvre type, en fin de compte.

Le comédien Rufus s'emploie alors à nous emporter dans le récit avec une émotion désarmante. Il roule les accents au son des patronymes islandais, il chuchote, il s'enflamme, il maugrée, il ronge son amertume. À sa façon, il exprime avec talent la mélancolie, le délire fanatique, la repentance, la frustration, bref l'intensité des sentiments du Bjarni. Mais cela n'a pas suffi pour me convaincre, puisque je n'ai éprouvé que ressentiment, agacement et pitié envers celui-ci.

“L'amour le plus ardent
est l'amour impossible.
Mieux vaut donc n'aimer personne.”

Audiolib, janvier 2014. Texte intégral lu par Rufus (durée d'écoute : seulement 2h 54).
Traduit par Catherine Eyjolfsson, pour les éditions Zulma.

Publicité
Publicité
5 février 2014

Un Baiser pour la Nuit, d'Anna Godbersen

IMG_0547

Le miracle n'aura finalement pas eu lieu, la série se termine sans avoir jamais réussi à regagner mon plein enthousiasme. Je me sens déçue, un peu flouée, d'avoir perdu l'étincelle à laquelle j'associais aveuglément les livres d'Anna Godbersen. Et pourtant, cette saga avait tout pour me plaire (les années 20, son ambiance glamour, stimulée par les interdits mais cernée par tous les dangers).

Bref, nos trois héroïnes ont su se construire un destin hors du commun : Cordelia dirige son propre night-club, Letty récolte les lauriers de la gloire et vient d'obtenir son premier grand rôle au cinéma, Astrid a enfin son gros diamant au doigt. Mais, mais, mais... tout n'est que poudre aux yeux ! Le revers de la médaille est terrible, vous imaginez bien, l'auteur n'est pas en reste pour nous renverser la tête et broyer notre petit coeur tendre.

Disons-le franchement, la fin est grandiose, avec un dénouement invraisemblable mais absolument imprévisible. De quoi vous affoler les sens et le palpitant. Cela part dans tous les sens, c'est follement romanesque, passionné, dramatique et bouleversant. Du grand Anna Godbersen, comme du temps de sa saga des Rebelles ! C'est regrettable qu'elle n'ait pas su tirer profit de la matière en or qu'elle avait entre les mains, car la série, de qualité inégale, n'a pas su se renouveler et a peut-être abusé de son identité futile et sensuelle.

« ... quand le monde me paraît un peu trop triste, trop misérable, alors je repense à nos beaux atours de cet été-là, et à tout ce dont nous rêvions avant l'automne. Voyez ? Je vous l'avais dit. Ces filles aux yeux brillants qui gravitaient autour de New York comme des papillons, à quelle vitesse elles se trouvèrent emportées dans le tourbillon de ses folles nuits ! Chacune réussit à fuir New York à sa manière - l'une est célèbre, l'autre est mariée, la troisième est morte. »

Albin Michel, coll. Wiz, novembre 2013 - traduit par Cécile Leclère
illustration de couverture (très belle) : Sophie Leblanc

17 février 2014

Un auteur, deux livres : Christine Avel

« Hier, c'était mon anniversaire. Pour mes onze ans, j'étais sûr qu'il allait m'arriver quelque chose d'incroyable. Comme à Harry Potter.
L'an dernier en CM2, j'ai lu Harry Potter. Toute la série, de 1 à 7, sans m'arrêter. À la fin, j'étais sûr d'une chose : pour mes onze ans j'allais recevoir, comme Harry, une lettre m'annonçant que je suis un sorcier né par erreur dans une famille de non-sorciers, des Moldus. La lettre m'inviterait à poursuivre mes études dans une école de magie où on m'aurait inscrit, en secret, depuis des années. Là, je découvrirais enfin mes dons pour me transformer en animal, par exemple, ou pour l'arithmancie : c'est la science des chiffres magiques.
Je ne l'ai dit à personne, bien sûr. Ni à mes amis à l'école, ni à mes frères, encore moins à mes parents. Personne ne m'aurait cru.
Mais moi, j'en étais sûr. Des mois que j'attendais ça.
Je savais qu'il allait m'arriver quelque chose. J'avais raison. »

IMG_0611

Une histoire qui commence ainsi, en faisant allusion à Harry Potter... forcément, il ne m'en fallait pas davantage ! J'ai plongé. Bon, évidemment il arrivera au jeune garçon (Abel) une autre aventure, puisqu'il va se voir offrir un voyage en Finlande, par le concours de circonstances très bizarres. Le hic, avec ce périple, c'est qu'il doit passer une semaine chez un mathématicien de renom... alors qu'il n'a franchement pas la bosse scientifique. C'est se moquer du monde ! Abel est en pétard.

Mais heureusement, cette évasion lui sera bénéfique, on s'en doute, et lui apportera ce petit regain de confiance en lui qui lui faisait cruellement défaut. En effet, contrairement à tous les membres de sa famille, des génies en puissance, lui est un élève quelconque, il a ce que sa mère appelle “le creux des maths” (pas la bosse, non, le creux !).

Libéré de cette pression, le garçon, seul en Finlande, va vivre des aventures complètement farfelues (j'ai hélas trouvé que c'était trop court, pas assez détaillé, mais je pense qu'un enfant n'y verra que du feu !) car la conclusion est super apaisante et nous rappelle que nos enfants ont “le temps de grandir, le temps de voir” et qu'ils peuvent faire “des tonnes de choses dans leur vie”.
Une petite lecture pour le plaisir, racontée sur un ton rafraîchissant !

Le creux des maths (Neuf de l'École des Loisirs, mars 2012 - ill. de couverture : Séverin Millet) 

IMG_0616

Deuxième bonne surprise avec ce petit roman se passant dans l'obscur village de Nébouzat-le-Froid, en Auvergne. Depuis des générations, les habitants se sentent floués au détriment de leurs voisins d'en face, à Nébouzat-le-Chaud, qui se trouve sur le bon versant de la colline, toujours au soleil. Mais surtout, ils sont les détenteurs de précieux trésors, comprenant des “traces de dinosaure authentiques et grottes troglodytes”.

Tout ça turlupine Éloi, son grand-père et son grand frère Fabien. Jusqu'au jour où la chance va leur sourire, enfin... Le chien Jojo a trouvé un os, sans nul doute une pièce rare et inestimable, et il n'y a plus qu'à fouiller le jardin pour trouver le reste du trésor !

L'aventure va partir dans tous les sens, pour le plus grand plaisir du jeune lecteur. Les personnages sont attachants, animés par une soif de reconnaissance et de gloire qui leur ferait presque perdre la raison. C'est raconté avec panache, beaucoup d'humour et un soupçon de dérision. On passe un très bon moment, c'est toujours aussi frais et divertissant.

La revanche de Nébouzat-le-Froid (Neuf de l'École des Loisirs, avril 2013 - ill. de couverture : Gabriel Gay)

27 janvier 2014

Attirance & Confusion, par Simone Elkeles

IMG_0453

Les avis étaient partagés, mais j'ai tenté le coup et je ne le regrette absolument pas ! Je crois même que cela a contribué à mon enthousiasme, puisque j'avais globalement anticipé une grosse déception, j'ai été finalement surprise et complètement folle de Derek Fitzpatrick ! Beau gosse, insupportable, avec blessure secrète, sans attache, ou presque, bref notre Derek débarque dans la petite ville de Fremont le temps d'un été, pense-t-il, et va tout déchirer.

Il a suivi la nouvelle femme de son père, Brandi, une jolie écervelée, maman d'un petit bonhomme de 5 ans, Julian, car elle souhaitait se rapprocher des siens, dans la maison de son père, un type bourru et acariâtre, qui vit coupé du reste du monde, mais aussi de sa soeur, la ravissante Ashtyn, blonde, sportive, frondeuse et décidée, tout juste élue capitaine de son équipe (de football américain).

Tout de suite, la première rencontre entre Ashtyn et Derek fait des étincelles : c'est drôle, mais drôle. Cela donne le ton des échanges que ces deux-là vont s'envoyer pendant tout le roman, car c'est clair, ils se plaisent, ils sont attirés l'un par l'autre, mais ils se barricadent, ils ont leurs soucis personnels, et pourtant tout va participer à les jeter dans les bras l'un de l'autre, à moult reprises, et pour notre plus grand plaisir.

Je ne dis pas le contraire, le schéma est répétitif, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais ça a suffi pour me faire passer un très bon moment de lecture. Après tout, je n'en attendais pas moins non plus. Moi qui décrétais, par avance, qu'il serait temps que l'auteur change de crèmerie, je retire aussitôt mes dires. Qu'elle ne change rien ! Absolument pas ! C'est tout bon comme ça, c'est frais, c'est pétillant, c'est coquin, c'est attendrissant, c'est gros, c'est niais, c'est dégoulinant de guimauve, ça colle aux doigts... mais c'est tellement bon !

C'est le 1er tome d'une nouvelle série, autour de joueurs d'une équipe de football américain. L'auteur a placé ses billes, déjà présenté les autres protagonistes, et je me frotte les mains de les retrouver tous, les uns après les autres !

La Martinière J., janvier 2014 - traduit par Cyril  Laumonier

4 février 2014

Une saison à Long Island, d'Anna Godbersen

IMG_0546

J'avais été sous le charme du début, avec Tout ce qui brille, mais la suite m'aura finalement déçue. Que de longueurs dans cette Saison à Long Island, même si les retrouvailles avec les trois héroïnes n'ont pas manqué de piquer ma curiosité, il m'a fallu admettre, avec tristesse, que leurs nouvelles aventures manquaient de peps et de passion.

Suite aux derniers événements tragiques, Cordelia n'en mène pas large et traîne sa misère dans ses beaux souliers. Son amie Astrid a la tête farcie des insinuations sournoises de sa mère, au sujet de ses fiançailles avec Charlie Grey. Letty vivote, prend des bains de soleil, rêve d'une carrière, saisit sa chance. Nouveau venu dans le paysage romanesque, l'aviateur Max Darby tient la dragée haute à la fille du bootlegger en ne cachant pas son mépris pour sa vie frivole et tapageuse. Ce soupçon de relation volcanique avait lieu de me chatouiller, et puis non, aucune intensité passionnelle entre eux, c'est plat.

Un constat s'impose : le champagne est éventé, les bulles se sont envolées, oubliez la légèreté gourmande et la promesse de scandales sulfureux, les années folles n'atteignent pas nos héroïnes, qui passent leur temps à se plaindre et pleurnicher ! Quelle déception. Moi qui me suis toujours enthousiasmée pour les romans d'Anna Godbersern, me voilà bien embêtée avec la tournure de cette série... mais j'enchaîne avec le 3ème tome, Un baiser pour la nuit, en croisant les doigts.

Albin Michel, coll. Wiz, novembre 2012 - traduit par Alice Seelow
illustration de couverture : Sophie Leblanc

Publicité
Publicité
6 février 2014

Le premier qui pleure a perdu, de Sherman Alexie

Nouvelle couverture par Ellen Forney.

Le premier qui pleure a perdu

Junior, un indien Spokane de 14 ans, résidant dans la réserve de Wellpinit avec sa famille, est souvent la cible des balèzes et des crétins qui l'entourent. Il n'a pas un “physique facile”, mais surtout il est doté d'un QI exceptionnel, que son prof remarque avant de lui conseiller de s'inscrire au lycée de Reardan, en ville (chez les Blancs). Une décision lourde de conséquences, puisqu'il sera rejeté par tous, même par son meilleur ami.

La vie au lycée, pourtant, est loin d'être idyllique car il se trouve, encore une fois, taxé de tous les noms. Il est tombé amoureux de la jolie Penelope, s'est attiré les foudres d'un élève de Terminale, a intégré l'équipe de basket, mais il est mort de trouille et doit vomir avant chaque compétition, et pour finir il récolte un trauma crânien lors de sa rencontre face à ses anciens équipiers. 

À lire cet enchaînement de catastrophes et autres brimades, qui laissent apparaître une vie misérable et pathétique, on est en droit de craindre une lecture déprimante. Mais c'est tout le contraire, puisque Junior fait preuve d'humour et de dérision, qui rend son propos guilleret et sardonique. C'est drôle, très, très drôle. De plus, jamais il ne se plaint ou cherche à se faire plaindre. Il gribouille son petit carnet avec insouciance, même ses dessins sont hilarants et révèlent une pointe de cynisme délectable.

L'auteur en profite évidemment pour condamner les travers de ses semblables, qui se vautrent dans la paresse et l'alcoolisme en haussant les épaules et en vitupérant contre ceux qui cherchent à s'en sortir. À Wellpinit, il y a du malheur, beaucoup, mais finalement mieux vaut en rire (“on enterre mieux ceux qu'on aime dans un grand éclat de rire”, paraît-il) et regarder l'horizon en poussant de gros soupirs. Coup de coeur pour le personnage de la grand-mère Spirit, sage et philosophe, jamais avare de bons conseils...

Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, nouvelle édition novembre 2013 - traduit par Valérie Le Plouhinec

13 février 2014

Les Nouvelles Aventures de Tallulah Casey, de Louise Rennison

IMG_0560

Cette série est un vrai bonheur ! Tout de suite, l'auteur vous plonge dans l'ambiance déjantée et exubérante où batifolent son héroïne et toutes ses copines, pour un nouveau stage à Dother Hall, l'école censée réveiller et épanouir la fibre artistique qui sommeille en vous. Rappelez-vous, Tallulah Casey, petite cousine de Georgia Nicolson, s'était livrée à un solo de danse irlandaise, qui lui avait valu tous les honneurs de ses pairs. Si, si. C'est indiscutable.

Notre foldingue préférée est donc de retour, prête à réviser ses classiques (en matière de bécots), suite à un conciliabule avec sa cousine, mais surtout suite à ses nombreuses et palpitantes séquences émotionnelles avec les garçons (Alex, Charlie, Ben, mais aussi Caïn Hinchcliff, alias le prince des ténèbres). On en frissonne d'excitation par avance ! Le résultat sera, bien évidemment, à la hauteur de toutes vos attentes : on se bidonne du début à la fin.

Au programme, donc, des drames : l'école croule sous les dettes et est menacée de fermeture, d'où la tentative désespérée de l'administration et des élèves de sauver les murs avec un nouveau spectacle de folie - une adaptation haute en couleur de Songe d'une Nuit d'été, avec des costumes farces et des interprétations insensées !

Mais ce n'est pas tout, on a droit aussi à une mise en scène ubuesque des Dents de la Mer, des crises existentielles, des petits copains qui vont et viennent, des copines qui partent à Los Angeles, des chouettons mignons, des groupes de rock qui font rugir de plaisir, des pépites qui frétillent, des cours de bécots sur le mollet, des missives nocturnes, et tant de bonnes choses encore !

Qu'est-ce qu'on rigole ! C'est la parfaite petite lecture exaltante, qui vous met de bonne humeur et qu'on quitte trop tôt, à regret. On devrait prescrire Louise Rennison en barre vitaminée, à avaler matin, midi et soir. Vivement le 3ème épisode maintenant, intitulé en VO : 
The Taming of the Tights !

Gallimard jeunesse, octobre 2013 - traduit par Catherine Gibert

19 février 2014

Brochettes à gogo, d'Anne Fine

IMG_0657

Prié de débarrasser le plancher durant les travaux de rénovation de la cuisine, Harry supplie son oncle Tristram de l'inclure dans ses projets, à savoir passer une semaine de vacances sur une île, où habite sa petite copine prénommée Belle de Jour. Cette dernière est une baba-cool, qui loge dans une vieille maison près d'un ruisseau, et qui passe son temps à entrer en harmonisation avec l'Univers ou à communiquer avec les fées dans les champs.

Les garçons, eux, sont sceptiques. Ajoutez que le régime alimentaire constitué de thé à l'oseille, terrine d'orties ou pâte à tartiner à base de pissenlits ne les fait pas sauter au plafond ! Mais ils sont coincés là une semaine, plus de bateau avant le samedi suivant, les carottes sont cuites. Aussi, voient-ils en lot de consolation la perspective de la fête du village où ils pourront se gaver de frites et participer au concours de brochettes.

Pour tuer l'attente, Harry et son oncle nous font vivre des péripéties déjantées au coeur d'une campagne sauvage, hantée par des silhouettes fantomatiques, mais carrément excentriques sitôt qu'on s'accroche d'elles ! Les habitants baragouinent un langage incompréhensible et portent tous la barbe, à l'exception d'un jeune agent de police... Belle de Jour n'y serait pas étrangère. Méfiance !

Quelle lecture joyeuse et farfelue ! Anne Fine s'est fait plaisir à écrire cette histoire, tout comme Agnès Desarthe a pris autant de bonheur à la traduire, cela se ressent tout de suite. Le lecteur est ainsi embarqué dans une aventure débordante d'humour et de dérision. C'est un vrai régal, surtout que certaines scènes sont franchement cocasses et qu'on trouve une belle brochette de doux-dingues prêts à être internés ! Chouette couverture d'Adrien Albert, au passage...

Neuf de l'École des Loisirs, traduit par Agnès Desarthe - illustration de couverture : Adrien Albert

26 février 2014

Alex, de Pierre Lemaître

IMG_0654

Première incursion dans l'univers de Pierre Lemaître et je me sens déjà prête à récidiver (autant avouer que j'étais quasiment conquise, depuis le temps que j'entendais parler de cet auteur...), mais là j'ai aimé, beaucoup aimé. C'est un pur roman noir, à l'atmosphère étrange, envoûtante, glauque et oppressante. On y découvre l'histoire d'Alex, une jeune femme séduisante, célibataire, sans attache. Un soir, en sortant du restaurant, elle est kidnappée, sous nos yeux ébahis. Séquestrée dans une pièce microscopique, parmi les rats, elle fait face à son geôlier qui prend un plaisir sadique à la regarder mourir.

Une enquête de police est amorcée en alternance, sous la houlette du commissaire Camille Verhoeven (un pauvre type éprouvé, hanté par de vieux démons). Tout de suite, l'affaire s'annonce compliquée et tordue car on ignore tout de la victime, jusqu'à son identité, personne n'a signalé sa disparition, seuls quelques témoins ont assisté à son enlèvement. Et en effet, en tant que lecteur, on découvre une intrigue construite de façon alambiquée et machiavélique. On en voit de toutes les couleurs, passe par toute une gamme d'émotions (on s'en décrocherait presque la mâchoire) et on attend avec fébrilité le dénouement.

La fin m'est apparue très claire en écoutant l'entretien de l'auteur (d'au moins 30 minutes) sur l'Audiolib. Sans quoi, j'étais un peu perplexe. Certes, j'ai avalé cette lecture en une goulée, pas eu le temps de dire ouf. Seulement la dernière partie est à part, elle reflète toute la tension psychologique de l'intrigue, via une mise en place un peu plus longue, plus lente et vicieuse, mais au final on reste coi. Ou dubitatif.

Je relirai sans hésiter cet auteur, même si son inspecteur n'a pas brillé à mes yeux, et en dépit du malaise ressenti. Il y a chez Lemaître la conviction intime d'être un jouet entre les mains d'une imagination foireuse, qui vous fiche une bonne dose de stress à bon escient. J'en redemande !

Audiolib, mars 2011 - texte intégral lu par Philippe Résimont (durée d'écoute : 10h 40)
éditions Albin Michel, 2011 / existe en format poche.

Tour à tour tranchante et multipliant l’angoisse distillée par l’intrigue, la lecture de Philippe Résimont sait exacerber l’attente de son auditeur, jusqu’à l’imprévisible dénouement.

28 février 2014

L'anneau de Moebius, par Franck Thilliez

IMG_0655

J'ai réalisé, un peu tardivement, que j'avais DÉJÀ lu cette histoire, sauf qu'il ne m'en était resté que de très vagues souvenirs ! Pour ma défense, il faut reconnaître que l'histoire s'appuie sur un scénario invraisemblable, à propos de théories insensées sur les voyages spatio-temporels, mais surtout concernant des rêves, qui seraient à la fois des visions et des prémonitions. Un synopsis digne d'un épisode de la Quatrième dimension. ♥

Stéphane Kismet fait donc des cauchemars où il se voit traqué par la police, accusé d'un crime sur une petite fille. Comprenant qu'il peut peut-être changer le cours de son destin, il se lance sur la piste de son futur hypothétique. En parallèle, Victor Marchal, qui débute dans la PJ, est confronté à sa première enquête ardue : un tueur en série, des scènes de crime insurmontables, des victimes à la pelle, tout ça grouillant dans un milieu abject et sordide.

Chassé-croisé infernal, canevas serré et impitoyable, le roman est épuisant à suivre, mais aussi absolument bluffant. On s'y perd un peu, c'est sûr, mais le rythme vif du récit nous rend tout bonnement accro. Je suis sortie de cette lecture complètement éreintée, et honteuse de ma fascination morbide. Quelque part, ce livre m'a fait penser à la série de films - Destination finale - dans lesquels les personnages se débattent pour contrer leur destin, auquel ils ne pourront JAMAIS y échapper. C'est flippant, flippant, flippant.

Ce cher monsieur Thilliez se donne à coeur joie dans la description de scènes nauséeuses, de quoi heurter la sensibilité des lecteurs, je constate surtout que c'est de plus en plus une marque de fabrique chez nos auteurs français (Maxime Chattam, Karine Giebel...). Dans l'entretien accordé à l'équipe d'Audiolib, Franck Thilliez explique que c'est probablement dû à l'influence des films comme Seven ou Le silence des agneaux. En clair, nous appartenons à une génération marquée au fer rouge, en quête d'émotions fortes, et qui pousse à bout cet attrait pour l'inexplicable. Tant pis, j'assume. ;o)

Audiolib, février 2009 - texte intégral lu par Philippe Allard (durée : 13h 30) / ** merci Bladelor pour le prêt ! ** / en format poche chez Pocket, janvier 2011 pour la présente édition

Note sur l'Audiolib : L'interprétation toute en tension de Philippe Allard accompagne l'auditeur dans cette vertigineuse plongée dans un temps devenu réversible. Suivi d'un entretien exclusif avec l'auteur.

3 mars 2014

[GATACA], de Franck Thilliez

IMG_0690

À la suite des événements douloureux survenus dans Le Syndrome E, l'auteur ne s'embarrasse pas de détails et continue de nous infliger les pires tourmentes avec ce roman. D'entrée de jeu, ça fait mal. Les personnages ne sont pas à la fête, le lecteur non plus, tout le monde est éprouvé et encaisse avec amertume l'enchaînement des nouvelles. Puis, intervient le début d'une nouvelle enquête policière (le meurtre d'une étudiante, spécialiste de l'évolution), Sharko est dans les rangs, même s'il n'est plus que l'ombre de lui-même...

Cette affaire va à la fois le rebooster et lui en faire voir de toutes les couleurs, le renvoyant même à un passé trop douloureux, car trop neuf. Pourtant, cela lui offrira l'occasion de retrouvailles inespérées, mais dans des circonstances maladroites et poignantes. Sharko va risquer gros pour cette enquête, mettant en péril sa carrière déjà bien vacillante. Tant pis, il sait qu'il doit aller jusqu'au bout, franchir la ligne jaune. Difficile de trop en dévoiler pour ne pas spoiler l'intrigue, c'est terriblement frustrant !

Quoi qu'il en soit, j'ai davantage apprécié ce roman que j'ai trouvé bouleversant - Lucie est un personnage qui ne cesse de me toucher - mais aussi diablement maîtrisé, à proposer mille pistes qui vont toutes se recouper dans la dernière ligne droite. C'est bien fichu, tendu au cordeau, on ne s'ennuie pas. Et même les longues théories scientifiques ne m'ont pas paru trop pesantes (ou il m'a fallu alterner avec le roman, car la lecture orale atteint parfois ses limites, mon attention avait tendance à s'envoler...).

Bref, c'est une lecture habile, redoutable, particulièrement stressante, très forte sur les émotions ressenties (sauf concernant le couplet des amants maudits). Cela m'a beaucoup plu, en dépit du fait que l'auteur ne fait jamais dans la dentelle et semble prendre un plaisir sadique à malmener ses personnages. Gataca clôt un dyptique fascinant sur l’origine de la violence. (Comment a-t-elle évolué depuis les premiers hommes jusqu'à nos civilisations modernes ? Par quel biais s'est-elle propagée ? Génétique ou culturel ?)

Audiolib, juin 2011 - texte intégral lu par Michel Raimbault (durée d'écoute : 18h 17) / en version papier chez Fleuve Noir ou Pocket

Comme il l’avait fait dans Le Syndrome E, Michel Raimbault maintient jusqu'à son terme l’angoisse que fait naître l’analyse de la barbarie inhérente à la condition humaine.

17 janvier 2014

La maison des secrets, Tome 4 : Une mystérieuse disparition, par Jacqueline West

IMG_0420

Nous sommes déjà au quatrième et avant-dernier tome de la série, inutile de vous préciser que l'étau se resserre pour Olive Dunwoody, en prise avec les maléfiques McMartin. Ces derniers veulent coûte que coûte récupérer la maison qu'occupent Olive et ses parents. Il semblerait qu'ils aient procédé à la ruse ultime en enlevant ces derniers, mystérieusement disparus le soir d'Halloween. La fillette est dépitée.

Bien qu'entourée par ses fidèles amis, Rutherford et sa grand-mère, le jeune Morton et aussi les trois chats qui parlent, Olive veut prendre seule ses décisions et agir au plus vite tellement elle se fait du souci. De plus, Olive se méfie de l'arrivée des trois nouveaux venus à Linden Street, le couple Delora et Byron Widdecombe, et leur neveu Walter, pourtant membres actifs de la lutte contre la magie noire.

Mais à force d'être désespérée, Olive est capable de prendre tous les risques, d'accepter tous les sacrifices pour sauver ses parents, et forcément cela attire les esprits les plus fourbes et pernicieux. Attention, attention, un vent de panique va souffler sur les pages du livre et semer la zizanie ! L'intrigue s'enveloppe ainsi d'une certaine épaisseur, le climat est plus lourd, plus flippant. C'est du moins ce qu'un jeune lecteur (9-12 ans) ressentira pour son plus grand plaisir.

Cette série s'inscrit parmi les meilleures, dans son créneau, sur le marché actuel. Elle propose un condensé d'émotions fortes, goupillant du mystère, de l'amitié, de la magie, du courage, de la solidarité, de la roublardise, du danger et de l'humour. C'est toujours écrit avec élégance et les dessins confèrent un charme noir et pénétrant très appréciable ! Oui, j'aime beaucoup cette série.

Seuil jeunesse, octobre 2013. Traduit par Raphaële Eschenbrenner, illustré par Poly Bernatene.

5 mars 2014

ATOM[KA], de Franck Thilliez

IMG_0709

Je n'allais pas lâcher Sharko et Lucie en si bon chemin, et me suis donc plongée dans cette nouvelle histoire avec empressement. Nous sommes à quelques jours de Noël, presque deux ans après la fin de Gatacales deux flics bossent désormais ensemble au 36, quai des Orfèvres. Le corps d'un journaliste vient d'être découvert chez lui, dans son congélateur. Sa collègue, également une journaliste d'investigation, est portée disparue. Un gamin errant est retrouvé dans la forêt, mutique et portant des traces de sévices. Sans identité, il a dans sa poche les coordonnées de la journaliste aux abonnés absents.

Encore une sale affaire en perspective ! La brigade est à cran, elle avance dans ses recherches avec tact et fait face à des découvertes sidérantes et invraisemblables. Certes, le titre dévoile en partie qu'il sera question de nucléaire, avec pour spectre les ravages de Tchernobyl et ses sinistres conséquences. L'histoire fera remonter à la surface l'idée d'un vaste complot impliquant les sphères politiques, scientifiques et humanitaires, avec une petite pensée à Hibernatus, mais n'en dévoilons pas davantage ! On peut juste constater que nos flics ont décidément le chic pour débusquer des crimes horribles, qui leur font voir du pays !

L'histoire nous emmène également sur un terrain beaucoup plus personnel. Nous retrouvons une Lucie à fleur de peau, obsédée par son désir de tomber enceinte, tandis que Sharko n'ose pas lui avouer qu'il passe une batterie d'examens médicaux pour satisfaire sa demande. Ces silences et non-dits mettent le couple en péril, oui, toujours et encore, malgré toutes les épreuves traversées ensemble... Fait plus grave, l'individu qui cherche à pourrir la vie de Sharko, entraperçu dans Gatacaest de retour, bien déterminé à mener son projet machiavélique jusqu'au bout. Le commissaire est au taquet ! À tel point qu'on se demande dans quel état on va le récupérer à la fin !?

On peut dire que Thilliez tisse sa toile sur tous les fronts, d'abord en instaurant une relation de confiance et de complicité entre le lecteur et ses personnages - on les aime, Sharko et Lucie ! Puis, il se sert toujours de ses intrigues scabreuses pour faire passer des messages, sur le nucléaire en l'occurrence. En fournissant un important travail de documentation, l'auteur a à coeur de traverser les consciences et d'inviter le lecteur à réfléchir plus loin que le thriller qu'on vient d'ingurgiter et apprécier à sa juste valeur. Très bon, très stimulant ! 

Audiolib, décembre 2012 - texte intégral lu par Michel Raimbault / en version papier aux éditions Fleuve Noir (sept. 2012) ou en format poche chez Pocket (oct. 2013)

Fasciné par les romans de Franck Thilliez, dont il a déjà lu pour Audiolib Syndrome E et GATACA, Michel Raimbault donne ici une interprétation haletante de ce roman où science et suspense se mêlent avec une égale rigueur.

14 février 2014

Anna et le French kiss, de Stephanie Perkins

IMG_0623

Voilà un joli petit roman pour illuminer quelques heures de lecture, un roman facile, franchement pas prétentieux, plutôt timide et gentillet, mais surtout délicatement mielleux. L'histoire nous parle d'une jeune américaine, Anna, qui part vivre à Paris. Inscrite pour une année scolaire, la demoiselle a du mal à prendre ses marques mais parvient à se glisser doucement au sein d'une bande de potes très attachante. Parmi eux, il y a Etienne St-Clair et là on a tout dit !

Franco-américain, ayant grandi à Londres, le garçon est sûr de lui, sûr de son charme, généreux, compatissant, attentif et dévoué. Tout de suite il prend sous son aile la craintive Anna et l'embarque dans des virées parisiennes, à l'écart des circuits touristiques (le livre est tout de même chargé de clichés et offre une image idyllique de la capitale française, après tout il faut vendre du rêve aux américains, qui ont tout gobé !). Pour ma part, j'ai été plus détachée. À tel point que je me suis complètement mise en retrait.

L'histoire est mignonne, mais avouons qu'il ne se passe pas grand-chose non plus. On passe la plupart du temps à s'enthousiasmer pour des anecdotes futiles, des situations attendues, des tours de passe-passe prévisibles, des psycho-drames exagérés, limite poussifs, bref j'étais finalement un peu surprise par la teneur de l'intrigue ! Anna et Etienne deviennent très proches, des amis complices, inséparables, mais disons que le garçon a déjà une copine, et puis “c'est compliqué”, vous savez... Hmm, j'ai trouvé ça tellement, tellement cliché !

Ceci dit, cela restera une lecture charmante, délectable et très séduisante... mais pas pour moi. J'ai été un peu déçue, car j'en avais trop espéré. Le couple vedette n'a pas su me convaincre, les types casés pour éviter la solitude, non merci, et que de naïveté ! Il en faut pour tous les goûts, c'est ainsi, j'avais envie de découvrir ce roman depuis quelques années, c'est fait, je ne regrette pas, mais l'étincelle n'a pas eu lieu. Tant pis.

La Martinière J., Février 2014 - traduit par Camille Bocquillon. Illustration de couverture : Hubert Van Rie

4 avril 2014

Destiny, Tome 3 : La cascade aux murmures, par Toni Blake

destiny3

Je prolonge mon séjour à Destiny, pour y faire la rencontre de Lucky Romo, le petit frère de notre flic préféré (Mike, vu dans À l'ombre des pommiers), de retour au bercail après 16 ans d'absence ! Whoo, un retour qui s'annonce rock-n-roll, tant le jeune homme traîne un passé auréolé de mystères et d'interdits ! Certes, le type est grand, baraqué, tatoué, portant les cheveux longs et conduisant une grosse moto. Et il vient d'emménager à côté de la petite maison de Tessa.

Tessa, voyons... Jeune femme douce, attentionnée, mais fragile. Atteinte d'une maladie chronique (Crohn), elle est souvent affaiblie par des crises qui la clouent dans son fauteuil, lui faisant broyer du noir. Aussi, a-t-elle décidé d'en finir avec cette sensation de susciter la compassion des gens, elle veut vivre, s'éclater, en profiter... et pourquoi pas s'offrir une aventure sans lendemain dans les bras d'un homme sexy en diable ? Son voisin, par exemple.

C'est le monde à l'envers, cette fois c'est la jeune femme qui cherche à briser la retenue d'un type décidé à se racheter une conduite et ne plus céder aux sirènes d'une vie dissolue, aussi redouble-t-elle d'efforts pour lui faire tourner la tête, quitte à jouer les prétendues filles à motards, avec tenue affriolante du plus mauvais goût, ou séance de bronzage en bikini dans le jardin, sous le nez du voisin. On n'y croit pas-du-tout !! Toutes ces scènes cocasses, et pour certaines clairement inspirées de Sons of Anarchy, permettent l'éclosion d'une relation tendre et touchante, mais beaucoup moins excitante que celle de Mike et Rachel. 

Cela reste une série géniale, très divertissante, avec des personnages tous attachants. D'autres livres sont disponibles, mais seulement en VO, l'éditeur français ayant estimé que ça ne valait pas la peine d'en découvrir plus sur Sue Ann, Logan, Amy, Adam, Duke et Anna... Encore la preuve du manque de considération pour le lecteur... Dommage !

J'ai Lu, coll. Promesses, septembre 2013 - traduit par Véronique Fourneaux

27 mars 2014

Body Finder, de Kimberly Derting

IMG_0782

Roman pour ados par excellence, Body Finder mêle romance et intrigue policière avec dextérité et parvient à captiver le lecteur d'un bout à l'autre ! Sa force ? Des personnages authentiques, vrais, attachants, maladroits et encombrés des problèmes de leur âge. Violet et Jay se connaissent depuis l'enfance, ils sont inséparables, et pourtant, pour la première fois, Violet ressent pour lui une attraction indescriptible, mais puissante. Elle en est toute chamboulée, balbutiante, rougissante, bref elle n'est plus qu'une pâle copie d'elle-même.

Jay, lui, est désespérément craquant. La coqueluche des filles de l'école. Ce qui a le don d'exacerber la jalousie de Violet. Il faut les voir, ces deux-là, s'embarrasser de malentendus et de non-dits, prendre la mouche pour des broutilles... Puéril, dites-vous ? Que nenni, c'est charmant, et puis les ados s'y retrouvent et adorent cette situation confuse où l'amitié et l'amour s'embrouillent avec allégresse. À côté de ça, nous avons une intrigue policière qui picote sur l'épiderme, des jeunes filles sont enlevées à une fréquence de plus en plus stressante, Violet a la capacité de retrouver les corps (fumées multicolores, airs mélodieux, odeurs persistantes...), sûr que cet héritage familial n'est pas le cadeau le plus excitant, considérant aussi qu'il place la jeune fille au coeur d'une enquête à risques !

Petit coup de stress lorsqu'on découvre le tueur, qui scrute et cible sa proie, et agit en toute impunité en sein de la communauté, sous la complicité du lecteur impuissant... une mise en abîme particulièrement habile et redoutable ! En somme, voilà un premier roman qui réussit son objectif de divertir et embringuer un lectorat jeune, avide d'émotions et de sensations fortes. Une jolie révélation.

PKJ ♦ Août 2013 ♦ Traduit par Marion Tissot 

14 avril 2014

Monster, de Patrick Bauwen

IMG_0827

Médecin urgentiste dans une petite ville de Floride, Paul Becker accueille un drôle de type que vient d'arrêter son ami policier, Cameron Cole, mais l'individu tente de s'échapper, retourne le cabinet puis est embarqué sans ménagement, laissant derrière lui un téléphone portable. Lorsque celui-ci sonne, Paul répond bêtement et bascule alors dans le terrier du lapin d'Alice !

Un inconnu le menace, son épouse et son fils disparaissent, son père surgit du passé, un enfant est kidnappé, un réseau pédophile est mis à jour, la police est sur les dents, Paul est soupçonné, il doit fuir, se cacher et affronter une force invisible, mais déterminée à lui rendre la vie infernale. Pourquoi, comment ? Bah, c'est ce qu'on se demande aussi.

Cela paraît gros, aberrant, trop facile et attendu, mais c'est paramétré exprès pour agripper le lecteur et rendre le récit happant, inquiétant et accrocheur. Cela se lit vite et bien, dans un registre divertissant, avec sueurs froides et pis tout ça. Par contre, ce n'est pas non plus aussi stupéfiant ni saisissant qu'on aurait pu le croire (trop de critiques dithyrambiques !), j'en avais certainement trop espéré, et au final j'ai trouvé ça limite présomptueux.

À la technique, c'est Antoine Tomé qui lit cette histoire aux allures cauchemardesques et aux ambitions vertigineuses. Il joue subtilement le jeu lorsqu'il se contente d'être le narrateur externe, car dès lors qu'il interprète les voix et les dialogues, au secours, c'est une horreur ! On se croirait dans un dessin animé au doublage ridicule, c'est franchement risible, insupportable et très décevant. 

Audiolib, janvier 2009 ♦ texte intégral lu par Antoine Tomé (durée : 14h 22) ♦ éditions Albin Michel, 2009 ♦ Prix Maison de la Presse

13 mars 2014

La Tour Eiffel a des ailes, de Mymi Doinet et Aurélien Débat

IMG_0706

L'histoire a déjà fait l'objet d'une première édition dans la collection des Premières lectures (janvier 2009) chez Nathan. Elle bénéficie aujourd'hui d'un nouveau format, celui de l'album, pour élargir son cercle des lecteurs et rendre encore plus éclatante l'histoire au ton si délicieusement facétieux.

Imaginez, en effet, la grande dame de fer se faire la malle pendant que les parisiens sont endormis, elle vadrouille dans les rues de la capitale, court à perdre haleine et se rend même jusqu'en Normandie où elle s'écroule de fatigue à l'embouchure de la Seine ! En deux, trois enjambées,  dès potron-minet, elle reprend sa place et ses honneurs, sous l'oeil complice des oiseaux de passage. 

C'est charmant et adorable à lire, à parcourir, à raconter ! J'ai testé auprès d'un jeune public... conquis par la luminosité, la tendresse et la drôlerie de l'histoire. Rien que la couverture m'avait déjà donné envie de découvrir cet album. Une très jolie réussite, vraiment.

Nathan, mars 2014

IMG_0707

9 avril 2014

Les Suprêmes, par Edward Kelsey Moore

IMG_0831  heart

Totale surprise encore une fois, ce roman s'est offert à moi avec sa couverture craquante et la promesse d'un rendez-vous à mi-chemin entre La couleur des sentiments (pour la communauté noire) et les Beignets de tomates vertes (pour la bande de copines inséparables et attachantes). Sans me douter du reste, je me faisais une joie d'aller au-devant de cette découverte. Et effectivement, j'ai adoré l'histoire de ces trois femmes extraordinaires.

Odette, Clarice et Barbara Jean ont grandi dans le même quartier populaire de Plainview (Indiana) dans les années 60 et ont très tôt instauré des petits rituels sacrés, comme le rendez-vous dominical chez Big Earl, à leur table attitrée, près de la baie vitrée. C'est tout aussi naturellement qu'elles ont été surnommées les Suprêmes, en hommage au groupe de Diana Ross, puisqu'elles sont apparues comme des filles intouchables, mais fascinantes.

Trois filles aux personnalités dissemblables mais complémentaires, et aux choix de vie souvent discutables, mais jamais discutés. « Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n'était pas mérité. » Aussi, lorsque Odette, le pilier du groupe, découvre qu'elle est malade, ses amies aussi décident de revoir leur existence soit en virant un mari trop volage ou en cessant de noyer un vieux chagrin d'amour dans l'alcool (de la vodka bue dans une petite tasse en porcelaine, avec un exemplaire de la Bible ouvert sur les genoux !). 

J'ai ressenti un formidable élan de tendresse, de sympathie et d'affection pour les Suprêmes et leur petit monde de maris, de voisins, de cancans, de sermons, de blagues, de fantômes, de légendes, de coups durs, de grandes joies, de secrets et d'envies... Un joli univers, bouillonnant de vie et d'humanité. On sourit beaucoup, parfois on a le cœur gros, mais c'est juste un trop-plein d'amour. Cela déborde de partout, c'est touchant, léger, doux et attendrissant. Difficile à résumer, mais cette lecture est un remède miracle contre les petites baisses de régime et autres sensations vagabondes.

Actes Sud, avril 2014 ♦ traduit par Cloé Tralci, avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson

25 avril 2014

L'accro du shopping dit oui, de Sophie Kinsella

Accro dit oui

Un épisode 3 incontournable pour ses scènes cultes comme le mariage de Suze, la demande de Luke, la ruse finale, le mariage féérique, le bouquet de fleurs qui parle, la précieuse bonhomie des parents de Becky, les délires de Danny, la naissance de Baby Tarquin, etc. Il faut bien rebondir pour ne pas réaliser que l'histoire n'est plus un étourdissement sans fin de dépenses compulsives ! En fait, Becky est confrontée à un autre dilemme : une double organisation de mariage, deux rêves impossibles à conjuguer. Mais impossible n'est pas Becky !

Le roman s'échinera à raconter comment elle va réussir à slalomer entre les deux, puisque Becky est attirée par les deux perspectives, le glamour, le strass, les paillettes, son rêve de petite fille... mais justement elle ne veut pas non plus décevoir ses parents !! Et en matière de fantasmes à dormir debout, de vérité édulcorée, de petits mensonges pour arrondir les angles, Becky en connaît un rayon. Ce ne sont plus ses dettes qu'elle doit éponger, mais la susceptibilité de ses proches. Mouhahaha.

On a beau soupirer, souffler et pester, on lui pardonne tout ! Becky figure parmi ces héroïnes dont on excuse les frasques, même les plus chichiteuses. C'est comique et carrément exagéré, mais ça permet de détendre l'atmosphère. Car l'histoire met à jour la relation malsaine entre Luke et sa mère, et là c'est le drame, on ne le comprend plus, Luke devient décevant, fuyant, aveugle... pitié, non ! Malgré tout, on s'amuse du début à la fin, cette série est à déguster pour le plaisir, comme une friandise, à mâchouiller en déculpabilisant. De plus, les atermoiements de Becky sont une façon de rappeler l'essentiel de la vie, avec ses valeurs fondamentales (la famille, les amis, etc.). ☺

Pocket ♦ juillet 2010 ♦ traduit par Christine Barbaste pour les éditions Belfond ♦

16 avril 2014

Cocktail Club, de Madeleine Wickham

cocktail club

Trois copines, Roxanne, Candice et Maggie, se donnent chaque mois rendez-vous au Manhattan Bar pour avaler cocktails et rires afin de les soulager d'une pression professionnelle, ou sentimentale, trop appuyée. Ce soir-là, Candice reconnaît la serveuse, une certaine Heather, car son père aurait spolié sa famille des années plus tôt. Candice décide sur un coup de tête de racheter la conduite de son père et propose à Heather de venir bosser dans leur magazine de mode. Roxanne et Maggie trouvent son attitude précipitée et irréfléchie, mais sont trop accaparées par leurs propres soucis pour y interférer.

Roxanne vit une liaison amoureuse avec un homme marié depuis des années et sent une immense lassitude s'installer en elle. Maggie est heureuse, mariée, enceinte, prête à accoucher. Son mari et elle ont acheté une propriété à la campagne, mais Maggie va vite perdre la tête loin de la frénésie londonienne, avec un bébé sur les bras et la seule solitude pour ligne d'horizon. Ces trois-là, qui avaient toujours pu compter les unes sur les autres, ne vont plus se comprendre et leur amitié va partir en cacahuète.

J'ai été un peu déçue par ce livre, qui se lit pourtant très vite, sans réel déplaisir. Sophie Kinsella, qui signe sous le pseudonyme de Madeleine Wickham, se détache de son habituel sens de l'humour pour une histoire assez banale et tristoune. En vrai, ses personnages ne sont pas très attachants, à commencer par Candice, qui lâche ses vieilles copines pour une fille qu'elle vient juste de rencontrer. Une fille aux agissements douteux, qui rumine sa vengeance avec perfidie. Comment s'apitoyer sur le sort de Candice ?! Impossible. Mais le comble, c'est qu'elle s'en tire vraiment bien à la fin. Grr !

En somme, j'ai trouvé l'histoire trop classique, trop commune, trop policée, trop gnan-gnan, manquant cruellement d'humour, d'espièglerie, de second degré... Trop de petits détails qui agacent (haro sur l'aveuglement de Candice, les faux coups d'éclat de Roxanne, son orgueil mal placé, Maggie qui boit de l'alcool à neuf mois de grossesse...). Ce livre est à réserver aux inconditionnels de l'auteur, sans se départir de tout sens critique... ☺

Pocket, Septembre 2013 ♦ traduit par Marion Roman pour les éditions Belfond

16 avril 2014

16 ans, Total fiasco par Sue Limb (Jess Jordan # 5)

IMG_0858

Ce livre figure juste avant 16 ans: S.O.S Chocolat !, qui a été traduit bien avant celui-ci, un choix éditorial que je ne comprends pas du tout... L'histoire fait état de la relation tendue entre Jess et Fred à l'occasion d'une soirée dansante qu'ils organisent pour une œuvre caritative. Mais à part les invitations déjà lancées, le couple n'a ni groupe, ni buffet, ni cagnotte (perdue), ni sketch. Le Bal du Chaos, au titre tristement prémonitoire, s'annonce un véritable fiasco.

Tandis que Jess multiplie énergie et efforts pour sauver leur projet, Fred a une attitude très bizarre, silencieux, il ne cesse d'esquiver sa petite copine, évitant tout dialogue. Jess, évidemment, est en pétard. Excédée de devoir tout gérer, accusant un stress pas possible, elle se sent seule au monde ! Chez elle, c'est le défilé des prétendants depuis que sa mère s'est mise à draguer sur internet. Comble du comble, le père de Jess se pointe à la maison, deux valises sous le bras, le moral à zéro.

Ce cinquième tome nous prépare à une issue inévitable, puisque le couple vedette est dans l'impasse, la série change de ton et ne se contente plus de sauver les apparences dans un grand éclat de rire. Jess et Fred traversent une crise, une vraie, ou c'est le signe d'un changement, d'une nouvelle ère. L'auteur a le bon goût de nous y amener en douceur, même si ça nous rend d'humeur chagrine. Ce sont finalement les parents de l'adolescente qui vont nous régaler de leurs péripéties... ça change !

Surtout, lisez ce livre juste après 16 ans, franchement irrésistible et avant 16 ans: S.O.S Chocolat !, l'ordre de parution VF a été inversé !!

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, Avril 2014 ♦ traduit par Emmanuelle Casse-Castric

19 avril 2014

Tout finit par un baiser ! de Kate Klise

IMG_0859

Un roman frais, charmant, qui se lit en deux bouchées et nous fait vivre une folle histoire de rencontres amoureuses entre deux adolescents et leurs parents célibataires !

Coco et Webb échangent par mégarde leur bagage à l'aéroport. Ni une ni deux ils foncent tête baissée et s'envoient des mails déjantés, impertinents et enlevés, tandis que de leur côté les parents (qui se sont aussi croisés dans l'avion) se frôlent et échangent des regards en coin, réfléchissant à deux fois avant de faire le premier pas. Quel drôle de micmac, je n'ose pas trop en dévoiler, mais j'ai adoré l'histoire dessinée entre les adolescents (« l'Amour à l'ère post-numérique »). Ils sont décomplexés, prêts à mordre la vie à pleines dents, jouant du destin, et des parents, inventant mille et une excuses et débordant d'une imagination folle, trop folle !

Le roman se pose ainsi comme une conception moderne et enjouée des rapports amoureux d'aujourd'hui, à travers quatre perspectives et points de vue alternés. C'est léger, comme une comédie romantique, avec tout le tralala attendu (humour, naïveté, quiproquos et situations invraisemblables). La fin est tarte, mais elle ferme la marche d'un rendez-vous gentillet, charmant et sans prétention.

Albin Michel, coll. Wiz, avril 2014 ♦ traduit par Dominique Kugler

20 mars 2014

Touch, par Jus Accardo

Deznee, 17 ans, vit seule avec son père, depuis la mort de sa mère. Un soir, elle tombe sur un garçon étrange, au détour d'une de ses balades nocturnes. Kale se révèle plus bizarre qu elle ne le pensait. Il évite tout contact avec Deznee, comme s'il craignait de la réduire en poussière au moindre frôlement... Lorsque le père de Deznee se retrouve nez-à-nez avec Kale et qu'il dégaine une arme, Deznee décide de fuir. 

IMG_0772

Le roman démarre en fanfare, avec action, suspense et sarcasme en un tour de main, avant d'enchaîner sur des révélations et autres rebondissements qui en laisseraient d'autres pantois. Un seul credo : encore et toujours plus ! Amis lecteurs, pas de temps mort au programme ! Par contre, ça tourbillonne à tous les étages, même l'héroïne semble agir sur l'instinct, sans réfléchir, quitte à faire n'importe quoi, avec n'importe qui. Résultat, on se sent vite essoufflé par tant d'excès, trop de rythme, aucun liant et très peu d'émotion ! À moins de considérer les interludes romantiques entre Deznee et Kale comme une bouffée d'air frais...

Kale a pour particularité de ne pas pouvoir toucher les autres, à moins de les réduire en cendres. C'est “son don”. Il a aussi toujours vécu dans un Centre et est totalement ignorant sur pas mal de choses (sexuelles, sensuelles, sentimentales, amoureuses, et tout le baratin !). Aussi, chacune de ses découvertes est un mélange d'éblouissement, de naïveté, d'enchantement et de possession maladive. C'est niais, mais plutôt bon enfant (comme son obsession avec la main de Dez). Adorable, oui, oui... 

En somme, j'ai trouvé cette lecture sympathique, avec sa bonne dose de stress et ses petites couches de miel trop sucré, mais hélas elle n'offre rien de nouveau non plus (me rappelle trop X-MenLa ligue des justiciers, ou aussi Insaisissable de Tahereh Mafi et la série Amnesia de J. Rush). J'aurais aimé l'apprécier à sa juste valeur, mais je suis un peu déçue par son manque d'originalité.

Albin Michel, coll. Wiz, mars 2014 - traduit par Frédérique Fraisse

8 avril 2014

Teaser Tuesday #56

IMG_0799

“ Billy vint s'asseoir à côté de moi et me tendit une coupe de champagne. Je la pris comme si j'avais l'habitude de me voir offrir ce genre de chose - merci chéri ! Ce n'est pas de refus ! Une gorgée de ce breuvage et je me sentis violemment, brillamment vivante. Le jardin même en fut soudain grandi, les branches du vieux cerisier sous lequel nous étions assis semblaient nous étreindre. Nous mangions sur la vieille table en fer rouillé, dont les quatre pieds se terminaient en pattes de lion, et je sentis l'herbe encore tiède s'infiltrer entre mes doigts de pied, tandis que le papillotement des bougies posées au milieu de la table par Matilda projetait une clarté douce, mutine, qui mettait sur nos visages des ombres surprenantes.
« Je ne plaisantais pas quand je t'ai proposé de faire un disque, dit-il.
- Vraiment ? » Ma voix me parut aiguë, anxieuse et excitée à la fois. Je vis du coin de l'oeil un hibou fantomatique s'envoler d'un hêtre pourpre, tout au bout de la pelouse.
« Absolument.
- Vas-y, le pressa Matilda. Fais-leur part de ton idée. 
- Quelle idée ? demanda Lucy d'un ton sec.
- Bon, voilà. Si vous veniez toutes les deux passer un petit moment à Londres ? »
Je regardai Lucy et elle fronça les sourcils. ”

Londres par hasard, par Eva Rice ♦ éditions Baker Street, septembre 2013 - traduit par Martine Leroy-Battistelli ♦   

... une lecture à picorer en toute félicité, je risque de ponctuer les pages du blog avec d'autres extraits ! ☺

Publicité
Publicité
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité