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Chez Clarabel
16 avril 2016

Super JC, de Jean Leroy & Marie-Anne Abesdris

Super Jc

En trouvant dans le grenier la collection de vieux comics de son père, Jean-Christophe se prête à rêver de devenir un superhéros à son tour. C'est entendu, appelez-le Super JC. En tant que superhéros, il n'a naturellement plus le temps de jouer avec sa petite sœur ou de faire un câlin à sa maman, il doit s'entraîner, s'entraîner, s'entraîner. Devenir le plus fort, le plus costaud, le plus rusé. Dès le lendemain, à l'école, il met en application ses acquis en provoquant en duel Rodolphe le Brutal. Oh non... Super JC a surestimé ses capacité, et le voilà en train de mordre la poussière ! Quelle humiliation. Heureusement Wonder Romane vient à la rescousse. Toutes les filles de l'école se réunissent alors autour de lui pour clamer ses mérites et vanter la non-violence. La musique, c'est tellement plus cool. Sur ce, Super JC range sa panoplie de justicier au placard et l'échange contre sa guitare qui fera de lui un super musicien (et la coqueluche des filles) maintenant. Un texte court, joliment illustré, pour une histoire sur les héros d'aujourd'hui qui brillent autrement que par leurs gros bras et qui assument pleinement leur sensibilité. Une lecture tendre et drôle comme il faut, truffée d'illustrations rigolotes.

Mouche de L'École des Loisirs, août 2015

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25 mai 2016

La Poule qui avait pondu un boeuf, de Christian Oster & illustré par Jean-Luc Englebert

La poule qui avait pondu un boeuf

Branle-bas de combat à la ferme ! Denise la poule vient de pondre un bœuf. Oui, un bœuf. Gros, gras, imposant. Passablement niais et interloqué. On croit rêver. Denise fait aussitôt appel à son amie Marge, qui a une théorie à ce propos. Denise a probablement avalé un B avant de pondre un bœuf, car tout le monde sait que le B devant l'œuf donne un bœuf. Voyons, voyons... Aurait-elle avalé une banane ou un bouillon ? De la brioche, de la betterave, du beurre, de la biscotte, des bigorneaux ? Non. Juste du blé. C'est déjà une piste ! Tous les trois partent ainsi à travers la campagne pour mener leur enquête. En chemin, rien d'anormal... jusqu'à ce qu'ils croisent un fermier en train de s'époumonner Hue ! hue ! devant son attelage inexistant. Son histoire réserve encore de belles surprises à nos enquêteurs en herbe et peut-être aussi la solution à tous leurs problèmes. Cette lecture revisitée et à l'humour farfelu, dont Christian Oster se fait le spécialiste, se lit avec des yeux ronds comme des billes et un sourire jusqu'aux oreilles. C'est certes invraisemblable et tiré par les cheveux, mais ce zeste de fantaisie interpelle à juste titre les plus jeunes, qui débutent en lecture, et qui vont se triturer les méninges avec cette leçon de B qui rend un œuf bœuf (et inversement) ! Très drôle, simple, efficace, avec des illustrations de Jean-Luc Englebert aussi cocasses et tendres pour accompagner cette promenade bucolique. Une valeur sûre, toujours. 

Mouche de L'École des Loisirs, mai 2016

30 mai 2016

Territoires, d'Olivier Norek

Territoires

À Malceny, dans le 93, on est habitués aux règlements de comptes. Mais un nouveau prédateur est arrivé en ville et, en quelques jours, les trois plus gros caïds du territoire sont exécutés. Le capitaine Coste et son équipe vont devoir agir vite, car leur nouvel ennemi s'implante comme un virus dans cette ville laissée à l'abandon, qui n'attend qu'un gramme de poudre pour exploser. Une ville où chacun a dû s'adapter pour survivre : des milices occultes surentraînées, des petits retraités dont on devrait se méfier, d'inquiétants criminels de 12 ans, des politiciens aveugles mais consentants, des braqueurs audacieux, des émeutiers que l'État contrôle à distance de drone. Et pendant ce temps, doucement, brûle la ville. 

En vérité, j'ai longtemps hésité avant de lire un roman d'Olivier Norek, en dépit des appréciations ultra positives des libraires et autres lecteurs. Le cocktail banlieue-93-magouille-émeute ne m'attirait pas franchement. Et puis, j'ai eu l'occasion d'entendre l'auteur (charmant) et j'ai été conquise. N'ayant pas trouvé Code 93 en rayon, j'ai reporté mon choix sur le suivant, Territoires, et je ne regrette pas du tout de lui avoir donné une chance. C'est en effet un très bon roman policier, efficace, conduit sans esbroufe, avec juste quelques scènes bien choquantes (le chat dans le micro-ondes... brrr!), avec des personnages ordinaires et attachants, des flics qui tentent de mener une vie de famille, de se lancer dans une relation amoureuse ou de résister aux appels des sirènes, tout en se dévouant à leur travail qu'ils ont choisi par conviction. Le contexte également est actuel, sans effet de manche, ni discours fallacieux. L'auteur parle en connaissance de cause, mais sans paraître pompeux ou donneur de leçon. Le monde n'est ni tout noir, ni tout blanc, mais bel et bien gris. Et si certaines révélations dans l'histoire s'avèrent authentiques, c'est à vous dégoûter de l'administration et des grosses têtes de ce pays. Une lecture que je recommande. 

Pocket Thriller, octobre 2015

Texte lu par François Montagut (durée : 8 h 56)

Territoires | Livre audio

En exclusivité sur Audible FR - uniquement disponible en téléchargement.

10 juin 2016

Le Secret de la Manufacture de chaussettes inusables, d'Annie Barrows

LE SECRET DE LA MANUFACTURE DE CHAUSSETTES INUSABLE

Fâchée avec son sénateur de père, qui souhaitait la fiancer contre son gré, Layla Beck accepte le premier job venu - écrire l'histoire de Macedonia, une petite ville de Virginie-Occidentale, pour le compte d’une agence gouvernementale. Contre toute attente, cette expérience va s'avérer grisante et pleine de surprises ! Layla s'installe chez les Romeyn, dans la moiteur d'un été caniculaire, et découvre chez cette famille un passé cerné d'ombres et de fantômes. À force de fouiller dans les archives de la ville et les anecdotes des habitants, la jeune femme va se connecter avec un secret familial, doublé d'un drame sentimental, qui a plongé Jottie, son frère Félix et leurs proches dans un silence pesant et expliquerait leur mode de vie engourdie.

Ce roman, très attendu depuis que j'avais été enchantée par Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, co-écrit par Annie Barrows et sa tante Mary Ann Shaffer, ne lui arrive sans doute pas à la cheville, mais offre malgré tout un instant de lecture absolument réjouissant. L'histoire nous balade gentiment à travers les rues de Macedonia, en compagnie d'une brochette de personnages attachants, qui se plaisent à colporter toutes sortes de fables et dressent ainsi un tableau de la ville particulièrement cocasse. On se sent vite comme un coq en pâte, pas mécontent de notre visite. À côté de ça, le secret de la famille Romeyn nous taraude. Et c'est grâce à la curiosité insatiable de la jeune Willa, douze ans, que certains mystères du passé vont se lever. Pourquoi Jottie se refuse d'aimer à nouveau ? que fabrique Félix dès lors qu'il s'échappe de la maison pour revenir les poches pleines d'argent ? quels mensonges Vause Hamilton a-t-il emportés dans sa tombe ? qu'est-ce qui a pu briser leur amitié avec Sol McKubin ?

Même si le rythme est lent et le roman copieux, la lecture n'inspire aucun ennui. Au contraire, j'ai été charmée par l'ambiance, captivée du début à la fin. J'avais l'impression de décrocher avec la réalité qui m'entourait pour voyager dans un décor dépaysant mais chaleureux. Cela m'a beaucoup plu. Les histoires de famille et les petites villes américaines n'ont pas fini d'exercer leur attrait sur moi ! ♥☼

Traduit par Claire Allain et Dominique Haas pour Nil éditions (The Truth According To Us) - Repris chez 10x18, juin 2016

25 juin 2016

James Bond - Déclic mortel, par Anthony Horowitz

Déclic Mortel

Cette couverture chez Calmann-Lévy est juste magnifique ! Complètement fidèle à l'esprit James Bond - smoking, vodka martini, beauté fatale et belle voiture. Anthony Horowitz ne se moque pas du lecteur en nous servant cette intrigue, inspirée d'après les archives de Ian Fleming, où l'on replonge avec exaltation dans une histoire d'espionnage habilement troussée et palpitante à lire.

James Bond vient tout juste de rentrer d'Amérique, après son coup d'éclat contre Golfinger, lorsqu'il est convoqué pour une nouvelle mission d'infiltration. S'inscrire pour la périlleuse course de voitures du Nürburgring. Déjouer les plans des Russes qui visent à éliminer le pilote vedette, le britannique Lancy Smith. Mais avant cela, il doit éclaircir le dossier Pussy Galore. La caïd de Harlem s'affiche à son bras, le suit jusque dans la campagne anglaise, prétend être menacée, pistée par de dangereux individus, surgis de son passé et venus lui régler son compte. On le sait, l'aventure, chez Bond, est une seconde peau. Le danger, la montée d'adrénaline, l'action, il connaît. Et on ne se plaint pas de suivre notre agent 007 dans cette histoire originale, reprenant donc toutes les marques de fabrique de la série.

La couverture chez Hachette indique la seconde orientation de l'enquête, d'où ces plans de fusée qui rappellent la bonne vieille guerre d'influence entre l'Est et l'Ouest. Bond croisera aussi le chemin d'un riche homme d'affaires coréen, en apparence froid et impénétrable, et d'un lutin farouche, aussi charmante que Jean Seberg... C'est un vrai plaisir coupable de savourer cette lecture. James Bond y est opérationnel sur toute la ligne, séducteur, intuitif et audacieux. Les vilains sont assoiffés de vengeance, les JB Girls glamour et pittoresques, aux patronymes fabuleux et truculents (^Jeopardy Lane^).

Casting réussi, enquête haletante, ambiance vintage... L'empreinte de Ian Fleming est bel et bien présente, sans une once de nostalgie, Anthony Horowitz a repris dignement le flambeau et n'a pas bradé son héritage. “I think he got the point.”

Traduit par Annick Le Goyat (Trigger Mortis) pour les éditions Calmann-Lévy (2015)

Parution simultanée chez Hachette Romans, sept. 2015

James Bond – Déclic mortel

 

#Mois Anglais 2016 : “You’re a women of many parts, Pussy.”

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21 juin 2016

Tobie Lolness, de Timothée de Fombelle **édition 10ème anniversaire**

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Déjà dix ans que Tobie Lolness a croisé mon chemin, avec son millimètre et demi de la racine des cheveux à l'ongle des pieds, ce petit bonhomme a su m'embarquer dans un imaginaire stupéfiant, au prix de longues heures de lecture inoubliable !

Cette édition collector, réunissant les deux tomes de cette folle aventure, prolonge donc la magie. À cette occasion, la jaquette se déplie et révèle un grand poster recto-verso illustré par François Place. Magnifique ! Tobie Lolness, c'est l'histoire d'un garçon qui vit dans un grand chêne, en totale communion avec la nature. Lorsque son père refuse de livrer le secret d'une invention pour transformer la sève de l'arbre en énergie motrice, le Grand Conseil entre dans une fureur noire et condamne les Lolness à l'exil dans les basses branches. Dans ce territoire sauvage, Tobie y fait la rencontre de la jolie Elisha et retrouve ce sentiment de confiance qu'il croyait avoir perdu. Hélas, le danger n'est jamais loin et Tobie doit de nouveau fuir et vivre caché loin de ses anciens camarades qui le traquent férocement. Selon le postulat schématique de l'affreux individu qui asservit toute une communauté en la maintenant sous la coupe de la terreur et l'humiliation, Tobie va entrer en résistance pour protéger les siens et préserver leur mode de vie mis en péril. Tournant le dos à son enfance, à ses rêves et ses espoirs, à une vie où l'on s'imagine que l'amitié dure toujours et la trahison n'existe pas, Tobie se lance dans une épopée grandiose et palpitante. L'histoire est à la fois belle et magique, aussi bien dans son écriture que dans l'émotion qui naît au fil des pages. Vivre en harmonie avec la nature et ses semblables est donc primordial pour Tobie Lolness, qui nous entraîne dans cette formidable croisade avec l'envie dévorante d'en découdre. Même dix ans après, ce roman magistral ne cesse d'enchanter ses lecteurs ! 

Gallimard Jeunesse, mai 2016 pour la présente édition

Illustrations de François Place

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3 juin 2016

Le Temps des métamorphoses, de Poppy Adams

Le temps des métamorphoses

Après des années de silence, Vivien rentre à la maison, dans le domaine familial de Bulburrow Court, un manoir victorien délabré, basé dans le Dorset. Sa sœur Virginia l'attend avec une certaine fébrilité. Que diable cherche-t-elle ? pourquoi ce retour ? Mais il ne sert à rien de tergiverser que les retrouvailles ont déjà lieu, des retrouvailles empruntées et maladroites, couvertes de faux-semblants et de bavardages inutiles. Dès son arrivée, Vivien ne cache pas son choc en explorant les lieux dépouillés et s'étonne de l'hygiène de vie de sa sœur, qui vit recluse dans cette grande demeure glaciale. Contrairement à elle, Virginia n'a en effet jamais quitté les murs de Bulburrow Court, emprisonnée dans les vestiges d'une enfance idyllique, auprès d'une mère élégante et fantasque et d'un père passionné d'entomologie, que Ginny suivra aveuglément en reprenant le flambeau. Les sœurs sont censées avoir tant de choses à se raconter, et pourtant le malaise entre elles est palpable. Pour le comprendre, il faut accepter le va-et-vient des souvenirs, entre présent et passé, à nous livrer une histoire de famille lourde de secrets, de drames et de mensonges. Le roman ainsi surprend, par son charme éthéré et ses manières dépassées, mais en impose aussi, par son atmosphère pesante et énigmatique d'une vieille demeure poussiéreuse. Et puis la relation entre Vivien et Virginia laisse également planer le doute sur des faits trop longtemps enfouis et que leurs retrouvailles vont déterrer involontairement. Par contre le rythme est nonchalant, il faut s'adapter à la lenteur, enclencher le rétroprojecteur de la mémoire et ne pas prendre toute confession prodiguée pour argent comptant... Pour qui aime les lectures d'ambiance, et pourquoi pas les longues théories sur les insectes, ce livre n'attend plus que vous ! Je garderai le souvenir du raffinement, de son refus de lâcher prise, ainsi que la belle galerie de personnages, qui continuent de hanter les couloirs de Bulburrow Court.

Traduit par Isabelle Chapman (The Sister) pour les éditions Belfond, repris chez 10-18, déc. 2011

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# Mois Anglais 2016 :  (Vieilles) dames indignes ou indignées

Mois Anglais 2

 

8 juin 2016

Pêle-mêle Eoin Colfer : Anna Lisa, docteur Bonheur & Will et ses frères

Anna Lisa, docteur Bonheur

Anna Lisa, docteur Bonheur par Eoin Colfer, illus. par Matt Robertson

Anna Lisa aime traîner dans la salle d'attente de sa mère psychiatre pour consoler les enfants aux mines abattues. Elle fait ainsi la rencontre du petit Edouard, qui est triste, parce que son papa est triste.

Anna Lisa, notre docteur Bonheur, à la rescousse ! La fillette est convaincue qu'un traitement de choc pourra remuer ce papa neurasthénique et débarque chez lui avec des patins à roulettes et une sonnette de vélo. Lui qui pensait que sa vie ne menait à rien, il va vite changer de refrain.

Quelle aventure pleine de drôlerie, certes complètement improbable et exagérée, mais elle raconte à sa façon la recette du bonheur pour soulager les petits drames familiaux, qui touchent de façon irrémédiable les enfants.

Avec sa fraîcheur et sa bonne humeur, Anna Lisa fait montre d'un optimisme à toute épreuve. Sa mère a du souci à se faire ! Car les remèdes prodigués par l'enfant sont radicaux et ne nécessitent aucune prise médicamenteuse ni de rendez-vous à répétition ! ^-^

Un petit roman rigolo, à lire comme tel, avec des illustrations aussi adorables et fringantes.

Gallimard Jeunesse, coll. Folio cadet, mai 2016 - Traduction de Vanessa Rubio-Barreau.

 

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La vengeance du pirate   Panique à la bibliothèque

Will et ses frères, La vengeance du pirate / Panique à la bibliothèque (ill. Tony Ross)

Cette série, très rigolote, raconte les aventures farfelues d'une famille de cinq garçons, Will, Marty, Donnie, Bert et HP. En vacances, au camping, l'aîné s'amuse à titiller son cadet en lui racontant la légende du capitaine Crock, un pirate qui a reçu un coup de hache sur la tête par un moussaillon âgé de neuf ans. Après quoi, son fantôme rêve de se venger en kidnappant tous les enfants du même âge ! Forcément, Will a neuf ans...

Une autre fois, Will et Marty sont envoyés par leurs parents à la bibliothèque, pour éviter que les vacances à la maison dégénèrent en chahut incessant. Seulement, les garçons doivent s'armer de courage pour affronter la terrifiante bibliothécaire, Patator, sur laquelle on raconte des histoires qui vous tiennent à carreau ! Gloups, gloups, gloups.

Dans la bonne humeur générale, cette série s'installe pour conquérir les lecteurs dès 8 ans en leur narrant les chroniques savoureuses d'une famille nombreuse, principalement composée de garçons turbulents. Cette lecture me fait penser à la série de Jean-Philippe Arrou-Vignod, avec Les Jean Quelque-chose, la nostalgie en moins, au profit d'intrigues qui mêlent habilement le suspense et l'humour. 

Un univers très convaincant, pimpant, léger, distrayant. À découvrir. 

Gallimard jeunesse, coll. Folio Cadet Premiers romans, rééd. mai 2016

4 juillet 2016

Sans laisser d'adresse, de Harlan Coben

Myron Bolitar #9

Sans laisser d'adresse

Contraint de prendre le large, suite à des déboires sentimentaux et autres bisbilles involontaires, Myron Bolitar s'envole rejoindre à Paris une ancienne maîtresse, la sublime Terese Collins, avec laquelle il avait eu une incartade amoureuse après le triste épisode de Temps mort. La belle avait ensuite disparu, pour ne plus donner signe de vie. Son coup de fil impromptu, l'invitant à la retrouver sur le champ dans la capitale française, met notre coach sportif dans le doute. Et lorsqu'il comprend que l'ancienne présentatrice télé est mêlée au meurtre de son ex, Myron capte aussitôt qu'il vient de mettre les pieds dans le plat. Encore une fois. 

L'histoire de nouveau va s'emballer, avec une intrigue nerveuse et volubile, qui va salement remuer le passé et raviver de vieux souvenirs, comme la perte d'un enfant, dont on relève bizarrement des traces d'ADN sur une scène de crime. Notre ami Myron est au cœur d'une histoire démentielle, au scénario tordu et compliqué, en passe de déjouer des complots terroristes, en empiétant au passage sur les plates-bandes de la sécurité nationale. C'est chaud bouillant. Cela cogne dur et sec. Tortures et coups mortels à gogo. Harlan Coben cède définitivement aux chants des sirènes sanguinaires en orientant sa série vers une tendance nettement plus macabre et déprimante.

À la fin, tout le monde est à ramasser à la petite cuillère, c'est rude, ça pleure à gros bouillons, ouhlala ! Myron file un mauvais coton. Et risque de contaminer le lecteur. Ses pointes d'humour, qui tombent souvent à plat, sont trop rares et me manquent ! Son univers aussi, car on s'éloigne du sport pour un contexte plus politique et vicieux, en clair on s'égare, c'est dommage. On n'a jamais assez d'Esperanza Diaz ou de Windsor Horne Lockwood, alias "Win". Remobilisation générale. Cet épisode est certes appréciable à lire, mais s'écarte trop du domaine usuel de la série... On s'embrouille, attention ! ^-^

Traduit par Roxane Azimi pour les éditions Belfond (Long Lost), 

Repris chez Pocket, mars 2011 pour la présente édition

« C'est comme ça, Paris. On a beaucoup écrit sur sa beauté, sur ses splendeurs, et ma foi, tout est vrai. Chaque édifice est une petite merveille d'architecture, un régal pour l'œil. Paris est comme une belle femme qui se sait belle, qui aime ça et qui n'a pas à se forcer pour le prouver. Qui plus est, Paris vous donne l'impression de vous sentir - à défaut de terme plus approprié - vivant. Correction,  Paris vous donne envie de vous sentir vivant. D'agir, d'être et d'en savourer chaque instant. On veut ressentir, tout simplement, et peu importe quoi. Toutes les sensations sont magnifiées. Paris vous donne envie de rire, de pleurer, de tomber amoureux, d'écrire un poème, de faire l'amour et de composer une symphonie. »

^-^

 

2 juillet 2016

Une aventure des Spectaculaires, Tome 1 : Le Cabaret des ombres, par Régis Hautière & Arnaud Poitevin

Une aventure des Spectaculaires

Lorsqu'une troupe d'acrobates est embauchée par un savant fou pour combiner leurs talents de prestidigitation à une affaire criminelle, le résultat dépasse de loin les attentes les plus folles dans cette bande dessinée aussi fraîche, drôle et exaltante à lire. J'ai beaucoup aimé.

Dans le Paris du début du XXe siècle, les Spectaculaires peinent à mobiliser les foules pour applaudir leurs exploits - Félix le féroce lycanthrope, Eustache l'homme le plus fort du monde, Évariste l'homme volant et Pétronille la chef d'orchestre déguisée en M. Loyal font pourtant preuve d'imagination et de rouerie pour épater la galerie. Las, à l'heure du cinématographe, les parisiens boudent leurs numéros de trucage et d'illusion, ce qui plonge la trésorerie du théâtre dans la plus grande misère. Nos artistes n'ont plus lieu de faire la fine bouche en accueillant le Professeur Pipolet et ses discours fantaisistes pour sauver le monde. On vient de lui voler les plans de sa machine infernale, censée instaurer la paix universelle, mais désormais entre les mains d'un individu cynique et sans scrupule, son invention risque d'être utilisée pour de mauvaises intentions. 

Nos joyeux drilles se lancent donc avec enthousiasme, et beaucoup de maladresse, dans une aventure complètement folle, mais ô combien hilarante. Ils ont pour eux leur courage, leur intelligence, leur humour et les gadgets improbables de Pipolet pour sauver le monde ! Au secours... ^-^ Face à eux, l'ennemi est redoutable, possède une longueur d'avance et des amis bien placés pour assurer ses arrières. La tâche est rude, mais jubilatoire. À lire, c'est franchement extra. La lecture offre une distraction appréciable, sans prise de tête, avec des plages d'humour et des séquences illustrées souvent magnifiques. L'histoire est simple, efficace et burlesque, à l'instar des personnages, caricaturaux et impayables. 

Vivement leurs prochaines aventures ! Ce 1er tome a su me régaler par sa bonne humeur et son rythme virevoltant. 

Rue de Sèvres, Janvier 2016

 

 

13 juillet 2016

Sous haute tension, de Harlan Coben

Myron Bolitar #10

Sous haute tension

C'était initialement le dernier rendez-vous pour Myron Bolitar, Windsor Horne Lockwood, Esperanza Diaz et Big Cindy... jusqu'à ce que l'auteur annonce la parution en septembre prochain d'un nouvel épisode (Home, en VO), après une brève incursion dans le secteur YA où un certain Mickey a tenu le rôle vedette.

Suzze T., une ancienne joueuse de tennis, désormais mariée à une star du rock, est inquiète des accusations lancées sur sa page Facebook concernant sa grossesse. Elle demande à Myron de retrouver son loustic d'époux, probablement enivré dans un bar quelconque, et de démasquer l'auteur des calomnies sur la paternité de son bébé. C'est par ce pur hasard que Myron croise sa belle-sœur Kitty, laquelle ne cherche pas à être vue ou retrouvée. Seize ans plus tôt, les deux frangins se sont fâchés par sa faute. Et depuis, Brad mène sa vie à l'autre bout du monde, avec femme et enfant. Que diable signifie ce retour ? Myron va remuer ciel et terre pour revoir Kitty et la questionner au sujet de Brad, qui aurait de gros soucis, en plus d'avoir mis sa famille en danger. 

Quelle histoire ! Malgré quelques longueurs, on découvre une intrigue assez émouvante, car plus centrée sur les Bolitar et leurs secrets de famille. L'ambiance est nostalgique, l'auteur évoque le temps qui passe, les mœurs qui évoluent, les nouvelles technologies et le métier qui se renouvelle. Même Win envisage sa vie sentimentale autrement et doit porter des lunettes ! Une page se tourne chez MB Reps, non sans tristesse. 

Traduit par Roxane Azimi pour les éditions Belfond (Live Wire), 

Repris chez Pocket / mars 2013 pour la présente édition

18 juillet 2016

Les Morsures de l'ombre, de Karine Giébel

Les morsures de l'ombre

Un soir, sur une route de campagne, le commissaire Benoit Lorand rentre chez lui, lorsqu'il croise une jeune femme en panne de voiture. Il s'arrête pour l'aider, puis accepte de prendre un verre chez elle. Après quoi, c'est le trou noir.
Notre homme se réveille dans une cave, derrière des barreaux, avec pour geôlière la charmante rousse au cerveau ravagé par une soif de vengeance. Elle est en effet déterminée à lui faire payer un crime contre lequel il se défend d'avoir la moindre responsabilité. L'inconnue n'a pas cure de ses protestations et déploie moult tortures pour le soumettre à ses desiderata.
Commence alors un roman d'une redoutable efficacité. Un roman non seulement poignant et déboussolant, flirtant aux confins de la folie, profondément bouleversant, qui va nous entraîner dans une spirale de violence et de délire paranoïaque. Le scénario va également dérouler un enchevêtrement improbable de faits et autres coïncidences qui mettent à mal toutes les théories. C'est flippant. Complètement hallucinant.
De plus, l'histoire a pour lieu un huis clos glaçant, résolument perturbant. De quoi accentuer la psychose et la sensation d'angoisse rampante. Sans oublier le lancement d'un compte à rebours irrévocable, et vous sentez la perle de sueur glisser le long de votre colonne vertébrale.
J'ai craint, l'espace d'une seconde, que la personnalité déséquilibrée de l'héroïne susciterait trop d'agacement et un manque d'empathie, mais il a bien fallu admettre que son cas s'intègre parfaitement dans la structure de l'intrigue, laquelle va révéler une étonnante rouerie au fil des chapitres !
Une lecture saisissante, bluffante, très prenante. Une réussite. 

Texte lu par Stéphane Ronchewski pour Audible FR (durée : 7 h17) - juin 2016

En exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement.

Les morsures de l'ombre | Livre audio

©Pocket, septembre 2009 (P)2016 Audible FR

22 juillet 2016

Bloody cocktail, de James M. Cain

Bloody Cocktail

Le mari de Joan vient de se tuer en voiture, après avoir quitté la maison dans un état d'ébriété avancé, suite à une violente dispute. La jolie veuve faisant preuve de peu de compassion, les enquêteurs de police la soupçonnent d'avoir précipité la mort du conjoint. Cependant, Joan est inquiète pour son avenir et celui de son fils. Livrée à elle-même, sans un sou en poche, elle décroche un poste de serveuse dans un bar à cocktail, où on lui apprend très vite à jouer de ses atouts physiques pour obtenir de bons pourboires.
C'est ainsi qu'elle rencontre régulièrement Earl K. White III, un homme riche, plus âgé qu'elle, sensible à son charme. Il transgresse l'avis de son médecin en lui proposant de l'épouser, malgré son angine de poitrine qui rend son état fébrile et fragile. Joan est séduite, mais contrite.
Elle n'éprouve aucune attirance pour cet homme bon et généreux, même si son aisance financière lui ôterait bien des soucis. Son fils Tad est entre les griffes de sa belle-sœur qui n'entend pas lui rendre, Joan a donc besoin d'assurer son confort matériel pour le récupérer au plus vite.
Le casse-tête se complique avec l'apparition du séduisant Tom Barclay, jeune, fougueux et ambitieux. Il est fou de Joan, prêt à tout pour ravir son cœur (et son corps) mais la belle fait de la résistance. C'est que Joan n'est pas cruche et cultive une certaine éthique que son métier et son physique pulpeux peuvent mettre injustement en doute.
Racontée à la première personne, l'histoire n'en demeure pas moins sulfureuse et sensuelle, rapportant avec une naïveté à peu près calculée un concours de circonstances malencontreuses pour notre héroïne, qui se défend de son honnêteté et de son innocence. Mais qui est Joan Medford ? Une maman aux abois, une ravissante idiote, une blonde voluptueuse, une amante redoutable, proche de la mante religieuse ?
De ses multiples facettes, Joan tire habilement toutes les ficelles de l'intrigue pour davantage nous troubler et nous interroger. Le roman en devient vite fascinant et déconcertant, il 
idéalise la femme en tant qu'objet pas si potiche et la dote d'un esprit malin et rusé. Au lecteur d'en tirer ses conclusions.
Ambiance vintage à souhait pour un revival du genre roman noir hardboiled, dans la veine des Raymond Chandler et Dashiell Hammett. Très bon ! 

Traduit par Pierre Brévignon (The Cocktail Waitress) pour les éditions Gallimard / Folio Policier, Janvier 2016

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26 juillet 2016

Blueberry Hill, de Fredrik Ekelund

Blueberry Hill

Un incendie dans un squat de SDF vient de provoquer la mort de l'un d'eux, le bien-nommé l'Espagne, en référence à son passé de combattant durant la guerre civile. L'inspecteur Lindström et Monica Gren se rendent sur place pour interroger les rares témoins, entre les sans-abris méfiants et lassés d'être l'éternelle cible d'un voisinage agressif, qui se plaint de leur présence, et ces mêmes riverains agacés de supporter cette proximité polluante qui déprécie leurs appartements. Bref, on tourne en rond.
Mais l'enquête va également faire émerger un groupuscule d'allumés fanatiques, aux idées néonazies entretenues avec ferveur par un ancien professeur déconsidéré par sa profession suite à une campagne de presse virulente, laquelle avait mis à jour ses théories négationnistes. 
L'histoire n'épargne donc pas l'image glamour de cette Suède branchée particulièrement gangrenée par la montée du populisme et l'extrême-droite qui se répand en Europe comme une traînée de poudre. C'est affligeant, et paradoxalement stupéfiant d'en suivre l'évolution, les codes et les rouages en se faufilant dans les coulisses. Au secours, réveillez-vous ! 
Lindström et sa jolie collègue ont aussi leurs propres déboires à résoudre, le couple entretenant une liaison clandestine alors que le gars est marié et père de cinq enfants ! Hjalle n'est pas encore prêt à quitter son cocon familial, même s'il est fou amoureux de Monica dont il ne peut plus se passer. Tous deux doivent jouer sur la discrétion, même au boulot, et ne pas éveiller les soupçons. 
Voilà qui donne au roman une couleur séduisante, et pourtant peu flatteuse pour les personnages, disons que cela rend la lecture d'une fluidité appréciable pour s'enlever toute la noirceur de l'intrigue criminelle assez conventionnelle. Car il est vrai que c'est un livre tout à fait correct, sans défaut majeur, mais sans une inventivité particulière. Les amateurs de polars nordiques savoureront le dépaysement et auront peut-être le goût de poursuivre la découverte de cette série (on retrouve le duo d'enquêteurs dans Le garçon dans le chêne & Casal Ventoso). 

Traduit du suédois par Philippe Bouquet pour Gaïa éditions / Repris chez Folio Policier, en sept. 2015

 

27 juillet 2016

La Femme au carnet rouge, d'Antoine Laurain

La femme au carnet rouge

Un soir à Paris, Laure, victime d'une agression, se fait voler son sac à main et tombe dans le coma sous le coup d'une blessure à la tête. Le lendemain, Laurent découvre un sac mauve abandonné près des poubelles, pas loin de sa librairie. Il se rend au commissariat le plus proche, puis rebrousse chemin face à l'administration hostile et longuette.
Il se met alors à fouiller son contenu pour retrouver l'identité de la jeune femme, mais n'y découvre qu'un exemplaire dédicacé de Modiano, un flacon de parfum, un rouge à lèvres et un carnet rouge. 
Désireux de retrouver son inconnue, Laurent commence à s'immerger dans les pensées secrètes de Laure et se surprend à éprouver des sentiments naissants pour celle-ci. Débute alors un adorable jeu de piste, qui va se transformer en quête amoureuse d'une tendresse bouleversante.

Cette histoire courte s'écoute en seulement quatre heures et nous plonge dans une douce ambiance, gentillette et distrayante. Une prouesse. Il est bon de se déconnecter des univers sombres et sanguinaires pour savourer le plaisir d'une lecture légère et sans prétention. C'est donc l'histoire d'une comédie romantique, particulièrement attachante, où deux personnes apprennent à se connaître par procuration, avant de chercher à se rencontrer pour de vrai, bravant quiproquos et autres événements inattendus, censés retarder le jour J. C'est mignonnet, porteur d'espoir et attendrissant. À bas le cynisme, place à la passion et à la fantaisie ! ^-^ 

Texte lu par Bertrand Suarez-Pasos pour Audible FR (durée : 4h) - juin 2016

La femme au carnet rouge | Livre audio

>> Livre audio proposé en exclusivité par Audible et uniquement disponible en téléchargement.

©2014 Les éditions J'ai lu (P)2016 Audible FR

1 août 2016

Roland est mort, de Nicolas Robin

roland est mort

Son voisin Roland est mort. 

C'est la dame du dessous qui vient lui annoncer la nouvelle en pleurant. Mais lui s'en fiche. Il ne connaissait pas Roland, sauf pour dire que c'était un vieux monsieur, qui vivait seul et qui aimait les disques de Mireille Mathieu. Le jour où les pompiers viennent récupérer son corps, ils lui larguent le caniche de Roland au passage, sans lui laisser le temps de refuser. Qu'est-ce qu'il va faire d'un clébard ? Se rendre à la SPA ou le filer à sa mère ? Mais les petits yeux noirs de Mireille lui vrillent les entrailles. Et notre gars soupire.

Alors il se trimballe partout en ville un chien qui perd ses poils et qui sent mauvais, en plus d'une urne pleine des cendres de Roland. Son objectif : se débarrasser des boulets. Sa conviction : prendre sur lui de virer Roland de sa conscience. Car après tout, pourquoi lui ? pourquoi Roland ? Peut-être que ces deux-là ont finalement plus à partager qu'ils ne le supposent. Un constat déprimant pour notre narrateur qui affiche quarante ans, célibataire, sans boulot et amateur de porno. Sa mère lui reproche de ne pas se secouer, sa grand-mère lui serine : et pourquoi t'es pas marié, même la masseuse coréenne, à la coupe au bol impeccable, désapprouve la vacuité de son existence et son goût douteux pour des films dégradants.

Le voisin de Roland inspire et écarte les bras en croix en se demandant si la vie est belle et s'il aime la vie. Il ne sait que faire de l'urne de Roland, il se verrait bien la poser en décoration sur le manteau de cheminée chez ses parents, l'oublier dans un bus ou l'offrir à l'occasion d'une fête d'anniversaire de sombres inconnus. Mais chacune de ses tentatives se solde par des échecs et donne lieu à des situations cocasses qui font franchement glousser.

Car l'humour de cette histoire est volontairement caustique, avec en sus un narrateur cynique, froid et calculateur, même pas antipathique. Il incarne à lui seul le désespoir de notre siècle, un pauvre type solitaire et blasé de vivre, sous le contrecoup d'une rupture amoureuse, sans ambition, n'alimentant aucun réseau social et réduisant au minimum son contact avec l'extérieur, si ce n'est pour boire du Campari ou un Picon-bière au comptoir du coin. C'est vachement mordant, décapant et incisif. Et c'est bougrement bon. On ne peut que se marrer tout du long ! 

Éditions Anne Carrière, mars 2016

 

2 août 2016

Aimer trois fois par jour, de Fausto Brizzi

AIMER TROIS FOIS PAR JOUR

Diego Anastasi est au bout du rouleau. Quadragénaire divorcé, père de deux enfants, il sent la lassitude le gagner au boulot, dans son quotidien ou pendant les fêtes de Noël, qu'il passe seul dans son coin, à regarder Mary Poppins avec son chien.
Diego tente d'alerter ses proches qu'il va mal, mais chacun est pris dans sa propre routine et traite ses complaintes à la légère. Après une tentative de suicide loupée, il se rend donc chez un thérapeute à tête de castor et déballe son sac en soutenant mordicus qu'il souffre de dépression.
Et puis, un jour, il découvre en chemin un bar créé par un policier à la retraite, qui propose aux plus désœuvrés un brin de causette autour d'une tasse de thé. Diego s'y installe et comprend que son destin est en marche !
Il goûte alors à une thérapie d'un genre nouveau, discuter, boire du thé, cuisiner, dresser des listes, prendre conscience du bonheur à apporter aux autres, se donner des objectifs, partir en mission.
Avec l'aide de ses deux nouveaux amis, Giannandrea et Massimiliano, Diego veut rendre ses proches heureux : que ses meilleurs amis se remettent en couple, que son fils sorte de sa bulle, que son ami d'enfance exploite sa fibre artistique, que son ex-femme lui pardonne, que son amie de cœur trouve enfin l'âme sœur... 
Il va ainsi se lancer dans des plans pas possibles, qui vont souvent donner lieu à des situations cocasses, farfelues et improbables, lesquelles vont naturellement apporter une couleur savoureuse à l'histoire ! 
Car il fallait oser se lancer dans un roman sur la dépression, sans craindre de sombrer dans le désespoir. Fausto Brizzi a contourné les pièges en concoctant une lecture généreuse et débordante d'espoir. Il y a du vrai à ce sujet, du touchant, du concret, de l'émotion et des questions, mais surtout il y a de l'humour, de la dérision, du revival et de la culture pop.
J'y ai trouvé ma dose homéopathique pour me sentir guillerette ! À prescrire sans retenue, à déguster sans modération. ♥

Traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont (Se mi vuoi bene) pour Fleuve éditions, mai 2016

 

30 août 2016

Traqué, de Simon Lewis

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Jake et Will, deux étudiants anglais, ont choisi de s'octroyer une année sabbatique à travers le Sud-Est asiatique. L'un a échoué à ses examens, l'autre veut panser une peine de cœur. À mi-chemin entre la Chine et le Laos, ils décident de partir à l'aventure en suivant un dénommé Howard, du genre hippie hirsute, qui leur promet un site inconnu du grand public situé en pleine jungle. Baignades et rencontres avec des indigènes font aussi partie du programme. Alors que Jake est surexcité par leur expédition, Will boude dans son coin, plus méfiant et craintif que jamais. Son angoisse monte d'un cran lorsqu'il découvre qu'ils débarquent en plein carrefour stratégique où le trafic de teck, de jade, de drogues ou de réfugiés a régulièrement cours. Sous l'emprise d'un euphorisant, Jake plane totalement, prend son pied en plongeant cul nu dans l'eau et séduit une beauté locale. Will, par contre, rechigne à lâcher prise. Le retour à l'hôtel va hélas s'avérer particulièrement épique. De rencontres importunes en réactions fébriles et maladroites, la situation va dégénérer et placer nos globe-trotters en mauvaise posture. Après quoi, les coups fourrés vont s'enchaîner. La lecture bascule alors dans une surenchère de catastrophes et de violence avec un scénario gavé jusqu'à la surdose. Le rythme est vif, l'action intrépide, mais les personnages sont affligeants de sottise et agissent constamment de manière irréfléchie. C'est usant. Le roman promettait du dépaysement, des émotions fortes... à la fin, il devenait urgent de mettre un terme à cette folie ambiante ! 

Traduit par Julie Blanc pour les éditions Actes Sud / Coll. Actes Noirs, Mai 2015 (Border Run)

31 août 2016

La Méthode du crocodile & La Collectionneuse de boules à neige, de Maurizio De Giovanni

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Cette série policière à la sauce napolitaine figure parmi mes découvertes de l'été ! J'ai ainsi enchaîné avec beaucoup d'enthousiasme les deux premiers tomes, le troisième - disponible chez Fleuve Éditions - est en cours de lecture.

Giuseppe Lojacono est un homme fini. Inspecteur de police suspecté de magouilles mafieuses, l'homme a perdu son poste, son rang social et sa famille. Sa femme n'a pas supporté l'humiliation publique et a demandé le divorce, le privant aussi de son droit de garde en lui refusant tout contact avec sa fille. Lojacono a pourtant clamé son innocence, mais a été broyé par une machine infernale. Il vit depuis dans une petite ville napolitaine, coincé dans un bureau des plaintes, et passe son temps à jouer sur l'ordinateur. Un soir de garde, seul au commissariat, il reçoit un coup de fil signalant le meurtre d'un adolescent, abattu devant chez lui. Malgré l'interdiction, il se rend aussitôt sur les lieux et a le temps de noter deux, trois indices importants, dont des mouchoirs en papier trempés de larmes. Laura Piras, le substitut du procureur, est impressionnée par l'individu et réclame sa présence pour diriger l'enquête. 

Celle-ci révèlera une histoire poignante et dégoulinante de désespoir. Sans connaître son identité, on suit le tueur traquant ses victimes, patientant des heures durant et versant inévitablement des larmes de crocodile, d'où son pseudonyme. La lecture dévoile ainsi une personnalité troublante et attachante d'un criminel en quête de vengeance qu'il aura élaborée de longue haleine. L'atmosphère qui règne dans ce livre est donc pesante, mais son format court et son découpage bien ficelé rendent la lecture captivante. Impossible à lâcher.

Dans La Collectionneuse de boules à neige, l'inspecteur Lojacono obtient une promotion inespérée en intégrant la nouvelle équipe du commissariat Pizzofalcone, pourtant entaché par un scandale de corruption. Il rejoint ainsi une brochette d'outsiders, tous recrutés par le commissaire Gigi Palma, qui mise sur ces flics fêlés et meurtris pour réhabiliter le bureau menacé de fermeture. Entre rapidement en scène une affaire de meurtre, l'épouse d'un notable a été découverte assassinée dans son salon, le crâne fracassé par une boule à neige. Pour l'occasion, Lojacono retrouve la belle Laura Piras, qui en pince secrètement pour lui, mais n'oublie pas non plus ses rendez-vous quotidiens à la trattoria de Letizia, elle aussi entichée de notre policier au charme ténébreux. C'est en compagnie du jeune Marco Aragona qu'il va mener son enquête, passant au crible la vie du couple.  

L'intrigue criminelle est du genre ordinaire, mais laisse longtemps planer le doute quant à son dénouement. Il reste à la lecture une mise en place pertinente de ses nouveaux personnages, outre l'inspecteur Lojacono, le casting s'enrichit de personnalités insolites, calfeutrées dans ses secrets et ses non-dits, qui ouvrent ainsi le champ des possibles en promettant de nombreuses ramifications à la série. C'est frais, c'est moderne, ça ne piétine pas des heures et ça se renouvelle sans cesse. La dimension humaine est également très présente, ce qui assure du drame, de la sensibilité, de la vie, de l'humour, mais aussi de l'évasion et simplement de la distraction. Une série convaincante !  

Traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont pour Fleuve Editions

Repris chez 10x18 en juin 2014 & avril 2016

La Méthode du crocodile  La collectionneuse de boules à neige  Et l’obscurité fut

25 juillet 2016

Rendez-vous à Estepona, par Åke Edwardson

RENDEZ-VOUS À ESTEPONA

Peter Mattéus mène une existence rangée et heureuse : un boulot de publicitaire à succès, une vie de famille épanouie, une maison coquette à l'abri des regards indiscrets... Nul ne se doute de son passé d'activiste durant ses années en Andalousie. Il a tout plaqué pour faire peau neuve en s'exilant en Suède, mais il semblerait que ses vieux amis se rappellent à son doux souvenir.
Le couple vient en effet de recevoir par surprise deux billets d'avion pour la Costa del Sol. Sa femme se réjouit d'une escapade amoureuse, tandis que Peter comprend aussitôt la menace et se sent pieds et poings liés. Tout est programmé pour leur départ imminent. Ses enfants placés chez leur grand-mère, il débarque donc dans un pays secoué par une série d'attentats à la bombe.
Et très vite, il retrouve ses contacts d'avant qui l'obligent à payer sa dette. Accusé de trahison, Peter doit désormais éliminer leur ancien complice, Jesùs Maria Montanas, le chef de la police d'Estepona, devenu un homme politique influent. Cet homme serait également responsable de l'assassinat du jeune frère d'Aitor Usetxe, leur chef de groupe. Les dix-neuf années passées en prison ont d'ailleurs entretenu sa rancune et sa soif de vengeance.

Ce livre ne s'inscrit pas dans la série à succès de l'auteur, celle mettant en scène le commissaire Erik Winter à Göteborg. Place à une aventure à part avec un homme confronté à son passé et résolu de préserver son présent. Svange Berger, alias Peter Mattéus, l'homme aux multiples casquettes, doit donc gérer le dilemme à coup de slaloms efficaces en plongeant dans les méandres d'une intrigue crapuleuse et dépassée.
Le type va cependant s'avérer mou et passif,  même pas fichu de tenir une conversation cohérente. Il suit le mouvement sans conviction. Cherche au mieux à limiter les pots cassés et protéger sa famille. J'hésite à qualifier sa position entre  intelligence et apathie. 
Malgré une narration erratique, au style haché laborieux et lourd à digérer, l'histoire se laisse lire sans déplaisir mais se révèle finalement peu marquante. Une lecture un peu trop sommaire à mon goût. 

Traduit du suédois (Möt Mig I Estepona) par Rémi Cassaigne pour les éditions JC Lattès

Repris chez 10-18, en Sept. 2015

 

1 septembre 2016

Les Enquêtes de Mary Lester : Les Bruines de Lanester & Les Diamants de l'archiduc, de Jean Failler

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Mary Lester vient de décrocher son premier poste au commissariat de Lorient et anticipe la perspective d'enquêtes trépidantes. Las, la jeune femme est renvoyée dans son bureau, chargée de consigner des plaintes quelconques. Son capitaine n'est pas d'une grande ouverture d'esprit quant à la présence féminine dans ses bureaux. Mary ronge son frein et s'applique aux exigences administratives mais n'en espère pas moins un miracle quand on retrouve un clochard noyé dans le Scorff, puis quand une jeune épouse éplorée vient signaler la disparition de son compagnon. Deux affaires louches en moins de temps qu'il n'en faut pour dire chic. Mary est prête à bondir dans son Austin pour mener une enquête de terrain, seulement le capitaine Amédéo la rappelle à l'ordre en lui reprochant son impétuosité. 

Cette série dénichée par France Loisirs n'est pas une nouveauté, puisqu'elle existe depuis 2003 aux éditions du Palémon et compte déjà une quarantaine de titres au compteur ! En attendant d'atteindre de tels sommets, ce premier tome remet au goût du jour cette héroïne frondeuse et attachante, ainsi que ses enquêtes divertissantes qui nous font visiter des petits coins de Bretagne en toute simplicité. Cerise sur la galette, l'énigme du roman se révèle passionnante, à la fois bien ficelée et conduite avec dynamisme.   

Dans la deuxième enquête, Les Diamants de l'archiduc, Mary a pris du galon en rejoignant le commissariat de Quimper mais a juré de se tenir à carreau après ses débuts tumultueux. Elle croise au hasard de ses promenades un clochard goguenard qui va lui raconter en plusieurs épisodes les secrets du casse du siècle. La jeune femme est tenue en haleine et devient la dépositaire d'une confession aussi étonnante qu'invraisemblable. Notre héroïne prend une part moins active dans l'histoire mais la lecture n'en demeure pas moins plaisante, empreinte d'un charme désuet et enveloppée de bon air iodé. On devine pas loin le goût du cidre, du beurre salé et des galettes ! 

Une jolie série sans prétention, dégustée sur la route des vacances. 

France Loisirs, coll. Piment noir / Avril 2016

30 août 2016

Agatha Raisin enquête : La Quiche fatale & Remède de cheval, de M. C. Beaton

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Quelle exquise série ! Agatha Raisin est une héroïne hors pair, fantasque, fonceuse, décidée à tout péter dans ce petit village des Cotswolds où elle vient de s'installer, quittant une vie londonienne bouillonnante d'activités et une brillante carrière au sein de son agence de communication.

C'était son rêve de toujours de s'acheter un cottage à la campagne pour y couler une retraite à la hauteur de ses espérances. Las, son adaptation à la vie de Carsely n'est pas un franc succès. Les autochtones sont excessivement polis mais distants. Agatha a beau multiplier les efforts d'intégration, rien n'y fait. Elle se sent seule, isolée et elle s'ennuie. Son dernier espoir consiste à participer à un concours de quiche - qu'elle court acheter chez un traiteur à Londres. Or, peu après sa dégustation, le président du jury meurt empoisonné ! Agatha jure ses grands dieux qu'elle est innocente et avoue honteusement sa supercherie. L'enquête tourne court, mais contrarie notre héroïne qui cherche à démontrer au jeune agent Bill Wong qu'un véritable crime vient d'être commis à la barbe de tous. Cette chère Agatha met les pieds dans le plat, tout en culot et en maladresse, pour nous régaler de son histoire décapante et savoureuse.

Un cozy mystery pur jus, planté dans un décor de carte postale, avec des personnages toqués, de l'humour et une intrigue pétaradante. Un régal ! 

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Et donc, j'ai enchaîné avec le deuxième tome des aventures d'Agatha Raisin (Remède de cheval). ^-^

Après bien des déboires et des hésitations, Agatha a choisi de rester à Carsely. La présence de son nouveau voisin, James Lacey, qui affiche prestance et célibat, n'est pas sans influencer notre héroïne qui n'est plus à une excentricité près (s'envoler aux Baléares en imaginant des vacances en tête-à-tête !). Evidemment, son manque de tact effarouche notre ermite, déjà alarmé par les excès de prévenance des dames du village. James n'entend pas se caser et s'enferme chez lui pour rédiger ses mémoires militaires, mais affronte le syndrome de la page blanche, tout en contemplant derrière le rideau de ses fenêtres les allées et venues de sa voisine hyperactive.

Agatha vient en effet de rallier les rangs des abeilles butineuses agglutinées dans la salle d'attente du nouveau cabinet de vétérinaire. En effet, Paul Bladen est plutôt bel homme, avec son regard pénétrant et des mains sensuelles, en plus d'être célibataire. Justement, Agatha trouvait que son chat était en petite forme. Raison de plus pour consulter le véto au plus vite... Ses efforts ne seront d'ailleurs pas vains, puisqu'elle décroche un rendez-vous galant auquel elle ne pourra se rendre en raison d'une tempête de neige exceptionnelle. Mais elle s'accroche. Et nous offre des séquences hilarantes qui prouvent que le ridicule n'existe pas. 

L'annonce de la mort de Paul Bladen va forcément troubler la communauté de Carsely, principalement sa population féminine, frileuse à l'évocation de son assassinat, embarrassée de quelques secrets peu avouables. Pour l'occasion, Agatha va s'allier à James pour rompre leur routine et rendre service à l'agent Wong. Notre duo de choc se livre à une enquête de terrain particulièrement piquante et cocasse (lire la scène des WC du pub pour s'en convaincre) et pare ainsi ce volume d'anecdotes truculentes et enlevées.

Encore une lecture de confort, pour les amateurs de meurtres à l'anglaise, qui doit aussi son succès à la personnalité haute en couleurs de son héroïne. À suivre avec grand plaisir ! 

Traduit par Esther Ménévis pour les éditions Albin Michel (Juin 2016)

La suite est déjà prévue en Octobre : Pas de pot pour la jardinière (T.3) et Randonnée mortelle (T.4)

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5 septembre 2016

Mémoire cachée, de Sebastian Fitzek

Mémoire cachée roman

Le point de départ de ce thriller évoque celui de La Mémoire dans la peau, de Robert Ludlum, mais aussi L’Armée des 12 singes, de Terry Gilliam. Un type se réveille dans Berlin, blessé et amnésique. Il ne sait plus qui il est (le nom Noah est tatoué dans sa paume droite). Il n’a aucune idée d’où il vient. Il ignore pourquoi il se trouve à Berlin mais comprend rapidement qu'il est en danger. Recueilli par Oscar, un sans-abri, il part avec lui en quête de son destin.

Au même moment, à Manille, un foyer de grippe se déclare, qui bientôt se transforme en pandémie. La planète entière est touchée. Les aéroports de New York sont placés en quarantaine. On compte les victimes par dizaines de milliers. Et la psychose s'installe. Un groupe d’extrémistes semble s'en frotter les mains, quand la question soudain se pose : Noah est-il complice ou victime ?

Le début de l'intrigue est redoutable : suspense, rythme, mystères et rebondissements font du roman un rendez-vous appréciable, qui surprend, qui accroche et qui tient en haleine. J'ai pendant longtemps été interpellée par les ressorts de l'histoire, dont l'intensité dramatique est remarquable (un héros frappé d'amnésie, des tueurs à ses trousses, une pandémie de grippe galopante = jackpot gagnant). 

Les événements s'enchaînent sur une cadence régulière et soutenue. Puis, l'ensemble s'essouffle et se noie en détails improbables, en explications lentes, longues et laborieuses. D'où une petite déception qui déteint sur l'enthousiasme d'entrée de jeu. Mauvais point aussi sur la place que prennent les rôles féminins dans l'intrigue : de simples potiches, sujettes à leurs troubles hormonaux. Pff.

La version audio est lue par Alexandre Donders, très bon dans sa lecture, son intonation des voix, son interprétation des rôles, veillant à ne pas se ridiculiser avec les voix féminines. Une lecture appréciable, qui aurait été plus percutante avec un dénouement moins abscons.

Traduit de l'allemand par Céline Maurice pour L'Archipel (2016).

>> Ce livre audio en exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement.

Texte lu par Alexandre Donders (durée : 15h 41)

Mémoire cachée

 

 

13 septembre 2016

Moi, Boy et plus encore, de Roald Dahl & Quentin Blake

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À lire ou relire... le récit de l'enfance de Roald Dahl dans une version enrichie de lettres, photographies, anecdotes et textes inédits !

Tout commence par l'installation de son père, venu de Norvège, à Cardiff où il fait fortune. Roald grandit au sein d'une famille nombreuse et unie, malgré les coups durs et les aléas de la vie (la mort du père, le choix de la mère-courage à déménager dans une demeure plus modeste et tenir sa promesse d'envoyer les enfants dans des écoles anglaises). C'est l'histoire aussi des fabuleuses vacances en Norvège, des premières promenades en voiture, sans besoin de passer le permis, des petites bêtises pour se venger de l'épicière revêche (en glissant une souris morte dans un bocal à bonbons), ou comment s'interdire de manger des bâtonnets de réglisse pour ne pas attraper la maladie du rat, l'art et la manière de se payer la tête du petit copain de la frangine en lui donnant du tabac de chèvre à fumer, rapporter les sévices corporels et trembler devant un professeur rouquin, à la grosse moustache, ou passer des heures à bouquiner aux WC pour lui réchauffer la cuvette...

À travers le récit de ses aventures, on découvre un jeune Roald Dahl qui ressemble étonnamment aux héros de ses livres (lire son chapitre sur le Chocolat, qui a tout lieu d'être la genèse de Charlie). La lecture de ses mémoires est donc un formidable pèlerinage en enfance, au pays des souvenirs, également un voyage dans le temps (l'époque des années 20) à travers une composition intime et pleine de délicatesse. Ce sont ainsi autant de moments joyeux, insouciants et poignants (la douloureuse expérience des pensionnats anglais, l'éloignement, l'enseignement rigoureux et les châtiments corporels...) que l'on découvre en savourant les petits extras que Felicity Dahl a choisis précautionneusement pour doter la présente édition. La plupart des archives étaient abritées au musée de l'auteur (à Great Missenden) et viennent apporter à la lecture une complicité en partageant des photos et autres documents personnels. La lecture conserve toute la fraîcheur et l'impertinence de la jeunesse, car c'est en puisant dans son légendaire sens de l'humour et une bonne dose de tendresse que Roald Dahl s'est livré à cet exercice réjouissant de l'introspection.

Traduit par Janine Hérisson & Jean-François Ménard pour les éditions Gallimard Jeunesse / Septembre 2016

«Une vie sans boutiques de confiseries ni bonbons ne vaudrait pas vraiment la peine d'être vécue...»

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6 septembre 2016

Le Camp des morts, de Craig Johnson

Le camp des morts

La vieille Mari Baroja est retrouvée morte à la maison de retraite, où l'ancien shérif Connally séjourne également. Il prend la liberté de réclamer une autopsie et d'ouvrir une enquête auprès de son successeur, Walt Longmire. Il est en effet convaincu que la victime a été empoisonnée. Longmire chipote, mais fait confiance en l'instinct de son ancien chef. Certes, celui-ci avoue avoir été le premier grand amour de la vieille Mari et aurait connu une brève escapade amoureuse, laquelle a été écourtée par sa famille, des immigrants d'origine basque, qui ont privilégié un mariage de convenance pour étouffer le scandale. Longmire va ainsi se plonger dans le passé d'une communauté fermée aux autres et ouvrir une boîte de Pandore, avec des non-dits et des secrets bien enfouis. Plus il avance dans son enquête et rassemble les preuves, plus il se heurte à de nouveaux meurtres sanguinaires. Toutes les victimes ne sont pas non plus de saintes personnes, mais il n'empêche que notre affaire se complique. Pour Walt Longmire, ce travail de fourmi est comme un coup de pied aux fesses qui lui fait presque oublier ses propres fantômes. Et c'est bien pour ça que la lecture dégage autant de charme et d'attrait. On s'attache à ses personnages cabossés, à leur humour mordant, à leurs parcours jamais tracés en ligne droite, aux nouvelles rencontres, aux potes fidèles, au contexte de cette Amérique profonde, avec ses shérifs aux méthodes rustres et au cœur tendre, aux conditions météorologiques intransigeantes, le froid, la neige, les routes glissantes... Le pays des cowboys est une terre promise à conquérir par une volonté farouche et inflexible ! ^-^ L'intrigue criminelle ne prend donc pas toute la place et rend hommage aux figures qui la composent. C'est très, très bon. Super dépaysant. De plus, Jacques Frantz, le lecteur pour Sixtrid, nous embarque par la force de sa voix rauque dans cette contrée du bout du monde où chaque pièce du décor semble être sortie d'un tournage de cinéma. Cette lecture nous imprègne en moins de deux minutes, il n'y a qu'à fermer les yeux et croire en l'impossible, comme se téléporter dans les grandes plaines de solitude et contempler la beauté des environs... 

Texte interprétré par Jacques Frantz pour Sixtrid - durée : 11h 41 / Juin 2016

Traduit par Sophie Aslanides pour les éditions Gallmeister (Death Without Company)

 

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