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Chez Clarabel
13 mars 2015

Suite Française, d'Irène Némirovsky

Suite française

« Suite française » réunit les 2 premiers romans d’une série  de 5 livres qu’Irène Némirovsky souhaitait écrire sur la guerre : Tempête en juin et Dolce. Arrêtée en juillet 1942, elle trouvera la mort en déportation, à Auschwitz, et laissera une œuvre inachevée, en plus d'un lourd héritage romanesque, exhumé dans les années 2000 (pour info, elle obtiendra le Prix Renaudot à titre posthume pour Suite Française).

L'histoire s'ouvre sur l'exode de milliers de français, en juin 40, avec Paris menacé par les bombes et l'invasion allemande. On suit une famille bourgeoise, les Péricand, un écrivain bouffi d'orgueil, Gabriel Corte, et Florence, sa maîtresse, deux employés de banque, les Michaud, et leur directeur, M. Corbin, et aussi un vieux radin amoureux de ses porcelaines, Charles Langelet ... Tous vont se jeter sur les routes, empaquetant leurs richesses, oubliant les aïeuls, volant des paniers en osier ou de l'essence pour poursuivre leur fuite en avant. Elle est belle, la France ! 

Puis, l'histoire bascule dans un autre climat (Dolce) : nous sommes dans la petite ville de Bussy, occupée par les allemands. La vieille Mme Angellier et sa bru, Lucile, voient un officier prendre ses quartiers dans leur maison. Cet homme, calme et silencieux, ne cache pas sa fascination pour la jeune femme, elle-même troublée par les manières polies et érudites de cet inconnu, mais consciente de son uniforme vert, elle s'interdit toute proximité. C'est d'ailleurs de cette partie du livre que le film réalisé par Saul Dibb s'est librement inspiré  (cf. la bande-annonce).

Romancière exceptionnelle, réputée pour son élégance de style (auréolée d'un charme suranné très appréciable), Irène Némirovsky faisait également preuve d'une ironie et une causticité remarquables, si bien que ses histoires paraissaient moins frivoles et plus féroces.  Il y a sans doute une grande part de frustration à l'idée de commencer cette saga dont on ne saura jamais la fin, mais le destin tragique de l'auteur contribue insidieusement à considérer cette lecture à part et à en apprécier la valeur au-delà du jugement littéraire.

Suite Française est une fresque romanesque passionnante, un drame romantique qui fait chavirer le cœur, un témoignage historique et une critique exacerbée de notre société sous le joug allemand. J'ai eu parfois du mal à me familiariser avec la voix de Dominique Reymond, très solennelle, au point de rendre une lecture hyper guindée et rigoureuse d'un récit vibrant de force, mais condamné à un sort funeste. J'ai cependant eu beaucoup de regret de quitter trop tôt cet univers captivant ! 

Audiolib, février 2015 ♦ texte intégral lu par Dominique Reymond (durée : 13h 50)

              Date de sortie du film :  1er avril 2015

Suite française FILM

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10 avril 2015

N'y pense même pas ! de Sarah Mlynowski

« C'était comme de lire le journal intime de quelqu'un ou d'entendre une conversation téléphonique qui ne vous était pas destinée. Quand on avait entendu, on ne pouvait plus revenir en arrière. » 

Ny pense meme pas

Suite à leur séance collective de vaccination contre la grippe, la classe de 2nde B du lycée Bloomberg de Tribeca se découvre un étonnant pouvoir de télépathie. Or, toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre : être dingue de son meilleur ami, espérer un amour réciproque, passe encore... mais découvrir qu'il en pince pour une autre, avouer son infidélité, ou surprendre l'intimité de ses parents, cela devient un cauchemar pour ces jeunes gens, qui se révèlent les uns aux autres, pas toujours sous leur meilleur jour. Scènes de détresse, de colère ou de jalousie... bienvenue au lycée, cette jungle impitoyable ! La lecture ressemble à une gigantesque cacophonie, d'où il ne ressort finalement pas grand-chose, tant le contenu est superficiel et sans consistance. La télépathie n'est qu'un prétexte pour exacerber les angoisses existentielles des adolescents, souvent liées à leurs amours balbutiantes ou à leurs histoires de cœurs brisés, mais traitées à la légère, sans humour. Assez frustrant de la part d'un auteur comme S. Mlynowski. De plus, la narration à la 1ère personne du pluriel m'a quasiment paralysée d'effroi. C'était comme se retrouver devant un bataillon de monstres, « des phénomènes ». Ils font bloc, face au lecteur, c'est assez déstabilisant. Enfin, personnellement je n'ai pas aimé et me suis vite sentie mal à l'aise. La couverture déjà n'était pas très avenante, on oubliera donc facilement ce rendez-vous loupé.

Albin Michel, coll. Wiz, mars 2015 ♦ traduit par Claudine Richetin (Don't Even Think About It)

9 mars 2015

Le Complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood

Le complexe d'Eden Bellwether

“Le Complexe d'Eden Bellwether” combine l'ambiance énigmatique à une intrigue perfide et redoutable, avec au cœur de l'action des jeunes gens huppés, batifolant sur les pelouses de King's College, et le narrateur, Max, simple aide-soignant dans une maison de retraite. Max obtient son droit d'entrée dans ce club élitiste grâce à sa relation naissante avec la jolie Iris, or celle-ci ne supporte plus les discours pompeux de son frère, Eden, un organiste virtuose, qui prône que la musique qu'il joue peut sauver des vies.

Ensemble, ils tentent de démontrer l'ineptie de ses propos, font appel au spécialiste des troubles de la personnalité, le Pr Herbert Crest, veulent alarmer la famille et l'entourage, qui ne se doutent pas que, sous le caractère narcissique d'Eden, se cache un esprit torturé, oscillant depuis des années entre le génie et la démence. Certes, ce roman m'aura fait instinctivement penser à celui de Donna Tartt, Le Maître des illusionsqui réunit lui aussi l'école prestigieuse, la manipulation, l'engrenage infernal, le mystère et le drame. 

J'ai beaucoup aimé me plonger dans ce monde raffiné, romantique mais désabusé, où l'histoire serait presque anecdotique tant le contexte est alléchant et divinement planté. Cet environnement guindé m'a plus que séduite, au point d'occulter la trame appliquée mais laborieuse, semblable à une course de fond désespérée. Dès lors, quelle force et quel toupet dans ce roman brillant et audacieux, qui peut surprendre et envoûter tout lecteur en quête de romans académiques dans la lignée « secret-history-esque ». 

Audiolib, février 2015 ♦ texte lu par Thierry Janssen (durée : 14h 41) 

Au micro, Thierry Janssen, qu'on ne présente plus, nous fait passer un moment exquis et guide avec talent le lecteur dans ce suspense où dialoguent réalité quotidienne et symboles éternels. Il a également enregistré pour Audiolib les romans de Lars Kepler et Fred Vargas, et aussi Sukkwan Island

 

Le complexe d'Eden Bellwether Wood

Roman traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin

PRIX DU ROMAN FNAC 2014

20 avril 2015

L'Élite 2. Sous surveillance, de Joelle Charbonneau

L’Elite2

Je m'attendais à une suite plus originale, au lieu de ça l'histoire est lente, répétitive, portée par une héroïne peu attachante. Cia est une jeune fille brillante, mais franchement agaçante. Tout repose sur ses épaules, au lieu de paniquer, elle gère à merveille les nouveaux tests psychologiques, les nombreux cours qu'elle doit suivre, la mission d'infiltration, bref elle anticipe chaque événement sans frémir. De plus, l'intrigue évolue sans hâte et se perd dans la description de la routine universitaire. Me suis clairement ennuyée. Il est loin le temps d'une lecture trépidante, semée d'embûches et pleine d'imprévus. Je n'ai pas été convaincue par la nécessité de tester à nouveau les rescapés du tome 1, et encore moins par l'interlude amoureux, qui ne sert à rien. Je lirai néanmoins le prochain tome, pour connaître la fin de l'histoire qui avait su faire preuve d'un brin d'originalité jusqu'à présent... ☺

éditions Milan, coll. Macadam, février 2015 ♦ traduit par Amélie Sarn (The Testing : Independent Study)

5 mai 2015

Que ta volonté soit faite, de Maxime Chattam

Que ta volonté soit faite 

Cette lecture a été pour moi affreusement perturbante, je n'y ai trouvé aucun plaisir à suivre la folie obsessionnelle d'un détraqué sexuel dans le cadre d'une petite ville américaine. Alors forcément on pense à Stephen King (qui n'a pas son pareil pour dépeindre les ploucs), mais M. Chattam a voulu dépasser le maître en forçant le trait. Sincèrement c'est lourd et parfois indigeste.

Sitôt qu'on s'éloigne du personnage de Jon Petersen, on découvre la routine d'une petite bourgade du Midwest, à Carson Mills, sa communauté, son shérif, les croyances religieuses et les secrets enfouis. Un tableau plus commun, presque idyllique, fidèle à ses racines, même si l'envers du décor est plus amer, la peinture reste dépaysante et plutôt agréable à découvrir. Cela n'a toutefois pas suffi à effacer toutes ces scènes d'horreur, décrites dans un style pompeux et écœurant, où on se sent voyeur et déplacé. Franchement nauséeux.

Lue à haute voix par Antoine Tomé, cette histoire paraît encore plus abjecte et affligeante (imaginez les scènes de viol surgir de la station d'accueil de l'iPod ! ... hyper inconfortable à écouter). De plus ce lecteur pour Audiolib maîtrise mal les voix féminines et les voix d'enfants. Il faudrait penser à une alternative. 

Audiolib, avril 2015 ♦ texte lu par Antoine Tomé (durée : 8h 58) avec l'autorisation des éditions Albin Michel

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21 avril 2015

Fille des cauchemars : Anna, de Kendare Blake

Fille des cauchemars

« Anna Korlov. Anna à la robe rouge de sang.
Le nom roule dans l'espace comme une déferlante. Ma voix intérieure se le répète depuis si longtemps que je frissonne de l'entendre, dans la bouche d'un autre, trancher l'air comme une lame de rasoir. »

Thésée Cassio Lowood tue les fantômes, comme son père disparu trop tôt, et parcourt le pays pour traquer ces âmes en peine, qui se vengent sur les vivants en les piégeant à leur tour. Sa nouvelle mission le conduit sur les traces de la terrifiante Anna Korlov, jeune fille tuée le soir de son bal de promo. Depuis, son fantôme déchaîné n'a eu de cesse de multiplier les victimes, dès qu'on s'approche de sa maison. Cas en fera la douloureuse expérience en assistant, impuissant, à l'assassinat sanglant d'un camarade de lycée sous ses yeux ébahis.

Jusqu'ici l'histoire m'a carrément scotchée : mise en place angoissante, personnages attachants, intrigue entortillée, thriller, horreur, fantastique... tout se mêle avec joie pour exciter notre curiosité. J'étais ferrée. Le milieu du roman fait chuter la pression, devient presque commun et ose proposer une relation sentimentale totalement inopportune ! Bref. Passons. La fin renoue avec les émotions fortes, c'est chaud, intense, palpitant. Purée, ça envoie du steak et ça vous colle dans le fond de votre siège. Grosse boule au ventre. Pfiou, vous tournez la dernière page sur une sensation d'hébétude.

J'ai été impressionnée par l'audace du roman, avec son histoire de fantôme sanguinaire (et sa très belle couverture), l'auteur a pris le parti de bousculer gentiment son lecteur avec un univers riche et poignant. Cela change des façades un peu trop lisses des livres YA actuels et c'est très bien ainsi !

Hachette, coll. Black Moon, novembre 2014 ♦ Traduit par Victoria Duhamel (Anna Dressed in Blood)

22 avril 2015

Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ?, de Thierry Lenain & Delphine Durand

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Édition en grand format de ce titre incontournable de la série Mademoiselle Zazie ! Quel plaisir.

Il s'agit aussi du tout premier album introduisant notre couple fétiche : Max, un garçon sympathique, a des idées préhistoriques sur la question fille / garçon (en gros, on a des Avec-zizi et des Sans-zizi), mais ça, c'était AVANT sa rencontre avec Zazie. Pétulante, vive, intrépide et redoutable, elle déboule un matin dans son école. Et là, c'est le choc.

Elle ne fait rien comme les filles, elle grimpe aux arbres, joue au foot, aime la bagarre et dessine des énormes mammouths en classe. Son cas interpelle notre Max, pas très finaud : après tout, Zazie n'a pas de zizi, si c'est une fille. Ou alors, elle triche ? Et notre bambin de mener son enquête ... jusque dans les toilettes ! 

Franchement, c'est très drôle ! Cela donne le ton de cette série qui n'a jamais cessé d'enthousiasmer les amateurs d'histoires rigolotes, en abordant des thèmes essentiels et pas toujours bien exploités dans la littérature jeunesse (la question du genre & de l'égalité entre les sexes). Ici c'est traité avec intelligence, espièglerie et bonne humeur.

C'est un vrai régal. Même en grand format, on a plaisir de savourer les illustrations de Delphine Durand, notamment pour les mimiques et les expressions du visage de Max (ah, ah ! le fripon qui se creuse les méninges sur son lit, ou qui reluque sa copine sur la plage). La découverte finale vaut son pesant de cacahuètes ! 

Une série extra, à découvrir sans plus tarder (si ce n'est pas déjà fait) ! 

Nathan ♦ Avril 2015 ♦  

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18 mai 2015

Broken Soup, de Jenny Valentine

Broken Soup

Rowan rencontre Harper sur un malentendu. Routard insouciant, au volant d'une vieille ambulance, il erre dans les rues de Londres avec un sourire aux lèvres et une bienveillance chevillée au corps. C'est tout naturellement qu'il a tendu à la jeune fille un bout de négatif qu'elle aurait laissé tomber par terre, même si elle prétend le contraire. Rowan file droit devant elle, perplexe et curieuse. Puis troublée, quand elle découvrira ce que la photographie lui révélera.

La vie de l'adolescente a basculé dans un monde terne et sans joie depuis la mort de son frère Jack. La famille a volé en éclats - son père a quitté le foyer, sa mère est plongée dans un état neurasthénique. Suite à cela, Rowan assume seule le quotidien en s'occupant de sa petite sœur Stroma sans se plaindre. De toute manière, le roman est étonnamment enjoué et d'un optimisme ravageur ! Même si le sujet est lourd, l'histoire évite tout pathos et insuffle une énergie positive qui fait un bien fou.

Et c'est tout naturellement qu'on s'attache aux personnages et suit avec délice leur parcours, entre légèreté, insouciance et tendresse. C'est simple, parfois idéaliste, mais ça vous donne l'envie de croquer la vie à pleines dents, de chasser tout état d'âme et d'apprécier l'instant présent, auprès des gens qui vous sont proches. Profitez, profitez, profitez. Cette lecture peut faire office de pansement et rallie la précieuse doctrine « ensemble, c'est tout » ! Jugez par vous-même.

L'École des Loisirs ♦ Octobre 2014 ♦ Traduit par Marie-Claude Mapaula

4 juin 2015

Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason

Les Nuits de Reykjavik

Nouveau retour aux sources avec cette lecture, qui fait suite au Duel, épisode consacré au commissaire Marion Briem au début de sa carrière. Cette fois, c'est le jeune Erlendur que l'on découvre, en tant que fraîche recrue de la police de Reykjavik, cantonnée aux patrouilles de nuit. Un poste en parfaite conformité avec son tempérament solitaire et taciturne. Mais notre homme est également un grand sensible, proche des gens, attentif à leur détresse (violence domestique, alcoolisme etc.), on sent déjà qu'il cherche à expier une faute. L'histoire tourne donc autour de la mort d'un clochard qu'Erlendur avait souvent croisé dans les rues et tenté d'aider. La sœur de celui-ci veut connaître les circonstances du drame et pousse le policier à se lancer dans une enquête officieuse. Le tableau est planté, avec toujours les mêmes ingrédients (l'atmosphère morose, le rythme lent, le personnage accablé, l'obsession du passé). La magie ne peut qu'opérer immédiatement ! Et c'est tellement bon, même si l'intrigue n'est pas surprenante, elle est fidèle à elle-même, profonde, poignante et attachante. 

Jean-Marc Delhausse, pour sa 6ème collaboration avec Audiolib dans le rôle d'Erlendur, nous accompagne dans notre lecture en faisant corps avec le personnage et livre une interprétation à l'intensité dramatique réussie et émouvante.

Audiolib ♦ mai 2015 ♦ texte lu par Jean-Marc Delhausse (durée : 8h 17) 

 

LES NUITS DE REYKJAVIK Métailié

Traduit de l'islandais par Éric Boury (Reykjavíkurnætur) pour les éditions Métailié

22 juin 2015

Une main encombrante, de Henning Mankell

Une Main Encombrante

Proche de la retraite, Wallander cherche un point d'attache pour couler des jours tranquilles. Alors qu'il visite une maison à la campagne, le commissaire trébuche sur une main surgie de nulle part. Ses instincts sont aux aguets. Il requiert son équipe d'experts de fouiller le jardin et découvre les ossements d'un couple enfoui là depuis cinquante ans. Même si on ne lui octroie ni les moyens ni le temps pour ce dossier, Wallander continue de fouiller dans le passé de la maison et de ses propriétaires pour rendre justice aux deux victimes.

L'histoire est à l'image du héros, las, usé et désabusé. Donc, c'est lent et pointilleux, mais intéressant à lire. Wallander ne supporte plus les vicissitudes de la bureaucratie. Ses relations avec sa fille sont à couteaux tirés. Il a fait le tour de son métier et envisage de tirer sa révérence. Mankell a d'ailleurs annoncé qu'il n'écrirait plus sur Wallander après l'épisode suivant, L'homme inquiet. Point final. Il explique en fin d'ouvrage sa relation ténue avec son personnage fétiche, non sans un zeste de fierté.

Le texte lu par Marc-Henri Boisse figure bien les caractéristiques de Kurt, en lui collant cette intonation bougonne et abattue qu'on juge indissociable. Après quoi, l'histoire n'est ni surprenante, ni haletante. Elle ne dure que 3 heures, ou 182 pages. À grignoter comme une friandise ou une mise en bouche pour les lecteurs désormais orphelins de leur commissaire suédois, définitivement au bout du rouleau.

Sixtrid / mars 2015 ♦  Interprété par Marc-Henri Boisse (durée : 3h 12)

Traduit par Anna Gibson pour les éditions du Seuil

Une main encombrante Seuil

29 mai 2015

Girl Online, de Zoe Sugg

Girl Online

Le phénomène « Zoella » débarque en France ! Vous ne connaissez pas du tout cette YouTubeuse anglaise, propulsée sur le devant de la scène, grâce au succès de ses vidéos sur le net ? C'est normal, vous n'avez plus 15 ans. Mais les ados sont friandes de ses conseils et les éditeurs ont flairé le bon filon en lui suggérant d'écrire son 1er roman (avec polémique à la clef). Poussée par la curiosité, j'ai donc ouvert l'objet du délit pour y picorer une histoire gentillette, qui ne révolutionnera pas le genre, mais qui inspirera sans doute les plus jeunes, déjà adeptes des mêmes outils de communication et des intrigues romantiques mais invraisemblables.

Penny, la narratrice, manque cruellement de confiance en elle et a choisi d'exposer ses états d'âme sur un blog, sous le pseudonyme de Girl Online. Elle parle de sa vie au lycée, de sa “meilleure copine” qui vient de l'humilier en publiant sur un réseau social une vidéo d'elle, s'étalant sur scène, sa petite culotte au grand jour. De fil en aiguille, ses confidences touchent un large public et créent le buzz. En s'envolant pour New York, où ses parents viennent de décrocher un contrat en or à l'hôtel Waldorf Astoria, Penny rencontre un charmant musicien qui va lui faire vivre un conte de fées... en oubliant que, souvent, les princes redeviennent crapauds après minuit.

Le roman est dans l'air du temps, frais et instantané, il propose une histoire mignonne et assez superficielle, qui vend du rêve sur 300 pages en donnant l'illusion aux jeunes lectrices qu'elles aussi peuvent se retrouver dans cette bluette pétrie de candeur. En gros, il faut parler de ses peurs, les affronter, puis toucher les étoiles et faire preuve de modestie. Voilà, voilà. À vous d'en tirer les conclusions en conséquence... ;-)

La Martinière J. ♦ mai 2015 ♦ traduit par Rosalind Elland-Goldsmith

24 juin 2015

Le Loup de L.A., de Maggie Stiefvater

Loup de LA

Tout le monde croit connaître l’histoire de Cole St. Clair. Le succès. La drogue. La déchéance. Puis sa disparition. Mais rares sont ceux qui connaissent son secret le plus sombre – sa capacité à se métamorphoser en loup. Isabel fait partie du cercle restreint de ceux qui savent. Il fut un temps où ils auraient même pu s’aimer. Un temps révolu. Jusqu’au jour où Cole est de retour. De retour sur la scène. De retour où le danger rôde. De retour dans la vie d’Isabel.

Comme beaucoup de lecteurs, j'avais quitté la série de Maggie Stiefvater en 2012, après avoir lu Fusion qui bouclait la saga de Sam & Grace à Mercy Falls. C'était sans me douter que, trois ans plus tard, une pointe de nostalgie surgirait sous les traits de Cole St. Clair avec ce roman racontant son histoire après les événements survenus dans le Minnesota. Notre chanteur sexy tente de renouer avec le succès et l'amour en débarquant en Californie. Là se trouve l'inoubliable Isabel Culpeper qu'il souhaite reconquérir. Celle-ci a pourtant tourné la page, mais pas verrouillé son cœur. Revoir Cole ravive autant de souvenirs que d'émotions !

Je ne cache pas avoir pédalé dans la semoule en me plongeant dans cette suite qui a tout lieu d'être tardive et impromptue. C'est toujours aussi joliment poignant, raconté avec lyrisme, mêlé à un soupçon de coquinerie, car notre couple vedette est réputé pour ses interactions volcaniques et passionnelles. Mais avouons aussi que tout ça arrive un tant soit peu après la bataille. J'aimais l'idée du flou autour de leur relation inaboutie, lui donner des mots et une forme ne me semblait pas indispensable.

Alors si on aime follement la saga, qu'on découvre à peine ou qu'on ne peut vivre sans avoir lu le moindre écrit de l'auteur, oui ce livre mérite d'être lu, dans la foulée. Et savourer pleinement cette histoire de seconde chance dans laquelle patouillent des personnages qui le valent bien (et méritent leur happy end). Maggie Stiefvater tenait aussi à se faire plaisir en évoquant l'artiste maudit et torturé, à travers Cole, et laisser exploser sa passion pour la musique qu'on retrouve dans chacun de ses livres, particulièrement dans son écriture.

Hachette jeunesse, coll. Black Moon / novembre 2014 ♦ Traduit par Camille Croqueloup (Sinner)

  ♪♫ I remembered that once upon a time, I wrote books with kissing scenes. I remembered that once upon a time, Cole St. Clair had been a rock star. ♫ ♪ M.S.

9 juin 2015

Teaser Tuesday #61

Teaser_tuesday

Le calendrier avait beau leur en rappeler la date longtemps à l'avance, les départs les prenaient toujours par surprise. Jim avait préparé sa valise la veille au soir, mais à présent, alors qu'il était presque l'heure de partir, il hésitait. Avait-il emporté assez de livres ? Il allait et venait devant la bibliothèque de son bureau, en sortait des romans puis les remettait en place. Avait-il pris ses chaussures de course ? Pensé à mettre sa crème à raser dans son sac ? Jim entendait sa femme et leur fille remonter l'escalier de la maison au pas de course et dévaler les marches, en proie à la même panique de dernière minute, et un objet oublié s'entassait avec les autres près de la porte.
Les Vacanciers - Emma Straub

Chaque matin à son réveil, Süri Kettunen constatait qu'elle n'était toujours pas morte. Puis elle se levait, se lavait, s'habillait et grignotait son petit déjeuner. Cela se faisait lentement, elle avait tout son temps. Elle lisait le journal avec soin et écoutait les matinales à la radio, de façon à sentir qu'elle faisait bien partie de ce monde. Vers 11 heures, elle partait souvent pour une balade en tramway, mais ce jour-là elle n'en eut pas la force.
Les Petits Vieux d'Helsinki - Minna Lindgren

Cet été-là, Cabrel chantait Hors Saison et tout le monde chantait Cabrel.
Cet été-là avait rapidement été là. Dès le dernier week-end de mai en fait, lorsque la température était montée d'un coup, jusqu'à vingt degrés. On avait alors entendu les premiers rires dans les jardins clos, les toux sèches à cause des premières fumées grasses des barbecues, et les cris des femmes surprises au soleil, à demi nues. On aurait dit des piaillements d'oiseaux. On aurait dit que tout le village était une volière.
Et puis les hommes avait commencé à se retrouver le soir, dans la fraîcheur, à boire les premiers rosés, bien glacés, pour tromper l'alcool, endormir les maléfices, et pouvoir en boire davantage. Et l'été avait vraiment commencé.
Cet été-là, il y avait Victoire. Et il y avait moi.
Les Quatre Saisons de l'été - Grégoire Delacourt

Ma sœur June est morte exactement neuf jours avant de recevoir son diplôme de fin d'études secondaires. C'était un jeudi, comme l'indique le calendrier accroché près du téléphone de la cuisine. En mai. C'est un calendrier illustré par des photos de chiens et le chien du mois de mai, c'est le golden retriever - une portée de chiots, blottis les uns contre les autres dans une petite charrette rouge, au milieu d'un parterre de fleurs printanières. Le mot Diplôme !! est noté en rouge en face de la date fatidique, ponctué de deux points d'exclamation. Si elle avait attendu un peu, ne serait-ce que deux semaines de plus, June serait morte en juin. Juin, June. Elle ne semble pas avoir prêté attention à cette coïncidence.
Plus loin, Plus près - Hannah Harrington

3 juillet 2015

#8PM, tome 2 : Effets secondaires, de Jeff Sampson

8PM

Emily était une jeune fille sans problème, plutôt réservée, jusqu'au jour où sa personnalité a commencé à se dédoubler pour devenir une Emily de la Nuit, vamp incontrôlable, qui fait les 400 coups et drague les mecs lors des soirées alcoolisées. Mais c'était avant de découvrir sa nature profonde et de comprendre qu'elle avait servi de cobaye pour un laboratoire privé. Elle a depuis identifié d'autres jeunes gens dans son cas, zigouillé un meurtrier en série et renoncé à sa vie d'avant. Car les ennuis la poursuivent et Emily doit sonner le rassemblement de la “meute” pour prévenir la présence envahissante de “spectres” et repérer les nouveaux “déviants” qui circulent en électrons libres. Or, son amie Megan prend la mouche et pollue futilement une grande partie de l'histoire, qui déraille en une spirale infernale, mais pas démentielle non plus. Le rythme est bon, les personnages bien en place dans une intrigue peu exceptionnelle, mais pas déplaisante. On n'a pas une évolution fulgurante des caractères qui restent, pour la plupart, très juvéniles et peu fouillés. Je reste aussi perplexe à la lecture de l'univers dépeint (le truc où l'on se renifle... mouaip), même si l'auteur tente sincèrement de renouveler une mythologie ressassée (je spoile si je balance sa teneur), cela reste donc trop en surface à mon goût. Il s'agit de l'avant-dernier tome d'une série qui ne se distingue pas par son originalité, mais inspire une certaine sympathie.

Milan, coll. Macadam / avril 2014 ♦ Traduit par Mim (Deviants #2 : Havoc)

19 juin 2015

Les Derniers jours de nos pères, de Joël Dicker

LES DERNIERS JOURS DE NOS PÈRES

Londres, 1940. Winston Churchill décide de créer une branche spéciale des services secrets, le SOE. Jeune parisien valeureux et attachant, Paul-Émile (dit Pal) est rapidement recruté pour intégrer un petit groupe de Français et suivre un entraînement intensif aux quatre coins de l’Angleterre. C'est lent, long, douloureux mais ça procure l'occasion de tisser une solidarité exemplaire, face aux coups durs, et surtout face à la suite des opérations, lorsqu'ils seront renvoyés en France occupée pour seconder les réseaux de résistance. Et le lecteur aussi sera aspiré par cette mélancolie ambiante, le rythme du récit étant atonique et plat, ce n'est pas une écoute qu'on partage de gaieté de cœur, même si l'interprétation d'Hugues Boucher pour Audiolib est lisse et proprette, elle n'efface pas l'impression d'un roman écrit de façon ampoulée et solennelle. Car Joël Dicker en fait beaucoup trop, et c'est bien dommage. On se lasse trop vite de cette histoire instructive, mais décrite avec grandiloquence. Action lente, style précieux, personnages effacés... pourtant au service d'une histoire de guerre et d'espionnage, une histoire d'humanité et de fraternité, une histoire de survie et de peur, une histoire de père et de fils. Vraiment dommage d'avoir tartiné tout ça d'un ton emprunté et trop maniéré.

Audiolib / mai 2015 ♦ texte lu par Hughes Boucher (durée : 12h 53) ♦ éditions du Fallois, 2012

♦♦♦

«  On ne peut pas écrire ce qu'on n'a pas vécu. » 

17 juin 2015

Le Bloc-notes de louise: Fan de lui, de Charlotte Marin & Marion Michau

Le bloc-notes de Louise

Louise est une ado de 14 ans obsédée par le groupe The Connections et son chanteur sexy à la mèche rebelle. Le soir de leur concert, elle décroche le pompon en lui arrachant un autographe (et une poignée de cheveux). Mais plus incroyable encore, son Ricky adoré débarque chez son père, le seul véto du coin, pour soigner l'intoxication alimentaire de son furet. Branle-bas de combat, les amis, Louise vit un rêve éveillé... qui se poursuit en recevant l'invitation à les rejoindre sur leur yacht le lendemain. Whou-whou !

L'histoire est carrément démentielle, surréaliste mais franchement hilarante. Louise est une héroïne géniale, avec un sens de l'autodérision au taquet dès qu'il est question de sa fan attitude et des situations saugrenues qu'elle vit au contact de son groupe vénéré. Cela part dans tous les sens, les anecdotes sont toutes plus délirantes les unes que les autres, et on n'a pas le temps de dire ouf tant c'est truffé de rebondissements. C'est donc avec gourmandise et sans complexe qu'on déguste ce récit.

« Je vais m'asseoir... mais où ? Sur les genoux de Ricky ? Ah ah LOL... Je repère un gros pouf gonflable en plastique. Je pensais me poser à la cool. Erreur : je n'avais pas prévu que ce serait une sorte de marshmallow géant. Je m'enfonce jusqu'à avoir limite les pieds en l'air et les fesses qui touchent le sol, tout ça dans un bruit atroce de gastro. Je comprends mieux pourquoi la place était libre. »

Ah, ah. Je n'ai pas arrêté de sourire ou de glousser en lisant ce petit roman jubilatoire, et pourtant je suis loin d'être le public-cible. Mais il y a une telle bonne humeur et une fraîcheur de style qui font tout oublier. J'ai passé un très bon moment et je recommande !

Albin Michel / juin 2015 ♦ Avec les chouettes illustrations de Diglee  ☼☼☼  Du même duo, j'avais adoré Apocalipstick  ! 

2 septembre 2015

Désir mortel, de Hans Koppel

Désir mortel

Lors d'un séminaire, Anna cède inexplicablement à son attirance pour Erik, un beau jeune homme croisé au bar. Mariée et mère de famille, elle mène ce qu'on nomme communément une vie modèle. Cette incartade est pour elle une folie d'un soir car elle entend reprendre sa routine sans dire un mot à son mari. Mais Erik resurgit comme un diable hors de sa boîte. Pressant, enjôleur et troublant. Il séduit la jeune femme et cherche à tout prix à la revoir.

Anna se sent prise au piège. Son corps la trahit, tandis que sa raison la supplie de cesser tout contact avec ce dangereux inconnu. Dangereux ? Oui. Sous ses dehors charmeurs, Erik suscite des frissons d'angoisse et de doute. Et l'on suit ainsi un engrenage sournois, entre attraction et répulsion, à se demander si Anna va réagir plus fermement, cesser de se voiler la face et réprimer son penchant vers l'interdit.

Le roman, au scénario classique, mais peu sulfureux, manque finalement de subtilité, avec ses dialogues artificiels et poussifs. Après tout, les personnages ont des réactions qui tiennent la route, même si elles sont désespérantes de banalité. Et cela rend la lecture si conventionnelle, très peu excitante, sans tension psychologique crédible. J'ai été plutôt déçue. L'idée d'une obsession passionnelle vénéneuse était alléchante, sauf que son traitement est ici sans grande originalité...

Presses de la Cité / mars 2015 ♦ Traduit du suédois par Hélène Hervieu (Kom ska vi tycka om varandra)

26 juin 2015

Temps Glaciaires, de Fred Vargas

TEMPS GLACIAIRES CD

C'était grandiose, un retour tant espéré qui ne m'a franchement pas déçue ! J'ai adoré du début à la fin, ou comment une simple lettre suspecte va conduire nos enquêteurs sur une série de meurtres déguisés en suicides, avec une simple guillotine en guise d'indice, passant par un voyage touristique en Islande, des drames et des larmes, et pourquoi pas un vengeur masqué et des victimes paniquées ?! 
Fred Vargas pousse toujours plus loin ses excentricités en nous emmenant également chez les Amis de Robespierre, lesquels se réunissent en costumes d'époque et rejouent les scènes clef de la Terreur dans un souci d'authenticité sidérante. Danglard y grappille une certaine prestance, jusqu'à entrer en sécession avec les lubies de son chef, entortillé dans une “pelote d'algues séchées”. 
L'effet est terriblement efficace, intelligent, rusé et drolatique. Les personnages sont la preuve que la finesse et la dinguerie sont un alliage tout à fait plausible !
J'ai donc savouré leurs réparties et leurs fantaisies, “On s'est fait promener comme des billes !”, de bon cœur. C'est inimitable, mêlant digressions inextricables, humour farfelu et personnalités décalées. Une lecture atypique, obsessionnelle, fiévreuse et azimutée. Incontournable.

Audiolib / juin 2015 ♦ Texte lu par Thierry Janssen (durée : 12 h 53) ♦ T. Janssen reprend du service pour Audiolib et Fred Vargas, et ce n'est pas piqué des vers ! Interprétation remarquable, en parfaite corrélation avec l'esprit complètement à l'ouest des personnages et de l'histoire. 

- Pourquoi, quoi qu'on fasse, nous prend-on toujours pour des flics ?
- À cause de notre regard perverti, de notre vigilance hors de propos, de notre suspicion, du pouvoir qu'on croit détenir, d'une offensive que chacun sent possible. Question de phéromones, l'habit ne fait pas le moine.
- À propos d'habits, est-ce vous, Danglard, qui nous avez hier soir photographiés en tenue de députés du XVIIIe siècle ? Et qui avez diffusé ces images sur les portables de tous les agents de la brigade ?
- Parfaitement. Je nous trouvais très honorables.
- Mais tous ont ri.
- Le rire est une défense contre ce qui impressionne. Vous avez, je vous le signale, beaucoup plu. Froissy est tombée amoureuse de vous dès 9 h 20 du matin. Cela perturbe la vision habituelle qu'ils ont de vous. Hommes ou femmes.
- Très bien, Danglard. Et qu'est-ce que j'en tire ?
- De l'ambiguïté.
Adamsberg avait l'habitude de rester sans réponse aux répliques de son adjoint.

1 septembre 2015

Dernière conversation avec Lola Faye, de Thomas H. Cook

Dernière conversation avec Lola Faye CD

Luke Paige, écrivain et enseignant, vient de conclure sa conférence lorsqu'il croise un fantôme de son passé en la personne de Lola Faye Gilroy. Cette femme était la maîtresse de son père, employée dans son drugstore. De cette liaison, a découlé un déchaînement de violence : le mari trompé a tué l'amant et l'épouse bafouée s'est éteinte à petits feux. Lorsque l'intrigante l'invite à prendre un verre, Luke ne se doute pas encore qu'il va s'engager dans une conversation interminable, où il va être bousculé et forcé à plonger dans ses souvenirs.

Pourtant, ses réminiscences vont peu à peu éclairer la tragédie familiale de façon stupéfiante. La construction du récit étant suffisamment astucieuse, on ne devine rien du tour que va prendre l'intrigue, dont les révélations ne vont jamais cesser de nous surprendre. J'ai aussi beaucoup aimé l'évocation du passé, ainsi que la peinture faite de Glenville, petite ville d'Alabama, où Luke a grandi en rêvant de de s'en échapper pour assouvir ses ambitions (intégrer Harvard). 

La lecture à huis clos est ainsi prodigieusement rendue par Marc Henri Boisse, pour Sixtrid, qui nous enveloppe dans un cocon et nous protège de l'onde de choc. On se situe au premier rang d'un drame en quatre actes, avec ses illusions perdues et ses failles sidérantes, et où le plus pourri n'est naturellement pas celui auquel on pense tout d'abord. C'est d'une grande finesse, franchement captivant. D'une tension psychologique redoutable, à lire comme un roman à suspenseUne vraie réussite. 

Sixtrid / Mars 2015 ♦ Texte lu par Marc-Henri Boisse (durée : 8h 23) ♦ Traduit par Gérard de Chergé (The Last Talk With Lola Faye)

 

Dernière conversation avec Lola Faye

Disponible en poche / Points, coll. Roman Noir, juin 2014

 

6 juillet 2015

Chut ! je lis : Mandela et Nelson, de Hermann Schulz

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Quelle formidable histoire ! Pour la première fois de leur vie, la jeune équipe de Bagamoyo, en Tanzanie, va jouer contre une équipe européenne. Nelson, le capitaine, n'a plus que trois jours pour organiser la rencontre, ce qui veut dire, avoir un terrain potable, tracer des lignes, coudre des filets de but, trouver des chaussures et des maillots, mobiliser les joueurs, croiser les doigts pour que leur meilleur élément ne fasse pas faux bond à cause de ses soucis d'argent et annoncer aux adversaires que leur équipe comprend trois filles, dont Mandela, sa sœur jumelle, redoutable en défense.

La lecture déborde de charme et de fraîcheur, à suivre l'enthousiasme et la motivation des joueurs africains, qui n'ont rien dans leur vie, à part cette joie de vivre et de s'éclater avec un ballon. On devine que leur quotidien n'est pas toujours rose, et pourtant jamais on ne sombre dans la sinistrose. La peinture faite de cette petite communauté tanzanienne est dynamique et attachante. Et leur engouement est franchement communicatif ! Je regrette juste un peu que la lecture faite par Bertrand Suarez-Pazos manque de peps et d'un brin de fantaisie pour coller à la frénésie ambiante, même si cela reste agréable à l'écoute.

Musique composée et interprétée par Loy Ehrlich (kora, senza, n'goni, tanbur)

Chut ! les livres lus de l'école des loisirs / juin 2015  ♦ Illustration de couverture : Adrien Albert  ♦ Traduit de l’allemand par Domnique Kugler

Ce livre a reçu le prix Sorcières 2012 et le prix Kilalu 2013 des collégiens d'Ivry-sur-Seine.

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31 août 2015

Bilan du mois : Août 2015 ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

Summer vintage Beach

C'était l'été ! Et j'ai aimé me perdre, loin, très loin... et tout oublier.

J'ai également pu rattraper mon retard, en matière de lectures, en appréciant :

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Des comédies légères, 

♣ Ça peut pas rater ! de Gilles Legardinier

♣ Les crevettes ont le cœur dans la tête, de Marion Michau

♣ Le premier jour du reste de ma vie, de Virginie Grimaldi

♣ L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, de Karine Lambert

♣ Nuit de noces à Ikonos, de Sophie Kinsella

 

De l'évasion et du voyage,

♣ La Ville orpheline, de Victoria Hislop

♣ La briscola à cinq & Un tour de passe-passe, de Marco Malvaldi

♣ Les 3 tomes de La Bicyclette Bleue, de Régine Deforges

 

Des frissons et autres tensions psychologiques redoutables !

♣ Dernière conversation avec Lola Faye, de Thomas H. Cook

♣ Jusqu'au dernier, de Deon Meyer

♣ La mort à nu, de Simon Beckett

♣ À la vie, à la mort, de Colette McBeth

♣ Du sang du Abbey Road, de William Shaw

♣ Marée d'équinoxe, de Cilla & Rolf Borjlind 

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Et quelques séries TV : 

 Southcliffe, série britannique, créée et écrite par Tony Grisoni, réalisée par Sean Durkin, diffusée sur Channel 4.

Southcliffe

D'une tristesse abyssale et dégoulinante de désespoir ! 

 

Perfect Crime : The Escape Artist, série britannique, créée par David Wolstencroft, réalisée par Brian Welsh, pour BBC 1.

Perfect crime

Une histoire prenante et d'une grande subtilité, mais qui fait froid dans le dos. Les acteurs sont parfaits !

 

The Killing (Forbrydelsen) Saison 3, créée par Søren Sveistrup et diffusée sur la chaîne danoise DR1.

Forbrydelsen-The Killing

C'était bon de retrouver Sarah Lund dans une enquête de kidnapping, de tueur en série et de politique... mais la fin est hyper frustrante !

 

Summer Sky

 Back to real life ! ...

3 septembre 2015

Jusqu'au dernier, de Deon Meyer

Jusqu'au dernier CD

Veuf depuis deux ans, Mat Joubert a sombré dans la dépression, en noyant son chagrin dans l'alcool et les cigarettes. Même son boulot d'inspecteur peine à le motiver tous les matins, tant il préfère retrouver le calme de sa maison, avec un bon bouquin pour seule compagnie. L'arrivée d'un nouveau chef au sein de la brigade va pourtant tout chambouler. Contraint de suivre un régime et de consulter un psy, Mat va peu à peu renaître de ses cendres !

On lui colle aussitôt dans les pattes une sombre histoire de meurtres en série, avec pour seul indice, un Mauser de collection. Cette affaire est rapidement parasitée par les tribulations d'un gentleman cambrioleur, qui détrousse les banques à tour de bras en faisant le joli cœur et sans guère se soucier de la police à ses basques. Voilà donc une 1ère rencontre avec Deon Meyer qui s'est pour le moins soldée sur une excellente appréciation !

C'est autant pour l'ambiance, les personnages et l'évolution des enquêtes que j'ai été captivée par ma lecture - lue par le magistral Eric Herson-Macarel, pour Sixtrid. Les tourments de notre flic désabusé, peu à peu résigné à s'extirper de son apathie, sonnent terriblement justes, sans affectation. Il en va de même pour son camarade Benny Griessel qu'on retrouvera vraisemblablement dans les prochains livres.

En somme, on a là un livre au suspense entraînant, avec une réelle profondeur dans l'analyse psychologique du personnage principal et un dénouement inattendu. Bon point pour cette alléchante introduction ! ;-)

Sixtrid / Janvier 2015 ♦ Texte lu par Eric Herson-Macarel (durée : 12h 28) ♦ Traduit par Robert Pépin (Dead at Daybreak)

Jusqu'au dernier

Points, coll. Policiers, thrillers & romans noirs / Février 2003

8 septembre 2015

Les Crevettes ont le coeur dans la tête : Journal sexy d'une trentenaire, de Marion Michau

Les crevettes ont le coeur dans la tête

Marion possède l'humour de Bridget Jones et le charisme de Carrie Bradshaw ! Trentenaire, sexy et citadine, elle ne refuse jamais une sortie, une virée, un rendez-vous, une soirée alcoolisée... dans le but de rencontrer l'Autre. Tout espoir est permis. Avec ses copines, casées ou croqueuses d'hommes, elle écume ainsi les bars et lieux branchés, en collectionnant efficacement les aventures. Sexy mais pas nympho, s'il vous plaît !

C'est avec son indéfroissable optimisme, sa gourmandise et ses excès que Marion nous transporte dans son univers de drague et de perdition. Et même si je ne me reconnais pas du tout dans son personnage, j'ai tout de même pris un plaisir fou à suivre son journal, dans lequel elle rapporte les anecdotes les plus saugrenues, mais tellement drôles. C'est comme regarder un épisode de Sex and the City, tantôt déluré, tantôt romantique, et dévorer un sandwich sauce Aidan ou Mr Big. ;-)

Et pester, et râler avec bonheur contre les choix de l'héroïne sur presque 300 pages ! La lecture est jouissive, extra à picorer et vous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne. On a certes beaucoup de dérision, beaucoup de mecs canons, beaucoup de coupes avalées, beaucoup d'escarpins et de tenues affriolantes... mais jamais de mauvais goût. C'est croustillant, moderne et déjanté. Parfait pour se détendre.

Albin Michel / Mai 2015 ♦ illustration de couverture : Margaux Motin

28 juillet 2015

Folio junior Version Originale : Lamb to the Slaughter, and other stories de Roald Dahl

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Pour avoir adoré cette nouvelle, lue en français, et son adaptation par A. Hitchcock pour sa série Alfred Hitchcock présente , sous le titre Coup de gigot, j'ai naturellement apprécié la découvrir en version originale grâce à cette nouvelle collection ! Le but est de proposer des textes courts et accessibles, agrémentés de notes explicatives et de mots traduits en bas de page (niveau collège). L'autre titre disponible est The Mozart Question de Michael Morpugo. ;-)

Lamb to the Slaughter raconte l'histoire d'une femme bafouée qui va piquer sa crise de nerfs au moment de préparer son repas. Elle va malicieusement servir l'arme du crime lorsque l'enquêteur viendra frapper à sa porte et afficher un chagrin de circonstance. The Way up to Heaven raconte encore une histoire de couple crispé, au sein duquel la femme va rugir intérieurement, parce que trop c'est trop, The Landlady tire le portrait d'une petite bonne femme qui loue une chambre à de jeunes garçons à la peau lisse et parfaite - un détail non négligeable !  ;-), et enfin William et Mary (l'histoire la plus longue du livre, et pour moi, la plus décevante, avec son intrigue alambiquée, surfant sur l'expérience scientifique), fait aussi la part belle au machiavélisme du cerveau féminin !

Les femmes ont définitivement le beau rôle dans ce livre. Souvent elles subissent, elles ruminent leur amertume, elles revendiquent leur dévouement et en sont fières, mais elles n'acceptent pas la frustration et passent souvent à l'acte (vengeance !) avec un sourire énigmatique sur les lèvres. C'est jubilatoire ! Roald Dahl distille le doute dans l'ordinaire, souligne le saugrenu et fait monter la pression avec une rouerie sensationnelle et un humour grinçant. C'est noir, implacable mais on se régale ! 

Folio Junior, coll. Version Originale / Juillet 2015 ♦ Illustration de couverture : Catherine Meurisse

28 juillet 2015

Folio junior Version Originale : The Mozart Question, de Michael Morpurgo

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Une jeune journaliste doit interviewer l'illustre violoniste, Paolo Levi, avec pour seule consigne de ne pas aborder la question Mozart. Mais face au musicien, elle s'embrouille et lâche le morceau. L'homme réagit de façon tout aussi inattendue en murmurant : « Someone once told me that all secrets are lies. The time has come, I think, not to lie anymore. ». Sur ces mots, il lui raconte l'émouvante histoire de son père, ou comment un brillant violoniste est devenu barbier à Venise, après avoir renoncé à jouer de son instrument.

L'enfant a neuf ans et serine ses parents pour connaître la raison. Mais ces derniers se ferment comme une huître. Paolo finit par rencontrer dans la rue un musicien de 62 ans, Benjamin Horowitz, qui joue du Mozart à n'en plus pouvoir et va accepter de donner des leçons au garçon, en cachette des siens. Le jour où ses parents découvriront la supercherie, au lieu d'exploser de colère, ils se jetteront dans les bras de Benjamin. Toutes larmes dehors. Les langues vont se délier et raviver le souvenir de leur rencontre.

Vingt ans plus tôt, tous trois sont juifs et envoyés en camp de concentration, où ils sont recrutés pour jouer dans l'orchestre, d'abord pour divertir les soldats et officiers nazis, puis pour accueillir les convois et noyer l'angoisse des prisonniers, toujours plus nombreux. Du Mozart pour endormir leur vigilance. Les accompagner jusqu'aux portes de la mort. Tromper le monde et les apparences. Quelle ironie. Après quoi, Gino et Laura, traumatisés à vie, ont rangé leurs instruments au fond d'un placard. Pour tout oublier.

On lit cette histoire avec la boule au ventre, à mesure qu'on découvre le drame de ces musiciens brisés. C'est beau et poignant, raconté avec élégance et pudeur. Michael Morpurgo rend un formidable hommage de mémoire (« the memories we have are like nightmares, and we want to forget, but there is a time for truth ») en rappelant l'importance de la transmission. Un roman fabuleux, à découvrir dans sa langue originale. Accessible et bouleversant.

Folio Junior, coll. Version Originale / Juillet 2015 ♦ Illustration de couverture : Michael Foreman

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