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Chez Clarabel
23 septembre 2015

Tornade, de Jennifer Brown

Tornade

« La famille n'est pas liée par le sang, mais par les sentiments et le cœur. »

La vie de Jersey, seize ans, vole en éclats après le passage d'une tornade dans son quartier. Ce n'est pas seulement sa maison ou ses amis qu'elle perd, puisqu'elle doit être hébergée ailleurs, c'est avant tout sa famille, son seul point d'ancrage, qu'elle imaginait solide et intouchable. On vit alors tout un éventail d'émotions à la lecture du roman, dont il est difficile de synthétiser l'impact. Mais c'est fort, très fort. Qu'on ne s'y trompe pas non plus, l'histoire ne verse jamais dans le sensationnalisme, mais cherche à creuser ce que signifient les sacro-saints liens familiaux. Et donc, pulvériser la vision qu'en avait l'héroïne, qui va découvrir des relations teintées de trahison, de non-dits et de désarroi. Forcément, ça fait mal. Heureusement que le rythme est rapide et intense, car on n'a pas le temps de s'appesantir. On se sent comme en apnée quand le deuil, la perte des repères familiers et le chamboulement des nouvelles rencontres se succèdent sans dire ouf. C'est l'effet « tornade » - ça bouscule tout sur son passage.

Albin Michel, coll. Wiz / Avril 2015 ♦ Traduit par Céline Alexandre (Torn Away)

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24 septembre 2015

Ce que toujours veut dire, de Lexa Hillyer

Ce que toujours veut dire

Jusqu'à l'été de leurs 15 ans, qu'elles passaient inévitablement au camp Okahatchee, Joy, Tali, Luce et Zoé étaient des amies inséparables. Deux ans ont passé et cette belle amitié a volé en éclats - Joy a disparu de la circulation, Tali a rejoint les élèves populaires du lycée, Luce a bossé comme une folle pour décrocher sa place à Princeton et Zoé a continué de jouer à la geek avec son pote Calvin. À l'occasion de la soirée des retrouvailles au camp, les quatre filles se faufilent dans un Photomaton. Sans explication valable, un flash les propulse en arrière. Retour à ce dernier été qui a brisé leur amitié. Elles ont alors cinq jours pour reproduire à l'identique ce qu'elles ont vécu si elles veulent retourner à leur réalité. Amitié, émotion et magie ! On ne peut que rêver d'une histoire insouciante et légère, à la hauteur des promesses vendues... Je m'étais donc préparée à passer un bon moment de lecture, entre rires, larmes et frivolité juvénile. Au lieu de quoi, j'ai découvert des demoiselles sans humour, sans grain de folie, sans exaltation. Des adolescentes peu attachantes et un brin trop égocentriques, qui vont répéter les mêmes schémas stériles, s'éviter le plus possible et esquiver tout dialogue. J'ai été déçue par leur attitude. L'histoire aussi est d'une banalité confondante, au déroulement prévisible, si ce n'est peut-être le facteur dramatique du dénouement (là encore, je n'ai pas été convaincue). Voilà un Scripto que je trouve en demi-teinte.

Gallimard, coll. Scripto / Septembre 2015 ♦ Traduit par Julie Lopez (Proof of Forever) 

9 septembre 2015

Le Premier jour du reste de ma vie, de Virginie Grimaldi

Le Premier Jour

Pour qui rêve de larguer les amarres, cette lecture est pour vous !

Marie est à un tournant de sa vie : à 40 ans, déçue de sa vie de couple, elle plaque tout pour s'embarquer dans une croisière, réservée aux célibataires, et s'en va parcourir le monde durant trois mois. Elle fait rapidement la connaissance de Camille et Anne, qui ont pour point commun d'être aussi à une période charnière de leur existence. Et ainsi de s'échanger des confessions sur leur vie intime, leur avenir sentimental, leurs frustrations, leurs envies et leurs peurs...

Mais l'histoire se révèle étonnamment joyeuse et enlevée ! On ressent un élan de tendresse et de sympathie pour ces trois copines, au point de s'imaginer à leurs côtés, calée dans un transat, un cocktail à la main, blablatant sur les hommes jusqu'à n'en plus pouvoir. C'est super rafraîchissant, en plus d'égrener le roman de propos sensibles, vrais et touchants, qui nous fait penser que sous le vernis de la comédie, se cache une histoire profonde et attachante, qu'on savoure pleinement.

Même JJ Goldman s'invite à la fête ! C'est vous dire comme la surprise est totale. J'ai beaucoup aimé, au-delà du cadre, de la promesse d'évasion et des rêves éparpillés. C'est une lecture attendrissante, qui met du baume au cœur. Je recommande, sincèrement.

City éditions / Janvier 2015

10 septembre 2015

Plus loin, plus près, de Hannah Harrington

Plus loin, plus près

Effondrée par le suicide de sa sœur, qu'elle ne comprend pas et n'accepte pas, Harper décide de partir avec l'urne de June, traverser le pays jusqu'en Californie pour y déverser les cendres dans l'océan. C'est seulement en compagnie de sa meilleure amie et d'un type croisé par hasard qu'aura lieu cette escapade empreinte de musique, de rires et de larmes.

On a là un roman d'une très grande sensibilité, avec des mots qui sonnent vrais et qui font du bien.
De l'amitié, ciment de la vie, et une famille en déroute.
Des silences qui font mal, ou qui font peur.
Des non-dits à creuser.
Et il y a l'amour pour combattre la mort.
Tout ça au rythme des kilomètres avalés, dans une fourgonnette surnommée Joplin.


C'est super agréable à lire. L'histoire est exaltante, débordante de joie et de tristesse, elle procure aussi une énergie positive. Et on en ressort galvanisé par cette vitalité et cette soif de survie. Une très jolie rencontre.

Mosaïc / Mai 2015 ♦ Traduit par Barbara Versini (Saving June)

12 septembre 2015

Pas pleurer, de Lydie Salvayre

Pas pleurer CD

Dans une Espagne agitée par les idées libertaires autour desquelles s'opposent nationalistes contre républicains, l'été 1936 est aussi celui des grands bouleversements pour Montse, sa famille et leurs proches amis. Montse est jeune, belle, rêveuse et innocente. Elle suit de loin les conflits et les déchirements. C'est une vie autrement plus excitante qu'elle découvre, loin de sa campagne et de ses parents. Elle est animée d'une soif d'absolutisme et c'est tout naturellement qu'elle tombe sous le charme d'un poète français croisé sur son chemin.

La suite de l'histoire est racontée par le truchement de deux voix entrelacées. Celle de Georges Bernanos, à Palma de Majorque, devenu malgré lui le témoin impuissant des exactions commises par les troupes nationalistes, avec la complicité de l'église catholique. Et celle de Montse, désormais malade et sénile, qui s'exprime dans « un français bancal qu'elle estropie » en multipliant les grossièretés. C'est donc avec patience, en prenant un soin jaloux des confidences de sa mère, que Lydie Salvayre dépoussière l'histoire de sa famille, pour un hommage sensible, délicat et touchant.

Or, je n'ai pas vraiment trouvé le souffle espéré, alors qu'il ne manque pas grand-chose pour le rendre captivant et malgré une écoute audio bénéfique. Marie-Christine Letort y livre une force et une vitalité galvanisantes et rend la lecture solaire, sauvage, passionnée. Notamment les passages avec Montse, qui transcendent le récit selon moi. L'évocation des souvenirs se fait dans la douleur (perte de mémoire ou détails approximatifs). La mère se mélange les pinceaux et confond le français et l'espagnol pour un style direct, déconcertant mais amusant.

Une belle expérience littéraire, qu'il faut cependant débroussailler pour y apprécier l'essentiel (Montse!).

Sixtrid / Février 2015 ♦ Texte lu par Marie-Christine Letort (durée : 6h 23) ♦ éditions du Seuil, août 2014

 

Pas pleurer de Lydie Salvayre

Disponible en format poche chez Points, août 2015

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28 septembre 2015

Tous nos jours parfaits, de Jennifer Niven

Tous nos jours parfaits

J'ignorais sur quelle pente glissante allait me conduire ce livre - mais je m'en méfiais, dès lors qu'il était comparé à d'autres romans à succès, réputés larmoyants (Nos étoiles contraires, Eleanor & Park). La lecture du 1er chapitre a d'ailleurs fait rugir ma sirène d'alarme - ados suicidaires, au secours ! J'ai donc décidé d'y avancer à tâtons, quitte à choisir de tout arrêter avant que ça fasse trop mal. Ralentir le processus qui consiste à glisser dans la vie des personnages, à tomber sous leur charme, à les aimer follement, tout en tentant de me prémunir contre cet attachement. Peine perdue. J'avais beau lever le nez de mon livre pour prendre une bouffée d'oxygène et me ressaisir, je me sentais irrémédiablement happée par l'histoire de Violet et Finch - deux ados en vrac, déprimés et inconsolables. Elle porte le deuil de sa sœur, lui se sent mal dans sa peau depuis toujours. Elle est choyée, chouchoutée, couvée. Lui est méprisé, hué, poussé à bout. Aucune égalité des chances. Et pourtant ces deux-là se découvrent sur un toit, se sauvent et ne se quittent plus. Pour les besoins d'un devoir scolaire, ils vont partir explorer l'état d'Indiana de la manière la plus insolite - je retiens, par ex., les caravanes recyclées en bibliothèques, plantées au milieu des champs de maïs. Et rêver. Bouquiner. Écrire. Chanter. Crier. Nager. C'est franchement beau. D'une beauté éclatante, mais illusoire. Car on perçoit très vite que le malaise de Violet et Finch est latent. C'est écrit sous chaque mot, cela imprègne tout le roman, pour vous guider vers l'inéluctable. Et fichtre, ça fait vraiment mal. « J'ignorais que ma vie serait changée à jamais parce que tu y es entré et que tu en es sorti aussi brutalement. (...) Je ne te pardonnerai jamais de m'avoir quittée ainsi. J'aimerais juste que toi, tu puisses me pardonner. Tu m'as sauvé la vie. Pourquoi je n'ai pas pu sauver la tienne ? » En plus d'être terriblement bouleversant et très émouvant, c'est un livre à fleur de peau, d'une sensibilité rare et précieuse, qui parvient autant à nous toucher qu'à nous donner le sourire. C'est injuste, mais enivrant.

Gallimard Jeunesse / Septembre 2015 ♦ Traduit par Vanessa Rubio-Barreau (All The Bright Places)

N.B : Après, ça reste personnel, mais je n'aime pas pleurer sur commande - chose qui se répand de plus en plus dans l'édition actuelle, depuis le carton de J. Green. On puise dans le vivier du poignant. Et moi, je n'aime pas le mélo ! Le roman de Jennifer Niven a pour lui d'être différent de la tendance, en se voulant simplement harmonieux et lyrique.

19 septembre 2015

Le Prix de l'innocence, de Willa Marsh

Le prix de l'innocence Autrement

Ah, les années 60, époque enjouée et fabuleuse, illustrée par les virées en décapotable, les pique-niques et le flonflon des robes, des danses et d'une chanson entonnée entre amis... Fiona est alors jeune vendeuse, naïve et mal embouchée, employée dans un grand magasin. Elle y rencontre Vanessa, tombe amoureuse d'un beau parleur et rêve éveillée. Trente ans plus tard, Fiona recolle petit bout par petit bout les souvenirs de cette jeunesse insouciante. Elle vient de recevoir une lettre de son amie qui lui annonce la visite de son fils Alex. Cette rencontre va bouleverser l'inertie de son quotidien, englué dans une tristesse sans nom. Fiona a perdu tragiquement un enfant et s'est recroquevillée dans la douleur. Depuis, un silence palpable s'est creusé au sein de son couple, qui tend à les éloigner.

Il y a un certain charme à partager cette évocation douce-amère de l'amitié et des premières amours. L'atmosphère est nostalgique, le rythme lent, mais le tout manque de verve pour nous embarquer franchement dans cette histoire qui reste très mélancolique. Aurait pu mieux faire. 

Autrement / Février 2013 ♦ Traduit de l'anglais par Eric McComber (Facing The Music)

 

Le prix de l'innocence

Disponible en poche chez J'ai Lu / Avril 2015

30 septembre 2015

Boomerang, de Tatiana de Rosnay (lu par Julien Chatelet)

Boomerang

Relecture à l'occasion de sa sortie au cinéma.

De retour sur Noirmoutier, l'île de leurs vacances, Antoine et sa sœur Mélanie se rappellent leur enfance et l'époque heureuse où leur mère était encore avec eux. Celle-ci, foudroyée par une rupture d'anévrisme, a laissé un trou béant dans leur famille où chacun s'est appliqué à ne plus l'évoquer. Sur la route du retour, alors que Mélanie s'apprête à lui révéler un secret, l'accident survient et le laisse dans l'ignorance. Antoine comprend, néanmoins, que le temps est venu de fouiller dans son passé pour être en paix avec sa vie d'homme, aujourd'hui, brisé. Abattu par son divorce, par ses enfants qui grandissent trop vite et qu'il ne comprend plus, Antoine est un homme défait. Sa rencontre avec la mystérieuse Angèle Rouvatier, qui s'offre à lui sans retenue, sera un autre élément déclencheur vers cette quête absolue de vérité et la traque des vieux démons.

Honte sur moi, j'avais complètement oublié cette histoire, lue en 2009, et ne me souvenais plus de son atmosphère pesante et macabre (cf. la scène dans le TGV). Par contre, j'avais en mémoire la personnalité peu amène du héros, dont le caractère morose et geignard a souvent été source d'agacement. Sans quoi, j'ai trouvé l'histoire toujours aussi agréable et captivante. Le style de l'auteur, tout en simplicité et élégance, n'a de cesse de nous séduire, jusqu'à nous repêcher dans notre grotte où l'on se terre pour échapper aux atermoiements de son personnage. (J'avais développé une allergie contre Antoine. Assez rédhibitoire. Donc, rien que pour ça, quelle prouesse !) La lecture s'écoule ainsi, sans agitation ni déconvenue.

J'ai aimé me balader entre Paris et la Vendée, dans le présent et le passé, dans les pas d'un homme en manque de souffle ou dans les rares miettes d'une silhouette floue et enfuie (l'énigme Clarisse). C'est un bon roman sur les secrets de famille qui vous empoisonnent l'existence sans même s'en apercevoir. Cela se lit, ou s'écoute, sans effort. Un bonheur simple. Du plaisir partagé. Un vrai puzzle bidouillé avec flegme et émotion.

Audiolib / septembre 2015 ♦ Texte lu par Julien Chatelet (durée : 9h 49) - Suivi d'un entretien avec l'auteur ♦ Traduit de l'anglais par Agnès Michaux

♦♦♦♦♦

Un film de François Favrat (2015) - Bande Annonce

9 octobre 2015

Créations culinaires pour le # Challenge Halloween

Étape 2 : Le 9 octobre 2015
Après toutes ces émotions, nous avons bien mérité de faire une pause. Rien de tel qu’un pique-nique pour reprendre des forces. Les randonneurs découvrent leur casse-croûte en image et espèrent ne pas servir d’en-cas à quelques créatures qui rôdent dans les parages. A vous de nous étonner avec vos créations culinaires halloweenesques !

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Pour le coup, je triche, mais avec élégance, en brandissant ce livre de recettes inspirées d'après les œuvres cinématographiques d'A. Hitchcock - qui s'inscrit sans le vouloir comme mon mentor pour ce challenge ! ;-)

La randonnée aidant, j'ai donc ramassé dans les bois quelques champignons (comestibles) pour cuisiner une petite soupe et réchauffer nos pauvres carcasses transies de froid et de peur, lors de nos veillées autour du feu. Mais alors que chacun se pourlèche les babines, son bol entre les mains, dans l'attente d'une dégustation imminente, des ombres rôdent non loin du campement et figent notre équipée de terreur...

La suite, lors de notre prochaine étape ?

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De ses premières œuvres anglaises aux grands chefs-d'œuvre de la période américaine, Hitchcock n'a cessé de faire référence à la gastronomie. Le rituel même des repas est souvent associé à l'action du récit : ainsi le fameux dîner chez la romancière Sedbusk dans Soupçons, le repas de famille dans Jeune et innocent, le pique-nique face à la Principauté de Monaco dans La Main au collet, l'acharnement du policier de Frenzy sur une volaille trop cuite... [NDLR: Et le fameux coup de gigot, dans la série Hitchcock presents.]

Cet ouvrage mêle le récit, par François Rivière, de la vie et de l'œuvre d'Alfred Hitchcock du point de vue des nourritures terrestres, et les recettes retrouvées par Anne Martinetti au fil de scènes mémorables des films, recomposées pour réaliser soi-même les bons petits plats du maître du suspense. [présentation de l'éditeur]

Cette lecture ne m'a pas particulièrement donné envie de reproduire les recettes présentées, et dont souvent la photogénie laissaient à désirer, mais j'ai beaucoup apprécié les associations d'idées, entre les films, les anecdotes et les extraits choisis, qui font de cet ouvrage avant tout un outil de collection et d'information (moins un bouquin dédié aux fins gourmets). 

Cahiers du cinéma (2 octobre 2008)

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13 octobre 2015

Pandemia, de Franck Thilliez

PANDEMIA

L'auteur avait prévenu que la fin d'Angor était illusoire. L'Homme en Noir est de retour ! Et sa vengeance sera terrible... Nicolas Bellanger s'est mis en travers de son chemin, par amour pour la jolie Camille, les répercussions ne seront pas longues à attendre. Et cela se passe sur le Parc du Marquenterre où sont retrouvés les corps de trois cygnes, porteurs d'une souche grippale virulente. Effet boule de neige assuré. Les locaux du 36 sont désertés par les malades qui s'effondrent les uns après les autres. L'équipe de Sharko est diminuée, alors qu'elle recense une autre attaque bactériologique au sein de leurs murs. Sur ces entrefaites, Amandine Guérin, une biologiste de l'Institut Pasteur, est également préoccupée par l'acte criminel qui semble avoir trouvé sa source dans leurs laboratoires. Sans rien dire, elle travaille sur de nouvelles pistes, qui se conjugueront avec celles de la police, après bien des découvertes sinistres et sidérantes. Son acharnement entre aussi en confrontation avec sa vie personnelle et révèle une obsession maladive contre les microbes. Un portrait de femme très intéressant à suivre, et qui mériterait de prendre une plus grande place dans d'autres livres ! ;-)

Pandemia clôt un nouveau cycle en résolvant pas mal d'interrogations, mais me laisse une sensation d'éternelle frustration, comme un arrière-goût d'inachevé et un dénouement qui manque de force. Le face-à-face qu'on craignait tant arrive au terme d'une lecture de plus de 600 pages (et d'une écoute de 17 heures) et peut se comprendre, mais il n'empêche que ça me turlupine. J'aurais voulu un autre final, même s'il est clairement dit que « cela ne pouvait finir autrement ». Amen. Après tout, j'ai gobé ce roman-fleuve en retenant mon souffle et en stressant de bout en bout. Peut-on décemment se plonger dans un tel schéma narratif, en étant mysophobe comme moi ? Cela revient à s'infliger un supplice de chaque instant. Ou je suis clairement maso. Certes, on a du rythme, de l'émotion et un cheminement incroyable vers l'esprit torturé de l'espèce humaine. Mise à part la fin, je ne regrette absolument rien de ma lecture. C'est un roman de très bonne facture - moins versé dans les atermoiements sentimentaux, plus dans l'action et la réflexion. Et il me tarde, déjà, de retrouver tout ce petit monde ravagé dans de nouvelles enquêtes qui dépassent l'entendement. Avec un Michel Raimbault (Audiolib) grave et imposant dans le registre policier noir et accablant.

Audiolib / Septembre 2015 ♦ Texte lu par Michel Raimbault (durée : 17h 04) ♦ 644 pages chez Fleuve Noir

15 octobre 2015

Psychose, de Robert Bloch

Étape 3 . Le 15 octobre 2015
Après vos errances bucoliques, voilà qu'apparaît une grille rouillée. Oserez-vous la pousser malgré ses grincements? Osez un livre ou un film qui vous fait vraiment peur ! Votre courage sera mis à rude épreuve, vous serez alors fin prêt à aborder les deux prochaines étapes.

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Bienvenue dans la Maison de l'Horreur ! Mes compagnes de randonnée sont de plus en plus inquiètes pour ma santé mentale. Après la série tv, le bouquin et le film, je fais une fixation sur cette œuvre... Préparez la camisole ! 

Psychose

Il est clair que si l'on connaît déjà le film (Hitchcock, 1960) la surprise du livre est amoindrie, mais sa lecture n'en demeure pas moins carrément flippante. Jugez plutôt...

Un soir d’orage, Mary Crane, qui vient de dérober 40.000 dollars à son patron, s’arrête dans un motel miteux et isolé. Le propriétaire, Norman Bates, est un vieux garçon excentrique et esseulé, qui vit sous le joug d'une mère tyrannique et acariâtre. Épuisée par la route, le stress et le désespoir, la fugitive se réfugie dans sa chambre et décide de s’accorder une douche bien méritée. Elle ignore qu'à travers une fissure dans le mur, un individu l’observe, chuchotant des salacités dont le débit ne cesse d'enfler jusqu'à ne plus pouvoir se contenir. Après quoi, …

Tout, absolument tout ce qu'on voit dans le film se trouve - ou a été reproduit - dans le livre ! C'est impressionnant. Robert Bloch avait tout imaginé (en s'inspirant cependant d'un fait divers, cf. Ed Gein le fermier boucher du Wisconsin). Je connaissais donc les tenants et les aboutissants de l'histoire, mais il n'empêche qu'elle inspire toujours autant d'angoisse et d'effroi. Elle réunit en quelques pages (le roman est court) l'essentiel d'un thriller à succès : du suspense, une tension psychologique palpable, une mise en scène élaborée et une maîtrise redoutable de la dramaturgie. Quand bien même le livre date de 1959, il n'a pas à rougir des procédés actuels qui consistent à basculer toujours plus loin dans une surenchère de violence. «Psychose» est un bouquin nerveux, torturé et pétrifiant. Il vous plante un décor, une ambiance et un personnage particulièrement étrange en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf. Ouf, c'est aussi ce qu'on lâche en tournant la dernière page. Cette lecture est diabolique, son histoire inoubliable.

Points / Coll. Thriller ♦ Mai 2013 ♦ Nouvelle traduction de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Pailler ♦ Préface de Stéphane Bourgoin

 

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Je vais profiter de ma soirée pour revoir le film, après une réunion prise-de-tête, cela me défoulera ! ;-) En attendant, coup de projecteur sur LA scène mémorable avec  Janet Leigh dans le rôle de Marion Crane. 

27 octobre 2015

Le Tribunal des Âmes, de Donato Carrisi

LE TRIBUNAL DES ÂMES

Rome. Sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes, sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Avec une telle accroche, comment résister aux appels des sirènes ? (Et puis j'avais commencé par erreur Malefico, où l'on retrouve les personnages clefs du Tribunal des âmes, d'où la nécessité de reprendre les présentations dans les règles de l'art. Je suis pointilleuse.)

Donato Carrisi a contre lui d'être trop plébiscité et généralement attendu au tournant (cf. Le chuchoteur, puis L'écorchée). Lui et moi entretenons donc une relation incertaine et qui se cherche encore. ;-) Mais l'idée de plonger dans les arcanes de Rome, au sein d'une confrérie secrète et protégée par l'église, m'attirait grandement. On y découvre un homme sans histoire, sans passé, Marcus, qui a été blessé un an plus tôt et a perdu la mémoire. Il tente malgré tout de recoller les morceaux, de forcer ses souvenirs à renaître de leurs cendres, tout en travaillant à côté pour contribuer, de façon incognito, à résoudre des enquêtes. Il a en effet la capacité d'analyser les scènes de crime, d'en ressentir les ondes maléfiques et de visualiser des éléments déterminants. Il a ainsi été sollicité pour comprendre  la disparition d’une jeune étudiante, qu'on suppose avoir été kidnappée par un serial killer. Le temps presse et la police est au taquet. Mais l'histoire bifurque vers d'autres chemins en nous attirant vers Sandra Vega, une enquêtrice photo qui bosse pour la scientifique. Veuve depuis un an (son mari, grand reporter, a fait une chute accidentelle alors qu'il était en déplacement professionnel), elle cherche à accepter sa mort en récoltant des indices mais est de plus en plus mal à l'aise par ce qu'elle découvre et doit se rendre à Rome pour obtenir des réponses concrètes.

On sent poindre la corrélation des deux intrigues, en anticipant le champ des possibles, mais ce serait sous-estimer l'imagination scabreuse du romancier italien. La narration en double perspective, entrecoupée de flashbacks, offre ici l'occasion de dérouler le fil d'une histoire longue et tortueuse, mais qui tient la distance. La lecture est certes captivante, avec du suspense à revendre et des rebondissements à tous les étages. Elle n'en est pas moins déroutante à suivre (le format audio oblige une concentration sans faille). On emprunte aussi des tours et des détours qui nous paraissent interminables, au bout d'un moment ça suffit, il est temps d'abréger le supplice. Puis, après avoir enduré un tel parcours du combattant, on est rattrapé par l'excitation d'un final en apothéose, complètement bluffant, et qui agacerait presque. L'auteur applique sa sempiternelle formule, laquelle consiste à nous manipuler jusqu'à plus soif, au risque d'en faire trop. J'espère maintenant que la suite (Malefico) apportera des précisions sur des points laissés en suspens.

Audiolib / Mai 2012 ♦ Texte lu par Jean-Michel Vovk (12h 55) ♦ Traduit par Anaïs Bokobza pour  les éditions Calmann Levy (Il tribunale delle anime)

28 octobre 2015

Aliénor Mandragore, Tome 1 : Merlin est mort, vive Merlin! de Séverine Gauthier & Thomas Labourot

ALIÉNOR MANDRAGORE

« La légende dit qu’au moment où l’on déterre une racine de mandragore, elle pousse un cri si puissant qu’il tue le premier être vivant qui l’entend. »

Dans la paisible forêt de Brocéliande, la jeune Aliénor suit sans entrain l'enseignement druidique de son père, l’enchanteur Merlin. En pleine exploration de la champignonnière, tandis que Merlin radote dans son coin, la jeune fille tombe sur une racine de mandragore qu'elle exhibe fièrement sous le nez de son papa. Celui-ci, qui faisait pourtant son malin, tombe raide mort. Mais il réapparaît aussitôt en tant que fantôme et prétend que c'est un malentendu. Merlin n'est pas mort, vive Merlin ! Arrogant et despotique, il renvoie même l'Ankou dans ses filets et pousse sa fille à se rendre chez Morgane pour devenir sa nouvelle élève et avoir ainsi l'accès à sa précieuse bibliothèque. Elle pourra y trouver la bonne potion pour concocter le sort qui lui rendra la vie. Aliénor, se sentant responsable du drame infligé à Merlin, accepte de lui rendre service mais n'imagine pas à quel point elle va tomber sous le charme de sa nouvelle tutrice, qu'elle devra trahir pour sauver son père. 

Quelle merveilleuse histoire, tout en simplicité, humour et tendresse ! C'est un festival de féerie et de fraîcheur. Les dessins et les couleurs sont magnifiques, l'histoire est débordante de dynamisme et de pep's, le ton joyeux et décalé. On est immédiatement contaminé par ce zeste de folie douce et de bonne humeur. De quoi rendre le sourire au plus bougon des lecteurs. Cette bande dessinée est un pur enchantement, qui comblera petits et grands. La conduite de l'histoire est légère et espiègle. On y redécouvre les légendes arthuriennes dans des aventures décapantes et originales. Deux autres livres doivent suivre pour prolonger le plaisir. Une découverte qui séduit pour son charme et sa fantaisie. 

Rue de Sèvres / Septembre 2015 ♦ Retrouvez Aliénor sur la page facebook de la série où vous pourrez suivre la réalisation du tome 2. C'est par ICI !

Alienor1  Alienor2

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Rendez-vous, tous les mercredis d’octobre, pour la lecture BD de la semaine avec le #Challenge Halloween ! 

Challenge Halloween 2015Résultat de recherche d'images pour

2 novembre 2015

Divergente 2 : L'insurrection, de Veronica Roth

Après une relecture au pas de course du tome 1 (Divergent), histoire de me rafraîchir la mémoire (Beatrice Prior, alias Tris, choisit de quitter sa faction des Altruistes, dont elle est native, pour rejoindre celle, plus excitante, des Audacieux, mais au cours de son initiation elle découvre qu'une guerre se prépare et qu'elle seule peut s'y opposer grâce à ses capacités de «divergente»), j'enchaîne -enfin- avec la suite des festivités. ;-)

Divergente 2 L'insurrection

C'est comme se réveiller le lendemain d'une beuverie, avec cette sensation confuse d'étourdissement, de remords et de culpabilité. Le monde de Tris est en train de sombrer dans le chaos et la jeune fille se morfond des crimes qu'elle a commis. Elle a perdu sa faction, mais aussi de nombreux proches lors des derniers événements, et n'a plus d'autre choix que de fuir pour échapper à la cabbale lancée par la leader des Érudites. Celle-ci a définitivement pris pour cible les Divergents, dont le secret a été mis à jour, et entend se servir d'eux pour atteindre ses objectifs. 

Je n'ai certes pas retrouvé dans ma lecture l'excitation de la nouveauté, mais j'ai tout de même apprécié replonger dans l'univers créé par Veronica Roth, un monde désormais en pleine cohue, où la tactique politique est si prégnante qu'elle en éclipse tout le reste (avis aux amateurs de romance). D'office, Tris est une héroïne complexe, par sa jeunesse et son tempérament impulsif, elle agit constamment avec un poids sur la conscience, mais est capable de prendre ses décisions sur un coup de tête. Elle triche, elle ment, elle trahit. C'est un personnage assez ambivalent, à la fois sensible, attachant et agaçant. Tobias, lui... est toujours aussi insaisissable. On ne devine rien de ses pensées ou de ses motivations. C'est un garçon qui cultive ses secrets, ses silences et ses blessures avec beaucoup de pudeur, aussi semble-t-il exaspéré de veiller au grain pour protéger la petite Tris, et ces deux-là passent beaucoup de leur temps à se prendre la tête pour se réconcilier deux pages plus loin. J'ai trouvé dommage d'en passer par là, mais bon...  L'histoire est globalement plus sombre et se déploie de façon nerveuse, mais également de manière éparpillée et plus lente, en alternant judicieusement l'émotion et l'action. Au final, j'ai gobé tout le bouquin avec les nerfs en pelote et j'ai aussitôt ouvert le troisième tome pour avoir ma dose.

Nathan / Novembre 2012 ♦ Traduit de l'anglais par Anne Delcourt (Insurgent)  

15 décembre 2015

Une part de ciel, de Claudie Gallay

Une Part de Ciel Babel

Pour tout avouer, j'ai choisi d'écouter le livre audio (texte lu par Pauline Huruguen pour les éditions Thélème) mais j'ai d'abord grimacé en entendant la voix de la comédienne qui ne m'inspirait qu'un profond ennui. (En plus de constater qu'il y a une totale absence de réalisation sonore, avec un enregistrement trop bas pour ma station d'accueil, poussée à plein volume, la lecture est quasi inaudible en faisant le brushing du matin.) Cette déconvenue réglée, j'ai fini par m'habituer et j'ai réussi à trouver un certain confort dans cette histoire assez banale, mais qui dégage charme et quiétude, tout en collant pile poil à l'atmosphère de saison. 

Aux premiers jours de décembre, Carole regagne la vallée de la Maurienne où son père Curtil lui a fixé rendez-vous. Celui-ci étant en retard, Carole s'installe dans un gîte et décide de l'attendre. Une routine s'établit rapidement, elle traduit un bouquin sur Christo, prend ses repas chez Francky, papote avec son frère Philippe, donne un coup de main à sa sœur Gaby, qui survit dans un bungalow truffé de courants d'air, évoque Balzac avec la jolie Môme, flirte avec Jean de la scierie, ressasse le bon vieux temps avec Sam, récure les gamelles du chenil de la Baronne... Les jours passent, sans plus donner de nouvelles de Curtil. Le temps est gris, froid, hivernal. Ce retour aux sources évoque aussi pour Carole son enfance, la maison qui a pris feu et leur mère forcée de sauver ses enfants, pardon, de choisir lequel de ses enfants sortir en premier. Un geste qui a longtemps hanté Carole, qui ne cesse de se sentir coupable d'avoir été élue au détriment de sa sœur, aujourd'hui malade, affaiblie, traînant une vie de misère.

Malgré un style remarquable, la narration est lente, longue et s'enfonce dans la monotonie et la langueur. Sans oublier que le cadre dans lequel est plantée l'histoire est d'une tristesse à pleurer. C'est déconcertant de se dire que, même si j'ai dévoré ce bouquin, apprécié l'idée et le contexte, il n'a pas réussi à m'enchanter pleinement. 

Actes Sud, Août 2013 ♦ Babel, Octobre 2014 ♦ éditions Thélème, Janvier 2014

Une Part de Ciel Theleme

20 novembre 2015

D'après une histoire vraie, de Delphine de Vigan

D'après une histoire vraie

Cette histoire, qui n'en finit plus de brouiller les pistes et de chambouler les lecteurs, se complaît à décrire une situation et des personnages qui semblent inspirés du vécu de l'auteur, laquelle se défend du contraire. Ceci est une pure fiction. Il convient à chacun d'en déterminer les limites... Partant de ce principe, c'est prodigieusement démoniaque. ☺

Delphine a connu un succès fulgurant avec son dernier roman, mais est dans l'incapacité d'aligner le moindre mot depuis. Elle éprouve un rejet viscéral devant toute forme d'écriture. C'est dans cet état d'extrême fragilité qu'elle fait la rencontre de L. dans une soirée chez des amis. L. est une personne fascinante, attentive, prévenante et très intelligente. Elle flatte la jeune femme, la cajole, la rassure, la questionne... Elle réussit insidieusement à imposer sa présence auprès de Delphine, à se rendre indispensable. L. s'installe dans sa vie avec une aisance sidérante, ce contre quoi Delphine ne résiste pas, ne réalise pas non plus, car elle lui accorde une confiance aveugle, refusant de voir les signes d'une emprise obséquieuse et malfaisante. 

Cela se lit donc comme un thriller psychologique et cela pointe du doigt notre insatiable curiosité (envers la vie des autres), notre manie de fouiller et de vouloir démêler le vrai du faux. Delphine de Vigan s'amuse de cette tendance voyeuriste et joue avec nos nerfs. La méthode est déstabilisante, mais produit l'effet attendu. Il est question de manipulation, d'inspiration, de digression, “ni vu, ni connu, je t'embrouille”.  La descente n'en est que plus vertigineuse, chipant au passage de nombreuses références littéraires (Misery de S. King ou Sukkwan island de D. Vann). La lecture audio est suivie d'un entretien avec l'auteur au cours duquel on découvre une Marianne Epin en mode groupie, sincèrement bluffée par la construction de l'intrigue et son dernier mot, face à une Delphine de Vigan fidèle à son image insaisissable. Une jolie rencontre, assez touchante.

Audiolib / novembre 2015 ♦ Texte lu par Marianne Epin (durée : 8h 56)

4 décembre 2015

Le Retour du capitaine Emmett, d'Elizabeth Speller

Le retour du capitaine Emmett

Au lendemain de la guerre 14-18, l'ancien officier Laurence Bartram sombre dans une profonde mélancolie et tente de s'en extirper en acceptant d'enquêter pour une vieille connaissance, Mary Emmett, qui souhaite éclaircir les raisons douteuses de la mort de son frère. Après son retour du front, John avait été frappé de dépression, puis interné dans un institut privé et huppé, d'où il avait réussi à s'enfuir avant de se suicider. Il incombe désormais à Bartram de fouiller dans les archives d'un conflit aux plaies mal pansées, aux blessures encore suppurantes d'angoisse, de haine, de terreur, aux traumatismes mésestimés et aux actes de condamnation hâtive, sans procès, par simple lâcheté, ou simplement pour couvrir des faits plus graves. Elizabeth Speller dresse un contexte historique authentique et une peinture de l'Angleterre de novembre 1920 très convaincante. On y découvre aussi des personnages éreintés, égarés dans un pays qui se veut vainqueur sans mesurer les conséquences sur les pauvres âmes errantes. C'est assez poignant. L'intrigue est également conduite avec subtilité, bien écrite, agréable à parcourir et maintenant un suspense efficace de bout en bout. Une nouvelle série prometteuse. 

10/18 Grands Détectives / Octobre 2014 ♦ Traduit par Nora Bellac (The Return of Captain John Emmett) pour les éditions Belfond

21 janvier 2016

Le Monde caché d'Axton House, par Edgar Cantero

Le monde caché d'Axton House

A. et son amie Niamh, un couple de jeunes londoniens, viennent de toucher un bien généreux héritage d'un parent éloigné, Ambrose Wells, qu'ils ne connaissaient pas du tout. Les voilà donc en Amérique, plus précisément à Point Bless, une petite ville de Virginie, en train de poser leurs valises à Axton House, un magnique domaine aux allures gothiques, qu'ils découvrent avec des yeux écarquillés. Mais ils ont à peine le temps de savourer leur fortune qu'ils déchantent aussitôt en apprenant que l'ancien propriétaire s'est défenestré le jour de son 50e anniversaire, tout comme l'avait fait son père, au même âge, trente ans plus tôt. A. semble convaincu qu'une étrange malédiction frappe sa famille et cherche à en percer le secret. Il commence donc à fouiller chaque recoin de la maison, dépouille la bibliothèque, livre par livre, à la recherche de lettres ou d'indices censés le mettre sur la piste d'une société secrète, dont les membres, éparpillés à travers le monde, confirment l'un après l'autre leur rendez-vous pour la réunion annuelle du 21 décembre. Le mystère qui pèse sur Axton House ne cesse de s'alourdir. A. subit de plus en plus l'emprise de la maison, fait des cauchemars la nuit, entend des murmures, soupçonne une présence dans la salle de bains... Notre jeune héritier se métamorphose à vue d'œil et son amie Niamh, une fringante punkette mutique, au tempérament plus pragmatique, s'inquiète pour lui. Sûr qu'on marche à fond dans le délire de l'auteur, qui nous concocte une savoureuse intrigue, mystérieuse et passionnante, plantée dans un cadre fascinant, dont on s'imprègne littéralement. C'était fantastique, avec quelques longueurs dans l'histoire, mais franchement fantastique de monter à bord d'une fantasmagorie aussi géniale qu'incroyable ! ... 

10x18 ♦ Janvier 2016 ♦ Traduit de l'anglais par Paul Benita (The Supernatural Enhancements)

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4 janvier 2016

Veux-tu m'épouser 100 fois ? par Holly Martin

Veux tu m épouser 100 fois

Vendre du rêve et de l’amour, voilà le travail de Suzie. Et son agence La Proposition Parfaite fonctionne plutôt bien – c’est même la seule chose qui tient la route dans sa vie. Jusqu’à ce que Harry, son meilleur ami et associé, décide de l’embarquer dans un plan de communication complètement FOU.
100 jours.
100 demandes en mariage.
Elle et lui dans le rôle des fiancés.
Un jeu qui pourrait être divertissant si Suzie n’était pas désespérément et secrètement amoureuse de Harry. Quoi de pire que de se faire demander en mariage non-stop pendant trois mois par l’homme que l’on aime depuis des années ?…

🌟🌟🌟🌟🌟🌟

Cette lecture possède un charme fou et n'usurpe nullement son titre de comédie adorable avec des personnages très attachants. Pendant 430 pages, grosso modo, Suzie et Harry partagent avec nous les hauts et les bas de leurs émois, dans une aventure qui ne manquera pas de vous surprendre, de vous agacer, mais surtout de vous éblouir. Suzie et Harry sont les meilleurs amis du monde. Lui est gentil, attentionné, charmeur et patient. Elle est rigolote, jalouse et soupe-au-lait, mais surtout très à fleur de peau depuis le décès tragique de son frère. Lorsque Suzie réalise qu'elle est tombée amoureuse de Harry, elle s'en mord les doigts, hésite longuement avant de l'accepter, puis de partager ses sentiments. Et si ce n'était pas réciproque, est-ce que cela ne ruinerait pas une amitié exceptionnelle ? De son côté, Harry masque aussi son attachement derrière des démonstrations de tendresse et de dévouement qui en feraient fondre plus d'une. Ce type est d'une délicatesse exemplaire. Lui aussi tente de se protéger derrière des pirouettes, parfois maladroites, et qui font souvent tourner en bourrique notre héroïne. Grand séducteur, Harry a tendance à collectionner les aventures sans lendemain, au grand dam de Suzie. Leur histoire n'est donc pas toute tracée, toute simple, toute douce et mielleuse. C'est au contraire particulièrement mouvementé, avec des éclats de rire, et de grands éclats de voix. J'étais verte de les voir se chamailler pour des malentendus, d'autant plus que cela malmène l'histoire, de façon puérile, avec l'impression de longueurs inutiles... Sans quoi, la lecture est féerique à souhait. Suzie et Harry vont s'embarquer dans un tour du monde sponsorisé par des tours-opérateurs, en échange d'un compte-rendu détaillé sur un blog qui rencontre un succès fou. On y découvre surtout les mises en scène inventées par Harry pour demander la main de Suzie, lesquelles sont toutes plus extraordinaires les unes que les autres, bien qu'irréalistes, elles participent au rêve en rivalisant de fantaisie, de romantisme et de splendeur... Cette lecture possède une touche de magie sur fond de comédie romantique enlevée et pétillante, à déguster sans culpabiliser. C'est franchement trop bon ! 

Harlequin / Coll. &H ♦ Octobre 2015 ♦ Traduit par Charlotte Demanie (One Hundred Proposals)

5 février 2016

Destination inconnue, d'Agatha Christie

 Destination inconnue

Les services secrets britanniques sont aux cent coups, depuis l'étrange disparition du scientifique Thomas Betterton. Son épouse prétend ne rien savoir mais annonce qu'elle doit quitter le pays sur avis médical. Olive Betterton prend donc son vol pour Marrakech mais est victime d'un accident. Hospitalisée, en piteux état, la femme décède en glissant quelques mots à l'oreille d'une inconnue, venue exprès à son chevet. Hilary Craven, fraîchement recrutée pour servir d'appât, doit usurper l'identité de Mrs Betterton et continuer son voyage vers l'inconnu, en supposant qu'il la conduira jusqu'au scientifique. C'est grâce à sa chevelure rousse, semblable à celle de l'épouse décédée, que son sort a basculé vers une destinée plus excitante et romanesque. Car Hilary n'avait plus le goût de vivre et ruminait des idées suicidaires lorsqu'elle a rencontré un agent convaincant et sarcastique (leur première entrevue est franchement piquante !). Elle prend vite à cœur sa nouvelle mission et s'embarque pour une série d'aventures inattendues et passionnantes. Ce roman d'espionnage, pour le moins original et audacieux pour l'époque, ancrée au début des années 50, s'inspire d'une aura politique très pesante, celle de la guerre froide, avec les courants communistes, les idéologies flamboyantes, la démocratie remise en question et la fuite des cerveaux, devenue une récurrence inquiétante pour le monde occidental. Les considérations philosophiques apparaissent donc de façon flagrante et priment parfois sur l'action, sans toutefois susciter de l'ennui ou du désintérêt. En effet, plus que son histoire d'agent double et de duperie, Agatha Christie propose un regard équivoque sur l'époque d'après-guerre et rend sa lecture plus enrichissante qu'une simple distraction ! 

Le Livre de Poche ♦ Publication Septembre 2010 pour la présente édition ♦ Traduction de Janine Lévy (Destination Unknown, 1954)

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : un globe terrestre

23 janvier 2016

Le Meurtre de Roger Ackroyd, d'Agatha Christie

Le meurtre de Roger Ackroyd

Le village de King's Abbot est sous le coup de l'émotion après la mort soudaine de Mrs Ferrars, probablement empoisonnée, victime d'un maître-chanteur, dont seul son ami et voisin Roger Ackroyd avait connaissance de l'existence. Mais peu après avoir eu vent de son identité, lui aussi est retrouvé mort, dans son fauteuil, près de la cheminée, alors qu'il s'était enfermé à double tour dans son bureau. Le docteur Sheppard, également le médecin du village, est témoin des événements qu'il relate dans ce roman particulièrement bien troussé ! Car Sheppard va également faire la rencontre de sa vie, en la personne de son nouveau voisin, un petit belge comique, qui maltraite son potager et expédie ses citrouilles de mécontentement, manquant assommer notre narrateur. L’incomparable Hercule Poirot entre alors en scène... Soucieuse de rendre justice à son oncle, Flora Ackroyd supplie le détective, pourtant à la retraite, de démasquer la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Amen. Et il aura fort à faire concernant l'entourage du riche et exigeant Ackroyd. Tous sont vraisemblablement coupables de mensonges, petits et gros, qui nuieraient à la résolution de l'enquête. Il enjoint donc famille, amis ou domestiques d'aller à confesse, notre ami Poirot est tout ouïe. Cette lecture vaut franchement le détour, rien que pour son suspense, sa construction et sa fameuse pirouette. Le scénario ici est habile et inventif, clairement en avance sur son temps, il réinvente les codes et bouscule les traditions... c'est du grand art ! Et puis c'est drôle, raconté avec une pointe d'ironie, dont l'apparition épique de Hercule Poirot ! Notre jeune retraité, qui se languit de son ami Hastings, parti en Argentine, est en mal d'ami et va élire Sheppard comme étant son nouveau confident. La sœur de celui-ci, Caroline, mettra également son grain de sel, avec ses bavardages incessants et son goût prononcé pour les commérages, elle sera d'une aide précieuse pour la conduite de l'enquête, et séduira Hercule autrement que par sa confiture de nèfle. ;-) Une lecture indispensable. Chapeau, Dame Agatha ! 

Le Masque, coll. Masque Christie / mars 2007 ♦ Traduction entièrement révisée par Françoise Jamoul  (The Murder of Roger Ackroyd, 1926)

Le meurtre de Roger Ackroyd 2013

Bibliothèque idéale d'A.Christie (Novembre 
2013) Couverture par Martin Parr

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : des taches de sang

11 janvier 2016

Ma grand-mère vous passe le bonjour, de Fredrik Backman

« On peut être triste alors qu'on mange des pères Noël en guimauve. Mais c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus difficile. »

Ma grand-mère vous passe le bonjour

Beau et troublant roman à la fois ! 

Elsa, 7 ans, et sa grand-mère, teigneuse et fière de l'être, entretiennent une relation forte et étonnante. Tout bascule lorsque la grand-mère est emportée par la maladie, confiant à sa petite-fille la délicate mission de retrouver des lettres cachées dans leur immeuble, puis de les distribuer aux personnes concernées. Pour la fillette, déjà éprouvée par cette perte subite et injuste, la tâche est d'abord vécue comme un calvaire car cela l'oblige à sortir de sa zone de confort, croiser du monde et communiquer, assumer sa singularité et celle des autres. Ce n'est pas chose facile pour cet enfant peu ordinaire, à l'intelligence précoce, qui adore Harry Potter et les histoires de super-héros, qui récite Wikipedia sur le bout des doigts, qui condamne vite et bien - comme sa grand-mère. Pourtant, Elsa est une petite fille solitaire et malheureuse, victime de brimades à l'école, se sentant souvent ballottée entre une maman qui travaille beaucoup et un papa qui a refait sa vie avec une autre femme. En plus, l'arrivée du nouveau bébé - la Moitié - chamboule notre demoiselle qui avait coutume de se réfugier dans les fables que lui racontait sa grand-mère. Maintenant, c'est fini. Et Elsa se sent abandonnée. Toutefois, elle décide de donner une chance à la dernière requête de sa grand-mère et va découvrir qu'elle est entourée par une réalité beaucoup plus mystérieuse, secrète et magique qu'elle ne le pensait. Une réalité proche des contes et légendes fantastiques que celle-ci affectionnait. Et pour cause.

Cette histoire aux accents fantaisistes est aussi terriblement émouvante et attachante, parce qu'elle met en avant un formidable binôme, parce qu'elle parle d'amour, de famille, de perte et de deuil, mais aussi de renouveau et de seconde chance. Même si j'aurais apprécié qu'on abrège les digressions et autres délires excentriques, parfois trop lourds pour le rythme du récit, j'ai passé un formidable moment à écouter Bernard Gabay me gaver de folies douces et tailler le portrait génial d'une mamie exubérante, qui va aider sa petite-fille à aimer pleinement la vie et ceux qui l'entourent. ☺

>> Ce livre audio en version intégrale vous est proposé en exclusivité par Audible - uniquement disponible en téléchargement.

(P)2015 Audible FR  ♦  Lu par : Bernard Gabay  (durée : 12 h 54)

🐍🐍🐍🐍🐍🐍🐍

©Traduit du suédois par Laurence MENNERICH (Min mormor hälsar och säger förlåt) 

pour les éditions PRESSES DE LA CITÉ

Ma grand-mère vous passe le bonjour Presses de la Cité

26 janvier 2016

Quatre Sœurs, 3. Bettina, de Cati Baur (d'après Malika Ferdjoukh)

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Place, place au troisième tome de la génialissime série des Quatre Sœurs, dans son excellente adaptation en bande dessinée par la brillantissime Cati Baur ! 😍 Et je n'exagère pas. 

Aaaah, qu'est-ce que c'est bien ! Au risque de me répéter, et gazouiller niaisement des mots d'amour, cette lecture est mon instant doudou par excellence. On trouve tout dans cette série : de l'humour, de la tendresse, des frangines extras, des colères, des larmes, des gratins, des coups de cœur, des gamins turbulents, des vacances, des garçons, et des filles, des premières amours, des ruptures, des fantômes, des lettres, des robes, des chansons et des danses, des coups de fil, des coups de déprime, des câlins, des cafards, des bisous, des poireaux, des cigarettes, des cerises et des nuits blanches...

C'était sensationnel. Merci mille fois. 

Les filles Verdelaine ont donc du souci à se faire pour entretenir la grande maison familiale. L'argent manque. Charlie lance l'idée de louer la chambre des parents à un inconnu. Onde de choc et instant d'émotion chez nos demoiselles. Puis, toutes vont céder la bouche en cœur avec l'arrivée de Tancrède. Il est beau, mystérieux, charmant et différent de Basile. Lui, le grand frère attentionné. Le roi du couscous. L'amoureux de Charlie. « Ce pauvre Basile est amoureux de la Vill'Hervé et de son contenu. » Et Charlie en a assez de couver... elle veut sentir son corps vibrer, son cœur bondir hors de sa poitrine, elle veut être belle et désirable, briser ses chaînes de petite fille trop sage et grande sœur modèle. Go, Charlie ! Vis ton rêve. Et enflamme l'assistance, avec « une robe de festival de Cannes, une robe de bal chez l'ambassadeur, pas une robe de sœur » !

Et on vit à fond cette histoire naissante, cette passion amoureuse qui balaie tout sur son passage, tandis que d'autres traînent des petites mines chiffonnées et épongent avec peine leurs chagrins qui débordent de partout. Oh, que c'est douloureux aussi ! Une lecture qui donne autant de joie que de pincement au cœur. C'est si bon, et tellement fort. Je suis amoureuse de cette série, de son histoire fantasque, avec ses mots et ses expressions uniques et rigolotes, et fatalement je suis envoûtée par la bande dessinée, dont l'esprit, les couleurs, les illustrations correspondent trait pour trait à ce que j'avais en tête, je savoure chaque miette de ma lecture. Miam, miam. 

Cati Baur respecte la magie, la poésie et l'espièglerie de cette série avec son talent, sa simplicité, sa sensibilité et sa fraîcheur. Quel délicieux cocktail de talents. C'est idiot, mais j'appréhende la publication (l'an prochain) du tome 4. Ce sera comme dire au revoir, encore une fois, à des personnages devenus des proches amis, presque une deuxième famille (beh oui, moi aussi j'ai des frangines infernales, qui me vampirisent joyeusement). ;-) N'y pensons pas. Et puis la relecture est aussi un plaisir infini. 

Pour l'heure, lâchons la main de Bettina, de Hortense, d'Enid, de Charlie... et patientons jusqu'aux prochaines retrouvailles, avec une Geneviève secrète et pas si légère, qui aura aussi le tournis pour un beau et étrange garçon. Gnéééé... Cati Baur et Malika Ferdjoukh, vous êtes mes héroïnes ! 😘 😺

« Un centimètre de bonheur, de délices déraisonnables plutôt qu'un hectare de quiétude et de modération. Quelle audace, notre Charlie. Tout ça pour une baraque en ruine et quatre frangines qui ne valent pas un pet. »

Rue de Sèvres / Janvier 2016

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14 janvier 2016

La Mystérieuse affaire de Styles, d'Agatha Christie

Anne, des Mots et des Notes, a mis à l'honneur Agatha Christie le 12 janvier dernier, pour célébrer le 40ème anniversaire de sa disparition. J'ai réalisé alors que je manquais cruellement de lectures du genre et qu'il fallait là encore me mettre à jour en picorant savoureusement les romans de cette divine « Reine du Crime ». Quoi de mieux - donc - que son premier livre édité, en octobre 1920, aux USA (l'année suivante, en Grande-Bretagne), celui-là même où apparaît, non sans une certaine fatuité, le fameux détective belge, Hercule Poirot !? ;-)

La mystérieuse affaire de Styles

L'histoire est rapportée par Arthur Hastings, invité à séjourner dans la demeure de Styles, dans l'attente de son nouveau poste, quand la maîtresse des lieux, Mrs Inglethorp, est assassinée dans sa chambre. Tout accuse son nouvel époux, le sombre et taciturne Alfred Inglethorp, qui ne cherche même pas à se défendre et se drape derrière des attitudes fuyantes et suspicieuses. Sur ce, intervient notre bon ami, Hercule Poirot, qui réside à proximité, avec d'autres compatriotes. Le détective va ainsi assister l'inspecteur Japp dans son enquête en interrogeant les protagonistes, en fouillant les lieux et en rencontrant les domestiques. Il va mettre en lumière une redoutable affaire d'empoisonnement, orchestrée de main de maître, et c'est à l'issue d'une « enquête publique » qu'il va incriminer le coupable au terme d'une démonstration habile et irréfutable. Tout est là, dissiminé parmi des indices quelconques (un feu de cheminée allumé en plein été, une tache de café sur le tapis, un testament revu et corrigé, la peur du scandale). Notre cher Poirot ne laissera aucun détail et épluchera les dessous de cette mystérieuse affaire de Styles pour brandir la solution avec un réel génie. Hanlala... que c'était bien ! Moi qui suis friande des polars noirs, bien violents, au risque d'être trop écœurants, je fonds aussi complètement pour ces romans à l'ambiance désuète, au ton guindé et aux manières empruntées. Je m'en vais délecter d'autres  bouquins du genre... comme un besoin de me gaver de vieilleries bien réconfortantes, qui câlinent ma fibre nostalgique du moment. 

Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque ♦ Traduction originale de Marc Logé en 1932, revisitée par Thierry Arson en 1990 (The Mysterious Affair at Styles)

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2 février 2016

Nymphéas Noirs, de Michel Bussi

NYMPHÉAS NOIRS

À Giverny, berceau de Claude Monet, la découverte du corps d'un ophtalmologiste gisant dans l'eau, plaie béante au cœur, crâne ouvert, provoque un choc émotionnel, même s'il faut bien admettre que la victime n'était pas sans tache non plus. Réputé pour être un coureur de jupons, Jérôme Morval aurait payé sa nature butineuse. Et très vite, les rumeurs grondent dans le village, des photos sont adressées anonymement aux enquêteurs, rendant perplexe le nouvel inspecteur, Laurenç Sérénac. Avec son look de jeune motard, blouson de cuir, sourire rebelle, l'homme fait palpiter le cœur de la ravissante institutrice, Stéphanie Dupain, dont le mari devient, dans la foulée, le suspect principal. L'adjoint Sylvio Bénavidès tente de freiner les ardeurs de son supérieur, certes beau gosse et érudit, tout en fouillant activement dans les archives des musées, dans les mémoires collectives, ou se lançant sur la piste de tableaux volés, des Monet authentiques, débusquant par la même occasion la mort accidentelle d'un môme de onze ans, classée sans suite, malgré les protestations de la mère convaincue du contraire. Cette lecture, finalement, possède un charme éthéré, calfeutré sous la couche du suspense, des crimes à répétition (eh oui... ce n'est pas faute d'avoir été prévenus non plus), des silhouettes floues et fuyantes qui parcourent les rues de Giverny, ressassant des souvenirs, élaborant des théories, tels “des yeux de hibou qui voit et sait tout”. C'est aussi une lecture étrange, empreinte d'émotions et chargée de points de suspension. On devine plus qu'on ne suppose, tout en pénétrant dans une intrigue nébuleuse et inquiétante, mais tout de même enveloppée dans un voile vaporeux, du moins c'est ce que je ressens après avoir tourné la dernière page. La fin du roman est franchement déconcertante. Limite poussive, pour dire la vérité. J'avais anticipé ce revirement et les révélations qui en découlent, aussi je n'ai pas été totalement ébahie par la découverte. Mais l'entourloupe est brillante et originale, drôlement bien suggérée et servie royalement sur un plateau. On est en droit de relire le roman pour le considérer autrement ! Livre après livre, Michel Bussi convainc, séduit, touche et surprend. Il use et abuse de jeux de miroirs pour semer la zizanie et mystifier son lecteur, lequel saisit les nuances et apprend à déjouer les plans de l'auteur, sauf que ce petit jeu de dupes fait vite tourner les têtes et esquinte les nerfs. Mais c'est de bonne guerre. ;-) À la lecture, Colette Sodoyez, plaisante et agréable, nous embarque dans cette histoire pour le moins troublante et évanescente. 

 Audiolib / Janvier 2016 ♦ Texte lu par Colette Sodoyez (durée : 13h 40)

Téléchargez l'extrait (mp3, 2 Mo)

Pocket, Édition Collector / Novembre 2015

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