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Chez Clarabel
31 mai 2009

A l'angle du renard ~ Fabienne Juhel

A_langle_du_renardJ'ai été soufflée par ce roman, parce qu'il a su me plaire et en même temps me déranger. La narration à la première personne donne un aperçu immédiat de la personnalité d'Arsène Le Rigoleur, qui porte décidément mal son nom, car c'est le genre à ne pas apprécier qu'on se foute du monde. C'est difficile au début de le cerner, on suit son manège, il scrute la famille d'en face qui vient d'emménager, il sympathise avec la petite fille de cinq ans, malgré la franche méfiance de la mère, le ballet des tractations peut commencer, et pourquoi vient-elle, et qu'est-ce que vous pouvez cacher, à quarante ans, seul dans votre ferme... Arsène ne lâche rien, il apprécie la compagnie de la fillette mais il est davantage fasciné par son grand frère, un rouquin, de trois ans son aîné, du style sauvage et fouineur, prêt à faire le mal pour attirer l'attention. Un drôle de jeu commence, avec en toile de fond les souvenirs familiaux, qui vont et viennent comme des vagues. On sent le secret, on se questionne sur ce François qui revient dans la bouche du narrateur, on découvre chez Arsène une violence, deux mains solides qui ne tremblent jamais au moment de rendre justice, c'est intense, étonnant, bizarrement envoûtant. Il est bon d'arriver au bout du récit, de trouver la sortie et de respirer un bon coup. Car l'atmosphère s'alourdit au fil des pages, les propos d'Arsène sont enfermés dans un kaléidoscope d'émotions, de sensations, de couleurs et d'odeurs. Son parler est campagnard, rude et revêche, mais le propos reflète la bestialité. La dramatisation enfle. Et puis que sont les renards ? que font-ils ? pourquoi viennent-ils sans craindre l'homme ? Ce sont autant de détails curieux et inouïs qui se produisent, ou alimentent cette intrigue pas banale, malcommode, qui peut plaire ou déplaire, mais ne peut laisser indifférent.

la brune / au rouergue, 2009 - 235 pages - 17€

extrait :

C'est que des mots, j'en ai plein ma mémoire. Comme des cailloux dans une carrière. Parce que quand on est môme, on apprend à se taire et à écouter. Et à ronger son frein.

Logo_Prix_Landerneau

d'autres avis :::  Papillon , Sylire, Cathulu et Katell (toutes séduites) / Lily (également pressée d'en finir)

Fabienne Juhel est également l'auteur de Les bois dormants (rouergue, 2007) et La verticale de la lune (Zulma, 2005)

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31 mai 2009

lectures du mois #5

en mai, fais ce qu'il te plaît, j'ai aimé ...

29 mai 2009

Celle que j'aime ~ Audren

tout commence à la cantine, avec un rêve qui se brise par la faute de saucisses...

Petit à petit, les bruits autour de moi se sont assourdis. Je n'entendais plus rien qu'un grondement semblable à celui de la soufflerie d'un parking. Je me noyais dans la panique, je respirais à peine, j'étouffais même. La nouvelle m'avait démolli, déboussolé, pétrifié. Mon pauvre cerveau, dur comme un fossile, ne fonctionnait plus du tout.

le drame de paul est d'apprendre que son amoureuse lison est végétarienne, son drame s'explique parce qu'il est fils de charcutiers et les deux données, ensemble, sont parfaitement incompatibles...

Mais elle, en quelques mots, venait de démolir mon rêve. Maintenant je devais choisir : Lison ou la charcuterie. Un choix douloureux, impossible.
Lison était intelligente et si jolie ! Mais la charcuterie, c'était ma vie, mon bonheur, mon envie !

comment résoudre ce problème insoluble ? paul est effondré, il décide de rayer la belle lison de sa vie, du jour au lendemain il l'ignore et ne lui parle plus, bien évidemment la petite copine a beaucoup de peine car elle ne comprend pas ce brusque changement de comportement. la solution viendrait-elle sur ce constat, simple et efficace :

Je venais de réaliser que s'aimer ne signifiait pas forcément se ressembler.

ce n'est pas grave si lison ne deviendra pas une charcutière, paul sait qu'à deux ils réinventeront le monde... sans viande ! ;o)

Un délicieux petit roman servi par la plume facétieuse d'Audren et par les illustrations "chatoyantes" de Stephanie Blake, à apprécier pour les plus jeunes, dès 6 ans.

celle_que_jaime

Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 47 pages - 6,50€

29 mai 2009

Grignotin et Mentalo présentent... ~ Delphine Bournay

voici déjà le quatrième volume d'une série très, très agréable à découvrir. il n'est pas utile de les lire dans l'ordre, toutefois une fois qu'on a goûté on ne peut pas s'empêcher de tout croquer ! 

grignotin_mentalo_presentent

les personnages principaux sont donc grignotin, le lièvre (ou lapin ?) jaune, et mentalo, la grenouille verte. ce sont de très grands amis, ils sont inséparables, ils s'amusent beaucoup, notamment à jouer la comédie, parfois ils se fâchent mais ça ne dure jamais longtemps. dans ce numéro, mentalo est exaspéré par l'insouciance de grignotin. alors qu'il aimerait de l'aide pour planter les légumes du jardin, il remarque que grignotin préfère se prélasser au soleil. mentalo crie son ras le bol et tourne les talons, il a déjà sa petite idée derrière la tête.

après trois jours à bouder chacun dans son coin, grignotin et mentalo se retrouvent et s'enthousiasment à l'idée d'interpréter la cigale et la fourmi de jean de la fontaine. en deux, trois mots mentalo raconte l'histoire et la morale, mais grignotin est choqué. comment est-ce possible ? et l'entraide ? et l'amitié qu'on se jure croix de bois croix de fer ? car un ami c'est sacré et ça ne vous abandonne jamais... mentalo n'est pas d'accord, c'est pêché de trahir la pièce d'un auteur, sans compter qu'il cherche à exploiter la fable de la fontaine pour manifester son propre mécontentement, alors grignotin jette l'éponge et se retire de la distribution. heureusement l'esprit de la fontaine (comprenez, un grand masque d'imitation africaine qui surgit derrière un arbre !) intervient pour réconcilier nos deux petits amis, et suggère d'arrondir les angles.

la préparation du spectacle leur donne une belle idée : inviter en guest star jean de la fontaine ! c'est tout à fait possible, il suffit de jeter un coup d'oeil dans les pages vertes, d'y trouver un jean-claude fontaine, car oui ça y ressemble donc c'est forcément lui ! ;o)  je ne vous raconte pas la tête de leur ami cerf quand il apprend la nouvelle ! ! ! c'est désopilant !

mais tout le livre s'inscrit dans cette tendance, une succession de situations inattendues, rigolotes et facétieuses, l'amitié est à la fête, on ressent toute la connivence entre chaque personnage, et attendez-vous à une brochette de personnages secondaires qui valent le coup d'oeil ! l'originalité aussi dans cette série réside dans sa présentation : bien entendu il y a beaucoup d'illustrations, dans des tons essentiellement pastel, c'est très coloré, salué par un trait fin, simple et frais, on pourrait ensuite beaucoup penser à une bd (ou à un roman graphique) grâce à l'écriture cursive, il n'y a pas de bulles comme dans une bd, par contre il y a une couleur distincte pour chaque parole selon le personnage... tout ceci n'est pas facile à décrire, voilà pourquoi c'est mille fois mieux de le découvrir soi-même !!!

Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 108 pages - 9,50€

existe aussi : grignotin et mentalo / grignotin des bois et mentalo de la vega / le correspondant de grignotin et mentalo

*****

bienvenue parmi les personnages fétiches de la maison, au même titre que Pomelo, Rita et Machin, l'inspecteur Lapou, Apolline et M. Munroe, Bogueugueu, Oscar et Arabella, la fée Coquillette et Zoé tout court ...

28 mai 2009

des oiseaux, des albums

c'est beau comme ça...

La môme aux oiseaux, elle,
ne me connaissait pas.

Mais déjà je la savais ma soeur,
ma pente,
mon miel,
ma semblable
et mon autre.

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A force de l'écouter s'écouter longuement
fouiller en elle
à force de la voir arracher un oiseau de son poing
comme on arrache un diamant de sa gangue,
de la sentir étudier cet oiseau,
chercher à le comprendre,
lui parler,
lui sourire
ou lui tirer la langue
et le lâcher ensuite,
j'ai compris.

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Je crois que chaque oiseau était un peu d'elle-même.
Une humeur profonde.
La môme du jour.

Ses états d'âme et de plumes.

IMGP6447

Depuis le sol,
la môme vous dévisage et s'envisage.

Pour mieux se voir
elle se regarde de loin, d'en bas,
et sous d'autres couleurs.

Volez soucis,
volez bonheurs.

Libre comme l'air, dans l'air, en l'air,
La môme est libre, aussi, quand vous êtes en haut !

-- extraits de La môme aux oiseaux --

texte de Henri Meunier
illustrations de Régis Lejonc
avec la participation d'Antoine Lejonc

** encore merci la Gre ! **
tu t'en doutes, nous avons énormément aimé !
"des loups dans les murs" aussi... mais c'est particulier, il faut qu'on en parle, mais à part et plus tard... ;)

 

 

 

 

*****

et une autre histoire avec des oiseaux...

 

 

 

la_lettre_des_oiseaux

La lettre des oiseaux, texte d'Agnès Bertron-Martin
Illustrations d'Aurélie Blanz

Album Nathan, 2009

*****

 

 

 

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Dans le joli village de Petrovna, Vania le facteur est un jour amené à remettre une lettre dans cette mystérieuse maison isolée qui l'effraie. Ce courrier va bousculer son univers.

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c'est donc l'histoire d'un facteur heureux, il aime distribuer les lettres à ses amis les villageois et un jour il lui vient l'idée d'avoir sa propre boîte aux lettres pour recevoir, peut-être, une lettre rien que pour lui... les jours passent, sa besace reste vide, sauf une fois... il découvre un oiseau blessé qui protège farouchement une enveloppe jaunie et fripée destinée à la résidente de la vieille isba, une maison maudite, envahie par les ronces, et forcément abandonnée ; toutefois notre vaillant facteur décide de s'y rendre et rencontre en chemin des embûches inimaginables, mais il s'accroche parce que...

Vania était un bon facteur et il savait,
lui qui n'avait jamais reçu de lettre de toute sa vie,
le bonheur que ça devait être d'en recevoir une !

 

Encore un très bel album, avec des illustrations d'une grande beauté, qui sont composées comme des tableaux et qui suivent le fil des saisons. C'est aussi une histoire qui nous parle d'amour, de courage et de recherche du bonheur. Qu'espériez-vous d'autres ?

*****

 

 

NB : Les illustrations présentes dans ce billet sont des clichés personnels, merci de ne pas les reproduire... je m'excuse également auprès des auteurs pour cette liberté, n'hésitez pas à vous manifester si cela vous ennuie.

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27 mai 2009

La Maison du magicien ~ Mary Hooper

L'histoire se passe dans l'Angleterre d'Elizabeth Ière, alors que Lucy, une jeune gantière, rêve des belles toilettes et de la prestance des nobles dames, en vénérant la reine et la vie à la cour. Or Lucy n'appartient pas à ce beau monde, sa famille trime pour joindre les deux bouts, le père dépense le peu d'argent récolté dans l'alcool. Un jour, après une énième dispute soldée par les coups et les menaces, Lucy choisit de partir. Elle suit la Tamise pour gagner Londres et finit par s'arrêter aux abords du palais de Richmond. Elle croise deux fillettes et leur singe en train de jouer dans la boue et vient à leur secours quand l'une d'elles manque de s'embourber jusqu'à la taille. Suite à cela, Lucy est accueillie dans la Maison Noire, une habitation à l'aspect rébarbatif qui correspond parfaitement à son nom, avec un toit de chaume envahi par la mousse, des murs goudronnés et de minuscules fenêtres poussiéreuses. Cette maison appartient au Dr Dee, qui est le magicien et conseiller personnel de la reine.   

Lucy est engagée comme nourrice et trouve vite ses marques dans cette demeure immense, qui n'a pourtant plus l'étoffe d'antan. L'argent manque, la femme du magicien est alitée après un accouchement douloureux, et le Dr Dee ne quitte jamais sa lugubre bibliothèque. Un soir, Lucy s'y faufile, piquée par sa curiosité maladive et se sauve en courant, pensant être tombée dans l'antre de Satan ! Peu après, la jeune fille a vent d'étranges histoires qui sont rapportées sur le compte du fameux magicien. Est-il un charlatan, ou un être doté d'un vrai pouvoir ? Fait-il apparaître les esprits, converse-t-il avec les anges ? 
La reine en personne lui fait confiance, son arrivée à Mortlake est annoncée, avec dans son sillage des rumeurs de complot contre sa royale personne.

maison_du_magicien

Magie et mascarade sont au coeur de ce passionnant roman, dont la configuration historique, plus que soignée, est admirablement reproduite. L'auteur apporte des notes de précision en fin de roman, pour expliquer le contexte et l'importance des personnages rencontrés dans cette fiction (le docteur Dee, par exemple, a bel et bien existé). A l'instar de La messagère de l'au-delà, le précédent roman de Mary Hooper, La Maison du magicien procure une sensation d'immersion totale et immédiate. C'est par la voix de Lucy qu'on suit l'intrigue, de telle sorte qu'il nous est impossible de deviner la suite, impossible aussi d'emprunter un autre chemin que celui suggéré par la jeune fille. On vit l'histoire à son rythme, c'est prenant et saisissant. Et c'est instantané, on se surprend à tourner les pages à une vitesse, c'est vraiment très agréable.

L'histoire est racontée de façon limpide, vue à travers la sensibilité de la narratrice et héroïne. Lucy est une jeune fille attachante, portée par une curiosité qui frise l'indécence (ou l'inconvenance). Il lui faudra du culot, en plus du courage, pour démêler les fils de l'imbroglio auquel elle sera, malgré elle, associée. Cette aventure pleine de suspense s'enrichit également d'une touche romanesque, car notre demoiselle fera une rencontre charmante, avec un jeune homme intrépide auquel la lieront bientôt de tendres sentiments.
Seule la suite nous en dévoilera plus. Ce roman est en fait le premier titre d'une trilogie qui m'enchante à l'avance !
Et la couverture est encore plus belle en vrai.

Gallimard jeunesse, 2009 - 285 pages - 12€
traduit de l'anglais par Bee Formentelli

A lire aussi du même auteur : La messagère de l'au-delà (Panama, 2008) 

26 mai 2009

Demain la lune ~ Cécile Roumiguière

demain_la_luneCette année 1969 va être un grand tournant dans la vie de Michel, onze ans. Ses parents se séparent, son père a quitté la Bretagne pour vivre dans le Sud. L'été approchant, Michel et sa soeur Liliane, seize ans, le rejoignent pour passer des vacances au camping. Mauvaise surprise dès l'arrivée : leur père s'affiche avec une nouvelle femme, les enfants sont déçus et jurent de leur faire payer cette déconvenue.
C'est donc l'été, il fait chaud, le 14 juillet fête son feu d'artifices avec son bal annuel, Michel rencontre une fille de son âge, Corinne, qui lui parle en long en large et en travers de la lune et du prochain voyage dans l'espace. Peu à peu, Michel adopte les luneries de Corinne et comprend qu'un monde nouveau est en train de naître. C'est beau, c'est mystérieux, cela donne des frissons partout.

Cécile Roumiguière nous raconte cet été 1969 avec une affection manifeste, tout semble comme pour de vrai, c'est chaleureux, tendre et touchant, avec des clins d'oeil pour ceux qui connaissent et une attention particulière pour les plus jeunes afin qu'ils ne se sentent pas écartés. Elle s'est entourée de personnages attachants, comme Liliane, cette rouquine coiffée à la Sylvie Vartan, qui écoute La Californie de Julien Clerc sur son mini-cassette, ou Corinne, avec ses couettes brunes, son nez cramoisi et son savoir tel un puits sans fond pour tout ce qui touche la technologie, la conquête spatiale et les étoiles.

Sa fascination pour les premiers pas de l'homme sur la lune illustre bien la page nouvelle qui est en train de s'écrire, tout comme l'histoire de ce roman nous parle d'amitié et d'espoir en général, mais aussi d'amour qui dure une vie entière, d'amour qui s'estompe, d'amour qui recommence avec d'autres personnes. C'est aussi un livre sur les illusions qui se perdent et se brisent, et pourtant ce n'est pas un livre triste. Il porte l'espoir en lui, il prend aussi le lecteur à bras le corps, il donne le sourire. La nostalgie qu'on y trouve n'est pas mélancolique, elle est revigorante, on sent que ce n'est plus la même époque, mais on aime aussi ce passé nécessaire pour l'avenir. J'ai été séduite, totalement bercée par cette belle nostalgie, ce monde d'hier qui croyait très fort s'offrir le monde de demain.

A noter que 2009 est l'année du 40ème anniversaire des premiers pas de l'homme sur la lune. Je ne sais pas comment l'exprimer, mais pour moi qui n'appartiens pas à cette génération - pas plus que les jeunes qui liront ce livre - j'ai ressenti une grosse bouffée d'espérance en lisant ce roman, j'ai partagé les rêves et j'ai perdu mes illusions comme Michel et Liliane, j'ai été éblouie par cette nuit dans l'épicerie pour guetter la diffusion par l'ortf des images bouleversantes des américains qui marchent sur la lune, j'ai chanté, j'ai rêvé, j'ai mangé des spaghetti aux fruits de mer, j'ai traîné sur la plage, j'ai pêché des anguilles, je me suis sentie dans le bain... Totalement. 

A signaler aussi que la Lune reste au coeur de nombreuses expressions : décrocher la lune, être dans la lune, demander la lune, promettre la lune... C'est dire son importance !

Seuil jeunesse, coll. Chapitre, 2009 - 105 pages - 8 euros.
illustration de couverture : Olivier Tallec

Le site de l'auteur : http://www.cecileroumiguiere.com/

Lily a également aimé

26 mai 2009

Le Cérémonial des ombres ~ Michel Honaker

ceremonial_ombresL'histoire s'ouvre sur une mission commando dans la jungle de Guinée, puis revient trois mois plus tard à New York. Deux jeunes sdf s'introduisent dans un bâtiment abandonné, mais apparemment possédé par une présence maléfique. Le jeune homme est tué, la jeune fille est sauvée grâce à un clochard venu de nulle part. Confiée aux bons soins de la police, Elsie devient un témoin important, sauf qu'elle refuse de parler et demeure prostrée sur son lit d'hôpital. C'est Bob Single, récemment promu lieutenant dans un bouge du Bronx, qui vient d'hériter du dossier. Son ancien collègue, Trevor Meredith, a été poussé à la retraite, suite au fiasco précédemment lu dans Chasseur noir. Le jeune inspecteur se jure de ne pas tremper dans les affaires louches pour éviter pareille punition, mais sa promotion s'annonce déjà descendante. Ebenezer Graymes est d'ailleurs de retour en ville, prêt à assumer sa charge de Chasseur noir contre les forces occultes. C'est lui qui est intervenu pour sauver Elsie. Single est farouchement allergique à ses théories, selon lesquelles des actes de sorcellerie et de vaudouisme séviraient dans le Bronx. De même, un émissaire d'Afrique, qui s'oppose à des forages pétroliers dans son pays, exprime les mêmes menaces envers une ombre maléfique, prête à tout, même à kidnapper la jeune Elsie, pour accomplir son funeste dessein. 
L'action est de plus en plus riche, l'ambiance très noire, portée par un personnage difficile à cerner. Ebenezer Graymes, cet expert en démonologie, est un solitaire, qui cherche à accomplir une vengeance personnelle en plus de veiller contre les forces du mal qui grouillent dans l'ombre. Il semble enfin prêt à assumer la lourde charge qui l'attend, devient le locataire officiel du 1, Montague Street mais refuse d'obéir aux ordres d'une confrérie supérieure. Le personnage du policier Bob Single permet heureusement d'alléger cette atmosphère oppressante, grâce à son humanité, sa jeunesse, ses valeurs naïves et héroïques, son rationalisme. Le mélange des deux personnalités promet une belle cohésion, dans ce climat sans cesse plongé dans le clair-obscur. J'aime beaucoup.

Flammarion, coll. Tribal, 2009 - 257 pages - 10€
Existe aussi :  Chasseur Noir
 

25 mai 2009

En poche ! #25 : La brigade l'Oeil ~ Guillaume Guéraud

roman paru chez le rouergue en collection doAdo noir, en septembre 2007, enfin disponible en poche (je ne trouve pas la couverture très belle)brigade_de_loeil chez folio SF.

Quatrième de couverture 

Rush Island, 2037. La loi Bradbury interdit toutes les images depuis vingt ans sur l'ensemble du territoire. La propagande matraque : «Les photographies sont nocives. Le cinéma rend fou. La télévision est l'opium du peuple.» Les agents de la Brigade de l'OEil, les yeux armés du gouvernement, traquent les terroristes opposés à cette dictature. Brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent. Parce qu'un bon citoyen est un citoyen aveugle.

Mon avis... ICI

Ce roman de Guillaume Guéraud est une pure réussite ! Ôde au cinéma, au pouvoir des images, aux messages véhiculés par leur magie et à leur puissance sur les consciences et la mémoire, le livre est en somme une déclamation à garder les yeux ouverts, à ne pas les fermer devant l'endoctrinement et le pouvoir absolu et arbitraire.
Outre le sens incontestable de ce livre, il dégage aussi une incroyable puissance, une frénésie dramatique et émotionnelle. On sent derrière ces lignes toute la vénération de l'auteur pour le style cinématographique, sa plume ici s'y fond à merveille.
De chapitre en chapitre, on suit tour à tour les personnages de Kao et du capitaine Falk. Il est donc facile de deviner que leurs sorts sont liés, implicitement. Par contre, il n'est pas sûr de deviner l'issue, de retenir la fuite en avant et c'est pourquoi le lecteur est happé par cette histoire, hypnotisé et ne lâchant pas une seconde ce livre.
C'est superbe ! Beaucoup d'habileté dans l'intrigue, un sens lapidaire pour la formule qui tranche comme une lame de couteau, des personnages charismatiques et une portée considérable derrière cette histoire ... n'attendez plus !
A partir de 15 ans.

Folio SF, 2009 - 317 pages - 7€

25 mai 2009

La noce d'Anna ~ Nathacha Appanah

enfin disponible en poche noce_d_anna

Pourquoi j'ai tout personnellement aimé ce roman ? Car je me suis sentie toute concernée par ce portrait de maman, qui regarde sa fille se marier. Se rappelant l'enfant blonde et rieuse devenir une jeune femme plus modérée, Sonia se demande pourquoi sa fille finalement lui ressemble si peu. Il y a au fond d'elle une envie de bousculer son enfant, de vouloir la placer dans un autre cadre, plus semblable à ses idéaux. Se marier en rouge, les cheveux au vent, un hibiscus derrière l'oreille, les pieds nus.. pourquoi pas ? Mais Anna, elle, trouve ça "ridicule". Etre mère et le devenir, ce roman pose toutes les questions délicates. Etre fille, assumer sa propre identité, couper le cordon, c'est une autre problématique. "La noce d'Anna" m'a renvoyé un portrait de maman que je risque d'être, de devenir, que je suis peut-être déjà...  Car je me suis aussitôt sentie dans la peau de Sonia, je me suis vue dans cette noce, actrice indépendante ou spectatrice malgré elle, regardant ma fille poudrée de blanc, les lèvres rouge carmin, la trouvant belle mais si loin de moi... Je me suis plongée dans ce livre avec un vrai bonheur, j'ai purement et simplement aimé.  La journée apporte à Sonia beaucoup de réponses à toutes ses questions, la berce à force d'introspection et de regards vers un passé libérateur. Je n'ai plus de mots pour évoquer mon enthousiasme, déjà fort éloquent avec Blue Bay Palace, son deuxième roman. Tout bonnement, j'ai adoré.

Quatrième de couverture

« Aujourd'hui je marie ma fille, je laisserai de côté mes pensées de vieille folle, je serai comme elle aime que je sois : digne, bien coiffée, bien maquillée, souriante, prête à des conversations que je suivrai avec un enthousiasme feint et qui ne me laisseront aucun souvenir, parée pour butiner d'invité en invitée, mère parfaite que je serai aujourd'hui. »

Pendant la noce d'Anna, sa mère se souvient. De la jeune femme qu'elle a été, si différente de sa fille, de ses dix-huit ans, de sa liaison, brève et passionnée, avec Matthew rencontré à Londres, de son retour à Paris, seule et enceinte. Au fil de cette journée les souvenirs resurgissent accompagnés de regrets, d'espoirs et d'envies ; parce qu'elle en a encore, des envies, cette femme célibataire qui marie sa fille...

La noce d'Anna, par Nathacha Appanah
Folio, 2009 - 192 pages - 5,50€

Mon avis ICI

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