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Chez Clarabel
31 octobre 2014

Strom, d'Emmanuelle et Benoît de Saint-Chamas

Strom

Cette série, mine de rien, a su faire son bout de chemin grâce à un bouche-à-oreille efficace, entre libraires et jeunes lecteurs qui lui ont d'office accordé un accueil débordant d'enthousiasme. Et en effet, c'est une série pleine de mérite, qui se lit avec facilité et plaisir, sachant proposer un univers original et captivant.

Dans le 1er tome, il est surtout question de présenter personnages, contexte et enjeux d'un monde qui a tout à démontrer. Et l'on suit alors le frère et la sœur, les jumeaux Raphaël et Raphaëlle, orphelins élevés par leur parrain, Tristan Milan, journaliste passionné de découvertes archéologiques, n'hésitant pas à sauter dans le premier avion pour être aux premières loges d'une nouvelle trouvaille.

Mais en fait, son métier est une couverture. Tristan appartient à une Confrérie secrète (les Chevaliers de l'Insolite) à laquelle il souhaite initier les deux adolescents. Un soir, sur une invitation au Louvre, ils vont pénétrer cette sphère inconnue, prête à leur dévoiler tous ses mystères, mais pour cela ils doivent suivre une formation d'apprentis pages, qui sera tantôt longue, mouvementée et pleine de surprises.

C'est une introduction intéressante et très vite passionnante, avec de fringants personnages (qui n'ont que 12 ans), aptes à affronter certains dangers inavoués. Bien sûr, c'est à partager avec des considérations de leur âge (collège, brimades, enfantillages...) mais c'est heureusement compensé par une intrigue fouillée, qui se recentrera davantage sur l'action au fil des épisodes.

Révélations, suspense, rebondissements de dernière minute, les auteurs se font plaisir. Le tout est alerte et entraînant, et pour le lecteur c'est aussi un vrai régal ! Le succès de cette série est tout à fait mérité. 

Nathan, octobre 2013 pour cette édition intégrale (trois tomes réunis)

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27 octobre 2014

Le Réveil des créatures, Tome 2 : À la recherche de la plume d'os, de John & Carole E. Barrowman

Tome 1 : Le réveil des Créatures 

A la recherche de la plume d'os Barrowan

Une suite qui ne faiblit pas et rend cette série toujours plus passionnante !  (* Risque de spoilers ! *)

Après avoir appris qu'ils étaient les héritiers de dons hors du commun, en tant que Animare et Gardien, les jumeaux Calder, Matt et Emily, ont trouvé refuge chez leur grand-père Renard, dans son manoir sur l'île d'Auchinmurn (au  large de l'Écosse). Leur mère a disparu et leur père a été enfermé dans un tableau. Le danger n'a jamais été aussi proche, mais Matt et Emily n'ont que douze ans et sont donc naturellement prompts à désobéir et minimiser les conséquences de leurs actes.

En gros, ils trompent la vigilance de leurs hôtes, bravent l'interdiction de dessiner pour retourner dans les peintures, découvrent qu'ils peuvent voyager dans le temps, souvent au péril de leur vie, et détiennent le pouvoir de libérer les monstres enfermés par leurs ancêtres ! Pfiou. C'est rondement, et parfaitement, ficelé. On retrouve aussi le même mode narratif qui avait su m'enthousiasmer dans le 1er tome : un ton vif et entraînant, des chapitres courts, qui défilent à vitesse de l'éclair, un univers qu'on n'a plus besoin de présenter et qui se développe en proposant des tas de rebondissements !

Et c'est franchement PAL-PI-TANT ! L'intrigue tisse aussi des liens étroits entre le passé et le présent, en dévoilant notamment les secrets de la communauté des moines d'Era Mina, au temps du Moyen-Âge. Vikings, moines rebelles, créatures maléfiques, intrusion, complots et vols vont mettre en péril la délicate mission que les frères devaient mener. Enfin bref, il est difficile de se détourner une seconde de cette lecture, qui nous capture entre ses filets et ne nous lâche plus avant la toute dernière ligne. Cliffhanger droit devant ! Vivement le troisième, et dernier, épisode.

Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, Avril 2014 ♦ traduit par Anne Krief (Bone Quill)

20 octobre 2014

Resurrectio, d'Amélie Sarn

Resurrectio

Marie se réveille dans un laboratoire, le corps recouvert de cicatrices. À son chevet se tient Victor Frank, le médecin qui l'a miraculeusement sauvée... Serait-ce une version moderne du roman de Mary Shelley (Frankenstein) ? J'y ai cru, et puis la suite a su agréablement me surprendre. 

Marie cherche à mener une existence normale, mais ignore tout de son passé. Elle fait aussi souvent des crises, avec vertiges et visions morbides. Forcément elle passe pour un phénomène de foire et est rejetée par ses camarades. Seul Liam, le champion de natation, est intrigué par son mystère et n'écoute pas les cancans.

Le démarrage est assez long, avec une exécution très lente, très froide, façon narration chirurgicale, mais qui colle parfaitement à l'esprit du livre, donc ce n'est pas gênant non plus. Au contraire, ce sont davantage les bisbilles entre filles et toutes les considérations adolescentes qu'il faut se farcir qui posent problème. 

Le dénouement de l'histoire offre heureusement une perspective d'intrigue plus tordue, plus politique, plus sombre et plus percutante. On se focalise aussi sur ce que représente Marie en tant que « création ». Et là, c'est vraiment bien, l'auteur cogne dur et fort, le rendu n'en est que plus prometteur ! Chapeau aussi pour la couverture franchement saisissante !

Seuil jeunesse, septembre 2014

13 octobre 2014

Rebelle Belle, de Rachel Hawkins

Rebelle Belle

Harper Price est une élève brillante et populaire, dont les multiples efforts vont être récompensés lors du traditionnel couronnement de la reine du bal. Peu avant la consécration, Harper se rend aux toilettes pour une touche de gloss mais voit surgir le concierge du lycée, pantelant et sérieusement blessé. Un autre individu fait irruption dans la pièce, un cimeterre à la main, une bataille s'engage et là ... Harper révèle des talents insoupçonnés de Ninja !

Le début du roman est drôle, très drôle. Il joue sur l'incongruité de la situation en plaçant une héroïne superficielle soudain confrontée à un scénario de film d'action, dans lequel elle aurait le premier rôle. Harper n'y est évidemment pas préparée. Depuis des mois, elle répète pour le bal des débutantes... c'est dire comme ses préoccupations sont à des années lumière de cette avalanche de violence. Chose plus étrange, elle ressent pour David Stark, le rédacteur en chef du journal de l'école, le besoin pressant de le protéger coûte que coûte. Lui qu'elle déteste depuis le bac à sable.

C'est à n'y rien comprendre, mais toutes ces découvertes mettent sa vie sens dessus dessous : ses amies et son petit copain sont largués et ne savent plus sur quel pied danser. Harper est seule détentrice d'un secret ancestral... avec pour unique confident son ennemi juré. Quelle ironie. Rachel Hawkins (à qui l'on doit le génial Hex Halla de nouveau réuni ses ingrédients à succès pour rédiger cette nouvelle aventure mêlant habilement sorcellerie et chevalerie. Et c'est bien pour elle qu'on n'hésite pas à lire ce roman, dont la couverture d'une niaiserie affligeante aurait fait fuir les plus vaillants !!!

En somme, c'est virevoltant de bonne humeur, l'humour y est cocasse et l'intrigue plutôt surprenante (j'ai beaucoup aimé la toile de fond). Certes, les personnages sont des caricatures ambulantes, mais impossible de leur en tenir rigueur. Ils sont attachants, maladroits, rebelles pour deux sous, bref de vrais cornichons. De toute façon, c'est une lecture sans prétention, qui nous fait passer un excellent moment, pour jeunes et moins jeunes. Cela vous place ainsi une charmante petite série, sur fond d'Antiquité remis au goût du jour.

Albin Michel, coll. Wiz, octobre 2014 ♦ traduit par Nathalie Serval

1 octobre 2014

Velvet, de Mary Hooper

Velvet

Velvet travaille dans une blanchisserie, pour un salaire de misère et dans des conditions pénibles. Elle rêve naturellement d'une vie meilleure et enjolive son enfance (pourtant, peu reluisante et chargée d'un lourd passé) pour échapper à un avenir sordide. Aussi, saisit-elle sa chance lors de sa rencontre avec la célèbre Madame Savoya, réputée pour ses talents de médium, qui lui propose de devenir sa demoiselle de compagnie. 

Velvet accepte sur le champ et quitte son quartier populaire de Chiswick pour Regent Park, où elle est accueillie avec effusion par le séduisant majordome, George. La jeune fille tombe sous le charme. Elle oublie ses racines, néglige ses amis d'enfance et tourne le dos à son soupirant, l'adorable Charlie. Plus rien ne compte à part cette existence idyllique, à côtoyer du beau monde, participer aux soirées occultes et autres séances de spiritisme. Velvet est littéralement fascinée.

Et c'est vrai que ce roman exerce un véritable magnétisme ! La plume de Mary Hooper est toujours aussi élégante et décrit avec réalisme la société victorienne à travers ses us et coutumes, comme la pratique controversée de la voyance et la divination, qui était très à la mode à l'époque et attirait des personnalités comme l'écrivain Arthur Conan Doyle (qu'on croise dans le livre). Mais cette immersion est vécue via l'expérience d'une héroïne naïve et facilement impressionnable, d'où cette sensation frustrante d'être témoin d'une supercherie, d'en deviner les bouts de ficelle mais de demeurer impuissant pour la tirer de sa rêverie. Aussi assiste-t-on à son naufrage avec une certaine compassion.

J'ai beaucoup aimé ce roman, charmant et précieux dans sa conduite, alléchant par son histoire, attentif à broder une vraie trame romanesque et soucieux du contexte historique. De plus, le choix d'associer les couvertures françaises aux illustrations de Pierre Mornet sont aussi un atout de séduction et un attrait stylistique majeurs !

éditions Des Grandes Personnes, septembre 2012 ♦ traduit par Fanny Ladd et Patricia Duez

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30 septembre 2014

La Saison des Mûres, de Polly Horvath

Saison des mûres

Raclette (non, ce n'est pas une blague) doit son prénom à un coup de folie de sa mère, le jour de son accouchement. Entre nous, j'ai d'abord pensé au plat montagnard, alors qu'il s'agit de la traduction de l'outil pour gratter... Enfin, passons. Cela vous donne un avant-goût de l'esprit complètement barge de cette lecture ! Et ma foi, j'ai failli lâcher l'affaire car je trouvais que cela partait dans tous les sens. Une jeune fille de 12-13 ans vit avec une mère égoïste qui, sous prétexte d'assouvir sa passion pour le Club de Chasse, décide de l'envoyer passer l'été chez de vieilles tantes dans le Maine.

Raclette fait alors la rencontre des « étranges dames Menuto », tante Penpen et tante Tilly, également connues dans le comté pour leur célèbre coulis de mûres gâtées. Les deux sœurs ont toujours des anecdotes insolites à partager, comme le suicide de leur mère, dont la tête a rebondi sur le sol en éclaboussant les murs. Très glauque, en effet. À ce stade, Raclette doit hésiter entre pousser des cris d'horreur et se demander si ce n'est pas un cauchemar éveillé. (Nous aussi.) Peu de temps après, une autre adolescente, Harper, vient se joindre au trio. Mais que se signifient tous ces abandons ?!! Le Vallon Rose, pourtant, est niché dans les bois, cerné par les ours, donc difficile à repérer.

Ce roman, définitivement, ne fait pas la part belle aux mères trop lâches pour assumer leur rôle. Heureusement l'ambiance générale est à mille lieux de se morfondre : c'est fantaisiste, surréaliste, cocasse... et les sœurs Menuto sont deux petites vieilles adorables. Ce sont leurs excentricités aussi qui font d'elles des êtres aussi attachants et fabuleux. Mais tout ce qu'elles vont partager avec Raclette n'est pas si anodin (la traite des vaches, les leçons de natation, la philosophie bouddhiste... et ce sentiment inaliénable d'avoir trouvé une vraie famille). Ceci dit, il faut accepter d'entrer dans un univers loufoque, complètement tordu et sans repère. Et, somme toute, assez peu accessible pour un lectorat jeunesse.

Neuf (?!) de l'École des Loisirs, mars 2008 ♦ traduit par Hélène Misserly ( The Canning Season) 
illustration de couverture : Alan Mets

☾  ☽

Vu dans Bouche d'Ombre un drôle de couple étonnamment ressemblant aux dames Menuto :

IMG_1969

Une belle réussite que cette bande dessinée écrite par Carole Martinez, l'auteur du roman Le Cœur Cousu ! 

(Casterman, mai 2014)   Lou1985

29 septembre 2014

Les Aventures de Kamo, de Daniel Pennac

Avec une préface de Quentin Blake !

Les aventures de Kamo

« Kamo, c'est l'école métamorphosée en rêve d'école, ou en école de rêve. »

 

Les aventures de Kamo sont un hymne à la camaraderie, la facétie et la bonne humeur. Les quatre histoires sont ici rassemblées en un seul ouvrage et offrent un plaisir de lecture, concentré sur 300 pages, qui parlent d'école et de la vie de tous les jours, mais avec un zest de fantaisie. Daniel Pennac s'y entend pour nous embarquer dans son univers farfelu. Forcément, j'ai été enchantée !  

Kamo est le meilleur ami du narrateur (« moi », tout simplement). Un jour, il propose à leur maître d'école de les aider à mieux préparer leur rentrée en sixième en jouant le rôle de plusieurs professeurs qui auraient différents caractères : un prof de français grincheux, un prof de maths dynamique, un prof d'anglais branché, un prof d'histoire assez cool, etc. Mais voilà, à force de subir ce tourbillon incessant, les élèves se sentent paumés et ne reconnaissent plus leur maître préféré. Il a sans doute pété un boulon, toutes ses personnalités ont fait fondre ses neurones, c'est devenu l'enfer en classe, les enfants réclament un dernier trimestre revenu à la normale...

L'histoire surprendra encore plus le lecteur en introduisant une notion romantique très chabadaba. J'en ai gloussé d'incrédulité, mais c'est tellement mignon dans le fond. Pourquoi s'en priver ? Et puis, ça fait rêver : un jeune homme au cœur d'artichaut, une belle désabusée, un petit mot doux égaré et bim bam boum la rencontre éclatante de promesses. Cela se savoure, tout de même.

La suite des aventures est tout aussi insolite, notamment Kamo et sa fameuse correspondante. Tout commence par un coup de colère. La mère de Kamo lui donne trois mois pour apprendre l'anglais (son 3/20 lui reste en travers de la gorge). Grâce à l'agence Babel, il entre en contact avec une certaine Catherine Earnshaw, une jeune fille au caractère bien trempé, mais qui révèle aussi une nature sensible et mélancolique. Aussitôt, Kamo tombe sous le charme, se confie à elle et perd tout sens commun dès lors qu'il est question de la petite anglaise. Une enquête s'impose !

Point de surprise derrière cette histoire, mais j'ai savouré la supercherie littéraire. De toute façon, chaque histoire a été un rendez-vous cocasse, ponctué de rires et de trouvailles originales. Daniel Pennac est un vrai raconteur d'histoires. On l'écoute, on le lit et on plonge illico. Ces histoires de collégiens, assez banales par principe, s'accompagnent d'une pointe d'excentricité qui frôle parfois le fantastique. Il n'est pas rare de déborder du cadre et de voyager dans le temps ou le récit même. C'est captivant, intelligent, bref incontournable. 

Gallimard jeunesse, coll. Bibliothèque « Les Chefs d'œuvre vivants de la littérature pour la jeunesse », octobre 2012 ♦  L'ouvrage regroupe : L'idée du siècle,  Kamo et moi, L'agence Babel, L'évasion de Kamo.

29 septembre 2014

Deux Soeurs, un Destin tome 1 : La Trahison, de Maya Snow

Une très bonne série, disponible en format poche ! (6,95€)

Deux Soeurs, un Destin

Japon, XIIIe siècle. Kimi et Hana sont les filles du Jito et appartiennent à une famille noble et prospère. Elles ont reçu en conséquence une éducation traditionnelle pour faire d'elles des demoiselles accomplies, capables de tenir leur rang en société. Mais en secret, Kimi et Hana rêvent de devenir des samouraïs. Elles ont même obtenu l'autorisation exceptionnelle de leur père pour pouvoir s'entraîner avec des armes, dans le but aussi d'assurer leur propre défense en toutes circonstances.

Et en une nuit, la tragédie frappe la famille Yamamoto. Les filles n'ont plus le choix et doivent fuir. Elles trouvent refuge dans une école de samouraïs, sous une fausse identité (Kimi et Hana se font passer pour des paysans) et sont embauchées comme serviteurs. La vie au dojo leur offre un havre de paix temporaire, puisqu'elles n'ont pas oublié la trahison dont a été victime leur famille et entendent se venger pour laver l'honneur des Yamamoto.

Cette série, que j'ai découverte avec grand plaisir il y a quelques années, met à l'honneur la culture japonaise, à travers les arts martiaux, les samouraïs, leur code de l'honneur (le bushi), les ninja etc, mais souligne aussi l'importance des castes sociales, l'éducation des plus nobles à travers les cérémonies du thé, la danse et la calligraphie. C'est élaboré avec beaucoup de sérieux et d'authencitié, pour un rendu foncièrement captivant.

L'histoire n'est pas en reste et nous fait vivre des aventures palpitantes, portées par un duo très attachant. Kimi et Hana sont des héroïnes fortes et courageuses, qui ne passent pas leur temps à pleurnicher sur leur sort, malgré les épreuves et la perte de leurs privilèges et leur vie de confort. On découvre, de plus, l'ampleur des enjeux politiques, qui s'activent en coulisses et s'appliquent à instaurer un climat de terreur.

Pour l'heure, l'auteur déroule son tapis rouge, l'action s'annonce frétillante, selon un rythme soutenu et haletant. C'est une très bonne série, qui aura à cœur d'étonner son lecteur, encore et toujours.

Flammarion jeunesse, coll. Castor Poche, septembre 2014 ♦ traduit par Alice Marchand (Sisters of the Sword)

27 septembre 2014

Hérétiques, tome 2 : L'Ordre des Ténèbres, de Philippa Gregory

Voici la suite des Hérétiques (le Mystère Isolde)

L'ordre des Ténèbres

La couverture est superbe ! 

Nous retrouvons donc Isolde et Luca, en chemin vers la côte Adriatique, avec leurs compagnons de voyage, Ishraq, Freize et le père Pietro. Les jeunes gens sont en train de tomber amoureux et laissent libre cours à leurs sentiments, ce qui plonge leur entourage dans une profonde perplexité. Bientôt, le groupe va être amené à se séparer pour poursuivre leur mission respective : Luca a ordre d'étudier les signes indiquant la fin des temps, tandis que Isolde veut récupérer l'héritage que son frère lui a ravi.

C'est dans cet état d'esprit qu'ils atteignent Piccolo, un petit village dont la tranquillité va soudainement être bousculée par l'arrivée massive d'une horde de pèlerins. Or, ces derniers sont tous des enfants de moins de 16 ans, emmenés par un guide au charisme dévastateur, Johann le Bon. Ce garçon est éblouissant, ses gestes, ses paroles, ses prédictions touchent son auditoire. Même le petit groupe de Luca est sensible à ses discours, prêt à le suivre jusqu'en Terre Sainte où « la mer s'ouvrira devant eux »...

La lecture souffre toujours d'une écriture trop lisse et placide, qui me donne le sentiment d'être infantilisée par l'auteur. C'est dommage, je le répète, ce n'est pas parce qu'on écrit pour la jeunesse qu'il faut nécessairement mâcher la besogne et s'appliquer dans cette voie pour ne pas effaroucher la cible. Pour le reste, la série est soucieuse du détail historique, avec un sens de l'élégance très appréciable. L'histoire aussi est beaucoup plus intéressante, assez crédible, voire intrigante sur plusieurs points. Même les considérations amoureuses m'ont fait gentiment sourire. C'est une série séduisante, certes pondérée, mais elle propose une lecture distrayante et agréable.

Gallimard jeunesse, août 2014 ♦ traduit par Alice Marchand

« Et vous... vous êtes quoi ? Une esclave arabe ? Une érudite ? Une hérétique ? Une servante ? Nul ne le sait. Vous êtes un peu comme une licorne : une créature que l'on dit étrange et merveilleuse, mais que l'on aperçoit rarement et qui ne vaut sans doute rien de bon. »

 

15 septembre 2014

Nouveau look (pour une nouvelle vie) : John Green

« Je pars en quête d'un Grand Peut-Être »

Qui es-tu, Alaska

Culver Creek est un pensionnat destiné aux enfants dotés d'une intelligence supérieure. Miles Halter, le narrateur, y fait son entrée et se lie d'amitié avec un groupe de jeunes gens : le (prétendu) Colonel, Takumi et la délicieuse et sexy Alaska Young. Celle-ci cristallise tous ses désirs, le garçon est subjugué et pourrait se plier à tous ses caprices sans jamais protester. Et puis, la belle disparaît. Devenue une énigme, elle continue d'alimenter les fantasmes et est au cœur des spéculations les plus folles. Miles, lui, va chercher à percer le mystère. 

Très beau roman, très fort, baignant dans une atmosphère érudite et délicieusement excentrique (qui n'est pas sans rappeler le roman de Donna Tartt, Le Maître des illusions). Les personnages sont brillants et renvoient une image positive et galvanisante. Le principe de vivre en vase clos exacerbe les passions : les amitiés sont fusionnelles, le moindre pépin devient alors une épreuve intolérable et douloureuse. Mais ce qu'il se trame à Culver Creek est et demeure secret. Même entre eux, les adolescents jouent un rôle, adoptent des noms de code, sont insaisissables.  

Un superbe roman, singulier et passionnant, flamboyant par ses excès (l'adolescence est un luxe), on passe facilement du rire aux larmes, sans rien y comprendre !

 

« Margo a toujours adoré les mystères. Et la suite des événements n'a cessé de me prouver qu'elle les aimait tellement qu'elle en est devenue un. »

La face cachée de Margo

« Margo était le seul mythe vivant habitant à côté de chez moi. Margo Roth Spiegelman, dont le nom aux six syllabes était souvent prononcé avec une sorte d'admiration muette. Margo Roth Spiegelman, dont le récit des aventures épiques traversait le lycée, tel un orage d'été : un vieil homme de Hot Coffee dans le Mississippi lui avait appris à jouer de la guitare dans sa masure. Margo Roth Spiegelman avait passé trois jours dans un cirque qui lui avait trouvé un don pour le trapèze. Margo Roth Spiegelman avait bu une tisane en coulisse avec les Mallionaires à l'issue d'un concert à Saint-Louis, quand tout le monde était au whisky. Margo Roth Spiegelman avait réussi à assister au concert en racontant aux videurs qu'elle était la copine du bassiste. Mais enfin comment se faisait-il qu'ils ne la reconnaissaient pas, franchement les mecs, je m'appelle Margo Roth Spiegelman, si vous pouviez retourner en coulisse demander au bassiste de venir voir à quoi je ressemble, il vous dirait que si je ne suis pas sa copine, il rêverait que je le devienne. Alors les videurs y étaient allés et le bassiste avait dit : Oui, c'est ma copine, laissez-la entrer. Et plus tard, il avait essayé de la brancher et elle avait repoussé le bassiste des Mallionaires ?
Ces histoires, quand elles étaient racontées à d'autres, se terminaient invariablement par des Tu le crois, ça ? 
Ce qui était effectivement difficile, bien qu'elles se soient toutes révélées vraies. »

L'intrigue est très ressemblante au titre précédent : le narrateur, Quentin, est fasciné par sa voisine, Margo Roth Spiegelman. Mais la jeune fille cultive ses secrets et disparaît de la circulation, sans explication. Une fois encore, le garçon part en quête de vérité, pas toujours bonne à entendre. On ne rechigne pas à lire un roman de John Green, jamais. C'est l'assurance d'une écriture impeccable et de bon goût, mais les rouages ici sont tout de même trop proches du premier livre de l'auteur. Donc, mieux vaut ne pas les enchaîner l'un après l'autre... c'est trop perturbant ! On confond les personnages et on mélange les histoires, la frontière est floue.

Mais c'est un bon roman, drôle, brillant, avec des personnages attachants et une vision de l'adolescence qui me touche personnellement. 

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, rééd. août 2014 ♦ traduit par Catherine Gibert 

❀❀❀❀❀

à suivre, prochainement... 

Will et Will

« Quand j'étais petit, mon père me disait toujours : "Dans la vie, Will, on peut choisir ses amis, on peut se moucher devant ses amis, mais on ne peut jamais moucher ses amis." Observation qui me semblait fort pertinente du haut de mes huit ans, mais qui s'est révélée fausse par bien des aspects. Pour commencer, personne ne choisit vraiment ses amis, sans quoi je n'aurais jamais atterri avec Tiny Cooper. »

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