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Chez Clarabel

3 juillet 2007

Les enfants lisent aussi durant les vacances (1)

prune_et_rigobertoVoici un petit roman très mignon qui porte la touche fantaisiste d'Alex Cousseau. Déjà auteur de l'irrésistible Tout le monde s'embrasse, sauf moi, il continue d'enchanter le lecteur avec Prune et Rigoberto, une histoire qui se passe dans une piscine, mettant en scène deux enfants un peu timorés.

Ce jour-là, le maître nageur a demandé à tous les élèves de porter un pyjama pour la leçon. Il faut apprendre à nager sous l'eau avec le poids des vêtements trempés. L'idée fait rigoler les petits camarades, mais personne ne fait attention à Prune, une petite fille paralysée, toute blanche d'effroi et qui commence à pleurer. Rigoberto a bien observé la fillette et aimerait l'aider, même quand elle disparaît du bord de la piscine pour se réfugier sous les douches. Le garçon la suit et fait tout son possible pour vaincre ses inquiétudes.

Il est maladroit, il pense savoir pourquoi Prune est effrayée. Mais qui peut vraiment comprendre ce qu'est la peur ? Car Rigoberto doit également admettre que son coeur fait des bonds plus forts en pensant à Prune. La peur, ça ne s'explique pas. De manière générale : tomber amoureux ne s'explique pas, pleurer non plus. En somme, l'inconnu fait peur mais gagne à être "dompté". Le mieux est de prendre son courage, se jeter à l'eau et advienne que pourra !

C'est tout gentil, c'est tout simple. Les dessins de Natacha Sicaud soulignent parfaitement les traits d'innocence de ce joli petit couple. Dans le fond, l'histoire parle beaucoup d'amour avec l'aide des paraboles. Il faudra donc être attentif à bien tout expliquer à l'enfant qui, dès 8-9 ans, pourra se sentir concerné par ce roman.

100 pages - collection Zig Zag aux éditions du Rouergue - Février 2007

tout_le_monde_s_embrasseGrégoire, neuf ans, tombe amoureux d'une vendeuse de chaussures qui a vingt ans. C'est Léonor. Elle est jolie et le petit Grégoire est fou d'elle. Il rêve de la revoir. Belle aubaine : elle devient sa babysitter ! Léonor et Grégoire commencent à devenir très proches, le garçon le sent ainsi... L'univers de Grégoire est simpliste et sympathique. Et puis l'amour flotte partout : le chien est amoureux d'une taupe, papa et maman s'embrassent tout le temps. Il semble alors logique pour Grégoire que la belle Léonor va succomber à ses paroles d'amour !

Le texte, abordable dès 8 ans, s'accompagne des illustrations rondes et comiques de Nathalie Choux. Alex Cousseau a écrit là une franche histoire sympathique et attachante, c'est un livre sur l'amour, l'innocence et l'optimisme à toute épreuve. Qu'importe le résultat, le principal est d'y croire et d'espérer ! Vive l'amour, semble dire ce livre !

112 pages - Coll. Zig Zag aux éditions du Rouergue - Février 2004

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2 juillet 2007

Seize ans, franchement irrésistible - Sue Limb

Seize_ansIl s'agit donc du 3ème livre des aventures délirantes de Jess Jordan, adolescente de seize ans, qui partage son quotidien avec sa mère bibliothécaire et sa grand-mère qui se passionne pour les feuilletons télévisés. Ses relations avec son père parti vivre à St-Ives sont au beau fixe, après des vacances mouvementées mais merveilleuses ! La rentrée scolaire s'annonce sous un beau ciel bleu avec soleil brillant.

Jess est excitée d'annoncer à ses camarades la liste des bonnes nouvelles qui la concernent : son petit ami Fred semble lui plus circonspect et manque de clarté en annonçant sans complaisance qu'il aimerait mieux taire le fait qu'ils soient tous deux très amoureux. A son tour, Jess se fâche et prend la décision hâtive de ne plus le voir. Déprimée par cette dispute, Jess rentre donc au lycée en faisant la connaissance de Miss Epine, la remplaçante de leur professeur d'anglais, et s'attire immédiatement l'antipathie de celle-ci.

Dans ce troisième livre, Jess Jordan accumule donc les maladresses, collectionne les mensonges, ne parvient pas à se sortir de ses mauvais pas et apprend que sa mère a un nouveau petit ami ! C'est finalement un peu la même rengaine, et j'ai hélas trouvé que ce tome manquait un tantinet de fraîcheur et de spontanéité. Il y a beaucoup de déjà-vu, un peu trop de situations abracadabrantes mais on en retire tout de même un sentiment  de jovialité continue. Les dialogues de ces ados sont plutôt vifs et affûtés, ils ne frisent jamais la caricature mais correspondent bien à la tendance actuelle. Très positif, donc !

Gallimard jeunesse - 240 pages.  Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux.

A lire : Le tome 2 "Seize ans ou presque, torture absolue"

2 juillet 2007

Comment j'ai raté mes vacances - Geoff Nicholson

comment_j_ai_rate_mes_vacancesEric vient de fêter ses 45 ans mais éprouve un profond désarroi devant le bilan de son existence. Il est marié à Kathleen, ils ont deux enfants, Max et Sally, cependant jamais il n'a éprouvé autant le sentiment de ne pas comprendre ses proches, d'être étranger à sa propre vie... bref il a besoin de vacances !
Il décide de retourner au camping caravaning Centre de loisirs de Tralee, un lieu de vacances où toute la famille avait gardé de bons souvenirs des années auparavant. Or, d'entrée de jeu, le séjour ne s'annonce pas du tout à la hauteur de leurs espérances. Du moins, en ce qui concerne Eric, narrateur de cette histoire, qui se présente comme un journal quotidien.

Effectivement les vacances au Tralee vont s'avérer catastrophiques, allant de mal en pis. Cela commence par un accident de la route, un type louche qui décide de réparer la voiture et disparaît avec, des voisins de camping bruyants, des vacanciers atypiques, un vieux fasciste ou un jeune bègue frustré et acariâtre. Mais la famille d'Eric aussi se disloque : sa femme est prise d'une frénésie sexuelle sans bornes, sa fille voue une foi religieuse débordante et file avec une troupe des Hell's Angels sans moufter, son fils impénétrable décide de retourner à l'état de nature... bref notre protagoniste est dépassé mais conserve un esprit d'optismisme à vous gravir toutes les montagnes !
Pourtant, la série d'humiliations et de cataclysmes se poursuit. Eric est harcelé par des types qui lui piquent son argent, un commissaire cinglé le menace d'un sabre et s'envoie en l'air avec l'épousée, il se fait berner par un vendeur de billets de loto et abuser par deux jeannettes...
Inutile d'en rajouter, la coupe est pleine !

Au début, avouous-le, l'histoire est profondément désopilante, très drôle et exaltante. C'est son avantage : une cadence soutenue, une avalanche de mésaventures qui déclenchent le sourire et un effet tout à fait divertissant ! Bref, c'est de bon augure. Or, très vite j'ai commencé à me lasser, à réprimer de l'ennui face à ce débordement. A trop grossir le trait, l'histoire devient plutôt ridicule et lourde. Un peu dommage. Mais ce livre se lit d'une traite, pressant l'envie de connaître le fin mot de l'histoire, de lever le rideau sur cette farce qui fait sourire jaune.
Pour le New York Times, il s'agit de la plus drôle des comédies noires !

275 pages - Pavillons poche, coll. Robert Laffont.  Traduit de l'anglais par Bernard Tule.

Publié aussi chez 10-18 en 2000. Porté à l'écran en 2006 par Scott Peak, avec David Carradine et Gina Bellman dans les rôles principaux.

30 juin 2007

A l'ouest ~ Olivier Adam

Encore un coup de poing littéraire : ce roman d'Olivier Adam, "A l'ouest", nous entraîne dans un univers intergalactique tant on plonge chez cette famille désespérée, malheureuse et aux bras ballants. Les dés ont été joués, ils ont perdu la partie et ne souhaitent pas remonter la pente. Marie la mère, Antoine et Camille les enfants adolescents. Lui ne va plus à l'école, il boit, fume, vomit et passe ses journées à dormir, marcher sans but, et revoit la jeune vendeuse en boulangerie pour tenter de l'embarquer avec lui pour une escapade sans retour. Camille est murée dans un silence glaçant, elle est transparente, elle s'inquiète pour ceux qu'elle aime, pleure dans sa chambre et prie en silence. Leur mère a décidé de prendre le large aussi. Tous trois sont des désespérés de la vie, le désarroi leur colle à la peau, ils ne sont pas pathétiques, ils inspirent une compassion, une volonté de les aider et les comprendre. En vain. Tour à tour la vie les malmène et les chahute. On les sait condamnés à l'avance : largués, paumés et inconsolables.
Cette lecture peut paraître déprimante, sauf qu'elle est merveilleusement servie du style d'Olivier Adam : économie des mots, des sentiments, corps et coeur désabusés, désarroi palpable et la lassitude d'être, de vivre qui se répand telle une marée noire. Collante, visqueuse, assassine. "A l'ouest" est un roman assez dur, assez grave. Il en ressort une certaine poésie mais, avant tout, une mélancolie assez belle. Assez poignante. Une très belle lecture.

juin 2004

29 juin 2007

La petite fille brune (et autres nouvelles du Sud) - Elizabeth Spencer

la_petite_fille_brune_brocheC'est suite à la récente découverte de Kaye Gibbons, grande voix de la littérature américaine, que j'ai choisi de lire ce recueil d'Elizabeth Spencer. A son tour, elle est présentée comme s'inscrivant dans la grande tradition de la littérature du Sud, entre Faulkner et Flannery O'Connor, bien qu'elle ne bénéficie pas de la même notoriété. Avec ce recueil de nouvelles, il est donc permis de mieux apprécier l'univers de cette dame âgée de 80 ans, qui nous présente une société du Sud des USA du temps où ses histoires furent écrites, dans les années 60, il me semble.

Ce sont donc six nouvelles qui sont au sommaire, des courtes et des plus longues, comme "Ship Island" ou "L'entreprise". Le point commun entre ces deux nouvelles est cette impression de décrire un milieu, celui de la bonne société, qui est un cercle fermé et sûr de ses goûts, mais où on introduit un petit grain de poussière pour enrayer la machine. Dans "Ship Island", c'est la liaison d'un beau parti avec une jeune fille de condition inférieure, et dans la deuxième on y croise un groupe d'amis qui "respire à l'unisson" et qui a les mêmes réactions, les mêmes idées, etc. Du moins, c'est ce qu'ils pensent, car l'association de Nell Townshend avec un employé noir va fissurer de toutes parts cette belle façade. La question raciale est le principal thème de cette histoire, qui est foncièrement la plus réussie du recueil.

J'ai beaucoup aimé l'ensemble, de toute façon. Essentiellement parce que le style d'Elizabeth Spencer est très élégant, très gracieux et laisse à penser à du Edith Wharton ou du Henry James. L'auteur prend aussi beaucoup d'inspiration dans la prise de conscience qui guide les personnages, il y a finalement une action lente et beaucoup de mystères derrière les faits. "Ship Island" est un bon exemple, "La petite fille brune" également. La petite Maybeth se persuade de croire que l'employé de ses parents, un certain Jim Williams, a une fille de son âge qui souhaite devenir son amie. Toutefois elle a honte de sa pauvreté. Maybeth donne alors de l'argent à Jim pour lui payer une belle robe jaune, tout en n'ignorant pas que Jim a la réputation d'être un ivrogne invétéré. Jusqu'au bout, tout comme Maybeth, le lecteur se demande qui dit vrai, qui dit faux...

la_petite_fille_brune_pocheLe gros souci de cette lecture reste donc cette immense frustration qui frappe le lecteur. Parfois cela manque de clarté, parfois le ton mystique pénalise l'enthousiasme et parfois c'est un peu trop court (cf. Une éducation chrétienne, où la fillette découvre un monde nouveau, interdit par les parents, mais ouvert grâce au grand-père qui s'en moque !). Toutefois je ne regrette pas du tout cette découverte ! Je pense me diriger davantage vers un roman la prochaine fois, pour mieux apprécier cette plume qui s'exprime franchement dans la longueur. On parle d'humour et de lucidité, à propos des héroïnes, mais cela convient également aux histoires. Un livre plus attachant qu'on ne le pense !

242 pages - Publié au Quai Voltaire en 2003 - Disponible en format poche chez Folio depuis Avril 2006.

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28 juin 2007

Strawberry Shortcakes - Kiriko Nananan

Phénomène manga ?

Je vous invite à regarder ce soir, jeudi 28 juin, le reportage de l'émission Envoyé Spécial qui traite du " Manga, un monde à l'envers " pour mieux expliquer ce phénomène. Les mangas, ces bandes dessinées japonaises déclinées sur tous les modes (jeux vidéo, dessins animés, etc.), étaient voilà peu accusés de tous les maux. Violents, visuellement agressifs, «décérébrants», ils constituaient, selon certains, une menace pour les enfants. Aujourd'hui, les mangas ont triomphé. Plus de 1000 nouveaux titres sont publiés chaque année. Et la France en est, après les Etats-Unis, le plus gros consommateur au monde. Une équipe d'«Envoyé Spécial» est partie au Japon, à la rencontre des maîtres du genre. (Lien de l'émission)

Et par la même  occasion, je vous présente :

strawberry_shortcakesElles sont quatre filles dans le Tokyo d'aujourd'hui, elles bossent, elles vivent seules ou en colocation. Elles sont toutes les quatre concernées par les atermoiements amoureux, par l'isolement et par l'envie d'aimer et d'être aimées en retour. Il y a Tôko la dessinatrice qui vit mal la trahison de son petit ami et qui régurgite la nourriture qu'elle absorbe par dépit et dégoût. Elle partage désormais son appartement avec Chihiro, une fille très belle qui a un travail nul mais qui fait tout pour rester à Tokyo et ne pas retourner chez elle, dans sa triste campagne. Elle a un petit ami mais elle attend de lui qu'il soulève des montagnes... Tôko ne supporte plus Chihiro, et cette dernière est jalouse de sa force intérieure et de son indépendance financière.
Akiyo est aussi amoureuse de son meilleur ami Kikuchi mais n'arrive pas à lui dire et souffre en silence. Elle vend son corps pour s'offrir un jour la maison de ses rêves, mais elle craque à force de faux-semblants. La quatrième protagoniste est plus discrète, tranquille dans son existence rangée, gourmande et curieuse, elle attend aussi l'amour, qui ne vient pas.

Alors ça ne semble pas très rose, a priori. Et ce n'est pas faute d'en mettre, comme sur cette délicieuse couverture ou avec ce titre "Strawberry shortcakes" = Millefeuille à la fraise. Pourquoi ? "Malgré les apparences, au fond, nous sommes comme des mille-feuilles aux fraises : jolis, fragiles, sucrés."
Et ce sont également les trois qualificatifs qui viennent en tête quand on termine notre lecture. Ce monde féminin n'est pas sentimental et niais, il est plus complexe. Kiriko Nananan est une experte en la matière, déjà auteur de "Blue" et "Everyday", son créneau s'inscrit dans la douleur douce, dans l'étonnante et émouvante subtilité de la sexualité féminine. Elle pénètre l'âme humaine avec une facilité renversante, aidée par son art du dessin qui joue avec l'alternance de gros plans de visages, de silhouettes ou d'objets décadrés, en plus de l'utilisation du monologue. Même si parfois cela frise la morosité, il est impossible de ne pas adhérer à cette histoire, d'aimer les personnages et de les comprendre, de s'apitoyer sur leurs sorts et de souscrire à leurs préoccupations. Il y a une poésie derrière les larmes et la tristesse, un charme ténu, oui vraiment cette lecture est pénétrante, perspicace et raffinée. J'ai vraiment beaucoup aimé...

Traduction : Corinne Quentin. Casterman, coll. Sakka. 330 pages.

27 juin 2007

Une femme vertueuse - Kaye Gibbons

une_femme_vertueuseD'un côté, il y a Jack Ernest Stockes, ouvrier de ferme un peu rustre, inconsolable depuis la mort de son aimée. Et d'un autre, il y a donc la voix de Ruby, jeune fille de bonne famille, vingt ans plus jeune que lui et décédée d'un cancer foudroyant.

Ce récit à deux voix est une bouleversante histoire d'amour, une vraie histoire, avec beaucoup de tendresse et de douceur. C'est facile à dire quand on a tourné la dernière page du livre, car ce n'est pas donné au commencement. Bien sûr, il y a les petits plats congelés pour nourrir Jack pendant trois mois, et justement le temps imparti s'est écoulé et l'homme a son congélateur vide. Aussi vide que sa vie de veuf qu'on ne peut consoler.

Toute l'histoire de Jack et Ruby est une immense aventure commencée dans la tragédie, laquelle aura du mal à se détacher, et qui s'achèvera brutalement avec la maladie. Non ce n'est pas rose, le milieu est rude, celui du Sud implacable, avec ses bigots, ses bons à rien doublés d'ivrognes, ses mégères jalouses. Heureusement qu'il y a l'amour, les copains fidèles, la petite fille douce et intelligente, la vie à deux et les souvenirs... Jack et Ruby ne sont pas des sentimentaux, ils ne pondent pas de grands discours, leur façon à eux est plutôt maladroite et rustique. Mais c'est justement leur point fort, c'est admirable et émouvant, "J'ai beau ne pas être bien savant, je la comprenais." Ou c'est comme : "Je vais dire oui, et, avec ça, essayer de vivre."

Pas de chichis, mais c'est dit avec bon coeur. Kaye Gibbons, qualifiée de grande voix de la littérature américaine, impose ainsi un style infaillible et remarquable. Ses personnages aussi sont extrêmement réussis, ils ne sont pas mélodramatiques, ils sont juste humains. Et par un fait étrange, ce roman est faussement tendre. Pas en apparence, mais dans le fond, quand on gratte bien la couche... une fois cette découverte mise à jour, c'est bouleversant !

168 pages - Coll. Titres de Christian Bourgois. Traduit de l'américain par Marie-Claire Pasquier. Titre vo : A virtuous woman.

PS : Je n'aime pas la couverture.

  • A special thank to Dame Cunegonde dont l'avis plus qu'enthousiaste m'a conduite à cliquer frénétiquement sur le bouton gauche de ma souris ! ...

  • A lire aussi chez Lily , chez Héri , chez Gambadou , chez Caroline_8 , chez Sylire 

26 juin 2007

En des lieux désolés - Kay Mitchell

en_des_lieux_desolesA Malminster, la gente féminine court un grave danger depuis qu'une série de meurtres frappe la communauté, s'en prenant à des jeunes filles rentrant seules le soir. Trois filles ont été surprises, la quatrième est retrouvée in extremis sur le pas de sa porte. Il s'agit de la fille aînée de l'inspecteur chef Morrissey !

C'est donc le deuxième titre que je lis de Kay Mitchell et le deuxième dans l'ordre de publication, après "Un si joli village". On y retrouve John Morrissey et son équipier Neil Barrett sur les sentiers sordides de cette enquête criminelle, aux trousses d'un serial-killer qui semble jouer avec les nerfs de l'inspecteur.
En plus de son habileté à mener son histoire, Kay Mitchell parvient à instaurer une ambiance de plus en plus attachante grâce à ses personnages. Morrissey est un homme marié, accaparé par son boulot, qui s'en veut d'oublier l'anniversaire de mariage alors que son épouse s'y est appliquée depuis des mois. Et Barrett est un cavaleur, un intrépide prêt à boucler toutes ses affaires (criminelles et sentimentales) en un tour de main. Sans cesse taquiné par son supérieur, Barrett doit se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas exploser et s'appliquer dans son travail, surtout quand il essuie les foudres de son chef, excédé de ne pas être à la hauteur dans son propre foyer !

Bref, une enquête bien menée, un schéma classique, mais un suspect pas facile à appréhender (ni même à deviner pour le lecteur !), "En des lieux désolés" (référence au poème d'Eliott) est donc une lecture tout à fait indiquée pour se détendre et activer ses neurones au service de crimes exercés par un maniaque sexuel ! Jamais glauque ni morbide, ce policier est fort sympathique, et saupoudré avec un peu d'humour british !
A découvrir.

250 pages - Librairie des Champs-Elysées, coll. Labyrinthes. Traduit de l'anglais par Florence Vuarnesson. Titre vo: In stony places.

J'en profite pour tirer mon chapeau car les 4ème de couverture dans cette collection sont toujours très bien rédigées. Encore pour exemple : Pour un mannequin en quête de célébrité, figurer en page trois du Sun peut faire office de tremplin pour la gloire. N'est-ce pas sur cette célèbre planche que s'étale leur vérité... toute nue ? Mais les stars le savent bien, le vedettariat n'entraîne pas que des avantages. Gail Latimer, faisant fi des conseils de prudence de ses proches, a exposé ses charmes aux yeux de tous. C'est hélas à la seule vue du médecin légiste qu'elle dévoile son cou marbré de bleu. L'admirateur qui l'attendait dans le sous-bois près de son domicile a également étranglé deux autres jeunes femmes dont le plus grave défaut était sans doute une beauté... sans défauts.

26 juin 2007

Naissances - Collectif d'écrivains féminins (sous la houlette de René Frydman)

naissancesCe sont huit voix de femmes qui s'expriment, des écrivains qui sont aussi des mamans. Elles nous offrent ce qui les caractérisent si bien : l'extravagance avec Marie Darrieussecq, le fou-rire avec Hélèna Villovitch, Agnès Desarthe, Geneviève Brisac et Catherine Cusset, un peu de sérieux avec Marie Desplechin et Camille Laurens, et une grande lucidité avec Michèle Fitoussi (qui, elle, parle davantage de la "deuxième naissance", quand l'enfant quitte le cocon familial).
Au-delà du thème, ce livre avait l'atout de me plaire car il réunissait 8 auteurs que j'affectionne sans exception. Quant au contenu, je me suis sentie tour à tour bouleversée et concernée. A leur façon ces 8 femmes ont su reproduire l'instant flippant, fantasmagorique, angoissant, extraordinaire et magique qu'est la naissance de son enfant.
Pour la plupart, elles racontent leur toute première expérience avec une verve décoiffante. Et c'est émouvant de se reconnaître dans ces histoires, qui renvoient à nos propres expériences.
Car s'il est désormais admis que l'enfantement, c'est beau et moche à la fois, ce recueil nous le rappelle à sa façon. C'est Camille Laurens qui l'exprime ainsi : "Je ne voudrais pas finir sans dire ceci : que la naissance n'est pas seulement ce moment hautement dramatique, ce cataclysme ponctuel, cette catastrophe au sens étymologique. C'est aussi et d'abord une expérience quotidienne et partagée, la présence d'un objet d'amour éternellement perdu et retrouvé, un bouleversement permanent fait de connaissance et d'énigme, de distance et de fusion, d'absence et d'effusion. Tous les jours, je regarde ma fille comme si elle venait de naître, et je n'en reviens pas. On ne revient pas de la naissance, on y reste, on y est toujours."
Magnifique !

Points - 180 pages.

  • C'est grâce à Laure si j'ai d'abord lu ce livre en Janvier 2006 édité chez L'Iconoclaste. Il est désormais disponible en format poche, je me le suis offert ! ... :o)  Encore merci à L. pour la découverte !

25 juin 2007

DoAdo Noir, une collection de la "jeune littérature" de grande qualité !

je_mourrai_pas_gibierLe village de Mortagne est divisé en deux clans : les vignerons et les scieurs, les employés de la scierie dirigée par M. Listrac, où Frédo Lopez est le contremaître. A Mortagne, aussi, tout le monde chasse. Il y a même un dicton populaire qui cite : "Je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier !".
Mais Martial en a soupé de cette ambiance, de ce trou perdu et de cette mentalité de "bourrins". Il a d'ailleurs choisi la mécanique pour bien marquer la distance. Cela n'empêchera pas la bêtise et la violence de faire son nid à Mortagne.
Mais les têtes brûlées façon Frédo Lopez, Martial en a assez et a décidé de faire leur fête le jour du mariage de son frère. Un fusil de chasse, douze cartouches, des nerfs en béton... Martial met en joue.
Au final : cinq morts, deux personnes dans un état grave et un blessé léger.
Comment en arriver là ? Que se passe-t-il dans la caboche d'un ado plutôt sain d'esprit qui décide de faire justice lui-même, après les actes de barbarie organisés contre le benêt du village ?
L'histoire n'est pas tendre. Guillaume Guéraud a ouvertement inscrit son histoire dans un rythme vif, très nerveux. Il met en scène une violence ordinaire, sous prétexte d'une guéguerre ancestrale, au sein de bougres mal embouchés. La bêtise est brutale, mais hélas associée à un milieu retiré, esclave de la pauvreté sociale et intellectuelle.
Pour échapper à son destin, un gamin a simplement décidé de faire un carnage.
Un roman noir et terrible, lauréat du Prix Sorcières 2007 décerné par l'association des bibliothécaires de France.

80 pages - Janvier 2006.

anges_de_berlinPour fêter la fin de l'année scolaire et des épreuves du bac, Mary convie sa fille Solti à un week-end à Berlin pour le Live 8. Au cours de l'après-midi, la jeune fille s'échappe et laisse sa mère se reposer, mais à l'heure du rendez-vous, nulle trace de Mary !
Désemparée, Solti cherche dans les rues berlinoises, demande une aide quelconque et rencontre un jeune homme qui parle français et vit dans la capitale allemande depuis quelques temps, il s'appelle Nels. Musicien et idéaliste, il n'hésite pas à guider la jeune Solti vers No F., un type bourru qui ne s'exprime que dans sa langue natale, un vieux punk renfrogné qui n'aspire guère de sympathie.
Pourtant, No F. va obtenir des informations précieuses pour mettre la main sur Mary. Cette dernière, ne donnant plus signe de vie, semble en mauvaise posture, ceci étant lié à ses activités d'anarchiste et d'extrême-gauche dans sa jeunesse, quand Mary étudiait à Berlin.
Le temps présent est celui de la vengeance, des réglements de compte. Des anciens camarades refont surface, une femme a été assassinée, bref l'angoisse noue le ventre de Solti, désespérée du sort réservé à sa mère, décontenancée d'apprendre toutes ces mystérieuses embrouilles et dégoûtée par un week-end qui vire au cauchemar.
"Anges de Berlin" est le genre de roman absolument noir, prenant, captivant et angoissant qu'on refuse d'abandonner. Il est écrit de manière tendue, avec des phrases concises, et ne laisse aucune place pour lâcher la pression. Sylvie Deshors, l'auteur, décrit un milieu opaque, celui de l'underground berlinois, celui des anarchistes et des groupuscules de l'extrême. Dans le Berlin d'aujourd'hui, au-delà du climat festif, la violence est tapie dans l'ombre, avec l'organisation politique des néo-nazis.
Ce roman pourrait décontenancer tout jeune lecteur non averti, et pourtant la collection doAdo Noir est désormais réputée pour éviter tout écueil.
Personnellement j'ai été scotchée par cette histoire, admirablement écrite, au style syncopé et percutant. Le récit est terriblement excitant, il n'hésite pas à mêler la peur et l'incertitude aux arcanes de ce polar haletant. Agressions, meurtre, traque informatique sont au menu !
Régalez-vous !

210 pages - Mars 2007.

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