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Chez Clarabel
12 septembre 2015

L'Ombre de Gray mountain, de John Grisham

L'OMBRE DE GRAY MOUNTAIN

L'été dernier, j'avais pris grand plaisir à me plonger dans le roman de John Grisham, L'Allée du sycomore en l'occurrence, et imaginais renouveler cette sensation avec son nouveau titre. Or, L'Ombre de Gray Mountain s'est avéré décevant, long et lassant.

L'histoire se passe à New York, en 2008. La crise financière s'invite à la fête et brise en plein envol la brillante carrière d'avocate de Samantha Kofer. Placée en congé sans solde, elle accepte de suivre un stage dans un centre d'aide juridique dans les Appalaches. Sitôt débarquée à Brady, une petite ville de Virginie, Samantha y découvre une existence assez terne et souffreteuse. La communauté dépend totalement des grandes compagnies minières, lesquelles polluent la région par leurs extractions intempestives. Tout le monde se tait. Tout le monde ploie l'échine. Seul Jeff Gray a choisi de s'élever contre les méchants pour protéger sa ville, ses habitants et leurs traditions.

Je pensais que l'histoire m'emporterait vite dans les coulisses des affaires judiciaires, à élaborer des stratégies et monter des dossiers qui tiennent la route. Au lieu de ça, l'histoire m'a d'abord fait la visite des lieux et enchaîné un panel de « cas » peu croustillants (des femmes bafouées, des foyers sans le sou, des maris violents). La misère sociale selon J. Grisham, décryptée en plusieurs chapitres fastidieux. J'ai senti poindre l'ennui. Survient alors la collaboration entre Samantha et Jeff - la promesse d'une immersion plus grisante et cernée de dangers. À ce stade, j'étais dans les starting-blocks. Avant de faire chou blanc.

Ce livre m'aura franchement déçue. Nous sommes loin du genre thriller ou intrigue judiciaire, en fait l'auteur semble vouloir sensibiliser son lecteur à la cause écologique et rappeler qu'être avocat consiste avant tout à aider « les vraies gens ayant de vrais problèmes ». C'est la décision qui devrait s'imposer à Samantha, à la fin du roman. Et encore ? Honnêtement, j'ai trouvé ce roman surfait.

Audiolib / Juillet 2015 ♦ Texte lu par Ingrid Donnadieu (durée : 12h 30) ♦ Traduit par Dominique Defert pour les éditions JC Lattès

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25 septembre 2015

Et rien d'autre, de James Salter

Et Rien D'autre CD

Présentation de l'éditeur : La Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. À bord d’un porte-avions au large du Japon, Philip Bowman rentre aux États-Unis. Il a deux obsessions, qui l’accompagneront tout au long de sa vie : la littérature et la quête de l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, et encore dirigées par ceux qui les ont fondées. Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau, et sa réussite s’avère aussi rapide qu’indiscutable. Reste l’amour, ou plutôt cette sorte d’idéal qu’il poursuit, et qui ne cesse de se dérober à lui. 

Quelle déception. J'ai tenté de découvrir ce roman encensé par OdL lors de la rentrée 2014, en profitant du format audio (roman lu par l'excellent Eric Herson Macarel), mais quelle lecture ennuyeuse ! Elle m'est apparue lente, plate, inintéressante. Cela raconte l'histoire d'un pauvre type, Bowman, qui est mou et barbant, de surcroît misogyne, et qui m'a très vite tapé sur le système. Allez comprendre pourquoi. Le texte est farci de scènes de sexe très détaillées (pour moi, elles sont vulgaires et malvenues). Et il ne se passe rien d'exceptionnel dans la vie de cet homme qui mérite qu'on s'y arrête. Tout est banal. C'est une histoire sur le temps qui passe. Super. On a déjà lu ça mille fois. Salter a cependant une belle écriture, agréable à lire. Mais son roman m'est tombé des mains. Abandon à mi-parcours pour cause de saturation. 

Ce que continue d'en dire l'éditeur : Ce livre magnifique est comme le testament d’une génération d’écrivains, derniers témoins, sans le savoir, d’un monde promis à la disparition. Parce que l’art est le seul lieu où les contraires coexistent sans se détruire, il noue d’un même geste la soif de vivre de la jeunesse et la mélancolie de l’âge mûr, la frénésie érotique et le besoin d’apaisement, la recherche de la gloire et la conscience aigüe de son insignifiance.

Sixtrid / Juin 2015 ♦ Interprété par Eric Herson Macarel (durée : 11h 27) ♦ Traduit par Marc Amfreville pour les éditions de l'Olivier (All That Is)

 

Et rien d'autre

Disponible en format poche chez Points, août 2015

5 janvier 2016

Avant toi, par Jojo Moyes

Avant toi

J'ai tenté d'entrer dans cette lecture de façon la plus neutre possible, mais c'était difficile de faire abstraction des nombreux commentaires répétant ô combien l'histoire est émouvante et qu'il faut se munir de mouchoirs en la lisant ! C'est donc avec une once d'appréhension que j'ai entamé le roman, boostée cependant par une curiosité bien piquée. Et de faire alors l'étonnante rencontre avec une héroïne simple, ordinaire, qui n'a ni ambition ni vie trépidante. Portrait peu folichon, mais intrigant.

Louisa Clark vient de perdre son boulot de serveuse, elle a 27 ans, habite chez ses parents, qu'elle tente d'aider financièrement, et vit un amour sans passion avec Patrick. Sur un coup de bol, elle décroche le poste d'aide-soignante chez la famille Traynor pour leur fils tétraplégique depuis deux ans. Or Will est imbuvable et n'accepte pas son handicap. Louisa devra donc déployer des trésors de patience pour gagner la confiance de cet homme brisé, aux envies suicidaires. Alors, oui, on peut redouter de verser dans le mélo, sauf que le roman s'en sort plutôt bien en évitant les écueils. L'histoire aussi s'échine à nous raconter autre chose qu'une banale rencontre amoureuse, qui finit mal. En effet, c'est surtout l'histoire d'une providence. Will, qui dispose d'un sursis de six mois avant le grand saut, veut mettre à profit cette parenthèse pour offrir à Louisa les mille opportunités qui lui ont fait défaut jusqu'à présent. Louisa est une jeune femme généreuse, qui a souvent sacrifié ses envies pour le bien-être des siens. Aussi, Will décide de lui servir le monde sur un plateau doré. Leur connivence est alors d'une telle douceur, se nouant dans un voile de pudeur et de subtilité, tissant sa toile en beauté. Louisa est également persuadée d'aider Will à surmonter sa détresse et ne se doute pas que c'est lui qui mène la danse et l'entraîne à explorer d'autres horizons. C'est là tout le sel de leur relation, une relation extrêmement touchante, jamais larmoyante. Je tiens à le préciser, j'avais sans doute le cœur gros à la fin, mais je n'ai pas versé ma petite larme. Et j'ai beaucoup, beaucoup aimé cette lecture qui est par-dessus tout attachante, avant d'être poignante. C'est un bel hymne à la vie et au droit à la dignité. À découvrir, effectivement.

>> Ce livre audio en version intégrale vous est proposé en exclusivité par Audible - uniquement disponible en téléchargement.

©2013 Milady (P)2015 e-Dantès ♦ Lu par : Émilie Ramet (durée : 12 h 28)

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Me Before you, le film, réalisation de Thea Sharrock avec Emilia Clarke, Sam Claflin & Matthew Lewis. 

Sortie en salle US : 3 juin 2016

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1 mars 2016

Opération Sweet Tooth, par Ian McEwan

Opération sweet tooth

Au début des années 1970, Serena Frome, une jeune anglaise, fille de pasteur, étudiante en mathématiques à Cambridge, fait la rencontre d'un éminent professeur, qui va la modeler intellectuellement, avant de la recommander aux services secrets du MI5. Son idylle se termine douloureusement et, pour oublier son chagrin, Serena travaille d'arrache-pied pour décrocher sa première mission : l'opération Sweet Tooth, qui consiste à encourager de jeunes écrivains, en subvenant à leurs besoins financiers, pour qu'ils publient des écrits dont les idéologies concordent avec celles du gouvernement britannique. Tout ceci dans la plus grande discrétion, naturellement. La cible de Serena s'appelle Tom Haley, une plume prometteuse et pleine de talent, mais à l'univers assez sombre et torturé. La jeune femme tombe néanmoins amoureuse de ses nouvelles, avant de connaître le personnage... et de succomber de nouveau au charme de l'intellectuel. C'est une récurrence chez cette héroïne, belle et vaniteuse, qui reconnaît son attirance pour la même figure masculine dominatrice. Et fatalement, en tombant amoureuse de son client, la jeune femme compromet sa mission et s'attire le courroux de son superviseur fou de jalousie...

Serena n'étant toutefois pas une figure très attachante, son histoire ne nous touche pas davantage, aussi admirablement écrite et fascinante soit-elle. Dans ce roman d'amour, sur fond d'espionnage, l'auteur tente d'exploiter une nouvelle palette de sensations, où les relations semblent plus douces, plus délicates et à la sensualité plus nuancée, mais l'ensemble sonne faux, froid, imperméable aux émotions. L'auteur se sert aussi de la littérature comme un outil de manipulation - l'univers sulfureux de Haley rappelle celui de McEwan - la cruauté et la perversité s'étalant dans toute leur splendeur. Les femmes, aussi, sont traitées comme de simples objets jetables, dans une société qu'on devine désœuvrée, en quête de nouveaux ennemis (la guerre froide s'étiole, mais les premières frictions en Irlande du Nord apparaissent). C'est donc un roman pour le moins troublant et poignant... mais tellement déconcertant. J'en sors quelque peu perplexe. 

Folio / Octobre 2015 ♦ Traduit par France Camus-Pichon pour les éditions Gallimard

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7 mai 2016

Chut ! je lis : Le Club de la Pluie Brave les tempêtes, de Malika Ferdjoukh

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Deuxième tome des aventures du Club de la Pluie - club composé de Rose, Milo, Ambroise et Nadjet. Tous les quatre sont élèves à l'internat des Pierres-Noires à Saint-Malo et ont pour passion commune de traquer des mystères et résoudre des énigmes comme les mythiques Club des Cinq ou Clan des Sept d'Enid Blyton. ^-^ On retrouve ainsi deux nouvelles histoires - Le fantôme des Pierres-Noires et Le mystère des chaussons rouges - lues par Alice Butaud (Rose), Clémentine Niewdanski (Nadjet), Benoît Marchand (Milo) et Vincent De Bouard (Ambroise) pour une passionnante écoute d'une heure et 16 minutes qui nous plonge dans une ambiance crépusculaire, un peu hors du temps, truffée de références cinématographiques du Golden Age hollywoodien ou issues des classiques de la littérature anglaise (Jane Eyre ou Rebecca), voire aussi des polars américains. La 1ère histoire nous présente Jeanne Eyrmont, filleule de la directrice, qui débarque en pleine nuit, toute tremblante et timorée, craignant son ombre et s'imaginant être victime d'hallucinations. Accompagnée de sa cousine, Rachel Danvers, elle file dans sa chambre sans demander son reste. Le Club va très vite s'interroger sur ces deux jeunes femmes, l'une plus malheureuse jour après jour, et l'autre se livrant à des agissements nocturnes douteux. Heureusement, nos détectives en herbe veillent au grain pour sauver Jeanne de la folie qui la guette ! La deuxième histoire est cette fois influencée par le Magicien d'Oz avec une affaire de souliers en rubis qui vont disparaître, un suspect idéal (Milo, fils de forains) et une détective redoutable, Pippa Marlotte, qui a presque tout piqué au héros de Chandler.

J'ai de nouveau été transportée par l'écriture, l'atmosphère, les personnages, la teneur des intrigues, l'humour et les inspirations globales qui font de cette série un petit bijou et un ravissement perpétuel. C'est bien écrit, c'est intelligent et facétieux, ça possède un charme fou et ça brasse une multitude de clins d'œil culturels qu'on découvre et redécouvre au fil des lectures. Je ne cesse d'être agréablement surprise et enchantée. Malika Ferdjoukh apporte de la noblesse et une grande tendresse dans ses romans. Et cela me touche beaucoup. Encore une série fortement conseillée, à écouter ou lire (existe aussi en collection Neuf). ♥

Chut ! les livres lus de l'École des Loisirs, avril 2016

Musique composée et interprétée par Cécile Maisonhaute - Illustration de couverture : Cati Baur

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Vient de paraître le 3ème livre de la série :

 

Le Club de la Pluie et les forbans de la nuit 

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21 mai 2016

Je veux un monstre ! de Elise Gravel

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C'est décidé ! Lulu veut un monstre de compagnie. Tous ses amis en ont un, pourquoi pas elle ? Elle supplie son papa d'amour de céder à son caprice, lui promet de bien s'occuper du bébé monstre etc. Et bingo, c'est dans la poche. Ils se rendent à la monstrerie pour adopter un adorable ougly-woump, au beau pelage rouge. La bestiole se montre affecteuse, sent un peu les pieds de pirate, et se déchaîne rapidement à la maison. Une vraie tornade. Lulu ne doit pas le lâcher d'une semelle pour lui éviter des bêtises - toujours trop nombreuses - mais la fillette a de l'endurance. Jusqu'au jour où son monstre, devenu grand, se montre aussi extrêmement calme, pour ne dire ennuyant... Que lui arrive-t-il ? 

Un chouette album, rigolo et bariolé, mais sous la couche fantaisiste, l'histoire évoque aussi la responsabilité que cela implique d'adopter un animal. Un sujet sérieux traité avec beaucoup d'humour, truffé d'imagination, à ne pas prendre à la légère non plus. ;-)

Album Nathan, avril 2016

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Un album qui me rappelle L'Encyclopédie des Martiens (à l'usage des Terriens qui rêvent de visiter Mars)

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Où Gwendoline Raisson et Roland Garrigue nous plongent dans une lecture aussi fantaisiste que cinglée, tout en se prétendant sérieuse et appliquée, en traitant de la thématique des espèces venues d'ailleurs. Les Martiens existent vraiment ! Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Que mangent-ils ? Quels sont les secrets de leurs fameuses soucoupes volantes ? Cette encyclopédie inventive et excentrique vous révèle tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les petits hommes verts. Le livre est animé avec des volets à soulever et des pages à déplier, pour découvrir les Martiens jusque dans leurs moindres détails. ☺

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Père Castor, octobre 2014

17 juin 2016

Le Diable de la Tamise, d'Annelie Wendeberg

Le diable de la tamise

Au cours de l'été 1889, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de renom, est appelé pour confirmer les traces suspicieuses de choléra sur une victime retrouvée morte dans la Tamise. Sur place, il y fait la rencontre de l'excentrique Sherlock Holmes, personnage nerveux et insupportable, qui lui inspire aussitôt une aversion épidermique. Il faut dire que le détective a mis à jour le secret inavouable de Kronberg en une poignée de mains et un simple coup d'œil. Anton Kronger est en vérité une femme, Anna. D'origine allemande, où les études de médecine sont interdites aux femmes, puis exilée à Harvard, pour enfin exercer ses talents à Londres, Kronberg dupe son entourage depuis de longues années, mais au prix d'une incroyable mise en scène entourée de mille précautions. Elle a également choisi de vivre dans un quartier misérable, où elle s'y cache et mène son existence non-conformiste. Chaque nuit, elle tombe le masque et redevient Anna, infirmière à la coupe de cheveux peu conventionnelle, qui se faufile dans le dédale des rues puantes et crasseuses pour retrouver son amant, un crocheteur irlandais, et pour soigner les plus malchanceux. Son quotidien n'est pas sans risques, Anna en a conscience, malgré un moral d'acier et un tempérament de feu, elle redoute la découverte de sa vraie nature et de finir en prison. En attendant, notre affaire de macchabée va prendre un nouveau tournant pour remonter la piste d'un étrange réseau de trafics humains, sous couvert de servir les besoins de la science (un vaccin contre le tétanos), avec les dérives inhérentes aux ambitions dévorantes.

Difficile pour moi d'apprécier pleinement ce roman qui emprunte la figure de Sherlock Holmes mais en lui prêtant une posture effacée et pleine de retenue. Ce n'est pas le Sherlock que l'on sait ! Après, c'est un personnage secondaire, prêtant assistance au Dr Kronger, figure autrement plus complexe à cerner et à apprécier... Ces deux-là jouent un drôle de jeu entre attirance et répulsion, besoin de bousculer l'autre et prouver qui est le meilleur, un concours d'ego assez pesant au démarrage, car les deux parties se jaugent et font grincer des dents. Que d'arrogance !! Puis, ça se tasse car l'histoire finit par les convaincre que l'union fait la force, qu'une femme peut être dotée d'un cerveau aussi tonique que celui d'un homme, qu'il y aura toujours l'inégalable Irene Adler, et désormais Anna Kronberg, remarquable pour son habileté au déguisement et sa vivacité d'esprit ! Toutefois, la perspective d'un trouble amoureux a failli me perdre. Pensez donc... Un mythe se meurt ! “Ses lèvres avaient la douceur de la soie. Tout à coup, mon cœur si peu raisonnable quitta ma poitrine pour aller s'installer dans la sienne. Je me demandais s'il avait remarqué le poids supplémentaire.” C'est niais, non ? Huhuhu. Mis à part ces petits détails, le livre se lit vite et bien. L'intrigue criminelle n'est pas époustouflante, mais reproduit efficacement une ambiance, un contexte, des enjeux médicaux etc. Bon point pour le décor. Je ne suis pas convaincue par l'esquisse des personnages, mais je reste curieuse de la suite de leurs aventures, ce roman étant le premier d'une trilogie.

Traduit par Mélanie Blanc-Jouveaux, pour les éditions Presses de la Cité (The Devil's Grin) - mai 2016

 

#Mois Anglais 2016 : Sherlock Holmes

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1 juillet 2016

Treize marches, de Kazuaki Takano

TREIZE MARCHES

J'avais quelques craintes avant de me lancer dans cette lecture, j'appréhendais de me mélanger les pinceaux avec les noms japonais ou de tomber sur une intrigue un peu lente, comme c'est souvent le cas dans les romans nippons. Foin de tout ça. La lecture a été passionnante du début à la fin. Je n'ai pas vu le temps passer (10 heures d'écoute) et j'ai adoré le déroulement de l'histoire, dont les nombreuses ramifications viennent s'emboîter en toute délicatesse au fil des chapitres. J'ai été complètement emballée par la découverte.

Jun'ichi Mikami bénéficie d'une remise de peine, après deux années de prison pour coups et blessures ayant entraîné la mort. Il est rapidement contacté par un ancien gardien de prison, Shôji Nangô, qui lui propose de travailler en équipe sur la révision d'une affaire de double meurtre. Le suspect est condamné à la peine capitale, toutefois un bienfaiteur anonyme a promis une forte récompense si le binôme réussissait à prouver l'innocence de l'individu, qui n'a aucun souvenir de ses crimes. Pour Jun'ichi et Nangô, c'est l'occasion pour faire amende honorable auprès de la société - tous deux se sentent marqués à vie de leurs actes accomplis. Leur entente est immédiate, leur motivation pressée par les impératifs des décisions judiciaires. Pas le temps de chômer. Ils relisent ensemble le dossier, se rendent sur place, rencontrent la famille, font des liens, fouillent et explorent des zones jamais soupçonnées. Leur enquête va rapidement prendre un nouvel élan et les conduire sur de sérieuses pistes... aux révélations parfois sidérantes.

Et c'est ce qui m'a plu, dans ce roman, outre de découvrir un autre aspect du Japon, à travers sa politique carcérale et son milieu judiciaire aux antipodes de ce que l'on connaît, c'est aussi de participer à une quête de la vérité pointilleuse, méthodique et captivante. Pas de surenchère. Une tension impeccable, qui ne faiblit jamais. Une mise en situation pertinente et juste. Des personnages très éloignés du cadre irréprochable et qui renvoie là aussi une autre image de la société japonaise, où l'on marginalise hâtivement ceux qui sont en-dehors des clous. 

C'est un roman riche et distrayant, un autre œil sur la planète, qui lorgne sur cet univers nippon si particulier, mais dont le pouvoir de fascination reste sans égal... 

 

Traduit par Jean-Baptiste Flamin pour les éditions Presses de la Cité (13 Kaidan)

Treize marches | Livre audio

Texte lu par Jean-Marie Fonbonne pour Audible FR (durée : 10 h) - avril 2016

En exclusivité sur Audible - uniquement disponible en téléchargement

 

Un thriller au suspense savamment distillé. Une plongée angoissante dans le système judiciaire japonais. Saisissant.

23 juin 2016

Pingouins en pagaille : L'Abominable bête des neiges ! de Jeanne Willis

L’abominable bête des neiges

C'est avec grand plaisir qu'on retrouve nos délurés pingouins dans cette nouvelle aventure pleine de folie ! ☺

Alors que nos amis pensaient avoir résolu leur problème, en assurant leur place au zoo et en lui redonnant un second souffle, ils constatent avec effroi que le vent est de nouveau en train de tourner. Notre joyeuse bande de gorfous sauteurs, manchots pygmées, manchots empereurs et manchots à jugulaire n'a plus les faveurs du public et ignore le pourquoi de ce désamour !

On murmure qu'un nouveau locataire, installé dans une grotte gigantesque, avec cascade et tout le confort, attire les foules en masse au détriment de nos adorables pingouins. On raconte même qu'il s'agit d'une créature féroce. Rien ne va plus dans les chaumières, il est temps d'éclaircir ce mystère.

Toujours aussi délirant, toujours aussi pétillant, le roman s'inscrit dans la rigolade et ne manque pas d'imagination pour raconter les frasques de nos charmants pingouins qui ne cessent de nous surprendre ! Leur mot d'ordre : gags à répétition.

C'est également raconté avec une telle énergie (jeux de mots, situations saugrenues & quiproquos) qu'on ne quitte jamais le sourire affiché sur nos lèvres. On y découvre des pingouins rusés et fantasques, adeptes d'aérobic ou de masques en peau de poulpe (blurp), mais aussi lanceurs de crottes en rafale pour se venger des indifférents et casser leur image trop lisse. 

Polissons, nos pingouins ? Certainement. Et l'histoire démontrera encore l'étendue de leurs talents en matière de camouflage et d'espionnage ! ^-^

La lecture s'accompagne d'illustrations réjouissantes et de chansons entraînantes. Un franc succès pour ce troisième titre d'une série découverte l'année dernière, avec Zizanie au zoo & Opérations poussins. Bidonnade assurée. Bonté sardine ! 

Nathan, février 2016 - Traduit par Lilas Nord /  illustrations de Nathan Reed

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« On chante, on danse, on se fait des bœufs.
- Vous avez mangé un bœuf ? J'espère que ce n'est pas celui de la mini-ferme. »

🐧🐧🐧🐧🐧🐧🐧🐧

6 juillet 2016

Vive les Vacances ! par Enid Blyton

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Il souffle un vent de fraîcheur et de douce nostalgie sur cette lecture, que les amateurs du Club des Cinq (mais aussi du Clan des Sept, de la série des Mystères au Cirque ou de Malory School) auront plaisir à goûter ! Pour moi, Enid Blyton me rappelle les vacances, des heures à lire des histoires passionnantes et à s'imaginer partager un bout d'aventure avec Claude, François, Annie, Michel et le chien Dagobert.

C'est donc cette petite fille qui vient de se plonger avec délice dans cet ouvrage qui compile des histoires inédites de l'auteur : une vingtaine de textes courts, qui sentent bon l'air iodé, la crème solaire, les glaces et les châteaux de sable. Au programme : des intrigues simples et charmantes, certaines avec du suspense, d'autres avec de la magie, des histoires autour de la famille ou de la fratrie, avec des enfants qui se chamaillent et se réconcilient, qui combinent des projets pour occuper leurs journées oisives, qui s'improvisent détectives, explorateurs ou flibustiers. Les animaux aussi occupent une place importante au cœur de l'action, tous plus prodigieux, rusés et intrépides les uns que les autres (chiens, ânes, lapins, chats, mouettes...).

Je ne m'attendais pas à apprécier autant ma lecture, que je trouvais au départ délicieusement old-school, avec un contenu assez niais et dépassé, mais qui semble avoir eu prise sur moi, car j'ai dévoré ce bouquin en souriant comme une bécasse de bout en bout ! Toute la magie de l'enfance est remontée. Comme une grosse bouffée de chaleur. Je me sentais bien, heureuse, avec entre les mains un chouette roman aux histoires surannées, qui convient idéalement à la détente et l'évasion. Une belle invitation pour se prélasser... et penser aux vacances, enfin ! ^-^

Traduit par Luc Rigoureau pour Hachette, juin 2016

Illustrations de Mark Beech

Un autre recueil de textes inédits paraîtra fin novembre sur la thématique de Noël !

10 septembre 2016

Piste noire, par Antonio Manzini

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Un corps vient d'être écrasé par une dameuse en pleine action sur les pistes de la station de Champoluc, dans la vallée d'Aoste. Le sous-préfet Rocco Schiavone est convoqué sur les lieux pour constater le décès et ouvrir une enquête. Schiavone s'illustre aussitôt comme le parfait dandy, débarqué de Rome, arrogant et méprisable. Il traite ses subalternes avec condescendance, ne craint pas non plus sa hiérarchie et a souvent la main leste en présence des suspects. Ses méthodes peu orthodoxes amènent malgré tout des résultats probants. À sa façon, Schiavone impose le respect. Pourtant, les raisons de sa mutation demeurent floues et douteuses. Le type déteste le froid, la province, les cigarettes bon marché, roule uniquement en BMW conduite par un subordonné, refuse de se déguiser en esquimau et patauge dans la neige avec ses Clarks en pestant contre le manque de bol. L'intrigue criminelle va également nous surprendre agréablement et cultive un suspense appréciable, en démêlant l'écheveau dans les toutes dernières minutes, à la façon de Hercule Poirot. Mais le succès du livre tient évidemment à la personnalité haute en couleurs du sous-préfet Schiavone (ne pas confondre avec commissaire et s'attirer les foudres du concerné !). J'ai déjà tracé son charmant portrait - un type cynique, snob et roublard, qui révèle néanmoins une sensibilité cachée et un trauma personnel qu'il ne parvient pas à effacer. Le personnage ne manquera pas de s'étoffer au fil des épisodes, s'il consent toutefois à enlever les épluchures de sa carcasse de dur à cuire. Pour l'heure, c'est très bon et cela vous ouvre l'appétit. Cette nouvelle évasion transalpine tient la route et présage déjà de bons moments de lecture. Mon exploration de la littérature italienne, dans le domaine policier, n'en finit plus de me réserver de belles découvertes ! Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Une deuxième enquête de Rocco Schiavone est déjà disponible chez Denoël sous le titre : Froid comme la mort

Traduit de l'italien par Samuel Sfez pour les éditions Denoël, coll. Sueurs froides (2015)

Repris en poche chez Folio Policier, février 2016

 

29 novembre 2016

Si j'ai bonne mémoire, d'Anne Icart

Si j'ai bonne memoire

Après une première lecture enthousiasmante introduisant le clan Balaguère, dans Ce que je peux te dire d'elles, je me faisais une joie de retrouver cette famille au destin incroyable, que les aléas de la vie n'avaient guère épargnée non plus. 
L'histoire nous embarque rapidement dans une cacophonie de rires et d'éclats de voix prises au dépourvu par l'annonce d'un mariage ou d'un retour au pays. Violette a en effet décidé de quitter Paris pour renouer avec ses racines, elle se réjouit de vivre auprès de sa mère et de ses tantes, tandis que Babé informe son entourage de ses noces avec le banquier. Justine, notre couturière, en fait une affaire personnelle pour que sa sœur affiche fièrement les couleurs de sa maison.
Plus discrète, Blanche peine à participer aux effusions de joie et a souvent la tête en l'air. Sa santé flageolante préoccupe Violette, mais ses tantes sont convaincues d'un simple surménage passager. D'une certaine façon, la jeune femme prend note de l'information et la range dans une case pour y revenir plus tard. Pour l'heure, elle se lance dans son grand projet : connaître l'identité de son père. 
Il lui faut néanmoins se heurter à la cohésion familiale. Aucune des Balaguère ne consent à livrer le moindre indice. Secret de famille sous triple verrou. Et puis, Violette croise à son boulot une jeune femme très à fleur de peau, avec laquelle elle se découvre des atomes crochus, et qui va devenir plus qu'une amie. Une rencontre tellement peu anodine, que j'avoue avoir soupiré fort, fort, fort.
J'étais franchement pleine d'espérance à la lecture de cette suite, et j'ai savouré l'ambiance et l'harmonie de cette famille si attachante, par contre j'ai trouvé le scénario hyper décevant, car cousu de gros fils blancs. Pff. Trop facile, trop commun, trop mièvre. Je me suis sentie flouée, et dépitée. 
Une pointe d'amertume plus tard, je boucle mon tour de piste en chouinant, à tort ou à raison, parce qu'il faut admettre que je reste très attachée à la tribu Balaguère, à leurs chichis, à leurs démonstrations empressées et maladroites, à leurs histoires simples et superficielles, et néanmoins bouleversantes. Je suis une lectrice faible en matière d'histoires de famille !
Malgré quelques réserves, toutes personnelles, cela reste une jolie lecture, douce et naïve.

Texte lu par Bénédicte Charton pour Audible Studios (durée : 7h 43)

>> en exclusivité & en téléchargement sur Audible.  

Si j'ai bonne mémoire | Livre audio  Audible.fr

©2015 Robert Laffont (P)2016 Audible FR

16 décembre 2016

Le Trône de fer Tome 5: L'Invincible forteresse, de George R.R. Martin lu par B. Métraux

Nous voici déjà dans le dernier épisode de la saison 2 du Trône de fer, après La bataille des rois & L'ombre maléfique ! L'intensité ne faiblit pas, les batailles font rage et les émotions sont multiples. Chaud devant ! 

L'invincible forteresse

Les têtes n'en finissent plus de tomber parmi les prétendants au trône des Sept Couronnes, les coups de force prolifèrent au gré de nombreuses tractations perfides ou malchanceuses. Malgré cette confusion, le jeune Joffrey, l'abominable fils de Cersei Lannister, capricieux et colérique, est toujours en position sur l'échiquier, protégé par les savants jeux de dupe de son oncle Tyrion. Le lutin a plus d'un tour dans son sac et n'œuvre certainement pas par dévouement familial, mais plutôt pour des ambitions toutes personnelles. Pendant que Joffrey prend plaisir à tyranniser son entourage, Tyrion place donc ses pions et se prépare à une opération d'envergure, alors que la flotte de Stannis Baratheon est aux portes de Port-Réal. 

Le frère de Robert poursuit activement ses objectifs, toujours sous l'emprise de Mélisandre la Rouge, la prêtresse aux pouvoirs étranges, dont l'influence est grande et inquiétante selon les proches de Stannis, à commencer par son précieux allié, le chevalier Davos, désormais à la tête de son armada. C'est d'ailleurs lui qui affrontera la terrible bataille de la Néra, autre tournant décisif dans la série ! Pendant ce temps, à Winterfell, la trahison aussi a fait son nid. Theon Greyjoy a frappé fort, les deux jeunes Stark sont perdus, lady Catelyn est effondrée mais s'offre le tête-à-tête de sa vie en extorquant les confidences de Jaime Lannister, qui croupit dans une cellule à Vivesaigues.

Robb ne réapparaît toujours pas, accaparé par ses conquêtes de pouvoir. Sansa se console dans ses rêves de chevalerie, alors que la vie à la cour lui a déjà démontré la niaiserie de telles fables, sans parler de ses fiançailles avec Joffrey, qui ne sont qu'une pure fumisterie. Cette fille n'est qu'inconsistance... Arya trace aussi son bout de chemin, enchaînant les fuites, les cachettes et les impostures, pour préserver son identité secrète, et retrouve ainsi un vieil ennemi, Tywin Lannister, qui figure sur sa liste des traîtres à éliminer pour venger son père. 

L'histoire avance lentement, mais elle reste passionnante à lire et à écouter. L'interprétation de Bernard Métraux est toujours convaincante et fascinante, elle nous entraîne dans le monde dense et compliqué du Trône de fer sans jamais perdre le fil ou égarer son auditeur. C'est une formidable prouesse. Je m'inquiète néanmoins de la suite des aventures, quant à savoir si Gallimard continue l'édition audio de la série dans sa collection Écoutez lire, étant donné que la parution du tome 5 date de juin 2016, et que rien n'a été annoncé depuis. J'éprouve une certaine amertume... et une immense frustration ! [Edit : confirmation de la parution du tome 6, Les brigands, en mai 2017, et du tome 7 en novembre 2017 !]

Mettez de la fureur et de la folie dans vos casques audio ! Succombez aux intrigues fascinantes de G.R.R. Martin par la magie d'une théâtralité époustouflante et pour la vitalité qui se dégage de la lecture du comédien. Winter is coming. ***

 

Collection Écoutez lire, Gallimard
Lu par Bernard Métraux /  Durée d'écoute : environ 14 h
[A Game of Thrones]  Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean Sola
Parution : 09-06-2016

 ♠♠♠♠

Actuellement sur Audible

18 titres à moitié prix parmi la collection Écoutez Lire de Gallimard, jusqu'au 15 février.

Profitez-en, & bonne écoute !

3 janvier 2017

La Carrière du Mal, de Robert Galbraith

Un livre audio lu par Lionel Bourguet (durée : 19h 06) pour Audiolib

la carriere du mal

Dans ce troisième tome des aventures de Cormoran Strike, détective privé à la carrière fluctuante, les affaires prennent du plomb dans l'aile quand sa secrétaire reçoit par colis une jambe de femme tranchée. La presse s'empare du sujet pour en faire les gros titres. Et leurs clients se débinent, préférant la discrétion à un professionnel sous les feux de la rampe. Strike est fou de rage. Voulant ménager la sensibilité de Robin, il préfère lui en dévoiler le moins possible mais ne peut lui cacher soupçonner un spectre de son passé désirant refaire surface pour lui nuire sciemment. Malgré les recommandations de son patron, Robin se lance également dans la traque du sadique... ne doutant pas une seconde être elle-même dans la ligne de mire d'un dangereux maniaque obsessionnel. 
Ce sont donc plusieurs intrigues éparses qui se mêlent à une idée de vengeance assez floue, plusieurs intrigues où les profils de suspects se superposent et où les fantômes d'hier viennent hanter le présent du détective. Strike est encore et toujours confronté à son histoire personnelle, impliquant sa mère et ses mauvais choix amoureux, tandis que sa jeune secrétaire est également chahutée et s'implique dans des enquêtes sordides pour piéger des prédateurs sexuels. Si l'intensité est bien flippante au début, elle faiblit sur la distance car les enquêtes sont trop dispersées et pêchent à tenir en haleine. Par contre, ce sont les personnages qui nous surprennent et nous font vivre des sensations fortes - Robin est face à son destin et ne sait plus ce qu'elle veut. Ce tumulte sentimental se répercute sur le lecteur. Du coup, on continue de détester Matthew, de souffler et de pester contre la fiancée indécise, de rabrouer Strike qui s'interdit de jouer son va-tout. Et que d'émotions dans les nouvelles révélations glissées un soir de déprime ! ... 
Si Robert Galbraith n'assure pas sur tous les plans et se perd dans des enquêtes plus ou moins croustillantes, l'auteur réussit parfaitement à installer son univers et faire évoluer ses personnages en les enrichissant livre après livre. C'est l'atout principal de la série. Strike et Robin forment un duo attachant et solide d'une complicité qui ne dit pas son nom. C'est très touchant, et assez palpitant dans le genre ! J'ai hâte de les retrouver dans de nouveaux épisodes ! 
Pour la note technique, on retrouve Lionel Bourguet qui avait laissé sa place à  pour Le ver à soie et qui sert avec brio cette lecture où l'on plonge “dans les ténèbres des perversions les plus troublantes” en s'attachant aussi à brosser avec tendresse le tandem de choc et de charme ! 

Texte intégral lu par Lionel Bourguet pour Audiolib, Juin 2016
Traduit par Florianne Vidal pour les éditions Grasset

En cours de tournage, BBC One prépare une série TV adaptée de la série de Robert Galbraith avec dans les rôles de Robin Ellacott : Holliday Grainger & Tom Burke pour un Cormoran Strike plus que séduisant ! 

 

23 janvier 2017

Lock & Mori, de Heather W. Petty

Lock moriToujours dans ma monomanie holmesienne, j'ai opté pour le roman suivant - Lock & Mori, qui propose une nouvelle interprétation du couple fatal de Sherlock et Moriarty.
Direction l'Angleterre du XXIe siècle. Lock et Mori sont tous deux lycéens, lui est un excentrique passionné de chimie, qui s'enferme dans un laboratoire sous le théâtre de l'école pour se livrer à des expériences improbables, et elle... oui ELLE, porte le nom de James “Mori” Moriarty et affiche une morgue pour mieux se protéger car la jeune fille vit un drame personnel dont elle a honte. La rencontre entre ces deux-là n'est malheureusement pas explosive, mais leur relation ne va pas se tisser sans heurt ni passion. Tout commence par un défi, lancé par Lock à Mori : démasquer ensemble le tueur en série qui sévit dans les rues de Londres. Même si la compétition fait rage, leur enquête ne doit pas étouffer les indices trouvés et faire état de toutes les observations glanées en chemin. Seulement, Mori va déroger aux règles établies et ne pas partager certains secrets et autres doutes qui vont rapidement poindre. Or, si elle ose en parler, c'est toute sa vie qu'elle met en péril. 
D'abord déçue par la couverture du livre, j'ai ensuite été chagrinée par son contenu : pas de vrai suspense, des personnages sans relief, manque d'alchimie et une propension au  mélodrame un poil trop présente. Cette mise en scène contemporaine des personnages mythiques de Sherlock Holmes et Moriarty n'est finalement pas à la hauteur des attentes, l'auteur focalise l'attention sur les tourments de l'adolescente qui vit dans un foyer plongé dans le cauchemar depuis la mort de la mère. Son père, pourtant inspecteur de police, a sombré dans l'alcool, la dépression et la violence... mais nul n'en a conscience car Mori prend garde à préserver ses frères. Elle encaisse les coups et les humiliations en serrant les dents, d'où son attitude fuyante avec Lock, alors qu'il l'attire beaucoup. Mais leur relation est très en-dessous de son potentiel, c'est plat, sans sucre, sans miel, sans sel, sans piment. Complètement fade. Sans compter qu'on voit tout venir à des kilomètres à la ronde, il n'y a aucune surprise, que ce soit dans l'intrigue policière ou dans l'évolution de leur histoire amoureuse. C'est fichtrement banal et languissant. Suis très déçue. On a là une lecture insipide malgré une initiative savoureuse en imaginant Sherlock Holmes et Moriarty hors de leur contexte habituel. Le flop total.

Traduit par Luc Rigoureau pour les éditions Hachette - Octobre 2016

 

Original Title : Lock & Mori

 

14 avril 2017

Les Petites Reines, de Clémentine Beauvais & lu par Rachel Arditi

les petites reines« L'idée est née comme ça dans mon esprit, un soir de concours de Boudins.
Prendre la route pour Paris...
Arriver pile le 14 juillet...
Et gate-crasher la garden-party de l'Élysée. »

Mireille, Astrid et Hakima sont les trois boudins de leur école. Elles doivent ce titre peu honorifique à un concours organisé sur Facebook par l'ami d'enfance de Mireille - Malo, le malotru. Habituée à caracoler dans les hauteurs du classement, l'adolescente en a pris son parti en adoptant une posture sarcastique, mais a tout de même la rage au corps de supporter les railleries incessantes sur son physique, ça et l'absence de son géniteur, qui ne répond jamais à ses courriers, parce que monsieur est l'époux de l'actuelle présidente de la République, c'en est trop pour Mireille qui réunit ses troupes pour prendre d'assaut la capitale, ses flonflons et ses sourires en façade. Astrid, Hakima et elle veulent corriger le préjudice, chacune portant en flambeau sa propre réclamation (le frère d'Hakima, ancien militaire, a été blessé en mission et se sent sali par l'indifférence du général reçu en grande pompe à l'Élysée, de son côté Astrid veut réaliser son rêve en rencontrant en vrai son groupe favori, Indochine). Cela vous place l'ambiance, le ton, l'humour, la légèreté de l'histoire. Celle-ci révèle aussi la violence des cours de récré, les bons codes, les bons looks à adopter, sous peine de lapidation en place publique. Aujourd'hui, des anonymes se défoulent derrière leur écran pour blesser, juger, condamner. Et c'est parfois plus tranchant de l'exprimer avec emphase qu'à travers des piques bêtifiantes. Mais nos trois lauréates sont au-dessus de la mêlée et volent sur leurs bécanes depuis Bourg-en-Bresse jusqu'à Paris. Quel périple ! Les filles feront aussi l'étrange expérience de la notoriété, deviendront célèbres en tant que nouveaux symboles d'une adolescence qui s'affranchit de l'image formatée par une société en quête de perfection. C'est fort, c'est fou, c'est drôle. Aurais-je autant apprécié cette lecture sans sa version audio ? Oui, nul doute, mais je dois avouer avoir adoré l'interprétation de Rachel Arditi, ainsi que la réalisation sonore de ce disque. Cela met en valeur le roman de Clémentine Beauvais, celui lui donne une pêche, une énergie et un grain de folie qui rend son écoute très, très appréciable. J'étais déçue d'arriver au bout de mes 6 heures, je me sentais merveilleusement bien en compagnie des Boudins et du Soleil. Bravo à Audiolib qui crée enfin sa collection jeunesse, avec ce titre qui dégage une telle fraîcheur et un bonheur de lecture !  

Audiolib, 2017 - Texte lu par Rachel Arditi (durée : 6h) ©2015 Éditions Sarbacane 

Prix Sorcières, Prix Lire - Meilleur livre jeunesse, Prix NRP de Littérature jeunesse, Prix Millepages.

31 août 2017

Blackout Baby, de Michel Moatti

BLACKOUT BABY

Londres, 1942. Alors que la ville sombre en plein chaos, essuyant les bombardements intempestifs de la Luftwaffe, la population se rue dans les abris et panse ses plaies dans l'attente de jours meilleurs. Pourtant, les britanniques ne se démontent pas et enchaînent leur routine avec morgue et insouciance.
Dans ce tumulte indescriptible, un type hante les rues de la ville, se faufile parmi la foule et séduit des jeunes femmes au gré de ses rencontres. Ses inclinations ont néanmoins un sévère penchant vers la folie furieuse et le morbide, car ce dangereux pervers assassine froidement et sauvagement ses conquêtes.
On n'ignore hélas rien de ses pulsions, encore moins de ses obsessions ni de son modus operandi, car on le suit dans ses dérives, on assiste avec effroi à ses séances de torture et on retient son souffle.
Les services de police aussi sont aux abois, face à ce « Blackout Ripper » qui réveille les vieux cauchemars du tristement célèbre Jack R. D'où l'apparition d'Amelia Pritlowe, infirmière déjà croisée dans Retour à Whitechapel, sollicitée pour apporter ses lumières et se servir de son expérience pour soulager cette inquiétante enquête.
L'histoire, inspirée de faits réels, nous plonge dans une atmosphère opaque et oppressante, et c'est là une grande richesse. Elle donne en effet à la lecture une aura particulière, non dénuée d'intérêt. Sensible à l'époque et aux détails historiques, j'ai été transportée dans ce roman globalement prenant et rondement mené.

10x18 Grands Détectives / 2016

31 août 2017

Le cercle de Farthing, de Jo Walton

Le cercle de FarthingEn épousant David Khan, son amant juif, la ravissante Lucy Eversley brise les tabous de son entourage et provoque LE scandale de la saison. Ses parents ne lui pardonnent pas cet affront, alors que leur nom est auréolé d'une gloire politique, puisque huit ans plus tôt, les membres du cercle de Farthing, auquel ils appartiennent, ont convenu d'un traité de paix avec l'Allemagne et Hitler.
Malgré tout, le calme semble revenir au beau fixe et Lucy est conviée à passer le weekend au domaine Eversley, en compagnie d'une poignée d'amis issus de la gentry. Son époux David se retient de bondir face aux petites mesquineries et autres provocations des invités, affichant sans complexe leur antisémitisme galopant.
La tension monte d'un cran lorsqu'un des convives est retrouvé assassiné dans sa chambre, une étoile jaune plantée sur son cadavre. Tous les soupçons se portent sur le mari de Lucy, qui le défend bec et ongles. Entre en scène l'inspecteur Carmichael, dont l'enquête s'annonce sinueuse et ardue.
Son introduction dans le sérail fermé de l'aristocratie fait débat, chacun se drapant dans ses états de service pour se défiler et se laver de toute responsabilité. L'identité du criminel ne fait aucun doute, même la famille Eversley blâme stoïquement cette éventualité.
Dans ce décor de faux-semblants, de rancœur et de vengeance, l'auteur tisse sa trame avec élégance et adresse. Le cadre uchronique est certes esquissé, mais sert à dépeindre une Angleterre en lutte avec elle-même, débordée par des courants politiques qu'une paix alternative n'a finalement guère résolu d'étouffer.
C'est donc dans ce contexte tantôt raffiné, tantôt fielleux, qu'on se glisse pour découvrir une histoire classique mais captivante. J'ai infiniment apprécié le style guindé et délicat de Jo Walton, l'ambiance sophistiquée du domaine Eversley, où l'on perçoit les mensonges, les troubles et les non-dits. C'est bien ficelé, bien mené.
Au final, le roman peut surprendre, par son inspiration historique, où l'on envisage une issue différente pour l'Angleterre dans le tournant de la guerre, et qui se préoccupe à raconter une intrigue criminelle traditionnelle, se déroulant en vase clos et distillant quelques pistes en devenir. La lecture est inattendue, pertinente et conduite avec habileté, sans soubresauts inutiles. Le deuxième titre de la trilogie du Subtil changement - Hamlet au paradis - paraît prochainement en Folio. 

Folio SF (n° 572) / 2017 - Trad. par Luc Carissimo

 

4 avril 2018

Babymouse : Super-héroïne, de Jennifer L. Holm & Matthew Holm

Babymouse super heroine

Babymouse est une petite souris ordinaire, qui possède une imagination débordante. Face aux petits tracas du quotidien, elle fabule et rêve d'aventures extraordinaires. Le matin, quand elle loupe le bus, elle se figure dans l'ouest américain, en train de marcher dans le désert, épuisée et vaincue par l'effort... en chemin, elle croise un chariot de pionniers, où se trouve son ennemie jurée, Félicie Féline. Driiiing, retour à la réalité ! La vie à l'école n'est qu'une succession de drames et de larmes - trop de devoirs, trop de maths indéchiffrables, trop de cantine, trop de corvées. Aussi, pour s'empêcher de sombrer, Babymouse a recours à sa technique habituelle et s'évade dans ses pensées. Or, comment échapper à son pire cauchemar ? Compétition obligatoire de la balle aux prisonniers. Une longue, longue histoire pour Babymouse, traumatisée à vie par cette activité au cours de laquelle Félicie Féline prend son pied à l'écraser comme une crêpe. Humiliation légendaire. Babymouse cherche une issue de secours. Son meilleur ami Ben la Belette décide de l'entraîner. En vain. La veille du jour J, Babymouse implore l'arrivée d'une créature monstrueuse, qui ravagerait tout sur son passage. Driiiing, retour à la réalité ! Ce matin-là, Babymouse est dans ses petits souliers. Ah non, c'est vrai, elle a encore oublié sa paire de baskets à la maison ! Gloups.

Cette petite lecture, qui fait partie d'une collection de trois titres, est destinée aux enfants dès 8-9 ans. Elle se présente comme une bande dessinée romancée, au ton plein d'humour, avec une héroïne coquine et attachante, qui affectionne les aventures fantasmées. Le graphisme n'est peut-être pas très séduisant - le trait lourd et noir manque de charme. Par contre, l'histoire est drôle et assez insolite. L'imaginaire occupe une part importante dans son déroulement. Au lecteur de délimiter les frontières avec le réel ! ... Très sympa.

La Martinière J. (2018) - trad. Marion Hameury

Existe aussi : Babymouse Reine du Monde / Rock-star

Couverture de l'ouvrage Babymouse, tome 1 Couverture de l'ouvrage Babymouse, tome 3

4 avril 2018

Les Trop Super : Peter le poussin péteur, de Henri Meunier & Nathalie Choux

les trop super peter le poussin peteur

Dans cette dixième aventure des Trop Super, Bruno et Balbir disputent une partie de football enfiévrée dans la forêt... hélas écourtée par la pollution des champugnons ! Ce sont en fait des champignons spéciaux qui dégagent une très vilaine odeur. Ils sont aussi la création du perfide Poussin Péteur, autrement dit Peter, qui se venge des moqueries subies par son camarade P(ierre) T(ujol). Celui-ci souffre de problèmes digestifs et n'est jamais invité à partager leurs jeux à cause de ses fuites malodorantes. Les affaires sont-elles liées ? En attendant, les Trop Super, décidés de mettre un terme à la culture des champugnons, poursuivent avec zèle le Poussin Masqué...

Que c'est drôle ! que c'est farfelu ! que c'est charmant ! On retrouve dans cet épisode tout le zeste de la série qui allie le loufoque à l'observation pertinente (oui, les pets des animaux d'élevage sont sources de pollution importante). Tout ça est glissé avec sourire dans un bel emballage soigné. C'est frais et acidulé. Une lecture loufoque, comme on adore ! ♥

Actes Sud junior, 2018

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Et pour rêver les yeux ouverts, plongez dans cet album “cherche et trouve” qui explore les profondeurs de l’océan et révèle l'univers éblouissant de Peggy Nille !

Le lecteur pourra ainsi contempler 10 paysages spectaculaires et scruter chaque détail avec attention.

20 animaux y sont en effet camouflés, de la tortue joyeuse à la rascasse coquette, de l'anémone mal coiffée à la murène tristounette, du poisson-perroquet gourmand à l'écrevisse trouillarde...

Tout un joli monde fabuleux et surprenant, qui se révèle tour à tour drôle, poétique et original !

Les raisons pour s'évader vers les fonds marins et approfondir ses connaissances en s'amusant sont donc nombreuses dans cet album au caractère féerique.

Une lecture étonnante, instructive & ludique. 

Cachés dans la mer, de Peggy Nille

Actes Sud junior, 2018

Cachés dans la mer

 

7 février 2019

Anatomie d'un scandale, de Sarah Vaughan

Anatomie d'un scandaleConseiller influent et proche du premier ministre, James Whitehouse est un homme charismatique et brillant. Marié et père de deux enfants, il incarne l'ambition, la réussite, l'accomplissement. Une image sans tache.
Pourtant, James est accusé de viol. Une ancienne collaboratrice, avec laquelle il aurait entretenu une liaison plusieurs mois durant, vient de porter plainte suite à leur rupture. Kate Woodcroft, une avocate pénaliste, est en charge du dossier. Et elle est particulièrement remontée car elle va tout mettre en œuvre pour avoir la tête de Whitehouse. Spectatrice tétanisée, son épouse Sophie n'a plus les idées claires mais pense avant tout à préserver son image en affichant son soutien.
Viennent aussi s'ajouter les souvenirs de leurs années d'études à Oxford au cours desquels le sulfureux club des Libertins a fait couler beaucoup d'encre. Ceci pouvant expliquer cela, une lente et déconcertante plaidoirie se construit. Plaidoirie contre les abus, pour les droits des femmes et tristement révélatrice des arcanes du pouvoir.
Je ne suis pas mécontente d'en avoir fini car cette lecture m'aura inspiré un profond ennui : c'est très long, assez austère et tellement froid. Je n'ai eu aucune empathie pour les personnages ni pour leurs histoires. Non, c'est très distant. Très emprunté. J'ai aussi longtemps espéré un rebondissement, des révélations fracassantes, la moindre bagatelle qui ferait exploser cette fichue tension psychologique qui colle à la peau... en vain. 
J'en sors sidérée et déçue. Les deux comédiennes ont pourtant prodigué une lecture irréprochable. Leur talent ne peut hélas lutter contre la sensation glaciale qui filtre à travers leurs confessions. Sarah Vaughan opère un sérieux changement de cap avec ce roman, peu convaincant à mon goût. 
La ferme du bout du monde avait été une découverte rafraîchissante, quel revirement...

©2018 Préludes, pour la traduction française (P)2018 Audiolib

 

 

31 juillet 2019

Le Moulin du Loup, de Marie-Bernadette Dupuy

LE MOULIN DU LOUPÔ agréable surprise ! J'ai quasiment bu d'une traite les 680 pages du roman ! Un exploit.
En fait c'est super facile et très entraînant à lire. On monte à bord du train en toute bonhomie et on ne le quitte plus avant le terminus. Préparez-vous cependant à une histoire sentimentale mais que voulez-vous... j'ai perdu tout sens commun et n'ai pas boudé mon plaisir.
L'histoire se passant dans la région d'Angoulême a également interpellé la vacancière que je suis car j'aime beaucoup le cadre verdoyant et campagnard. Bref. Chez la famille Roy dont le père, maître papetier, a quelques difficultés pour honorer ses dettes, l'heure est grave.
L'homme a accepté de marier sa fille Claire au fils Giraud non sans savoir que Frédéric traîne une réputation de brute débauchée. Celui-ci jure pourtant de se ranger pour les beaux yeux de Claire... n'imaginant pas qu'elle vient de succomber au charme d'un bagnard en fuite et qu'elle est prête à tout pour le sortir des griffes de la police.
La lecture va ainsi enchaîner les heurts et bonheurs de cette famille et de leurs proches à travers des alliances, des trahisons, des mariages, des naissances, des morts et tout ça. On absorbe ainsi une grande quantité de scènes crémeuses et parfois trop mielleuses. J'étais néanmoins scotchée et impatiente d'avancer car la lecture est honteusement addictive.
Mais la Claire du début - la jeune fille intrépide et désinvolte - devient une créature plus sombre et amère au fil des chapitres. La morosité et le mélodrame s'abattent sur son existence. Elle semble se résigner trop facilement et devient l'ombre d'elle-même. Quelques 100 pages avant la fin, on ne vibre plus du tout à ses aventures ou disons qu'on aimerait bien une sérieuse reprise en main pour soutenir à nouveau ses combats.
Affaire à suivre dans Le Chemin des Falaises.

Saga familiale, amours impossibles et secrets de famille : en Charente, les aventures semées d'embûches d'une jeune fille rebelle et d'un bagnard, à la fin du XIXe siècle. 

©2015 Presses de la cité (P)2016 Sixtrid

Le Moulin du loup sixtrid

 

22 novembre 2019

Fugitive parce que reine, de Violaine Huisman

G02701Quel beau roman... qui m'a d'ailleurs fait penser aux films de Diane Kurys et au roman de Gwendoline Hamon, Les dieux sont vaches. Des univers profonds, qui puisent dans l'intimité et l'authenticité, tout en titillant notre corde sensible. Ça peut effrayer, lasser, exaspérer - moi, ça m'a bien plu.

Dans ce roman, Violaine Huisman évoque sa maman, Catherine, une femme très belle et farouche, qui se voulait libre d'aimer sans la moindre attache. Par contre, c'était aussi une femme fragile, exigeante envers les hommes et tyrannique avec ses filles. Elle buvait trop, fumait comme un pompier, était malade, n'avait aucune convenance sociale. Honteuse de ses origines modestes et de son manque d'éducation, elle avait mis l'accent sur son charme, sa sensualité, son aura. Toute sa vie, Catherine a ainsi tracé son chemin sans tergiverser, se donnant sans retenue mais griffant comme une tigresse à la moins incartade.

Ce portrait de femme est raconté à travers les yeux de sa fille qui déballe son enfance tumultueuse, ses chagrins, ses frustrations, ses lacunes, ses désirs... avec toujours son besoin désespéré d'attirer l'attention de celle-ci, de crier son amour et d'en recevoir autant. C'est assez violent et sans concession (d'où l'étalage de sexe et d'obscénités... pas top !). Mis à part ce détail, le roman est envoûtant et touche au cœur de la cible (quand tu es en plein chaos affectif ou quand tu lis tout ce qui touche à la famille ou avec des mères sur la corde raide). C'est tout bon !

©2018 Éditions Gallimard (P)2019 Éditions Gallimard

Ce premier roman raconte l'amour inconditionnel liant une mère à ses filles, malgré ses fêlures et sa défaillance. Mais l'écriture poétique et sulfureuse de Violaine Huisman porte aussi la voix déchirante d'une femme, une femme avant tout, qui n'a jamais cessé d'affirmer son droit à une vie rêvée, à la liberté.

Violaine Huisman met en voix ses propres mots et livre une déclaration d'amour bouleversante. Une lecture d'une rare intensité. Note de moi-même : excellente perfomance ! Car il est rare qu'un auteur soit aussi bon lecteur... hé oui.

Disponible en collection Folio (n° 6631)

  G02630

PRIX LITTÉRAIRE DE L'ENS CACHAN 2019

PRIX FRANÇOISE-SAGAN 2018

PRIX MARIE CLAIRE DU ROMAN FÉMININ 2018

 

 

 

 

 

 

22 novembre 2019

Rose désert, de Violaine Huisman

G03362En comparaison avec Fugitive parce que reine, le deuxième roman de Violaine Huisman paraît d'abord beaucoup plus superficiel. C'est l'histoire d'une jeune femme qui vient de se séparer de son compagnon et qui décide de traverser le désert du Sahara pour tout oublier. Elle débarque avec un modeste bagage et ignorant les zones à risques qu'elle va fouler... qu'importe, elle va au-devant de rencontres et d'interdits un peu flous. C'est une jeune femme bohème, libre et entière, après tout.

Au fil des pages, on réalise aussi que l'histoire se répète, mais sonne plus profonde et consistante. L'ombre de la mère est toujours présente et plane sur son existence, ses choix de vie, ses aventures amoureuses. On y revient sans cesse. On parle aussi de son père, de leur famille, de son adolescence chaotique, des premières idylles et des hommes toxiques. Par contre c'est toujours aussi cru et impudique, tellement personnel aussi (comme raconter sa première fois), érotique et sensuel, pense-t-on, moi ça ne me branche pas beaucoup.

Le roman est donc un fourre-tout de souvenirs, de rencontres, d'expériences, d'états d'âme et d'espoirs. Dommage pour le déballage grivois (tendance porno-chic). Reste la sincérité derrière les confidences. Et puis ce roman est merveilleusement lu par Rachel Arditi, comédienne prodigieuse et interprète formidable, qui mérite à elle seule qu'on n'abandonne pas trop vite ni trop tôt ! 

©2019 Editions Gallimard (P)2019 Editions Gallimard

En revisitant ses rapports aux hommes depuis l'adolescence, la narratrice aborde avec une sincérité rarement égalée les tabous de l'éveil à l'amour et à la sexualité. L'écriture si particulière de Violaine Huisman, à la fois poétique et abrupte, s'impose sur ce sujet intime dans toute sa vitalité.

 

12 mars 2015

Gravé dans le sable, de Michel Bussi

Gravé dans le sable AUDIOLIB

D'abord paru en 2007 aux éditions PTC sous le titre Omaha Crimes, le roman nous expédie sur les plages du débarquement, avec 188 soldats en attente sur une péniche, un jour de juin 1944. Un tirage au sort va déterminer l'ordre de passage des candidats au suicide : prendre d'assaut une falaise tenue par l'ennemi. Les premiers envoyés seront fatalement sacrifiés.

Lucky Marry, l'un d'entre eux, croit en sa bonne étoile. Comme l'indique son prénom, il a pour lui une chance incroyable qui ne l'a jamais laissé tomber. Pourtant, fin 44, Alice Queen, sa jolie fiancée, pleure toutes les larmes de son corps la perte de son amoureux. Pourquoi, comment ? Il ne subsiste aucune preuve, le bataillon a été laminé et les rares témoins sont évaporés dans les airs.

Comme d'habitude, l'histoire qu'on découvre est truffée de fausses pistes, de quiproquos et de nœuds à démêler. Michel Bussi va nous mener par le bout du nez et nous promener dans un dédale de mensonges et autres duperies. Très vite, on sursaute à la moindre révélation et on tremble de frustration. La conduite de l'intrigue est franchement machiavélique. Mais efficace. Pour preuve, j'ai écouté le livre audio en seulement 2 jours - Olivier Prémel est un lecteur brillant, qui a su jouer avec les émotions (le chagrin, la tendresse, l'humour) avec brio.


J'ai également craqué pour Nick Hornett, le détective privé qui ruse de charme et d'intelligence pour séduire la belle Alice. Ses tactiques et ses commentaires in petto sont d'une drôlerie infaillible. C'était ma bouffée d'oxygène dans cette lecture aux enjeux déchirants, qui se révèle également une lecture de pure distraction ! J'ai beaucoup aimé.

Audiolib, février 2015 ♦ texte lu par Olivier Prémel (durée : 11h 39) ♦ Presses de la Cité, 2014

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