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Chez Clarabel

9 avril 2009

Enterrez-moi sous le carrelage ~ Pavel Sanaïev

« elle m'aimait plus que la vie, et ses amies, éblouies par un tel bonheur, hochaient la tête, émerveillées »

enterrez_moi

Sacha a dix ans et vit chez ses grand-parents depuis six ans, loin de sa mère divorcée qui s'est installée avec « un nabot buveur de sang ». Ce n'est pas l'enfant qui s'exprime ainsi, c'est plutôt son incroyable grand-mère. Nina, une septuagénaire qui mériterait qu'on lui savonne la bouche tant elle est grossière et insolente, élève son petit-fils dans la démesure. Trop d'insultes, trop de protection, trop de mensonges.

L'enfant a une santé fragile, il est chétif et a peur de tout. C'est la faute de Nina qui le couve trop, lui fait porter un bonnet la nuit et une paire de collants pour éviter les refroidissements, lui mouline ses repas pour qu'il ne s'étrangle pas, l'abstient d'aller à l'école parce qu'il risque d'être culbuté par des armoires à glace, l'abreuve de granules et autres vitamines à des heures fixes, et j'en passe. Les exemples ne manquent pas, comme la séance du bain, qui ouvre le roman, elle répond à un vrai cérémonial qui frise le grotesque, et toutes les anecdotes qui suivent sont du même acabit.

Alors, grotesque ? Pathétique ? Ridicule ? Non, l'histoire racontée par le garçon flirte effectivement avec l'insouciance, l'humour et le détachement. Mais on finit par soulever quelques voiles qui montrent une grand-mère différente de la despote suggérée. On découvre alors une femme rongée par la douleur et la folie de son amour. C'est troublant, voire poignant. Cette ambivalence constante dans le roman permet de relativiser le sentiment d'incompréhension qui nous gagne. Les preuves d'amour de la grand-mère sont bien maigres, maladroites et contradictoires. Ses effets vont à l'encontre de ses espoirs, et on la plaint davantage. Mais c'est cette discordance qui est intéressante.

J'ai lu ce roman qui figure parmi la sélection du prix littéraire d'aufeminin.com, et c'est ainsi que je le découvre. Je serai très probablement passée à côté. Du coup je suis reconnaissante de cette agréable trouvaille.

Les allusifs, 2009 - 266 pages - 23€
traduit du russe par Bernard Kreise

Lu pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   logo   

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« Vous savez, Véra Pétrovna, quand j'ai fini de lui faire prendre son bain, je n'ai plus la force de vider la baignoire et je me lave dans la même eau. (…) Je sais que lorsque j'y entre après lui, cette eau est comme un ruisseau qui coule sur mon âme. Je pourrais la boire cette eau ! Il n'y a personne que j'aime ou que j'ai aimé autant que lui ! C'est un petit imbécile qui s'imagine que sa mère l'aime encore plus, mais comment pourrait-elle l'aimer plus, dès l'instant qu'elle n'a pas autant souffert pour lui ? Une fois par mois, elle lui apporte un jouet : est-ce que c'est de l'amour, ça ? Moi, je respire par lui, je ressens par ses sentiments ! Je crie après lui, mais c'est par peur, et ensuite je me maudis de l'avoir fait. La peur que j'éprouve pour lui, c'est comme un fil qui me relie à lui, qui s'étire, et où qu'il se trouve, je ressens tout (...). Un amour pareil est pire qu'un châtiment, il n'en résulte que de la douleur, mais qu'y puis-je s'il est ainsi ? Je pourrais hurler à cause de cet amour, mais sans lui pourquoi devrais-je vivre ? »

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8 avril 2009

L'orgue de Quinte ~ Hervé Picart

orgue_de_quinte

Frans Bogaert est en vacances à Provins. Il a confié sa précieuse boutique brugeoise, l'Arcamonde, aux mains de son assistante, la troublante et délicieuse miss L. (double parfait et confondant de l'actrice Lauren Bacall). Frans séjourne dans la maison de Lamartine avec son beau-père, Victor Brunel, qui vient d'emménager en France pour une raison personnelle (la disparition de sa fille, en fait) et se révèle un compagnon érudit et passionnant dans la cité provinoise.

Sur la place du marché, un dimanche matin, l'antiquaire fait la trouvaille d'un objet curieux, vendu comme étant l'orgue à liqueurs de des Esseintes (célèbre personnage du roman d'Huysmans). Bogaert flaire l'arnaque et marchande l'objet car sa curiosité est piquée au vif, il veut connaître le secret de cet objet. Avec délicatesse, il va le dépouiller, le caresser d'un fin pinceau et révéler des initiales gravées. Mais les découvertes ne s'arrêtent pas là !

Cette série décrite comme un roman-feuilleton en douze épisodes est définitivement un rendez-vous incontournable ! Ce volume 2 nous offre une aventure encore plus singulière, qui fourmille de passion, d'érudition et d'énigmes !

On retrouve avec bonheur le personnage de Frans Bogaert, l'antiquaire perspicace et gourmand de savoir, dans un cadre qui n'est plus Bruges (qui n'est pas totalement absente, merci la sublime Lauren qui intervient avec brio et beauté !). Provins n'a pas à rougir et se montre à la hauteur de toutes les espérances. La ville offre un cadre idyllique et historique, chargé de mystères, idéal pour alimenter l'intrigue, qui est tout bonnement extraordinaire, riche et excitante. On découvre l'histoire étonnante d'un maître-verrier, obsédé par sa quête du cristal parfait, mais inutile d'en lâcher plus.

Entre les lignes, on commence à percer une autre piste sur la disparition de Laura Bogaert, l'épouse de l'antiquaire, ce mystère (cf. Le dé d'Atanas) figure comme un fil rouge et la suite promet monts et merveilles. Comble de tout, ce texte est servi par une plume à faire pâlir d'envie, le style d'Hervé Picart est léché, fluide et agréable. Un régal.

Ne résistez plus ! C'est une perte de temps et d'énergie. Une impardonnable erreur, en plus !

Le Castor Astral, 2009 - 216 pages - 13€

Volume 1 : Le dé d'Atanas

Déja annoncés :  Le coeur de gloire (tome 3) en novembre 2009 -  La pendule endormie (tome 4) en mars 2010.

L'Arcamonde vous ouvre ses portes : http://arcamonde.hautetfort.com

Les recettes de l'Arcamonde :

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« Victor Brunel a tendu à son beau-fils un élégant verre ballon où danse un précieux liquide doré, qui happe la lumière pour mieux scintiller.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Du vin de glace. Cela ne peut que vous réchauffer, non ?
- Du vin de glace ? s'étonne Bogaert. De quoi s'agit-il ? Encore une de ces richesses de bouche de nos amis français ?
- Tout à fait. Ce régal est le produit miraculeux de la plus tardive des vendanges. Les vignerons alsaciens attendent que les premières fortes gelées viennent crisper les derniers pampres. Sous la peau fripée du raisin se produit alors une exceptionnelle concentration des sucres. Ainsi s'élabore ce divin breuvage, à mi-chemin entre un Riesling ancien et un vin de paille
.
»

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« Bogaert a commandé une grouse à l'hydromel. Il attaque la bête avec un bel entrain, la narine tout émoustillée par le fumet aigre-doux qui monte de son assiette. La chair du gibier, à l'arrière-goût de réglisse, se marie à merveille au miel de la sauce. Le régal lui fait baisser paupière.
- Excusez cette faiblesse, croit-il bon d'ajouter aussitôt, de peur de paraître excessivement ridicule ou gourmand. Ce plat est somptueux. Vraiment, cette grouse me grise. Vous auriez dû vous laisser tenter. Votre thon au poivre jaunet me semble un tantinet austère.
- Un peu d'austérité ne peut nuire au bonheur, monsieur Bogaert. C'est juste un condiment de vie comme un autre : elle produit une douceur aigrelette qui rappelle celle de votre grouse.
»

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7 avril 2009

La mode est au rouge sang - Valerie Stivers

mode_au_rouge_sangLe temps d'un été, et sous la pression de sa tante Victoria, Kate McGraw accepte un poste de stagiaire au sein du prestigieux magazine de mode, Tasty. La jeune fille, future étudiante de médecine à Brown, déteste la mode et tout ce qui s'y approche. Elle a certes un don pour la création, mais cela lui rappelle trop sa mère Eva qui a mystérieusement disparu.

Son entrée dans la gigantesque tour noire aux vitres teintées fiche un frisson, et Kate s'y sent pataude et inadaptée. Son look vintage cloche, du moins le pense-t-elle à force de scruter ses collègues toutes plus filiformes les unes que les autres, totalement lookées et vêtues de noire, et d'une beauté glaciale mais fascinante. Pour le lecteur, avisé par le titre et la couverture (un peu moche), il n'y a aucun doute possible sur la double facette des employées de Tasty. C'est un nid de vampires ou je ne m'y connais pas !

En attendant, on reste un peu sur la touche, à suivre les pérégrinations de la narratrice, alias Kate, qui a vent des rumeurs mais pense, au début, qu'il ne s'agit que de remarques imagées. Elle commence sérieusement à s'inquiéter lorsqu'elle est témoin de crimes dégoûtants (un chien vidé de son sang et abandonné dans un placard, ou des filles retrouvées mortes au cours des soirées vip...). Petit à petit, elle regroupe certains détails (interdiction stricte de servir de l'ail à la cantine, toutes les filles du magazine ne boivent qu'un jus visqueux qui passe pour du jus de betterave, au matin les bureaux sont vides, ou on y trouve d'étranges caisses en bois qui ne sentent pas la rose, et ce sont tous d'infatigables noctambules, sur qui les traces du temps n'ont vraiment aucune emprise !).

La rédactrice en chef n'est pas sans rappeller une certaine Miranda Priestly (cf. le roman de Lauren Weisberger). On est proche du Diable s'habille en Prada, simplement dans l'idée (une patronne effrayante, une jeune stagiaire innocente), mais comme l'indique le titre et la couverture du livre de Valérie Stivers on devine ici qu'on a affaire à des buveurs de sang ! Pas de mystère défloré. L'intrigue reste aguicheuse, bien tendue sans filer de sueurs froides, car cela reste de la lecture de divertissement. La narratrice, et héroïne, est une jeune fille moderne, naïve mais pas idiote. Ses questions apportent le cheminement nécessaire pour alimenter la tension et les énigmes qui fleurissent ci et là dans le roman.

Au final, on a un livre correct, léger, pas mémorable mais tout indiqué pour les vacances et la détente. 

Fleuve Noir, avril 2009 - 14,90€

 

7 avril 2009

Les mains nues ~ Simonetta Greggio

« quand on tient un amour on le garde, on le défend contre lui-même et contre les autres »

les_mains_nues

Emma est une femme de quarante-sept ans, vétérinaire en pleine campagne, qui a choisi de vivre une existence rude et solitaire. Débarque Gio, quatorze ans, bientôt quinze, « l'âge des catastrophes naturelles ». Il est le fils de Raphaël, qu'elle a connu autrefois, et avec qui s'est joué quelque chose qu'elle a voulu oublier. Gio est en fugue, en colère contre ses parents, contre leurs secrets aussi. Il trouve refuge chez Emma, qui accepte de l'héberger mais en échange il doit prévenir ses parents. Au début cela l'embête car elle s'était jurée de se tenir à distance des histoires de Raphaël et Micol, mais Gio possède une tendresse et une gentillesse qui lui rappellent des doux souvenirs. Entre eux, la passion folle ne naît pas sur un coup de tête, c'est simplement le résultat d'une longue patience, de regards échangés contre tous les discours du monde, d'une connivence certaine et inébranlable.

« Peut-être avais-je toujours été suspecte d'être une femme seule, sans mari, sans même le plus vague fiancé. Je me devais d'être accompagnée d'un homme, d'avoir des enfants - ou de me plaindre de ne pas en avoir. Je n'avais pas joué le jeu, n'avais respecté aucune règle. Je n'avais même pas fait semblant, et peut-être était-ce ça le plus grave, ce qu'on ne pouvait pas me pardonner. »

Voilà un roman qui ne parle pas que d'un amour interdit, mais qui aborde également toutes les nuances chez une femme qui vieillit et qui assume sans complexes sa sensualité et ses rides, « être trop jeune pour être vieille, un peu trop vieille pourtant pour être encore jeune » reconnaît Emma. Elle est dans la fleur de l’âge et elle n’a pas honte de son corps de femme qui réclame encore d'être caressé et aimé. Elle s'émeut de la tendresse offerte sur un plateau par un gamin plus jeune qu'elle. Elle va en payer le prix. 

Son histoire avec l'adolescent reste très pudique, tout est chuchoté, pas du tout racoleur. Aucun détail n'est d'ailleurs donné. On n'en retient que les cris, une gifle, l'impuissance et la jalousie. Pas besoin d'en dire trop, car tout ceci repose aussi sur un écheveau d'intrigues et de liaisons secrètes. De vengeance aussi. Simonetta Greggio signe un bon roman, écrit avec beaucoup de sensibilité et qui met en avant une femme remarquable, qui accuse et s'accuse (pas de quoi soulever les ligues de la bienséance, je vous rassure !). Toutefois je n'ai pas retrouvé ce qui avait su me séduire et m’enchanter lorsque j'avais lu La Douceur des hommes, son premier roman publié en 2005.

Stock, 2009 - 170 pages - 16€

Lu pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   logo

6 avril 2009

UN AUTEUR : Madeleine Bourdouxhe

« A toi d'aimer, à toi de vivre. Exiger de la vie, c'est-à-dire exiger de soi-même. »

A_la_rechercheMarie est une jeune femme simple, sensible, qui s'est accomplie dans le mariage. Elle aime Jean depuis six ans, entre eux l'entente est parfaite. Ils se parlent peu, mais se comprennent instantanément. Ils passent leurs vacances près de la mer, loin de Paris et de leur routine, cela change. Cela leur fait du bien. Marie passe son temps à regarder Jean se baigner. La mer la fait rêver. Un jour, elle aperçoit un jeune homme qui la trouble. Il lui donne son numéro de téléphone. A Paris, elle décide de l'appeler.

Marie va changer, s'ouvrir et s'épanouir. Le roman longtemps souligne combien elle s'est réalisée dans le mariage, et en même temps on sent une inertie chez elle, dans sa vie. Elle donne des leçons à domicile, elle est appliquée. Sa soeur Claude compte aussi beaucoup pour elle, même lorsque celle-ci perd pied et commet une bêtise. Marie a des mots très justes, très touchants sur l'amour et la vie. « On ne voit que ce que l'on comprend. Et l'on ne comprend que ce que l'on aime. Il faut d'abord se donner, s'engager, alors on recevra en échange. »

Les romans de Madeleine Bourdouxhe (cf. La femme de Gilles) dégagent un vrai sentiment de cocon, d'élégance et de grâce. Ses personnages féminins ont une beauté sincère et intérieure, qu'on cerne difficilement au début, j'avoue, tant de dévotion de la part des épouses pour leurs hommes peut déconcerter. Et ce sont des romans qui semblent intemporels, celui-ci a été publié dans les années 40 par exemple, et pourtant les considérations de l'héroïne sur l'engagement, l'amour, la vie sonnent toujours d'actualité. C'est d'une grande simplicité, d'une grande pudeur, et encore une fois ce texte surprendra par sa grande sensualité, en des termes chics et authentiques. Personnellement cela me touche beaucoup.

Actes Sud, 2009 - 158 pages - 15€

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A noter également la sortie en format poche d'un recueil de nouvelles : les_joursLes jours de la femme Louise

Sept nouvelles, sept femmes silencieuses, la violence suit le contour du quotidien.

Quatrième de couverture

Elles s'appellent Louise, Anna, Blanche ou Clara. Elles sont ouvrière, femme au foyer, mère seule avec un enfant, bonne chez Madame. Elles sont confrontées à la vie, à l'amour, à l'ennui, à la frustration, à la violence des hommes, leur indifférence ou leur condescendance. Toutes ont en commun des rêves trop grands pour elles, des peurs d'enfant, des désirs qui n'osent s'exprimer. Alors elles avancent vaille que vaille, tombent et se relèvent, touchantes de fragilité, admirables de courage opiniâtre, fortes de leur douceur même, belles de tout cet espoir lumineux en elles que rien ne parvient à éteindre.

Ce qui bouleverse, dans l'écriture de Madeleine Bourdouxhe, c'est son style simple et franc, en empathie troublante avec les personnages, son réalisme poétique qui ne craint pas l'engagement social ou féministe mais privilégie l'émotion, la justesse psychologique.

Babel, 2009 - 126 pages - 6,50€

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Et pour rappel, le roman qui m'a fait connaître Madeleine Bourdouxhe : La femme de Gilles (2004)

femme_de_gillesMilieu ouvrier, Nord de la France. Elisa est mariée à Gilles, ils ont deux petites filles, attendent un troisième enfant. C'est l'amour tranquille, le cocon familial idyllique, Elisa est amoureuse de Gilles, et réciproquement.

Puis, le drame : Gilles a une aventure avec Victorine, la soeur d'Elisa. Elle s'en rend compte comme ça, en le "sentant" et forcément ça la bouleverse mais elle préfère se taire. Par peur de perdre l'amour de Gilles. Alors elle prend sur elle, prête une oreille attentive, confidente et compréhensive, jamais elle ne pipe mot, seul le lecteur a conscience de sa souffrance.

Son côté "bobonne" fait bondir ! On s'insurge contre le mari adultère, la soeur intriguante, contre les gens qui pensent qu'elle "ne vaut pas mieux si elle accepte sans rien dire", contre la mère qui blâme sans tout savoir... On plaint beaucoup Elisa, on a du mal à comprendre son chemin de croix, son martyr silencieux. C'est beau, tout cet amour ? Oui, surtout quand Elisa répond que "sans amour je ne suis rien", et puis "à quoi sert de vivre sans cet amour". Oui, à quoi ça sert ?

Ce roman, c'est l'histoire d'une dévotion. Une histoire de totalité, d'égoïsme et de goujaterie. C'est fort, sensuel, dramatique et émouvant. C'est un roman qui a été publié en 1937, remis au goût du jour grâce au cinéma, et c'est un miracle de constater que ce livre n'a pas pris une ride !

Actes Sud, 2004 - 154 pages - 13,50€

A voir : La femme de Gilles par Frédéric Fonteyne, avec Emmanuelle Devos dans le rôle d'Elisa, mais aussi Clovis Cornillac (Gilles) et Laura Smet (Victorine).

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et un peu de musique... Piers Faccini :

 

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5 avril 2009

Un swing parfait ~ Jean Paul Nozière

swing_parfait_2Le Village est un projet implanté par Antoine Jeunet, un redoutable homme d'affaires, qui a imaginé un lotissement de résidences pour riches, cerclé par une rempart, protégé par un gardien à l'entrée, avec barrière pour entrer et sortir. C'est un modèle copié sur un mode de vie américain, mais à Sponge, près de Dijon, l'idée chatouille.

Dans la famille Jeunet, il y a la mère, Manon, femme passive et transparente, très lasse de sa vie de couple. Antoine est un homme tyrannique, exigeant et mysogyne. Et puis il y a Elena, une belle plante de seize ans, solitaire et discrète, qui est folle amoureuse du fils de gardien, Lucas Porato. Un jour, un individu se présente en poussant le cri de la chouette. Le sang d'Elena se glace aussitôt, c'est un signe : son frère Ugo est de retour.

Depuis six ans, le garçon a fugué. Il n'en pouvait plus d'être une marionnette entre les mains de son père, qui attendait de lui d'être un champion de golf. Ugo revient au bercail, il a vingt-deux ans, ses traits ont changé, mais pas seulement. Il est devenu plus agressif, plus violent, plus aigri. Six années à zoner vont rendent différent. N'attendez pas d'autre explication.

Qui est ce garçon qui ressemble à son frère, mais qui pourtant est si différent de lui ? Peut-on se fier au jugement de ses souvenirs, s'accrocher à une quelconque espérance pour satisfaire les apparences ? Elena observe, elle n'est pas la seule. Marc Porato, le gardien, qui était un ancien flic, se pose aussi de plus en plus de questions.

L'histoire est racontée en multipliant les points de vue, en alternant le présent et le passé. La mise en scène sait instaurer d'office un climat de suspicion, le cadre du Village est en lui-même un vase clos, les sentiments étouffent, les passions sont exacerbées. Normal que le lecteur se sente aussitôt interpellé, et qu'il croit deviner d'avance, et pourtant il ne sera pas au bout de ses surprises ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance du roman, très tendue, en plus d'être langoureuse (c'est l'été, il fait très chaud). La fin est peut-être un peu trop précipitée, les passions amoureuses trop vite amorcées, malgré tout j'ai été séduite par cette histoire renversante. Et puis j'ai lu ce roman d'une traite, parce qu'il vous impose ce besoin de ne pas décrocher avant la fin.

Syros, coll. Rat Noir, 2009 - 192 pages - 12€

le site de l'auteur : http://jpnoziere.com/index2.htm

5 avril 2009

Il n'y a pas de petits lecteurs ! #5

Un truc sur un machin, texte de Bernard Friot
illustrations de Christian Guibbaud

 

truc_sur_machinTous les enfants connaissent monsieur Friot grâce à ses Histoires pressées. Texte court et propos rigolo assurent un succès prouvé et approuvé auprès de tous les jeunes lecteurs !

Les Petits poèmes mécaniques reprennent le même principe. Il suffit de s'inspirer d'une comptine, d'y glisser fantaisie et plaisir, puis de s'en aller librement, de laisser champ libre à la création verbale et musicale, puis d'écouter, de s'étonner, d'exploser de rire.

On voit une poule qui en a marre de picoter du pain dur et qui veut de la brioche, danser sur un air de rumba et boire du coca-cola. Ou un steack haché danser le tango avec une escalope de veau. Une calculette amoureuse d'un boeuf. Un trappeur de l'Alaska partir à Copacabana bronzer de haut en bas. Ou encore, un corbeau sur un dictionnaire réciter ses règles de grammaire.
Et ainsi de suite.

Au total, une dizaine de petits poèmes dansent la farandole et s'amusent sur les créations complètement insolites et drôles. C'est très agréable à lire à haute voix ! 
Et c'est aussi le genre d'exercice qui pourra facilement être reproduit à l'école.

Milan Poche Cadet, 2009 - 40 pages - 5,20€
dès 6-7 ans

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Le secret des tutus truqués, texte de Gérard Moncomble
illustrations de Christophe Merlin

secret_des_tutusDe l'art de découvrir une nouvelle série pleine de panache !

Dix jalouses, une qui panique, une qui ronchonne. Sans oublier le roi des manettes. Un type pas net ! Treize coupables possibles !

Un soir à l'Opéra, Félix File-Filou s'enthousiasme à l'idée d'assister à un ballet. Malheureusement, le programme est annulé car il y a disparition de tutus ! Toutes les danseuses se posent des questions. Le mystère s'épaissit, mais le détective FFF prévient la directrice, Mme Gavotte, de retenir son public car le spectacle va bientôt reprendre.

Ni une ni deux, notre ami va résoudre cette affaire de tutus truqués !

Héros récurrent, Félix File-Filou ou le détective FFF est brillant, drôle, talentueux, élégant (avec sa casquette "Deerstalker" et sa cape "Inverness" comme Sherlock Holmes !). Le ton de Gérard Moncomble  est enlevé, très agréable à lire, en plus les illustrations de C. Merlin sont un régal pour les yeux.

Ma fille regrette juste que ce soit trop court ! 

Milan Poche Benjamin, 2009 - 24 pages - 4,90€
dès 6-7 ans

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Alice au Maroc, texte de Caryl Férey

alice_au_marocLa mère d'Alice est géographe, actuellement sur un chantier au Maroc. Elle voit son retour retardé de quelques semaines, suite au décès d'un de ses collègues, dont la mort ne serait pas accidentelle. La police ouvre une enquête. Alice et son père choisissent de la rejoindre pour les vacances, et embarquent avec eux la meilleure amie d'Alice, Atika. Or, à peine arrivée au Maroc, lors d'une représentation d'un montreur de serpents, Atika est enlevée sous les yeux de sa copine qui alerte ses parents. En compagnie d'Hamed, un jeune géologue de vingt ans, ils poursuivent les kidnappeurs jusqu'au fin fond du désert, chez un propriétaire de figuiers.

Cette enquête débordante d'enthousiasme et d'action est bien menée par la plume de Caryl Férey, qui est aussi un auteur fort apprécié dans la collection Série noire (cf. son roman Zulu sélectionné pour le prix des Lectrices de Elle). Je fais sa découverte grâce à ce roman policier qui s'adresse en fait aux plus jeunes (10 ans et plus), mais cela n'empêche pas de me voir conquise. Il réussit l'exploit de mêler un cadre dépaysant (le Maroc, avec sa vallée des Roses, l'Atlas, la médina, la place Jemaa-el-Fna, le riad etc.) à une intrigue habilement troussée, teintée d'écologie.
Ce roman ne s'adresse pas aux grands amateurs de polars et romans noirs, qui risqueraient d'être frustrés par le rythme très linéaire de l'intrigue, mais aux enfants de 10 ans, qui débutent dans le genre. Ils apprécieront les personnages sympathiques et la plongée sur le terrain d'un pays au charme envoûtant (pour rappel, le Maroc).

Syros, coll. Souris Noire, 2009 - 144 pages - 5,90€ 

3 avril 2009

Boomerang ~ Tatiana de Rosnay

 

Mélanie voulait dire quelque chose à son frère, Antoine, lorsqu'elle a eu cet accident de la route. Ils rentraient de Noirmoutier, une escapade surprise pour célébrer les quarante ans de la jeune femme, ils étaient bien, sereins. C'était la première fois qu'ils y retournaient, depuis l'été 73.
A l'époque, Antoine et Mélanie avait dix et six ans. Un an après, ils perdaient leur maman. La très belle Clarisse, brune, une sourire éclatant, une silhouette fluette. Foudroyée par une rupture d'anévrisme. Cette perte a brisé toute une famille qui s'est enfermée dans le secret.

Antoine comprend qu'il n'a jamais soigné les blessures du passé et que son chagrin est resté une plaie béante. Il est aujourd'hui un homme défait, il s'en rend compte. Marié puis divorcé, architecte à Paris, dégoûté par son associé. Toujours amoureux de son ex, jaloux de l'homme qui a pris sa place, et père dépassé par des enfants devenus adolescents. Il subit sa vie plutôt qu'il ne l'entreprend. Il a d'ailleurs le corps lourd et engraissé par quelques kilos en trop.
Et pourtant, à Nantes, vient une rencontre impromptue avec une superbe gazelle brune, élancée, avec des yeux dorés, et qui roule en Harley. Il s'agit de la très crâneuse Angèle Rouvatier.

boomerang

De la passion dévorante, il y aura !
Des secrets de famille, des larmes et des révélations, il y aura encore !
Et un homme, qui tenait debout par miracle, va apprendre à se redresser pour de bon, à camper sur ses deux jambes, à bomber le torse et à ranger sa panoplie de Droopy au placard ! (ouf)
Dans ce roman où on comprend que l'amour donne des ailes, et qu'un simple baiser peut offrir un vrai souffle de vie, Tatiana de Rosnay déjoue les lignes du destin pour permettre à son héros masculin de s'échapper d'une prison et de se libérer de la douleur.

C'est très long, près de 400 pages à parcourir dans un souffle, avec beaucoup de langueur et de mystère pour commencer, puis une vraie tornade émotionnelle vient abattre vos remparts de défense. Comme Antoine, on se prend le boomerang du passé (et de la vie !) en pleine figure, ça fait un mal de chien, surtout quand on comprend que la mort est partout, elle surgit sans prévenir, et pas seulement sous les traits d'une Morticia très sexy. Quel électrochoc aussi ! On saisit vite qu'il faut souffrir pour mieux avancer. Car dès le début, on n'en peut plus de savoir, on ne souhaite plus se contenter des miettes laissées par une image floue et fuyante, celle de Clarisse, tellement fascinante par ses énigmes !

Et plus, encore...

Pendant la lecture du roman, j'ai fredonné deux mélodies, d'abord Angie... puis Comme un boomerang. Parce que, Je sens des boums et des bangs Agiter mon cœur blessé L'amour comme un boomerang Me revient des jours passés C'est une histoire de dingue Une histoire bête à pleurer !

Editons Héloïse d'Ormesson, 2009 - 377 pages - 22€
traduit de l'anglais par Agnès Michaux

c'était sans savoir, mais Laure en parle en même temps que moi !!! ^_^

l'avis de cuné

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A signaler, la sortie en format poche de MOKA : moka

Une émouvante histoire du combat d'une mère pour sauver son fils, plongé dans le coma, après avoir été renversé par une voiture qui a pris la fuite, et cette maman fera tout pour retrouver le coupable (on la comprend !).

J'ai lu ce roman en décembre 2005 (huuuu !) et je me souviens d'un goût de café, le moka... on s'en doute, mais aussi de Depeche Mode. Lisez, vous comprendrez.

Livre de Poche, 2009 - 6,50€

3 avril 2009

Il n'y a pas de petits lecteurs ! #4

Zoé Tout Court, C.M. Harper
Ecrit et illustré par Charise Mericle Harper

zoe_tout_court

Elève de CE2, Zoé Stewart fulmine car, dans sa classe, il y a 4 autres Zoé ! La maîtresse a choisi de les distinguer en précisant l'initiale de leur nom de famille. Mais Zoé riposte et suggère d'être appelée Zoé tout court, sans se douter qu'elle allait être prise au pied de la lettre, et devant toute la classe, humiliée et désemparée, Zoé devient Zoé Tout Court. Fin de la discussion.

Dépitée, la fillette se rend chez sa voisine, Augustine Dupré, une hôtesse de l'air d'origine française, qui lui raconte une histoire encore plus triste pour la consoler. Dans le quartier, Mme Luther (une enseignante pour les plus grands) vient de se casser la jambe et porte un plâtre de couleur rouge. Or, son chat Chiffon ne veut plus rester cher lui car il a peur du rouge. Pour réconforter Mme Luther, Zoé imagine d'envoyer des cartes postales avec la photographie du chat Chiffon dans des situations originales... l'idée est brillante, mais les conséquences ne seront pas celles espérées. De quiproquos en situations loufoques, voire inattendues, l'histoire s'annonce pleine de délicieuses surprises !

Voilà un livre à mi-chemin entre le journal intime et le carnet de notes, truffé d'illustrations rigolotes et qui raconte, avec esprit et humour, la petite vie d'une américaine de 8 ans. 
Ce ravissant livre à la couverture rose va enthousiasmer vos enfants, on y trouve, pêle-mêle, des aventures pleines de rebondissements, des personnages auxquels nos enfants peuvent s'identifier aisément, des situations cocasses, de l'imagination et de l'intelligence, le tout saupoudré de charme, d'élégance, d'humour et ... que sais-je encore ?

Zoé est une petite fille qui aime les émissions de divertissement, du style Héros d'un jour. Forcément celui lui donne des idées, et pas seulement pour dessiner des bandes dessinées, elle s'imagine accomplir des miracles grâce à des super pouvoirs (ici, l'empathie) pour devenir un superhéros du quotidien (en attendant, on se contentera d'une Amélie Poulain en culottes courtes...). Non, ce n'est pas gnan-gnan ! Pas complètement dingue non plus. C'est BIEN !
Ce livre a remporté un franc succès à la maison. Il est le premier tome d'une série qui s'annonce gaie, colorée et pétillante.
(Le tome 2 sort en mai 2009 !)

Nathan, 2009 - 160 pages - 8€
Couverture cartonnée
Traduit de l'anglais (USA) par Anne Delcourt
 

just_grace

Apprécié par notre petit comité de lecteurs ! ;o)

2 avril 2009

En poche ! #24 : Le mec de la tombe d'à côté

« Méfiez-vous de moi !
Seule et déçue, je suis une femme dont la vie sentimentale n'est pas très orthodoxe, de toute évidence. Qui sait ce qui pourrait me passer par la tête à la prochaine lune ?
Vous avez quand même lu Stephen King ?
Juste là, je suis devant la tombe de mon mari, assise sur un banc de cimetière vert bouteille lustré par des générations de fesses, en train de me monter la tête contre sa dalle funéraire.
»

le_mec_de_la_tombe

Désirée a 35 ans, elle est trop jeune pour être veuve. Benny en a 36, il est célibataire et agriculteur. Tous deux se rencontrent au cimetière, ils sont assis sur le même banc et c'est sur un délicieux malentendu que commence leur histoire. Il a suffi d'un sourire, mais pas n'importe lequel..., pour que Désirée et Benny tombent dans les bras l'un de l'autre. Et ainsi naît une passion dévorante.

Ce roman a tout pour lui : il est romantique, fou, actuel, coquin, humoristique, cocasse et virtuose ! Il parle d'amour, mais aussi de la difficulté des couples à accorder leurs violons, grâce à des personnages mémorables et adorables (Désirée est bibliothécaire, citadine, indépendante et cultivée ; Benny travaille la terre, s'occupe de ses vaches, il vit dans la maison de ses parents, qui est vieillotte, sale et en pleine campagne, et il lit un livre par an).

Et malgré tout, c'est une histoire d'amour, une vraie, qu'on va suivre. Avec les bons moments et les versants glissants. Rien de sérieux, du genre prise de tête ! Et pas trop de miel, ni de clichés écoeurants. Non, c'est franchement drôle. Simple. Un vrai coup de coeur.

ENFIN DISPONIBLE EN POCHE !!!!

Le mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti

Babel, 2009 - 254 pages - 7,50€

roman traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus

*****

Mon coup de coeur de l'année 2006 : j'en parlais ICI !

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