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Chez Clarabel

7 novembre 2010

Lecture du soir #1

Je suis allongée depuis à peine cinq minutes que se pointe un garçon des CEP : classes des enfants précoces, rebaptisées par nous "classes des bouffons". Je fais mine de dormir parce qu'il est hors de question que je lui donne le moindre espoir de sympathiser avec moi.
J'entends le deuxième lit qui grince et je sens une odeur qui couvre celle d'eau de Javel de l'infirmerie. Et pour couvrir l'eau de Javel, il faut mettre le paquet.
En l'occurence, le paquet, ce sont ses chaussettes.
- T'as quoi exactement ? me demande-t-il.
Cet enfant précoce est peut-être un festival de neurones à lui tout seul, mais côté physique, ça laisse à désirer. Petit, gringalet, boutonneux et chaussettes pourries en prime, il coche toutes les cases. J'ai pas franchement envie de lui faire la conversation, alors histoire de m'en débarrasser une bonne fois pour toutes, je lance :
- J'ai un indien dans le jardin.
Evidemment, je m'attends à ce qu'il ouvre des yeux ronds comme des billes. A la place, il s'agite sur son lit, ce qui fait remonter l'odeur de ses chaussettes jusqu'à mon nez, et il déclare :
- C'est drôle, parce que moi, j'ai une grenouille affamée dans la tête ! Elle saute, elle saute jusqu'à ce que je lui trouve un truc à manger ! Et j'te jure sur la vie de ma mère que c'est épuisant !
C'est pile à ce moment-là que je découvre ses yeux d'un vert gazon. Des yeux tellement incroyables qu'ils pourraient me faire oublier la guirlande de boutons qui clignotent tout autour.
- La prochaine fois que tu verras ton Indien, compte les plumes sur sa tête. Chaque plume représente une épreuve remportée haut la main, comme tuer un bison, communiquer avec les esprits. Alors si ton Indien est tout déplumé, c'est que c'est un naze.
Puis il enchaîne en me disant qu'il s'appelle Youssef et qu'il est une sorte d'Indien avec son QI gros comme un oeuf de pintade qui l'encombre au moins autant que des plumes sur la tête.

extrait de : Un indien dans mon jardin, d'Agnès de Lestrade IMG_0722

Ce petit roman est génial, très drôle, il raconte l'histoire farfelue d'un homme - le papa de Mia - qui se réveille un matin en se prenant pour un Indien. En fait le problème est plus profond et la conséquence de vieilles plaies mal cicatrisées. Quand il était plus jeune, le papa de Mia a vécu quelques mois dans une réserve de la tribu walla-walla aux Etats-Unis, et ce après la mort de ses parents. Les années ont passé,  il n'a jamais pu oublier sa tribu et constate aussi qu'il n'a pas totalement fait son deuil. Il a donc besoin de chercher un signe, au coeur du cercle magique, afin de boucler la boucle (soulager sa conscience, en somme). Cela perturbe toute la famille, la vie sera chamboulée pendant un mois, pas de souci, chacun y mettra du sien, quitte à trouver des excuses bidons pour écarter les copains et les voisins trop curieux. Même tatie Ronchon, qui n'est pas née de la dernière pluie, rendra un grand service à tous en dévoilant sa moitié que personne n'avait jamais vue.
Ce petit roman est absolument charmant et étonnant car, sous l'humour, il vous raconte des tas de choses : Parfois, même les mots, ça fait trop mal. Ou parfois les signes sont juste sous nos yeux, il suffit de savoir les regarder.
C'est une jolie lecture qui parle des angoisses des parents vues à travers le jugement (ou l'inquiétude) des enfants, des signes qui surgissent sans crier gare (un bouquet de fleurs dans les bras, des yeux vert gazon), du soutien familial, de tendresse et d'espoir. Et en prime une nouvelle expression pour dire un truc bizarre : Y'a un Indien dans le jardin !

Dacodac du Rouergue (2010) - 57 pages - 6€

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6 novembre 2010

Cathy's Ring ~ Sean Stewart & Jordan Weisman

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C'est le dernier livre de la série, après Cathy's Book et Cathy's Key. Cathy possède l'arme fatale : le sérum qui rendrait la mortalité aux immortels, et devient ainsi la tête à abattre. L'Ancêtre Lu envoie des tueurs à ses trousses, la jeune fille flippe lorsqu'elle découvre des cadavres sous sa fenêtre, et ne se doute pas de l'identité de son mystérieux garde du corps. (La découverte ne cessera de l'étonner !) Après plusieurs pages de flottement, Cathy, complètement paumée, choisit de quitter la ville pour protéger ses proches, mais sa bande de potes intervient à temps pour lui taper sur la main. Ensemble, ils montent un plan d'attaque pour affronter des criminels suréquipés et surentraînés. Et surtout, tenir en échec l'Ancêtre Lu, un vieux dingue qui tue tout ce qui bouge.

Côté coeur, Cathy n'est pas mieux lotie, elle est partagée entre Denny et Victor. Mais s'agit-il d'une simple attirance pour le frère de sa jumelle diabolique (Jewel) ou d'une échappatoire, puisque toute relation avec Victor est passablement impossible !? Heureusement l'histoire ne s'appesantit pas en atermoiements amoureux. Il y a plus sérieux à résoudre, même si l'action est plutôt lente, l'histoire piétine et se boucle en un dénouement facile et un poil complaisant. (Mais heureux aussi, donc je suis contente.)

Globalement, j'ai trouvé que le livre manquait de peps, mais je n'ai pas été déçue non plus. Cette série a su révéler une héroïne avec beaucoup d'humour et un vilain caractère de fonceuse irréfléchie, j'aime beaucoup Cathy, son histoire a été attachante et parfois inattendue, dans l'ensemble elle a bien su mener sa barque, même quand ça partait dans tous les sens. Quant à l'emballage cadeau, en fait un accessoire de marketing sans grande utilité, je trouve ça joli (la couverture noire cartonnée) mais j'ai passé l'âge de jouer avec les documents en bonus.

Cathy's Ring ~ Sean Stewart & Jordan Weisman
illustrations de Cathy Brigg
Bayard jeunesse, 2010 - 196 pages - 15,90€
traduit de l'anglais (USA) par Pascale Jusforgues

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5 novembre 2010

Azilis : Le Sortilège du Vent

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J'étais particulièrement anxieuse avant de lire ce 3ème et dernier tome de la série, soucieuse de la fin que je pressentais injuste mais inévitable, angoissée de ne plus retrouver Kian, qui est parti en brisant le coeur d'Azilis (et le mien), et parce que la jeune femme est également ensorcelée par Myrddin, ce barde au charme si troublant. Ses enseignements lui valent toute l'estime et l'admiration de l'enchanteresse, en échange elle a promis de se donner à lui, oui elle a osé, mais avant cela il faut qu'elle retrouve Ninian, elle a rêvé de lui, enchaîné comme un esclave, et seul Myrddin peut l'aider.

Leur relation n'est pas simple, Azilis est également tombée amoureuse de lui, or une partie d'elle se refuse toujours, ne veut pas croire à la sincérité du barde. Sa magie est trop puissante, flirte avec les interdits, peut-être a-t-il abusé de sortilèges inavouables pour la séduire ?

De son côté, Kian est plus taciturne que jamais. Il a suivi Arturus jusqu'en Cornouailles afin de rallier les roitelets de la région, la tâche est rude, la menace d'une invasion n'est jamais loin, et c'est ce que recherche le jeune homme, à braver la mort pour mettre un terme à ses souffrances morales. Un voile funeste entoure chacun de ses trop rares passages dans ce livre, c'est déconcertant.

C'est probablement le tome le plus enivrant de la série, même si chaque roman m'a passionnée. Je crois que la sensation d'aboutissement a eu pour effet de me griser, hélas la fin arrive beaucoup trop tôt, les événements se précipitent, cet empressement me dérange, mais puis-je contester ? Non, bien sûr. Valérie Guinot a eu parfaitement raison d'en arriver là. Cette fin est pleinement satisfaisante. C'est un déchirement de quitter cet univers qui était devenu familier et attachant, m
ais la suite appartient à l'histoire et aux légendes. Azilis, Niniane, Kian, Myrddin... Ils ont été les acteurs d'une formidable épopée, romantique et chevaleresque. J'ai adoré suivre leurs parcours, j'ai vibré à leurs côtés, c'était magique ! Et je pèse mes mots...

( A noter : Bladelor, la coupable...)

Azilis, tome 3 : Le Sortilège du Vent - Valérie Guinot
Rageot (2010) - 400 pages - 16€
couverture : Stéphanie Hans

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4 novembre 2010

Mauvaise Graine - Orianne Charpentier

mauvaise_graineAprès La petite capuche rouge, Orianne Charpentier nous raconte l'histoire de Jérémy, un garçon de quinze ans, pas très grand, pas bon à l'école, un peu mal dans ses baskets, et qui n'aime pas du tout sa vie tout en rejetant la faute sur ses parents. Chez eux, c'est triste, c'est gris, c'est petit. Même les repas de Noël sont surfaits, ça sent l'étroitesse et l'ennui.

Jérémy a beau vivre à la campagne, avec des champs à perte de vue, il étouffe et il a besoin d'espace. En fait, il a du mal à s'accepter et passe à côté des choses importantes, ou essentielles. Il ne voit pas l'inquiétude de ses parents, ou trop tard. Il ne comprend pas ce que cache la mine soucieuse de son père, les commentaires acides de la voisine, ne supporte plus les bavardages de sa soeur aînée, qui suit des études à Paris, et qui sans le savoir l'écrase encore plus, le faisant se sentir minable et incapable.

Quand Jérémy découvre la maladie de son père, son comportement aussi va changer. Il va s'intéresser à la vie des siens, aimer ce qui l'entoure, ne plus espérer l'impossible, se rapprocher de Méthilde, qui est belle, intelligente mais impossible à amadouer. C'est d'ailleurs un prolongement de la même petite bande aperçue dans le précédent roman d'Orianne Charpentier, il y a Sarah et Léopoldine aussi, et j'espère qu'à leur tour elles auront leur mot à dire dans d'autres romans.

Car l'auteur possède beaucoup de finesse pour décrire l'adolescence en perte de vitesse, pour raconter l'errance, les doutes et les angoisses de l'âge ingrat. Cela me rappelle aussi le roman de Martin Page,
Le club des inadaptés, parce que c'est une histoire quasi universelle, celle de jeunes gens qui manquent de confiance en eux et qui n'ont pas encore trouvé leur place. La maladie sert de prétexte pour mettre à plat tout ce qui va de travers et permettre ainsi au garçon de quinze ans de moins se regarder le nombril et de s'assumer un peu mieux. Je trouve juste un peu dommage le choix de cette couverture, les illustrations de Sébastien Mourrain me manquent !

Gallimard, coll. Scripto (2010) - 135 pages - 7,50€

« J'ai peur d'être comme ces champs que nous traversons. De rester là immobile pour toujours, entre mon village et la forêt, à regarder le blé pousser et les nuages s'enfuir, sans que rien ne change jamais pour moi. J'ai peur de voir tous les gens que j'aime me quitter un à un sur les ailes du vent, pour aller voir ce qu'est le métro de Paris ou le Sahara, et que leur vie ressemble à un grand courant d'air qui passerait trop loin. »

« Je venais de découvrir que la vie, ma vie, changeait selon les mots que je trouvais pour la décrire. Ce n'était pas une question de mensonge, c'était une question de point de vue. Au bout d'un moment, j'ai décidé que je n'étais pas un garçon de quinze ans parmi des grands champs vides : j'étais un garçon de quinze ans avec un ciel immense au-dessus de lui. »

3 novembre 2010

Le Secret de l'Ange - Les Vampires de Manhattan #5

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Jack et Theodora sont en fuite, quelque part dans la campagne italienne, alors qu'ils croisent un groupe de villageois à la recherche d'une jeune fille disparue et proposent leur aide. A New York, Mimi Force, devenue la Régente, panse ses peines avec amertume, quand une vidéo publiée sur le net vient mettre le feu aux poudres. Une étudiante de Duchesne aurait été kidnappée, ses jours sont comptés, son agresseur menace de la brûler vive et de révéler l'existence des vampires. Pour l'occasion, Mimi se lie avec Oliver, le familier de Theodora, et convoque la Venator Deming Chen, une nouvelle venue dans cette saga, pour résoudre cette enquête ô combien fumeuse.

Ce cinquième tome n'est pas le plus palpitant de la série, mais en tant que maillon, il est important pour avancer et en apprendre plus sur les Pétruviens, l'héritage des Van Alen, le sort de Kingsley, le lien brisé entre les jumeaux Force, l'Etoile du Matin, le triglyphe et j'en passe. Sans oublier toutes ces histoires de disparitions, loin d'être le fruit du hasard, elles sont là pour alimenter l'intrigue globale, et non pour faire diversion.

La série ne ressemble plus à celle qu'elle était à ses débuts, les récents événements ont beaucoup chamboulé le paysage originel, les personnages vont et viennent, certains ne seront plus, d'autres ont laissé leur place au profit de nouveaux venus, comme la super-détective vampire, Deming Chen. Ainsi les horizons s'élargissent, enrichissant l'histoire et ses enjeux, brouillant volontairement les pistes, sans apporter de réelle solution.

Le Secret de l'Ange n'apporte en effet pas beaucoup de réponses à toutes nos questions, voilà pourquoi je pense qu'il met en place le prochain tome qui aura la lourde tâche de démêler l'écheveau entre Theodora, Jack et Mimi (et pourquoi ne pas trouver un miracle pour Kingsley). Les Sang d'Argent reviendront aussi sur le devant de la scène, puisqu'eux non plus n'ont pas été très présents dans ce livre, même si la menace plane toujours. Et je ne doute pas que la brillante Deming jouera un rôle majeur à l'avenir, quitte à remplacer l'un ou l'autre des protagonistes déjà en place. En attendant, rendez-vous est pris à Alexandrie, où tout ce petit monde semble se diriger sans s'être concerté, mais il faudra encore patienter une année pour assister au feu d'artifices !

Le Secret de l'Ange - Melissa de la Cruz
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 295 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

 

 

Et la fameuse vidéo qui sert aussi de trailer :

 

Misguided angel hangin' over me
Heart like a Gabriel, pure and white as ivory
Soul like a Lucifer
Black and cold like a piece of lead
Misguided angel, love you 'til I'm dead

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2 novembre 2010

Là où j'irai - Gayle Forman

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Voilà la suite la plus attendue de l'année !!! En 2009, ma plus belle émotion m'avait été donnée par Si je reste, de Gayle Forman. Rappelez-vous, Mia et Adam, un accident de voiture, une famille brisée et une jeune fille qui ne sait plus s'il lui faut rester ou partir avec les siens... C'était beau, c'était fort mais ce n'était pas assez. Aussi, l'auteur a exaucé nos prières muettes et a écrit la suite de leur histoire, trois ans après.

Et c'est là que notre coeur se brise, car Mia et Adam ne sont plus ensemble ! Leurs chemins se sont séparés : elle est partie à New York pour ses études, elle n'a plus jamais donné de nouvelles. Aujourd'hui elle est en train de devenir une violoncelliste de renom et donne un concert au Carnegie Hall. De son côté Adam a propulsé son groupe de rock sous les feux de la rampe, c'est la consécration mais notre rocker n'est point satisfait. L'histoire, cette fois, nous est donc reportée par son intermédiaire, et rien que pour ça, cela vaut toutes les danses de la joie, car Adam est un garçon formidable !

En cette soirée d'août, Mia et Adam vont se revoir par le plus grand des hasards, ils vont passer une nuit à parcourir les rues new-yorkaises, tout en tournant autour du pot. Pas une fois ils n'aborderont le passé, même si le malaise est palpable, Adam notamment voudrait crever l'abcès mais ne s'en sent pas capable. On le découvre amer, torturé et meurtri par la rupture, encore à fleur de peau, partagé entre la colère et la rancune. Il est donc nécessaire que notre petit couple se parle vraiment.

Mais avant d'en arriver là, Gayle Forman fait appel aux flashbacks pour tisser sa toile, pour parler de la vie qui a filé pendant ces trois années, et nous rappeler l'amour fou et véritable que nourrissait Adam pour Mia. C'est si touchant, j'en avais des papillons dans le ventre (la première fois où ils sont partis camper, par exemple), et cela alimentait d'autant plus mon incrédulité et mon envie de savoir pourquoi, mais pourquoi, hein, Mia !?!

Lorsque les langues se délient, et les larmes coulent, c'est toujours aussi fort et aussi bon. C'est une délivrance pour tout le monde, mais ça ne signe pas le point final, au contraire c'est toujours si mouvementé, comme les montagnes russes, et ça continue, encore et encore, rien n'est jamais gagné, mais qu'est-ce qu'on reste scotché jusqu'au bout, le coeur débordant d'espoir. Je n'en dis pas davantage, mais Adam je t'aime d'amour. C'est tout.

Là où j'irai - Gayle Forman
Oh ! Editions (2010) - 280 pages - 16,90€
traduit de l'anglais (USA) par Marie-France Girod

Je rappelle un passage du livre précédent, parce qu'il dit tout et parce qu'il me donne les larmes aux yeux, rien que d'y repenser ... "If you stay, I'll do whatever you want. I'll quit the band, go with you to New York. But if you need me to go away, I'll do that, too. I was talking to Liz and she said maybe coming back to your old life would be too painful, that maybe it'd be easier for you to erase us. And that would suck, but I'd do it. I can lose you like that if I don't lose you today. I'll let you go. If you stay."
Gayle Forman (If I Stay)

Lu avec le casque sur les oreilles ... ce roman est également pétri de musique (du rock, du blues, du folk), j'adore !

 

Elle est partie pour la Juilliard School au début septembre. Je l'ai accompagnée en voiture à l'aéroport. Elle m'a dit au revoir, m'a embrassé. Et elle a déclaré qu'elle m'aimait plus que la vie même. Puis elle s'est avancée vers le portique de sécurité.
Elle n'est jamais revenue.

30 octobre 2010

En poche ! #33

 

 

 

* twistTwist, de Delphine Bertholon

Une fillette de onze ans est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant cinq ans, la petite Madison Etchart ne donnera aucun signe de vie. Elle s'est évaporée. Une Volvo noire a croisé son chemin, et zou. Plus rien. Les enquêteurs ignorent tout des circonstances, une cellule de crise est créée mais les maigres pistes aboutissent à des désillusions. A la longue, les parents de Madi se renferment mais ne veulent pas perdre espoir. Pour sauver sa peau, la mère écrit de longues lettres à l'absente, qu'elle ponctue d'un "N'oublie jamais que je t'aime", et se promet de les brûler le jour où sa fille rentrera.

Cette histoire, inspirée d'un fait divers, sait admirablement échapper au témoignage délirant et larmoyant - toute disparition d'un enfant est vécue comme un vrai cauchemar par les familles concernées. Or on ne lâche aucune larme, c'est incroyable ! J'avais personnellement peur de tomber dans une emphase déplacée, un climat malsain et éprouvant. J'ai eu l'agréable surprise de lire une histoire passionnante, écrite avec justesse et élégance. Le récit de la petite Madison, notamment, se révèle étonnant, charmant, plein d'humour et d'ironie. On côtoie ses heures de captivité, pas toujours drôles non plus, mais on échappe à toute névrose, toute affliction. C'est une lecture que je conseille pour sa vitalité et son message d'espoir. Cela parle aussi d'attente et d'amour, à un sens très large !

> en librairie le 18 août

* hors_jeuHors-jeu, de Bertrand Guillot

Jean-Victor Assalti est un Dominant, un jeune loup aux dents longues. Brillamment diplômé, il a connu une ascencion fulgurante dans sa boîte de com jusqu'au jour où tout s'écroule. Chômage, attente, désespoir, honte et sentiment d'humiliation. Il décide alors de s'inscrire à un casting pour un jeu télévisé. Lui qui pensait se moquer des autres se trouve bien à son propre piège...

« Hors Jeu » est le premier roman qui va vous convier dans les coulisses des jeux télé (rappelez-vous « La Cible » qui a remplacé la cultissime « Pyramide » sur France 2 !), et ce faisant, suivre l'entreprise d'un Rastignac des temps modernes, chassé de son sérail, et farouchement déterminé à reconquérir sa place au soleil. L'aventure de ce fier spadassin frise l'insupportable, l'insolence, c'est méchant et volontairement grinçant, mais on adore ça ! Drôle et agaçant,  bonjour l'esbroufe !

> en librairie le 25 août

* val_de_graceVal de Grâce, de Colombe Schneck

Situé dans un quartier parisien, le Val de Grâce était un appartement cossu, le lieu magique de toute une enfance, une bulle d'un autre temps, où l'on se sentait coupé du reste du monde. C'était aussi un monde enchanteur, anarchique, où les enfants évoluaient dans un brouhaha constant, sous la coupe bienveillante de Madame Jacqueline, qui lavait, repassait, reprisait et rangeait, cuisinait de la mousse et de la crème au chocolat. 

Au Val de Grâce, tout n'était qu'illusion et poudre aux yeux. Il fallait rendre la vie des enfants féérique, idyllique, douce et sans heurts. Chaque désir était comblé (danser avec Fred Astaire, apercevoir le monstre du Loch Ness, rencontrer le prince à Buckingham Palace, avoir un crédit illimité à la boulangerie).   

Ce furent vingt-trois années de rêve, et pourtant la narratrice a failli tout oublier. Sa mère vient de mourir, la voici face à son héritage. L'heure de solder tous les comptes.   

Le récit est tour à tour pudique, émouvant, drôle et attachant. L'auteur, pleinement consciente d'avoir vécu un rêve, adopte une lucidité franche et honnête, révélant aussi ce que ses parents ont toujours cherché à dissimuler, à expliquer leur exubérance comme une revanche sur la vie. C'est un roman touché par la grâce, qui reste simple et qui ne fait pas montre d'un trop-plein d'amour mièvre et écoeurant. Sa sensibilité le rend, au contraire, sincère et véritablement attachant.

> en librairie le 25 août

* appartement_temoinL'appartement témoin, de Tatiana de Rosnay

Il s'agit du tout premier roman de Tatiana de Rosnay ! Un quinquagénaire désenchanté, après un divorce douloureux, emménage dans un bel appartement moderne au coeur du VII° arrondissement. Des ondes énigmatiques l'assaillent, ainsi que la vision d'une belle et mélancolique pianiste qui semble hanter l'appartement. Le voilà parti de New York à Venise sur les traces de la mystérieuse inconnue ...

Déjà dans ce premier roman, Tatiana de Rosnay abordait des thèmes qui allaient devenir récurrents : la mémoire des murs. La quête de cet homme pour découvrir qui était cette pianiste ressemble à une course à perdre haleine, c'est vif et passionnant. Et même si le personnage manque de charisme, son histoire parvient à nous arracher de notre torpeur car les dernières pages sont plus que surprenantes !

> en librairie le 1er septembre

 

29 octobre 2010

Une si douce fureur, de Christian Authier

une_si_douce_fureurIl y a six ans, Valentine et le narrateur se sont aimés avant de se séparer. Ils se retrouvent par hasard. C'est plus qu'un signe, pour le narrateur cela signifie que Valentine est bel et bien la femme de sa vie. On parle alors de rencontre amoureuse et de plénitude sentimentale revêtues de leurs plus beaux atours, sauf que tout n'est jamais rose dans le meilleur des mondes... le narrateur l'apprend à ses dépens. Troisième roman de Christian Authier, "Une si douce fureur" a  été en fait ma première rencontre avec l'auteur. J'avais été tellement emballée que j'avais aussitôt voulu lire ses précédents romans (Enterrement de vie de garçon ; Les liens défaits). Jamais niaiseux, ce roman parle d'une relation amoureuse actuelle, ordinaire, avec ses hauts et ses bas. De très belles références accompagnent les pérégrinations du narrateur, et aboutissent sur une conclusion toute poétique : "J'ai perdu ma vie à t'oublier et à me souvenir de toi, à te fuir et à te poursuivre" (Octavio Paz). Un vrai hymne à l'amour, si vous en doutiez...

J'ai Lu, septembre 2010 - 4,20€

EXTRAIT :

" Ceux qui vivent dans les livres, par et pour les livres forment une race curieuse. Pourquoi se retrancher de la réalité et des vivants pour engloutir des centaines de milliers de pages écrites le plus souvent par des morts ou des inconnus que nous ne rencontrerons jamais ? A quoi bon refuser la "vraie vie", au profit d'histoires imaginées ou réinventées ? Pourquoi, parmi ces lecteurs frénétiques, certains jugent-ils bon parfois d'ajouter quelques pages aux bibliothèques déjà existantes ?
Tout simplement parce que nos existences et nos sentiments ne sont finalement justifiés que lorsqu'ils reçoivent l'onction de la fiction ou de la création littéraire. Les livres qui nous accompagnent sont des preuves précieuses. Ils nous confortent dans nos erreurs, nos doutes, nos croyances, nos colères, toute cette somme de mollesses et de crispations qui fait de nous des inadaptés. Ce sont les papiers d'identité de clandestins qui trouvent dans la compagnie des ombres que nous permettent les écrivains une franc-maçonnerie informelle. La littérature ne possède aucune valeur thérapeutique. Un temps, elle peut nous anesthésier, elle ne nous guérira pas de nos plaies et blessures. Ce n'est pas son rôle. Nous traînons avec des livres dans les poches et des phrases dans la tête. Pas dupes de cette fragile mais précieuse carapace, nous nous ébrouons dans une dimension parallèle, entre les vivants et les morts, entre notre réalité recomposée et celle, sèche et étroite, des autres humains.
C'est cet "état d'esprit" qui fait de nous des êtres à part, des réfractaires, des marginaux. "

 

28 octobre 2010

Azilis : La Nuit de l'Enchanteur

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Quelques 370 pages plus tard, je repose le livre et je me sens complètement vide. La faute à cette fin qui me fend le coeur, qui me laisse lourde, malheureuse, déchirée et impuissante. Valérie Guinot est elle-même une enchanteresse, elle possède le don de nous envoûter par les mots, et croyez-moi, c'est une arme précieuse et redoutable !

Ce deuxième livre s'ouvre donc, et contre toute attente, sur la fuite de Ninian, le frère d'Azilis, qui s'échappe de son monastère, accusé de vol et de crime. Pendant une centaine de pages, nous en apprenons plus sur lui, et surtout sur son extrême sensibilité, le fait d'avoir été le jumeau d'une soeur exceptionnelle et vénérée par tous, de n'avoir jamais su trouver sa place ni d'avoir eu le sentiment d'être compris par les siens. Ninian a cherché un refuge, pensant le trouver dans la religion, mais le garçon s'est leurré.

Azilis, de son côté, mène une vie heureuse et épanouie auprès de Kian, à Ynis-Witrin. Arturus et ses compagnons y font une brève escale, essentiellement par amitié, même si cela va entraîner des complications et de violents remous. Paralysé par une entorse, le dux est contraint de prolonger son séjour à la villa, tandis que Caius et Kian rallient les armées pour reprendre la cité de Portus Adurni récemment assaillie par les Saxons. Myrddin en profite pour se rapprocher d'Azilis, renouvellant sa proposition de lui enseigner ses secrets. Cela sent le piège, la manipulation, la magie... Malgré elle, la jeune femme est ensorcelée, et ce qui ne devait surtout pas arriver arrivera. C'est triiiiste !!!

Cette série est superbe, belle, captivante, elle possède un charme fou, son pouvoir de séduction est implacable, à tel point que vous ressentez ce que les personnages éprouvent - colère, amertume, ivresse, fascination, chagrin et j'en passe. De plus, si vous ne l'aviez pas encore relevé, il y a une histoire cachée derrière l'épopée d'Azilis, une romance où s'enlace une légende, radieuse et invicible. Je pressens une issue qui me laissera un grand vide au ventre...

Encore un extrait ?

Les lèvres du barde ne se posèrent pas sur ses lèvres, comme elle s'y attendait, mais à la naissance de son cou. Sa bouche glissa lentement jusqu'au lobe de son oreille, qu'il mordilla, puis le long de sa mâchoire pour se poser enfin sur sa bouche qu'il effleura à peine.
La peau d'Azilis était parcourue de frissons.
" Cette grotte est glacée, se dit-elle en serrant contre elle les pans de son manteau. Je vais attraper... "
Sa pensée s'arrêta net lorsque Myrddin l'embrassa réellement. Il tenait son visage entre ses mains, à genoux devant elle, sans la serrer contre lui. Pourtant, le contact de sa bouche sur la sienne avait réveillé le sentiment de fusion entre leurs êtres qu'elle avait éprouvé quand ils chevauchaient le vent.
Le coeur d'Azilis s'affola, son souffle devint plus rapide et moins profond, elle s'accrocha aux bras de Myrddin pour ne pas chanceler.
Ce fut quand il cessa de l'embrasser qu'elle s'aperçut que ses mains n'enserraient plus son visage mais sa taille. Il relâcha son étreinte et termina comme il avait débuté, en laissant glisser ses lèvres du coin de sa bouche à la base de son cou.
- Merci, dit-il dans un souffle. Ce baiser mérite tous les sacrifices.

Azilis, tome 2 : La Nuit de l'Enchanteur - Valérie Guinot
Rageot (2009) - 380 pages - 15€
couverture : Stéphanie Hans

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27 octobre 2010

Rouge Bala

En voilà un somptueux album ! Merci infiniment Cécile Roumiguière, et Justine Brax.

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Les illustrations sont magnifiques, les couleurs sont riches, l'oeil est captivé, il y a de la sensualité, de la douceur et de la chaleur derrière chaque page, c'est fascinant !

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Cécile Rouguimière, par ses mots, par sa sensibilité, par sa délicatesse et sa générosité, nous raconte une histoire touchante, une histoire qui parle de filles et de femmes dans ce beau pays qu'est l'Inde. Bala a douze ans, c'est une petite fille heureuse, qui croque la vie avec insouciance. Avec son frère et sa soeur, elle aime jouer près de la rivière et rêve du jour où le bateau d'un prince accostera pour les emmener tout autour du monde.

Lali a treize ans, un âge normal pour jouer, mais ses parents disent qu'à treize ans il faut se marier. Et la soeur de Bala noue un sari autour de son corps, un peu maladroitement, mais elle est si belle, ainsi parée de la plus riche des étoffes, brodée avec amour et fierté par son père. 

« (...) le repas aux mille saveurs, le passage de la procession de mariage, les musiciens et les danseurs avaient-ils transformé sa grande soeur en femme ? Bala avait interrogé sa mère, qui avait souri :
- Toi aussi, Bala... un jour viendra où tu te voileras de ton sari. »

Mais à bien y réfléchir, en découvrant aussi que les époux peuvent parfois se transformer en brute épaisse qui insulte leur compagne de ventre vide, Bala réalise qu'elle ne veut pas suivre le modèle de sa soeur. A douze ans, son corps est en train de changer, de quitter l'enveloppe enfantine. Et Bala rêve d'étudier, même si son père en a décidé autrement : une fille sans mari ne peut pas exister.

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C'est ainsi que se dessine ce magnifique portrait des filles et des femmes qui peuvent difficilement choisir leur destin, liées très tôt par leur père puis par leur mari. Mais l'histoire de Bala est aussi une histoire d'espérance, de force et de passion. Ce n'est pas un message martelé avec vigueur et moralité, c'est davantage en finesse que nous apparaît la prise de conscience de Bala, sa tendre volonté de mener un désir jusqu'au bout - lire, apprendre, compter. Son père non plus n'est pas un être buté, enfermé dans sa bulle de valeurs ancestrales. Le regard de la société pèse sur chacun, mais l'amour est une force qui vaut tous les courages.

C'est merveilleux, raconté sur le rythme des saisons, dans un cadre éclatant. Derrière l'histoire, se cache une réalité. Il n'y a point de naïveté ni de misérabilisme, la fiction dénonce mais n'enfonce pas. Bala est une héroïne fabuleuse, de toute beauté, et qui mérite toute notre admiration.

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Gaëlle aussi a été conquise !

Bala Rouge, de Cécile Roumiguière et Justine Brax
Milan jeunesse (2010) - 13,90€

NB : Les illustrations sont ici des reproductions personnelles, des aperçus d'une lecture qui n'appartiennent qu'à moi, merci de ne pas reproduire.

 

Réconcilée avec Raphaël... son dernier album me touche !

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