Les parents d'Elvis et Lili sont des flambeurs, des adeptes du casino et des jeux du hasard. Ils sont criblés de dettes, harcelés par les huissiers et menacés de saisie. Leur père a choisi de camoufler tous leurs biens dans une pièce cachée, derrière un faux placard situé dans la cuisine. Souvent absents, les parents laissent leurs enfants livrés à eux-mêmes, dans une maison totalement vide et désolante.
Lili s'ennuie et s'emporte contre le retour du Roi de Trèfle. C'est une voix intérieure qu'elle seule entend, qui la harcèle et qu'elle tente de chasser en prodigant un chapelet d'injures. Ce soir-là, pourtant, un visiteur s'annonce à leur porte : un homme immense, portant un costume blanc et le crâne rasé. Il se présente en tant que vendeur de cauchemars et trimballe une grosse valise grise.
La soirée s'annonce cauchemardesque, Elvis et Lili sont terrorisés. La fillette perd pied et a la tête farcie par son roi de trèfle. Les insultes pleuvent, l'homme rugit et menace de plus en plus de leur faire la peau. Mais pourquoi eux, pourquoi ?
On se croirait dans Freddy, le cauchemar de vos nuits. C'est diabolique, totalement effrayant, un huit-clos étouffant où l'angoisse monte crescendo. Comment deux enfants vont se sortir d'une situation sans solution ? C'est le flip assuré, 90 pages qu'on tourne avec un sentiment de fièvre.
Purement terrifiant !
Editions du Rouergue, DoAdo Noir - Octobre 2008, 92 pages - 6,50€
Junior, un indien Spokane de 14 ans et résidant dans la réserve de Wellpinit avec sa famille, est souvent la cible des balèzes et des crétins qui l'entourent. Il collectionne les tares physiques, mais surtout a un potentiel intellectuel qui le démarque de ses congénères. Son prof le remarque et le pousse à quitter la réserve pour entrer au lycée de Reardan. Cela signifie se rendre dans le bourg voisin, celui des Blancs !
Cela implique beaucoup de choses : faire honte aux siens, à sa communauté. Devenir le traître. Aussitôt son meilleur pote, Rowdy, lui crache au visage. Il n'est pas le seul à le renier, l'insulter et le tabasser au coin d'une rue. Junior en bave mais il veut s'accrocher, ses parents le soutiennent, la réalité de leur misérable vie ne peut que les inciter à souhaiter le meilleur pour leur fils. Et puis il y a la grand-mère Spirit, la plus sage et la plus philosophe de Wellpinit, qui sait donner les bons conseils.
Alors Junior suit son bonhomme de chemin : à Reardan, rien n'est simple non plus. Il est amoureux de la jolie Penelope, il met k-o un élève de terminale qui cherche à l'humilier, il réussit à intégrer l'équipe de basket, vomit avant toutes les compétitions et récolte un trauma crânien lors de sa première rencontre face à son ancienne équipe.
A Wellpinit aussi, il y a du malheur, on ne s'en lasse pas, mais mieux vaut en rire (on enterre mieux ceux qu'on aime dans un grand éclat de rire, paraît-il). Les catastrophes s'enchaînent, surtout vers la fin, mais le temps n'est plus à l'apitoiement. En fait, on regarde vers l'horizon, on pousse un grand soupir et on cogite.
Un roman qui porte bien plus loin qu'on le pense, et c'est un vrai régal ! Dès les premières pages, j'ai été séduite et touchée par Junior, son histoire est sordide, pas toujours gaie non plus, et pourtant on n'a pas du tout le moral dans les chaussettes. Il faut dire que l'histoire est racontée avec humour et comporte pas mal d'autodérision, ce qui décomplexe nos tendances à faire la grise mine. Et puis c'est un roman juste, qui ne fait pas dans la dentelle alors que Junior porte un jugement sur les indiens de la réserve, sur leur tendance à se réfugier dans l'alcool et la fainéantise, et sur la condamnation, presque jalouse, contre celui qui veut s'en sortir et qui semble commettre un acte de traîtrise (de quitter la réserve, quelle honte !).
Enfin bref, l'auteur a réussi un exploit à mettre dans la balance toutes ces considérations de valeurs et de place dans la société sans vilipender l'un plus que l'aure, l'histoire montre que tout le monde porte la responsabilité de ses erreurs. Et Junior apparaît comme un petit bonhomme courageux et trèèès attachant. J'ai aimé sa manie de gribouiller son journal, ses dessins sont cocasses et révèlent tant de vérités cachées... J'ai vraiment, vraiment apprécié ce qu'il y avait dans ce roman, c'est comme lire le journal d'un adolescent mal dans sa peau, avec une dose de tendresse et de cynisme, et surtout une volonté de ne pas accepter la fatalité. Junior est un gamin qui ne se plaint jamais, qui veut aller toujours plus loin, en se posant les bonnes questions, en reconnaissant que ce n'est pas rose tous les jours, après tout c'est la force d'y croire qui le fera sortir des situations les plus pathétiques. Toujours. En refermant ce livre, j'en étais plus que convaincue !
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz / Septembre 2008, 280 pages - 13€ traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec Illustrations de Ellen Forney
Tous les enfants connaissent la Foire aux nains. Elle a lieu les deuxième et quatrième mercredis de chaque mois sur une île. C'est un endroit épouvantable, qui sert aux parents désireux d'échanger leurs enfants pas sages.
La foire est tenue par le redoutable monsieur Braillard, qui est assisté par les Cousines Pinces et le Bec Perroquet. Ils peuvent vous déchiqueter les doigts si les enfants hurlent à la mort au départ de leurs proches et s'ils se cramponnent aux barreaux de leur prison.
Notre petite héroïne a été souvent avertie du risque et cette fois-ci ses parents passent à l'action. Elle ne se lave pas les mains, ne range pas son cartable et insulte son petit frère. Il est temps de la conduire à la Foire, c'est dommage, car ils s'entendaient plutôt bien avec elle et ne lui demandaient pas grand-chose... Il faut croire qu'elle se plaira mieux chez d'autres parents !
La gorge nouée et les larmes aux yeux, notre demoiselle est conduite devant monsieur Braillard et le Bec Perroquet, mais la petite hurle et supplie... Je vous promets que je serai dorénavant sage comme une image, que je...
Inutile de crier à la mort ! Ceci n'était qu'un mauvais rêve. La vie n'est-elle pas trop injuste ?
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Une couverture qui accroche, une histoire qui dérange et qui ose, un monde sombre et démoniaque, des idées effrontées et une morale qui n'en est strictement pas une, voilà le programme !
Premier album jeunesse pour Vincent Ravalec, totalement allergique au doux et au lisse, il impose une héroïne insolente, pas contente et énervée de sortir de son cauchemar, et qui s'emporte contre sa famille. C'est culotté, ça décoiffe et ça n'est pas à prescrire aux enfants sages !
Je n'avais pas seize ans la première fois que j'ai lu Bonjour tristesse, le célèbre premier roman de Françoise Sagan. C'était l'été, il faisait beau et chaud, j'étais sur un autre continent et instinctivement je me suis quasiment identifiée à l'héroïne.
Cécile, 17 ans, et son père passent leurs vacances dans une villa louée dans le Sud de la France. Il y a Elsa, la petite amie de Raymond, qui leur tient compagnie. Elle est rousse, a la peau claire, qui ne supporte pas le soleil, et elle est très jeune. L'amie de la famille, Anne, vient se joindre au groupe. C'est une femme de 40 ans, intelligente, racée et intransigeante. Cécile ne le sait pas encore mais Anne a jeté son dévolu sur son père. Ce dernier va être séduit par la perspective d'une vie plus chic et bourgeoise qu'offre le raffinement d'Anne. Il annonce très vite à sa fille son projet de mariage.
Elsa (et ses brûlures) a été remerciée, de façon peu cavalière. Cette situation ne chagrine pas Cécile outre-mesure, même si elle est étonnée. Elle a toujours apprécié Anne, cette femme de goût, qu'elle craint un peu. Mais Cécile est une jeune fille placide, assez insouciante et qui n'aime pas les contraintes. Elle veut se sentir libre, elle a rencontré un garçon qui lui enseigne la voile et la douceur des baisers. Et puis, tout déraille. Cécile s'offusque d'une décision prise par Anne et décide de se venger, emportée par l'ivresse de sa colère et de son inconséquence. Or, l'issue va se révéler fatale.
C'est par livre-cd que j'ai donc relu cette histoire. La voix de Sara Giraudeau* apporte une vraie touche de fraîcheur pour une interprétation nouvelle et vivifiante. C'est aussi redécouvrir un style hors pair, faussement naïf, qui n'a pris aucune ride, et reconnaître en Cécile une héroïne redoutable mais fascinante. J'ai beaucoup aimé !
Audiolib / Septembre 2008 Enregistrement découpé en 18 plages correspondant aux chapitres du livre. Durée totale : 3 h 20
*Sara Giraudeau est la lauréate du Molière de la Révélation Féminine Théâtrale 2007 et du Prix Raimu de la Révélation Féminine 2007 pour La Valse des Pingouins.
« C'est un livre à la fois instinctif et roué, usant de la sensualité et de l'innocence à parts égales, mélange encore détonant aujourd'hui, comme il le fut hier... Et avant-hier, d'ailleurs, à en croire de très vieilles dames cruellement fessées dans leur enfance par ma faute. Quoi qu'il en soit, ce livre respire l'aisance et le naturel, toute l'habileté inconsciente que donnent la fin de l'enfance et les premières brûlures de l'adolescence: il est rapide, heureux et bien écrit.
(...) Bonjour tristesse est un livre qu'on peut lire sans ennui et sans déchéance. Encore une fois, si son habileté m'épate vaguement, l'affection que lui portent les jeunes gens actuels, les très jeunes ou les moins jeunes, ceux du moins qui m'en parlent, me paraît plus flatteuse que justifiée. Il me semble que tous les gens qui m'ont lue aient lu d'abord Bonjour tristesse. »
Mira n'est pas une petite fille comme les autres, son tempérament est vif, son air busqué, le port hautain. Elle porte les cheveux longs, avec des mèches rousses, en une crinière folle. C'est une enfant sauvage, l'aînée du père, qui vit aujourd'hui avec l'autre mère. Elle grandit auprès de deux autres enfants mais Mira se sent seule et incomprise, jusqu'au jour où elle rencontre Mme Katish, l'institutrice de l'école. Elle va lui apprendre les mots et lui ouvrir les portes de la lecture. Son goût des rêves et des histoires qui la transportent vers un ailleurs plus beau prend enfin forme. Puis, tout s'arrête avec la perte de l'autre mère. C'est brutal, inopiné. Mira est séparée de sa vie d'avant et doit grandir en un claquement de doigts.
Elle était habituée à la vie difficile et rudimentaire, mais ce qui l'attend sera encore plus austère. Une petite éclaircie s'offre à elle par la découverte de l'amour. De pleines pages de désir et de sensualité irradient tout le livre, c'est fou ! Mais les nuages gris et menaçants reviennent vite à la charge : c'est la guerre et Mira doit fuir. Trop différente, trop brune aux mèches rousses, et des yeux trop noirs, bref son passé la rattrape, on lui fait payer l'histoire de sa vraie mère qui n'était pas du même pays, qui est venue un jour puis est repartie avec ses charmes de sorcière. Bref, on s'acharne sur elle au nom de tous les embrigadements bêtes et méchants.
Ce roman est un mélange d'amour fou, de passion et de révolte, c'est violent, fascinant et ça ne brode pas dans la dentelle. Ce texte demande du temps, de la patience, de l'écoute pour être apprivoisé. Le reste, ensuite, accomplira son travail de séduction. C'est fatal. Tout est terriblement beau, même si le fond est dur et impitoyable pour Mira. Son histoire nous émeut, nous bouleverse et nous renverse. C'est un portrait étincelant, une fille forte et fragile à la fois, aux prises avec le doux, le rire, les mots et les idées. Entre prose et poésie, se dessine une personnalité farouche, entière et furieusement vivante.
A découvrir sans attendre !
Ed. Thierry Magnier, février 2008 - 165 pages - 8,50€ Dès 15 ans.
Un nouvel album de Dido - Safe trip home - à sortir le 3 novembre. Chouette !
« L'envie de lire est brute, c'est une voracité. Quand elle tient dans ses mains un livre et ses promesses, elle voudrait s'y vautrer, le mordre, s'en gaver. Mais a si peu de temps et si peur de finir qu'elle se retient et lit par petites bouchées, petites cuillerées, comme une voleuse d'histoires, une braconnière de mots, entre deux tâches brutes ou le soir tard avec l'écrasement de la nuit. Quand elle ne lit pas, presque tout son temps, elle rumine et digère ce qu'elle vient d'ingurgiter et salive d'anticipation. Dans sa tête elle malaxe et touille les mots, les phrases, les bouts d'histoires. Cela fait une sauce riche et onctueuse qui enrobe ses heures décharnées, nourrit sa vie trop creuse et la maintient vivante, alerte, en appétit. Chaque livre lui fait de l'usage : elle profite. »
Quand elle sera reine, Rachel Hausfater (Ed. Thierry Magnier, 2008)
Des chocolats, rappelle moi D'éviter ça pour la prochaine fois...
A moins que ta peau, Théo, tout l'été dans l'eau J'la parfume au sirop d'érable de Toronto
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C'est l'histoire d'une légende. A Paea, sur les terres de Tahiti, on raconte qu'une enfant plus brillante que l'aurore vit le jour. On l'appela Anani. Elle était très belle, avec de longs cheveux roux et une peau étonnamment claire. Mais Anani le savait et avait ainsi développé un amour-propre disproportionné. Tous les hommes souhaitaient l'épouser, mais elle refusait de se marier.
Un jeune voisin, Hangaroa, tomba fou amoureux d'elle lorsqu'il la vit la première fois, la belle déclina sa demande en mariage car il n'était qu'un simple cultivateur.
Le chef du village, qui était d'une grande beauté, demanda lui aussi sa main mais elle refusa encore. Elle voulait être reine, sans jamais se plier devant un roi.
Le roi, piqué de curiosité, décida d'envoyer des messagers pour rendre compte de cette beauté légendaire, mais Anani s'offusqua. Cette attitude provoqua la colère du roi qui dépêcha son grand prêtre, le Tahua, pour punir l'insolente. C'était un vieillard, philosophe et un peu sorcier. Il fit la leçon à Anani, lui déclara qu'elle ne savait pas aimer et qu'elle était sèche comme le bois que l'on met dans le feu.
Anani éclata de rire et le Tahua, agacé, transforma la prétentieuse en un arbre majestueux au tronc pâle comme sa peau.
" Si un homme est encore amoureux de toi à présent, sans ta voix veloutée et ton doux sourire, s'il te choisit pour épouse, alors dans toute ta beauté tu réapparaîtras. "
L'ancien soupirant d'Anani, Hangaroa, n'avait pas oublié sa belle et priait en regardant les étoiles pour être aimé en retour. Ses longues promenades dans les hauts plateaux de l'île le mirent sur le chemin de l'arbre auprès duquel il trouva de l'ombre, de la fraîcheur et un délicieux parfum qui lui rappelait son amour perdu.
L'arbre avait fleuri et Hangaroa fut fou de joie de trouver du réconfort grâce à cet arbre. Il décida de le bichonner. Quelques temps après, les fleurs blanches avaient disparu à la place de gros fruits ronds et oranges. La peau était dure et amère, il fallait l'enlever car à l'intérieur se trouvait une chair délicieuse, juteuse et sucrée.
Tant d'émotions avaient réveillé les désirs de l'homme, " je suis fait pour la vie, je suis fait pour aimer. Je rêve d'une épouse que je laisserai libre comme le vent pour qu'elle ne soit pas comme mon bel oranger, prisonnier de ses racines. "
A ses mots, l'arbre dans lequel le corps de la jeune fille habitait frissonna. Et Anani apprit l'amour.
Elle sera libérée de sa prison, et Hangaroa obtiendra son amour éternel. Et c'est ainsi que les orangers de Tahiti - appelés Tamu Anani - devinrent les symboles de l'amour profond et sincère. Chaque année, les hommes descendent les bras chargés d'oranges pour partager leur parfum sucré et le plaisir des amoureux.
Un magnifique album, plein de poésie, de senteurs, de goûts et de sensations. C'est aussi une histoire sensuelle, assez magique et porteuse d'espoir.
De Roxane Marie Galliez Illustrations de Marie Diaz
Serait-ce à cause de leurs si beaux yeux Ou bien à cause de leur sens de l'observation À cause de leurs pis à lait Qui sait le pourquoi De cette attirance là...
Au début, je pensais que le professeur Tatsu Nagata était un nom bidon, qu'on colle sur cette collection destinée aux jeunes enfants. Et puis non ! C'est un vrai scientifique, mondialement reconnu, qui publie des livres ayant la vocation de faire aimer la nature et les animaux. C'est du sérieux, donc ! On a encore plus de mal à le croire quand on commence à feuilletter ces albums : franchement c'est risible, les illustrations frisent l'absurde mais - à y regarder de plus près - ce n'est pas totalement ridicule non plus. Aucune ânerie dans le propos. On lit une fiche signalétique sur l'ours ou la vache qui est à la fois éducative, simple et amusante. Voila le topo : du documentaire, oui ! du rébarbatif, non !
Cette collection s'adresse à un très jeune public, dès 2-3 ans, et pourra être utilisée en classe de maternelle. Il existe d'autres titres, dont la baleine, le renard, la fourmi, le gorille, le cochon, la taupe, la grenouille etc.
Les sciences naturelles de Tatsu Nagata : La vache / L'ours Illustré par Thierry Dedieu Seuil jeunesse, septembre 2008 - 8,50€
Titus a neuf ans, c'est le petit dernier d'une famille où on travaille beaucoup. Maman s'absente souvent pour aller en Chine, papa rentre à pas d'heure et les deux soeurs aînées mènent leur petite vie à leur guise. Bref, Titus est tout seul et c'est son grand-père Papyrus qui vient généralement à la rescousse pour jouer les gouvernantes.
Papyrus n'est pas un grand-père comme les autres. C'est un inventeur aux créations assez dingues, un vrai bricolo jamais à court d'idées, mais Titus n'est pas fan de ses excentricités. C'est souvent trop repérable, trop original, trop incontrôlable. Et généralement Titus est grondé par ses parents à la place du grand-père. C'est comme un grand enfant, donc on ne sait jamais qui doit garder qui.
Papyrus porte le kilt et les moustaches bien troussées jusqu'au ciel, il conduit une 4L écolo, a un chien invisible (ou virtuel, ou immatériel, au choix !). Il sait faire voler les tables et les chaises, cuisiner un gratin de pâtes avec de la crème fraîche et du sucre, traverser la Seine sans bouger un orteil. Si Titus ne sait plus où se mettre à force de se sentir mal à l'aise et humilié, ses copains sont fous de son grand-père !
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un Papyrus ! En plus, sous ses dehors fantasques, il vous apprend les tables de multiplication en rigolant, à plonger dans la fosse sans trembler, à comprendre l'utilité de la grammaire et manger ce qu'il vous plaît, sur le tapis persan de papa.
Cette folle semaine avec Papyrus est racontée avec délice, fantaisie et non sans une certaine réserve par un p'tit gars de neuf ans, pas toujours conquis par la folle du logis que son grand-père abrite. Ce dernier a une petite araignée au plafond, il est farfelu mais pas si siphonné que laissent entendre les apparences.
Une lecture pétillante, avec des illustrations aussi doux-dingues que le propos !
D'Isabelle Jarry Dessins d'Aurore Callias
Ma folle semaine avec Papyrus Gallimard jeunesse, coll. Giboulées - Octobre 2008 / 105 pages. 14€ Dès 8-9 ans.
Mio, une lycéenne qui doit travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, est humiliée par son nouvel employeur, le fils de M. Jinnai. Arrogant et séducteur, le type cherche à abuser d'elle, mais elle repousse ses avances. En fait, l'attitude du Prince Jinnai s'explique parce qu'il se sent coupable (une vieille affaire qui remonte à l'enfance, car Mio et lui ont grandi ensemble) et il prétend vouloir la brusquer pour réveiller sa mémoire endormie.
Cette anecdote sur le kidnapping redonne du peps à l'intrigue, jusque-là cantonnée à du "je t'aime moi non plus" qui devenait usant. Bon point aussi pour les dessins, qui sont très beaux, et pour les personnages, qui ne manquent pas de tempérament. Le zest de mystère est bienvenu, en plus du cocktail charme + séduction fort goûteux.
De la séduction, de la sensualité, de l'érotisme, c'est toujours ça de pris quand vous commencez cette série. Le tome 2 surfe sur la même vague, le secret de Mio a été éventé, son attirance pour le Prince Jinnai est toujours aussi forte, le garçon ne freine pas ses élans. Deux personnages secondaires commencent à sortir du lot : le jardinier et le petit frère (ce dernier vendrait son corps pour venir en aide à sa famille). J'espère que leur intrusion va étoffer l'intrigue qui reste une version moderne et revisitée de Cendrillon.
Cela devient compliqué comme histoire ! J'ai failli abandonner en cours de route par la faute de ce qu'il se passe avec Hinata, le frère de Mio. D'abord on l'a connu comme détestant le Prince Jinnai, puis ce dernier a découvert son secret. Il décide de protéger Mio et son frère en les hébergeant chez lui. Hinata fait copain-copain avec son ennemi juré et fait croire à une attirance entre eux deux pour ébranler sa soeur. Oui, c'est tordu. Le Prince et Hinata, amoureux ? Mio perd un peu la boule (le lecteur aussi!). Quelques chapitres plus loin, Hinata a encore retourné sa casaque et jette son dévolu sur sa propre soeur ! Hmm, ça sent franchement le soufre ! Ce n'est pas facile de s'y retrouver, l'intrigue est un peu trop tirée par les cheveux. Et puis, autre chose qui me dérange, c'est cette contradiction chez Mio qui dit non aux assauts du Prince, alors que son corps dit oui. Un peu malsain, tout ça !