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Chez Clarabel

27 juin 2008

Sally Lockhart : La malédiction du rubis - Philip Pullman

Dans l'Angleterre victorienne, Sally, jeune orpheline de seize ans, va chercher à décrypter le message codé de son père, envoyé peu de temps avant sa mort, au large des mers de Chine. Mais son premier contact avec un associé de la compagnie Lockhart & Selby se solde par un drame : l'homme s'effronde, aux simples mots évoquant les Sept Bénédictions. Le mystère va s'épaissir lorsque Sally va recevoir un courrier d'un ancien camarade de son père, se voir confier un journal intime et apprendre l'existence du Rubis d'Agraphur, peut-être à l'origine de tous ces maux. Là où Sally Lockhart foule le sol, la mort la succède. Est-elle maudite ? Ou ne s'agit-il pas le signe d'une présence dans l'ombre, menaçante et ô combien pesante, d'une dame appelée Mme Holland, propriétaire d'une pension dans un quartier mal famé de Londres. Cette vieille harpie ne s'embarrasse pas des détails gênant sa quête, elle menace, condamne à mort et fait du chantage. Et puis, elle veut la peau de Sally Lockhart, cette péronnelle qui se met toujours en travers de sa route...

Très vite aidée de ses nouveaux amis, Frederick Garland, le photographe, et sa soeur Rosa, une comédienne, et du jeune Jim Taylor qui travaille dans la compagnie Lockhart & Selby, Sally va courir les ruelles sordides et brumeuses de Londres. Les terribles secrets sur son passé vont apparaître sous un voile nouveau, à travers les brumes de l'opium et du trafic louche entre l'Orient et l'Angleterre...

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C'est grâce à la chaîne Arte que je dois cette lecture. Cette série adaptée à la tv par la BBC est diffusée tous les vendredis soirs. L'adaptation est fidèle au roman, avec une héroïne attachante et plutôt intrépide, très intelligente et hors du commun (elle a appris à tirer au pistolet et est aussi habile avec les chiffres qu'un comptable). L'action est assez dense, pleine de suspense et conduit à un dénouement plein de souffle ! Je découvre avec cette série le style de Philip Pullman, auteur d'A la croisée des mondes, et je suis étourdie de plaisir.

A suivre : Le mystère de l'Etoile Polaire.

éditions gallimard jeunesse, 2003 - coll. folio junior - 340 pages.

traduit de l'anglais par jean esch, titre vo : the ruby in the smoke (philip pullman, 1985).

Infos Arte

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26 juin 2008

Powerboy - Jean Cavé

Jehan a rencontré son destin dans le métro, du moins c'est ce qu'il s'imagine. Il faut dire aussi que la suite des événements peut prêter à confusion et laisser croire qu'il a bel et bien raison !.. Un jour, donc, il croise le regard d'un type, très grand, habillé en noir, qui le fixe en retour. Un drôle de picotement gagne le garçon qui ne lâche pas des yeux cet individu, c'est comme si un fil invisible les reliait, pense-t-il. Suite à cela, Jehan est convaincu de détenir un étrange pouvoir : celui de convaincre les autres, de prendre le contrôle de leur subconscient et de les faire agir suivant ses désirs. Il décide de faire un essai sur cet homme un peu louche en lui ordonnant, mentalement, d'ouvrir la bouche.

Et alors, l'autre lui obéit ! Paniqué, Jehan se sauve du métro. Il n'a pas réussi à annuler son ordre et regarde avec effroi le pauvre malheureux avec la gueule cassée. Peu de temps après, le cauchemar le rattrape dans une chambre d'hôpital. A la suite d'un malaise à l'école, Jehan est envoyé pour des examens de routine au centre hospitalier. Groggy, il pique un petit somme et, à l'heure de son réveil, il croise son voisin de chambre qui n'est autre que... Bouche Ouverte ! Cri d'horreur, panique, tentative de s'échapper, bref notre adolescent vire de toutes les couleurs.

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Mais qui est cet inconnu ? Il se présente comme étant le grand Parrain des Magiciens et vient annoncer une bonne nouvelle à Jehan. Un peu sonné, celui-ci l'écoute vaguement mais se force à adhérer à sa démonstration lorsque tous deux s'adonnent à un travail pratique en direct. Ainsi, Jean a des pouvoirs exceptionnels, il peut hypnotiser son entourage ! Il en profite sans vergogne et ses premières victimes sont ses professeurs, ses camarades de lycée et même une jolie demoiselle qu'il aimerait beaucoup embrasser. Soit, parfois ce don n'a pas l'air au point et provoque des catastrophes en série. Est-ce une raison suffisante pour s'en priver ? Non. Mais jusqu'où notre Powerboy va exercer son ascendant ? Et possède-t-il vraiment des pouvoirs particuliers ?

Avec humour Jean Cavé démontre qu'au moment de l'adolescence, quand on doute un peu de soi, on devient la proie de ses propres superstitions. Plonge-t-on franchement dans le paranormal ? Ce roman paraît en détenir les ingrédients mais la recette n'est pas miraculeuse et l'explication à la fin pourra grandement décevoir les allumés du pouvoirs de l'Impérium (Harry Potter, à jamais dans nos coeurs !!!). En somme cette lecture sympathique délivre davantage un message de confiance en soi, sous couvert d'effets extraordinaires et de coincidences étranges. Cela se lit, mais le lecteur est en droit d'en réclamer plus ! Je ne suis pas convaincue, mais simplement parce que je ne corresponds pas à la cible visée. Par contre, dès 11-12 ans c'est sans souci !

Plon jeunesse, janvier 2008 - 178 pages - 10€

Powerboy

26 juin 2008

L'oeuf du démon - Eric Boisset

Zacharie reçoit par erreur un colis dont le nom du destinataire a disparu. Il l'ouvre et découvre à l’intérieur de ce paquet un objet mystérieux en forme d’œuf sur lequel est inscrit une courte phrase en langue arabe. Il fait appel à son meilleur ami Farouk qui le conduit chez sa grand-mère, Latifa. Cette dernière a une attitude de stupeur et prétend ne pouvoir les aider. Qu'à cela ne tienne ! A force de roueries, Zacharie va réussir à déchiffrer les incriptions gravées sur l'oeuf. Il s'agit d'un avertissement. Mais nos deux compères font la sourde oreille et bravent l'interdiction : alors, leur apparaît un certain M. Jean, un maridin à l'aspect inoffensif et très sympathique, qui leur promet, tel le génie de la lampe d'Aladdin, monts et merveilles.

Dans le dos de son meilleur ami, Farouk va être bercé (et céder) aux chants des sirènes de la tentation. Or, l'esprit du l'oeuf va le prendre au piège. Pour s'échapper de cette emprise, Farouk se plonge dans les rites magiques berbères et doit confesser sa terrible erreur à sa grand-mère et Zacharie.

Au début, celui-ci est choqué d'avoir été trahi par son pote et puis l'enchaînement des événements, plus la pression du maridin, forcent les uns et les autres à trouver une solution au plus vite ! (Le final est d'ailleurs inattendu !)

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Première impression d'entrée de jeu, c'est une lecture simple et entraînante, qui s'adresse aux plus jeunes (dès dix ans). Il y a beaucoup d'humour, des répliques qui feront mouche et le lecteur pourra facilement se retrouver dans les personnages (Zacharie et Farouk). Cette histoire rappelle inévitablement la lampe magique d'Aladdin, sauf que le génie ici est plus tordu et machiavélique. On s'éloigne également des clichés : pas d'apparition dans un nuage de fumée, aucun dandysme. Notre Démon porte bien son nom ! Il salue son arrivée dans un fracas de table et de chaise renversées, il est le champion des fourberies, fait tourner en bourrique ses victimes (Farouk est affublé d'une tenue sortie des Mille et Une Nuits en pleine école !). C'est un esprit redoutable.

Par ailleurs, on découvre le don du sacrifice, le sens de la loyauté et le prix d'une amitié forte grâce à Zacharie, Farouk et la grand-mère Latifa. Ce sont trois personnages ordinaires, qui ont des qualités et des défauts. On ne nous vend pas un énième ouvrage fantastique, avec des héros aux supers pouvoirs. Eric Boisset concocte une vraie intrigue réussie, pleine d'imagination et très drôle. Je suis tout à fait persuadée que ce livre saura séduire les jeunes lecteurs, dès 10 ans. 

plon jeunesse, mai 2008 - 218 pages - 13€

 

L'oeuf du démon

25 juin 2008

des bourlottes et des mirlimarmitons

Qui, ou que, sont les bourlottes ?  Ce sont des créatures gracieuses de la famille des elfes. Elles ont une particularité, elles se nourrissent que de bruits, aussi, quand elles ont faim, elles déploient leurs grandes oreilles, gigotent et grignotent les sons les plus divers. Pour découvrir ce petit peuple d'écouteurs étranges et farfelus, il faut tendre l'oreille.

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Vivant en tribus dans les monts Agalpuchs, les bourlottes dorment l'après-midi et se lèvent au crépuscule pour faire leurs exercices. Quand la nuit est bien noire au-dessus des bergomiers et des fagalbas, elles vont dormir en tas, tranquilles dans d'immenses hamacs. Les bourlottes se réunissent pour leurs occupations : chasse aux bruits ou brassage des linges.

Tiquetonne est la plus petite des bourlottes. Singulière de par sa venue au monde (elle est née d'une cuisse de nymphému), elle est aussi rapide, pointue, précise, impérieuse. Tiquetonne décide et ordonne. Elle fait tout comme les autres (plier les linges, capturer les bruits) et soudain elle s'arrête et décide : c'est l'heure des cahouettes. Qu'est-ce que c'est ? C'est simple, la cahouette : on trouve une pente, on s'y bascule, on y dégringole, vas-y que je te roule, cul par-dessus tête et jusqu'en bas.

Après la cahouette tous les bruits se brouillent, ça fait de la pâte à bruits délicieuse. Ne pas en abuser, sinon brûlure de trompe d'Eustache.

Gélinotte est la suivante de Tiquetonne. Plutôt ronde, enrobée dans la placidité, elle accepte tout sur l'air de "c'est comme ça". Une étale, pas de vague, mais noyée d'ennui. Une reine d'à-quoi-bon. Gélinotte a quitté son peuple, les Francs-Moisins, en emportant son escargot sur la tête. Elle a trouvé Tiquenotte, elle l'a suivie. Elle la suit, toujours. (Pour les parties de cahouettes, elle pose son escargot.)

Cet album continue de nous enchanter à raconter la fascinante machine de vie des bourlottes, tout est orchestré dans l'harmonie, en chansons et avec poésie. Beaucoup d'imagination et de facétie, la langue est de la confiture pour tartines, les sons aussi guillerets qu'un grelot...

Imaginez la chasse aux bruits. Ici, l'arme au poing est un filet accommodé au bruit à capturer. Il faut le prendre par surprise, le filet doit imiter le décor. Un filet de plumes va pour les chants d'oiseaux, un filet de brindilles avec taches de lumières, pour les bruits de sous-bois.

Les bourlottes sautillent tendant leurs filets, telles de vieilles dames qui jouent au badminton. Tiquetonne, bonne chasseresse, est la reine des bruits de rivière et de torrent. Elle s'est fabriquée des filets d'eau souple qui retiennent les bruits dans leurs parois ondoyantes.

Chaque fin d'automne, on fête les grognes. Dans leur grande sagesse, les bourlottes considèrent qu'il faut honorer régulièrement ses mécontentements, rendre hommage aux bouderies et aux crises de rage si mal considérées. Il n'y a pas de date fixe pour la fête, mais chacun le sent bien, la mauvaise humeur rôde partout.

Il est urgent d'honorer ses chagrins.

Je vous laisse la surprise de découvrir la suite ! N'hésitez surtout pas ! Les bourlottes ont été dessinées par Diane de Bournazel sur une histoire écrite par Jacinthe Hirsch (qui aime bien tripoter les mots). Et cela se ressent à merveille, car cette lecture nous fait explorer un monde merveilleux, aux étranges coutumes. C'est bourré de charme, ça saucissonne les mots en une dégoulinade d'histoire délicate et espiègle. Les chants, par exemple, sont un hommage à la richesse de notre vocabulaire et au jonglage possible entre les sons, les mots et les idées... "grouille mouille ça caracole, ça fait rigole c'est la gargouille sur la coucourde."

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Les bourlottes, de Jacinthe Hirsch - illustrations de Diane de Bournazel.

Gallimard jeunesse, 2008 - coll. Giboulées. 12,50 €

Des spaghettis pour les jours gris, un gratin dauphinois quand il fait froid, des cocktails frais de plein été, des plats musclés pour écoliers. C'est un parcours de petits cuisiniers. Chaque recette leur donne en secret un tour de main. On joue au jeu de la cuisine. On découvre les aliments, leurs saveurs, leurs valeurs, on marie les couleurs. On évite les pièges roses du sucre, jaunes des graisses. On attrape les bons réflexes, on devient champions de l'équilibre alimentaire.

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Sympathique et flashy par ses couleurs et ses illustrations farfelues, ce livre de recettes s'adresse aux bambins qui boudent le chemin des fourneaux (et/ou chipotent le contenu de leur assiette). Il offre la solution de varier les recettes, de proposer un choix simple et goûteux, la cuisine de tous les jours, des boissons ou des gâteaux, les plats musclés ou les mitrons du dimanche, et selon les saisons !

C'est enfin un livre qui se destine très clairement aux enfants, les illustrations sont un appui dans la préparation et les recettes répondent très souvent à leurs goûts.

Mais, de plus, c'est un livre qui pourra faire aimer les légumes : par l'aspect ludique de l'élaboration de la recette, il permet de développer le goût et le plaisir de manger ce qui a été préparé. Pédagogique, il démontre les différentes familles des aliments (en les classant par couleurs), donne un guide pratique pour l'achat des produits et les ustensiles en cuisine.

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Les recettes des Mirlimarmitons, Cuisine Bonne Mine, de Paul-André Tanc - illustrations de Virginie Will.

Gallimard jeunesse, 2008 - Coll. Giboulées. 15€

^^^ Chacun son tour, madame Laure dans son jardin rempli de fleurs, today is yours ! ^^^

24 juin 2008

15 Ans Welcome to England - Sue Limb

Fans de Jess Jordan, votre héroïne n'a pas subitement rajeuni en un coup de stylo à plume. Ce livre est en fait un prequel (un épisode dont l'action est antérieure à la trilogie existante mais écrit après). Ici, Jess n'est pas (encore) amoureuse de son meilleur ami Fred et doit accueillir son correspondant français, Edouard. Pensant qu'il colle à son image idyllique du latin lover, yeux noirs et lèvres boudeuses, elle lui adresse une photo retouchée et reçoit en retour un cliché très engageant ! Le jour de la rencontre, cependant, Jess tombe des nues et fait face à un bonhomme haut comme trois pommes, hyper coincé et qui ne parle pas un mot d'anglais. Les quinze jours à venir vont être une torture absolue...

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Que d'humour dans ce livre ! Cela commence avec la découverte du correspondant, Edouard ne décroche pas un mot et s'installe dans la voiture en laissant flotter une odeur nauséabonde. Pour ne pas le vexer, Jess et sa mère utilisent un code et le surnomment "la reine". Quel ennui... ce garçon aurait-il un problème d'hygiène ? Mais en vrai, c'est Jess qui a marché dans une crotte et ne le découvre qu'une fois arrivée à la maison, et ce sans la présence d'Edouard qui doit désormais penser que sa correspondante n'est pas très "clean" non plus ! Notre trio sympathique continue de s'installer dans les situations embarrassantes, lorsque le français se rend dans la salle de bains et se bat avec la chasse d'eau...

Un fossé se creuse sous les pieds de Jess. Elle apprend d'une tierce personne que son cher Edouard est tombé fou amoureux d'elle en voyant sa photo ! Chose abominable et inconcevable, la jeune fille décide alors de supplier Fred de "faire comme si" et annonce à tous qu'ils sortent ensemble. Et puis, très vite, ce mensonge l'encombre car Jess juge absolument craquant le correspondant de sa camarade Jodie et voudrait bien avoir son premier "french kiss" avec lui ! Pour détendre les relations franco-anglaises, la bande organise un week-end camping.

J'aime beaucoup les livres de Sue Limb et ce, même en accusant 30 ans ! C'est frais, pétillant, plein d'esprit. Jess Jordan est une héroïne unique, une vraie copine qui nous fait partager les joies (et déconvenues) des échanges linguistiques. Je pensais qu'avec ce prequel cela allait être totalement décalé, je m'étais habituée aux amourettes entre Jess et Fred. Finalement je suis agréablement surprise, j'ai beaucoup rigolé. Et puis je trouve que Fred est un garçon qui gagne à être connu, je ne vous dis que ça !!!

A noter, ce livre peut se lire indépendamment des autres.

Gallimard jeunesse, (juin) 2008 pour la traduction française - coll. Scripto - 293 pages - 11,50€

traduit de l'anglais par Laetitia Devaux - titre vo : Girl, 15 Flirting for England.

Du même auteur :

 

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23 juin 2008

Faux raccord - Per Nilsson

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Générique d'ouverture : un immeuble ordinaire de trois étages, situé en Suède dans un quartier excentré d'une ville. D'une fenêtre, quelqu'un va lancer un pot de fleurs, un grand frisbee noir et un couteau de survie.

Dans sa chambre, un garçon, ou plutôt un jeune homme, est assis devant son bureau et fixe une série d'objets. Tout doit disparaître, se dit-il. Une carte de bus, une carte postale, une grammaire allemande, une plante verte, un sachet de graines, une page de recueil de chansons, un vinyle, une boîte de préservatifs, un drap plié, un drapeau américain déchiré, un bloc-notes à la couverture noire, un paquet ficelé avec du bolduc, un billet de cinéma, un lame de rasoir et une boîte de comprimés bleus. Pas loin, un téléphone... muet.

Voilà. Le film peut commencer. La dernière séance.

Le pitch : Dans un bus qui le conduit au lycée, un garçon rencontre une jolie fille aux longs cheveux roux. D'un simple regard, ils se plaisent et se rapprochent au rythme de trois jours par semaine. C'est Joli Coeur, celle pour qui son coeur va battre la chamade. Aucun doute pour lui, c'est le grand amour. Il doit partir un mois aux Etats-Unis, alors il lui écrit de longues lettres tous les jours, a hâte de la retrouver. Mais elle lui annonce en aimer un autre, c'est la désillusion. La vie sans Joli Coeur n'a pour lui plus de sens...

Comment fait-on pour s'effacer de la vie ? Comment fait-on pour effacer sa vie ? Comment fait-on pour en finir ? Comment fait-on pour mourir ?

Le film passe en boucle, à se faire du mal. Chaque séquence est un couteau planté dans le coeur. La bobine défile... Clap de fin.

Ce que tu aurais vu et entendu, en dernier chapitre, est une relecture intelligente de ce livre hors du commun. Puisant sa force dans son écriture singulière, à la manière d'un scénario de cinéma, où l'auteur intervient comme un metteur en scène, Faux raccord ne laisse pas insensible et interloque le lecteur... On suit le zoom de la caméra, accrochée au jeune homme, seul dans sa chambre et qui se repasse le film de son histoire d'amour déçue.

C'est aussi une façon originale de découvrir, du point de vue masculin, l'expérience d'une première relation amoureuse, avec son lot d'éblouissements et d'amertumes. Troublant...

éditions Thierry Magnier, (mars) 2008 pour la traduction française - 167 pages - 10 €

Pier Nilsson, 1992 - traduit du suédois par Agneta Ségol.

Illustration de couverture de Claude Cachin

***

 

22 juin 2008

Vampires : La naissance - L.J. Smith

De retour de ses vacances en France, Elena est soudain prise d'une immense lassitude à regagner sa routine de Fell's Church, petite ville de Virginie. Jolie brin de fille, c'est aussi la reine de l'école. Elle connaît son pouvoir de fascination sur les garçons, alors comment n'est-elle pas agacée devant le nouveau venu qui reste imperméable à ses charmes ! Stefan Salvatore, au volant de sa porsche, sexy en diable avec son blouson en cuir taillé sur mesure, tout droit venu d'Italie et lunettes noires sur le nez, crée sensation ! Les filles rêvent de faire sa conquête, Elena en tête. Mais le garçon est fuyant, très mystérieux, il ne se lie avec personne. Ce qu'il ressent pour la belle Elena est un mélange de répulsion et d'attraction, car il sait que pour le bien de la jeune fille il faut qu'il se tienne à l'écart.

Cela vous rappelle forcément quelque chose ? Le schéma de Twilight, la série à succès de Stephenie Meyer. Ai-je trouvé là un autre phénomène de lecture ? Naaaan. Cruelle déception. J'ai même eu le sentiment d'avoir été totalement arnaquée. C'est du Harlequin déguisé, bourré de niaiseries et de clichés tellement ridicules que ça en devient risible à la fin. Pfff, pitoyable. (Visez la couverture... un indice !)

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Dans ce livre, on découvre chez le personnage masculin une âme torturée et une soif constante et exigeante. Là aussi, il tente de se fondre parmi les humains et cherche à vivre un semblant de vie ordinaire. Stefan a cependant un lourd différent avec son frère, Damon, notamment parce qu'il tente de se détacher de sa nature vampirique. Le spectre d'une fille aimée, Katherine, vient aussi hanter notre damné, laquelle semble s'être réincarnée sous les traits d'Elena.

En même temps, à Fell's Church, un cadavre a été retrouvé, vidé de son sang. Les soupçons se portent sur Stefan, l'étranger qui s'isole et cultive ses secrets. Tellement facile... Pourtant, Elena sait qu'il est innocent et veut le prouver sans révéler ce qu'elle a découvert. L'affaire va se compliquer avec la disparition du garçon, qui signe sa culpabilité aux yeux de tous, mais pour la jeune fille cela signifie que Damon est en ville pour réclamer vengeance. Aucun doute possible, il est venu pour mettre la main sur Elena.

Inutile de préciser que Stefan Salvatore n'arrive pas à la cheville d'Edward Cullen, c'est une évidence. Un fait troublant, toutefois, me frappe car c'est un livre édité en 1991 et l'histoire a été inspirée à son auteur d'après un rêve... la coincidence est mince avec Stephenie Meyer. De plus, il y a plusieurs points concordants (le garçon à la beauté inhumaine, sa nature à combattre la damnation et l'envie de se ranger dans la foule...). Je sais bien que toute comparaison s'arrête là, la série Twilight est mille fois mieux, plus palpitante, portée par des personnages au charisme renversant. Pour avoir trop espéré retrouver ce même sel dans la série de L.J Smith, je me sens amèrement frustrée et déçue ! 

C'est une série en quatre tomes (plus d'infos).

Editions J'ai Lu, 2000 pour la traduction française - 190 pages.

traduit de l'anglais par Agnès Girard - titre vo : The Vampire Diaries, The Awakening.

L'avis de Virginie (Chrestomanci) qui est plus emballée

21 juin 2008

(et tu chantes chantes chantes...)

Aujourd'hui on fête la musique !!!!

... et ma petite fille participe à la fête ! c'est chorale, ce matin ! ;p

^^^ bon anniversaire à sa grande cousine, 9 ans aujourd'hui, mazette !!!! ^^^

20 juin 2008

Autant en emporte la femme - Erlend Loe

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Marianne est une jeune femme étonnante, pas casse-pieds mais délicieusement arrangeante, du genre à s'inscruster avec le sourire. L'amour qu'elle offre en retour, ou la promesse d'amour, est un pis aller vers une vie de couple que le narrateur accueille avec un air bêta. Bah oui, un jour Marianne déboule avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre. Ce sera sûrement bien, se dit le narrateur. Mais très vite, notre bon bougre va être dépassé et devenir le béni-oui-oui de sa dulcinée. Toutes les décisions lui échappent, lorsqu'il pointe le doigt sur la petite commode à la couleur suspecte, la demoiselle rebondit et propose de coordonner les murs de l'appartement avec la teinte de son meuble. Et pourquoi pas acheter le même, en plus gros ? !

Vous l'avez compris, l'histoire est gentille, absurde et rigolote. Elle raconte en 300 points la débandade pré-annoncée. "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine. Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux." Il faut suivre les soliloques de cet homme qui ne manque ni de flegme ni de cynisme, mais tout doux, tout lisse. C'est avec immensément de philosophie qu'il nous narre les situations grotesques de sa vie de couple, cela pourrait être banal (les jours coulent tranquillement, tout deux s'aiment ou se font la tronche, ils partent en voyage aussi...). C'est le cliché d'une histoire presque ordinaire, qui vous rappelle la difficulté de conjuguer au présent et au futur, et à la première personne du pluriel. Ouf, c'est diabolique et hilarant ! A cautionner en cas de blues.

Gaïa éditions, 2005 pour la traduction française / 10 - 18, mars 2008 - 237 pages.

traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.

A été apprécié par Cathulu

19 juin 2008

Indésirable - Valerie Martin

Toby, étudiant américain âgé de vingt-et-un ans, fait rencontrer à sa mère (Chloé) sa nouvelle petite amie, Salomé, une réfugiée croate qui a grandi en Louisiane. Entre les deux femmes, le torchon brûle. D'instinct, Chloé ressent une vive inquiétude au contact de cette nouvelle prétendante, qui lui paraît trop mystérieuse, trop sûre d'elle et effrontée. Elle cherche à briser les prémices d'une liaison amoureuse, mais son fils la surprend en annonçant qu'il souhaite vivre avec Salomé. Cette dernière n'ignore pas combien Chloé ne la porte pas dans son coeur, semble-t-elle prendre un malin plaisir à la situation ?

Son entrée dans la famille Dale lance un pavé dans la mare. Chloé et son époux Brendan vivent dans une maison spacieuse, au coeur d'un paysage boisé et coupé du reste du monde. Seule l'intrusion d'un braconnier dans les environs perturbe notre couple bourgeois, installé dans son confort, allergique aux changements. Cet étranger qui tire des coups de feu répétés et l'arrivée de Salomé font prendre conscience de l'absence de tolérance dans la personnalité de Chloé. Le regard de son mari, aussi, indique la direction à prendre : c'est une mère trop excentrique, figée sur ses principes et qui couve trop son garçon. En tant que femme, Chloé a aussi pris le pli dangereux de se conforter dans sa popote, abritée dans son atelier (elle est illustratrice de livres pour enfants), avec ses chaussons au coin du poêle à bois. Cette fois-ci, c'est à travers les yeux de Salomé, pour sa première visite chez les Dale, qu'en tant que lecteur on éprouve cette mesquinerie.

Salomé est une personne imprévisible, difficile à cerner. L'auteur a choisi de nous la livrer à travers les points de vue des autres (son fiancé, sa future belle-mère et le mari de celle-ci). On apprend au fur et à mesure qu'elle porte un poids très lourd depuis son départ précipité de la Croatie, ravagée par la guerre, et la mort de sa mère. Salomé n'avait que neuf ans au moment des faits, bien vite on s'aperçoit que son passé semble bien chargé en non-dits. Le roman est coupé en deux parties, et j'avoue que la dernière offre une histoire totalement différente. On commence cette lecture comme une comédie bourgeoise, dans une banlieue aisée de New York, et on la termine à mille lieux de là, au coeur des ténèbres.

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Ce roman intitulé Indésirable porte une volonté de chatouiller le lecteur, d'épingler un système hypocrite (ce que cache la famille modèle américaine) et constitue un plaidoyer contre la guerre (Valérie Martin a écrit son dernier roman en temps de guerre, la guerre en Irak, à laquelle elle est fortement opposée. Elle a canalisé sa colère et sa déception envers le gouvernement américain dans un livre dérangeant et ambitieux. source : parutions.com) Plus que l'histoire, c'est par la force des personnages que le roman nous dérange. Chloé et Salomé, nos deux figures féminines, ont chacune un tempérament violent, déconcertant, l'une par sa protection étouffante et l'autre parce qu'elle catapulte des terreurs enfouies. Chloé est obsédée par le braconnier qui chasse sur ses terres, ce n'est qu'un prétexte qui révèle sa peur farouche pour l'étranger qui envahit son domaine (et l'inconnu a les traits de Salomé, forcément). Et ce n'est pas tout à fait un hasard d'apprendre que Brendan, historien et universitaire, bûche actuellement sur l'écriture d'un ouvrage pompeux qui traite des croisades et de Frederic 1er.

En quatrième de couverture, les critiques y figurant font état de l'ambition de ce roman, "une oeuvre maîtresse provocante" dit The Times. Je me range à l'avis général qui trouve Indésirable décalé et politique ; c'est du poil à gratter pour intellos, on ne rigole pas, on constate, on frémit, on songe énormément... J'ai apprécié le début, avant de froncer des sourcils de plus en plus. L'orientation prise en cours de route par le livre est assez déboussolante.

Albin Michel, (mars ) 2008 pour la traduction française - 324 pages - 20 €

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier - titre vo : Trespass.

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