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Chez Clarabel

3 avril 2007

Des filles de la côte Est - Courtney Eldridge

des_filles_de_la_cote_estVoilà comment ça se passe : je rédige une première phrase, je lis ce que je viens d'écrire, et je l'efface aussitôt. Ensuite, je commence une histoire complètement différente et je rédige une autre première phrase. Puis la première phrase d'une autre histoire, et ainsi de suite. Toutefois, il m'arrive de ne pas effacer aussitôt après avoir écrit, il peut se passer une semaine, parfois plus, avant que cette phrase (ce paragraphe, cette page, ces vingt pages) ne commence à me déplaire. Au début, en général, j'ai l'impression que la phrase convient, je la trouve même bonne. Dans ces moments-là, comme je suis contente de ma phrase, je la lis et la relis en continuant à travailler sur l'histoire, j'avance, je progresse. Puis, à l'occasion, ce que je viens d'écrire me satisfait, je deviens enthousiaste, joyeuse, la vie est merveilleuse. Hélas, ça ne dure jamais...

J'ai été un peu déçue par ce 2ème livre de Courtney Eldridge, dont j'avais beaucoup apprécié le précédent "Record à battre". Cela pêche à cause d'un quelque chose non identifiable. Peut-être ce sentiment de lire des confessions diffuses, moins centrées, qui se délitent au fil des pages qu'on tourne, en réprimant un petit soupir ... J'ai lu le 1er texte en souriant, le 2ème un peu moins, le 3ème en fronçant les sourcils, etc... Pourtant il y a une vraie écriture chez cet auteur, un style qui rappelle les filles de Sex and the City, avec New-York en fond de course, du babillage interminable, et des névroses ... conséquentes !  Phébus - 235 pages

record_a_battreMON AVIS SUR RECORD A BATTRE : Ancienne championne de baisathlon, Christine est désormais mariée à Joel, un beau garçon du genre sportif. Lors de leur premier rendez-vous, au bowling, elle lui avoue tout de son passé, mais sans entrer dans les détails. Joel semble conciliant, lui est davantage passionné par les rencontres de bowling ou de base-ball. Mais au fil du temps et de leur vie à deux, ce passé refait surface, surtout lorsque Christine apprend qu'elle ne détient plus le record. Joel, frustré par une vie sexuelle de plus en plus transparente, se pose des questions sur sa jeune épouse et ses prestations antérieures; Christine préfère se taire mais souffre également de ne pouvoir communiquer avec son mari.  A partir d'un sujet des plus légers, Courtney Eldridge finalement creuse la couche superficielle pour révéler les failles d'un bonheur fragile, autour d'une héroïne sympathique, fraîche et rigolote. Le début est volage, bon-enfant, quand Christine croise dans la rue un ancien amant dont elle ne se rappelle plus le prénom. Découle son histoire, son premier rendez-vous avec Joel, leurs passions communes pour le bowling, le base-ball, puis les prouesses "sportives" de la jeune femme. C'est au fil de la lecture qu'on découvre un ton plus recherché, moins futile, les blessures secrètes de Christine. C'est franchement une très agréable lecture, un petit livre détonnant et dynamique, idéal pour les vacances, beaucoup de fraîcheur, de tonus et une héroïne attachante et charismatique !   (Cf. L'avis moins enthousiaste de Laure )

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2 avril 2007

Je t'aime beaucoup ~ Gabrielle Ciam

Ce livre peut se prendre comme un plaidoyer contre l'homme et son incapacité à comprendre la femme, aussi bien sa compagne, sa maîtresse, son grand amour, ou tout le reste... Car entre la narratrice et cet homme beaucoup plus âgé, présentateur de la télévision, il n'y a aucun doute sur la maturité de l'un et l'autre. La femme est gagnante ! Même à dix-sept ans, lors de sa première rencontre avec lui, la jeune fille va décider elle-même du tournant de son existence, suivre les pas de cet homme qu'elle sait/devine indispensable pour les années à venir. Trois ans seront accordés à ce couple inégal, dans lequel l'un aime éperdument l'autre et accoure dès qu'il siffle, alors que celui-ci la bafoue dans des hôtels minables, la voit entre-deux, au-delà de sa vie maritale...

Non, ce n'est pas une banale histoire d'adultère, ni de romance à la Lolita. Car dans "Je t'aime beaucoup", la narratrice fait un travail d'introspection. Vingt-cinq ans ont passé quand elle revoit cet ancien amant, par hasard, elle l'aborde, prend un verre, se souvient du passé... Un ange passe, "quelque chose bouge en elle, un long ressac qui vient de loin, de profond" et réveille des souvenirs éteints. Entre l'émerveillement de la première fois, les désirs assouvis instantanément, la solitude, la colère, la méprise ou la jalousie... la narratrice aura plus d'une fois de la difficulté d'apposer le nom sur ... quoi ? cette histoire, liaison ou aventure ?..

C'est beau et simple. Gabrielle Ciam écrit sans tralalas, elle parle des histoires d'amour qui ont vécu, bouleversé les êtres mais "où va l'amour quand on n'aime plus?". Le roman tente d'y apporter une réponse, du moins une clairvoyance. Mais ces anciens amants se trouveront-ils en face ? Quand l'un dit : "Je t'aime beaucoup", et l'autre répond : "Tu sais, le beaucoup est de trop pour une femme de plus de quarante ans!"... on sourit, eh oui ! C'est le grand drame actuel : les hommes et les femmes ne se comprennent pas !

lu en avril 2005

2 avril 2007

44 (Un an de vie d'écrivain à la maison) - Kirsty Gunn

44_un_an_de_vie_d_ecrivainKirsty Gunn fête ses 44 ans. En cette journée spéciale, elle se rend avec son mari et leurs deux petites filles dans la brasserie où ils entassent leurs plus beaux souvenirs. Ce soir-là, l'écrivain s'aperçoit qu'elle n'a pas écrit une ligne depuis la naissance de ses enfants. Son mari lui demande quand elle se sentira capable de se "remettre pour de bon à écrire quelque chose".
Oui, très bonne question. Un simple regard vers ses petites filles et c'est un flot de pensées qui l'assaille. Car Kirsty vit et travaille chez elle, complétement dédiée à ses enfants, incapable de s'enfermer dans un bureau pour plancher sérieusement. Non, il lui faut sa table sur le palier, les bruits familiers, le dérangement, la bousculade.
Alors d'accord, elle relève un défi incroyable : consigner 44 textes pour marquer l'année à venir, pour parler de la "vie d'écrivain à la maison". Quarante-quatre fragments de genres différents qui ont une chose en commun : ils sont écrits par cette femme qui vit à cette époque de sa vie une existence pleine, nourrie sur le plan imaginaire par ce qui se passe dans son univers familial.
Un univers riche, intéressant et stimulant.

Car autre constat amer : Kirsty Gunn s'aperçoit qu'on parle très peu de la vie domestique dans la littérature, que ce n'est pas un thème abordé dans les livres, que les auteurs font l'impasse sur cet ordinaire qui est pourtant le lot quotidien de la plupart d'entre nous.
Pourquoi ?
Voilà un peu comment se compose ce livre. Il est étrange, biscornu, rapiécé, raccommodé, un patchwork de poèmes, d'essais, de nouvelles, de haïkus... J'ai particulièrement apprécié les passages éclairant sa vie personnelle, familiale, ses questions et ses pensées sur la lecture faite aux enfants, sur le symbole de la mer dans la littérature, son dernier roman, sur du futile (les bikinis, les spartiates) ou du lourd (la maladie de sa soeur). Il y a aussi beaucoup de citations d'autres auteurs, des extraits qui donnent envie de découvrir ces autres ouvrages.
Pour une expérience originale, il faut reconnaître que la néo-zélandaise Kirsty Gunn a réussi son joli pari !
A noter que, pour respecter la voix et la musicalité de Kirsty Gunn, l'éditeur a choisi de ne pas traduire ses poèmes et d'être ainsi fidèle à l'originalité de son projet.

Christian Bourgois, 325 pages

31 mars 2007

L'Ancre des rêves - Gaelle Nohant

Il y a d'abord ce petit extrait de "Possession" d'A.S. Byatt qui indique : "Dans notre partie de la Bretagne - la Cornouaille, l'Armorique - persiste la vieille croyance celte celon laquelle la mort est simplement un pas - un passage - entre deux stades de l'existence humaine." Puis il suffit d'ouvrir la porte et inutile de préciser que le lecteur se sent aussitôt happé dans l'univers que va créer la jeune Gaelle Nohant ...

ancre_des_revesSon roman est une invitation précieuse et irréelle dans un monde peuplé d'enfants, de cauchemars, de fantômes, de morts. Cela se passe chez les Guérindel, Enogat et Ewan ont quatre fils qui grandissent avec l'interdiction formelle de s'approcher de la mer. Dans ce pays de pêcheurs, il n'est pas facile de faire accepter cette "différence". Les enfants ne disent mot, ils consentent.
Ce sont des bons garnements, mais ils ont leurs mystères. Chaque nuit, ils se réveillent en hurlant, pris au piège de leurs rêves, qui sont autant de cauchemars contre lesquels leur mère Enogat ne peut combattre.
Mais les enfants n'expriment pas ce qui les terrorise à ce point. Pourquoi Benoît suit cette femme avec son enfant dans les bras, s'approcher de la mer, bercer sa petite, et mettre des cailloux dans ses poches ? Et pourquoi Lunaire se voit-il embarqué sur un navire, accueilli par un beau diable aux cheveux roux, au rire mauvais, lui pointant du doigt une chose effroyable planquée dans la cale ? Même Guinoux s'effondre, en classe de dessin, à la vue d'un tableau représentant des chevaux, avec du rouge, beaucoup trop de rouge...
Les garçons Guérindel sont murés dans leurs nuits peuplées de ces cauchemars qui leur signifient quelque chose, certainement. Mais ils se taisent, même entre eux ils ne parlent pas, ils se regardent comme des chiens fous, un peu sauvages, et poursuivent leur bonhomme de chemin.
C'est Lunaire qui va conduire le lecteur dans un tunnel où les lumières de la vérité éclairent bien au loin la sortie. La traversée est rude, esquintante, sujette à des sueurs froides, mais guidée par la rencontre d'êtres exceptionnels, comme cette nonagénaire, Ardélia, ou le bienheureux Ebenezer (en hommage à Dickens...).
Il fait bon se caler dans un fauteuil au coin de la cheminée, dans un salon qui sent bon le gâteau, où l'on peut boire un verre de cidre et dévorer des pommes de terre écrasées au beurre avec un goût de noisette... Puis écouter les confidences de cette femme remarquable, un peu énervée au début, puis brûlante d'émotions et de blessures intimes.
C'est peut-être en fouillant le passé qu'on pourra sortir les enfants Guérindel de leurs cauchemars épouvantables. Qui sait ?

Alors, "L'ancre des rêves" serait-il un roman d'un autre temps ? un roman bercé de légendes, de mythes, de croyances celtes et de subconscient lié au sommeil ? ... Oui, un peu tout ça. C'est avant tout une ambiance, un monde merveilleux inventé par l'auteur, avec tout le raffinement et l'érudition qu'on lui connaît (cf. son Café Littéraire).
Cette lecture est une pause dans le quotidien grouillant d'agitations, c'est une plongée vers les abîmes, une nature impénétrable, et qui agit sur le lecteur tel un pouvoir d'envoûtement, tout comme les enfants qui glissent dans leur sommeil, lequel exerce "une attirance vampirique".
Oui, les images fantastiques sont présentes, elles apportent des pistes de lecture, ouvrent les vannes pour savourer un débit différent de ce qu'on imaginait... Estourbissant, captivant, saisissant (et même insaisissable !), accrochez-vous à cette "Ancre des rêves" ! Car de plus, c'est beau. Tout simplement. Les étoiles, la mer, les fées, les esprits enchanteurs, la branche du noyer qui cogne contre la fenêtre... vous hésitez encore ?
Un dernier hommage : "Ardélia avait été la fée mystérieuse qui vous enseigne les points faibles du loup, les ruses tactiques pour traverser la forêt et en ressortir plus fort".
Gaelle Nohant est une contemplative, une rêveuse. Et le lecteur est tout acquis à sa cause !

(La superbe illustration du livre est signée de Letizia Goffi.)

Robert Laffont - 380 pages  (Mars 2007)  - A découvrir sur le site de l'éditeur le 1er chapitre .

31 mars 2007

Echappée belle

ancre_des_revesLe sommeil attrapa Guinoux par les pieds, l'attira dans le fond. Il ne songea même pas à se débattre, tant son corps glissait avec délice dans le gouffre qui l'aspirait. Il dodelinait légèrement de la tête, telle une proie endormie à l'éther, tandis que son esprit s'enfonçait de plus en plus loin, jusqu'au point où sa conscience ne serait plus de taille à le rassurer mais saurait encore le défendre.

La frontière périlleuse n'était pas celle du jour et de la nuit mais celle de la veille et de l'endormissement.

Le sommeil exerçait sur lui une attirance vampirique.

Maintenant il dormait profondément. Sur l'oreiller, dans la pâle clarté de la lune filtrant à travers la lucarne de sa chambre, son visage d'enfant semblait las, mais ses yeux roulaient à l'intérieur de leurs orbites.

Où suis-je ? Où est l'interrupteur ?

Une plainte gutturale répercutée par l'écho le fit sursauter.

L'appel lointain d'une corne de brume.

Il cligna les yeux, effaré. Il ne voyait rien.

Tout autour de lui, une muraille de brouillard laiteux l'enserrait, l'asphyxiait.

Luttant contre la panique, il baissa les yeux.

Il se trouvait assis dans une barque.

(...)

L'Ancre des rêves, Gaelle Nohant  - ROBERT LAFFONT

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30 mars 2007

Sans sucres ajoutés - Cookie Allez

sans_sucres_ajoutesOn ne remerciera jamais assez Dame Agatha Christie pour avoir donné jour aux petits villages tranquilles, du moins en apparence, où les personnalités les plus fourbes et retorses pullulent en cachette ! Prenez le cas de Bayerville, petite commune de Normandie, où l'adjoint au maire, un dénommé Harold Osmond, gère ses intérêts avec une attention scrupuleuse, soucieux de ne pas en perdre une miette (gérer son petit royaume) et mieux accéder en toute logique au poste supérieur, être Maire de Bayerville bien entendu !
Parmi ses loyaux sujets, on retrouve l'attaché en communication, Cédric, jeune homme parfois trop zélé, "petit communiant qui a la langue si bien pendue pour accuser les autres".
Car hélas, dans cette petite ville paisible, des drames émergent : on retrouve les corps de personnes - assassinées ? On mène une enquête discrète et diligente, on nomme sans dénoncer, on guide les inspecteurs, pointe du doigt le coupable idéal, Pierre Porcher, dont l'humilité et la vie toute lisse sont autant d'éléments qui le rendent suspect !
Or, Porcher mène "une vie Sans Sucres Ajoutés mais qui a le goût de la vraie ferveur et du désintéressement. Avec juste ce qu'il faut de folie". Il invente un produit miracle pour nettoyer les rues du chewing-gum qui fait tâche, il aspire à la réunification des deux régions normandes. Qu'on le veuille ou non, quelque chose dans cette trajectoire dérange.
A Bayerville, les âmes tranquilles n'ont finalement guère de repos. Ambition, délation, bassesse et turpitudes sont le lot quotidien d'une poignée d'abeilles qui butinent avec l'énergie du désespoir !
Prends garde, Lecteur de ce livre, Cookie Allez va te mener par le bout du nez dans cette farce où la satire est traitée avec une désinvolture toute renversante ! Et ça, Madame... c'est incroyablement admirable de moucher son monde sans avoir l'air d'y toucher ! Chapeau. (Lecteurs sérieux s'abstenir !)
  Buchet Chastel - 183 pages.

29 mars 2007

Goodbye Mister President - Danièle Georget

goodbye_mister_presidentNovembre 1962. Fort Worth, Texas.
Un couple s'installe dans une chambre d'hôtel dans une chaleur intenable et moite. Dehors, l'orage menace. Mais il y a aussi des étincelles entre l'homme et la femme, des animosités couvées, prêtes à éclore.
La nuit s'annonce longue, difficile, pleine d'échanges décomposés en 3 parties : grincements, rugissements, chuchotements.
L'homme s'appelle John F. Kennedy. La femme est Jackie Bouvier Kennedy. C'est le Président des Etats-Unis venu à la conquête du Texas récalcitrant, à l'aube de sa nouvelle campagne électorale.

Dans ce roman de Danièle Georget, on ne parle pas que de politique, juste on l'évoque (la guerre froide, l'échec à Cuba, le Vietnam, etc.). C'est important pour tracer les contours du 35ème Président des USA, qui plus est, une figure mythique assassinée le 22 novembre 63 à Dallas.
Le lecteur sait très bien qu'il s'agit là de la dernière nuit pour JFK, que c'est assez poignant de s'imaginer le lendemain quand les balles vont fuser pour exploser sa cervelle. A plusieurs reprises, l'auteur fait un arrêt sur l'image du tailleur rose Chanel que Jackie va porter dans la décapotable aux côtés de son mari. Un signe prémonitoire ?
Non il ne faut point trop s'imaginer un roman biographique et politico-historique, on en est très loin en fin de compte ! Car "Goodbye Mister President" est une fiction qui place en décor la chambre d'hôtel où l'auteur forge un dialogue de bêtes féroces, étouffées par des vieilles rancunes, par la jalousie, ou la frustation.
John est agacé, il tente d'ébranler la superbe de sa femme, qu'il estime mal-aimée par ses compatriotes, incomprise par le "peuple américain", cantonnée dans son rôle de diva bourgeoise acclamée par la presse européenne et les intellectuels ...
Mais John s'aveugle, car il sait l'importance de son épouse pour apaiser les situations. Voilà pourquoi il tient à ce qu'elle l'accompagne dans cette campagne pour briguer un deuxième mandat.
Jackie est impassible, tantôt meurtrie et estomaquée, pourtant elle ne laisse rien deviner. Les tromperies du Président, le clan Kennedy, les magouilles, la politique en général, tout ça l'écoeure et la dépasse. Elle veut divorcer ! Une autre blessure secrète la ronge, mais il faudra du temps pour qu'elle se dévoile.

C'est ainsi que se trace le plan du roman de Danièle Georget : un couple est en tête-à-tête forcé, il s'affronte, remet sur le tapis des vilaines histoires, discute, hurle et s'essouffle... Le calme avant la tempête ? C'est à prévoir.
Alors, pour qui aime le couple légendaire du Président Kennedy et de son épouse Jackie, il est très intéressant de se plonger dans cette lecture, même si l'interprétation de faits réels dans cette fiction peut être susceptible de plaire, de décevoir ou de laisser perplexe. Cela reste agréable à lire, tour à tour dans la confrontation du chic de Jackie face à l'impétuosité de John "Jack" Kennedy.   PLON - 230 pages  (Janvier 2007)

" Quelle nuit insensée ! Pourquoi le destin a-t-il donné rendez-vous ce soir ? Faut-il à certains moments de sa vie forcément regarder en arrière, forcément le pire ? On ne peut pas se contenter d'avancer ? Pourquoi se retourner ? "

JFK___jacquelinekennedy

28 mars 2007

La première fois ...

Tout d'abord, nous adressons un grand merci à Laure et sa Mosquito pour nous avoir guidées vers ce livre que nous avons trouvé absolument charmant !

premiere_foisCe livre nous raconte la naissance d'une petite Charlotte accueillie dans les larmes et nichée entre deux montagnes de lait ... Bébé béni des dieux, adoration de ses parents, etc ... Et la petite pousse, vit ses "premières fois" qui correspondent à des moments à la fois désopilants, cocasses, émouvants et touchants. Les petits pots avalés en crachant, les premiers pas suivis des premiers bobos, les câlins, le vélo sans les petites roues, les petits pois dans le ventre et sur la tête de Quentin Pommier ...

Puis Charlotte a 13 ans. Tout change. Vont venir les premiers baisers, les premières ruptures sentimentales, LA rencontre du Chéri et puis ... Tout recommence. Le cycle de la vie, la boucle est bouclée, et patati et patata.

En attendant cette deuxième partie (sincèrement moi je faisais des grimaces en feuilletant les pages, tentant de répondre aux questions, mais c'est quoi, ça veut dire quoi, et c'est qui son mari, arggghhh !) - donc, j'étais enchantée par les premières pages, que je trouvais joyeuses et enlevées, avec de belles illustrations, et qui concentrent ces instants précieux qui rappellent à TOUS de bons souvenirs.  

 

 

 

IMGP3482Mais parfois, c'est triste aussi... 

 

“ Surtout voyez ce livre comme un gage de tendresse, une belle marque d'amour et une déclaration, une timide et (parfois) maladroite façon d'expliquer à l'enfant la vie qui passe, qui vous donne toutes ces expériences de la première fois et en lisant ce livre, par exemple, on s'aperçoit que c'est très, très important de prendre le temps d'y repenser et réfléchir. ”

 

Magnifique album !

 

La première fois que je suis née - Vincent Cuvellier & Charles Dutertre  (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées)

 

 

 

IMGP3470

Parce qu'il est écrit à un moment : La première fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. La deuxième fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. La troisième fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. D'ailleurs je suis une princesse.

27 mars 2007

L'amour est très surestimé - Brigitte Giraud

amour_est_tres_surestimeAvant de comprendre qu'il s'agit de 11 textes distincts, le lecteur est en droit de se demander s'il s'agit bien de la même narratrice qui, au fil des chapitres, égrène à la 1ère personne son triste constat de l'échec conjugal.
Personnellement j'ai eu quelques vagues de doute.
Une fois bien compris que rien n'était lié, à part le thème du couple et de la pérennité de l'amour, j'ai pu m'absorber dans cette lecture.
Brigitte Giraud est galante, elle écrit sur "la fin de l'histoire" avec un stoïcisme qui vous tire de votre léthargie. C'est bien simple, c'est terriblement évident : "Vous n'avez rien vu venir et vous ne l'aimez plus". A partir de là, l'auteur va broder sur l'attachement matériel, ou son inutilité flagrante quand surgit la cassure, sur l'importance donnée aux enfants, leur annoncer la nouvelle, les prévenir du meilleur comme du pire. Elle envisage aussi l'après, "la juste place", comment se débrouiller avec l'absence, se refaire et s'habiller d'une peau neuve, croiser l'autre et aller vers lui, le repas qu'on prépare pour tout recommencer, reprendre "l'habitude".
"J'avais face à moi un inconnu, cet inconnu avait ravivé l'amour et m'exposait à tous les dangers. J'avais peur d'aimer et de ne pas aimer, peur de me tromper, peur d'aller trop vite. Je ne savais plus comment être devant un homme, alors je baissai un peu les yeux"...
Et puis, comme un second souffle, "le temps a passé", et la narratrice dit merci à son amour, "on n'arrête pas le cours des choses pour dire qu'on est heureux", pour aller à contre-courant du "vertige des naufrages amoureux, l'illusion de la liberté tant convoitée, le fantasme de l'instant exalté, de la jouissance sans limites, (...) la douleur d'aimer ou de ne plus aimer (...), les stigmates de l'échec, l'esthétique de la perte" (...)
C'est sensible et si bien rapporté, parfois amer ou mélancolique, un peu frustrant aussi (il s'agit d'un petit livre de 90 pages) où les sujets sont si bien dressés sur un plateau qu'on aimerait en lire davantage ! Mais c'est comme ça, à prendre ou à laisser !  Stock - 90 pages.

27 mars 2007

Brigitte Giraud en romans

A_presentBasé sur un sujet grave, la mort accidentelle de son mari, ce livre ne baigne pourtant pas dans un mélo à vous tirer toutes les larmes de votre corps. Au contraire, la plume de Brigitte Giraud est forte à décrire ces instants d'une vie à deux, qui brutalement n'existeront plus. A présent la narratrice se rend compte combien elle était heureuse. Et très gravement, tout simplement, elle raconte ces minutes où elle débarque à l'hôpital, apprend la mort, rencontre la famille, explique à son fils, téléphone à droite et à gauche, prend les dispositions pour l'enterrement.. jusqu'au jour des funérailles. C'est bref, précis, sans émotion morbide, ni exaltation effrénée.. A aucun moment la narratrice ne s'effronde en larmes, elle vit ses douloureuses heures en dehors de son corps, qu'elle pense être habité par son compagnon. C'est merveilleux, bouleversant et poignant.


j_apprendsNadia est née en Algérie et habite la région lyonnaise avec son père, sa soeur, son demi-frère et celle qui n'est pas sa mère. Elle a six ans et entre pour la première fois à l'école. Aussitôt ce monde nouveau devient pour elle une délivrance, un confort, un périmètre de rigueur, d'organisation et d'encadrement. En grandissant, Nadia s'applique toujours autant en classe, en gymnastique mais se détache des autres. Sa différence lui vient du mystère de son passé, sur toutes ces choses qu'elle comprendra "plus tard". Elle apprend ses leçons par coeur mais "personne ne m'apprend mon petit bout d'histoire à moi, ma traversée de la Méditerrannée, ma triste épopée". Car au fil du temps, Nadia devient curieuse, se pose des questions et réfléchit; selon elle, "je ne suis pas celle que tout le monde croit connaître".

En fait, cette jeunesse semi-dorée, semi-amère se passe dans les années 60-70, dans une ZUP où "nous sommes tous des enfants de la guerre d'Algérie, sans le savoir". Nadia est une petite fille attachante, dans laquelle une génération peut se retrouver. Par bribes, elle raconte sa jeunesse et son début d'adolescence, échelonnée de morceaux de poèmes, de règles de grammaire, sciences ou histoire. Nadia s'affirme à l'école mais s'efface chez elle. Sa double identité relève d'un passé familial chuchoté, à peine esquissé. Elle entend "des choses" dans les cages d'escaliers ou près des boîtes à lettres mais elle ne sait rien... Brigitte Giraud livre un nouveau roman en toute simplicité, écrit avec beaucoup d'amour pour la petite Nadia, enfant 'importée", un modèle dont on gomme les angles et avec un pan d'histoire qu'on tente d'effacer, avec maladresse et méchanceté, déjà. "J'apprends" est un mélange d'innocence et de pudeur, de vérité qui sort de la bouche des enfants. C'est très simple, ce qui n'enlève pas sa qualité !


nicoParce qu'un père a façonné son garçon brutalement, le mettant au piquet, lui infligeant brimades et remontrances dans un but constant de le dévaloriser, cet enfant, Nico, grandit mal. Sous les yeux de sa soeur aînée, Laura, l'enfant va devenir adolescent, instable, boudeur, taciturne et de plus en plus impulsif. Même après le départ du père, Nico ne cessera sans cesse de s'infliger lui-même des punitions, dans un but injustifiable. Qui cherche-t-il à blâmer et sanctionner ? Sa mère trop absente, trop dévouée à ses patients, trop assistante sociale bénévole proche du médecin des pauvres ? Restée seule, celle-ci va laisser sa maison partir à vau-l'eau, impuissante également à maîtriser un garçon qui sculpte son corps, se rase le crâne, incendie des poubelles, fréquente des groupes racistes. Au sommet de cette débâcle familiale, Laura, la soeur, se détache de ce frère qui part en vrilles. Elle décrit la débandade, la fuite des uns, l'abdication des autres et la déconfiture générale.

"Nico" est un roman suffocant, mal aéré, que l'édition de poche atrophie sournoisement. C'est un drame en plusieurs actes, une tragédie sourde au sein d'un foyer rongé par le silence, la non-communication entre les membres, les non-dits et les rancoeurs. C'est dur à lire, c'est étouffant et ça impose un irrépressible besoin d'air frais. Ouf... c'est la fin.


La chambre des parents (1er roman) - Le narrateur est à quelques jours de sa libération, il est actuellement en prison pour une peine de douze ans. Son crime : avoir tué son Papa. Pourquoi? On le découvre à la toute fin, avant il écrit dans un cahier ses souvenirs, dans la petite bicoque familiale, une maman épuisée, un frère évaporé, un père silencieux, absent, exclu du noyau. Les jours ne sont pas roses, sauf lorsque le garçon fait la rencontre de Marianne, qui deviendra son grand amour. C'est un peu pour elle qu'il rédige son histoire.

On devine le pire dans cette intrigue familiale, qui s'étouffe dans ses non-dits, ses silences et ses carences. Que cache cette fameuse chambre des parents ? Ce lieu clos, interdit, ouaté, presque un sacrilège à transgresser. En lisant ce roman, la sensation d'hypnose est immédiate, l'histoire du jeune homme est terrifiante, presque. On lit d'une traite le roman que Brigitte Giraud a mené avec maestria ! (stock)


maree_noireBrigitte Giraud a écrit là un roman très grave sur les relations difficiles d'un homme et d'une femme à recoller leurs peines et leurs maux d'amour. Chacun est marqué d'un passé douloureux, l'un par le deuil et l'autre par le départ brutal du mari ingrat... Aujourd'hui tous deux passent leurs premières vacances ensemble, avec aussi leurs enfants respectifs. Et ce roman traduit toute la longue et difficile complexité de refonder un couple, avec tous les bagages que l'un et l'autre apportent. C'est beau, difficile, terriblement cruel de vérité. Un roman délicat et très lucide.

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