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Chez Clarabel

24 mars 2007

Sujets libres ~ Clémence Boulouque

"C'était nouveau, ce besoin de savoir, après des siècles où il était obligatoire de s'inscrire dans une lignée puis des décennies d'indifférence ou d'intégration, à tout prix, à toute force. Et maintenant, cet étrange besoin de racines, d'identité, d'arbre généalogique." Violaine Bellasen a 25 ans. Un jour, son ex-fiancé lui propose de rédiger un dossier de presse sur un film adapté d'un roman de Simenon, "Feux rouges". Or, Violaine déteste Simenon mais elle accepte d'y travailler. Et puis l'étrange voyage de Violaine va commencer: d'abord le décès de son grand père et la conscience de la mémoire familiale qui vient de s'éteindre. Ses parents ont fui l'algérie quand ils étaient enfants et se sont installés en France. Violaine leur reproche aujourd'hui d'avoir nié leur passé, leurs racines et de n'en parler jamais. Pourquoi?.. Au lieu de comprendre, elle les condamne, prend ses distances, ne leur téléphone plus. Elle part au Maroc rencontrer une tante. Violaine recherche les feuillets que son grand-père avait écrit sur sa famille: pour Violaine, toute son histoire s'y trouve. Quand Violaine commence à ouvrir le dossier de Simenon, peu à peu l'histoire de l'écrivain l'interpelle. L'histoire de "Feux Rouges" la touche. Elle part à New york, sur les traces de Simenon, mais aussi pour recoller des bouts d'elle-même dans cette mégapole où le melting-pot est l'identité première.
La quête de Violaine c'est aussi celle de tous les enfants d'ici ou d'ailleurs; c'est l'histoire du passé à retrouver, de racines à sortir de terre, et de famille à reconstruire. Ces pays perdus de la mémoire, à retrouver ou à inventer. "Elle a demandé à d'autres fils et filles d'exilés si leurs parents ont la gorge nouée en évoquant le pays quitté, si cela les empêche de parler. Ils l'ont, souvent. Ils choisissent le silence pour transmettre la mémoire. Parmi leurs enfants, certains s'en privent, d'autres s'en moquent. Quelques-uns, enfin, l'inventent. Sujets libres."

mars 2004

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24 mars 2007

La mémoire neuve ~ Jérôme Lambert

Ce premier roman de Jérôme Lambert est très mystérieux: le narrateur, Julien, débarque du train, son petit ami l'attend et tous deux partent en voiture vers une destination inconnue. Mais pas si inconnue, car elle semble ramener le jeune homme sur les traces de son enfance, sur les lieux où un événement antérieur a marqué celui-ci au stade de devoir le ramener à ce point de départ pour faire peau neuve.

"La mémoire neuve" parle donc d'un mystère survenu pendant l'adolescence de Julien. Lors d'un été chez ses grand-parents, entouré de ses cousins, le garçon a connu l'attirance et le trouble des fortes connivences masculines. Un pacte avait été scellé, une promesse faite... que le jeune Julien a brisé. Pour un autre, Clément. Un garçon introduit par l'aîné des cousins, un garçon au sourire insolent et victorieux, un garçon qui va semer la zizanie au sein de cette équipée de cousins.

La narration oscille donc entre cet instant présent où le personnage de Julien soliloque intérieurement sur sa trahison et son incapacité à passer outre, à tourner la page et à se confier à son petit ami actuel. Il revient sur l'été de ses douze ans, sur la joyeuse troupe des cousins et le troublant Clément, l'élément catalytique.

Le roman de Jérôme Lambert centralise essentiellement son intrigue autour du monologue intérieur de Julien. Cela crée un suspense latent et captivant. On attend le dénouement avec une certaine impatience, à tel point que la délivrance n'est pas à la hauteur de l'attente. Un peu dommage.
Bon premier roman qui, toutefois, pêche à égaliser le drame prévu à sa véritable réalisation...

mars 2004

24 mars 2007

Un soupçon de vison (1962)

touch2Ou l'histoire de la belle et le milliardaire.
Cathy Timberlake se rend chaque semaine à l'agence de l'emploi pour toucher son chèque de dédommagement (chômage), mais en chemin une limousine passe à toute berzingue en roulant dans une flaque de boue et l'éclabousse. Cathy est ulcérée, l'individu dans la voiture n'a pas pris la décence de s'arrêter.
Cet homme est Philip Shayne, homme d'affaires richissime, qui décide d'envoyer son conseiller financier réparer cet ennui en lui confiant un billet vert. Mais Cathy ne l'entend pas de cette oreille, énervée elle l'est jusqu'au bout des ongles. Elle va lui en conter de belles, à ce Monsieur Shayne !
Mais devant lui, la jolie blonde fond et succombe au charme ravageur du milliardaire. Balbutiante et rougissante, elle s'embarrasse et accepte de passer la soirée avec lui, avant de le suivre pour un voyage aux Bermudes.
L'amie de Cathy la prévient : ma fille, cet homme ne pense qu'à son lit ! Il se moque bien de tes petites prétentions. Car oui, Cathy Timberlake n'est pas une sotte, elle veut qu'on la respecte, et pourquoi pas être épousée ?!
Mariage, vous avez dit mariage ?! Horreur, Shayne est horripilé par cette institution et décide de prendre ses jambes à son cou. Loin de lui cette ravissante blonde qui veut le pendre haut et court.
Non et non, ces deux-là se mélangent les pinceaux, ils n'ont rien compris et font une montagne de pas grand-chose !

touch1Belle comédie de 1962 réalisée par Delbert Mann, "Un soupçon de vison" implique que toute femme dans la vie convoite la fourrure (dépouille l'homme) avant d'envoyer le monsieur dans les orties ! Piètre conception du couple, mais nous sommes en Amérique dans les années 60. Les jeunes femmes ont une ligne de conduite à surveiller (pas de coucherie hors mariage), leur réputation a un prix que toute demoiselle en détresse n'est pas prête à concéder (la virginité coûte que coûte !).
Le personnage de Cathy Timberlake a les archétypes de la jolie blonde séduisante qui attire les pires dragueurs, pourtant Cathy a du tempérament et le démontre à maintes reprises. Mais en tombant folle amoureuse de Monsieur Shayne, elle comprend qu'il est finalement bien difficile d'être pris au sérieux, d'espérer compassion et estime de la part de ce faux gentleman !

touch4Doris Day et Cary Grant entreprennent un jeu du chat et de la souris plutôt drôle et vif. Les scènes de maladresse et de méprise sont légion, avec toujours ce côté "comédie sympathique et légère" qui a fait la gloire du cinéma américain, en leur temps. Cary Grant est alors âgé de 58 ans, il incarne à jamais ce bel enjôleur aux tempes grisonnantes, sûr de son charme mais qui mise moins sur les clowneries pour tirer le sourire au spectateur. Et de toute façon, ça marche ! Son seul choix de courir la ville dans une camionnette de poulets pour mettre la main sur Cathy fait plaisir. "No frankly, my dear !"
Face à lui, Doris Day tire admirablement son épingle du jeu. Piquante et adorable, la jolie blonde a plus d'une corde à son arc. Et même avec le minois criblé de boutons et de crème apaisante, elle assure une pureté au film qui fait plaisir à regarder !

Un soupçon de vison, film de Delbert Mann (1962) - avec Doris Day & Cary Grant. Titre vo : That touch of mink.

24 mars 2007

Comment voler un million de dollars (1966)

comment_voler6Nicole Bonnet est désespérée des agissements de son père. C'est un excentrique, un audacieux qui peint des faux tableaux et les revend aux plus offrants, se moquant du souci d'honnêteté de sa fille unique.
Et pourtant, il faut bien s'en faire lorsqu'un musée décide de mettre en exposition une fabuleuse statuette (bien évidemment fausse) et de l'expertiser pour les besoins de l'assurance (qui la couvre pour un million de dollars !).
Père et fille sont verts. Nicole pense déjà à sa carrière professionnelle, songe à partir en Amérique et s'inquiète pour son père qui prend enfin conscience d'avoir dépassé les bornes.
Il faut agir !
Alors Nicole recontacte ce Simon Dermott qu'elle a rencontré un soir dans leur maison, pris la main dans le sac. Cet individu allait s'emparer d'un tableau de Van Gogh (faux, bien sûr). La jeune fille l'avait menacé d'un pistolet, blessé au bras, avant de s'en mordre les doigts elle avait accepté de le reconduire au Ritz ! Là, ce malotru l'a embrassée effrontément. Mais Nicole est sous le charme.
comment_voler7Pour elle, Simon Dermott est un gentleman-cambrioleur. A sa demande, il exécutera le vol de la Vénus, empêchera le blâme sur la famille Bonnet et vite fait, bien fait chacun pourra reprendre le cours de son destin.
Oui mais voilà, rien ne se passe comme prévu.

Dans ce film de William Wyler, il est question de duperie, de mascarade, de faux semblant et d'entourloupe. Les Bonnet veulent échapper au scandale, ce qui était à la base une farce d'un faussaire écervelé prend une proportion dangereuse pour sa fille intègre, dynamique et fleur bleue.
Dans sa mésaventure, Nicole tombe sous le charme d'un cambrioleur peu ordinaire, à qui elle refuse de révéler son secret, malgré la séduction équivoque et troublante qu'il exerce sur elle.
Mais ils ne sont pas seuls à enquêter sur cette piste de trafic de faux dans la capitale française (oui, toute l'histoire se passe à Paris). Et il faut être fin limier pour déjouer les honnêtes gens des prétendants qui se veulent amateurs d'art chez les Bonnet.

comment_voler5Voyons, "Comment voler un million de dollars" est une comédie charmante et forte du charme éblouissant de la superbe Audrey Hepburn, toute vêtue de Givenchy, dont la sublime scène où Nicole paraît avec un loup en dentelle noire ! Superbe de pied en cape !
Le scénario est guilleret, les acteurs sont tous polis, élégants et respectueux. Smoking de rigueur, moustaches troussées vers les étoiles, beaucoup d'humour, des situations rocambolesques mais pertinentes, bref le film de Wyler est impeccable, classique, bourré de grâce, avec un Peter O'Toole, dandy fringant et irrésistible, qui rebondit avec espièglerie à son interprétation de "Lawrence d'Arabie".
Le succès de ce film repose indéniablement sur son esthétisme et la fraîcheur de son scénario. Très joli à voir !

Comment voler un million de dollars, film de William Wyler (1966) - avec Audrey Hepburn & Peter O'Toole. Titre vo : How to steal a Million.

[Nicole describes the burglar to her Papa.] comment_voler8
Nicole Bonnet: Well, it was pitch dark and there he was. Tall, blue eyes, slim, quite good-looking... in a brutal, mean way, Papa. A terrible man!

Charles Bonnet: This tall, good-looking ruffian with blue eyes, he didn't, er, molest you in any way, did he?
[Nicole is staring off dreamily.]
Charles Bonnet: Well, did he?
Nicole Bonnet: Not much.

***

Nicole Bonnet: I keep telling you, when you sell a fake masterpiece, it's a crime!
Charles Bonnet: But I don't sell them to poor people, only to millionaires.

23 mars 2007

Mon épouse favorite (1940)

monepouse7Ellen Arden rentre chez elle, après 7 années d'absence. Elle était partie pour un reportage photographique au large du Pacifique où son bateau a fait naufrage, ne laissant aucun survivant. Ellen a donc été portée disparue, puis déclarée morte.
Son mari Nick a tenté de la retrouver, avant de refaire sa vie. Il a rencontré Bianca, une brune à la beauté un peu froide et glissante, avec qui il a décidé de se remarier !
Or, le même jour, Ellen revient au bercail. Apprenant que son époux convole en secondes noces, elle décide de le retrouver dans son hôtel et attend de lui qu'il informe sa jeune épouse que leur mariage est annulé !
Mais Nick est pataud, un gentleman brouillon, qui n'arrive pas à prendre le taureau par les cornes.
monepousefavorite1Et tout serait encore plus simple s'il n'avait pas appris par inadvertance que son épouse Ellen a passé ces 7 années sur une île déserte en compagnie d'un apollon sûr de son charme !

Bref, le couple Arden est confronté à une série de quiproquos qui alimente le scénario de manière cocasse et absolument charmante ! Après avoir déjà joué ensemble dans "Cette sacrée vérité" de Leo McCarey, Irene Dunne et Cary Grant se retrouvent, toujours sous la houlette du même réalisateur. Du moins, avant que celui-ci ne soit victime d'un accident de voiture et délègue la réalisation au jeune Garson Kanin, scénariste de son état. McCarey étant à la production, c'est lui qui conduit et conseille le jeune remplaçant, on y retrouve sans conteste sa patte : l'humour, l'élégance, le chic et la tendresse !
monepouse10Irene Dunne est divine, tour à tour insouciante et taquine, elle parvient à tenir tête à son charmeur d'époux, qu'elle prend pour un coeur d'artichaut, exprès pour l'agacer et le récupérer ! Car Cary Grant, encore dans les débuts de sa pétillante carrière, démontre qu'il est un "monstre" dans le domaine du héros romantique et comique, à la séduction puissante, au charisme qui crève l'écran, et dont les mimiques tirent les éclats de rire !
monepouse5Pour ma part, je crois qu'il faut saluer Gail Patrick qui interprète Bianca. Elle n'a pas un rôle sympathique, elle est très vite cataloguée comme la nouvelle femme encombrante et pincée, bien pâlotte en comparaison de l'étincelante Irene Dunne, d'ailleurs Bianca n'hésite pas à taxer son personnage d'Ellen de "chipie" !
Cette comédie aux moeurs légères est un régal, à voir, revoir etc. Le film a remporté un gros succès dans les salles américaines (l'Europe s'embourbait dans son conflit, nous sommes en 1940) et "Mon épouse favorite" a fait l'objet d'une tentative de "remake" en 1962 avec "Something's got to give", le dernier film (inachevé) de Marilyn Monroe, avec Dean Martin et Cyd Charisse.

Mon épouse favorite, film de Garson Kanin (1940) - avec Cary Grant, Irene Dunne, Randolph Scott, Gail Patrick. Titre vo : My favorite wife.

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23 mars 2007

Perla - Frédéric Brun

perlaFrédéric Brun est un fils qui a perdu sa mère, Perla, rescapée du camp d'Auschwitz, déportée en juillet 44. Elle est rentrée au pays, dévorée et marquée à jamais, pourtant elle a tenu son secret enfermé au plus profond de ses entrailles.
De ses mois de déportation, Perla n'en a jamais parlé. A son fils unique qui n'a pas su poser les bonnes questions à temps, elle a tenu ce visage ravagé par les souvenirs, la douleur et le sourire qu'on s'efforce de donner. Mais l'illusion était bel et bien morte.
Frédéric Brun se sent seul, triste et malheureux. En commençant ce récit, c'est pour lui "un livre de pensées". Ce n'est rien d'autre que ça : un constat frustrant de n'avoir rien su du passé de sa mère, une recherche désespérée à puiser ses sources dans tous les livres qui traitent de la Shoah, un espoir de voir grandir son fils Julien pour lui offrir le choix de vivre sa vie sans se retourner, et c'est l'amertume d'être face à deux Allemagne, "celle des camps et des barbelés contraste avec celle des plaines embrumées, des couchers de soleil orangés, des poètes idéalistes, Novalis, Hölderlin, qui ont attrapé l'âme du monde. Pourquoi suis-je si fasciné par ce pays écartelé entre le lied et la voix sèche, le raffinement et la barbarie ? Je m'étonne de vouloir trouver en lui ma littérature préférée et les traces d'un passé qui ont brisé Perla."
Ce texte est bouleversant, totalement sobre et écrit avec une sensibilité déchirante. Il y a malgré tout une lueur d'espoir derrière "ces pages de larmes", car "Une mère, en fait, cela ne meurt jamais". J'ai été profondément émue par ce livre, pas au point de verser des larmes, c'est un bel hommage d'un fils à la figure maternelle, un devoir de mémoire qui n'a pas su être accompli en remplissant tous les trous, mais c'est justement cette humilité qui rend "Perla" éloquent et essentiel. Lisez ce livre !    Stock, 110 pages.  Février 2007.

" Qu'y a-t-il donc encore à savoir ? Je me demande pourquoi j'ai tant besoin de plonger dans son histoire. J'ai l'impression, grâce à l'écriture, de reconstruire un pont entre elle et moi. Pourtant, qu'est-ce que je connais réellement d'elle ? Perla demeure pour moi un mystère. Elle ne m'a jamais vraiment connu non plus. Nous n'avons pas assez profité l'un de l'autre, il y a eu trop de barbelés entre nous. Je me rends au Mémorial de la Shoah, à quelques pas de la chambre de service où elle habitait. Je cherche son nom. Il est bien inscrit sur la pierre. Je trouve une Perla. Je me suis trompé de mur. Ce n'est pas elle. Il y en avait eu une autre ! Qu'est-elle devenue ? A-t-elle survécu ? J'ai le cœur qui bat plus vite. Combien de Perla sont gravées sur ce marbre ? "

22 mars 2007

A bout de couple - Catherine Castro

A_bout_de_couplePrésentation de l'éditeur
Alors que le sexe a cessé d'être subversif pour se muer en religion commerciale, le couple est devenu le tabou consacré. Aucune issue possible, nul chemin de traverse. Seuls, vous êtes une femme ou un homme mort(e). Le couple est une institution qui reste le baromètre infaillible pour mesurer le degré d'intégration d'un individu. Que faut-il voir dans cette obsession sinon un formidable lavage de cerveau faisant fric de tout bois, une exploitation de la détresse affective, un enjeu politique ? A une autre époque, la lutte des classes remplissait les bistrots, les amphis. Au même moment, le couple volait en éclats, dernier bastion de l'idéologie bourgeoise. Aujourd'hui, on lui fait un triomphe. Le couple serait une promesse de bonheur. Il garantirait un itinéraire personnel réussi. Il assoirait une image politique. L'époque a les enjeux qu'elle se donne, le nôtre, c'est l'amour fonctionnaire.

Ce que j'en dis

Pas grand-chose, en fait ! Je me sens incapable d'exprimer un véritable avis sur ce livre, qui m'a agacée, oh oui. Catherine Castro, journaliste à Marie-Claire, offre une vision pertinente sur l'image du couple tel qu'on nous l'étale de nos jours, dans la presse, la politique et la littérature. Pour une femme seule, c'est insultant ! Mais n'allez pas croire que l'auteur de cette mise en accusation soit une frustrée, une aigrie de la vie, etc. Elle aussi a déjà donné, et puis un jour elle a été dégoûtée, purement et simplement. Seule solution : elle a repris sa liberté, elle est redevenue elle-même, conforme à ses choix. "Se rendre compte qu'au final, il me manquait beaucoup moins de choses que lorsque je partageais ma vie avec quelqu'un qui ne me manquait pas. Pour réaliser que la personne qui me manquait, c'était moi. Quelqu'un qui détestait le couple. ça fait un choc. (...) On se cramponne au couple comme on s'accroche  aux clopes, accro à une drôle d'idée du plaisir, jusqu'à en être dégoûté. " Le ton de ce livre est lucide et blessant, aussi vrai que cela puisse être, c'est aussi très dérangeant. Je suis incapable de me ranger à ses côtés, parce qu'il faut admettre que ce point de vue décalé et inattendu laisse un arrière-goût rance. On nous ment depuis des générations, et il est inscrit quelque part que "tu abhoreras ce que tu as aimé" ... Gloups. Je dis ok sur certains points, mais l'instant d'après je me dis qu'elle exagère, qu'elle est trop belliqueuse, et dans le fond c'est ce qui me gêne le plus pour adhérer à ses idées.

Alors voilà, je le propose en livre-voyageur, certains d'entre vous connaissent ce principe (je me charge d'envoyer ce livre au 1er qui sera intéressé et à son tour il le fera suivre aux personnes disposées, etc. avant le retour à l'envoyeur quand la boucle sera bouclée). Signalez dans vos commentaires si l'aventure vous tente, si vous souhaitez vous pencher sur le problème du couple, et cela me permettra de vérifier à quel public ce livre se destine le plus. (Les adresses sont échangées en privé !).

Denoel, 155 pages  (ce livre est en petit format, et ça se lit très vite !)

22 mars 2007

Les soeurs Delicata ~ Geneviève Brisac

Les soeurs Délicata sont sept: Paloma, Evangéline, Clotharia, Esther, Nouk, Judith et Mo. Sept petites filles qui vivent dans un appartement "qui ressemble à un boa". L'histoire commence le 20 décembre. Nouk, la narratrice, parle de ses soeurs, des anges qu'elles confectionnent, de sa grand-mère (l'extravagante Grand-Mère Oiseau qui vit dans sa chambre, "sa grotte", et en sort parfumée, maquillée, accoutrée avec exubérance). En se rendant à l'église, sous l'escorte de leur gouvernante Méta (qui les laisse seules et s'en revient les cheveux ébouriffés et le rouge à lèvres qui coule), elles rencontrent une vieille dame avec une peau de louve sur le dos, Madame Elohim, qui les comparent à des petites filles échappées des contes d'Andersen !
Les soeurs Délicata entreprennent de faire de bonnes actions (elles tricotent des écharpes, font des cakes aux fruits) et vont les offrir aux résidents de la Villa des Pins, un établissement fermé par une énorme grille en fer, avec des bouts de verre sur les murs ("pour éviter qu'ils s'échappent?" se demande Nouk). En revenant de leur expédition, elles retrouvent l'appartement vide et silencieux. C'est le soir du 23 décembre et leur mère a disparu.
Que se passe-t-il chez les Délicata? La grand-mère Tchaïka débarque, on oublie d'évoquer leur mère, le père est quasiment absent, la gouvernante disparaît également.
Entre hallucinations et croyances, l'histoire des "Soeurs Délicata" plonge le lecteur dans un mystérieux conte à consonnance mystique, à la croisée des Contes Gothiques de Karen Blixen et des contes d'Andersen. L'ambiance est inquiétante, intéressante, palpitante et un rien gothique, le tout sur un mystère qui grossit, dans un univers à la fois onirique et surréaliste.

mars 2004

22 mars 2007

La collecte des monstres - Emmanuelle Urien

collecte_des_monstresDans le club très prisé des "spécialistes de la nouvelle", où les demoiselles d'une trentaine d'années excellent avec leur bagout et un culot particulièrement jouissif, il faut vite inclure à la bande des Céline Robinet, Dorine Bertrand, Lola Gruber, Claire Castillon et Isabelle Sojfer, la "terrible" Emmanuelle Urien.
D'abord, bravo à elle pour avoir intégré l'écurie des éditions Gallimard, une belle récompense pour son talent déjà repéré par les surfeurs de la toile !
Passons.

"La collecte des monstres" est un recueil de 18 nouvelles dont on sort plus d'une fois abasourdie et sidérée par la note finale. Mais avant d'évoquer la conclusion, parlons d'abord du contenu : de beaux textes, faussement lisses, sur des personnages plus ou moins ordinaires, un peu toqués et frappés par le sort, et qui bouclent un chapitre en donnant le coup de massue sur l'infâme curieux qui a niché son nez dans ce livre !
Mazette, ça dépiaute !
Plusieurs histoires m'ont accroché, dont "L'homme qu'il me faut" où une jeune femme envoie des dizaines de lettres pour les journaux de petites-annonces, clamant qu'elle est une belle jeune fille parfaite qui cherche un homme avec les mêmes caractéristiques, la réponse ne se faisant pas attendre, la demoiselle s'émeut et se lance vers l'inconnu...
Le principe d'établir des règles et de vouloir s'en tenir fait écho à l'histoire de "Lilas ou les règles de l'art". Lilas est une jeune étudiante qui a du mal à joindre les deux bouts, elle décide de faire le trottoir avec les conditions qu'on lui connaît dans le quartier, "mille euros" dit-elle pour éconduire les indésirables, très bien !...
"Plaie d'agent" raconte le tic obsessionnel d'un homme qui pense être suivi et le vérifie sur le champ en se retournant brutalement, de son vice va naître la passion pour la photographie, puis le début de la gloire grâce au zèle exemplaire de son agent, mais bon...
Et je pourrais continuer d'en faire la liste, tant j'ai apprécié beaucoup des nouvelles de ce livre !

Pourtant, ce n'est pas gagné d'avance, il y a un fond méchant, un esprit terrible, un grain de folie et d'horreur, un compte à rebours qui va vous envoyer dans les roses ! C'est étonnant ce talent et cette facilité manifeste de mettre en place une situation qui varie, qui bouscule les idées et qui parvient sans cesse à nous surprendre.
Plus d'une fois, j'ai été ébahie par la chute. Tantôt je riais, tantôt je grinçais des dents, et même je me demandais s'il ne fallait pas me sentir (un peu) coupable de ricaner et de trouver ça drôle. Eh bien, non ! Le titre en lui-même annonce la couleur, et saviez-vous que dans certaines communes c'est ainsi qu'on nomme "le ramassage des encombrants" ?
"La collecte des monstres" est une peinture, ce n'est pas seulement dans un esprit de la laideur, celle-ci se décrit de bien différentes façons, on le constate, nous sommes cernés. Et comme disait Francis Bacon : "Si je rends les gens laids, ce n'est pas exprès : j'aimerais les montrer aussi beaux qu'ils le sont". Mais bon...
"Elle m'a dit un jour que connaître l'opinion des gens sur son compte, ça l'aidait à mieux les mépriser. C'est un besoin chez elle, le mépris, on dirait que ça l'aide à se tenir droit en l'absence d'autre soutien. Le mépris, c'est son tuteur à elle."
Vraiment pas mal du tout !

Gallimard, 155 pages.

21 mars 2007

Toute la musique qu'on aime !

juke_boxVoici un livre sans texte qui se dévore avec les yeux ! Cela se passe dans un café, Chez Michel, et autour d'un juke-box. On y découvre vite que chaque client s'empresse de glisser sa petite pièce pour écouter sa musique préférée et s'imaginer dans la peau d'une cantatrice, d'un chanteur de rock, de blues ou de jazz ... Tous les genres musicaux y passent !

Pour les enfants, ce livre est surtout une belle démonstration visuelle. Il faut les voir contempler tous les coins et recoins des pages de ce livre, à la recherche du moindre détail, s'esclaffant et rigolant à tout va. Ma Miss C. a beaucoup apprécié, c'est vrai. Après, c'est au tour des parents d'expliquer un peu plus à quoi correspond tel ou tel style de musique. Cela a été pour nous l'occasion de piocher dans nos armoires et nos bacs à cds pour mieux illustrer en musique cet album déjà fort bariolé et haut en couleurs.

La musique adoucit les moeurs, dit-on. Elle révèle les personnalités et rassemble les hommes. C'est tellement vrai quand on feuillette l'album de David Merveille. Cet auteur illustrateur nous offre son univers insolite et fantaisiste où il faut fourrer son nez à la recherche d'indices et de détails pour mieux cerner les clins d'oeil laissés par l'auteur. Chapeau d'ailleurs pour le finale de cette histoire : quand le chat n'est pas là, les souris dansent ... Et pas que ça !  (Ma fille est encore trop jeune pour comprendre, et là c'est moi qui me suis bidonnée !).   Editions du Rouergue ont fêté leurs voeurs 2007 de cette façon - 48 pages

 

Ma Miss C. a glissé sa pièce dans le juke-box :

 

 

Et moi j'ai mis ceci :

 

A votre tour !  Bonne lecture en musique !!!!!!!

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