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Chez Clarabel

11 février 2009

Tu pars en voyage, Je pars très longtemps...

Coup de coeur d'une grande fille de 8 ans 1/2, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de la mienne... ;o)

Tulane_290x344Le Miraculeux Voyage d'Edouard Tulane  nous raconte une histoire bouleversante, un conte initiatique sur la recherche de l'amour. Edouard Tulane est un lapin de porcelaine, vêtu d'habits précieux et élégants. C'est le jouet d'une petite fille de neuf ans, Abilène, qui habite une grande demeure bourgeoise. L'histoire nous permet de comprendre les pensées du lapin, qui est une petite créature égoïste et sans coeur. D'ailleurs, la grand-mère Pellegrina voit clair en lui car elle lui sussure un soir, dans son lit, qu'elle est très déçue par lui.

Peu après, la famille Tulane s'embarque sur le Queen Mary pour une croisière vers l'Europe. A bord du navire, Edouard est traité comme un prince, quand un drame arrive et le lapin tombe par-dessus bord. Il coule au fond de l'océan, il est plongé dans le noir, il ne voit plus les étoiles et il est seul. Le temps passe et le lapin est miraculeusement secouru par un filet de pêche. Commence alors une formidable épopée pour Edouard, qui va durer dans le temps, lui faire voir du pays mais surtout, lui donner de rencontrer des personnes étonnantes et aimantes.

Ce chemin de croix va permettre à Edouard Tulane d'ouvrir son coeur, et le nôtre aussi ! Impossible de rester de marbre en lisant cette histoire, incroyablement touchante, généreuse et poignante. Il y a des passages bouleversants, des rencontres fortes et inoubliables... Cette lecture a été notre fil rouge durant trois soirées, ma fille en réclamait encore. La dernière page tournée a même accueilli un grand cri de protestation, c'était tellement bon, pas envie de quitter tout ce petit monde... bref ce livre fait maintenant office des prochaines relectures !
Verdit : Un vrai petit bijou littéraire.

Le miraculeux voyage d'Edouard Tulane

hearn2_190de Kate DiCamillo
traduit par Sidonie Van Den Dries

Illustré par Bagram Ibatoulline

Tourbillon, coll. Histoires Universelles, 2007
204 pages /
12,95€

Un coup de coeur, aussi, pour Lili Oregane

... Tu vas m'oublier, c'est sûr, c'est certain

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10 février 2009

La grand-mère de Jade - Frédérique Deghelt

« Ceux qui écrivent ont une façon si particulière de porter leurs yeux sur ce que nous ne saurions voir. Je suis une lectrice. Je ne serai jamais capable d'écrire le moindre texte, mais quand je lis le roman d'un écrivain, je suis toujours frappée de ce regard singulier : cette façon de saisir la banalité et d'en rendre compte sous un angle insolite, cet art de tisser un lien entre des choses qui n'ont pas l'air d'en avoir. (...) Et si je n'écris pas de roman, mon imagination récrit ceux que j'ai aimés avec un amour respectueux. La part de rêve que m'offre la lecture me révèle une réalité, la mienne. Je ne sais pas ce que trouve l'auteur en écrivant, mais je devine dans ce qu'il tait une réserve où puiser mes plus belles rencontres avec ce que j'ignore de moi-même. »

41XL_OyBZqL__SS500_A la demande de son père, qui vit à l'autre bout du monde, Jade accepte de prendre sous son aile sa grand-mère Jeanne, victime d'un malaise du haut de ses quatre-vingt ans et rétive à entrer en maison médicalisée. La cohabitation dans l'appartement parisien entre cette jeune journaliste indépendante et cette petite paysanne échappée de son village montagnard donne lieu à une véritable osmose. L'une et l'autre se découvrent un goût commun : les mots. Jade a écrit un roman, qui est refusé par tous les éditeurs, et Jeanne a été une grande lectrice, loin du regard de son entourage. Entre elles, s'engage une discussion passionnante, sur des parcours dissemblables, tel un voyage à travers le temps. Deux femmes s'écoutent et se comprennent. Mamoune va jusqu'à proposer de jeter un oeil au manuscrit de sa petite-fille, en glissant « je pourrai bien t'aider moi » dans un souffle, comme une petite souris qui ne voudrait pas paraître trop envahissante, la prétention d'une donneuse de leçons rangée au placard.

Ce texte est tout le contraire d'un étalage de vanité, ce serait plutôt du genre à chuchoter, à marcher sur la pointe des pieds. C'est un livre désarmant de tendresse ! La connivence entre les deux femmes est bouleversante, s'épanouissant sur un épilogue qui laisse pantois. Mais c'est extrêmement émouvant.

Il y a à travers chaque ligne de ce livre un hommage interminable sur le goût des mots, le pouvoir du livre, la magie de la séduction, et l'éblouissement de la première fois, lorsqu'on découvre une histoire, l'envie d'y être encore et toujours. Ce roman de Frédérique Deghelt est subtil, c'est un vrai tour de passe-passe (surtout concernant la fin). Une fois commencé, ce livre ne vous lâche plus. Il est ensorcelant ! Et tendre aussi, car les personnages sont magnifiques. Tout est beau dans ce roman. Lisez-le ! 

 

« Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombent des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l'existence. (...) J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres. »

Actes Sud, 2009 - 391 pages - 21€

la reconnaissance du jour : « Vous aimez l'accident d'un rêve enseveli dans un roman. Vous aimez que l'écriture accroche la douleur aux ténèbres pour en faire de la lumière. Je le sais, je le sens. »

 

les avis de Cuné et de Marie

9 février 2009

Festin de miettes - En poche ! #19

Festin de miettes, Marine Bramly

festinmiettesC'est une histoire entre deux amies d'enfance, qui se sont perdues de vue et se retrouvent près de dix ans après. On en a déjà lu, des histoires à cette sauce. Alors pourquoi se laisser tenter par cette énième copie, après tout ? Tout simplement parce que « Festin de miettes » donne l'impression que l'écriture coule de source, qu'une histoire peut s'écrire et se raconter de façon claire et limpide, que cela vous emporte et ne vous lâche plus avant la dernière page. 

C'est la quête d'une mère qui pousse Sophie et Deya, fraîchement réconciliées, à se lancer vers une piste qui les conduit tout droit au Sénégal. Mais pour toutes les deux, le parcours réveille des anciennes bouffées d'envie et d'aigreur. Le voyage n'est pas gratuit, il va les mener vers des vérités dérangeantes.
Avant cela, le décor était planté dans un « petit pavillon enfoui sous une perruque de glycine, dont la façade était en grande partie ouverte aux regards, comme dans une maison de poupée », une maison nichée au fond du jardin d'un hôtel particulier que possède la famille Rausboerling. Et ce théâtre de la rue des Grands Augustins semble coupé du reste du monde, plus rien n'existe autour. On entre chez les Rausboerling comme dans une autre dimension, dans une demeure splendide d'un autre temps, où l'on croise des figures flamboyantes et décaties.
Le vertige qui saisit Sophie est là pour lui rappeler les années de frustration, de rage et d'amertume. Sa propre vie est devenue si médiocre le jour où elle a quitté ce foyer d'adoption, poussée par la colère de Deya. Et pourtant, aujourd'hui, la jeune fille la réclame. Comme au bon vieux temps. 

L'histoire est étourdissante, passionnante et brillante !
Marine Bramly paraît aussi à l'aise en pleine brousse africaine ou dans un hôtel particulier d'une famille de vieux bourgeois, baladant personnages et lecteur au gré d'une aventure captivante. J'ai été soufflée, emportée, enjouée et séduite par ce récit. Peut-être la quatrième partie est un peu plus faible, plus esquintante... même si finalement j'ai trouvé que le point final était osé. 
C'est superbement envoûtant, d'un romanesque époustouflant, parfois déconcertant, mais quel brio ! Vous ne lâcherez pas ce livre avant la fin !

(roman lu en janvier 2008)

JC Lattès, 2008 / Livre de Poche, 2009 - 6,50€

9 février 2009

Un peu de respect, j'suis ta mère ! - Hernàn Casciari

« Ce livre recueille une à une les confessions de Mirta Bertotti, mère de famille de cinquante-deux ans qui habite avec son mari, ses trois enfants et son beau-père dans la ville argentine de Mercedes. Mirta écrit sur sa famille et sur sa vie, elle évoque également sa peur de vieillir et son ennui conjugal. Ne s'agissant pas d'une oeuvre majeure, il n'y a pas grand-chose à en dire, en réalité. L'ouvrage est composé d'environ deux cents chapitres qu'elle a publiés sur un blog entre septembre 2003 et juillet 2004. Elle les a rédigés elle-même avec l'assistance technique de Nacho, son fils aîné, et les a postés jour après jour, sans autre objectif que de lutter contre la dépression, persuadée que nul n'aurait envie de lire les scribouillages d'une « grosse dame » de province. »

51441OQPs5L__SS500_Attention, trop sérieux s'abstenir ! Ce roman est complètement idiot (dans le sens burlesque), mais pas mauvais. Il met en scène une famille barrée dans une comédie déjantée, comme si les Simpsons et South Park s'étaient mélangés entre eux. Imaginez le désastre !

Mirta Bertotti, mère de famille de cinquante-deux ans, nous raconte sans pudeur ni miel trop sucré les aventures rocambolesques des siens : son fils aîné, la prunelle de ses yeux, aime les garçons, le deuxième fils est un crétin fini, la fille en sait plus que sa mère sur les choses du sexe... Son mari traîne devant la télé, il a la main légère et des humeurs d'ours, en plus le beau-père, vieux cochon, fume des pétards et trafique du hasch. Bienvenue chez les Bertotti ! La famille ne roule pas sur l'or, elle joint les deux bouts avec les moyens du bord, lorsque Nacho, le fils prodigue, propose d'ouvrir une pizzeria.

« Parfois j'aimerais avoir une famille comme celle de La Petite Maison dans la prairie. La question la plus impertinente que Laura ait jamais posée à sa mère portait sur la manière d'enfourner les petits pains. Mais il est clair que je n'ai jamais eu de chance, dans la vie ! »

Je me suis régalée en lisant ce livre, ne me retenant pas de rire aux éclats en découvrant le portrait de cette famille, en plus de leurs facéties. Le ton est parfois osé, les noms d'oiseaux volent. La mère est cash, elle écrit comme elle pense, c'est spontané, frais et délirant. J'avoue avoir zappé quelques passages, parce qu'il ne faut pas abuser des bonnes choses. Mais globalement j'ai picoré avec délice cette comédie farfelue d'une desperate housewife qui échappe à la crise grâce à l'écriture de son blog !
N'en attendez pas trop, juste un bon antidote contre la déprime ! Succès garanti.

********** 

Cette histoire publiée quotidiennement sur internet a connu un succès public sans précédent. Mais en fait, Mirta Bertotti n'est qu'un personnage fictif tout droit sorti de l'imagination d'un journaliste argentin, Hernàn Casciari, qui admet s'être librement inspiré d'un personnage réel : sa mère. Reste que jusqu'à cet aveu, Mirta reçut beaucoup de courrier, des messages d'encouragement et même des cadeaux. Hernàn Casciari est devenu le fondateur d'un nouveau genre littéraire : la blogonovella (le blog-roman).

à lire : extrait

Calmann-lévy, 2009 - 345 pages - 18€
traduit de l'espagnol (Argentine) par Alexandra Carrasco

8 février 2009

il y a toutes en nous une Mirta Bertotti...

« Hier soir, ils ont encore passé Sur la route de Madison. Chaque fois que je tombe dessus en zappant, je me dis : « Mirta, ne regarde pas ce film, change de chaîne, Mirta. » Je ne sais pas ce qui m'arrive, avec cette histoire, c'est comme si elle m'hypnotisait et qu'elle m'empêchait d'appuyer sur les boutons. Et après l'avoir vue, j'ai de ces bouffées de chaleur dans le bas-ventre ! Envie de réveiller Zacarias...
En plus, il y a Meryl Streep qui joue dans ce film, c'est mon sosie quand j'étais plus jeune, alors je m'identifie encore plus au personnage, une femme au foyer de Madison (un patelin comme Mercedes) mariée depuis des années à un Zacarias quelconque, ils ont un Caio et une Sofi comme n'importe qui. Jusqu'au jour où... patatras ! arrive dans le village un photographe de Buenos Aires pour photographier le pont du parc municipal.
Pour ne rien arranger, Zacarias est parti pêcher à San Andres de Giles et il a emmené les enfants. Meryl Streep est donc seule à la maison, à balayer derrière les meubles, à écouter la radio, à préparer des flans pour quand la famille reviendra et des choses de ce genre... Mais Dieu a voulu que la Studebaker du photographe (joué par Clint Eastwood, un tombeur irrésistible) tombe en panne devant la porte de cette dame.
Et c'est là que je commence à avoir des bouffées de chaleur. Parce qu'il est clair que Meryl a envie qu'on lui débouche la tuyauterie, parce qu'il est clair aussi que Zacarias est un bon paysan de Madison, mais c'est un catholique très pratiquant qui n'utilise le lit que comme lieu de prière. Tandis que Clint Eastwood, lui, est un homme du monde, de ceux qui portent tout naturellement un chapeau, qui s'habillent en beige, qui racontent des histoires de safaris...
A un moment, ils sont presque devenus amis, Clint vient dîner et lui apporte un petit cadeau (jamais Zacarias n'a eu un geste aussi délicat envers Meryl Streep!)... Clint ne claque pas les portes en entrant, lui, alors elle fait une moue, l'air de dire « Quel homme charmant, je le boufferais tout cru ».
On atteint le paroxysme quand elle lui dit « Attends-moi une seconde », qu'elle va dans la salle de bains et qu'elle se débarbouille à l'eau froide pour faire baisser la température... Ensuite il l'aide à faire la cuisine, ils se frôlent du coude, ils pressent des citrons sur la table de la cuisine... Ah, Seigneur ! Dans ce passage-là, je retiens mon souffle : je serre les cuisses très fort parce que quand ils coupent les citrons je mouille mes collants.
Et alors là, plaf ! Le photographe lui dit tout à coup : « Allez, Meryl, tu ne crois pas qu'on est un peu âgés pour ces conneries ? » Et elle lui répond : « T'as raison, Clint. » Elle se donne à lui, la garce, et ils se mettent à copuler comme si la fin du monde approchait, à même le carrelage. Quel soulagement quand ils se mélangent les poils ! Et alors tout me tombe dessus en même temps : chaleurs, culpabilité, tout à la fois.
Le film finit très mal pour tout le monde, sauf pour Zacarias, qui revient avec plein de poissons et ne se doute de rien. Il y a une scène où on voit Clint sous la pluie, pleurant d'amour parce qu'il voit Meryl Streep et Zacarias avec les enfants à la sortie du supermarché. Il sait qu'il doit rentrer à Buenos Aires parce qu'il n'y a plus rien à faire. ça se termine là. Et c'est là que, au bord des larmes, les sens en feu, je donne des coups de coude à Zacarias pour le réveiller et je lui dis tout bas :
- Chéri, tu trouves pas que je ressemble à Meryl Streep ? (...) »

extrait de : Un peu de respect, j'suis ta mère (roman de Hernàn Casciari)

La suite, demain (lundi!) ...

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8 février 2009

^ la musique du dimanche ^

Parmi les disques qui passent souvent sur ma platine, en ce moment, se trouve celui de Constance Verluca,

Adieu Pony

constance_verluca_album

La force essentielle de cette jeune artiste est l'écriture.
Ses textes, à prendre au second degré, sont délicieusement ironiques et empreints d'un humour corrosif.

Constance Verluca sait être aguicheuse et lascive,

vénale, sans aucune honte...

provocante et drôle.

Un clic sur la pochette de l'album, et c'est le paradis !  ;o)

constance_verluca

Adieu Pony, album à 6,99€ sur Amazon

J'aurais tant de choses à vous dire,
Si j'arrêtais de vomir,
Même pas de mots qui gonfleraient vos yeux,
Non, pas de mots qui suintent,
Pas de mots têtieux,
Je serais pas chiante à mourir,
Patafiole à refroidir

Est-ce qu'un poisson pérore quand il pourrit ?
Mais assez discuté,
Il est l'heure de s'en aller,
Plus le temps de vous dire merci,
Plus le temps de revoir ma vie

- C'est le moment de mourir -

7 février 2009

Tout pour toi - Agnès Marietta

« Ma mère aime les belles histoires. Mais elle ne les lit pas, elle fait son possible pour les vivre. Et ses belles histoires se transforment en problèmes insolubles qui la laissent sur le flanc un moment, jusqu'à ce qu'elle saute dans un train en marche. »

51Eef9i3aPL__SS500_Aline est une jeune femme pleine de vie, très jolie, qui vit essentiellement pour son plaisir et celui de sa fille, Manon. Après le neuvième anniversaire de l'enfant, sa mère décide de l'arracher du petit appartement parisien pour se mettre au vert, dans les Cévennes. C'est une nouvelle vie qui commence, dans un gîte tenu par un allemand, parmi une communauté très baba-cool. Aline vit des amours passionnées avec Nono, tandis que Manon grandit en se sentant de moins en moins à sa place. Pendant les vacances d'été, à treize ans et demi, l'adolescente part en colonie et y rencontre un jeune moniteur, Laurent, qui devient très vite son confident. Et plus. Un soir, peu avant la fin des réjouissances, Manon se retrouve dans le lit du garçon et connaît sa première fois. Elle garde pour elle cette expérience, car sa mère lui réserve une étonnante surprise à son retour.

Tout pour toi est un croisement entre la douceur et la tristesse, le portrait d'une jeune fille qui pousse au soleil à grands coups d'amour, mais sans comprendre véritablement le sens de l'amour. C'est soit trop tôt, ou trop tard. Elle est coincée, en peine. Comme sa mère, immature et égoïste, Manon a un gros contentieux à régler en matière de démonstrations affectives. C'est bien simple, Aline fuit tout le temps. A côté de ça, Manon ne sait plus. Elle grandit sans attentes, sans mécanique (comme le souligne un personnage). C'est un petit soldat qui monte au front, elle prend les coups sans comprendre, ça lui fait un peu mal, ça lui fait du bien. C'est kif-kif bourricot.

Sa rencontre avec Laurent va être déterminante, car le garçon ne va pas la lâcher et Manon s'imagine qu'avec lui elle est ce qu'il attendait depuis toujours... Une vision de conte de fées, en somme. Mais elle est comme ça, Manon. Un peu handicapée sentimentalement. Elle sait qu'elle a droit au bonheur, qu'elle aussi aura sa chance. Il suffit de saisir la main tendue, mais où ? quand ? comment ? C'est en fait tout le problème. En cela, la fin du roman est infiniment touchante, car elle montre que la course au bonheur n'est pas simple, et que rien n'est jamais acquis.

Ce portrait d'une âme en fuite, qui cherche un endroit pour éclore, est caressant, touchant, attendrissant.
Pas forcément essentielle, cette lecture n'en reste pas moins très sympathique.   

Il s'agit du deuxième roman d'Agnès Marietta, après N'attendez pas trop longtemps.

Anne Carrière, 2009 - 255 pages - 18€


Et la magnifique chanson d'Emily Loizeau : Sister !!!

6 février 2009

Journal d'un vampire - LJ Smith

Profitant du succès de la série Twilight de S. Meyer, Hachette republie la série de LJ Smith (préalablement disponible chez J'ai Lu, en 2000) : The Vampire Diaries. Si, toutefois, vous pensiez retrouver l'excitation ressentie avec l'histoire d'Edward et de Bella, vous risquez d'être déçus. (Comme moi.)

417sMal_2BWVL__SS500_A Fell's Church, en Virginie, Elena est la reine du lycée, belle et adulée par tous. Pourtant le nouvel élève, Stefan Salvatore, lui bat froid. Ce type est mystérieux, il est d'une beauté inhumaine, il conduit une porshe, il a des origines italiennes, son blouson en cuir taillé sur mesure sent l'argent et l'aisance. Ce qu'il cache, on s'en doute, est son identité vampirique. De même, le garçon est hanté par le souvenir d'une femme aimée, qu'il a perdue, et c'est sous les traits d'Elena qu'il croit la retrouver. Voilà pourquoi il se sent à la fois attiré et dégoûté par elle. Il doit aussi se protéger contre son frère, Damon. Stefan veut vivre au grand jour, renoncer à l'obscurité. Mais une triste réalité se rappelle à lui : un corps a été retrouvé, vidé de son sang. Tout accuse le dernier arrivant à Fell's Church - Stefan Salvatore. Mais Elena veut prouver son innocence.

J'ai hélas trouvé que cette lecture était d'une niaiserie finie, bourrée de clichés, pas du tout aidée par les personnages qui sont bien fades. Toutefois, ce n'est pas qu'une simple 'vampire love-story'. L'intrigue se révèle plus sombre et torturée, avec des personnages à multiples facettes. Mais cela reste pauvre, sans consistance. Ne perdez pas votre temps.

La série est initialement en 4 livres, ce volume contient les 2 premiers tomes de la saga.

(J'en avais parlé en juin 2008 - ici - c'était mon printemps twilightien... je voyais Edward partout, mais je ne le trouvais pas exactement !)

Hachette, coll. Black Moon, 2009 - 16€

6 février 2009

Miracle à Speedy Motors - Alexander McCall Smith

« Raconter une histoire, comme tout ou presque dans cette vie, était toujours plus facile avec une tasse de thé entre les mains. »

61DjQUPgkUL__SS500_Je quitte le climat islandais, glacial et giflant, pour une destination plus exotique, plus chaude. En route pour le Botswana ! Il est temps de faire connaissance avec la célébrissime Precious Ramotswe, détective privée de son état. Autant dire que j'ai adoré ! C'est une femme pétillante, attachante, une femme intelligente, aimante. Elle est attentive, reçoit toutes les lettres de doléances de ses semblables, qu'elle lit scrupuleusement. Elle ne rechigne jamais à venir en aide, comme cette femme, Mma Sebina, qui recherche sa famille qu'elle ne connaît pas. Elle pense avoir été adoptée, mais sa mère est morte et a soufflé à l'infirmière qu'elle n'avait pas eu le temps d'annoncer une nouvelle très importante à sa fille. C'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin ! Allez, une tasse de thé rouge et la journée peut commencer. Celle-ci s'annonce radieuse si Mma Makutsi, son assistante, pousse la porte de l'agence avec un sac de beignets. Mais c'est plus délicat si nous ne sommes pas un vendredi, car cela sous-entend que Mma Makutsi, avec ses grosses lunettes, a des soucis - probablement liés à ses récentes fiançailles. Qui sait ? Mma Makutsi n'est pas une femme commode, il faut du tact et de la patience pour la cerner. Le temps aidant, peut-être notre dame va s'adoucir et se mettre à parler... Mma Ramotswe refuse de s'inquiéter. Il faut dire aussi qu'elle a d'autres ennuis, comme de recevoir des lettres d'insultes dans son courrier pour l'agence. Elle s'en ouvre à son cher Mr J.L.B. Matekoni, qui pense très franchement que la plaisanterie a assez duré et que Mma Ramotswe doit cesser son activité de détective. C'est devenu trop dangereux.

Il faut savourer cette série, elle est reposante, dépaysante aussi. On y trouve, en plus de la douceur, du charme, du doigté, du flegme, de la sagesse. Des personnages hauts en couleurs. Des situations parfois burlesques. Des descriptions sur le décor botswanais, à couper le souffle. Des détails sur la culture africaine. Des réflexions sur les femmes, les vraies héroïnes, celles qui pourraient aider le continent, en pleine évolution, à se relever. Question enquête, il ne faut pas s'attendre à de l'action ni à du rebondissement en pagaille. C'est plutôt calme sur ce plan-là. Après, il faut savoir ce qu'on attend, ce qu'on cherche et ce qu'on espère. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la série Mma Ramotswe est un vrai panier de fruits (ça donne la banane, la pêche etc.). C'est simple comme bonjour, et ça vous fait chaud au coeur. Vous allez en boire des litres de thé rouge à suivre ces aventures pleines de sourire ! C'est une série doudou !!! Foncez.

10-18, Coll. Grands Détectives, 2009 - 253 pages - 7,40€
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

La série Mma Ramotswe comprend :

  • Mma Ramotswe Détective
  • Les larmes de la girage
  • Vague à l'âme au Botswana
  • La vie comme elle va
  • Les mots perdus du Kalahari
  • En charmante compagnie
  • 1 Cobra, 2 Souliers et beaucoup d'ennuis
  • Le bon mari de Zebra Drive
  • Miracle à Speedy Motors

Tous les titres sont disponibles chez 10-18.   

5 février 2009

Hiver arctique - Arnaldur Indridason

Hiver_ArctiqueVous le connaissez, Erlendur, l'homme qui soupire dès qu'on parle de disparition et / ou d'enfants (manque plus que les deux soient liés, c'est fichu!) ? Il s'enfonce dans son fauteuil, chez lui, à la nuit tombée, et il fume quelques cigarettes, le regard plongé dans le lointain. C'est qu'il n'est pas un gai luron, notre ami. Mais on le sait, Erlendur est notre chouchou depuis quatre romans noirs, alors même que le froid polaire islandais fond sur nous en nous statufiant, mais tant pis, on est fidèle et on trépigne : Erlendur is back !  En plus, c'est tellement en accord avec la météo du moment (il neige, il fait froid, le ciel est gris).
Alors que lui arrive-t-il, cette fois-ci ? Du moche, du très moche. D'entrée de jeu, Erlendur et ses enquêteurs inséparables, Elinborg et Sigurdur Oli, sont face au corps sans vie d'un petit garçon de dix ans. Il a été retrouvé sur le terrain de jeu près de son immeuble, l'enfant a été poignardé. Son frère aîné manque à l'appel. Est-il dans le coup, ou en sait-il trop ? Ce ne sont que des débuts de questions qui s'annoncent. Erlendur est sensible au chagrin de la mère, Sunee, qui est d'origine thaïlandaise, mariée à un islandais, puis divorcée.
Il faut doucement éplucher le contexte familial, discuter, rencontrer les proches, palabrer longtemps avec l'interprète, très envahissante. De fil en aiguille l'immigration est passée au crible, avec toutes les formes de violence que cela suscite. Dans le même temps, Erlendur est obsédé par la disparition d'une femme à l'histoire sentimentale alambiquée. Le coup de fil reçu sur son portable d'une femme en pleurs serait-il un signe ?

Plongez, frissonnez, vibrez, lisez en apnée... Comme le vin, les enquêtes d'Erlendur se bonifient avec le temps. Les vapeurs troubles du passé ont été dissipées, mais notre homme ne se débarrasse pas si facilement de son humeur mélancolique, ni de ses bagages encombrants (dans lesquels on retrouve ses enfants, sa liaison avec Valgerdur, la fin très proche de son ancien chef, Marion Briem). Une bonne série policière, c'est aussi la fioriture, pas seulement le noeud à démêler. Parce que les islandais, il faut le savoir, ont un goût prononcé pour la nonchalance, moins pour l'action. Le côté humain et faillible des personnages rend les romans d'Arnaldur Indridason plus poignants. De plus, il y a une bonne distance chez le lecteur par rapport aux névroses et aux déprimes de ce petit monde. C'est noir, d'accord, mais tendance mélodramatique. Il faut y avoir goûté une fois pour comprendre !

« Lorsque l'espoir avait décliné avec les jours avant de disparaître avec les semaines, les mois, les années, une sorte de torpeur laissée par l'événement avait pris le relais. Certains étaient arrivés à s'en préserver alors que d'autres, comme Erlendur, l'avaient cultivée en choisissant la douleur comme compagnon de route. » 

Métailié, 2009 - 335 pages - 19€
traduit de l'islandais par Eric Boury

 

Hiver arctique, Arnaldur Indridason

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