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Chez Clarabel

12 mai 2009

L'origine de la violence ~ Fabrice Humbert

origine_de_la_violenceLe narrateur, professeur de lettres, effectue un voyage scolaire à Buchenwald où son regard est happé par un cliché qui représente un tortionnaire nazi, médecin du camp, avec un individu dont la ressemblance frappante avec son propre père le trouble instantanément. Après quelques recherches, l'homme met à jour un secret de famille.
Et c'est pas à pas que nous suivons son enquête, il n'y a pas d'autre mot pour décrire la construction du roman, c'est minutieux, palpitant et digressif. C'est aussi subtil, intelligent et brillant. L'auteur, ou le narrateur, nous raconte son histoire comme s'il se la racontait à lui-même, pas d'effet de style trop lourd, pas de pathos, juste des faits, des noms, des anecdotes. Il remonte le temps, il recompose des visages, il expose des théories et il se perd dans le dédale de l'Histoire, dans celui des mensonges et des silences également.
Il ne s'agit pas d'un énième roman sur la Shoah, et n'attendez pas non plus que l'on vous révèle la véritable origine de la violence, tout dans ce roman est terriblement personnel. Le narrateur, en fin observateur qui veut trouver des réponses à ses questions, traite de l'origine de tous les maux, et particulièrement de cette violence qui grouille en lui depuis l'enfance, de son intérêt pour la question juive et l'horreur des camps, pourquoi s'est-il senti interpellé par ce chapitre, et comprendre aussi l'idée du Mal absolu, qu'on ressent à l'intérieur de soi, qui vous taraude et ne vous lâche plus, du genre marche ou crève... Plusieurs fois il le répète, il s'intéresse autant aux victimes qu'aux bourreaux. Pourquoi ?
C'est aussi et avant tout l'histoire banale et terrifiante d'un type très beau et ambitieux, qui voulait épouser une femme pour de l'argent, qui en aime une autre parce qu'elle est son double, et qui sera déporté dans un camp à cause de tout ça.
Notre narrateur est l'héritier de cette lourde histoire familiale, « Je suis mon grand-père livré aux bourreaux, je suis mon père frémissant d'une violence suicidaire, je suis l'héritier d'une immense violence qui traverse mes rêves et mes récits. »
Et c'est très difficile de parler d'un tel livre, il est riche en secrets et en révélations, voilà pourquoi il est nécessaire de le lire en toute innocence. C'est un roman époustouflant, qui vous agrippe et ne vous lâche plus avant la fin, et c'est fort, c'est prenant, c'est éblouissant.
Je vous le conseille sans attendre !

Et puis il y a ce petit caillou à ramasser dans sa poche :

« Des hommes et des femmes à prénom et sans prénom, à histoire et sans histoire, des bons et des mauvais, des ni mauvais ni bons, des beaux et des laids, des lucides et des fous (...) Comme nous tous, ils n'ont aucune importance particulière et chacun d'eux, pourtant, est l'âme du monde (...) » 

Le Passage, 2009 - 315 pages - 18€

Fabrice Humbert est également l'auteur de : Biographie d'un inconnu (2008)

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12 mai 2009

Le cartable à musique ~ Claudie Pernusch

cartable_a_musique

Pierre est marié et père d'un garçon de neuf ans, il est écrivain pour la jeunesse, avec une série qui cartonne à la télévision et des traductions à l'étranger. Pierre vit un bonheur tranquille, auprès d'une épouse qui « vit le bonheur comme une évidence, le malheur comme une vulgarité ».  Un jour, il répond à une petite annonce d'un professeur de piano qui donne des leçons à domicile. Pierre se rend chez cette Sarah Deplane et découvre une jolie brune bouclée, la silhouette gracieuse, le sourire chaleureux, le tailleur strict, l'attitude très professorale. La séance se passe mal, Pierre est piqué au vif, il sort de sa première leçon ulcéré et s'engage à ne plus revenir.
Mais Pierre y retournera, car il ressent insidieusement une attirance vers Sarah, vers l'aura austère et stricte qui l'entoure. A force de penser à elle et d'en faire l'objet de son obsession, il se rend compte qu'il est tombé fou amoureux d'elle, à tel point que la chaleur de son propre foyer l'insupporte et qu'il serait prêt à tout renoncer pour bâtir une nouvelle vie consacrée à sa folle passion.
Et puis les choses se compliquent, lentement la comédie vaudevillesque tourne au vinaigre. L'humour alerte de Pierre devient acide, son comportement est celui du mauvais perdant, du lâche qui veut tout et tout de suite, et fléchit trop facilement face aux sursauts de son caprice. La petite note de la fin vient d'ailleurs jeter ses derniers grains de sel dans cette histoire tendre et amère.

C'est un roman très agréable à parcourir, il traite avec gravité de l'infidélité, de la passion, du désir d'absolu, des concessions. Mais surtout de la liberté, la liberté d'aimer, comme de l'amour libéré du jeu social. (mot de l'éditeur)
J'ai beaucoup apprécié les envolées lyriques et emphatiques du narrateur, dans toute la première partie du roman, alors qu'il plonge les deux mains jointes dans ce merveilleux désastre, comme il l'appelle. L'histoire suit une logique guère surprenante, et pourtant la tournure des événements nous arrache un léger hoquet de stupéfaction. Quel monstre, ce Pierre ! Il a eu le culot de me tirer des sourires et des grimaces de dégoût, je l'aime bien comme personnage mais je n'en ferai pas mon casse-croûte. Non merci. Il nous offre une vision du couple, de la paternité, de la famille à rebrousse-poil des images sirupeuses. C'est parfaitement cynique, délicieusement ironique.
Un très bon roman à découvrir !

Albin Michel, 2009 - 160 pages - 14€

illustration : Catherine Meurisse

11 mai 2009

Entre fleurs et violences ~ Viviane Campomar

entre_fleurs_et_violencesUne découverte reçue grâce à l'éditeur, d'un noir si bleu, sans lequel je serais probablement passée à côté...
C'est un très joli recueil de nouvelles, composé d'une dizaine de textes qui ont pour particularité de ne pas parler que de femmes. C'est admirablement écrit, je ne connaissais pas Viviane Campomar et cette révélation m'est encore plus précieuse.
Plusieurs nouvelles ont su me toucher, la première évoque Roseline qui se découvre une tumeur au sein et se fait tout un cinéma pour en discuter avec son compagnon, alias Raoul le Maboul.
C'est tendre, c'est touchant, c'est attendrissant. Le sourire se prête souvent à la grimace, les plus belles émotions surviennent en même temps que les questions.
Dans un autre texte, une jeune femme annonce son départ. Elle se réveille un matin et comprend qu'elle doit s'en aller. Il n'y a pas d'autre solution que l'Islande.
« Comment vous dire... l'intangible, l'irrationnelle fuite sans regard vers l'arrière. Vous dire cette lueur qui s'étouffait d'elle-même, se tarissait dans les méandres de mon sang. Cette respiration enfouie sous les sédiments successifs, ces crevasses de mots blessés, prêtes à s'écarteler. Vous dire combien la neige exhausse la fraîcheur des sentiments. Mais peut-être commencez-vous à comprendre que pour chacun, la lumière se joue dans le reflet de son Islande... »
Cet ouvrage est un cri des femmes et de leur droit au bonheur, à la maternité choisie, au besoin d'aimer et d'être aimée, de partir aussi. Ségolène privilégie sa carrière, Myriam écrit à sa fille abandonnée quinze ans auparavant, Adriana souffre de son ventre stérile et des brimades de son supérieur,  Madeleine est épuisée par les ronflements de son mari beaucoup trop irascible pour entendre la vérité...
« La routine, son lot d'esclandres pour des riens, la gavotte habituelle du bateleur... Les chaussettes ont eu droit à une nouvelle mise en scène : cette fois-ci, l'une d'elle était trouée, cette mauvaise qualité. Les bonnes femmes qui passent leur temps à flemmarder à la maison pourraient tout de même anticiper l'usure et renforcer la laine au niveau des orteils avant d'être amenées à repriser des trous, voyez-moi ça. »
Ce n'est pas facile de parler d'un recueil de nouvelles, mais j'espère que ces petits cailloux vous ont déjà tenté.
Un très bel ouvrage, à noter dans vos calepins...

D'un noir si bleu, 2009 - 200 pages - 16,50€

-> C'est cela l'amour, tout donner, tout sacrifier sans espoir de retour.

Albert Camus
Les Justes (1952)

Anecdote : Peu de temps après ma lecture, je suis tombée sur un film de Douglas Sirk, Le mirage de la vie, diffusé sur Arte dimanche soir. C'est l'histoire de deux femmes seules, une blanche et une noire, toutes deux mères. Elles se rencontrent sur une plage et décident de vivre ensemble et d'élever leurs filles sous le même toit. Leur vie n'est pas toujours rose, Lora est comédienne et rêve de gloire, elle sacrifiera l'éducation de sa fille à sa passion. Annie est noire, sa fille est métisse et blanche de peau, en grandissant celle-ci supportera de moins en moins ses origines et quittera la maison, ce qui brisera le coeur de sa mère. C'est un bon gros mélo flamboyant, qui évoque avec brio la féminité, la maternité et la confusion des sentiments. Le film met en avant la complexité d'être femme et d'être mère, avec son lot de frustrations, de regrets tardifs, d'efforts, de quêtes désespérées, d'inconscience et de bêtises. C'est une histoire sublime, très émouvante aussi (on y dénonce notamment le racisme et la société hypocrite qui conduit une pauvre idiote à rejeter ses racines, quitte à faire mourir de chagrin sa pauvre mère...). Bref, un bien beau film à connaître également. D'après moi, tout est lié !mirage_de_la_vie   

11 mai 2009

Cruelle ~ Celia Walden

Anna, 19 ans, quitte Londres pour aller travailler à Paris. Sûre de son charme, elle savoure sa liberté et se lie d'amitié avec Beth, son aînée de vingt ans. Quand Beth tombe amoureuse de Christian, Anna tente de mettre à l'épreuve leur attachement mais se retrouve confrontée aux pouvoirs destructeurs de la séduction.

cruelle

Anna a le charme, l'insolence et la fraîcheur d'une Cécile vue dans Bonjour tristesse. Le roman de Celia Walden n'est pas l'égal de celui de Françoise Sagan, toutefois on y retrouve une narratrice jeune, prête à tout, sûre d'elle et fine calculatrice pour atteindre ses objectifs. Dans Cruelle, Anna est jalouse de la liaison naissante entre Beth et Christian. Pour la première fois de sa vie, et depuis son arrivée à Paris, l'anglaise Anna est tombée sous le charme de la belle irlandaise de vingt ans son aînée, elle est fascinée par son aisance, sa grâce et son intelligence, Anna meurt d'envie de lui ressembler. Aussi, son amourette dérange. En son for intérieur, Anna veut comprendre, se faufiler et s'immiscer dans cette relation. « J’ai toujours pensé que si l’on croit pouvoir obtenir tout ce qu’on veut, en général, on l’obtient. »  Anna est effectivement une jolie fille, qui plaît aux hommes. Pourtant son allure juvénile cache un fond froid et déterminé, une absence totale de conscience... La suite de son plan lui apportera, un peu trop tard, ce qu'on nomme sagesse, maturité et regrets éternels.
Ce roman empreint de sensualité et de rouerie a pour cadre Paris la ville lumière, admirablement décrite, avec ses restaurants, ses boîtes branchées, ses soirées et ses musées, mais aussi ses petits jardins, ses coins et recoins perdus, invisibles à l'oeil nu. C'est magnifique. L'histoire se passe durant l'été, pendant la canicule. La sensualité y est exacerbée, à part égale avec l'innocence. C'est ce mélange d'émotions controversées qui me fait penser à Bonjour tristesse, avec la même issue fatale, cette affirmation lapidaire que, « Tu n'as pas le droit de t'emparer de ce qui peut être la raison de vivre d'une autre. »
Oui, ce premier roman est tout à fait charmant.
Et venimeux. Un peu à l'image de son auteur (journaliste au Daily Telegraph, chroniqueuse à Glamour, Vogue et GQ, elle apparaît régulièrement à la télévision et dans les pages people des magazines). Cf le cliché ci-dessous de la miss et son boyfriend, le sulfureux Piers Morgan... 

JC Lattès, 2009 - 314 pages - 20,90€
traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu

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10 mai 2009

L'homme barbelé ~ Béatrice Fontanel

homme_barbeleFerdinand était un mari et un père. Ferdinand a connu deux guerres, il est sorti en héros de la première et a été résistant durant la seconde. Ferdinand a été dénoncé, arrêté et déporté. Ferdinand est mort à Mauthausen. La famille de Ferdinand a poussé un soupir de soulagement.
Car cet homme avait du Mr Hyde en lui, c'était un tyran domestique, un monstre familier. Il hurlait, il jetait le rôti par la fenêtre, il empochait le salaire des enfants, il ne souriait jamais, il ne parlait pas, il était cet inconnu qu'on retrouve après la mort, soudain auréolé de louanges et de marques d'affection qui laissent ses proches dans l'indifférence.
La narratrice, bien des années après, décide d'écrire un livre qui ressemblerait à un documentaire mais de façon romancée sur cet homme aux deux visages. Elle rencontre les enfants de Ferdinand. Ils ont maintenant plus de quatre-vingt ans mais ils n'ont rien oublié et font revivre ce passé, en traversant les rues, les quartiers, en roulant toujours plus à l'est, sur les pas de Ferdinand.
« Ferdinand, monstre familier, marchait en nous, de son pas rude, infatigable. »
Au bout de 100 pages de lecture, hélas, j'avais le sentiment d'avoir déjà tout lu. Les 200 pages suivantes m'ont paru une répétition de faits et d'anecdotes pour aboutir à une conclusion déjà entendue. Ferdinand et ses deux facettes, la terreur domestique et le camarade jovial, un héros de guerre. Et à côté, il y a la famille qui n'est même pas surprise, mais soulagée. Les enfants ne semblent plus étonnés, la mécaniques des catastrophes, dit-on.
La construction du roman semble avoir dérapé accidentellement : au début, on comprend que le livre traite d'un drame familial, puis finalement il ne parle plus que de guerre. A ce sujet, il est très bien documenté, il retrace bien l'horreur des camps et la guerre des tranchées, la campagne de Syrie, etc. En tant que lectrice, toutefois, je n'ai pas été emballée plus que ça.
De plus, je n'ai pas le sentiment d'avoir trouvé la réponse à ma question : pourquoi Ferdinand maltraite-t-il sa famille ? Je suis donc déçue, j'avais lu des critiques tellement positives au sujet de ce premier roman de Béatrice Fontanel, que j'apprécie pour sa série des Bogueugueu (ça n'a strictement rien à voir, je sais !), le résultat n'a vraisemblablement pas été à la hauteur de l'attente. Tant pis.

« C'était ça, son truc : nourrir les étrangers. Pas sa famille qui voyait s'envoler les rôtis par les fenêtres. Crever pour l'inconnu, incognito. Pas pour les siens. C'est la conclusion à laquelle ils sont arrivés. La privation et le don, il en connaissait un rayon, le grand maître d'oeuvre en méchanceté, qui dessinait si bien le tracé des voies ferrées, dans leur harmonie de rouille et de tristesse. »

Grasset, 2009 - 290 pages - 17,90€   

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9 mai 2009

Albert le toubab ~ Yaël Hassan

Premières phrases :

Un oeil rivé à l'écran, l'autre sur le ciel rougeoyant, son chat Hector sur les genoux, Albert tempêtait :
- Regarde-les, ces petits crétins ! Ah ! c'est intelligent de brûler les voitures de ses voisins ! Voilà qui va arranger les choses, tiens !
Il se leva brusquement.
- Mais ce n'est pas possible ! Tu n'as pas fini de me péter dans la tronche ? Me manquait plus que ça : un chat pétomane !
Hector, mécontent, poussa un miaulement strident.
" Si tu n'étais pas aussi radin, pensa l'animal, tu m'emmènerais chez le vétérinaire ! "
Albert se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit et se mit à battre l'air de sa large main pour évacuer l'odeur.

 

albert_le_toubab

Depuis la mort de sa femme, Albert ne sort plus de chez lui et ne supporte plus le quartier où il habite. Un jour, une femme de la cité se présente à sa porte, à la demande de la regrettée disparue, car elle était persuadée qu'Albert seul n'aurait jamais pu gérer le ménage et les courses. Un an après, Zaïna a pris l'habitude de venir chez Albert qui l'ignore superbement. Mais la jeune femme fait un malaise chez lui et est hospitalisée en urgence. Arrive alors un boulet de canon de neuf ans, des papillottes sur la tête et la langue bien pendue. Mémouna est la petite fille de Zaïna, qu'elle élève toute seule, depuis que le père s'est fait la malle dix ans auparavant, mais le bougre tente des coups de force en cherchant à s'inscruster dans l'appartement de son ex et d'enlever la fillette pour l'expédier au Sénégal, son pays d'origine. Il faut donc être très vigilant, ne pas baisser sa garde et protéger l'enfant à tout bout de champ. La fillette et l'ours mal léché vont entamer une cohabitation forcée, explosive mais réjouissante. Les échanges ne manquent pas d'envergure, les deux personnages en deviendraient presque épuisants à suivre.
C'est un roman destiné à un lectorat junior (dès 10 ans), agréable à lire, drôle et intelligent. Il montre aussi qu'il faut combler le fossé générationnel et culturel, en échappant aux bananaries d'usage (le langage de Mémouna déteint sur le lecteur !). Pour y rémedier, l'auteur n'a nullement recours à un discours pompeux ou moralisateur, et ça passe comme une lettre à la poste !

« Un héritage commun qui doit servir à comprendre et construire, et non pas à ignorer et punir. »
Voilà qui résume tout.

Casterman junior, 2008 - 130 pages - 7,75€

a été lu par Gaëlle

9 mai 2009

Unis pour la vie ~ Guus Kuijer

unis_pour_la_vieUn roman qui vous parle d'amitié, d'amour et de vie. Pauline a onze ans, elle voudrait devenir poète, elle a déjà le talent pour exprimer en quelques mots ce qu'elle ressent, et croyez-moi sa vie n'est pas rose : elle vit seule avec sa maman, une femme de caractère, qui vient de s'enticher de l'instituteur de sa fille. La honte ! A l'école, Pauline vient de rompre avec son amoureux, Mimoun, parce que ses parents l'ont promis à une autre. Une histoire de religion. C'est compliqué, absurde et archaïque. Pauline réfléchit... Chez ses grand-parents, à la ferme, elle apprend la prière mais n'y croit pas du tout. Elle préfère se cacher dans le foin et dormir contre sa vache qui a mis bas un veau qu'on baptise... Pauline. Drôle d'idée. Le papa de la jeune fille, Spiek, est un original. Il a refait sa vie mais n'a pas renié ses vieilles habitudes de junkie et de loser, du coup il se fait la malle, c'est un pauvre type. Il saoûle franchement, il embobine sa petite fille, elle a du mal à tourner le dos à ce papa qu'elle aime bien. Bah oui. C'est aussi un poète mais il est incompris et maudit. Pauvre chou. Sa mère aussi est en pleine crise, elle a des mots avec son cher Walter, qui est prié de prendre la porte. La fin d'une belle aventure ? La suite est à lire dans La vie, ça vaut le coup.
Un livre avec des illustrations et des poèmes, pour les enfants qui savent déjà lire comme des grands.
Au début, c'est drôle et charmant. Les sujets abordés sont multiples, sensibles pour la plupart (séparation, famille recomposée, racisme, drogue, homosexualité, amitié, fugue...), c'est peut-être le point faible de ce petit livre qui s'éparpille trop. Toutefois la légèreté et la gravité nous offrent un joli pas de danse pour dérider les mines fâchées.
Ai bien aimé le ton. Ze poursuis ma belle lancée !

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2003 - 150 pages - 9€
Traduit du néerlandais par Maurice Lomré.
Illustrations de Alice Hoogstad

Illustration de couverture : Anaïs Vaugelade

En savoir plus sur l'auteur

8 mai 2009

L'enfant sans nom ~ Amy MacKinnon

 

enfant_sans_nom

Clara Marsh travaille au funérarium de Linus Bartolomew où elle s'occupe des morts avec une minutie rare et exemplaire. La mort ne lui fait pas peur, elle la rassure. Elle se sent davantage mal à l'aise lorsqu'elle fréquente les vivants, sauf s'il s'agit d'une petite fille, comme cette Trecie qu'elle rencontre au funérarium, venue là pour jouer car sa mère ne prête aucune attention à elle. Cet enfant lui rappelle une autre petite fille dont le corps découvert trois ans auparavant n'a jamais été identifié et qui est aujourd'hui enterrée sous le nom d'Aimée X.
Un jour qu'elle effectue son travail de récupérer un corps, une sinistre découverte est faite : une cachette de documents pornographiques, parmi lesquels on retrouve des fillettes comme la petite disparue ou Trecie. Bien malgré elle, Clara va être mêlée à cette enquête, poussée par la compassion et la ténacité de l'inspecteur Mike Sullivan.

C'est une histoire singulière, pas facile à pénétrer, en plus d'être étrange, elle possède un charme envoûtant. L'ambiance est sombre, un peu oppressante et très inquiétante, il y règne un calme clinique guère surprenant, et pourtant c'est paralysant, tant de silence, tant de questions, mais que de sérénité dans cette dédramatisation de la mort, une routine quotidienne, un refuge pour le personnage central. Incidemment, la préciosité prodiguée par l'héroïne, qui est thanatopracteur, ne permet pas de sympathiser avec son personnage. Clara est froide, renfermée, porteuse d'un passé assez lourd. Elle est émotionnellement très fragile, mais impossible de compatir, je suis restée en retrait de son histoire. Par contre j'ai été littéralement fascinée par l'aura et par la particularité de son travail. (Et pas seulement parce que j'aime beaucoup la série Six Feet Under, ça n'a rien à voir ! mais alors vraiment rien !!! dommage, aussi.) C'est un roman particulier, qui ne peut laisser indifférent, avec quelques défauts, j'en conviens, mais ce fut une découverte marquante, je suis toute chamboulée à son sujet.
Point final, je trouve la couverture superbe
.

Fleuve Noir, 2009 - 290 pages - 18,90€
traduit de l'anglais (USA) par Carine Chichereau

A écouter, parce que c'est possible de voir vos oreilles sourire (si ! si !)

7 mai 2009

C'était pas prévu, et pourtant c'est déjà la fin !...

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Quelle surprise, amis lecteurs, fans de la série Le Sablier, mais quelle surprise en découvrant ce tome 8 ! Parce qu'il vous apprend une nouvelle qui n'était pas prévue ... du moins j'étais passée totalement à côté. Une série en 10 volumes, voilà ce que je m'étais imaginée. J'étais préparée, et je voyais l'histoire qui commençait à s'étirer en longueur, grr, attention à la redondance, comme pour C'était Nous (une série qui n'en finit plus de finir, ou bien qui ne sait plus comment finir !?). Le Sablier est une série que j'affectionne depuis le début, j'ai été attendrie par l'histoire d'An, une fille fragilisée par le suicide de sa maman, à tel point qu'elle a porté en elle ce boulet, comme une croix ou une chaîne, et cela lui a compliqué la vie, ses relations avec les autres, sa peur d'être seule ou rejetée, pas aimée, ou pas assez... Parce que un garçon compte énormément pour elle, il s'agit de Daigo, son ami d'enfance, son premier amour. On connaît l'histoire, la séparation, les années qui passent... pfff, et nous (le lecteur qui pleurniche) nous croisons les doigts comme des malades pour souhaiter que ces deux-là se retrouvent, tss, ce n'est pas possible autrement. Alors donc ce tome 8 apporte la réponse à notre grande question. Ayé l'histoire est finie. Au bout du 8ème tome, donc. Il y a en fait deux chapitres dans ce volume, l'un s'intitule la prière, et d'après la mangaka c'était le point final de la série (argh !!!), le second chapitre sert comme un épilogue (ouf). Je ne vous raconte pas le nombre de pulsations à la minute, mais à la fin j'étais comme une étoile de mer, paf, étalée sur mon lit, j'avais besoin de réfléchir. C'est vraiment une très, très belle série. Pleine de sensibilité, de poésie, de justesse. Avec de belles choses dites et pensées, des personnages bancals, qui tentent toujours de faire de leur mieux, un peu comme nous. Ce fut une rencontre (ou une lecture) mémorable, et j'ai bien envie de tout relire depuis le début (les larmes et le stress en moins, vous croyez ?).

« Celle que je suis aujourd'hui est composée de la somme de tous ses souvenirs »

sablier_4

NB : Il y aura bien 10 tomes comme convenu, simplement les tomes 9 et 10 seront des histoires annexes, comme pour Emma ! Le volume 9, par exemple, évoque la jeunesse de la mère d'An, de celle de Daigo et de celle de Fuji. (Je suis d'ailleurs déçue par ce qu'il devient... c'est juste trop flou, trop vide. Mouaip.)

sablierLe Sablier, tome 8 par Hinako Ashihara
version française éditée chez kana - 2009 - 6,25€

7 mai 2009

^ mon artiste du moment ^

Ariane Moffatt

ariane_1

Arianne Moffatt est « La bonne étoile » de M, un duo qui a lui a permis de gagner la France en 2007. Mais cette jeune artiste née en 79 au Québec n'est pas une débutante puisqu'elle est déjà auteur-compositeur et interprète de deux albums, Aquanaute et Le coeur dans la tête. Le petit dernier vient de sortir, il s'appelle Tous les sens, et c'est un album que je chéris.

Elle revient irradiée d’une lumière de l’été indien. Un soleil couleur d’orange brille sur ses sillons. Ariane Moffatt a tourné le dos à l’introspection vitale de ses deux premiers disques. La voici physique, prenant toutes ses chansons à bras-le-corps, avec le besoin de créer dans une sorte de frénésie mentale. Elle réalise que sa vie n’est pas seulement un paquet de tourments nécessaires à la création. L’aquanaute est sortie de l’eau, le coeur dans la tête est revenu à sa juste place. L’album a été créé dans un shoot d’oxygène. Et à l’écoute le plaisir est jubilatoire.
source : http://www.arianemoffatt.fr/

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