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Chez Clarabel

28 juin 2010

J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait

Jai_quinze_ans_et_je_ne_lai_jamais_fait_de_Maud_LethielleuxCapucine et Martin ont quinze ans et sont camarades de classe, souvent assis l'un derrière l'autre, mais ils ne se parlent jamais, tout juste font-ils attention l'un envers l'autre. Capucine, la belle intello, nourrit en fait des fantasmes débridés sur son prof d'histoire, lequel a une liaison avec la mère de Martin. Ce dernier s'ennuie beaucoup en cours, il ne travaille pas beaucoup et il ne pense qu'à sa musique. Récemment, il a eu une révélation grâce au chant : porté pour une soudaine inspiration, il lâche des textes improvisés qui font vriller le coeur de ses auditeurs. Son groupe va d'ailleurs se produire pour la première fois sur scène, mais le stress lui noue l'estomac, il ne pense qu'à ça et il se sent au trente-sixième dessous.

Quel titre ! J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait, aussitôt on s'imagine... on pense... on conclut que... On a tout faux ! Ce titre se veut coquin et espiègle mais il est aussi joliment trompeur. Car il n'est pas seulement question de sexualité, mais d'amour au sens large (amour de la musique ou amour de soi, pour commencer). Chapitre après chapitre, on se glisse dans la tête de deux adolescents, on vit leurs espérances, on ressent leurs forces, leurs faiblesses, on partage leurs soucis. C'est immédiat, vif, revigorant. C'est comme revivre ses quinze ans, se rappeler cette période trouble où on ne sait pas, on aimerait bien, on cherche, on doute, on se plante et on recommence. C'est bon tout ça ! Et puis, ce n'est jamais trop tôt ni trop tard, c'est du plaisir sur toute la ligne, la gouaille de Maud Lethielleux combinée à une compréhension nette, précise et complice de cet âge ingrat, franchement je trouve que c'est un livre tout public, qu'il parle à tout le monde, qui fait rire et pleurer, et qui fait du bien, avec sa façon d'épiloguer sur un air de ne-pas-y-toucher. Je m'attendais à un bouquin plutôt girly, je me suis gourrée et c'est tant mieux !

J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait ~ Maud Lethielleux
Editions Thierry Magnier (2010) - 200 pages - 9€
illustration de couverture de Anne Bordenave

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25 juin 2010

Pêle-Mêle Clarabel

La reine des chats ~ Elise Fontenaille

la_reine_des_chatsNina porte un amour fou pour son chat Mina. Depuis la naissance de son petit frère, suivi par le déménagement dans un appartement sans jardin, la fillette a perdu ses repères et se console auprès de son animal et des deux chatons qu'elle vient de mettre bas. Et puis le petit frère tombe malade, les médecins informent les parents qu'il est allergique aux poils de chats et qu'il faut se séparer de Mina et ses petits. Nina ne l'accepte pas et préfère fuguer. Elle se réfugie dans un parc où elle rencontre une princesse gothique, qui l'emmène chez elle, dans sa maison biscornue où vivent déjà sept chats !
C'est une histoire inspirée d'une expérience personnelle, raconte l'auteur à la fin du roman. Mais au lieu d'être triste et injuste, son histoire se veut plus optimiste car tout se termine bien. Moi qui aime la collection ZigZag parce qu'il y a beaucoup de fraîcheur dans ses livres, je n'ai pas été déçue par ce titre, pas transportée non plus, car j'ai trouvé que c'était un titre - et c'est normal - plutôt enfantin. Par contre, je suis tombée en admiration devant les illustrations de Céline Le Gouail, tellement expressives, tendres et attachantes, elles réinventeraient presque le livre à elles toutes seules (enfin, ne minimisons pas le travail d'Elise Fontenaille non plus !).
Pour les jeunes lecteurs, notamment ceux qui adorent les chats ou qui ont un animal de compagnie à la maison, ils seront comblés par cette histoire riche en émotions !

Coll. ZigZag du Rouergue (février 2010) - 6,50€

L'été à Pékin ~ Elise Fontenaille

lete_a_pekinLa meilleure amie de Valentine, Nikita, vient de partir en Chine avec son père pour une durée de deux ans. Valentine est malheureuse comme les pierres, elle se sent seule et abandonnée. Même les liens de l'internet peinent à raccomoder le fil détendu, la demoiselle n'a plus le moral.
Pris de compassion, ses parents lui proposent de lui payer un voyage à Pékin si Valentine parvient à faire augmenter sa moyenne en maths. Le pari est risqué mais tous les moyens sont bons pour décrocher la timballe. Valentine va se réconcilier avec une ancienne copine, ensemble elles vont réviser comme des malades, d'un autre côté Valentine commence à apprendre le chinois et prendre des cours de calligraphie, bref c'est l'effervescence !
L'enthousiasme de Valentine fait plaisir à lire, le roman ne s'attache à aucune réelle difficulté, même les soucis d'argent sont réglés en un claquement de doigts, tout paraît surréaliste, et pourtant les jeunes lecteurs n'en voudront pas à cet excès de bonne humeur pour s'embarquer dans cette aventure. Le ton est léger, le propos intelligent, avec une fenêtre ouverte sur la culture chinoise. C'est simple, efficace, à conseiller pour les 9-10 ans.

Coll. Dacodac du Rouergue (avril 2010) - 5€

Le sourire de maman ~ Isabelle Rossignol

le_sourire_de_mamanLa vie de Chloé n'est pas rose. Sa maman et elle ont un secret. De l'extérieur, c'est une grande actrice, en pleine préparation pour son prochain spectacle. De l'intérieur, il n'y a que du pain de mie à manger le soir, plus d'argent pour régler la cantine, un trou dans la botte de Chloé, des hommes qui viennent prendre leurs affaires pour payer les factures. Face au monde, Chloé et sa maman gardent la tête haute et affichent un sourire forcé. Mais de plus en plus, la petite fille se crispe, elle s'isole et elle a honte si jamais l'école apprend toute la vérité.
Un soir, le directeur les convoque et propose un marché. La maman de Chloé accepte sans conviction, les petites camarades de Chloé se gaussent. Et pourtant, c'est la réalité du chômage, même si le texte n'emploie jamais le mot, et il n'y a pas de déshonneur à ne pas avoir de travail et encore moins à accepter le premier poste venu pour payer son toit et pour manger.
L'histoire est vécue d'après le ressenti de Chloé, une petite fille déboussolée, tantôt en colère, tantôt malheureuse. Isabelle Rossignol a évité de tomber dans le pathos ou le misérabilisme, elle raconte une histoire qui, hélas, concerne beaucoup d'enfants de nos jours, montrant ainsi qu'ils préfèrent se taire sous le poids de la honte. Les copines de l'école ne sont pas toujours compréhensives, trop jeunes, trop bêtes, trop attachées aux apparences. A sa façon, Chloé aussi se défend, arrondit les angles et triche mais c'est pour mieux se protéger.
Ici, l'histoire connaît un happy end qui suit la logique de l'intrigue : courage, espoir et confiance font donc bon ménage. C'est un petit texte qui sait ouvrir les yeux et dire les choses vraies en toute simplicité.

Mouche de l'école des loisirs (avril 2010) - 8,00€
illustrations d'Audrey Poussier

La boîte à pleurs ~ Dorothée de Monfreid

la_boite_a_pleursHmm, étrange petit roman. Charmant, mais déconcertant. Qu'on ne me demande pas son explication, je n'en sais strictement rien ! A croire que c'est simplement un livre à prendre pour soi, pour son plaisir de lire. Chacun, ensuite, interprète ce qu'il a envie.
C'est l'histoire de Pépita qui est née en éclatant de rire. Depuis, elle ne cesse de consoler ses amis, d'écouter leurs malheurs, d'offrir son sourire et les aide à guérir leurs chagrins. En fait, en cachette de ses proches, Pépita a une boîte sous son lit qui lui sert pour recueillir toutes ses larmes. Car Pépita pleure loin du regard des autres, jusqu'au jour où elle craque. Elle se met à pleurer dans la forêt, elle ne se contrôle plus, sa boîte à pleurs déborde et c'est le déluge dans sa chambre. Un raz-de-marée de larmes. Pépita se réfugie dans sa boîte, y fait la connaissance de Boubou et ensemble ils vont vivre sur une île déserte. Le retour sur Terre signera la fin de sa tristesse et le bonheur de retrouver les siens.
Le propos de l'histoire me laisse perplexe, mais c'est merveilleusement illustré, avec des couleurs chatoyantes. Cela illumine le texte, renforce la poésie et le côté imaginaire. Il est bon de pleurer, lâchez-vous et cessez de vous cacher ! Les amis sont là aussi pour les coups de blues et pour vous soutenir en séchant vos grosses larmes.

Mouche de l'école des loisirs (avril 2010) - 6,50€

Tu veux être ma copine ? ~ Susie Morgenstern

tu_veux_etre_ma_copineLes parents d'Hedwige ont quitté Paris pour vivre à la campagne où ils ont décroché un nouveau poste. La fillette entend souvent parler du directeur des ressources humaines et comprend que sa mission est de dégoter le meilleur candidat pour le poste à pourvoir.
Cela lui donne une idée. A l'école, où elle se sent seule et malheureuse, Hedwige rédige un questionnaire qu'elle fait passer à ses camarades. Son but : découvrir qui pourrait devenir sa meilleure copine. Hélas, les réponses obtenues ne la satisfont pas du tout. Hedwige est dure en affaires ! Dépitée, elle cherche à approfondir le casse-tête des ressources humaines quand ses parents lui expliquent qu'il faut parfois un peu de souplesse pour obtenir ce qu'on cherche.
De fil en aiguille, Hedwige va donc comprendre qu'en amitié, il ne faut rien brusquer, juste attendre le coup d'amitié, comme le coup de foudre en amour. Selon elle, c'est un peu la même chose, ça te tombe dessus, boum ! " On ne pose pas de questions à l'amitié, c'est l'amitié qui donne des réponses ! "
Ce qui frappe au premier coup d'oeil dans ce livre, ce sont les illustrations ravissantes de Claude K. Dubois. L'histoire, ensuite, est mignonne et intelligente. L'auteur n'est pas tombée dans le piège du discours bêtifiant, même si son sujet paraît simple et pas follement original. Le jeune lecteur, lui, apprécie et y trouve son plaisir. Que demander de plus ?

Mouche de l'école des loisirs (mars 2010) - 7,50€
illustrations de Claude K. Dubois

Talam ~ Walter Spock
T1. L'énigme du tigre (Jean-Michel Payet)
T2. L'envol de l'aigle (Cécile Roumiguière)

Sous le pseudonyme de Walter Spock, se cachent Jean-Michel Payet, Cécile Roumiguière, Maryvonne Rippert et Sigrid Baffert. Oui, la même équipe complice de la série des Blue Cerises. Ils ont remis ça, en écrivant à quatre mains une série qui s'adresse pour les plus jeunes lecteurs (dès 8 ans) et qui s'intitule Talam.

talam1Dans le premier tome, on fait la connaissance de Tennessee qui, sur le chemin de l'école, découvre un drôle de tag sur un mur. Il s'agit bien sûr de TALAM. D'autres coincidences vont la poursuivre et c'est en discutant avec sa grand-mère qu'elle apprend l'existence d'un poème, reçu alors qu'elle n'avait que sept ans, et qui aujourd'hui prend toute sa signification, ou du moins, qui commence à avoir son utilité. Ce poème parle d'un tigre, d'un lièvre, d'un aigle, des douze ans et de cinq pouvoirs. Ce n'est pas très clair, d'autant plus qu'un chat noir ne cesse de la suivre,  qu'un cirque avec un lama vient de s'installer en ville, qu'à l'école elle se métamorphe en tigresse car elle ne supporte plus les moqueries des autres filles.
Etrange, très étrange ?

talam2Dans le deuxième tome, L'envol de l'aigle, les explications se font encore désirer. Anton est nul au tennis et cartonne aux jeux vidéo et en maths. Ses parents décident de l'inscrire dans une école de cirque où il retrouve Tennessee. Lui aussi a reçu un poème à l'âge de ses sept ans, au sujet de Talam, mais il ignore ce que cela cache. Depuis quelques temps, il est sujet à des visions mais n'ose en parler à personne, de peur d'être ridicule. Au cirque, Mariposa Butterfly n'est pas une jeune femme quelconque et semble attendre beaucoup des enfants, lesquels, pour l'instant, pataugent encore dans la semoule.

C'est une série entraînante, auréolée de mystères, avec des personnages attachants, qui laisse peu à peu entrevoir ses trésors, en ne livrant qu'au compte-gouttes ses chères révélations. L'histoire se met en place lentement. Livre après livre, le mystère ne désépaissit pas. Le lecteur, de son côté, est bigrement intrigué et souhaite poursuivre sur sa belle lancée !

A suivre : T3. Skate toujours (Maryvonne Rippert - T4. L'homme-termite (Sigrid Baffert)
Milan poche cadet aventure (mai 2010) - 5,90€
illustrations de Benoît Perroud

21 juin 2010

Les étranges sœurs Wilcox, 2. L'ombre de Dracula de Fabrice Colin

Les_soeurs_Wilcox_Tome_2

Après un premier tome ô combien réjouissant, et une fois les souvenirs des événements précédents évoqués, les aventures des sœurs Wilcox reprennent sans temps mort. Amber et Luna sont ainsi propulsées sur le devant de la scène et font face à d'autres coups durs, qui surviennent dès le début de ce deuxième tome - Amber est kidnappée et Luna doit mener une mission spéciale pour la comtesse Elizabeth Bathory !

À New York, Amber est à la recherche de sa belle-mère Rebecca afin de récupérer un fragment du Venefactor pour éviter qu'il ne tombe entre de mauvaises mains. Les alliés de Dracula sont sur les dents, la société des Invisibles continue de mener une guerre sans merci mais les trahisons sont légion. La tâche de Luna est périlleuse, mais l'épopée d'Amber connaît des revers troublants. Les deux sœurs, même séparées, ne baissent pas les bras et tentent de trouver des solutions et des réponses à leurs nombreuses questions : qu'est devenu leur père, pourquoi ont-elles été mordues et quel rôle joue Rebecca dans cette fable ?

La série s'installe définitivement avec ce deuxième tome bouillonnant d'action et d'émotion. L'histoire est toujours aussi captivante, la tension monte d'un cran (surtout du côté d'Amber dans les rues de New York). Le fait d'avoir séparé les deux sœurs a permis d'enrichir l'intrigue et d'élargir les horizons. Et OUI, j'ai beaucoup aimé. J'ai, de plus, instinctivement retrouvé mes marques et ma zone de confort en commençant ce roman. L'univers de Fabrice Colin autour des vampires de Londres ou de New York est chic, terriblement attirant et admirablement bien dépeint. Bien entendu, l'épopée que vivent les personnages ne manque pas d'attrait non plus ! En bref, c'est grisant et fascinant. Vivement la suite, tiens.
À votre tour, succombez ! 

Les étranges soeurs Wilcox, 2. L'ombre de Dracula - Fabrice Colin
Gallimard jeunesse (2010) - 316 pages - 13,50€
illustrations : Erwann Surcouf

rappel du tome 1 : Les vampires de Londres

17 juin 2010

En route pour l'avenir

L'instant est émouvant : il s'agit de mon tout premier roman de Sarah Dessen. Depuis le temps que je croisais son nom sur les supports, que les couvertures de ses romans me tapaient dans l'oeil, que sa réputation me chantait une douce mélodie à l'oreille, bref l'heure était venue pour moi de faire sa rencontre. Grosse, grosse pression.

En_route_vers_lavenir

Cela a d'ailleurs failli me coûter car, non contente de ne pas accrocher à cette couverture, j'ai aussi trouvé le début peu enthousiasmant. On y présente l'héroïne, Auden, une jeune fille de dix-huit ans qui a brillamment réussi dans ses études. Elle envisage d'ailleurs de passer l'été chez son père à bûcher comme une dingue pour sa rentrée à l'université. A Colby, petite station balnéaire, Auden doit cohabiter avec la nouvelle épouse de son père, Heidi, et leur nouveau-né qui pousse des cris stridents jour et nuit. Auden n'est pas un personnage très sympathique, elle est horriblement snob, méprisante, porte des jugements sur tout, pense que s'investir socialement n'est qu'une perte de temps et d'ailleurs elle ne s'abaisse guère à fréquenter les jeunes de son âge.

Et puis, les choses lentement se mettent en place. Auden va bosser tous les soirs sur la comptabilité de Heidi, propriétaire d'une boutique de mode, où travaillent également Maggie, Leah et Esther. L'entente est d'abord glaciale, Auden se doit de faire son mea culpa car elle a osé flirter avec l'ex de l'une d'entre elles, et puis les filles vont lui paraître beaucoup moins frivoles et futiles. Leur solidarité féminine commence à la griser, Auden va peu à peu se joindre à leurs activités et s'ouvrir au monde qui l'entoure. La jeune fille a aussi un secret : insomniaque depuis des années, elle tue le temps au volant de sa voiture ou dans un café qui reste ouvert toute la nuit. C'est comme ça qu'elle va rencontrer Eliot, lui aussi ne peut pas dormir, lui aussi a le regard voilé par des démons, lui aussi a des soucis. Ensemble, ils vont beaucoup discuter, faire des courses, se rendre dans un Lavomatic, manger des parts de tarte et boire du café. En confiant qu'elle a tout échoué sur le plan social, Auden va s'engager dans une quête du temps perdu initiée par Eliot.

Finalement, j'ai vraiment beaucoup aimé lire ce roman. Je m'y suis sentie très à l'aise, confiante et heureuse de partager cette chère complicité qui unit la petite bande de Colby. De plus, ce sont les vacances, le rythme est nonchalant, on apprécie de suivre ce train-train ponctué d'instants ordinaires, touchants et nostalgiques. Sarah Dessen a vraiment su me séduire, tant son univers est doux, réconfortant, traité avec justesse, sans mièvrerie. Les lecteurs peuvent s'identifier aux personnages non sans mal, l'histoire est franchement réaliste et le tout est raconté avec simplicité et beaucoup d'authencité. Je comprends maintenant pourquoi cet auteur remporte toute l'adhésion de son public ! Je relirai très prochainement ses autres livres. 

En route vers l'avenir ~ Sarah Dessen
Pocket (2010) - 440 pages - 18 euros
traduit de l'anglais (USA) par Véronique Minder

14 juin 2010

L'été où je suis devenue jolie

Je me suis demandé si les amours d'enfance mouraient toujours ainsi, lentement d'abord, dans un sanglot, avant de s'évanouir comme ça, d'un coup.

Jenny_Han

L'été où je suis devenue jolie, roman de Jenny Han, est un livre sur l'été et pour l'été. J'avais ce bonheur, en le lisant, de ressentir la chaleur des rayons du soleil, de savourer l'eau qui glisse sur le corps, des bains de minuit, du sable qui file entre les doigts, de l'huile qu'on applique sur la peau, du ronronnement de la mer, de la fraîcheur du thé ou de la grenadine... C'est un avant-goût appréciable. L'histoire aussi est pleine de charme et ne manque pas de nous renvoyer vers l'été de nos quinze ans.

Belly, devenue une vraie beauté, retrouve ses amis d'enfance, Conrad et Jeremiah, avec lesquels elle a toujours passé ses vacances dans leur maison près de la mer, à Cousins Beach. Depuis ses dix ans, Belly est amoureuse de Conrad mais n'a jamais osé lui avouer ses sentiments. Et cet été, particulièrement, promet d'être différent pour l'adolescente : son corps a changé, l'attitude des garçons aussi, leurs mères ne cessent de faire des messes basses, Belly s'ennuie, elle rencontre Cam, tombe amoureuse mais se fâche avec Conrad qui a choisi de saboter leurs vacances. Il boit, il fume, il est taciturne, il repousse Belly alors qu'il ne digère pas sa relation avec un autre, et au milieu, Jeremiah, charmant, drôle, séducteur...

Au début, j'avais peur de me sentir une intruse au sein de cette famille, riche en souvenirs, soudée par des liens d'amitié et solidaire face à toutes les épreuves de la vie. Heureusement, l'histoire se déploie joliment, nous ouvre les pans du passé en sélectionnant quelques échantillons d'autres étés, et ainsi on les accompagne en toute confiance, on trouve progressivement sa place et on vit à leurs côtés, partageant leurs rires, leurs larmes, leurs colères, leurs doutes. C'est un roman touchant, juste et attachant, où l'on parle d'amitié et d'amour, de la vie vie qui change, de la douleur de grandir, de l'instant présent et fragile, de la confiance qui vacille et des certitudes qui perdent de leur superbe. C'est un roman qui se lit en quelques heures, et qu'on quitte à regret en souhaitant très vite lire la suite pour retrouver Belly au coeur de son propre tourbillon de la vie. 

Le deuxième tome (oui, il s'agit d'une trilogie) s'intitule It's Not Summer Without You. Cette lecture m'a aussi fait beaucoup penser à Toi et moi à jamais de Ann Brashares.

J'avais d'ailleurs noté cette citation à l'époque, et je la trouve également parfaitement adaptée au roman de Jenny Han, "L'amour peut-il durer toute une vie ? Peut-il passer indemne de l'enfance à l'âge adulte en survivant aux tourments et aux écueils de l'adolescence ? Est-il toujours le même à l'arrivée, simplement exprimé de façon différente ? Ou ces deux formes d'amour sont-elles radicalement étrangères et incompatibles ?"

Verdict : un roman adorable, qui nous prend par la main et qu'on lâche le coeur serré.

L'été où je suis devenue jolie ~ Jenny Han
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 300 pages - 13 euros
traduit de l'anglais (USA) par Alice Delarbre

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10 juin 2010

Dark Divine en français !

disponible dès le 10 juin (la Martinière jeunesse, 2010 - 410 pages - 13,90€)
traduit de l'anglais (USA) par Sabine Boulongne

Dark_divine_de_Bree_Despain

Une famille parfaite. Le retour du fils prodigue. Des rumeurs terrifiantes. Des disparitions tout aussi étranges. Une jolie romance adolescente, sur une touche de fantastique, qui brave les interdictions. Des mythes revisités. N'en apprenez pas davantage ! C'est une lecture captivante, qui se lit d'une traite.

(Il s'agit du premier tome d'une trilogie, la suite en VO paraîtra en décembre sous le titre The lost saint.)

coup de coeur janvier 2010

Dark_divine_TemptationBites

9 juin 2010

The Agency, Le pendentif de jade

The Agency

Londres, 1853. Mary, douze ans, est condamnée à être pendue pour vol. Par chance, elle rencontre une bienfaitrice qui la fera entrer dans une école pour jeunes filles. Cinq ans plus tard, devenue institutrice, Mary ne peut cacher son ennui lorsque la providence vient de nouveau frapper à sa porte. Mary rejoint une organisation secrète, the Agency, qui consiste à infiltrer des lieux et à se familiariser avec des personnes pour servir une enquête.

Mary l'espionne reçoit pour première mission d'être embauchée comme demoiselle de compagnie chez les Thorold. La demoiselle de la famille est une peste insupportable, qui s'est jurée d'empoisonner l'existence de Mary. Cette dernière, contrainte de paraître affable, se sent frustrée et brûle d'envie de passer à l'action. N'en pouvant plus, elle se glisse un soir dans le bureau de Thorold et fait la rencontre de James.

Ah, James ! ... Brillant, arrogant, fasciné par cette beauté exotique, au tempérament volcanique. Il comprend tout de suite qu'elle n'est qu'une usurpatrice (fausse demoiselle de compagnie), mais ne souhaite pas la compromettre. Au contraire, il lui propose de collaborer et d'unir leurs efforts.

Le texte est extrêmement bien écrit et bénéficie aussi d'un incroyable travail de recherche. L'auteur a fignolé le cadre historique, la réalité sociétale, la dénonciation de la condition féminine en cette époque victorienne... Autre point fort du roman : les personnages ! Le couple Mary / James est juste formidable et noue un subtil jeu amoureux qui ne demande qu'à se déployer.

En somme, cette intrigue se veut délicate et pleine d'élégance, elle introduit un univers alléchant et prometteur. Quelques petits défauts subsistent, qui s'effaceront par la suite, je n'en doute pas un instant ! Dans un registre très proche, je recommande également les enquêtes d'Enola Holmes, mais aussi la série de Lee Jackson, avec Sarah Tanner, autrement dit Une femme sans peur . 

The Agency, Le pendentif de jade ~ Y.S. Lee
Nathan (2010) - 377 pages - 14,90€
traduit de l'anglais par Lilas Nord

à suivre : The Agency 2: The Body at the Tower (août 2010 pour la VO, 2011 pour la VF chez nathan)

 

8 juin 2010

Il ne fait jamais noir en ville

C'est court, mais c'est tellement beau. En 105 pages, Marie-Sabine Roger danse avec les émotions, avec les chutes, avec les messages, avec la petite mélodie qui touche ou qui donne le sourire. D'une histoire à l'autre, ce n'est jamais de tout repos.

On se surprend à trouver cocasse l'aventure de Sylviane, la bonne cruche à qui on fait tout voir au boulot ou dans la vie de tous les jours, et qui enfin va se surprendre à dire crotte, parce qu'il a suffi d'une rencontre pour que tout change chez elle. Et même l'histoire avec monsieur Mesnard, ce voisin inquiétant, secret, silencieux, trop bon pour être honnête, serviable mais étouffant, qui sait ? La narratrice nous fait vivre cette montée d'angoisse, ce climat lourd, qui nous laisse mi-figue, mi-raisin, on ne saurait dire mais on devine le malaise, et à l'instar de la narratrice, on a très envie de se barricader, d'y aller à reculons, de ne plus savoir s'il faut avoir peur ou faire confiance. Flippant, mais savoureux.

il_ne_fait_jamais_noir_en_ville

Néanmoins, tout le monde n'est pas à la fête dans ce recueil composé de dix nouvelles. C'est aussi sensible et très émouvant, le drame d'un père qui se sépare de son enfant, la mort à petits feux d'une femme qui se sent corvéable à merci, l'adieu au père (dans Tout va bien), ohlala, ce texte est d'ailleurs une perle. Il m'a fallu le lire plusieurs fois, l'émotion m'a surprise à chaque fois, j'avais la gorge nouée, je relisais des passages, je me le murmurais à moi-même et j'avais des frissons partout. Ce texte figure très haut parmi mes préférés, avec Sans blessure apparente, un autre instant scotchant, bluffant et brut de décoffrage. 

Comment vit-on sa vie quand la vie n'est plus là ?
L'allée de gravier me semblera plus étroite et mal entretenue. Est-ce que le sac tirera sur l'épaule, est-ce que le ventre fera mal ? Qu'y a-t-il donc, après l'irréparable ? Après la lâcheté, la peur et le déni. La perte refusée mais pourtant consentie.
Et la mutilation, sans blessure apparente.

C'est un livre arc-en-ciel. Il possède le charme des sensations changeantes, il nous surprend, il nous séduit, il nous bouleverse. Je ne m'y attendais pas, j'ai été sur le carreau.  Car souvent, Marie-Sabine Roger ne se contente pas d'être aimable ou serviable. Pas du genre à nous offrir ce qu'on attend. C'est ce qui ressort de la lecture, le sentiment d'un bel accomplissement, d'un certain étourdissement, entre rires et larmes, et un désir de sincérité, sans forcer. C'était beau, c'était bien.

- Ils laissent tout le temps brûler les lumières, ici ? Ils n'éteignent jamais ?
Pascal sourit :
- Eh non, maman ! Il ne fait jamais noir, en ville.
 

Il ne fait jamais noir en ville ~ Marie-Sabine Roger
éditions Thierry Magnier (2010) - 105 pages - 16€

Un très beau recueil qui paraît au moment où le roman de Marie-Sabine Roger, La tête en friche, est adapté à l’écran par Jean Becker avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus.

ma tête en friche, août 2008

4 juin 2010

Akissi, Tome 1 : Attaque de chats, de Marguerite Abouet & Mathieu Sapin

Vous prenez l'auteur de la série Aya de Yopougon (Marguerite Abouet), vous lui collez un nouveau partenaire, l'illustrateur Mathieu Sapin, vous fermez les yeux un bref instant avant de découvrir le bébé issu de ce joli mariage. Coucou, une ravissante Akissi, haute comme trois pommes, espiègle et prête à toutes les bêtises.

Akissi

Akissi est la nouvelle héroïne de cette série qui se destine aux plus jeunes lecteurs. C'est charmant, drôle et gentil. La BD est composée de 7 histoires de six planches chacune. Ce sont grosso-modo les souvenirs d'enfance de l'auteur, dans un quartier vivant, coloré, agréable et familial d'Abidjan. Akissi est la dernière de la fatrie, elle n'a pas sa langue dans sa poche, ne cesse de coller son grand frère, s'incruste pour jouer au ballon, organise un ciné home dans le dos des parents et ne se sépare plus de Boubou, son petit singe de compagnie. L'idée est mignonne, mais un poil frustrante pour le lecteur adulte. (Retournez lire Aya de Yopougon ! Aucune comparaison possible, à mon avis.) Ce n'est pas une déception non plus, l'humour ne manque pas, Akissi est une héroïne craquante, la lecture est récréative. De plus, la série véhicule une autre image de l'Afrique, point de misérabilisme, il règne une humeur belle, franche et éclatante. Un lexique en fin d'ouvrage nous permet également de nous familiariser avec des expressions comme faire gâte-gâte ou faire palabre, recevoir un kokota, etc. Le travail de Mathieu Sapin est un régal, l'histoire est plus légère (quelques scènes demeurent néanmoins absolument truculentes !), ceci dit c'est définitivement une série pour les enfants (dès 6 ans). Ils vont adorer !

d'après l'univers graphique de Clément Oubrerie ♦ Gallimard (2010) - 45 pages - 9,90€

3 juin 2010

Le retour de l'allumeuse

Le retour de l'allumeuse est en fait la suite d'un livre déjà paru en 2006, Journal d'une allumeuse (+ Le grand livre des garçons, 2008). Par contre, j'ai lu celui-ci de façon totalement indépendante, même si j'aurais probablement préféré connaître les précédents détails, je n'ai pas été trop paumée non plus.

le_retour_de_lallumeuse

Alors voilà, Ruby Oliver a souffert d'une méchante réputation d'allumeuse durant l'année qui vient de s'écouler et, même si les vieilles rancunes sont tenaces, elle est déterminée à enterrer ce passé. Elle suit une thérapie auprès du docteur Z, cela fait maintenant quarante semaines qu'elle arbore un célibat sans failles et sans frémir. Elle a perdu sa meilleure amie et toute la bande des filles huppées du lycée de Tate, elle a fait une croix sur Jackson, son ex qui est maintenant avec Kim, et son amitié avec Noel, qui a cherché à l'embrasser tandis qu'elle le repoussait de façon charmante, est en perte de vitesse. Comble de tout, elle se découvre désormais un sérieux penchant pour lui et se mord les doigts d'avoir fait la fine bouche. Et pour alourdir l'un des plateaux de la balance qu'elle tente d'équilibrer dans le but de redorer son blason, Ruby a appris que son amie d'enfance, Nora, en pinçait sérieusement pour Noel. Le même Noel. Argh.

La partie s'annonce serrée. D'un côté, Ruby veut être considérée comme une amie sincère et compatissante, qui aimerait effacer la réputation d'allumeuse qui persiste sur les murs des toilettes, mais rien ne va comme elle le souhaiterait. Jackson a rompu avec sa petite copine et tente de renouer contact avec Ruby. Noel continue de la fuir, mais il dépose des petits billets à double sens dans sa boîte aux lettres, en même temps Nora se pâme d'amour pour lui mais n'ose pas lui avouer, et Ruby au milieu est partagée car, non, non, non elle n'a pas du tout envie que Nora et Noel sortent ensemble.

Autres signes que rien ne va dans sa petite vie : elle perd son job qu'elle adore, elle trouve une place de vendeuse de sandales Birkenstocks qu'elle déteste farouchement, ses parents s'amourachent d'un danois qui se régale des beignets cuisinés maison, et impossible pour Ruby de dresser sa carte au trésor comme il faut, le docteur Z vient de mettre le doigt sur un détail fâcheux, Ruby Oliver ne vit que pour les garçons et les histoires sentimentales ! Ruby Oliver souffre de la fièvre du lapin !

Vous l'avez compris, c'est très drôle. Le livre s'appuie sur le modèle du journal intime, agrémenté de pétillantes anecdotes sous forme de petites notes reçues en douce et même des extraits du grand livre des filles (une très grande référence culturelle !). De plus, l'auteur a su donner une fraîcheur irrésistible aux élucubrations d'une lycéenne qui exprime ses souhaits et ses espoirs afin de rendre plus harmonieuses ses relations avec les personnes de son entourage (oui, voilà en gros toute l'histoire !). L'humour ne masque pas la sensibilité de la jeune fille, sa souffrance d'être constamment jugée et incomprise, et même la fin échappe à toute mièvrerie. Bref, j'ai beaucoup aimé. C'est une lecture réjouissante, vive et espiègle, où l'on comprend que la vie est parfois riche d'un enseignement puisé dans le retro metal, avec des répliques cultes du genre : Les groupes à cheveux gras ont des vertus thérapeutiques insoupçonnées. (Entre autres choses, bien entendu.)

Dans le même style, vous apprécierez :  Teen Song de Claudine Desmarteau  ou  15 ans : Charmante mais cinglée de Sue Limb . 

Le retour de l'allumeuse ~ E. Lockhart
Casterman (2010) - 216 pages - 13,00€
traduit de l'anglais par Antoine Pinchot
illustration de couverture : Sibylle Delacroix

du même auteur : Journal d'une allumeuse (nouvelle édition illustrée par S. Delacroix) & Le grand livre des garçons

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