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Chez Clarabel
8 septembre 2017

Dans l'ombre (Trilogie des ombres T.1), d'Arnaldur Indridason

Dans l'ombre

Un représentant de commerce a été froidement exécuté dans son appartement - fait troublant, la balle provenait d'un revolver de l'armée américaine. Flovent, de la police criminelle islandaise, se voit aussitôt assisté d'un représentant de la police militaire, en la personne de Thorson. Bien qu'étant natif du Canada, ce dernier a des origines islandaises et parle couramment la langue. C'est tout naturellement qu'il est devenu l'interprète auprès des Britanniques, puis des Américains, depuis l'occupation de leurs troupes sur l'île. L'histoire se passe en 1941. La guerre gronde en Europe, tandis qu'un climat de suspicion règne sur cette contrée à la limite du cercle polaire. La victime supposée, un certain Felix Lunden, attire l'attention des enquêteurs du fait de ses origines allemandes et des rapports étroits entretenus par sa famille et les mouvements nationalistes. Flovent et Thorson doivent également cerner la signification d'un autre indice relevé sur la scène du crime, puisque la victime portait sur le front une croix gammée gribouillée avec son sang.

Voilà qui embrouille copieusement enquêteurs et enquête, laquelle se nourrit de nombreux rebondissements et donne à lire un scénario moins prévisible. Certes, la conduite est classique, le rythme tranquille et linéaire, les personnages aussi s'avèrent assez lisses, mais l'ensemble peut surprendre et s'écoute surtout avec grand intérêt. J'avais cru percevoir de la déception chez les fidèles du commissaire Erlendur, d'où mon appréhension avant de m'y lancer, et au final j'ai été personnellement conquise. J'ai beaucoup aimé le contexte historique - les projecteurs sont braqués sur ce caillou volcanique occupé par les troupes des alliés, on y découvre une cohabitation tendue, entre des islandaises en pleine émancipation et des pêcheurs qui font mauvaise figure, les baraquements militaires ne désemplissent pas, et le contre-espionnage ne chôme pas non plus. Les deux enquêteurs vont certainement apporter davantage à cette trilogie, n'esquissant pour l'heure que de vagues zones d'ombre, laissant apparaître quelques failles, l'auteur aura donc beau jeu de s'y faufiler ! Une lecture qui s'annonce pleine de promesses en devenir. Un bon rendez-vous qui n'a pas à rougir de ses choix ni de son apparente simplicité. 

Très bonne lecture de Philippe Résimont. 

©2015 / 2017 Arnaldur Indridason / Publié avec l'accord de Forlagið / Éditions Métailié, Paris, pour la traduction française par Eric Boury

(P)2017 Audiolib, Texte lu par Philippe Résimont (durée : 9h 03)

TOME 2 À PARAÎTRE EN OCTOBRE 2017 CHEZ MÉTAILIÉ - LA FEMME DE L'OMBRE

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4 septembre 2017

La terre brûlée (L'Épreuve 2), de James Dashner & lu par Adrien Larmande

L'epreuve la terre bruléeAprès le final inattendu du Labyrinthe (L'Épreuve 1), j'étais curieuse de connaître la direction qu'allait prendre la série. Aussi n'avais-je absolument rien anticipé quant au contenu de ce deuxième tome et l'ai-je entamé avec beaucoup d'espérance.

Le roman s'ouvre pourtant sur une perspective assez glaçante, avec des personnages dans une situation qui rappelle du déjà-vu, d'où ma crainte d'avoir la répétition du même cauchemar. Heureusement, l'histoire bascule. Et les esprits sont de nouveau brouillés, les enjeux relancés, les vies confrontées à de nouvelles épreuves qui ne dévoilent rien du but ultime. Thomas comprend que leur liberté fraîchement acquise n'est qu'un leurre et qu'ils sont toujours en sursis. Face à la menace d'un virus mortel, ils doivent donc quitter leur laboratoire et regagner la surface de la terre. La réalité y est cependant effroyable - le monde est ravagé par une chaleur caniculaire, la nature est cramée, seuls quelques gangs survivent mais sont souvent en proie à une folie meurtrière. C'est dans ce chaos sans nom que Thomas et ses camarades vont avancer et prendre connaissance des rôles qui leur ont été attribués pour tester leurs aptitudes. Ils vont également découvrir qu'ils sont en compétition contre un groupe de filles, qui compte maintenant Teresa parmi leurs rangs, et qu'elles ont pour principale mission d'éliminer Thomas. 

Eh oui, ce deuxième tome est riche en émotion et en suspense ! J'ai beaucoup apprécié retrouver le format audio pour explorer cette série. C'est toujours Adrien Larmande, autrement dit la voix française de Thomas (Dylan O'Brien), qui lit le roman de James Dashner, et ce avec une grande efficacité. On plonge immédiatement dans l'ambiance, on partage les doutes et les interrogations, on se perd dans le dédale des péripéties et on absorbe le choc des trahisons avec stoïcisme. C'est diablement bien fait, avec un potentiel addictif insoupçonné. De quoi attiser le désir de lire le troisième tome au plus vite !

©2010 / 2013 James Dashner / Éditions Pocket Jeunesse, Univers Poche. Traduit par Guillaume Fournier

(P)2017 Audiolib - Texte lu par Adrien Larmande, la voix française de Thomas au cinéma. Durée : 9h 12

30 août 2017

Le joyau de l'Annam, de Patricia Wentworth

LE JOYAU DE L’ANNAMUn simple coup d'œil à la couverture a suffi pour attiser ma curiosité et anticiper le bonheur de ma lecture de ce nouveau roman de Patricia Wentworth. Je l'ai commencé en toute innocence, sans chercher à connaître son contenu, mais j'avais pressenti une promesse d'évasion à l'évocation de l'Annam (désormais le Viêt Nam)....
Peter Waring n'est qu'un enfant lorsqu'il se retrouve sans famille et sans le sou, mais il hérite malgré lui d'un lourd secret familial autour du célèbre joyau de l'Annam, devenant ainsi le maillon d'une chasse au trésor qui va soulever les foules et les convoitises.
Bien des années plus tôt, son père et deux acolytes sont partis à sa recherche, ont été en possession de l'objet, avant d'en subir la malédiction. Depuis, un mystère demeure autour de son existence et de son détenteur. L'entourage de Peter n'a eu de cesse de scruter le jeune orphelin, pesant le poids de ses souvenirs ou de ses connaissances. En vain.
Peter a ainsi grandi dans une ambiance lourde et sournoise, dont il a pu s'extirper en trouvant auprès de Rose (sa “sœur de cœur”) une relation pure et candide qui l'empêche de perdre pied dans son labyrinthe de coups fourrés. 
Adolescent romantique, Peter va pourtant s'enticher de la ravissante Sylvia... laquelle joue le chaud et le froid avec ses sentiments, avant de comprendre qu'il pourrait lui être d'une aide précieuse dans la quête du joyau !
En effet, criblée de dettes, Sylvia a vendu son âme à un sombre individu, lui aussi déterminé à mettre la main sur cette pierre unique en son genre. Avec son charme et son culot, la jeune fille va subtilement duper son entourage pour parvenir à son but.
Toutefois, le chef d'orchestre de cette sombre histoire d'ambition dévorante demeure insaisissable. Les trublions surgissent sans crier gare, les tromperies se multiplient, ce qui ne manquera pas d'étourdir le lecteur, car toutes les cartes n'ont pas été jouées !
Dommage que tout ceci donne une sensation de fouillis au roman, me faisant osciller entre l'intérêt frétillant et l'ennui gonflant au fil des pages. J'ai certes été séduite par l'ambiance des années 20, mais peu conquise par l'intrigue générale...
Un rendez-vous en somme charmant, mais peu captivant.  

10x18 Grands Détectives / Juillet 2017 / Trad. Pascale Haas

 

7 septembre 2017

Rester groupés (Anne Capestan 2), de Sophie Hénaff

Rester groupésOn se croirait presque dans un Agatha Christie, rappelez-vous Un meurtre sera commis le... En effet, dans le roman de Sophie Hénaff, des individus sont informés de leur date de décès et succombent le jour dit, incapables de conjurer le mauvais sort. Le criminel court toujours et la police, sans indice, fait grise mine. Aussi, c'est à la nouvelle brigade d'Anne Capestan qu'est confiée cette patate chaude, d'autant plus que l'une des victimes n'est autre que son ex beau-père ! Pour nos Poulets grillés, l'enquête requiert la même vigilance qu'un dossier lambda, même si elle est conduite avec ce grain de fantaisie caractéristique à nos joyeux trublions. Deux nouvelles recrues ont néanmoins rejoint leurs rangs - un jeune freluquet qui se prend pour D'Artagnan et un rat aux crocs acérés, qui viendra à leur rescousse lors d'une rixe contre des hooligans. L'ambiance promet encore d'être loufoque et mouvementée, ce qui régale la lectrice sensible au burlesque que je suis. Car ce roman s'inscrit dans la lignée du précédent et nous ressert la recette du succès. Pourquoi changer une équipe gagnante ? D'où nos détectives excentriques, leurs méthodes non-conformistes, leurs traits d'humour et d'esprit à démêler des nœuds improbables. Il ne faudrait, en effet, pas se leurrer sur notre brigade de laissés-pour-compte, qui déjouent les pronostics et dépatouillent des enquêtes complexes, mais qui s'attirent aussi les foudres de leurs détracteurs à force de sortir des clous. Entre cas de conscience, vie privée versus carrière professionnelle, soupçon de corruption... Anne Capestan et ses Poulets grillés vont enfourcher leur cheval de bataille ! Ceci pour dire que la lecture n'est pas seulement insolite ou superficielle, c'est certes un rendez-vous plein de fraîcheur, d'humour et de plaisir, mais l'histoire ne manque ni de cohérence ni de consistance. Cette série ne cesse de me réjouir, à quand la suite ?

>>  Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.

©2016 Albin Michel (P)2017 Audible Studios. Texte lu par Christine Braconnier (durée : 7h 24)

      Rester groupés (Anne Capestan 2) | Livre audio

 

 

18 septembre 2017

Apolline et le renard mauve, de Chris Riddell

apolline et le renard mauvePour cette quatrième aventure, la jeune et jolie Apolline décide d'organiser une petite fête, chez elle, dans l'appartement 243 de la tour P.W Huffledinck, autrement dit le Poivrier. Avec son inséparable monsieur Munroe, elle dresse une petite liste des derniers détails à convenir : les invités, le repas, le ménage... Et sans plus tarder, nos deux amis se mettent en l'ouvrage et procèdent à un grand dépoussiérage dans les placards qui débordent.
C'est donc en se rendant aux poubelles - pour se débarrasser des dernières babioles collectées à travers le monde par ses parents - que la fillette fait une étrange rencontre. En effet, un renard au pelage mauve l'invite à visiter son humble demeure, la poubelle 34, et lui explique, face à son étonnement, qu'il existe un grand nombre d'animaux vivant dans la Grande Ville sans que personne ne les remarque jamais. Pour preuve, il l'invite à un safari urbain et lui donne rendez-vous, le lendemain soir à minuit...

Très belle lecture que voilà ! Chris Riddell nous régale avec cette promenade poétique et débordante d'imagination dans son univers atypique - et attachant - de la jeune Apolline. Au programme : des rencontres, des découvertes, des histoires palpitantes, de la tendresse, de l'humour, des détails cocasses, de la fantaisie, et j'en passe, tout ça dans un écrin sur-mesure (couverture cartonnée, illustrations pointilleuses et raffinées).
En bref, on n'en perd pas une miette et on fait rouler les yeux sur toutes les pages du livre. Sans jamais perdre le sourire. Un pur moment de délectation, pour une série à adopter d'urgence. ♥

éditions Milan, 2017 - Trad. Amélie Sarn 

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21 septembre 2017

La menace, de S.K. Tremayne

LA MENACELorsque Rachel rencontre David Kerthen, à Londres, la jeune femme croit immédiatement au conte de fées. David est bel homme, avocat brillant, veuf et père d'un adorable garçon, Jamie. Sous le charme, elle l'épouse et part vivre dans son manoir, Carnhallow, au cœur des Cornouailles. C'est là que tout va se compliquer. Entre les souvenirs de l'épouse tragiquement disparue, les murs figés dans le temps et les fantômes du passé familial, Rachel perd pied. Elle remarque aussi que Jamie se comporte de façon étrange et fuyante avec elle. Le garçon n'est plus que l'ombre de lui-même, il s'isole et chuchote dans son coin, il prétend que sa mère est vivante et déclare enfin que Rachel va mourir le soir de Noël. Glacée d'horreur, elle cherche à en toucher un mot à David, qui se ferme comme une huître et interdit formellement sa nouvelle épouse de céder à une curiosité malsaine. Son fils ne souffre nullement de troubles psychotiques, sa mère est bel et bien morte, aucun spécialiste de l'âme humaine n'est apte à comprendre leur deuil. Le sujet est clos. Sauf pour Rachel, décidée à en découdre. Alors qu'elle pense être enceinte, elle se demande qui est réellement l'homme qui partage sa vie. 

Ouch, cette histoire affiche clairement son ambiguïté et sa volonté de brouiller les cartes. Au départ, on pense fatalement à Daphné du Maurier, avant d'en chasser l'idée car le roman de SK Tremayne surprend, mais de façon obscure. On le sait, l'auteur est friand des mystères, des névroses et des embruns, cf. Le doute pour en juger. Cette fois encore, il joue avec les frontières qui séparent le réel du fantasme, il sème le trouble, rend ses personnages nébuleux, lance des pistes puis revient sur ses pas, en bref il entraîne le lecteur dans un long dédale infernal et l'égare exprès pour rendre “la menace” insaisissable jusqu'au bout. Par principe, le suspense psychologique est au taquet. La lecture se veut nerveuse et angoissante... même si le stress ressenti est pesant. Au final, j'ai fatalement décroché dans la dernière ligne droite car j'étais à la limite de la suffocation, et je trouvais que cela partait dans tous les sens, que cela devenait ridicule. 
Par contre, j'ai été à cran avec la lecture audio de Virginie Méry pour Audible Studios (également la narratrice de Rebecca pour Audiolib - tiens donc). Son interprétation est remarquable car elle multiplie les casquettes et les
 personnalités, en devient pernicieuse et borderline. En gros, sa composition est à double tranchant. C'est souvent effrayant, pour ne pas dire dérangeant, mais c'est à la hauteur des attentes car son jeu de rôles est bluffant. À tenter en écoute.

 

©2017 Place des Éditeurs. Traduit de l'allemand par Catherine Barret (P)2017 Audible Studios

>> Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.

Texte lu paVirginie Méry (durée : 9 h 58) pour Audible Studios

La menace | Livre audio

 

 

18 septembre 2017

Nightfall, de Jake Halpern & Peter Kujawinski

NIGHTFALLAprès quatorze années de Jour, l'île de Bliss se prépare à plonger dans quatorze années d'une Nuit secrète et impénétrable. En effet, toute la population doit évacuer les lieux à bord de navires, après avoir procédé à un rituel rigoureux au moment de tout quitter. Chaque famille doit nettoyer à fond leur maison, rendre aux logis une “propreté immaculée”, positionner les meubles exactement comme à leur arrivée, soigner les moindres détails, et ne jamais poser de questions.
Pour Marine, son frère Kana et leur meilleur ami Liam, la situation inspire de l'inconfort et du doute, même s'ils s'appliquent à suivre strictement les consignes. Quelques semaines plus tôt, ils ont osé s'aventurer dans les bois et emprunter un sentier interdit. Ils sont rentrés bredouilles, et fâchés. Marine a égaré un précieux collier sur place et accuse Liam de négligence. Même Kana s'en mêle, supportant de moins en moins le rapprochement entre sa sœur et son pote.
Et bim, le jour du départ, Liam manque à l'appel. Kana et Marine estiment avoir suffisamment de temps pour le retrouver... Toutefois, les embarcations ne vont pas s'éterniser et charger tout le monde dans un chaos indescriptible. Effarés, Marine, Liam et Kana vont alors percer le mystère de Bliss et le regretter amèrement.

Le point fort du livre ? Son ambiance. Je le dis tout de suite, c'est super flippant. Les auteurs sont parvenus à dépeindre un décor sombre et inquiétant, d'où l'on perçoit l'angoisse des personnages perdus dans ce labyrinthe cauchemardesque. La tension dramatique est palpable. On avance à pas feutrés, on a le trouillomètre dans le rouge écarlate, on n'en mène pas large et on attend de découvrir ce que cache l'île de Bliss après la tombée du Jour. Verdict, c'est pas beau ! Voire, carrément terrifiant.
Certes, j'aurais sans doute espéré que l'histoire aille encore plus loin et bouscule les personnages, mais public jeunesse oblige, on reste dans une esquisse de thriller - néanmoins efficace - et on se contente de dessiner les contours. L'aperçu est bon, mais frustrant. J'attendais davantage, esprit sadique que je suis. Malgré tout, j'imaginais sincèrement que ce roman pouvait se suffire à lui-même, et puis j'ai découvert que Peter Kujawinski prévoyait d'autres livres inspirés de l'univers de Bliss, avec notamment les Fourreurs ou les Territoires Désertiques en figures de proue.
En attendant, cette lecture se découvre les soirs d'automne, par temps pluvieux, histoire de justifier les frissons qu'elle inspire ! Bonne chasse. ☺

PKJ - 2017

TRAD. Hélène Zilberait

Chicago commercial photographers

21 septembre 2017

Sur les hauteurs du Mont Crève-Cœur, de Thomas H. Cook

Sur les hauteurs du Mont Crève-coeurTrente ans plus tôt, le corps de Kelli Troy est retrouvé sur les hauteurs du Mont Crève-Cœur. Ce drame suscite un vif émoi auprès de ses jeunes camarades. Kelli était nouvelle en ville, elle venait de quitter Baltimore avec sa mère et commençait tout juste à se fondre une place au soleil. C'est finalement en décrochant le rôle de Juliette, pour la pièce du lycée, que son destin semble avoir été scellé. Kelli est en effet tombée amoureuse de son partenaire, au grand dam de Ben Wade, le narrateur du roman. Celui-ci était fou d'elle, mais se gardait d'étaler ses sentiments. Désormais médecin à Choctaw, l'homme ressasse avec amertume l'enchaînement malheureux des événements ayant conduit au drame que l'on sait. C'est auprès de son vieil ami Luke qu'il livre tous les détails de ce récit tragique, depuis sa rencontre avec Kelli, sa passion obsessionnelle et silencieuse, leurs virées en pick-up, ses articles sur les émeutes de 1962, son soutien pour la cause des Noirs, ses découvertes sur le passé historique du Mont Crève-Cœur, ses confidences explosives au sein d'une communauté blanche et conservatrice de l'Alabama, et enfin l'hypocrisie, la trahison et les désillusions.

On absorbe tout ça au terme d'une lecture assez longue et très lente. Thomas H. Cook a coutume de broder ses intrigues autour de flash-backs interminables - procédé judicieux pour Dernière conversation avec Lola Faye - mais qui tend cette fois à diluer le suspense et rendre la lecture répétitive. Le narrateur est un type torturé, probablement par un sentiment de culpabilité, mais il porte surtout en lui le poids des regrets et des remords. Sa confession ne dédouane sans doute pas ses actes, elle vient éclairer un chapitre sombre de son passé et soulager la curiosité dévorante du lecteur. On a là du Thomas H. Cook hyper classique et attendu, mais probablement trop redondant à mon goût. Excellent Guy Moign, le comédien interprète pour Sixtrid ! 

©2016 Éditions du Seuil (P)2017 Sixtrid - Interprété par Guy Moign (durée : 9h 53)

Traduction de Philippe Loubat-Delranc [Breakheart Hill]

 

 

22 septembre 2017

Si le verre est à moitié vide ajoutez de la vodka, Par Marion Michau

« Je m'appelle Marion. Je ne suis pas très grande, contrairement à ce qu'essaie de me faire croire Christian Louboutin. J'ai les cheveux bouclés et les yeux verts (marron-verts) (surtout marron). Avant de trouver l'homme de ma vie, j'ai eu pas mal d'histoires - je dis ça sans me vanter, elles ont toutes mal fini - le célibat, je connais donc. Je suis passée par là, et repassée et rerepassée en cherchant mon chemin. Je pensais que le grand amour m'apporterait toutes les réponses. Devinez quoi ? Il pose de nouvelles questions. »

Si le verre est à moitié vide ajoutez de la vodka



À l'aube de la quarantaine, Marion Michau “creuse comme un percheron le sillon de l'amour” et nous transmet son expérience, sous forme de chroniques décomplexées, en livrant sans ambages l'étendue de sa science et de sa philosophie, avec cette spontanéité et cette fraîcheur qui la caractérisent tant. En gros, je m'attendais à un format romancé, mais ce sont plutôt de simples anecdotes qui composent cet ouvrage. On y trouve tout un tas de conseils rebattus, comme la quête du prince charmant, les régimes, les soldes, les seins, le porno, le mariage, tinder, la barbe de trois jours, le voisin de palier, le sex-friend, la saint-valentin, le couple au quotidien, les enfants, les ex, l'infidélité, la rupture, les vacances, Facebook, routine ou désamour... 

C'est superficiel, mais pas nocif. De temps en temps, j'avoue avoir souri. Car Marion Michau a vraiment beaucoup d'humour, c'est ce qui m'avait d'ailleurs conquise dans son livre Les Crevettes ont le coeur dans la tête : Journal sexy d'une trentenaireCette fois, Marion n'est plus célibataire, c'est moins sexy et ça énumère des situations tristement banales. On se croirait parfois dans un magazine féminin, parfois dans le pendant parisien de Sex and the City ! Je suis déçue, mais pas fâchée. Côté technique, Célia Charpentier, lectrice pour Audible Studios, a fait du mieux qu'elle pouvait, car le contenu du livre est tout de même creux. 

On remodèle tout ça pour un nouvel essai plus croustillant - à bientôt Marion ! ☺

>> Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.

Lu par Célia Charpentier (durée : 3 h 13)

©2017 Albin Michel (P)2017 Audible Studios

 

22 septembre 2017

Maudit karma, par David Safier

Maudit karma

Kim Lange est au sommet de sa carrière d'animatrice TV lorsqu'elle se rend à la remise du prix de la télévision allemande... le soir même de l'anniversaire de sa fille ! À vrai dire, Kim a fondé sa carrière sans le moindre scrupule - elle a négligé sa famille, colporté les pires ragots sur ses collègues et trompé son mari avec un bellâtre. Le destin décide donc de sanctionner son comportement, sans autre forme de procès, en lui envoyant le débris d'une station spatiale sur la tête. Bim, la jeune femme décède. Bouddha lui offre, toutefois, une seconde chance et la réincarne en... fourmi. Il lui explique grosso modo les fondements de “l'incarnation de l'âme dans un nouveau corps après la mort”. Donc, si elle souhaite atteindre le nirvana, elle doit désormais n'être qu'abnégation et bienveillance.

Ha, ha. Quelle ironie pour cette reine de l'égoïsme, ambitieuse et menteuse de son vivant. Autre challenge, elle doit également se débattre dans le corps d'un cochon d'Inde, d'un ver de terre ou d'un Beagle... avec pour compagnon d'infortune, le célèbre Casanova ! Bidonnade assurée. J'avais déjà lu le roman au moment de sa parution, en 2008, mais j'ai profité de l'été pour replonger dans le roman de David Safier - la performance audio de Toujours maudit ! m'ayant également donné envie d'y retourner. Et quel fun ! J'ai adoré suivre les (més)aventures de Kim dans sa reconquête d'elle-même - elle est maintenant prise de remords, a compris tardivement ses erreurs mais souhaite coûte que coûte consoler sa petite fille malheureuse (et empêcher son ex de tomber dans les bras de sa meilleure amie). Argh, c'est mouvementé, cocasse et émouvant.

Cette lecture vaut bien une dose de vitamines, car vous vous surprenez à sourire tout du long, et vous en sortez avec une sensation de bien-être. Franchement top ! Et la composition de Barbara Gateau, qui se glisse dans la peau d'une ingrate pleine de mauvaise foi, est également jubilatoire et très convaincante.

>> Livre audio en exclusivité sur Audible & uniquement disponible en téléchargement.

Lu par Barbara Gateau (durée : 6 h 55) 

©2008 Presses de la Cité. Traduit de l'allemand par Catherine Barret (P)2017 Audible Studios

 

25 septembre 2017

Des chauves-souris, des singes et des hommes, de Paule Constant

Collection Folio (n° 6348)  -  Parution : 07-09-2017

des chauves souris des singes et des hommesDans un village africain, la jeune Olympe trouve dans la forêt une chauve-souris qu'elle ramène chez elle pour la dorloter comme son doudou. Dans la foulée, ses frères et d'autres garçons ramènent fièrement le cadavre d'un Silverback, qu'ils vont mitonner en ragoût et organiser un festin pour la tribu. Le Docteur Désir, célèbre camelot de passage dans la région, convoite avec envie la peau du singe et poursuit son chemin en se frottant la panse et les mains. Pas très loin, dans une mission humanitaire, Agrippine se désespère de recevoir son stock de vaccins dans les plus brefs délais. Elle vient de lier connaissance avec Virgile, jeune sociologue et ethnologue fraîchement promu, dont les idées réfractaires à toutes formes de colonialisme répondent quelque part à un désir d'émancipation familiale. Dans cette partie du nord Congo, longée par le fleuve et ses affluents, un chaos indescriptible est en train de se mettre en place, de façon pernicieuse et radicale. L'hécatombe frappe d'abord le village d'Olympe, alors accusée d'avoir introduit le malheur avec sa chauve-souris. Puis, la pirogue sur laquelle voyagent Agrippine et son équipe doit rebrousser chemin, échaudée par l'imprécation d'une vieille sorcière. La mort est en train de semer ses petits dans les moindres recoins, drainant un vent de panique et de malédiction.

C'est tout bonnement ahurissant comment ce roman parvient à nous captiver par sa magie, en quelques pages, la tension dramatique s'installe au-delà des espérances. Car se déroule sous nos yeux la naissance d'une pandémie, à travers un mécanisme anodin, des gestes innocents, un enchaînement de circonstances malheureuses. L'impact émotionnel est poignant, et en même temps l'histoire ne verse pas dans le pathos. On a davantage le sentiment de lire un conte africain, avec son folklore, ses grigris et ses légendes, avec aussi de l'humour et de l'ironie, du défaitisme et de la rage, sans toutefois négliger d'épingler les grands coupables (la mondialisation, entre autres) ni d'édulcorer le drame en puissance.

J'ai été littéralement absorbée par cette lecture, alternant le roman et le livre audio. Paule Constant a choisi Marie-Christine Barrault pour interpréter cette tragédie aux allures de conte poétique. Un choix de raison, une exécution solennelle et péremptoire, pour une écoute assez pesante. La transition des deux supports a donc permis d'apprécier autrement cette histoire, d'en estimer les qualités et les subtilités, avant d'en sortir avec une sensation de chair de poule. Verdict : la lecture est sombre et désenchantée, mais inspire beaucoup d'empathie et invite à la réflexion. Je recommande !

 

Des chauves-souris, des singes et des hommes ecoutez lire

Lu par Marie-Christine Barrault - Durée d'écoute : environ 5 h

Collection Écoutez lire, Gallimard (2016)

 

« Malédiction! C’était trop grave. La mère appela le Chef. De mémoire, il n’avait rien entendu de semblable, un singe mangé sans les rituels. Il savait que dans l’ordre des interdits on ne pouvait trouver pire. Il n’y avait plus qu’à aller consulter Reine Mab. Son nom disait long déplacement, coût exorbitant, pratiques compliquées et engueulade assurée. » 

 

 

27 septembre 2017

Les lettres de Rose, de Clarisse Sabard

Les lettres de RoseCe roman a été mon compagnon de voyage durant la première partie de cet été 2017. C'est sa lecture qui me régalait alors que j'étais empêtrée dans un tourbillon émotionnel, son histoire m'a alors transportée dans les méandres de son imagination pour décrocher du réel... C'était inespéré, et fabuleux. Pile ce dont j'avais besoin.
À la mort de sa grand-mère, Lola apprend qu'elle est l'héritière de sa grande maison dans le petit village d'Aubéry. Surprise, la jeune femme se rend sur place, ne concevant pas de changer de vie, mais à bien y réfléchir, son petit boulot de serveuse à Paris, ses rêves de librairie, son désert affectif... Ce ne serait finalement pas une mauvaise idée de prendre le temps de songer à l'avenir. De plus, la découverte des lettres écrites par Rose, sa grand-mère, la fait plonger dans un passé et des secrets de famille qui vont la captiver, puis l'émouvoir. C'est toute son histoire que Lola va redécouvrir, avec des révélations sur ses origines - la jeune femme a été adoptée - visant probablement à envisager son destin autrement.
Ce roman est donc enchanteur. Il nous raconte une captivante histoire de famille, par le biais d'un canevas habilement exécuté, avec des allées et venues entre passé et présent, un arbre généalogique se déployant petit à petit, et dont les souches vont se recouper en toute transparence. On gobe avec plaisir les rapprochements faciles et la vision fleur bleue de cette saga familiale. De toute manière, j'étais complètement sous le charme, amoureuse de l'ambiance, passionnée par le thème. Je me sentais parfaitement à l'aise, car cette lecture a eu sur moi un effet bulle fort opportun. J'ai beaucoup aimé.

Très jolie interprétation, pleine de fraîcheur, de Perrine Megret pour Audible Studios. Une écoute très appréciable, idéale pour la détente.


>> Ce livre audio est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement.

©2017 Leduc.s (P)2017 Audible Studios

Texte lu par Perrine Megret - Durée : 12 h 07  / Audible Studios

 

Format poche CHARLESTON EDITIONS (2017)

 

28 septembre 2017

Strada Zambila, de Fanny Chartres

strada zambilaIlinca ne pardonne pas à ses parents d'être partis en France pour effectuer un remplacement dans un cabinet médical en Normandie. Sa sœur et elle sont restées à Bucarest, coincées dans leur petit appartement avec leurs grands-parents et leur ribambelle de chats. C'est par souci économique qu'ils ont pourtant fait ce choix, mais la fillette ne veut pas l'entendre. Son amitié avec Florin, un élève rom de sa classe, lui montre aussi qu'il y a toujours moyen de s'en sortir, quand la famille se serre les coudes. Ilinca a onze ans, elle est fâchée, elle boude les appels vidéos de sa mère, elle refuse de confier ses tourments et elle trouve le temps long. Les fêtes de Noël approchent, mais elles n'ont pas le même goût cette année. Quand sa mère leur rend une visite surprise, Ilinca se prête  à rêver d'un retour à la normale. Et puis... patatras.

Fanny Chartres a passé neuf ans à Bucarest, ce qui lui a inspiré l'écriture de Strada Zambila - un joli roman sur l'enfance qui souffre du manque. Manque des parents, manque d'argent, manque de tolérance, manque de communication. Bref. L'histoire fait un petit tour d'horizon et nous promène dans les ruelles d'un pays marqué par le communisme, où la pauvreté est encore le lot quotidien, mais jamais elle ne renvoie une image misérabiliste. On visite ainsi le marché aux fleurs, la place Saint-Georges, la rue Radu Calomfirescu, on se détend à la patinoire en buvant du chocolat chaud, on déguste des sarmale avec de la mamaliga. On profite au mieux du bonheur de vivre, et on savoure l'instant présent. Cela n'efface pas les clichés contre les “cueilleurs de fraises” (ceux qui partent à l'étranger pour un avenir meilleur) ou contre les roms (les tziganes, voleurs de poules, de cuivre, etc.). Après tout, « on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». Et à Bucarest, “le clair côtoie l'obscur, mais c'est justement cette cohabitation du beau et du laid qui fait toute sa beauté”.

Un petit roman lumineux, tendre et bouleversant par ses révélations - où l'on se dit que mentir aux enfants a ses limites. Il y a une grande sincérité et de l'intelligence dans cette histoire, qui cherche à toucher au plus juste le jeune lecteur. Celui-ci se trouve face à une vie éloignée de la sienne, qu'il découvre autrement que par des idées reçues, et dont il appréciera, espérons-le, toutes les différences et les richesses culturelles. Aoleu !

Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2017

Illustration de couverture : Iris de Moüy

11 octobre 2017

Entre deux mondes, d'Olivier Norek

Ce polar est monstrueusement humain, “forcément” humain : il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre, il y a juste des peurs réciproques qui ne demandent qu'à être apaisées. 

Entre deux mondesSans la signature d'Olivier Norek, jamais je n'aurais lu ce roman traitant de Calais et des migrants. Pour moi, ce n'est pas qu'un simple reportage aperçu à la télé, c'est une réalité que côtoie quotidiennement ma famille. J'ai donc bravé mes réticences et là, quel vertige de plonger dans une histoire où il n'y a qu'à fermer les yeux pour visualiser les rues, les quartiers, la plage, le centre commercial... L'auteur a su me harponner. J'ai été prise en otage, de mon plein gré. Certes, le scénario est passablement enjolivé et miraculeux pour y adhérer totalement, mais c'est tellement bien fichu que cela vous agrippe tout de go. Vous vous surprenez à tout dévorer en quelques heures, en remerciant au final Olivier Norek pour ce regard humain et humaniste sur l'impossible imbroglio que vit la ville de Calais - par contre, non ce n'est pas une ville fantôme.

Cette fois, pas de Victor Coste, mais le lieutenant Bastien Miller, qui a demandé sa mutation à Calais pour raison familiale. Et il tombe rapidement des nues face aux méthodes de travail du commissariat, qui ne relèvent plus des procédures classiques, et ce depuis l'existence de la Jungle aux abords de la ville. Dans ce camp improvisé où sont parqués tous les exilés des pays les plus dangereux du globe, se trouve Adam Sarkis, un ancien policier syrien, qui est à la recherche de sa femme et sa fille parties quelques semaines plus tôt. Là, pas de suspense, toutes les deux ont péri lors de leur traversée en Méditerranée. Mais le gars remue ciel et terre et attire fatalement l'attention sur lui en tirant un môme des griffes de ses tortionnaires. Adam va continuer de bousculer l'omerta, contre l'indifférence et contre l'injustice. Son chemin va ainsi croiser celui de Bastien, assez pour que les deux hommes se reconnaissent et trouvent ensemble une cause commune.

Cette lecture a su me toucher, m'interpeller, m'attendrir et me révolter. On y rencontre des personnalités attachantes, des histoires hors du commun, des parcours de vie inimaginables, de la haine, de la bêtise et de l'horreur. C'est prenant, sans jugement, d'une sincérité absolue. Toutes les ficelles du suspense sont tissées avec adresse, on est tenu en haleine de bout en bout, et on a même droit à quelques improbabilités providentielles qui font hausser les sourcils d'étonnement. Mais ça n'a pas d'importance. Très clairement, le roman se lit en une goulée ou s'écoute avec passion - les deux options se valent car la déception est loin du compte ! François Montagut adopte une réserve appréciable, modérant quelque peu ses intonations hystériques pour incarner les voix féminines, un problème récurrent mais qui se soigne. Cela reste un très bon choix éditorial, néanmoins.

Subtil et très juste, Olivier Norek impose son style, simple et efficace, et a promis de revenir avec Victor Coste. ☺

Un monde “entre deux mondes” pour damnés de la Terre entre deux vies. 


>> Ce livre audio vous est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement.

©2017 Michel Lafon (P)2017 Audible Studios

Texte lu par François Montagut  /  Durée : 8 h 58  /  Éditeur : Audible Studios

 

17 octobre 2017

Shadow Magic, de Joshua Khan

Shadow MagicVisez cette magnifique couverture de Ben Hibon, qui vous plonge dans l'ambiance... Elle annonce haut et fort la couleur - la lecture sera sombre, frissonnante et captivante ! Gros coup de cœur droit devant. ♥

Depuis plusieurs siècles, six maisons de magie se partagent le monde. Au royaume de Géhenne, la jeune héritière, Lilith Ombreuse, n'est clairement pas prête à assumer ses responsabilités. Seule survivante d'une famille qui est tombée dans une embuscade, la jeune fille n'a plus que son oncle Pan pour veiller sur elle. Mais l'homme, vieillissant et alcoolique, a accepté par dépit une alliance avec les Solaire. Leurs troupes fringantes doivent débarquer à Château Lugubre pour sceller les accords, Lily doit se soumettre à la décision. Certes, Gabriel est beau mais arrogant, il parade en ville en affichant sa supériorité. Lilith le prend en grippe et s'intéresse exprès à son prisonnier, K'leef, l'un des fils du sultanat de Feu. Dans les écuries, un jeune spectateur n'en loupe une miette - Ronce, fils de bûcheron, est devenu l'assistant de Tyburn, l'assassin royal. Lui aussi ronge son frein en attendant son heure pour accomplir ses desseins cachés.

La lecture est passionnante, elle introduit un univers fantasy surprenant, annonciateur de belles heures de lecture en devenir ! J'ai été clairement emballée. Ce premier tome impose sa puissance romanesque, sa richesse et sa qualité à installer personnages et enjeux dans un imaginaire qui ne demande qu'à déployer ses ailes. C'est foisonnant, bien ficelé, hyper prenant. Je n'avais pas lu 100 pages que je sentais déjà le coup de cœur venir. Boum ça n'a pas loupé. Je recommande fortement ! ♥

Seuil jeunesse, 2017 - Trad. Amélie Sarn

Suite prévue en avril 2018

 

23 octobre 2017

Détectives de père en fils #1, de Rohan Gavin

Détectives de pere en filsCollection: Folio Junior - N°1802  
Illustrateur de couverture : Antoine Maillard
Traduit par : Anne Krief

Nouvellement repris en format poche, voilà un roman à ne pas louper si l'on apprécie les numéros de haute voltige avec des enquêtes et des péripéties trépidantes ! Détectives de père en fils raconte l'histoire du jeune Darkus Kingsley, dont le père Alan, brillant détective, est plongé dans un coma hypnotique depuis quatre ans. Durant ce temps, le garçon de 13 ans a compulsé tous ses dossiers, appris par cœur toutes ses affaires, a ainsi aiguisé son sens de l'observation et de la déduction. Il a aussi adopté le même look et ne s'habille qu'en tweed de pied en cap.

Le roman commence donc par le réveil soudain d'Alan Kingsley, qui bondit de son lit en clamant haut et fort que le crime n'attend pas. Son ennemi juré n'a pas de visage, mais sévit sous le nom de Combinaison, une association du Mal qui rôde partout, à l'insu de tous. Encouragé par son jeune assistant Darkus, le duo se lance sur la piste d'un mystérieux bouquin (« Le Code ») qui exercerait un dangereux ascendant sur ses lecteurs. Kingsley père et fils veulent comprendre pourquoi, mais la tâche est ardue. L'auteur est anonyme, son éditeur préserve son secret, même la secrétaire sort les griffes dès que Darkus fourre son nez dans leurs bureaux... 

L'histoire mêle donc le mystère, le danger et l'humour, tout en servant une belle brochette de personnages hauts en couleur (Tilly la jeune surdouée, Clive le beau-père benêt, Oncle Bill l'excentrique et bedonnant chef de Scotland Yard, Alan le narcoleptique...). C'est plein d'entrain, logé dans une ambiance délicieusement british. On sent aussi toute l'admiration de l'auteur pour Conan Doyle, Dickens, Ian Fleming et Roald Dahl auxquels il rend hommage en s'inspirant ci et là.

Cette nouvelle série signe ainsi les prémices de rendez-vous émoustillants, qui ne manqueront pas de charmer petits et grands lecteurs - à partir de 10 ans, préconise l'éditeur... sauf que livre fait déjà 360 pages ! À tenter. 

 

1 novembre 2017

In Tenebris (La trilogie du mal #2), par Maxime Chattam

in tenebris audio

Deux ans après son enquête cauchemardesque subie dans L'âme du mal, Joshua Brolin a démissionné de la police et travaille en privé pour aider les familles à retrouver leurs proches disparus. Son expérience et son analyse de profiler ont rapidement fait son succès. Engagé sur une nouvelle disparition, Brolin est ainsi amené à se rendre à New York où il rencontre l'inspecteur Annabel O'Donnel, dont l'équipe travaille actuellement sur une série de kidnappings qui les fait flirter avec l'innommable - victimes scalpées, corps amoncelés dans un wagon, secte monstrueuse, gourou sanguinaire, et j'en passe. Pour Annabel, cette enquête dépasse l'entendement. Elle n'hésite donc pas à se servir des connaissances de Brolin pour avancer dans les limbes de l'Enfer.

Il y a un léger mieux dans ce deuxième épisode que j'ai trouvé moins ronflant et allégé en détails didactiques. Chattam s'inspire toujours des séries américaines pour conduire son intrigue - petite pensée pour Twin Peaks, avec le sinistre Bob et le dénommé Lynch, mais sans le café ou la cherry pie ! La mécanique est tout de même imparable, puisqu'il lâche facilement du suspense en fin de chapitre pour inciter à tourner les pages plus vite. Il affûte également sa prédilection pour la perversité de l'âme humaine en croisant des histoires hallucinantes et effroyables. Son histoire est franchement tordue et soulève des hauts-le-coeur. Cette fois, Brolin n'est plus le seul impacté et la nouvelle recrue, Annabel, aura beau jeu de se frotter aux arcanes maléfiques dans le dernier volume de ce triptyque. Une lecture traumatisante, mais pas encore aboutie car j'avais deviné le dénouement et déploré le style mielleux ou les expressions à deux balles, comme cette fichue “tige de nicotine”, tsss.

Prochain épisode : Maléfices !

>> Ce livre audio est proposé par Audible en téléchargement.

Texte lu par Véronique Groux de Miéri & Hervé Lavigne - Durée : 15 h 26

Série : La trilogie du mal, Livre 2

©2004 Éditions Michel Lafon (P)2008 Éditions VDB

5 janvier 2018

La légende de Podkin Le Brave, #1: Naissance d'un chef, de Kieran Larwood

Podkin le bravePar une froide nuit d'hiver, le soir du réveillon de la fête des Ronces, un barde dépenaillé et affamé se présente au terrier de l'Épineux pour y rapporter l'histoire de Podkin le brave. Ce lapin héroïque a longuement nourri l'imaginaire des enfants, lesquels écoutent avec fascination les anecdotes épiques du conteur d'histoires. Contre un bol de soupe de navets, une assiette de pain de maïs et une cruche d'hydromel, le barde se lance alors dans un long, long récit d'aventures. Et c'est comme si nous y étions également, assis au coin du feu, public insatiable et avide de connaître la suite. Avant d'entrer dans la légende, Podkin était un jeune lapereau insouciant, fils d'un chef de clan. Or, une attaque de Gorm - des lapins couverts de métal et devenus féroces par une force invisible - a contraint Podkin, sa sœur Paz et leur frère Pook à fuir sans se retourner. Seuls et désemparés, ils ont affronté le froid, la peur, la trahison. Ils ont su se montrer courageux et rusés, afin de protéger une épée magique. Ils se sont perdus dans la forêt, ont accordé leur confiance à une sorcière et à un mercenaire aveugle. Rarement une épopée aura été relatée avec autant d'emphase et de passion. Résultat, le public est en adoration.

Captivante et espiègle, la lecture nous plonge admirablement dans l'ambiance et nous embarque dans une formidable épopée, pleine d'émerveillement et d'héroïsme insoupçonné. “Les histoires ne parlent pas seulement de batailles et de vengeance. Il faut développer les personnages, introduire du suspense, créer une atmosphère, ajouter un peu d'amour”. Rien que pour ça, c'est un franc succès pour Kieran Larwood, avec ce début de série très réussi. Une découverte qui mérite le coup d'œil. ☺

Gallimard Jeunesse, 2017 - Trad. Catherine Gibert & Illus. David Wyatt

 

19 janvier 2018

Le sourire étrange de l'homme-poisson, de Tom Avery

Le sourire étrange de l'homme poissonNed et Jamie ont treize ans et sont frères jumeaux. Vivant sur l'île de Portland, dans le Dorset, les garçons aiment se ruer sur la plage, après chaque déferlement de tempête, toujours en quête de trésors (bouts de bois flottés, chaussures, vaisselles ou os de baleine) qu'ils collectionnent précieusement dans le garage. 
Un jour, pourtant, les garçons trouvent une créature étrange et méconnaissable, planquée sous des algues, un homme poisson qu'ils vont cacher, sans rien dire à personne. Ned est convaincu qu'ils vont vivre le début d'une aventure extraordinaire, tandis que Jamie pense que la créature est venue sauver son frère.
En effet,
Ned est atteint de mucoviscidose. Gravement malade, le garçon multiplie les traitements et doit souvent rester au chaud, allongé sur le canapé à regarder l'intégrale de Star Trek. Les deux frères ont également grandi en écoutant les légendes de leur grand-père, ancien pêcheur, et sont intarissables sur les étoiles, les poissons et les sirènes.
C'est donc en toute quiétude, et avec beaucoup d'admiration, que j'ai partagé la routine de cette famille, jouant des parties de Risk ou buvant du thé. J'ai aussi beaucoup aimé devenir la complice des jumeaux et préserver le secret sur Leonard (clin d'œil au Dr McCoy, médecin-chef sur L'Enterprise), tout en me posant légitimement des questions sur lui. J'ai adoré me perdre dans ce petit coin paumé de Chesil Beach, pédalant sur un vélo, bravant la pluie, le vent, le tonnerre, les vagues et le froid. Criant colère et détresse face à la mer. Espérant un chant lointain, une étoile brillante et solitaire. Soupirs.
Il y a dans ce petit roman un maelström d'émotions, qui nous fait passer du tout au tout, du rire aux larmes, de la stupeur à l'incompréhension, du rêve à la réalité, du mensonge à la triste évidence. Ce sont 200 courtes pages, qui se lisent parfois comme un conte et qui surtout ont le poids d'une lecture bouleversante. J'ai cru tenir bon, mais j'ai pleuré comme une madeleine à la fin. Suis définitivement irrécupérable.
Enfin, c'était vraiment bien... Doux, poétique et plein de finesse. Vraiment bien. Un roman qui parle de la mer et de la famille. Tout ce que j'aime. ☺

Seuil jeunesse, 2018

Traduit par Amélie Sarn. Titre VO : Not As We Know It.

Illustration de couverture : Lisa Zordan

Prolongement de lecture : À marée basse, de Jim Lynch

18 janvier 2018

Tortues à l'infini, de John Green

G01531Aza Holmes, 16 ans, est une adolescente ordinaire, en apparence heureuse, si ce n'est qu'elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs. En vrai, elle a des spirales de pensées obsédantes, une voix entêtante lui serine dans la tête, la rendant phobique des bactéries. Cette pathologie est épuisante et l'entraîne toujours plus loin dans ses névroses, créant aussi un profond mal-être.
Il n'est donc pas rare qu'elle se ferme comme une huître, en train de ressasser ses angoisses et invoquer des spectres de contamination et de mort imminente, tandis que sa Meilleure et Plus Intrépide Amie, Daisy Ramirez, babille joyeusement à ses côtés, évoquant sa passion pour Star Wars et ses fanfictions. Après tout, la maladie d'Aza est désormais une vieille ritournelle, envers laquelle son intérêt est devenu volage. 
Bref. Sans cesse à l'affût de projets farfelus, Daisy tombe sur la disparition d'un milliardaire du nom de Russell Picket et la promesse d'une récompense donnée à quiconque serait en mesure de fournir des renseignements. Or, le fils de celui-ci est aussi un ancien copain de colo de son amie. Davis Pickett. Daisy commande Aza de le recontacter, et pourquoi pas grappiller des indices pour retracer le fugitif. Les filles ont bien besoin d'argent pour se payer des études et enjoliver leur quotidien.
L'opération d'infiltration peut commencer. Et miraculeusement, tout se déroule comme dans un rêve, Davis se rappelle d'Aza, accepte de la revoir etc. Le petit groupe devient inséparable, mais voilà...
Aza et ses pensées infernales. Ses bouffées de stress. Ses idées folles et ses délires vertigineux.
Aza sombre de plus en plus dans l'excès et dans la psychose.
Et bim, la jeune fille perd les pédales.

Comme beaucoup d'autres lecteurs, j'étais curieuse de lire le nouveau roman de John Green, mais pas impatiente non plus. Je reconnais à l'auteur de grandes qualités, sans m'avouer une fan hystérique ou acharnée. C'est donc avec une certaine désinvolture que j'ai écouté ce roman pour, finalement, l'apprécier grandement. Oui, voilà un roman très touchant, très fort, sans réelle action mais tellement juste et attachant.
On y trouve encore et toujours des jeunes gens fragiles et délicats, des adolescents jouer les funambules sur une corde raide. On les sent fébriles et en détresse, parés du besoin de trouver leur place ou de comprendre le monde qui les entoure. Ce sont des mômes déstabilisants et qui se rappellent à nous. Des adolescents qui essayent d'être des amis à la hauteur, des enfants obéissants, des élèves studieux, des amoureux flamboyants. Dur, dur.
Ce regard que pose John Green sur la jeunesse est égal à lui-même - lucide, tendre et sans détour - même s'il y ajoute une pointe d'excentricité et de complaisance. Toutefois, c'est drôlement bon et franchement attendrissant. J'ai aimé vivre dans la tête d'Aza, comprendre ses raisonnements et toucher du doigt sa logique implacable. John Green a d'ailleurs avoué s'être inspiré de son propre vécu et son expérience de la maladie pour attribuer à l'histoire d'Aza une note authentique et poignante. C'est difficile à expliquer, mais j'ai été personnellement émue et concernée. Je me suis surprise à écouter d'une traite le roman, regrettant presque le point final. Gros big up à la complicité entre Daisy et sa fidèle “Holminette” - je me sentais bien en leur présence !

À découvrir seulement si vous vous moquez bien de la réputation de Nos étoiles contraires... 

Lu avec tendresse et sans fausse note par Élodie Huber.

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018). Durée : env. 6h 30

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert [Turtles All the Way Down]

Tortues à l'infini

19 janvier 2018

#Wanted : Les étranges sœurs Wilcox, de Fabrice Colin

Londres, 1888. Qui sont ces deux orphelines qui s'aventurent la nuit dans les rues mal famées ? Ignorent-elles que Jack l'Éventreur et d'autres créatures plus terrifiantes encore y livrent une lutte sans merci ? Mais Amber et Luna Wilcox ne sont pas des jeunes filles comme les autres. Sous leur frêle apparence se cache un terrible secret...

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Dans cette histoire énigmatique et néanmoins passionnante, on croise les figures tutélaires de Sherlock Holmes, du Docteur Watson, de Bram Stoker, pour ne citer qu'eux, mais surtout on plonge littéralement dans un univers fascinant, bien campé, sombre et enivrant. Une société secrète lutte contre des forces obscures, tous les coups sont permis - meurtres, kidnappings, incendies criminels, poursuites endiablées... Et au milieu, les sœurs Wilcox tentent de comprendre l'inextricable écheveau dans lequel leur famille s'est engouffrée. Leur père a disparu, leur belle-mère joue à cache-cache et retient des informations précieuses... Amber et Luna vont être aspirées dans un tourbillon infernal. Toutefois, c'est du plaisir sur toute la ligne. Les clichés sont rebattus, revisités, bref dépoussiérés. Le lecteur n'en perd pas une miette et avale en une goulée les pages du roman.  Le rythme est enlevé, l'épopée ébouriffante. À ceci s'ajoutent des émotions à tous les étages. Des personnages attachants. Une intrigue habilement tissée. Et des personnalités légendaires. C'est envoûtant, raffiné, démoniaque. 

Je lance maintenant un appel international (#cristina_inside) pour espérer l'éventuelle parution du tout dernier tome (Le Dernier Sacrifice) promis depuis 2014.

Collection: Folio Junior - N°1629 

Illustrateur de couverture : Erwann Surcouf

 

Premier #Wanted d'une longue série.

 

8 mars 2018

Comment maximiser (enfin) ses vacances, d'Anne Percin

Comment maximiser enfin ses vacancesJe pensais être guérie de mon béguin pour Maxime Mainard, lorsque j'ai découvert la sortie de ce nouveau roman, soit une 4ème saison inopinée, sachant la trilogie bouclée depuis 2012. J'étais partagée entre la surprise et la panique, bonne ou mauvaise nouvelle, dans les premières pages, j'ai douté, trouvant que le garçon exagérait bêtement le ton de l'éternel insoumis, opposé au système par principe - allait-on nous réchauffer une vieille recette sans la même saveur ?
Foin de tout ça. En vrai, j'ai totalement succombé. C'est toujours aussi bon, toujours aussi drôle, toujours aussi dérisoire et toujours aussi déjanté. On retrouve nos fidèles camarades dans des aventures improbables - une série de concerts sur la route des vacances - et c'est du bonheur en barre. Je n'ai pas pu m'empêcher de glousser au fil des pages.
Le bac en poche, Maxime plane sur son petit nuage mais rechute lourdement après son admission loupée à Sciences Po. Totale remise en question et perspective d'avenir dans le flou. Notre jeune ami fonde ses derniers espoirs dans son groupe de rock, Kremlin, et décroche un contrat inespéré pour jouer dans un festival sur la côte Atlantique. Quinze jours à se doper de rock et d'océan, ambiance camping où l'on répète dans les sanitaires, une licorne gonflée sous hélium flottant sur la tente !
Ah, sûr qu'il faut le voir pour le croire. Maxime a réuni sa bande au complet - Stéphane à la batterie, Christian à la guitare, Julius à la basse - sans oublier sa Kévinerie, mascotte attitrée, son amoureuse Natacha, sa pote d'enfance Alexandra et sa groupie de frangine Alice. La suite de l'aventure promet monts et merveilles, mais est surtout désopilante et vous communique une vraie fraîcheur de vivre.
C'est le remède radical pour une cure de bonne humeur ! Prenez-en à fortes doses !!!

éditions du Rouergue, 2017 

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Vendus à plus de 100 000 exemplaires, les trois premiers tomes ressortent sous de nouvelles couvertures pour brasser toujours plus large un public qui n'aurait pas encore eu la chance de connaître le personnage. ♥

  

5 février 2018

Heather Mallender a disparu, de Robert Goddard

Heather Mallender a disparu

Harry Barnett vit depuis de nombreuses années sur l'île de Rhodes, où il s'occupe de la villa d'un de ses amis, un homme politique anglais. Arrive un jour Heather Mallender, en convalescence après une longue dépression et un drame personnel. Or, au cours d'une balade en montagne, celle-ci disparaît sans laisser de traces. Harry est aussitôt soupçonné par la police grecque de l'avoir assassinée. 

L'ambiance générale m'a vite rappelé l'histoire de Harry Quebert (de J. Dicker) pour son long cheminement dans le dédale des souvenirs et pour l'enquête à rebondissements multiples. Une femme disparaît et le narrateur, Harry Barnett, cherche à en comprendre les raisons. D'abord, pour se disculper. Puis, pour assouvir sa curiosité débordante. Par contre, l'île de Rhodes n'est qu'une toile de fond car l'histoire se déroule essentiellement en Angleterre, entre Londres et Oxford. Pour l'évasion, donc, on repassera.

Globalement, j'ai trouvé la lecture prenante et surprenante. Le seul point négatif, pour moi, c'est le personnage de Harry B. Un type poussif, décrit en des termes peu reluisants (le quinquagénaire sans carrière, qui préfère se la couler douce au soleil, avec de bonnes bières au frigo). Bref. C'est lassant dans le sens où on va accompagner cet individu pendant 18 heures d'écoute, par contre l'intrigue est suffisamment machiavélique pour tenir notre intérêt en éveil. Soit, il y a du bon et du moins bon... mais au final je n'en sors pas totalement mécontente. J'ai bien aimé la lecture faite par Jean-Christophe Freche, alors que le rythme est lent, long et sinueux. D'où la prouesse ! ☺



>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible et uniquement disponible en téléchargement.
©2012 ILA. Traduit de l'anglais par Catherine Orsot Cochard (P)2017 Audible Studios
8 février 2018

Sauveur & Fils saison 1, de Marie-Aude Murail

sauveur et fils saison 1

“À quoi je sers?” se demande souvent Sauveur Saint-Yves, psychologue installé à Orléans. Originaire des Antilles, l'homme vit avec son fils de huit ans, Lazare, et reçoit à longueur de journée les doléances d'âmes désœuvrées - une mère désemparée par son fils qui fait pipi au lit, une autre qui ne comprend pas pourquoi sa fille se taillade les bras, une qui perd la tête et oublie son grand garçon de seize ans, une famille au complet qui se déchire et ne peut plus se voir en peinture... Des crises en cascade, des cris, des larmes, des silences, des soupirs. À l'abri dans son couloir, le môme Lazare n'en perd pas une miette et s'effraie d'entendre autant de détresse. Lui aussi en a gros sur le cœur - sa maman décédée trop tôt et dont on ne parle jamais assez. Et tous ces courriers qui s'empilent devant la porte, des menaces de mort qui font dresser les cheveux sur la tête... Chacun s'enferme dans ses non-dits et le temps s'écoule mollement. Le gamin découvre l'hostilité suscitée par la couleur de la peau, être ou ne pas raciste, rien que d'y penser c'est déjà un signe ? Louise, la maman de Paul, s'interroge beaucoup sur le meilleur ami de son fils et perd tous ses moyens face à Sauveur, 1,90 m pour 80 kg de muscles.

C'est tout ça que raconte Marie-Aude Murail, en mieux, en humour et en tendresse. Car c'est un roman qu'on croque avec gourmandise et dont on savoure chaque bouchée en mâchant religieusement. Tout est brodé avec délicatesse - les personnages, les dialogues, les errances et les éclats. Jusqu'à l'escapade finale sur les terres de l'enfance, avec ses couleurs, ses chants et sa tribu turbulente. J'ai infiniment aimé ce petit pan de vie aux côtés d'un papa au physique de colosse, qui continue d'apprendre son rôle et le sens du monde, tout en assurant auprès d'un fils curieux, intelligent et sensible. Autour d'eux, gravitent des petits électrons libres qu'on attache ou détache au gré de nos envies. Parfois, les sujets sont lourds et les enclumes tombent lâchement dans les estomacs... Mais l'ambiance générale se veut positive et penche volontiers vers la résilience et l'espoir. Cela remue de douces sensations, n'hésitez pas ! En plus, il y a quatre saisons du même acabit. C'est du bonheur en tranches...  à partager sans retenue. Moi j'y retourne de suite. ♥☺

L'école des loisirs, 2016

Photographie de couverture ♥ que j'adore ♥ : Megan Van der Elst

 

20 février 2018

Poupée volée, d'Elena Ferrante

G01447Une femme, en vacances au bord de la mer, s'amuse à observer la routine d'une famille napolitaine, parmi laquelle se détache le duo d'une jeune mère Nina et sa fille Elena, en train de jouer à la poupée.
Quand le précieux baigneur disparaît mystérieusement, c'est la panique générale. Toute la tribu se mobilise pour retrouver la poupée, avec force gesticulations et clameurs. Leda est aspirée par cette frénésie et se mêle volontairement à la battue.
Sauf que c'est elle qui a pris la poupée et qu'elle se garde bien d'en piper mot.

Ma foi, je suis perplexe. Comme tant d'autres lecteurs, c'est pour avoir aimé L'amie prodigieuse que j'ai tenté celui-ci, par curiosité. Un roman publié en 2006, dont la verdeur ressort un tant soi peu, mais qui aborde déjà la question de la femme en tant que mère, avec une héroïne ayant privilégié sa carrière au détriment de ses enfants.
Leda approche des cinquante ans, elle a deux filles, aujourd'hui installées au Canada près de leur père. Ce départ n'a jamais été vécu comme un échec, mais c'est en épiant chaque jour Nina et Elena qu'elle entreprend un bilan sur sa propre expérience.
Le constat est rapidement doux-amer. On sent une femme pleine de contradictions, assez lucide, ne ressentant aucune culpabilité et néanmoins éprouvant le besoin de justifier pourquoi. Et puis les souvenirs remontent à la pelle, certains assez sombres, lourds, déchirants.
Mis bout à bout, ils donnent à l'histoire une tonalité confuse et acerbe. Oubliez l'ambiance estivale, l'insouciance d'une lecture à la couverture alléchante, la composition se drape dans un voile opaque et noir. C'est sournois, peu rassurant.
La lecture vous laisse, sans surprise, un arrière-goût de folie douce très dérangeante. Je n'ai pas du tout accroché. Et la déception est proche. 

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

Lu par Ivana Coppola. Durée : env. 4h 30

Trad. de l'italien par Elsa Damien [La figlia oscura]

Ivana Coppola restitue avec talent et justesse l’intensité de ce récit introspectif, portrait sans fard d’une femme qui oscille entre raison et folie.

EXISTE en Collection Folio (n° 6351)

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2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
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Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


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