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Chez Clarabel
5 mars 2018

Élisabeth Princesse à Versailles 1. Le Secret de l'automate - 2. Le Cadeau de la reine, d'Annie Jay

Elisabeth princesse à VersaillesCette charmante série, découverte depuis 2015, connaît un joli succès en librairie, avec ses 10 titres en rayon et ses emballages délicieusement poudrés. Audiolib s'empare à son tour du phénomène en éditant les deux premiers tomes réunis sous le même format, à écouter en moins de 3 heures, grâce à l'interprétation élégante et enjouée de Charline Paul.

Dans le courant des années 1770, l'éducation des princesses, Élisabeth et Clotilde, est confiée à Madame de Mackau, une sous-gouvernante chargée de canaliser le tempérament capricieux et indiscipliné de la cadette. Vexée de passer pour une idiote, Élisabeth accepte de rentrer dans le rang mais refuse de se séparer de sa nouvelle camarade, Angélique. En plus d'avoir tissé une amitié sincère, toutes deux se passionnent pour les énigmes. Elles viennent en effet de trouver un billet caché dans un automate, avec un message codé qu'elles doivent déchiffrer pour poursuivre leur enquête. De Versailles à Choisy, les copines parcourent les jardins, les salons et autres recoins secrets du château, sans jamais sacrifier leurs leçons et autres devoirs d'usage liés au rang de la princesse et sa demoiselle de compagnie. Au fil de leurs aventures, elles vont s'attacher l'aide non moins précieuse du jeune page, Théophile de Villebois, et du fringant apprenti valet, Colin.

En somme, cette lecture déborde de grâce et de fraîcheur. Annie Jay excelle dans le registre des séries historiques, avec une écriture intelligente et soucieuse du détail, elle nous fait voyager dans le temps et entrouve avec discrétion des portes habituellement fermées. On croise ainsi la famille royale dans son quotidien, on découvre les us et coutumes de la Cour de Versailles, avec son étiquette corsetée mais enjolivée exprès pour un auditoire (dès 8 ans) fasciné par le faste et le tralala. Ici, les princesses sont exubérantes et bousculent les traditions, toujours partantes pour vivre des intrigues pleines de mystère et d'audace. C'est adorable et pimpant ! J'ai vraiment passé 3 heures d'écoute agréable, avec juste une pointe de naïveté qui compose savamment le récit. C'est à déguster sans réserve !

©2015 Albin Michel Jeunesse (P)2018 Audiolib

Texte lu par Charline Paul. Durée: 2h 50 env.

La série est illustrée par Ariane Delrieu.

 

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24 mars 2018

En attendant Monsieur Bellivier, de Britta Röstlund

En attendant monsieur Bellivier

Étonnant chassé-croisé dans les rues de Paris ! Boulevard des Batignolles, l'épicerie de Mancebo devient le nouveau point d'observation des faits et gestes de Ted Baker, un écrivain d'origine américaine, soupçonné d'infidélité par son épouse. Un jour, celle-ci propose à Mancebo de le surveiller durant ses absences et de lui transmettre ses rapports confidentiels dans un bocal d'olives. Notre homme accepte, mais signe pour un complet chahut de son existence tranquille - filatures loupées, migraines et intimidations. Plus Mancebo fouille la vie de l'écrivain, plus il s'interroge sur ceux qui l'entourent. Sa femme, son fils, son cousin et son épouse ne le reconnaissent plus, mais Mancebo doit taire son nouveau rôle de détective.
De son côté, Helena est journaliste, mais souffre de dépression et de surménage. Attablée dans un café, un inconnu l'aborde en lui demandant si elle attend Monsieur Bellivier. Elle répond oui, sans réfléchir. Puis l'accompagne dans une tour de La Défense, dans un bureau désert, et se poste seule face à un ordinateur. Elle doit ainsi transférer à M. Bellivier des mails indescriptibles. Ne pas adresser la parole aux autres employés. Et rentrer chez elle, avec un gros bouquet de fleurs. Intriguée par cette étrange mission, Helena suit pourtant les consignes à la lettre mais finit par prendre les fleurs en grippe. Elle cherche donc à s'en débarrasser et les dépose dans un cimetière juif... au grand mécontentement d'un vieux monsieur qui la sermonne avant de s'effondrer sous ses yeux.
J'ai été agréablement surprise par ce roman, qui raconte deux histoires assez farfelues, dont on attend longtemps l'impact ou le lien invisible, même si ce n'est finalement qu'un détail car on s'embarque dans leurs aventures avec un ahurissement permanent. C'est tout en finesse, en élégance et avec humour aussi que Mancebo et Helena évoluent, alimentant la lecture de leurs anecdotes truculentes. Parfois le rythme pêche un peu, le roman perd de sa fraîcheur et s'encroûte légèrement, pour finalement se ressaisir avec panache et livrer un dénouement tout aussi cocasse. J'ai alterné les émotions, entre curiosité et attendrissement, perplexité et étonnement, mais j'ai globalement ressenti beaucoup d'attachement à accompagner les personnages dans cette lecture aux épisodes improbables. Le roman aussi nous plonge dans les rues de Paris avec une authenticité rayonnante, et c'est tout à l'honneur de son auteur, Britta Röstlund, une suédoise résidant en France depuis 17 ans. Son regard est empreint d'admiration et d'amour, et cela se ressent. Très jolie rencontre !

JC Lattès, 2018 - traduit par Esther Sermage & Isabelle Piette

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« Mancebo secoue la tête. Il fait chaud, mais des glaçons dans le pastis, il ne faut pas exagérer. »

 

29 juin 2018

Les nouvelles aventures du fakir au pays d'Ikea, de Romain Puértolas

Les nouvelles aventures du fakir au pays d'Ikea Le fakir 2

Même si je n'avais jamais lu les premières aventures du fakir au pays d'Ikea, je n'ignorais pas non plus de quoi cela retournait mais craignais une lecture trop burlesque pour m'y hasarder. C'est finalement pour le rendez-vous mensuel du Club Audible que j'ai relevé le défi et suivi avec beaucoup d'étonnement les joyeuses péripéties de notre Ajatashatru Lavash Patel (acte 2) !

Le fakir escroc a depuis fait du chemin en devenant un homme riche après avoir écrit un roman à succès et se repose donc sur ses lauriers dans son appartement cossu à Paris. Son éditeur lui fait cependant comprendre que son nouveau manuscrit ne vaut pas tripette et qu'il ferait bien de repartir en vadrouille pour pimenter sa prose. Retour donc en Suède pour concrétiser son rêve ultime - s'acheter son fameux lit à clous et rencontrer le grand patron d'Ikea. En parallèle, on replonge dans ses souvenirs d'enfance alors qu'Ajat suivait son apprentissage de jeune fakir auprès d'une autre fripouille, ce sacré Baba Ohrom. Ajoutez des quiproquos, des chassés-croisés, des petits mots doux qui s'envolent, une dulcinée qui imagine son amour perdu et un chauffeur de taxi gitan qui écoute du Raphaël à longueur de journée... La bidonnade est assurée ET assumée. Cette suite a été pour moi une totale surprise - tant mieux - j'ai été épargnée de toute comparaison et mon enthousiasme n'en a été que plus débordant à l'écoute de cette histoire - fabuleusement lue par Dominique Pinon, au passage. Sa gouaille de vainqueur et l'humour pince-sans-rire qui découle de chaque page font évidemment mouche. Le fakir est un antihéros par excellence, toujours présent pour mettre les pieds dans le plat, amateur de jeux de mots débiles, confondant d'une niaserie abyssale et se couvrant souvent de ridicule, mais avec panache...

En somme, cela se lit comme une fable truculente et déjantée. On redécouvre le royaume des boulettes et des pains à la cannelle sous un autre jour, mais on voyage aussi entre l'Inde et la France, on évoque les flux migratoires et l'idée folle d'une Europe aux abois et condamnée à se réfugier en Afrique... Tiens donc, et si on inversait les rôles ? Ne serait-ce point les prémices d'une nouvelle aventure ? Pour l'heure, c'est drôle et savoureux. L'auteur a certes annoncé qu'il allait écrire un troisième épisode - entre autres lubies - mais gare à la surdose tout de même. En attendant je m'en vais écouter Tout un été sans Facebook !

©2018 Le dilettante (P)2018 Audiolib. Lu par : Dominique Pinon

Série : Le fakir, livre audio 2 (Durée : 6 h env.)

#Club_Audible MAI 2018

Discussion  #ClubAudiblePage FB

https://www.audible.fr

 

2 juillet 2018

Martin perché, de Christian de Montella

martin perchéUn soir de mai 68, alors que Paris est “à feu et à sang”, le père de Martin décide de partir à la campagne, sans demander son avis à sa famille. Pour Martin, quatorze ans, cet exil a un goût de frustration...
Il ne cesse de penser à ELLE - une révolutionnaire en herbe, qui croque la vie à pleines dents et court à perdre haleine en dépavant les rues du Quartier Latin sous le nez des CRS.
Et lui, en une journée, il a également couru après elle et pénétré dans son monde avec un cœur qui a fait boum-boum-boum.
Comme son père est soudain résolu à abattre le chêne ancestral qui siège dans leur jardin (pour construire une piscine), Martin dit non. La nuit, il grimpe dans l'arbre et refuse d'en descendre au petit matin. Sa mère Francine va alors entendre toute son histoire sur sa rencontre avec l'étonnante Angie...

« Angie est arrivée dans notre classe en décembre. On dit qu'elle vient des États-Unis, mais, pour moi, elle vient de nulle part. Elle ne ressemble à aucune des filles que je connais. Elle porte des jeans, des ponchos, des vestes en peau de mouton, et les cheveux frisés, longs et libres.
Elle parle aux garçons comme si elle en était un. Elle interrompt les profs d'histoire et de français pour exiger qu'ils précisent leurs opinions. Quand on la menace de l'envoyer chez le censeur, elle réplique : “Vous ne connaissez que ça : la répression.” Bien sûr, on l'envoie chez le censeur et elle collectionne les heures de colle. Il paraît qu'elle n'y va jamais et qu'elle passera bientôt en conseil de discipline.
- Vous êtes un trublion ! lui dit un jour le prof de latin.
- Vous n'avez pas votre place dans le système scolaire, a renchéri la prof d'histoire, un autre jour.
- Petite enquiquineuse ! s'est écriée la prof de gym le matin où elle lui a demandé pourquoi les filles ne pouvaient pas jouer au foot comme les garçons, tout en ajoutant que, par ailleurs, elle considérait le football comme une activité frivole dont le but était de “détourner les masses populaires de son seul objectif légitime : la révolution”.
Elle n'est même pas jolie. Elle a l'air d'une folle trop intelligente et trop maigre. Et pourtant, elle me plaît. » 

En seulement 90 pages, le roman nous emporte dans sa frénésie, son exubérance et sa joie de vivre.
Les personnages sont tous déjantés et fascinants. Puis l'histoire nous embarque dans une exploration, aussi brève qu'exaltante, des événements survenus en mai 68 - on croise ainsi Dany le Rouge, les slogans endiablés, la fougue populaire et la jeunesse en liesse. Tout paraît survolté, tant l'approche est joyeuse et insouciante.

À lire, c'est un vrai régal. 

médium / l'école des loisirs (2018)

*** avec une chouette couverture qui donne envie d'avoir envie ***

 

18 juillet 2018

Agatha Raisin enquête #11 : L'Enfer de l'amour, de M.C. Beaton

L'Enfer de l'amour

Agatha Raisin a enfin la bague au doigt mais un mari beaucoup trop distant à son goût, ce qui ne manque pas de créer une vive tension au sein du foyer. Agatha réclame de l'amour, de la tendresse, du rêve éveillé... À la place, le couple se déchire pour des broutilles. Au final, chacun reste chez soi, dans son cottage, scrutant les faits et gestes de l'autre, au risque de tirer des conclusions hâtives quand les rivaux pointent leur bout du nez. Ainsi, Charles Fraith toque à la porte de sa vieille copine ou Melissa Sheppard s'affiche au pub avec James... et déjà le village murmure la fin d'une idylle à peine éclose. Pire ! la maison de Charles est mystérieusement saccagée, l'homme est porté disparu et son ancienne maîtresse assassinée. Pour disculper ce mari volage et ingrat, Agatha part de nouveau en campagne en quête de vérité.

MC Beaton a sans doute voulu faire plaisir à son héroïne, en lui concédant des épousailles avec l'objet de son obsession, mais... mais... rien ne colle ! rien ne va ! Je n'en peux plus du caractère irascible de l'individu (même si une étonnante révélation expliquerait son attitude). Quelques facilités interviennent dans la résolution de l'énigme - pas bien grave - car on se console grandement à accompagner Agatha et son aristocrate fétiche dans une enquête entraînante ! C'est toujours un régal à suivre. Et une histoire agréable à écouter les doigts de pied en éventail, avec une Françoise Carrière égale à elle-même (humour et bonne humeur parfaitement communicatifs).

©2018 Albin Michel. Traduit par Marina Boraso (P)2018 Audible Studios

Image associée

Rediffusion sur France 3 de la saison 1

 

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1 août 2018

Un été près du lac, de Heather Young

Un été près du lacLa famille Evans passe l'été dans leur chalet, sur les bords du lac du Minnesota, mais leurs vacances vont virer au drame. Un matin, Emily, la petite dernière, est introuvable. Le mystère de cette disparition va les entraîner dans la tourmente : le père, ruiné, va se suicider, la mère refuser de quitter les lieux et les sœurs aînées, Lilith et Lucy, vont se renfermer dans leur malheur.

Soixante ans plus tard, Justine hérite du chalet et découvre l'histoire familiale à travers les journaux intimes de sa grand-tante Lucy. Débarquée de San Diego, où elle-même a fui une relation devenue trop étouffante, la jeune femme tente de se reconstruire auprès de ses deux filles, Angela et Mélanie. Mais l'ambiance n'est pas au beau fixe et les fantômes semblent toujours hanter ce théâtre de désolation, coupé du reste du monde.

En vérité, c'est aussi la sensation que j'ai eue à la lecture de ce roman, oscillant entre nostalgie, tension dramatique et secrets de famille. On y plonge avec l'espoir (vain) de partager un moment de détente et de distraction. On se heurte à une atmosphère grave et poignante qui n'incite pas à l'évasion. J'ai été un poil déçue par le ton lancinant et néanmoins hypnotisant du récit : c'est également long, même si cette construction permet de placer toutes les pièces du drame en puissance.

Au final, on se laisse absorber par les souvenirs, les non-dits et les secrets qui hantent ce roman. Il ne faut pas s'attendre à une lecture estivale et insouciante (Justine s'installe en plein hiver dans le chalet !). La voix de Tatiana Werner, la lectrice pour Audible, n'est pas désagréable, si ce n'est qu'elle accentue la sensation de langueur monotone et plombe un peu le moral du lecteur au bout de 13 heures d'écoute. C'est cependant lu avec grande sobriété et beaucoup d'émotion.

©2017 Belfond. Traduit de l'américain par Carla Lavaste (P)2017 Audible Studios

 

2 août 2018

Celle qui a dit Fuck, de Anne-Sophie Lesage & Fanny Lesage

Celle qui a dit fuck

Alice a une petite trentaine d'années et vit en couple avec Antoine. Bosseuse acharnée, c'est aussi une grande râleuse qui frise l'overdose. Son médecin la prévient : elle fait de l'overthinking (en gros, elle pense trop). Il lui propose de rejoindre un groupe de parole pour apprendre à lâcher prise. Sur cette belle promesse, Alice ouvre un journal pour raconter son parcours, lequel ne manque ni de sarcasme ni de sagesse. La jeune femme nous confie quelques bons tuyaux et autres astuces pour décompresser au mieux, ne plus chercher la perfection absolue, gérer le stress et relativiser face aux vicissitudes de la vie de tous les jours.

Angoisse, surcharge mentale, pression qu'on s'inflige inutilement... En fait, on se reconnaît souvent dans ce qu'elle nous décrit et on pioche ci ou là les enseignements profitables. L'intention est donc bonne et louable, avec une grande volonté d'envoyer un message pragmatique et de bonnes ondes positives. En plus, le ton est plein d'humour et inspire une sensation de bien-être qui rend la lecture délectable... tout en prenant conscience que cela ne va rien révolutionner non plus. Soupir. Au départ, j'ai même failli prendre en grippe l'héroïne (très chichiteuse, toujours à se plaindre, franchement enquiquinante) et puis j'ai fini par écouter au-delà des complaintes futiles pour m'y reconnaître de plus en plus. 

N'étant pas une adepte des ouvrages sur le développement personnel (ou tout ce qui y ressemble), j'ai donc d'abord craint d'avoir fait le mauvais choix avec ce titre mais c'était sans compter sur la dérision de son héroïne, sa fraîcheur et sa sincérité débordante. Cela compense avec l'excès des # et des anglicismes à outrance. On a parfois l'impression d'avoir le tournis à écouter Sabrina Marchese nous débiter tout ça de façon ramassée. Une expérience intéressante, peut-être pas mémorable.

©2018 Belfond (P)2018 Audible Studios

Celle qui a dit fuck ! #imparfaiteetfieredeletre #freeandwild 

Le journal d'une jeune imparfaite qui décide d'en finir avec les prises de tête : à travers ses chroniques pleines de piquant, de nombreuses pistes, des rituels express et des outils pour assumer une féminité décomplexée. Oser dire "Fuck", ça se travaille... Beyoncé ne s'est pas faite en un jour !

10 juillet 2018

Sur un mauvais adieu, de Michael Connelly

sur un mauvais adieuHarry Bosch ne travaille plus pour le LAPD, suite à sa retraite forcée. Mais notre homme a depuis rebondi et prête son concours à la police de San Fernando aux affaires classées. Il travaille en équipe avec Bella Lourdes et Danny Sisto sur le cas du Screen Cutter, un violeur en série qui court depuis des années sans être inquiété.
En parallèle, Bosch a été embauché par un milliardiaire en quête de descendance. Des décennies plus tôt, sa famille n'a pas accepté sa liaison avec une jeune mexicaine, tombée enceinte. L'homme voudrait retrouver cet enfant avant de mourir mais dispose de maigres informations sur la mère. Cette enquête vaut toutefois à Bosch de raviver ses vieux souvenirs du Vietnam, alors que sa fille Madeline balaie ce détail d'un revers de la main en l'invitant au resto. Détail cocasse, mais non négligeable.
On retrouve tous les fondamentaux de la série - avec un inspecteur Harry increvable, son évolution de carrière, ses nouveaux collègues, son ADN de flic, sa fille étudiante et son frère avocat bossant dans sa Lincoln... Des retrouvailles toujours plaisantes et qui inspirent un sentiment de familiarité.
En somme, la lecture est divertissante, dans le genre polar classique et efficace. Et Jacques Chaussepied est excellent dans l'exercice audio.
Une valeur sûre sur tous les plans.

©2018 Calmann-Lévy. Traduit par Robert Pépin. (Titre VO : The Wrong Side of Goodbye)

(P)2018 Audiolib. Lu par Jacques Chaussepied (durée : 12h 40)

 

 

17 septembre 2018

On n'est jeune que deux fois, de Adena Halpern

on n'est jeune que deux foisLe jour de son 75ème anniversaire, Ellie porte un regard amer sur le chemin parcouru et émet le souhait de retrouver sa jeunesse, rien qu'une journée, au moment de souffler ses bougies.
Le lendemain matin, le miracle a eu lieu. Ellie se retrouve dans la peau d'une belle jeune femme de vingt-neuf ans - une version d'elle plus pimpante, déterminée à saisir cette seconde chance et s'affranchir des limites de son âge.
Quelle joie de gambader à nouveau, de sentir sa peau lisse et ferme, d'être admirée et courtisée... Trop superficielle, notre Ellie ? Pas du tout. Très vite, sa journée va se transformer en un marathon existentiel, avec sa petite-fille Lucy, seule complice du subterfuge.
Toutes deux vont en effet échanger, partager, évoquer leurs expériences et leurs désirs. Car sous ses aspects volages, le roman est également sensible et poignant à évoquer le temps qui passe, la vie, l'amour, l'amitié, la famille.
C'est touchant... sans oublier d'être drôle. Car pendant que Ellie plonge dans la fontaine de Jouvence, sa quinquagénaire de fille et sa meilleure amie Frida s'inquiètent de n'avoir aucune nouvelle de notre héroïne et se font des films insensés en apprenant qu'une pseudo cousine de Chicago utilise sa carte bancaire en courant les boutiques et les bars branchés.
La morale de l'histoire est gentillette. Elle nous enseigne le poids des regrets et des actes manqués... et pas seulement. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'auteur se sert des artifices de la comédie pour aborder des sujets pas si anodins (cf. Les dix plus beaux jours de ma vie).
J'aime beaucoup ce ton désinvolte et la tendresse qu'on trouve dans les personnages et l'histoire qui se dessine cahin-caha. Une jolie lecture, adorable et attachante.

HarperCollins, coll. Mosaïc (2016) - traduit par Karine Xaragai

on n'est jeune que deux fois harpercollins disponible en poche : 7.20€

 

20 septembre 2018

Désordre, de Penny Hancock

Désordre ldpC'est peu de dire que j'enchaîne les lectures avec des personnages cinglés et des histoires bizarres ! Cette fois encore, une femme en pleine dépression franchit la ligne jaune et séquestre un môme de 16 ans dans son garage. Sonia mène pourtant une vie confortable dans sa maison familiale, sur les bords de la Tamise, devenue également un sujet de dispute au sein de son couple. Son mari souhaiterait vendre, mais Sonia n'est pas prête. La maison fourmille de souvenirs. Même si sa solitude pèse sur son moral, elle a façonné son rythme de vie dans cet écrin, depuis que sa fille est partie à l'université et son époux en déplacement professionnel constant. Sonia vit désormais dans la nostalgie du passé et ressasse son aventure avec Seb... son frère. Adolescents, ils ont bravé tous les interdits, fait les 400 coups, vécu avec fougue et déraison. Mais Seb est mort et Sonia porte en elle la responsabilité de cette tragédie. Lorsqu'elle ouvre la porte au jeune Jez, elle se surprend à ressentir du désir. Rien de sexuel. Simplement, elle ressent pour lui un élan qu'elle veut à tout prix garder intact et décide alors de retenir le garçon sous son toit. Sans nouvelles, la famille va alerter la police dont l'enquête se focalise sur Helen, la tante du disparu (également une amie de Sonia). Le problème de Helen ? Elle boit. Beaucoup. Ses témoignages sont flous, son angoisse peu sincère. Heureusement la petite copine de Jez va croire en elle et s'allier contre tous pour éclaircir cette affaire. De son côté, Sonia reste imperturbable, conservant une parfaite maîtrise de la situation.

Je pourrais vous dire que le ton est glaçant, l'atmosphère étouffante et le désarroi immense. Sauf que le bouquin fouille également dans vos entrailles et vous noue l'estomac en infusant une peur panique indéchiffrable. On sentirait presque les effluves poisseux de la Tamise nous envelopper dans son brouillard... à nous d'en sortir. Ou pas. Je ne sais pas si j'ai réellement aimé ce roman, mais je lui reconnais des qualités indéniables. Comme d'avoir su me chambouler et d'être parvenu à m'ensorceler malgré moi. Un roman envoûtant et terrifiant, dit-on, c'est tellement vrai !

Sonatione Éditions (2013) - traduit par Julie Sibony - repris en Livre de Poche

Après Les Visages de Jesse Kellerman,
après Avant d’aller dormir de S. J. Watson,
après Les Apparences de Gillian Flynn,
la nouvelle découverte Sonatine.

Désordre Sonatine

 

27 septembre 2018

Toute la vérité sur Ella Black, d'Emily Barr

Toute la vérité sur Ella BlackElla Black n'est pas toute seule dans sa tête : son double démoniaque (Bad Ella) lui empoisonne l'esprit et la pousse souvent à débrider toute sa rage contenue. Jusqu'alors, la jeune fille avait réussi à sauver les apparences. Ni ses parents ni ses amis proches n'ont conscience de ses troubles de la personnalité. 
Mais la situation lui échappe le jour où elle est arrachée brutalement du lycée, mise dans le premier avion pour Rio de Janeiro. Ce projet fou ne masque pas la fébrilité de sa famille. Et les réponses hasardeuses à ses nombreuses interrogations ne dissipent pas non plus le doute qui s'immisce en elle : Ella court un grand danger. Elle le sent, elle le sait. Même communiquer avec ses parents relève de l'impossible.
À l'hôtel, elle croise « le plus beau garçon du monde » et parvient à s'échapper de sa chambre pour filer en cachette à leur rendez-vous. Plage et caïpirinhas étourdissent de bonheur l'adolescente qui en oublie tous ses soucis. Le lendemain matin la rappelle, toutefois, à une cruelle réalité.
Et là, on s'accroche aux pages du livre. Car ce roman va vous étonner, vous balader, vous dérouter : mensonges, non-dits, secrets et révélations coulent en cascade. Il y a une vraie concentration des genres (suspense et crise d'ado, thriller et quête initiatique, romance et espionnage). C'est très excitant.
Comme Flora Banks, Ella Black est une héroïne complexe. Elle est fragile, sensible, difficile à cerner. Elle agit de manière irresponsable, se montre égoïste et vit des aventures assez peu crédibles (ou comment explorer les favelas au mépris des clichés). C'est un peu fort de café, mais on se retient de pester car ça reste une bonne lecture, rythmée et entraînante, riche en émotions et pleine d'exotisme. 
Résultat, on applaudit frénétiquement ! Autre lecture, autre ambiance... Le roman d'Emily Barr est franchement confondant et inattendu. 

Casterman, 2018 - traduit par Nathalie Bru

 

21 septembre 2018

Ce qu'il reste d'Alice, de T.R. Richmond

CE QU'IL RESTE D'ALICEPar une froide soirée d'hiver, à Southampton, la police repêche le corps d'une jeune femme qui vient de se noyer dans la rivière. Alice Salmon, journaliste de 25 ans, était à l'aube d'une carrière prometteuse. La veille, elle avait arrosé ses retrouvailles avec ses amies puis était rentrée chez elle, complètement pompette. Que s'est-il passé ensuite ?
Les circonstances sont assez floues (suicide, accident ou meurtre) mais déjà le sujet fait débat, sur internet et dans la tête des gens, on raconte tout et n'importe quoi. Pour faire taire ces ragots, un anthropologue proche de la retraite décide de rétablir la vérité sur Alice en dressant un portrait façon patchwork (enquêter, recueillir, colliger). La famille s'y oppose car le projet est trop personnel et impudique.
En effet, le Professeur Cooke se base sur des extraits du journal intime d'Alice, des messages postés sur le blog de son amie Megan, des notes prises par son petit copain Luke ou des lettres écrites à sa mère Elizabeth... sans compter que les motivations du bonhomme semblent également discutables.
C'est tout le suspense de l'intrigue - rapporter de nombreux détails et embrouiller le lecteur. Un pari risqué... et loupé car j'ai trouvé le roman très fouillis. L'auteur a cru bon tenter une expérience (une construction alambiquée sur les nouveaux outils de communication) mais ça reste artificiel et peu convaincant. Les personnages ne gagnent pas en noblesse. Le mystère est élucidé, mais sans gloire. Suis sceptique.

Traduit par Pascal Loubet pour les éditions Calmann-Lévy (2015) / repris au Livre de Poche

ce qu'il reste d'alice calmann levy

5 octobre 2018

Vertige, de Franck Thilliez

vertige

Trois individus se réveillent au fond d'un gouffre, dans une cavité creusée dans la glace. Tous trois sont piégés et enchaînés, livrés à eux-mêmes, sans explication. Ils disposent d'une simple tente, d'un chien et d'un cadavre. À eux maintenant de s'entraider s'ils veulent survivre. Commence donc, pour Michel, Jonathan et Farid, une expérience douloureuse et traumatisante, qui va mettre à mal leur courage et leur foi en l'humanité. Le lecteur aussi se sent impliqué et se pose des questions, pourquoi eux, comment ont-ils atterri dans ce trou, sont-ils coupables de crimes ignobles à l'extérieur, s'agit-il d'un complot ou d'une machination vengeresse... On a vite le cerveau embrouillé par le froid glacial et l'ambiance suspicieuse qui règnent dans cette crevasse. Les langues ont beau se délier, on peine à accorder notre confiance ou donner du crédit à ce qu'on entend. Parmi eux, se cachent un menteur, un voleur et un tueur. Le tour est vite fait, mais les indices sont faibles. Alors on attend, longtemps. Le temps est suspendu, on sent le danger imminent et on retient notre souffle. C'est franchement flippant.
Au fond, la lecture peut sembler excitante, riche en densité et en intensité. Elle nous fait vivre le supplice des personnages, partager leurs idées noires et leurs pensées amères... Et puis, il y a la forme : l'action est lente et se déroule en huis clos, d'où un certain flottement. Option : torture mentale et examen de conscience. C'est dit, et moins alléchant. On n'a peut-être pas le palpitant au bord de l'implosion, néanmoins on ne moufte pas une seconde jusqu'au point final. Et là... on salue la rouerie de l'auteur (vous jugerez à votre guise). Disons que j'aime bien qu'on brouille les pistes jusqu'au bout !

Fleuve Noir (2011) - Pocket (2012) - Lizzie (2018)

Extraordinaire interprétation de Guillaume Cramoisan, mais vraiment. J'ai adoré sa voix.

 

 

25 octobre 2018

La Saison des feux, de Celeste Ng

la saison des feux

Les habitants de Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, mènent tous une vie parfaite et soigneusement planifiée, où rien ne dépasse, rien ne déborde. La famille Richardson incarne la réussite sociale et professionnelle, ce qui fascine la jeune Pearl, la fille de leur nouvelle locataire, Mia Warren, photographe désargentée et mère célibataire. Mais la fascination est réciproque, car les enfants Richardson découvrent eux aussi un mode de vie sans carcans et sans pression à travers cette amitié. Dans le même temps, une collègue de Mia se bat pour obtenir la garde de son bébé (abandonné un soir de détresse). Le procès est retentissant, les passions sont toutes déchaînées... Et les répercussions à Shaker Heights plus redoutables et dévastatrices.

Ce roman est stupéfiant, inattendu et captivant. D'une tension dramatique insoupçonnée. L'histoire peut sembler lente car elle se déploie avec mille précautions, distribuant patiemment les cartes d'une partie fébrile, mais où les nombreux non-dits et actes manqués vont également ponctuer les heures précédant la catastrophe... Oui, les étincelles crépitent et l'embrasement est proche. Quand la pression est à son apogée, on retient notre souffle, attendant la suite avec angoisse. Quelle prouesse. Celeste Ng revient sur ses thèmes de prédilection (la famille, la transmission, les racines, l'adolescence, la maternité) et propose une nouvelle lecture bouleversante, qui nous entraîne loin, très loin, sur des sentiers chaotiques, où chaque ramification va se croiser de façon implacable. Rien n'est finalement anodin dans cette histoire et chaque recoupement se révèle d'une manière ou d'une autre poignant et grandiose. Cette lecture est terrible, éprouvante pour son effet domino, mais franchement épatante.

©2018 Sonatine Éditions, traduit par Fabrice Pointeau ("Little Fires Everywhere") (P)2018 Lizzie, un département d'Univers Poche.

Bravo à Micky Sebastian pour son interprétation, c'est un plaisir de la retrouver et d'écouter sa voix forte, sensible et admirablement nuancée pour dresser le portrait d'une société américaine vulnérable et pleine de contradictions.  

 

14 novembre 2020

Something About You, de Mily Black

Something About YouJoséphine a tout plaqué en France pour recommencer une nouvelle vie en Amérique. Elle vient d'être embauchée par une femme d'affaires comme chauffeur & assistante personnelle malgré son look de punkette (tatouages et longs cheveux noirs aux mèches bleues). Jo n'a, de plus, pas l'habitude de jouer les serviles employées au service de riches citoyens mais sa situation précaire ne lui permet plus de faire la fine bouche. Et il est bien évidemment inenvisageable de rentrer à Paris.

Pourquoi ? On découvre un sombre passé de délinquance et de relation toxique. Aujourd'hui son ex remue ciel et terre pour la retrouver et met la pression sur ses proches. Joséphine a le cœur lourd mais ne laisse rien montrer. À Boston où elle vient de s'installer chez Mme Nichols, elle tente de redonner sens à sa vie. Sauf qu'une nana habituée aux coups de griffe ne baisse pas facilement ses défenses. Un certain Anderson va d'ailleurs en faire les frais.

OK. Le bras droit de sa patronne est particulièrement séduisant, mais surtout arrogant et dédaigneux. Joséphine en perdrait pied si elle ne se sermonnait pas d'être prudente ! Elle recherche avant tout une planque, non une romance. Mouahaha. On connaît la suite. Ceci dit, dès que l'affaire est conclue, j'étais un poil déçue. J'aimais tellement la tension qui couvait au sein du couple que la passion consommée m'a semblé moins croustillante. Oui, oui. Un comble.

En marge de ce batifolage, on découvre aussi une petite enquête car la vie de Mme Nichols est menacée (lettres anonymes et menaces de mort). La pression au boulot se fait sentir car les contrats font défaut et la rumeur d'une entreprise fragile gonfle. Ce détail sera d'ailleurs encore à éclaircir dans Something About Her qui est une suite ou presque. 😁 En tout cas, pour une première fois, j'ai beaucoup aimé le style de Mily Black.

Harlequin coll. &H / 2018

⭐⭐⭐.5 

3 novembre 2020

Albums en série : Le Noël de Pinpin - Résidence Beau Séjour - La double vie de Médor - Notre cabane

le noel de pinpin

Plus que quelques jours avant le grand soir ! Le jeune Pinpin est impatient de fêter Noël mais s'inquiète de l'absence prolongée de son papa.

Sa maman le rassure et lui conseille d'écrire une lettre au Père Noël. Pinpin a vite fait le tri dans ses vœux. Ce qu'il souhaite par-dessus tout, c'est d'avoir un beau sapin et son papa auprès de lui.

Mais Pinpin a le cœur lourd au moment de préparer les festivités. Dehors c'est la tempête de neige, les jours passent et papa n'est toujours pas là.

Ses amis se liguent tous pour lui remonter le moral et lui offrent à tour de rôle des friandises qui viendront composer le repas. Noël prend peu à peu forme. On n'attend plus que sa lettre ait été lue et honorée...

D'après la couverture, le lecteur a deviné que l'issue sera heureuse et attendrissante.

Car cette histoire est dans la plus pure tradition de Noël - esprit de partage et d'amour en plein ! Les illustrations de He Zhihong sont douces et apaisantes pour un rendez-vous confondant de tendresse et de bienveillance. 

Un très joli album autour d'une famille de pingouins que les fidèles lecteurs ont appris à connaître et découvrir.

Le Noël de Pinpin, par He Zhihong

seuil jeunesse, 2020

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Résidence beau séjour

C'est officiel : les licornes ne sont plus à la mode et ont été détrônées par le groloviou à poils doux. Toutes les licornes sont poussées à prendre leur retraite et à s'établir à la Résidence Beau Séjour prévue spécialement pour les créatures jugées ringardes trop tôt ! 

La vie y est confortable et reposante, ce qui est finalement appréciable après avoir été fortement sollicitées par des passions dévorantes. Mais les enfants sont des créatures changeantes et déjà le Groloviou à poils doux n'a plus leurs faveurs et doit monter à bord d'un autocar en route pour une seconde chance.

Sauf qu'à la Résidence Beau Séjour, il se passe aussi de drôles de choses dans les coulisses... Des expériences interdites qui pourraient vite alerter les journaux du monde entier. Ouhlala.

Sinon, Gilles Bachelet s'est amusé à épingler les modes et les codes qui sautent tout le temps, qui font la folie des petits et des grands. Même qu'il se met en scène dans cet album ! Attendez de voir - humour noir tout devant.

Résidence Beau Séjour, de Gilles Bachelet

seuil jeunesse, 2020

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La double vie de Medor

Médor était un loup errant lorsqu'une vieille dame a pris pitié de lui et l'a recueilli dans sa maison.

Il est ainsi devenu son animal de compagnie - petits plats, toilettage, plaid douillet. Vraiment la vie rêvée ! Médor est comme un coq en pâte. Jamais il n'envisagerai de changer sa place.

Sauf qu'un jour, sa maîtresse est hospitalisée après une vilaine chute. Le temps passe, Médor est seul à la maison et il a terriblement faim. Il décide de sortir dans les rues de la ville en quête d'un bout de viande.

Par nostalgie, il s'approche du parc où une dizaine d'enfants s'époumonnent à l'heure du goûter.

Mesdames et Messieurs, tous aux abris, un loup rôde en ville et il est affamé !

Un album féroce d'André Bouchard, qui n'est pas sans rappeler la fable de La Fontaine le Loup et le Chien.

La double vie de Médor, d'André Bouchard

seuil jeunesse, 2020

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Notre cabane

Magnifique album racontant l'enfance, l'imagination, la nature, les balades et les jeux !

Les illustrations de Marie Dorléans nous baignent dans un décor somptueux qui nous plongent tout de suite dans l'ambiance.

Trois enfants se retrouvent pour rejoindre leur cabane cachée dans les bois. Le chemin est parsemé de rencontres et d'anecdotes, quand soudain le ciel s'assombrit, le vent se met à souffler, de plus en plus fort.

Les pages sur la tempête sont exemplaires : on tremble de froid, on frissonne, on sent nos cheveux décoiffés, on attend le déluge puis on sourit face au retour du soleil. C'est extraordinaire tellement le message est éloquent.

On se sent au cœur de l'histoire, embarqués pour une fantastique promenade qui nous conduit jusqu'à la cabane de nos rêves. C'est tout simplement grandiose. ♥

Notre cabane, de Marie Dorléans

seuil jeunesse, 2020

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2 janvier 2021

Une chance sur un milliard, de Gilles Legardinier

Une chance sur un milliardCette nouvelle lecture n'est pas déplaisante mais elle ne surprend plus quand on réalise que ce sont encore et toujours les mêmes schémas qu'on retrouve livre après livre.

Ici, le narrateur apprend qu'il est atteint d'une grave maladie et disposerait de quelques mois à vivre. Au lieu de se morfondre, il décide de profiter du temps présent en contribuant au bonheur de ses proches par des petits riens qui veulent dire beaucoup.

Aussi bien dans la brochette des personnages que dans l'évolution de l'intrigue, je n'ai jamais été prise de court. Pour moi, l'auteur se renouvelle de moins en moins ou sert la même recette qui convient à son public. Bref, sans se fouler.

Mais je trouve ça de plus en plus lassant. Je m'accroche encore. Je suis nostalgique des débuts, du temps où ses comédies fantaisistes m'embarquaient dans de grands éclats de rire ou des sourires rayonnants. J'attends donc un sursaut. Toutefois je commence à désespérer.

©2020 Editions Flammarion (P)2020 Editions Gallimard

À travers une histoire aussi réjouissante qu'émouvante, Gilles Legardinier nous entraîne au moment où chacun doit décider de ce qui compte réellement dans sa vie. Plus de temps à perdre. Plus question de s'égarer. Se jeter sans filet. Remettre les pendules à l'heure, dire, faire, espérer. Aimer, libre comme jamais. 

Au-delà de son immense succès, son univers atypique débordant d'imagination, d'humour et d'émotion a fait de Gilles Legardinier un auteur à part qui transcende les genres. La sincérité de sa plume, sa générosité et son sens de l'observation hors pair constituent un formidable écrin de sentiments, un authentique miroir de nos humanités.

⭐⭐⭐.5

11 janvier 2021

Gare aux empoisonneuses (Agatha Raisin enquête #24), de M. C. Beaton

Gare aux empoisonneuses Agatha Raisin enquête 24Agatha est appelée pour résoudre le meurtre d'une mégère dans un village voisin. Celle-ci était tellement détestée qu'on ne compte plus le nombre de potentiels suspects. Mais le pasteur voudrait mettre un terme à ce climat délétère qui rend les uns et les autres méfiants et grincheux. Malheureusement Agatha ne se sent pas du tout à l'aise dans cette affaire et risque sa peau en fourrant son nez dans leur intimité. Elle ne se fait donc pas prier pour se tailler vite fait après une énième tentative d'intimidation.

Le rythme est plutôt soutenu pendant une grande partie de l'enquête. Sauf dans le dernier quart d'heure qui voit l'apparition d'une sorcière avec sa soif de vengeance. Euh ? MC Beaton a fumé la moquette, dirai-je. J'ai également la sensation de retrouver des passages déjà lus ou qui me rappelaient d'autres romans. OK, c'est encore et toujours la même rengaine. Une histoire banale et entendue. Le dénouement revient de loin ou emprunte un chemin tortueux pour nous enfumer. Je ne suis pas sûre que l'option prise soit la bonne non plus.

Sinon on retrouve le petite monde d'Agatha Raisin et on soupire à juste titre après James, on vénère Charles et on peste contre Roy, on regrette Bill et on râle après Toni. MC Beaton est charmante mais ne se foule plus du tout pour nous surprendre. Au bout d'une vingtaine de tomes, c'est lassant.

C'est finalement le format audio qui me tire de l'ennui car j'aime suivre la série par ce biais très distrayant et franchement cocasse. La comédienne est géniale.

©2020 Albin Michel (P)2020 Audible Studios

Personne ne peut rester indifférent au charme de Gloria French, une veuve londonienne au rire sonore et aux joues bien roses ! Les habitants des Cotswold ont accueilli avec joie cette dame toujours prête à rendre service et à lever des fonds pour l'église. Même si sa fâcheuse manie d'emprunter des choses à ses voisins, sans jamais les rendre, en irrite plus d'un...

⭐⭐⭐

19 février 2021

Bearmouth, de Liz Hyder

BEARMOUTHAventurez-vous « à l'aveugle » dans cette mine aux couloirs labyrinthiques où vivent des hommes qui n'ont plus vu la surface de la terre depuis une éternité. Condamnés à trimer comme des brutes contre un salaire de misère, ils ont souvent été vendus ou expédiés contre leur gré dans cet enfer.

L'entraide entre les gars est cependant réelle - ça se serre les coudes, ça protège les plus jeunes, ça partage son savoir et ça apprend à lire et écrire. C'est d'ailleurs le petit Crapouille qui nous raconte son histoire : sa routine la semaine, son jour du Seigneur, ses leçons avec Thomas, son amitié avec Tobie.

Et puis un jour, un nouveau débarque - Desmond et ses yeux noirs qui expriment une colère froide. Crapouille pense au démon en entendant son prénom. Le garçon n'est pas comme les autres car il parle de révolution. Le début des embrouilles. Désormais les questions se bousculent face aux inégalités de plus en plus invivables.

Et là, ça fait BOUM dans votre tête. Vous, lecteur sourcilleux et attentif à comprendre le charabia du gamin - bravo à la traductrice pour son travail remarquable. Il faut décoder et polir cette langue râpeuse et maladroite. Ensuite il faut s'échapper de cette sensation d'étouffement qui se dégage du roman. Il y a une telle intensité derrière les chapitres qui s'enchaînent. L'action est lente mais la pression enfle dangereusement.

Je vous le dis : cette lecture m'a franchement bluffée. J'étais agrippée aux pages de mon bouquin que j'ai dévoré d'une traite. C'était incroyable. Tellement âpre et angoissant avec cette intuition qu'on nous roule mais qu'on ne sait pas où ça mène. Remarquable, vraiment.

La Martinière J. (2021) - Traduit par Rosalind Elland-Goldsmith

Une dystopie d'un réalisme à couper le souffle, inspirée par le quotidien des mines du nord de l'Angleterre au XIXe siècle. Une prose singulière qui met en avant l'écriture et le langage comme outils d'émancipation.

 ⭐⭐⭐⭐⭐

19 février 2021

L'Illusion, de Maxime Chattam

L'IllusionIl me faut reconnaître que j'ai eu très peur au moment de découvrir ce nouveau roman de M. Chattam car je voyais passer de nombreux avis négatifs ou des abandons. Brrr. C'est vrai que ses récentes productions sont moins excitantes mais le monsieur a tout de même un univers captivant qui invite à revenir livre après livre. Du moins, j'estime être une cliente bonne poire.

L'illusion est certes un roman étrange. Le narrateur, Hugo, vit une rupture sentimentale douloureuse et éprouve le besoin de s'éloigner quand il trouve sur internet une expérience à tenter - vingt semaines dans un coin perdu dans les montagnes. Hop, il s'inscrit et part avec un baluchon sur le dos. Il débarque à Val Quarios et rencontre sur place une petite communauté accueillante. Des geeks, des ours mal léchés, des nanas en cure de détox. Le cadre est splendide et au cœur d'une nature sauvage. Parfait pour se refaire une santé.

Toutefois, la fibre romancière (en souffrance) de Hugo le titille à explorer plus loin et au-delà des apparences. Car le jeune homme est en train de glisser doucement dans des délires paranoïaques en s'imaginant des ombres, des voix, des hallucinations (des meurtres, des cadavres, des actes barbares). L'extase bucolique prend peu à peu des airs cauchemardesques. Enfin c'est ce qui est suggéré. Non sans perplexité, on se rend compte qu'on s'embrouille avec les perspectives. C'est confus, ça fout la trouille aussi (croyez-moi : le livre audio a mis l'accent sur les voix d'outre-tombe et ça fait vraiment peur !). Ça vous oriente vers une piste et puis ça vous retourne le cerveau la seconde d'après.

Au final, le processus est plus lent, long et tordu. J'ai regretté quelques passages creux dans le roman mais j'ai beaucoup aimé l'atmosphère faussement cool et centrée sur l'isolement et la marginalisation. Le dénouement est plutôt sympa. Et la performance du livre audio relève le niveau et m'a permis de vivre cette lecture dans un état de psychose inavouable. Oups.

©2020 Editions Albin Michel (P)2020 Audiolib

  • Lu par : Charles Morillon
  • Durée : 13 h 29
  • Bienvenue à Val Quarios, une "jolie petite station familiale" où la mort rôde avec la gourmandise d'une tempête d'été.

⭐⭐⭐.5

13 décembre 2020

La Belle Sauvage (Le Livre de la Poussière #1), par Philip Pullman

La belle sauvageEncore une exploration très excitante du monde de P. Pullman ! J'avais envie d'une lecture qui me transporte ailleurs. Une lecture qui me donne l'illusion de parcourir un univers à la fois familier et qui rompt totalement avec le quotidien. Cela a plutôt bien fonctionné car j'ai eu le sentiment de me déconnecter en me distrayant.

Dans cette série qui se déroule avant Les Royaumes du Nord, Lyra n'est encore qu'un bébé recueilli discrètement dans un prieuré de bonnes sœurs. Car elle fait déjà l'objet d'une grande convoitise - ses parents, les érudits et d'autres individus complotent pour retrouver sa trace. Seul le jeune Malcolm est dans la confidence. Ce fils d'aubergistes a compris qu'il y avait anguille sous roche et mène son enquête furtivement. Et le danger approche. Lorsqu'une crue exceptionnelle vient engloutir la contrée, Malcolm prend son destin en main en embarquant la jeune Lyra à bord.

Toute la première partie du roman est captivante ! Entre le plaisir de replonger dans l'imaginaire de Pullman, de recroiser ses personnages et leurs daemons, je me frottais les mains de satisfaction. Après l'épisode de la crue, ça devient plus long et décousu. Mais le dénouement est très bon et rattrape le coup donc ça valait bien l'attente, le suspense, les frissons et les émotions. C'était une expérience remarquable et j'ai beaucoup aimé !

©2017 Editions Gallimard Jeunesse (P)2020 Editions Gallimard Jeunesse

Illustré par Chris Wormell - Traduit par Jean Esch

 ⭐⭐⭐⭐

20 janvier 2021

Dans les bois, de Harlan Coben

Dans les boisLizzie vient d'enregistrer une nouvelle version du roman de Harlan Coben / qui figure également au catalogue Netflix puisqu'elle a été adaptée en mini-série par une production polonaise. Le résultat est cependant moyen. J'ai préféré Safe ou The Stranger par exemple.

N.B. : La plateforme de streaming a signé un contrat avec l'auteur pour adapter quatorze titres. Pour l'heure, la série avec Myron Bolitar ne figure pas dans le deal.

Bref. Revenons au roman.

Paul Copeland est un homme brisé par la mort de sa femme. Il a depuis consacré sa vie à sa petite fille et à sa carrière (il vient d'être promu procureur du comté de l'Essex) mais masque ses nombreuses fêlures sous un aspect affable et charismatique.

Un jour, il est appelé pour identifier un corps qui serait celui du petit copain de sa sœur Camille. Celle-ci aurait disparu avec trois autres camarades, lors d'une colonie de vacances, vingt ans plus tôt. Convaincu que l'enquête n'est pas close, il se lance dans une traque acharnée et ne laisse rien au hasard. Quitte à retrouver un premier amour et déterrer de vieux secrets de famille. 

Le verdict de cette lecture est sans appel : un rythme prenant et angoissant, une intrigue farfelue et néanmoins accrocheuse, du suspense, des personnages carrés et un passé troublant. C'est OK pour moi. OK pour un rendez-vous distrayant. Le roman est d'une efficacité attendue et s'écoute avec plaisir. Seule la fin peut prêter à confusion, à moins de lire Sans un mot pour dissiper tout malentendu. 

©2008 Titre original : "The Woods". Traduit par Roxane Azimi / Belfond, un département de Place des Editeurs (P)2020 Lizzie, un département d'Univers Poche, Paris

⭐⭐⭐

4 février 2021

Maybe someday, de Colleen Hoover

Maybe somedayQuelle déception.

L'histoire n'en finit pas de s'enliser dans une bouillie de remords et de regrets larmoyants. Je n'en pouvais plus de supporter leurs jérémiades et souhaitais au plus vite mettre un terme à ce supplice.

Au départ cela s'annonçait plutôt bien - découvrant qu'elle a été trompée par son copain, Sydney est hébergée par son voisin Ridge qui lui propose également de composer avec lui les textes de ses chansons.

De fil en aiguille, cette proximité fait naître des émois amoureux qui leur sont pourtant interdits. En effet, Ridge a déjà une copine (Maggie) qui vit loin pour ses études. Leur histoire dure depuis cinq ans.

Voilà le tableau.

Et moi de hausser les sourcils jusqu'au plafond car cette romance sentait de plus en plus mauvais. Et les personnages n'ont cessé de me consterner dans leurs attitudes et leurs choix.

Bref. Une mauvaise pioche pour moi.

©2016 Hugo Roman (P)2017 Audible Studios

  • Lu par : Christèle Billault
  • Série : Maybe, Volume 1
  • Durée : 9 h  42
  • La voix de la comédienne est lassante, elle rend aussi les personnages très agaçants. Déception pour moi.

Comment rester insensible aux magnifiques mélodies qu'il lui joue à la guitare ? Et si le cœur de Ridge est pris depuis bien longtemps, il ne peut ignorer la force silencieuse qui le pousse lui aussi vers Sydney. Sauront-ils guérir de leurs blessures et écouter leur cœur ?

⭐⭐.5

21 mai 2014

Pêle-Mêle Clarabel #54

Une petite rimbambelle d'albums pour très jeunes enfants, amateurs de grandes histoires ! 

IMG_0941

Tiens, un P'tit Loup qui joue au Grand Méchant Loup, en terrorisant ses parents et ses copains, mais en courant tellement vite et tellement loin qu'il se retrouve seul dans la forêt, à la nuit tombée. Et là, aglagla ! notre P'tit Loup est mort de trouille. Des ombres le touchent, le poussent, dansent, avancent, reculent, le bousculent. Les bêtes de la nuit s'en donnent à cœur joie. Mais ce sont trop d'émotions fortes pour notre P'tit Loup. Il est temps pour lui de retrouver sa maman !

Avec Antoon Krings aux manettes, le public est conquis par cette histoire de loup gentillette, sur les peurs nocturnes, l'envie de braver les interdits et le calme rassurant d'une maman. 

Lou P'tit Loup et le grand méchant loup, d'Antoon Krings

IMG_0940

Le potager est dissipé, plié de rire à écouter les blagues pipi-caca-popo de l'artichaut, décidément très rigolo. L'inspecteur Lapou fait la fine bouche et s'en va bouder dans son coin, dans l'attente d'une prochaine enquête croustillante. Que ne voit-il pas débouler ? notre artiste en herbe, complètement éploré ! L'artichaut a un terrible secret : à force de faire rire les autres, lui ne rit plus de rien et ça le rend triste. Au diable le ridicule, notre inspecteur revêt son costume de clown... et arrache des grimaces d'effroi. Chacun son métier, ça c'est dit ! 

Pas de grande intrigue empreinte de mystère au programme, à la place Bénédicte Guettier demande à son personnage fétiche de sortir du rang pour exploiter d'autres atouts. Moralité : ne changez rien ! Et on apprécie toujours autant le flegme inébranlable de Lapou.

L'artichaut rigolo: Une enquête de l'inspecteur Lapou de Bénédicte Guettier

21 mai 2014

La lionne blanche, par Henning Mankell

La lionne blanche

C'est la première enquête de Kurt Wallander que je lis, mais le quatrième titre de la série par ordre chronologique. Globalement, je n'ai pas eu à déplorer d'éléments frustrants mais il faut dire aussi que l'histoire nous prend complètement au dépourvu en centrant une large partie de son intrigue en Afrique du Sud, où se trame un attentat politique.
Au départ, il est pourtant question de la disparition en Scanie d'une femme, mariée et mère de famille, à l'existence parfaitement irréprochable. Wallander n'a pas l'ombre d'un indice ou d'une piste, et c'est finalement au gré du hasard qu'il va se lancer dans une chasse à l'homme infernale. On en oublie complètement l'entrée en matière, purement accessoire !
C'est ce que je trouve le plus déconcertant, tel un virage à 180°, on nous plonge au cœur de l'Afrique des Boers et de l'apartheid. Place alors à de nouveaux personnages, un enjeu politique et un complot qu'on suit au compte-gouttes, entre curiosité, intérêt et lassitude. Car l'histoire souffre de longueurs, positionne Wallander dans un rôle inattendu, trop aventurier à mon goût.
Mais la lecture reste foncièrement attrayante. Henning Mankell manie l'art du suspense et le décor dépaysant avec un soin particulier, intelligent et captivant. Je poursuis la découverte des livres de l'auteur sans rechigner !

Points - coll. policier ♦ février 2005 ♦ traduit par Anna Gibson pour les éditions du Seuil

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